Du 19 au 26 octobre : Si Seznec était innocent, on le saurait, depuis le temps !

Samedi 19 octobre

 

10h30 : La ville de Brest organise des événements consacrés à des lieux patrimoniaux qu’elle souhaite réhabiliter, dans le but non seulement de les présenter au public mais aussi de recueillir les souvenirs, impressions et suggestions des habitants à leur sujet. Ce matin, c’est un bâtiment appelé « la Rotonde », situé à l’entrée du jardin de Kerguerec, sur les rives de la Penfeld, qui est mis à l’honneur : je m’y rends, espérant obtenir des informations pour Côté Brest. Renseignement pris, cet édifice cylindrique a été construit dans les années 1970 pour abriter un transformateur EDF et sert aussi de lieu de stockage de matériel aux services des espaces verts… Tout juste de quoi alimenter une colonne, mais c’est toujours ça de pris ! Mais ce qui m’effare le plus, ce n’est pas tant la minceur de l’intérêt patrimonial du lieu (après tout, il ne peut pas y avoir des maisons de corsaire à chaque coin de rue) que les préoccupations des riverains présents sur place : manifestement, ces braves gens, pour la plupart retraités et installés dans le quartier depuis sa fondation, profitent de l’événement pour faire remonter leurs doléances concernant leurs concitoyens qui viennent profiter du coin de paradis qu’est le jardin public et qui, d’après eux, troubleraient leur quiétude ! L’un d’eux, ayant compris que j’écris dans Côté Brest, est même à deux doigts de m’enguirlander pour un article sur les barbecues dont je n’étais même pas l’auteur… Je ne peux pas leur reprocher leur aspiration à une vie paisible, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver un certain mépris pour leur attitude qui me rappelle celle de paysans qui accueilleraient les étrangers avec des fourches, d’autant qu’elle est plutôt indécente vis-à-vis des gens qui n’ont pas, comme eux, la chance, de disposer d’un jardin. Les espaces verts sont à tout le monde et on ne va pas en restreindre l’accès pour des incivilités certes regrettables mais probablement ponctuelles et dont la gêne se limite, pour les riverains, à un peu de raffut pendant moins de la moitié de l’année ! Je serais curieux de voir comment réagiraient ces vieux cons (je ne trouve pas d’autre mot) si le chantier du nouveau réseau de transports était en bas de chez eux… Moins antipathique mais guère plus intelligent : un type me reconnait et me demande si « ça m’inspire un dessin » ! Je comprends enfin ce que ressentent certains comiques reconnus quand on leur demande en pleine rue « faites-nous rire »…

 

La Rotonde :

 

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La terrasse au sommet de la Rotonde :

 

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16h : J’étais venu participer au Speed-searching, un atelier organisé dans le cadre des 30 ans de la fac Segalen, où des chercheurs, aussi éminents que votre serviteur voire plus, devaient présenter leurs recherches au public : j’avais préparé à cette fin neuf cartes que les visiteurs devaient retourner afin de découvrir une image liée à l’un de mes thèmes de recherche, à la suite de quoi je faisais un petit résumé de mes travaux sur le thème en question. Hélas, le public n’est pas venu, à tel point que la directrice du laboratoire nous enjoint à laisser tomber ! Je m’exécute et un rapide tour des lieux m’amène à découvrir que notre atelier n’est pas un cas isolé : c’est la fac toute entière qui est sous-fréquentée, personne ne vient ! Or, pour présenter des recherches au public, encore faut-il qu’il y en ait, du public… Cette bonne blague : il fait soleil, c’est jour de grande marée, alors où sont les gens ? Sur les plages à embêter les mollusques ! J’ai comme un gros coup de cafard…

 

A titre anecdotique : une photo que j'ai prise depuis le troisième étage de la fac et qui montre que les travaux actuellement effectués à Brest sont tout sauf anarchiques :

 

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17h30 : À la cérémonie officielle du trentième anniversaire de la fac, quatre anciens doyens partagent leurs souvenirs de leur mandat : au moins, je ne serai pas venu pour rien, j’aurai de quoi alimenter au moins un bas de page pour le journal. Ils mettent tous les quatre l’accent sur les mouvements sociaux qui ont jalonné la vie de la faculté mais, à les entendre, j’ai la nette impression que ça s’est toujours plus ou moins passé dans un climat somme toute bon enfant : il était évident qu’on était loin des crétins qui avaient agressé Paul Ricœur en mai 68… Je sais que critiquer le mouvement de mai, c’est quasiment blasphémer, mais ce n’est pas parce que de bonnes causes triomphent parfois pour de mauvaises raisons qu’il faut s’imaginer que c’est systématique !

 

Trois croquis exécutés lors de la cérémonie :

 

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Trois photos :

 

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21h45 : Après un cocktail où, comme toujours, j’ai passé mon temps, entre deux verres, à me demander ce que je foutais là, je me suis quand même attardé pour assister au concert de l’orchestre universitaire. Mais alors que le public, à la fin de la prestation, réclame un autre morceau, je préfère partir tout de suite : si je reste, je risque de rater le bus et de devoir attendre une heure pour avoir le prochain… Je suis assez d’accord avec Pierre Desproges dénonçant l’absurdité des rappels : quand c’est fini, c’est fini, et même moi, en tant que spectateur, je ne réclame pas davantage que ce qui était prévu ! Je trouve même que ça casse l’harmonie d’un spectacle, un peu comme si on demandait à un peintre de rajouter des détails à son tableau au risque de le surcharger. Si je fais un jour un spectacle à moi tout seul, il ne faudra pas me demander un bis, et tant pis si on me dit que je ne suis pas « sympa » ! D’ailleurs, je ne le suis pas : je ne suis pas « sympa », je suis gentil, ce qui n’est pas la même chose – j’en suis en tout cas convaincu depuis que j’ai entendu des personnes apparemment saines d’esprit déclarer qu’elles trouvaient « sympa » des personnalités telles que Bernard Tapie, Jean-Paul II, Jacques Chirac ou Carlos Ghosn… 

Une photo prise au cours du cocktail :

 

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Quelques croquis réalisés durant la prestation de l'orchestre :

 

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Une petite vidéo :

 

 

Dimanche 20 octobre : il y a 84 ans naissait Nikita Mandryka

 

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Cette photo a été prise par votre serviteur au festival de la BD de Perros-Guirec  en 2016 : lauréat du concours de jeunes talents, j'avais ainsi eu l'opportunité de voir en chair et en os le créateur du Concombre masqué (à gauche) en compagnie du dessinateur Nicoby (à droite). Un grand souvenir...

 

18h : Je rentre du vide-greniers des Yannicks où j’avais réservé une table. La fréquentation était bonne et je n’ai pas eu de mal à rentabiliser l’emplacement ; j’ai la nette impression qu’après avoir eu mauvaise presse pendant un certain temps, ces manifestations connaissent un regain de succès, je ne serais pas étonné que la conjoncture économique amène les gens à chercher plus volontiers la bonne occase… En attendant, je suis épuisé : les enfants faisaient tellement de bruit que j’ai été obligé de garder mon casque pendant une bonne partie de la journée ; j’ai même pris la peine d’accrocher à ma table un panneau improvisé précisant que je n’écoutais pas de musique, que j’avais besoin de mettre ce casque parce que je suis hypersensible au bruit et que ça ne voulait pas dire que je fuyais la communication avec autrui ! Je commence à avoir l’expérience de la façon dont on est perçu quand on porte un casque antibruit en public…

 

Bon, ça n'a aucun rapport, mais je ne savais pas où le mettre :

 

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Lundi 21 octobre

 

13h45 : Après avoir effectué quelques achats urgents en ville, j’ai la surprise de retrouver, dans le tramway, ma CPE du collège. Ou, plus exactement, l’une d’elles. En effet, au cours de ces années difficiles, j’avais eu deux conseillères principales d’éducation successives : de la quatrième à la troisième, c’était une connasse incompétente qui se foutait de moi et me disait, quand je me plaignais de harcèlement, que c’était à moi de faire des efforts pour « m’intégrer » – traduisez : « on  ne peut pas demander aux autres d’être moins cons, alors fais l’effort d’être moins intelligent » ! De la sixième à la cinquième, c’était une dame plutôt gentille qui était certes démunie face à ce que je subissais mais qui m’écoutait encore un peu : c’est évidemment cette personne que je croise aujourd’hui et que je revois avec plaisir ! L’autre, je l’aurais probablement insultée… Toujours est-il que l’ex-CPE que je retrouve maintenant, désormais retraitée (comme le temps passe), déclare me voir souvent dans les journaux : ça la rend peut-être fière de son ancien élève, mais je ne sais pas s’il y a de quoi…

 

Mardi 22 octobre : 180ème anniversaire de Sarah Bernhardt

 

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10h : Après une grasse matinée et une douche, je décide d’inaugurer le sèche-cheveux que j’ai acheté hier : à peine l’allumé-je qu’il fait sauter mon disjoncteur ! Et, bien sûr, même après avoir remis le courant, plus moyen de refaire marcher cette camelote… J’avais pris le modèle le moins cher, et je repense à Gaston Lagaffe constatant que sa combinaison d’aviateur électrocutait Fantasio : « Ah ben voilà pourquoi c’était pas cher ! Y a un défaut ! Heureusement que je le vois ! » Une fois revenu de mon effarement, je me félicite d’avoir gardé le ticket de garantie… Ils vont m’entendre !

 

Sans rapport, mais il fallait bien que je le mette quelque part :

 

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11h30 : Petite halte chez une voisine : la télé de cette dernière est allumée sur RMC Story où passent « Les Grandes Gueules », j’ai ainsi vent de l’expulsion des boulistes de Montmartre. Je dois bien avouer que malgré ma spontanéité à défendre les faibles contre les forts, ça me fait un peu mal aux seins de défendre des joueurs de pétanque ! C’est tellement connoté… Je suis sûrement injuste, tous les boulistes ne sont certainement pas des gros beaufs ! Mais on ne lit pas impunément Cabu depuis l’adolescence…

 

10-26-Bobo vs. Beauf.jpgMercredi 23 octobre

 

10h15 : Passage au Pôle numérique de l’université, au Bouguen, pour découvrir un logiciel censé me permettre de rendre ma prochaine conférence plus interactive : mais quand je comprends que, pour en profiter, les auditeurs devront obligatoirement utiliser leurs smartphones, je renonce aussitôt ! L’idée de parler à des spectateurs dont tous les regards seront braqués sur leurs portables m’est tout simplement indigeste… Déjà que, dans la rue ou dans les transports en commun, j’ai envie de donner des coups de tatane à tous ces cons qui ne décollent pas de leurs téléphones ! La dame qui m’accueille me dit qu’il y a bien des « boîtes à vote » mais précise qu’elles sont « obsolètes » comme à peu près tout ce qui date de plus d’un an aux yeux des professionnels de l’informatique… Tant pis pour l’interactivité, de toute façon, je n’y ai jamais été vraiment favorable ! Les jeux du cirque, à Rome, étaient eux aussi interactifs, dans un sens, quand un gladiateur vaincu y était achevé à la demande du public[1]

 

Un croquis réalisé pour une BD - aucun rapport avec mes misères liées à l'informatique, si ce n'est le fait que je ne suis pas près de dessiner sur tablette graphique :

 

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12h : Après avoir remis des documents à une chercheuse de la fac, petite pause à la cafétéria : la presse locale revient sur l’affaire Seznec dont le jugement est encore contesté cent ans après. En fait, en Bretagne, Seznec, c’est un peu notre Dreyfus à nous, à une grosse différence près : autant la procédure avait été bâclée pour Dreyfus, autant le dossier concernant Seznec était impeccable. Signe qui ne trompe pas : alors qu’il n’a fallu que douze ans pour que l’innocence de Dreyfus soit reconnue, la culpabilité de Seznec ne fait toujours aucun doute, cent ans après, aux yeux des juristes qu’on ne peut même pas soupçonner de vouloir prendre la défense de collègues morts et enterrés depuis belle lurette ! Certains défenseurs de Seznec affirment que la condamnation de leur martyr est une action de la France jacobine contre la Bretagne : le problème, c’est que les magistrats qui l’ont condamné étaient eux-mêmes bretons ! En fait, les dreyfusards représentaient la France des lumières contre la France de l’obscurantisme, tandis que les « seznecards » représentent la Bretagne des ploucs fiers de l’être contre la Bretagne tolérante et respectueuse de l’altérité… Cela dit, si j’ai bien compris, cette histoire aurait pu n’être qu’une énième affaire criminelle crapuleuse comme il y en a des milliers d’autres chaque année sans l’intervention d’un ancien magistrat désireux de régler un compte personnel et d’un journaliste en mal de sensationnel : et c’est seulement à cause de ça qu’il se trouve encore des gens pour défendre un assassin mort depuis soixante-dix ans ! Voilà qui montre encore une fois que les gens préfèrent un mensonge souriant à une vérité maussade… C’est à se flinguer, non ?

 

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14h : Passage aux archives municipales où j’espère pouvoir consulter deux vieux numéros de La Dépêche de Brest (l’ancêtre du Télégramme) traitant d’affaires de maisons hantées signalées en 1938 – je ne crois pas à ces balivernes mais, Halloween oblige, la rédaction m’a demandé un papier sur le sujet. On me répond que les numéros de ce journal ont été numérisés et ne sont consultables qu’en ligne : je ravale un instant ma colère et décide de quand même faire une recherche pour voir s’il n’existe pas des documents qui me permettraient de savoir ce que les maisons en question sont devenues après la guerre. Après avoir éliminé plusieurs pistes peu convaincantes, je retiens deux côtes de dossiers que je fournis à la documentaliste : elle me fournit le premier sans problème, mais je n’y trouve rien. En revanche, on me refuse l’accès au second qui n’est pas complet : l’affaire pourrait donc se terminer sur un « tant pis » résigné de ma part si un responsable n'avait décidé subitement de me mettre le grappin dessus pour me demander ce que je cherche ! J’ai un mal de chien à m’expliquer, il me reproche de parler trop vite, il me coupe tous les quatre mots… Bref, j’ai une crise et il m’accuse de « « m’énerver tout seul » ! « Je veux seulement vous éviter de consulter un dossier pour rien » qu’il dit : de quoi je me mêle ? Et si ça me plait, à moi, de fouiller dans de vieux papiers en prenant le risque de ne rien trouver ? Ça fait partie des risques du métier, après tout ! Quand il me libère enfin, je décide qu’à toute personne qui me posera la question du devenir post-guerre de ces maisons prétendument hantées, je répondrai : « Si on vous le demande, vous direz que vous n’en savez rien ! »[2]

 

Puisqu'on parle de fantômes, voici un caricature de Marylise Lebranchu, la garde des sceaux qui demanda en 2001 la révision du procès Seznec - je m'étonne que cette femme, qui me semble intelligente et honnête, qualités rares en politique s'il en est, ait donné officieusement raison à des pulsions de haine !

 

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17h : Je croyais pouvoir oublier mes soucis en allant nager à la piscine. Et bien même là, je me fais enguirlander par un vieux con qui me reproche de ne pas regarder où je vais alors que je ne l’ai même pas touché ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous, aujourd’hui ?

 

18h : À la fac, conférence de Sébastien Thiry sur la géopolitique dans la Grèce antique. Qu’en ai-je retenu ? Que les « hauts faits » des guerriers grecs ont été moins déterminants pour le devenir de leurs territoires que les magouilles de leurs chefs : rien de nouveau sous le soleil, en somme…

 

Sébastient Thiry vu par votre serviteur :

 

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19h30 : Je traverse la place de la Liberté pour prendre le tramway, ce qui me vaut d’être interpelé par un type en panoplie de rappeur de banlieue qui a dû me voir à l’œuvre au Café de la Plage et qui me lance (je cite de mémoire) : « Hé, t’es un chanteur, j’t’ai vu à Guérin, et tu dessines aussi ! » J’aime de moins en moins être reconnu en pleine rue, j’apprécie encore moins qu’on me tutoie spontanément, je ne supporte pas qu’on me parle bruyamment et je DÉTESTE qu’on se méprenne sur mes activités – je suis slameur, pas chanteur. L’exploit mérite d’être salué : en quelques secondes à peine, il a réussi à accomplir simultanément quatre actions qui m’horripilent ! Déjà échaudé par cette journée pénible, je suis définitivement déstabilisé : je me carapate sans demande mon reste, plantant là cet admirateur dont je me serais bien passé… C’est confirmé, c’est la journée des emmerdeurs !

Un croquis de nu pour détendre l'atmosphère :

 

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19h55 : J’espérais trouver un peu de réconfort au Biorek où je me rends ce soir pour la dernière fois avant le déménagement du restaurant sur la rue Jean Jaurès. Hélas, c’est raté : alors que j’attends d’être servi, un grand gaillard entre dans l’établissement et se met à éclater de rire en passant devant moi ! N’étant que trop habitué à susciter l’hilarité sans le vouloir, je m’imagine aussitôt qu’il se moque de moi et, irrité, je lui lance : « Qu’est-ce que j’ai encore fait, à la fin ? » Le géant n’apprécie guère ce qu’il interprète comme de l’agressivité à son égard et me fait savoir que son rire ne s’adressait pas à moi, propos confirmés par Alexandre qui dit que l’individu est son voisin et qu’il lui arrive de rire sans raison apparente… Visiblement, les lazzis dont j’ai été victime au collège continuent à me hanter : au moins cette anecdote me donnera-t-elle de quoi répondre à ceux qui douteraient encore des répercussions du harcèlement scolaire sur le psychisme…

 

Idem :

 

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20h15 : Après avoir pris congé de ce fidèle confident qu’est devenu Alexandre, non sans lui avoir donné rendez-vous pour bientôt dans ses nouvelles aventures, je prends le chemin de l’arrêt de bus le plus proche : mais à peine passé-je devant le Campanella qu’un mec bourré, heureusement accompagné, me montre du doigt et dit « Hé, lui, c’est un artiste-peintre » ! Me rappelant un conseil qui m’a été donné récemment par une amie qui est un peu pour moi ce que Raphaëlle est pour Astrid, je prétexte être pressé pour me débarrasser au plus vite de cet emmerdeur que j’espère être le dernier de cette journée pourrie ! Ce n’est pas la première fois que quelqu’un commet l’erreur de me désigner comme un artiste-peintre alors que je ne suis même pas capable de colorier un dessin[3] : si vous tapez « Benoît Quinquis »[4] sur Google, vous constaterez que j’y suis premièrement défini comme « artiste-peintre » alors même que je n’ai jamais revendiqué ce titre ! Comme quoi Internet est vraiment devenue une chambre d’écho de la bêtise humaine… Qui n’en a pourtant guère besoin !  

 

Jeudi 25 octobre : 36ème anniversaire de Candice Swanepoel

 

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9h30 : Arrivée au colloque sur les victimes de 1944 en Bretagne – j’espère obtenir des informations intéressantes pour Côté Brest : des victimes, il y en a bien sûr eu pendant toute la durée de la guerre, mais 1944 est vraiment l’annus horribilis pour la bonne raison que les Allemands étaient aux abois en raison de l’arrivée annoncée des Alliés, phénomène aggravé par la forte présence de résistants en Bretagne. Et oui, n’en déplaise à ce crétin de Régis Debray, les nationalistes bretons qui ont collaboré avec l’occupant ne représentaient qu’une minorité, leurs compatriotes les ont d’ailleurs traités avec le mépris qu’ils méritaient, et, de tous les départements extérieurs à l’Île-de-France, le Finistère est celui qui a fourni le plus de bras à la résistance ! Les Allemands et les collabos n’ont jamais été les bienvenus en Bretagne : d’ailleurs, à peine les villes bretonnes étaient-elles libérées que les préfets nommés par Vichy cédaient leurs places sans conditions aux commissaires de la république nommés pour assurer la transition : ils auront ainsi fait montre jusqu’au bout de toute la bravoure dont le régime politique qu’ils représentaient était capable…

 

Les deux maîtres d'œuvre du colloque :

 

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 Les trois premiers intervenants : 

 

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Trois caricatures inspirées par les propos des intervenants :

 

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Ce dessin croise deux faits établis : De Gaulle et Churchil se détestaient et l'armée anglaise ne faisait pas confiance à la résistance française - la suite lui a montré qu'elle avait tort.

 

12h : Petite pause au Beaj Kafé : j’ai quitté sans trop de regrets le colloque où le dernier intervenant de la matinée parlait avec une voix molle qui m’a épuisé. N’est pas orateur qui veut… Mais je suis bien décidé à revenir cet après-midi pour assister à au moins deux interventions dont le contenu semble prometteur pour ma chronique. En attendant, je jette un coup d’œil au site du Courrier International et j’ai ainsi vent de la mort du cycliste Paul Varry écrasé par un SUV. On ne va pas manquer de monter du doigt le gros vilain beauf, conducteur d’un engin polluant et porte-parole malgré lui (ce qui reste à voir) de ces automobilistes qui se croient les rois du monde et ne supportent pas de devoir partager la voie carrossable avec tout ce qui n’a pas quatre roues, un moteur bruyant et pot d’échappement puant. C’est vrai que c’est un gros vilain beauf, mais tant qu’on n’aura pas pris de mesures vraiment coercitives contre la voiture, tant qu’on s’obstinera à en tolérer la présence à toute heure dans des villes où les alternatives pour se déplacer sont pourtant nombreuses, bref, tant qu’on n’aura pas renoncé au double langage sur l’automobile et fait notre deuil du fantasme, qui date au moins des années 1950, du tout-bagnole, alors les conducteurs continueront à croire, consciemment ou non, que la voie publique est leur domaine réservé et que les cyclistes et les piétons sont des usurpateurs à traiter comme tels ! Sur le même site, je suis éberlué d’apprendre le retour du scorbut, dû notamment à la mauvaise qualité de notre alimentation ! On pensait que la fonte des glaces consécutive au dérèglement climatique allait libérer des virus congelés face auxquels nos défenses immunitaires seraient démunies, et finalement, c’est pire que ça : ce qu’on nous a vendu comme « le progrès » a réveillé des maladies qui étaient censées avoir disparu depuis des siècles ! Résumons-nous : Internet a rendu les discours de haine aussi communs qu’en 1933, l’industrie agroalimentaire a fait revenir des maladies qui étaient censées relever du moyen-âge et l’automobile nous fait revivre le temps des barbares ! Si ça continue, nous allons tous retourner vivre dans les arbres… Avec un smartphone à la main !

 

Encore un croquis de nu pour détendre l'atmosphère :

 

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15h30 : Retour au colloque où Jean-Yves Guengant donne une communication sur le tristement célèbre « Kommando de Landerneau » qui s’est distingué par son extrême violence… Et par son inefficacité sur le plan militaire ! Ça n’a l’air de rien, mais ça suffit à écorner deux mythes qui ont la vie dure : premièrement, ça bat en brèche l’idée, encore trop répandue, selon laquelle les Allemands auraient été « corrects » avec nous ! Quand bien même il n’y aurait pas eu le déchainement de violence quasi-aveugle de l’année 1944, pour que les Allemands soient « corrects » avec les Français, encore fallait-il qu’ils ne soient ni juifs, ni noirs, ni tziganes, ni homosexuels, ni handicapés… Ça faisait quand même beaucoup de conditions à remplir ! Deuxièmement, la légende de la « discipline » allemande en prend aussi un coup : donnez un flingue à quelqu’un avec l’autorisation de tirer dans le tas dès qu’il croira apercevoir quelqu’un dont la tête risque de ne pas revenir à ses chefs, et sa réaction ne sera pas une affaire de nationalité ! Je constate simplement que les hommes qui ont été mis dans cette situation en 1944 se sont bel et bien conduits comme des soudards enragés et que leur germanité n’a nullement joué le moindre rôle de frein… Et comme ils ont pu s’appuyer sur des volontaires français pour faire leur sale besogne, tout cela confirme que la barbarie n’a pas de nationalité ! Tâchez de vous en souvenir avant de déclarer tout de go, comme je l’ai entendu, que l’arabe serait la langue du terrorisme…

 

Une caricature inspirée par l'intervention de Jean-Yves Guengant :

 

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Une autre qui s'accorde assez bien : 

 

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Deux photos prises au cours de cet après-midi :

 

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Quelques croquis :

 

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19h : J’ai finalement cédé aux sirènes de la fibre optique. En effet, il y a peu, j’ai voulu envoyer des fichiers lourds à une collègue chercheuse… Et ça m’a pris plus de deux journées entières ! Je suis maintenant dans l’attente de ma nouvelle Freebox : en consultant mes mails, j’apprends que celle-ci me sera livrée… Demain ! Hé, mais ça ne va pas du tout ! Demain, je dois retourner au colloque ! J’essaie d’obtenir une modification de la date de livraison : pour ce faire, je suis obligé de m’inscrire au site d’UPS (car oui, vous pensez bien que Free n’allait pas faire appel à la poste, c’est trop ringard, so 2023, quoi), puis de m’inscrire à je ne sais quelle autre branche du même site, tout ça pour n’avoir pu qu’exprimer un souhait de modification sans même savoir s’il en sera bien tenu compte… Voilà la triste vérité : avec un service public, vous êtes encore un citoyen, vous avez des droits et pouvez les faire valoir ; avec une entreprise privée, vous n’êtes un client et, contrairement à l’expression consacrée[5] vous n’êtes pas roi et n’avez droit qu’à la fermer… Mais les services publics ne savent pas se vendre, ils ne savent pas donner une image sympacool, alors vous les avez laissez dépérir au profit de margoulins qui se foutent de vous ! Vous n’avez que ce que vous méritez, bande de cons ! Et je paie avec vous !

 

Un autre croquis de nu :

 

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Vendredi 26 octobre

 

8h15 : Pour pouvoir faire mon marché avant de retourner au colloque, je me suis levé tôt. Je pensais qu’en venant faire mes courses avant que le soleil ne se lève, ce serait vite fait. Hélas, non seulement il y a d’autres clients qui ont fait le même calcul que moi et viennent avec leurs gosses bruyants, mais, de surcroît[6], les commerçants font face à des coupures de courant à répétition qui me retardent davantage. Quand ils me disent « bonne journée » après avoir enfin pu me servir, je ne peux m’empêcher de leur répondre que ça commence mal…

 

9h : Je prends le bus pour la fac, mon lourd cabas à la main : je ne prends même pas la peine de rentrer chez moi ranger mes achats, j’ai bien l’intention de les mettre à profit à midi pour me faire un bon casse-croûte. C’est dans ces conditions peu confortables que j’emprunte un véhicule peu bondé mais où un gamin pousse des cris stridents qui ont vite raison de ma patience : n’en pouvant plus, je me dirige vers la dame qui semble être sa maman et lui montre ma carte « Je suis autiste » en la priant d’essayer de faire taire cet enfant. Elle me répond qu’il n’a que trois ans et ne pourrait pas comprendre… Je regagne ma place, doublement irrité : premièrement parce que c’est la première fois que ma carte délivrée par Asperansa ne m’est d’aucun secours (d’habitude, les fauteurs de trouble auxquels je la présente se confondent aussitôt en excuses et adaptent leur comportement), deuxièmement parce que je me suis heurté une nouvelle fois aux effets pervers de l’évolution du statut de l’enfant… Quand je pense qu’à l’âge de ce morveux, j’aurais pris deux baffes si je m’étais comporté ainsi dans un lieu public ! Je ne dis pas que je suis favorable aux châtiments corporels dont l’efficacité a toujours été des plus limitées (ils ont surtout servi à endurcir des têtes brûlées et à rendre névrosés des gosses à la peau tendre), mais on ne rend pas service aux jeunes en leur faisant croire qu’ils ont tous les droits… Y compris vis-à-vis des personnes en situation de handicap !

 

Croquis de nu...

 

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10h : Malgré les difficultés, je suis quand même arrivé à temps pour la quatrième session du colloque, consacrée aux « victimes » de l’épuration – les guillemets ne sont pas de trop car, même si beaucoup de personnes ont effectivement été suspectées (voire condamnées) à tort, il faut bien reconnaître que les individus les plus prompts à se présenter comme des victimes et à faire endosser le mauvais rôle à la résistance ont quand même été, justement, les plus compromis ! Les fameuses femmes tondues, par exemple : on les plaint beaucoup moins quand on sait que seulement 40 % d’entre elles avaient vraiment couché avec des Allemands ! N’en déplaise à Georges le grand, elles étaient minoritaires à n’avoir payé qu’un « penchant prononcé pour les Ich liebe dich » et la plupart avaient vraiment pris fait et cause pour l’occupant, par exemple en participant à des organisations collaborationnistes ou, plus simplement, en dénonçant les « youpins » et les « terroristes » à la Kommandantur : et oui, les femmes ne pensent pas qu’avec leur vagin et elles s’avèrent alors, parfois, aussi connes, bêtes, méchantes et médiocres que les hommes… Et les femmes tondues ne sont de toute façon que la partie émergée d’un iceberg de « victimes » dont les châtiments étaient certes parfois disproportionnés mais qui n’étaient pas toutes innocentes, loin de là, ne serait-ce que parce que les peines qui leur ont été infligées, aussi pénibles puissent-elles paraître, n’avaient finalement aucune commune mesure avec le crime contre l’humanité dont elles se sont rendues complices ! Et ne venez pas me dire que ces gens-là ne savaient pas : depuis que j’ai vu l’exposition sur le procès Papon au mémorial de la Shoah, je suis convaincu que tout le monde le savait ou avait au moins les moyens de le savoir ! Ceux qui prétendent le contraire, à supposer qu’ils ne mentent pas, ont feint de l’ignorer ou n’ont pas voulu le savoir : dans le premier cas, c’est grave, dans le second, c’est encore pire ! Bref, je n’arrive pas sincèrement à plaindre les « victimes » de l’épuration qui me font beaucoup penser à ces mâles blancs cisgenres d’aujourd’hui qui se posent en victimes du féminisme et / ou du racisme antiblanc[7]…   

 

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12h30 : Les intervenants sont allés déjeuner. Je décide d’en faire autant sur une des tables à pique-nique installées aux alentours du bâtiment. J’en choisis une située dans un coin ombragé où le vent s’engouffre et où personne ne s’arrête : l’idéal pour calmer mes nerfs quelque peu éprouvés cette semaine. Je déballe mes provisions, je m’apprête à m’installer… Et à peine ai-je posé une fesse sur le banc que la table toute entière bascule ! Plus de peur que de mal : la seule difficulté que je rencontre en réinstallant mes affaires est le ré-enroulage de mon essuie-tout qui s’est dévidé en tombant et que le vent achève de rendre particulièrement rebelle… Encore heureux qu’il n’y ait pas eu de témoins pour se moquer de moi ou, pire, pour me proposer son aide ! Je peux finalement me régaler de quelques sandwiches, mais il n’empêche que si je croyais en Dieu, je me demanderais bien ce qui lui ai fait… 

Deux croquis réalisés durant la matinée :

 

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15h15 : Le colloque a repris depuis une heure et quart et j’ai déjà noté plein d’informations intéressantes pour ma chronique. La moisson est bonne, je ne suis pas venu pour rien. Hélas, comme à chaque fois que j’ai une satisfaction, quelque chose vient ternir le tableau, en l’occurrence un vieux con présent dans l’assistance[8] qui, après l’exposé de Dimitri Poupon sur le massacre de Penguérec, ne peut s’empêcher de monopoliser la parole pour livrer « sa » version des faits ! Il parle affreusement lentement, prend presque autant de temps que s’il avait été inscrit en tant qu’intervenant, et il fatigue toute l’assemblée qui a besoin d’une pause, y compris les organisateurs du colloque[9] ! Pour ne rien arranger, il soutient que les vrais responsables du massacre seraient les résistants qui auraient « provoqué » les Allemands ! Le tout avec le ton très docte du vieux briscard qui croit en savoir plus que l’orateur, lequel est encore un jeune docteur (il n’a soutenu sa thèse que depuis deux ans) et fait figure de perdreau de l’année, autant dire de cible facile aux yeux de ceux qui ont oublié qu’on est majeur bien avant d’avoir cinquante ans… Bref, alors qu’il s’apprête à reprendre la parole, l’un des organisateurs est obligé de le couper en plein élan, ce qui n’arrive presque jamais ! C’est vous dire s’il était chiant…

 

16h30 : La dernière communication, assurée par Isabelle Le Boulanger, évoque le cas le plus extrême des victimes de 1944 : les déportés. Selon la doxa dominante, ceux-ci se seraient longtemps tus et auraient attendu les années 1960 pour briser le silence. C’est faux : ils ont pris la parole dès leur libération… Mais on ne les a pas écoutés ! Pourquoi ? Au mieux parce qu’on ne les croyait pas tant le récit de leur martyre dépassait (et dépasse toujours) l’entendement… Au pire parce que leurs compatriotes considéraient qu’ils avaient autre chose à faire dans l’immédiat après-guerre ! L’oratrice précise que l’administration française n’était pas du tout préparée à les recevoir tant leur cas était inédit : je déclare, un peu provocateur, que les SS n’allaient pas fournir des certificats de torture[10] ! Je rigole, mais ce constat fait froid dans le dos, surtout dans le contexte actuel…

 

Deux photos prises le matin :

 

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17h : Épuisé, je rentre chez moi. Je suis à nouveau contraint de prendre le bus à un autre arrêt que celui auquel je suis habitué : malgré l’irritation que m’inspirent les discours hostiles au chantier du tramway, je dois convenir que devoir changer sans cesse de station est très éprouvant pour moi. À cette gêne s’ajoutent celles qu’apporte le soleil d’automne, d’autant que cette météo semble exciter particulièrement les gens : quand on est hypersensible au bruit, à la chaleur et à la lumière, c’est proprement infernal ! Il ne faudrait pas grand-chose pour que j’aie une crise… Et ça ne rate pas : dans le véhicule, je veux récupérer mon sac à dos qui est tombé par terre à cause d’un coup de frein un peu trop violent, et dans le même mouvement, je me pique au bracelet de ma montre qui est en piteux état. Je pousse un énorme cri dans lequel transparait non seulement ma douleur mais aussi mon épuisement et ma surprise face à une situation à laquelle je n’étais pas préparé… Le chauffeur menace de m’expulser si je recommence : encore une belle illustration de la difficulté qu’il y a à vivre avec une différence invisible.

 

Encore un croquis de nu...

 

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17h30 : Enfin rentré au bercail. Dans ma boîte aux lettres, je trouve un avis de passage d’UPS : c’est donc confirmé, on n’a tenu aucun compte de mon souhait que j’ai eu tant de mal à déposer ! Il est aussi annoncé « nous essaierons de repasser le prochain jour ouvrable ». Il va donc falloir que je reste chez moi lundi prochain, alors que j’avais prévu de retourner au magasin où j’avais acheté mon sèche-cheveux défectueux, et je ne suis même pas sûr que ces ânes de livreurs vont vraiment venir ! Heureusement que nous disposons d’une technologie de pointe pour nous simplifier la vie, pas vrai ?

Encore un...

 

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Samedi 26 octobre

 

10h : Encore mal remis de mes récentes mésaventures, il faut tout de même que je sorte pour récupérer un colis et effectuer quelques achats urgents dans le quartier. Je peux ainsi voir les unes des journaux, dont deux retiennent mon attention. La première met à l’honneur Alexandra Lamy qui, semble-t-il, étonne la critique en jouant une institutrice du XIXe siècle. Je n’ai aucune envie d’aller voir le film (ou la série ?) en question, mais je suis bien content de savoir que la jolie Alexandra n’est plus cantonnée aux rôles de gourdasse… La seconde vante le « miracle » de Notre-Dame : il s’agit bien entendu de la couverture d’un magazine catho et je ne peux m’empêcher de rigoler ! Miracle ? Il n’y a pas de miracle, bande de crétins ! On y a mis les moyens, c’est tout ! On a vu des milliardaires fuyant le fisc mettre la main au portefeuille pour reconstruire une cathédrale, dans la logique d’une longue tradition de crapules pleines aux as qui obtenaient la bénédiction du curé local en faisant des dons à la paroisse : dans le cas présent, ils y étaient d’autant plus motivés que le bâtiment en question est avant tout une attraction touristique qui, directement ou non, doit contribuer à les enrichir encore davantage… Pendant ce temps, ma bonne ville de Brest a sur les bras des édifices religieux qui tombent en ruines et dont elle a la charge sous prétexte qu’ils ont été construits avant la fameuse loi de 1905 : en attendant la révision de ladite loi que le regretté Siné appelait de ses vœux et qui devrait rentre l’Église catholique seule responsable de tous les lieux de culte construits en son nom[11], c’est donc tout un patrimoine bâti qui est menacé, et nous attendons toujours, faute de « généreux » donateurs, un « miracle » semblable à celui que ces bons croyants prétendent constater pour Notre-Dame ! Décidément, qu’y a-t-il de plus con (ou de plus hypocrite) qu’un curé ? Deux curés !    

 

Et une flopée pour terminer ! 

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Soyons justes : c’était plus rare qu’on l’a cru.

[2] De toute façon, je mettrai ma main au feu que les bombes et / ou les promoteurs leur ont réglé leur compte depuis longtemps… Et que les fantômes n’y sont pour rien !

[3] Certaines de mes connaissances ne seront pas d’accord avec cet avis péremptoire : disons donc, plus exactement, que je ne prends pas vraiment plaisir à coloriser, moins qu’à dessiner en tout cas, que mes tentatives (tout de même assez nombreuses) dans ce domaine ne m’ont jamais apporté une réelle satisfaction et que j’ai préféré y renoncer.    

[4] Ben oui, c’est mon vrai nom. Vous ne le saviez pas ?

[5] La première syllabe serait mieux à la fin du mot…

[6] La tentation d’écrire « par-dessus le marché » était forte mais je n’y ai pas succombé et je m’en félicite.

[7] Je suis déjà bien bon de ne pas mettre de guillemets à cette expression !

[8] Je pourrais dire qui c’est mais je n’en ferai rien car, comme dirait Cavanna, « les imbéciles sont méchants, et moi je suis lâche ».

[9] Christian Bougeard et Sébastien Carney que je salue au passage.

[10] François MOREL, « Demande d’asile : merci de fournir un certificat de torture » (25 novembre 2016) in Grâces matinales, Bouquins, Paris, 2022, pp. 744-746.

[11] « Je crois en effet qu’il serait bon de réviser cette loi qui fait obligation à l’État républicain de subvenir au financement public de l’entretien des églises construites avant 1905. Je trouve ça parfaitement scandaleux et je ne m’étonne pas que, seul, le clergé trouve cette législation « tout à fait satisfaisante ». Rendons-lui vite la propriété de ses bâtiments en exigeant qu’il casque dorénavant lui-même l’entretien, les réparations et la construction de nouveau, s’il estime en manquer. (…) La République n’est pas faite pour encourager l’obscurantisme. » SINÉ, Mon dico illustré, Hoëbeke, Paris, 2011, pp. 128-129.


26/10/2024
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Du 12 au 18 octobre : le Doliprane, je m'en fous !

 

Samedi 12 octobre

 

11h: Je dois me rendre à Paris où m’attend mon oncle qui a accepté de m’héberger, le temps pour moi de participer à la deuxième édition du Salon du livre et du dessin de Saint-Brice-sous-Forêt. J’ai déjà droit à un imprévu : mon train est annoncé avec un retard de… Deux heures et demie ! J’avais pris un TGV Ouigo parce que c’était ce qu’il y avait de meilleur marché et j’aurais dû me douter que si ça n’était pas cher, c’est qu’il y avait une bonne raison… Hé, les braves gens ! Quand les employés de la SNCF se sont mis en grève pour protester contre la privatisation et avertir que cette mesure serait une catastrophe, vous vous souvenez comment vous aviez réagi ? Oui, c’est ça : en les traitant de salauds de fainéants de fonctionnaires et en les accusant de vous « prendre en otages » par-dessus le marché… On n’a jamais que la société qu’on mérite, en fin de compte.

Un dessin politique comme je sais en faire :

 

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18h : Me voici enfin à Paris, plus précisément à la gare Montparnasse. J’emprunte un trottoir roulant pour prendre le métro : je marche, mais sans doute pas assez vite car je me fais quand même bousculer, et enguirlander en prime, par un type pressé… Ce n’est pas une surprise, j’y ai droit à chaque fois ! L’amabilité parisienne n’est pas une légende… Il n’empêche que si les touristes venus assister aux jeux de cet été ont reçu eux aussi un accueil de ce genre, je ne suis pas sûr qu’ils reviendront l’année prochaine et il ne faudra pas s’étonner si les retombées financières se réduisent à un feu de paille ! J’imagine sans peine un Parisien rouspéter contre un type en fauteuil roulant qui lui bloquait le passage et le mettait en retard alors qu’il allait assister… Aux jeux paralympiques !

 

Un croquis en vue d'une BD :

 

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19h : Enfin chez mon oncle à Ménilmontant : qu’il est bon de se sentir attendu à l’issue d’un voyage éprouvant ! Nous conversons et en arrivons à traiter des transports en commun : d’après mon hôte avunculaire, l’intérieur des bus parisiens est aujourd’hui éclairé, à la nuit tombée, par une lumière bleue… Qui y rend la lecture impossible ! Les responsables partent-ils du principe que plus personne n’ouvre un livre et que tout le monde passe sa vie les riveté à son smartphone, mis à part quelques marginaux de mon espèce dont ils se foutent totalement ? Ou alors cela participe-t-il d’une stratégie destinée à transformer tous les usagers en geeks incultes ? À moins que ne soit tout simplement une erreur. Dans le premier cas, c’est grave. Dans le deuxième, c’est encore pire. Dans le troisième, c’est carrément épouvantable !

 

Une peinture réalisée dans le cadre des cours du soir - avec une question que je me pose à chaque fois que je descends à Paris :

 

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Dimanche 13 octobre

 

8h30 : Je n’avais encore jamais mis les pieds en banlieue et prendre le transilien était pour moi une totale nouveauté – et donc une source d’angoisse. Ça a mal commencé à la gare du Nord où je ne savais pas comment sélectionner mes billets et où j’ai dû déranger un jeune couple pour lui demander de l’aide. Le trajet en lui-même s’est plutôt bien passé, du moins n’y a-t-il pas eu d’accroc : le train desservait, entre autres, Saint-Denis, comme ça, avant de mourir, je pourrai dire que j’aurai vu « en vrai » le fameux Stade de France associé à tant de souvenirs « glorieux » pour tous les beaufs du pays ! Ça s’est re-gâté quand je suis descendu, aucune rue ne correspondant à ce que j’avais sur mon plan. Et pour cause : j’étais sorti du mauvais côté et j’étais en train d’explorer Sarcelles ! Il aura fallu que je dérange les guichetières de la gare pour savoir de quel côté était Saint-Brice-sous-Forêt… Je ne suis pas beaucoup plus avancé car mon plan est finalement assez vague et je dois compter en grande partie sur mon bon sens et une petite dose de chance pour trouver le chemin du gymnase où doit se tenir le salon. Cette expédition, qui me met aussi à l’aise que si j’étais au fin fond de la jungle, aura au moins eu l’intérêt de m’apprendre que l’expression galvaudée « Terre de contrastes » s’applique à merveille à la couronne périurbaine de notre capitale ! Côté Sarcelles, ce n’est pas le cauchemar à la Rancy-sur-Yvette[1], mais ce n’en est pas moins un beau spécimen de banlieue crado où traînent les jeunes à casquette désœuvrés ; côté Saint-Brice, ce n’est pas Neuilly, mais les immeubles sont à taille humaine, les pelouses sont soignées et certains coins me rappellent Guilers. Ce qu’on appelle « la banlieue parisienne » est tout sauf monolithique et une voie de chemin de fer vaut toutes les lignes de démarcation du monde… 

 

Un exercice réalisé au cours du soir :

 

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9h : Pas possible, j’ai trouvé ! Je suis d’autant plus soulagé que les organisateurs sont plutôt accueillants et bien organisés, on est loin des événements où les gens semblaient étonnés de me voir débarquer et où j’avais presque l’impression de déranger ! Avant même de m’installer, je remarque que la tête d’affiche du salon est un certain Pascal Oubreyrie, ancien membre des… Poppy’s ! Je repense aussitôt à ce dessin de l’ami Lindingre paru en 2009 dans Fluide Glacial : « Marché aux has-been : pour tout achat d’un people d’occasion, un ancien « Poppy’s » vous est offert »[2] ! Ce n’est pas la première fois que la réalité dépasse la caricature que l’on peut en faire, mais là, ça pique un peu les yeux, d’autant que ce cher monsieur a osé donner à son livre le sous-titre que voici : « Ma vie d’enfant star des années 70 » ! Quand je le croise, comme il a tout de même l’air d’un brave type, je n’ose pas lui dire que je trouve qu’il se sucre un peu et je me borne à lui chanter, sur l’air du tube de l’ensemble vocal dont il a fait partie, « Si, si, tout a changé, tout, tout a empiré » !

Votre serviteur à son stand :

 

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17h30 : Le salon a passé comme un coup de fusil. Ça n’aura pas été la journée du siècle pour moi mais j’ai eu un succès honorable pour un salon de petite envergure dans un bled où personne ne me connaissait jusqu’à présent. Pour la clôture, nous avons droit à la présence du député et de la maire de la ville : je peux attester que les élus ne se déplacent pas toujours, surtout un dimanche… Je n’ose pas demander de quel bord est le député, ce n’est pas le moment de rallumer une guerre déjà loin d’être éteinte. La maire, une femme plutôt jeune et jolie, détonne aux côtés d’une association organisatrice composée en grande partie de personnes d’un certain âge ; elle est « sans étiquette », ce qui veut dire tout et son contraire. Je ne boude pas le vin d’honneur et je ne formalise même pas de ne rien avoir gagné au concours de nouvelles – de toute façon, il y avait trop de candidats pour que j’espère faire le trou. J’admoneste les gamins qui font du bruit et soulèvent la moquette et je suis bien content de rencontrer des compatriotes bretons… Il me tarde de rentrer. Une organisatrice me demande si je reviendrai l’an prochain : je réponds qu’il est trop tôt pour le décider… J’ai bon ?

 

Le discours de clôture de Geneviève, la présidente de l'asso organisatrice :

 

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20h : Revenu chez mon oncle, je lui pose la question qui me brûlait les lèvres depuis trois mois. Sa réponse : non, la vie à Paris pendant les jeux n’a pas été aussi cauchemardesque qu’on le craignait[3]. Il n’y a guère qu’en amont de la cérémonie d’ouverture que la circulation a été plus difficile que de coutume, mais le reste du temps, les seuls à galérer ont été ceux qui allaient assister aux épreuves… Et qui ont eu ce qu’ils méritaient ! Ils tenaient à voir des veaux aux hormones faire des pitreries dans des stades hors de prix, ils ont galéré pour ça, bien fait pour eux !

 

Lundi 14 octobre : Alexandra Lamy a 53 ans, bon anniversaire !

 

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12h50 : Je reprends le train pour rentrer à Brest. Cette fois, le véhicule part à l’heure : il faut dire que j’ai pris un TGV Inoui… Je ne voudrais pas insister lourdement, mais à la gare, les Ouigo étaient encore annoncés en retard ! L’ouverture à la concurrence, c’est la fin de l’égalité : les gens aisés prennent du bon temps avec des services de qualité, les pauvres galèrent avec des services bâclés et tout va bien madame la Marquise. La droite a permis ça, les socialistes ne l’ont pas empêché, et on s’étonne que les défenseurs de la justice sociale dont je fais partie se tournent désormais vers La France Insoumise… Enfin bref : pour les quatre heures et demie de route qui me séparent de ma bonne vielle ville du Ponant, j’ai un compagnon de choix : Cavanna ! Plus précisément, le recueil de ses chroniques du Charlie Hebdo de la grande époque : elles ont beau être liées aux faits marquants des années 1970, on les croirait écrites aujourd’hui ! Delfeil de Ton déplorait que l’on prenne Cavanna pour un maître à penser et le principal intéressé ne convoitait certainement pas ce statut, mais il n’empêche qu’il avait presque toujours raison ! Relisez ses articles sur l’écologie, sur la création de l’État d’Israël et sur l’école publique en France et essayez de me dire qu’il n’avait pas déjà tout compris au monde dans lequel nous vivons dix ans après sa mort !

 

Un autre exercice du cours du soir :

 

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17h20 : Arrivé à Brest, je ne commets pas l’erreur de gagner la place de la Liberté et d’affronter le chantier de la deuxième ligne de tramway – même si, quoi qu’on en dise, ces travaux génèrent moins de complications, au moins pour les piétons, que ceux de la première ligne : je n’ai pas en tout cas pas l’impression de retrouver l’ambiance qu’avaient dépeinte à l’époque les Goristes dans leur chanson « Bordel City ». Bref, je préfère longer le jardin Kennedy de manière à rejoindre directement la rue de Siam et, de là, prendre un tramway qui me conduit jusqu’à la place de Strasbourg où je peux attraper le bus qui dessert Bohars en passant dans ma rue. Au final, je ne mets que cinquante minutes, tout compris, pour retrouver mon doux foyer : finalement, les transports publics brestois ne sont pas si mal foutus ! Quand c’est bien, il faut le dire ! De toute façon, s’il est effectivement devenu impossible de lire dans les transports parisiens, je ne suis pas près de m’installer à la capitale…

 

Encore un exercice du cours du soir :

 

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Mardi 15 octobre

 

9h30 : En fait, les transports en commun, ce serait vraiment formidable à deux conditions : en un, que les usagers soient plus calmes et plus respectueux des autres… Et, en deux, que les contrôleurs disparaissent ! La journée commence mal : je constate que la seconde condition n’est pas remplie. J’ai un principe : je ne montre jamais mon titre de transport avant que ces charognards ne me l’aient expressément et personnellement demandé, j’estime que je n’ai pas à obéir avant l’ordre. Aujourd’hui, cette stratégie me joue un tour : le temps pour moi de chercher ma carte dans ma sacoche, le contrôleur semble s’impatienter et se met à faire des gestes brusques. Me sentant menacé, je lui dis « ça vient » ! Évidemment, j’avais mal interprété son geste et il se met à me traiter en suspect : je n’ai pas le réflexe de lui monter me carte « Je suis autiste » qui éclaircirait le malentendu… Comble de malchance, fait rarissime, je ne suis même pas en règle : je n’avais pas validé en entrant dans le véhicule ! Et pour cause : il était plein à ras bord, je n’avais même pas pu atteindre la borne ! Est-ce parce que cette explication tient la route, est-ce parce qu’il veut se débarrasser de moi au plus vite, toujours est-il qu’il me laisse me lever pour valider. Mais je penche plutôt pour la seconde hypothèse : je l’entends distinctement dire à une de ses collègues, à mon propos, « il est énervé, il est bizarre »… J’ai l’impression de réentendre ce que mes « camarades » de collège disaient à mon sujet ! Peu après, ces courageux contrôleurs se mettent à quatre pour effrayer une jeune fille : la demoiselle n’a pas validé non plus parce qu’elle avait opté pour le tickets sur smartphone et le système n'est manifestement pas en étant de fonctionnement optimal… Comme elle paye un abonnement, elle considérait qu’elle n’avait pas à remettre la main au portemonnaie pour acheter un billet – et je suis plutôt d’accord avec elle : la gamine a beau protester, ils lui martèlent qu’elle est « responsable de sa validation »… Devant ce spectacle navrant, je ne peux m’empêcher de dire à mon voisin : « Quatre adultes contre une adolescente, le courage à la française » ! Et on voudrait que je respecte les gens qui font ce boulot de merde… Vous voulez aussi que j’applaudisse les huissiers de justice et les liquidateurs ?  

 

Un bisou que j'adresse à la jeune fille qui ne s'est pas laissé emmerder par ces charognards :

 

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14h : J’étais un peu étonné de voir le Doliprane faire la une des journaux. Renseignement pris, c’est parce qu’une entreprise américaine a racheté la filiale de Sanofi qui produit ce médicament et les bons Français semblent s’inquiéter des menaces qui pèsent sur ce (je vous jure que je cite) « symbole d’une certaine indépendance nationale » ! Les bras m’en tombent… J’ai l’impression de relire la presse pourrie que dénonçait Cavanna en son temps ! Quoi ? Le Doliprane, ce petit comprimé bon marché qui soulage à peine, symbole de l’indépendance nationale ? Si j’étais un patriote chatouilleux, je porterais plainte pour insulte à la nation ! Décidément, entre le coq gaulois, le Beaujolais nouveau et Johnny Hallyday, les Français aiment se donner des symboles lamentables ! Et dans un sens, ils peuvent se donner les symboles nationaux qu’ils veulent si ça les amuse, car les symboles nationaux sont par définition des attrape-nigauds ! Alors autant prendre les plus merdiques, comme ça, ça annonce clairement la couleur et ça dissuade les gens un tant soit peu éclairés de tomber dans le panneau ! Que le Doliprane soit français ou américain, rien à foutre ! De toute façon, les médicaments, TOUS les médicaments, sans exception aucune, devraient être étiquetés « patrimoine commun de l’humanité », ils ne devraient donc pas être des marchandises et encore moins des symboles nationaux ! La seule chose qui devrait inquiéter, c’est le sort des travailleurs français qui vont passer sous l’autorité de patrons américains… Mais de toute façon, à l’heure du tout-numérique et de l’intelligence artificielle, on peut s’inquiéter pour eux même avec des patrons français ! De manière générale, on peut s’inquiéter pour tous ceux dont la survie dépend du bon vouloir de capitalistes, quelle que soit la nationalité de ces derniers ! Enfin bref, vous m’avez compris : mettez vos drapeaux au feu, ne voyez pas l’étranger comme un danger parce qu’il est étranger, le seul véritable ennemi est le capitaliste, d’où qu’il vienne ! Ce que j’ai écrit n’est pas original ? Ah oui ? Lisez un peu ce qu’ont pu dire les bons patriotes sur la dimension « nationale » du Doliprane, et dites-moi si c’est nouveau !

 

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Mercredi 16 octobre : les studios Disney ont 101 ans

 

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Ce dessin est paru l'an dernier, dans un autre format, en quatrième de couverture de la revue L’éponge.

 

10h30 : Présentation, au Centre de Recherche Bretonne et Celtique, de l’exposition consacrée au fonds d’archives phonographiques de ce laboratoire : l’université de Brest est la seule en France, à part celle de Grenoble, à disposer d’enregistrements sur cylindres de cire ! C’est d’autant moins anodin qu’il se trouve que si la phonographie s’est imposée au début du XXe siècle, le dépôt légal des enregistrements sonores n’est entré en vigueur… Qu’après la seconde guerre mondiale ! Tous les supports antérieurs à 1945, on n’a donc pu les retrouver que chez des particuliers, conservés dans des conditions qui n’étaient pas toujours adaptées : les cylindres phonographiques sont donc des supports rares et précieux, d’autant que ce sont les seuls sur lesquels certaines chansons bretonnes ont pu être enregistrées… Le tout avec l’inconvénient majeur qu’ils nous arrivent souvent en mauvais état, bien sûr ! Ah, ça, le travail de chercheur n’est pas facilité, dans ce monde où les gens ne respectent même pas leurs propres affaires ! Soyez plus soigneux de vos possessions, vous rendrez service aux chercheurs des temps futurs !

 

Quelques photos prises au cours de cette présentation :

 

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21h : Mbappé maintenant ! Il ne se passe pas une semaine sans qu’une célébrité française soit accusée de viol : il est grand temps d’en finir avec le mythe du french lover qui a conforté tant de garçons de chez nous dans l’idée leur nationalité leur ouvrait forcément les portes de l’intimité de toutes les femme ; de façon générale, il faut arrêter de croire que tout ce qui est français est forcément meilleur que tout ce qui se fait dans le monde… Mais cette semaine, le Courrier International consacre le gros de ses pages à l’Ozempic ; je me bornerai à dire ceci : depuis l’affaire du Mediator, on devrait s’avoir qu’il est risqué de traiter l’obésité avec un médicament qui n’est pas prioritairement destiné à cet usage ! N’est-ce pas, docteur Frachon ?

 

Puisqu'on parle de médocs (et d'esprit français), encore une pointe sur le Doliprane (une pensée au passage pour les regrettés Alexis, Lob et Gotlib) :

 

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Jeudi 17 octobre

 

18h : J’avais entendu parler de Jean-René Poulmac’h, l’historien du Relecq-Kerhuon, grâce à Bernard Gueguen, mais je ne l’avais encore jamais vu en vrai. C’est maintenant chose faire : ce vieux monsieur rigolard est venu à la fac Segalen pour faire une conférence sur les mariages en Basse-Bretagne au début du XXe siècle, l’occasion de faire le point sur les traditions plus ou moins connes (comme à peu près toutes les coutumes, il est vrai) qui avaient cours dans notre belle région à cette époque pas si reculée. La plus idiote à mon sens, était celle qui voulait que les jeunes mariés soient contraints d’attendre au moins une journée avant de pouvoir, comme on dit, « consommer leur union » ! Comme si les gens avaient pu croire sérieusement que deux êtres jeunes et en pleine forme (et, dans certains cas, amoureux) allaient attendre de s’être passés la bague au doigt pour jouer au docteur… Par-dessus le marché, ils devaient entrer dans le lit clos devant un témoin qui leur servait une soupe au lait dégueulasse : on dit que le chercheur n’est pas censé juger, mais je ne reprocherai pas à l’orateur la franche hilarité dont il fait montre en présentant ces superstitions grotesques… De surcroît, dans notre coin du Finistère, il y a peu de photos de mariage… Car les curés tenaient à ce que les noces restent des moments solennels et voulaient dissuader les gens d’en profiter pour faire la fête ! J’ai assisté à peu de mariages depuis ma majorité car la pratique n’a plus tellement cours au sein de ma génération où les couples sont souvent réticents à s’engager pour la vie : en fait, je n’en retiens que deux, chacun unissant une amie chère à l’homme de sa vie, et j’aurais eu de la peine si les noces de ces adorables jeunes femmes avaient dû se dérouler dans la gravité à cause du diktat d’affreux corbeaux qui n’avaient même pas besoin d’une moto pour semer la terreur dans toute la région ! Il est définitivement vain d’idéaliser le passé ! Notre époque n’a pas que des bons côtés, loin s’en faut, mais pour rien au monde je ne voudrais revivre les temps obscurantistes qu’ont vécus nos arrière-grands-parents !

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Jean-René Poulmac'h

 

20h : Concert de la Souris Noire inspiré de la vie et de l’œuvre de Victor Segalen : le groupe avait monté ce spectacle pour le centenaire de la mort du poète voyageur et le rejoue ce soir à l’occasion des trente ans de la faculté qui porte son nom. Il n’y a guère plus d’une vingtaine de personnes dans la salle : c’est dommage car la chanteuse est vraiment admirable et j’adore l’expression sévère du comédien qui lit des extraits de Segalen entre chaque chanson ; tant pis, les absents ont toujours tort. Je craque pour la chanson qui revient sur le mythe de la tour de Babel et souligne à quel point la diversité des langues est une bénédiction, n’en déplaise à ceux qui l’ont présentée comme une punition divine… Si Dieu a vraiment cru punir les hommes en multipliant les dialectes, alors Dieu est un con ça expliquerait bien des choses concernant ses représentants sur Terre ! Sur la Terre comme au Ciel, la foi est le fait des sans cervelle… Et Victor Segalen lui-même, qui avait finir par renier l’éducation catholique qu’il avait reçue, ne s’y était pas trompé. À bas toutes les religions et vivent les artistes !

La Souris Noire sur scène :

 

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Quelques croquis exécutés au cours du spectacle :

 

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Vendredi 18 octobre

 

18h15 : Sur la route de la piscine, dans un bus presque vide, deux types, qui ont l’air tout droit sortis d’une caricature sur les « jeunes de banlieue », se sont installés juste à côté de moi et se mettent à parler très fort. Je sors ma carte « Je suis autiste » en leur demandant de baisser d’un ton… Et ils obtempèrent, l’air confus. Cette carte est vraiment efficace, même auprès des individus de ce type, c’est bon à savoir ! Il n’empêche que je suis obligé de la sortir au moins une fois par jour pour que la vie me soit supportable : les difficultés liées à l’autisme ne sont pas une vue de l’esprit.

 

Un animal imaginaire qui me ressemble : le papibouphoque, créature à la fois aquatique, nocturne et volante - plus précisément, une combinaison d'animaux auxquels certaines de mes copines m'ont comparé :

 

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20h30 : Après avoir lu les chroniques de Cavanna, j’ai entamé la lecture d’un autre grand moustachu : Bruno Léandri, qui a eu la bonne idée de raconter ses souvenirs professionnels dans Nous nous sommes tant marrés. J’en suis au moment où il quitte Hara-Kiri pour s’imposer comme un pilier de Fluide Glacial et je suis saisi par la comparaison qu’il établit entre les gestionnaires historiques respectifs de ces deux journaux – à quoi bon essayer de le résumer, le paragraphe de Léandri est inégalable, je préfère le citer in extenso :

 

« L’un, Choron, grand et maigre, l’autre, Diament, petit et râblé, l’un fou, l’autre raisonnable, l’un tempétueux, l’autre tempéré, l’un alcoolique, l’autre sobre, l’un coupablement munificent, l’autre pathologiquement radin, l’un fonceur, l’autre calculateur, l’un ordurier, l’autre très poli, l’un imprévisible, l’autre routinier, l’un provocateur escroc incandescent, l’autre laborieux scrupuleux précautionneux, l’un multicolore, l’autre pastel uni, l’un cigale, l’autre fourmi, l’un foutraque, l’autre pugnace. L’un et l’autre, c’était la matière et l’antimatière, la polarité positive et négative, l’unique fois où ils se rencontreront, le parquet grincera sous le poids de leur mépris réciproque. »[4]

 

Précisons tout de même (Léandri le dit lui-même et tous les témoignages vont dans ce sens) qu’avec Georges Bernier « le prodigue », les auteurs n’étaient jamais sûrs d’être payés, tandis qu’avec Jacques Diament « l’avare », la rémunération était une certitude acquise. La comparaison entre les deux hommes et leur image auprès de leurs collaborateurs en dit d’ailleurs long sur l’ingratitude humaine : Choron a floué à peu près tout le monde (à commencer, il est vrai, par lui-même), il a coulé sa boîte, et il a quand même trouvé des gens de talent pour le défendre ; Diament a géré sainement son affaire, il a fait de Fluide une affaire rentable, et il est quand même devenu l’homme le plus détesté du journal ! On ne peut même pas l’accuser de compromission excessive avec le capitalisme puisqu’à l’aube de ses cinquante ans, le mensuel fonctionne encore sans publicité ! Dans tous les milieux, même les plus « anti-cons », c’est la même histoire : les gens aiment et redemandent qu’on les encule avec le sourire, ils préfèrent le rigolo de service au premier de la classe, ils préfèrent Peppone à Don Camillo, Tapie à Rocard, Chirac à Jospin, Hollande à Aubry… J’arrête là, je vais chialer.

Post-scriptum : On m’objectera que Hara-Kiri n’aurait pas pu exister sans Choron, c’est d’ailleurs une thèse défendue par Cavanna lui-même. Je réponds : précisons que le journal « bête et méchant » ne pouvait voir le jour qu’avec un homme assez fou pour y croire et assez énergique et culotté pour se lancer dans cette affaire, mais rien ne dit que Cavanna n’aurait jamais trouvé un homme ayant ces qualités sans avoir les défauts plus que rédhibitoires de Choron… Je sais qu’on ne refait pas l’histoire, mais il ne faut pas non plus croire qu’elle était écrite d’avance. Bon, on va boire un coup ?

 

Un dessin d'œil en gros plan - ça n'a rien à avoir avec ce que je viens d'écrire, si ce n'est que j'ai pris pour modèle une couverture de Hara-Kiri. Pour l'anecdote, il s'agissait de celle où une femme s'apprête à manger un sandwich avec un rat dedans, d'où l'expression légèrement inquiète (mettez-vous à sa place !) du regard...

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Banlieue fictive où Antoine De Caunes et Laurent Chalumeau ont situé les exploits de Didier L’embrouille.

[2] Fluide Glacial série or n°48, Tous people !, septembre 2009, p. 99.

[3] Bon, d’accord… Disons : pas plus que d’habitude !

[4] Bruno LÉANDRI, Nous nous sommes tant marrés, mes années Hara-Kiri et Fluide Glacial, Audie, Paris, 2015, pp. 158-159.


19/10/2024
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Du 5 au 10 octobre : Terre promise, mon cul !

 

Samedi 5 octobre : Caroline Loeb a 69 ans

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18h20 : Le centre social de Pen ar Créac’h accueille une soirée slam organisée par Gaëtan Kerdraon. Le spectacle est assez confidentiel, nous ne sommes que cinq pour assister au tour de slam de Gaëtan (avec Slamity Jane en première partie) qui, outre ses propres textes, interprète des classiques de la chanson française en les déclamant. Je n’approuve pas forcément ses choix de répertoire : quand il interprète du Daniel Guichard, pourquoi pas, je veux bien croire que tout n’est pas à jeter chez ce vieux routier un peu oublié aujourd’hui, mais quand on a droit à « La bohème » du petit père Aznavour, là, je vais aux toilettes ! L’inconvénient majeur, quand il y a peu de public, c’est que les rares spectateurs se sentent autorisés à ne pas attendre que le spectacle soit terminé pour poser leurs questions et exprimer leurs remarques ! D’ailleurs, ça ne rate pas et je signale à la personne qui s’y laisse aller (qui est sûrement un brave homme par ailleurs) que Gaëtan est, comme moi, aussi une personne du spectre et qu’il vaut mieux donc, pour éviter de le déstabiliser, garder ses réflexions et ses interrogations pour la fin : il doit pourtant se demander de quel droit je lui donne des leçons de conduite, moi qui me lève régulièrement pour filmer ! Je pourrais faire la prise de vue depuis ma place, mais si je le faisais, on verrait à l’écran que le slameur se produit devant la porte des toilettes et je crains que ça ne soit un aimant à quolibets…

Deux croquis réalisés lors de cette soirée :

 

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Une vidéo sur l'événement :

 

 

19h45 : Je repars sous une pluie battante. Je n’ai même pas d’imperméable, je n’ai que ma casquette pour me protéger des trombes d’eau. Curieusement, je n’arrive pas à trouver ça désagréable, d’une part parce que la pluie n’a rien d’incongru en cette saison, surtout en Finistère, d’autre part parce que je sors tout juste d’une petite salle éclairée au néon où la moindre parole résonnait terriblement, de sorte que cette ambiance pluvieuse et déjà nocturne offre un apaisement on ne peut plus bienvenu à ma grosse tête malade… De surcroît, par un temps pareil, les gens ne s’attardent pas dans la rue ou se font discrets, je préfère ça à la surexcitation estivale qui me tape toujours sur les nerfs. Bien sûr, je ne passerais pas des heures entières dans cette humidité, je n’en apprécie que d’autant plus mon appartement : mais si ça doit me réconcilier avec ma chance d’avoir un tout au-dessus de la tête, n’est-ce pas aussi un effet positif, et non des moindres ?  

Une composition sur l'automne :

 

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Dimanche 6 octobre

 

21h : Je rentre de la fête de quartier où j’ai tenu mon stand de caricaturiste. Comme l’an dernier, tout s’est très bien passé : d’abord, quand je suis arrivé, mon emplacement était déjà prêt, ça me change de certains événementiels où je n’ai eu pour tout accueil que des personnes indifférentes qui savaient à peine que je devais venir et me disaient de m’installer « où je voulais » – proposition qui m’angoisse toujours terriblement car j’ai toujours peur, si on me laisse choisir l’endroit, d’en prendre un où je vais gêner ou passer inaperçu. Ensuite, justement, mon stand a été très fréquenté, je n’ai pour ainsi dire pas eu un seul temps mort entre chaque modèle, il a même fallu que je reste une demi-heure de plus pour pouvoir satisfaire tout le monde ; non seulement il est toujours grisant d’avoir du succès mais, de surcroît, ça m’a beaucoup moins fatigué que l’année dernière : comme je n’avais pas de table, il m’avait donc fallu garder mon matériel sur les genoux, et comme je n’avais pas mis mon casque antibruit, l’ambiance sonore m’avait épuisé. Cette fois, j’avais une table et j’ai gardé mon casque, je n’ai donc pas fini la journée à moitié moribond. Enfin et surtout, j’ai pu compter sur le soutien sans faille des bénévoles qui ont été aux petits soins jusqu’au bout. Naturellement, mon après-midi a passé comme un coup de fusil et je n’ai pas du tout profité de la fête, mais je n’en fais pas une affaire : je regrette même que tous mes dimanches ne soient pas aussi gratifiants… D’autant que donner ce genre d’animation, c’est toujours 200 euros de gagnés assez facilement !

Sans rapport : deux dessins représentant Trémière et Déodat, le couple du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb.

 

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Lundi 7 octobre

 

10h : J’ai honte le dire, mais je n’arrive pas à me sentir tant que ça concerné par le triste anniversaire que l’on célèbre aujourd’hui. J’avoue même que je ne comprends pas pourquoi les gens ont été si surpris par les attentats du 7 octobre 2023 : ça fait bientôt 80 ans que les Israéliens et les Palestiniens s’entretuent pour savoir qui est en droit d’habiter cette terre aride et minable que les deux peuples prétendent promise par un dieu qui ne peut avoir de bon que le nom ! Je ne nie pas la gravité de ces attentats, encore moins celle des représailles par eux suscitées, mais vous ne me ferez pas croire que la paix régnait là-bas avant cette triste date ! Et ne me demandez pas non plus de choisir un camp plutôt qu’un autre : j’ai beau penser bien sincèrement que Netanyahu et son gouvernement sont des assassins, le Hamas et le Hezbollah ne sont pas la sainte famille non plus. Comme pour chaque guerre, tout est une histoire de gros sous et les motifs spirituels ne sont que des prétextes : le processus de paix n’avancera que quand on aura renoncé à l’hypocrisie et cessé de prendre Dieu en otage pour justifier des querelles de frontière. Mais ce n’est pas gagné…

 

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16h : Quel délice de travailler de chez soi tandis que la pluie tombe : c’est comme si les éléments se mettaient d’accord pour soutenir votre sédentarité et vous aider à faire abstraction du monde extérieur. Et quitte à ce qu’il pleuve quelque chose sur ma ville, j’aime autant que ce soit de l’eau : ce qui tombe actuellement sur Kiev, Gaza et Beyrouth, Brest a déjà dégusté il y a 80 ans… Vous me trouvez égoïste ? À tout prendre, je le suis sûrement moins que les braves gens qui râlent contre la pluie et oublient qu’il y a plus malheureux qu’eux… Sans parler de ceux qui rouspètent contre les travaux du tramway : ils ont tendance à omettre que pendant qu’on construit chez nous, ailleurs, on détruit… Et pas que du matériel !

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Mardi 8 octobre

 

11h30 : Lu dans Le Télégramme aujourd’hui : une série d’accidents de chasse pourrait déboucher sur la remise en cause du permis de chasse à 17 ans ET de plus en plus de mineurs sont impliqués dans le trafic de stupéfiants. Personne ne relève la concomitance de ces deux informations… J’avoue que j’ignorais jusqu’à présent qu’on pouvait avoir le permis de chasse avant d’atteindre sa majorité et je suis même abasourdi de l’apprendre ! Et j’estime qu’il ne faut pas s’étonner : d’un côté, on n’arrête pas de rabâcher aux jeunes qu’il faut respecter la nature et éviter de recourir la violence, de l’autre, on leur permet de porter des armes et de massacrer des animaux alors qu’ils sont encore mineurs ! Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu’ils aient une vision claire de ce qu’il est bon ou mauvais de faire et qu’ils ne tombent pas pieds et poings liés dans les pattes de la première personne qui leur promet monts et merveilles, même si c’est un dealer de la pire espèce ? Je ne prétends évidemment pas que le permis de chasse à 17 ans soit la seule cause de cette implication grandissante de mineurs dans des activités hautement répréhensibles, mais cette disposition scélérate est symptomatique, à mon sens, de la profonde amoralité de notre société qui est manifestement incapable d’inculquer d’autres valeurs que celle du profit à court terme et de l’écrasement des faibles par les forts… Et ne me dites pas que les chasseurs ne sont pas violents ou c’est moi qui vais le devenir !  

 

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11h45 : Alain Delon avait des origines finistériennes : cette information me rappelle une BD publiée peu avant les présidentielles de 1988 dans laquelle le comédien acceptait de devenir premier ministre de son ami Jean-Marie Le Pen et décidait de se rebaptiser Yvon Kervalec…[1] Évidemment, c’était une pure fiction : si Delon avait vraiment voulu mettre en avant ses racines bretonnes, il aurait plutôt demandé à prendre la tête du mouvement indépendantiste à la condition expresse et non négociable d’être président à vie de Bretagne ! Non, même pas : d’en être couronné roi sous le nom de Nominoë… Premier ! Ben oui, pas Nominoë II ! Le vrai Nominoë n'a jamais porté le titre de roi de Bretagne et puis vous n’imaginez quand même pas Delon accepter de jouer les seconds rôles ? Cela dit, je ne pense pas que Romy Schneider aurait été crédible en successeuse de notre bonne duchesse Anne…

Sans rapport : un paysage entièrement imaginaire dessiné par votre serviteur.

 

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12h30 : Je reçois la newsletter de L’Harmattan, l’éditeur de mon Voyage en Normalaisie : j’apprends ainsi que cette honorable maison s’honore d’une nouvelle signature prestigieuse, à savoir celle de Rama Yade ! Si on m’avait dit un jour que j’aurais le même éditeur qu’une ancienne ministre de Sarkozy, je ne l’aurais jamais cru, peut-être même aurais-je cassé la figure de celui qui m’aurait annoncé ça ! Plein de curiosité, je me renseigne sur madame Yade : je découvre ainsi qu’elle n’a « que » 47 ans, qu’elle est divorcée et qu’elle est devenue encore plus belle... Je n’en dirai pas plus pour ne pas être traité de mâle blanc primaire !  

 

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Pour ceux qui ne le sauraient pas, Jacques Diament fut le premier rédacteur en chef de Fluide Glacial et il a effectivement raconté sa carrière dans un livre paru chez L'Harmattan.

 

17h : J’assiste au pot de départ de trois chercheurs du laboratoire auquel je suis rattaché : l’une part en retraite, les deux autres ont trouvé un poste ailleurs. Ils partent au bon moment car le conseil d’administration de l’université pourra désormais accueillir en son sein des personnes issues du secteur privées : ça veut dire que les gratteurs de lingots vont pouvoir rogner les ailes des chercheurs qui auraient la mauvaise idée de vouloir jouer les empêcheurs de faire du fric en rond ; par exemple, si les pollueurs de la FNSEA entrent au CA, on pourra faire tintin pour les recherches sur les inconvénients de l’agriculture intensive… Le monde devient étouffant !  

 

Un dessin offert à la chercheuse en retraite :

 

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19h : Rentré chez moi, je découvre avec plaisir le dernier Fluide Glacial avec une couverture d’Isa, et c’est justement en parcourant l’histoire que cette excellente dessinatrice[2] a consacrée à sa couvrante que je prends conscience de ce qui faisait défaut, sans que je puisse le définir exactement, aux derniers numéros parus, en dépit de la bonne qualité globale de ce qui y était publié : depuis que Gaudelette[3] se fait rare dans les pages du magazine et que les fameuses marges, qui ont longtemps fait partie de l’identité de Fluide, n’apparaissent plus que dans les hors-série thématiques, il manque au mensuel une chronique décalée de la vie de sa rédaction et de ses auteurs ; cet ingrédient donnait un supplément d’âme au journal. J’espère donc qu’Isa va poursuivre dans cette voie qui sera pour beaucoup dans la préservation de l’esprit de Gotlib… Mais quoi qu’il en soit, ne faisons pas la fine bouche : à bientôt 50 ans, Fluide Glacial reste ce qu’il y a de mieux sur le marché pour les amateurs d’humour et de bandes dessinées… Et puis parcourir une revue de 84 pages sans tomber sur une seule page de pub, ça vaut toutes les thalassothérapies du monde !

 

Sans rapport : quelques croquis de mon cru réalisés en vue de BD que vous pourrez peut-être lire un jour...


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Mercredi 9 octobre

 

9h : Au sommaire du dernier Côté Brest, outre la rubrique histoire de votre serviteur, on trouve un article d’Amélie Thomas annonçant que les déchets seront désormais collectés tous les quinze jours en raison de la « baisse constante du poids des bacs d’ordures ménagères ». Les bonnes nouvelles sont rares, ne boudons donc pas celle-là ! Julien Saliou semble aimer les animaux : il a consacré un article à l’apparente prolifération des rats en ville et un autre à la campagne de sensibilisation sur l’abandon des animaux domestiques lancée par la municipalité. Je dis bien « apparente prolifération » car les rats ne sont pas plus nombreux qu’avant à Brest : ils sont seulement plus visibles en raison des pluies et des travaux qui les conduisent à quitter leurs refuges souterrains. Chaque fois qu’il est question des rats, je repense à cette double page de Reiser qui vaut toutes les fiches encyclopédiques sur le sujet et qui disait, entre autres, ceci : « On croit l’éliminer en élevant le niveau de vie. Il a très bien compris que si on élève le niveau de vie dans un endroit, on trouve vite à manger dans un autre. »[4] En clair, Reiser, qui avait compris que les richesses du monde ne sont pas illimitées, disait en substance que si on élève le niveau de vie quelque part, il faut le réduire autre part : ça se vérifie pleinement aujourd’hui où la gentrification de certains quartiers de Brest s’évère impuissante à faire disparaître le rat de la ville du Ponant… Ce qui, pour nous ramener à l’autre article de Julien, donne une raison supplémentaire pour ne pas abandonner son chat ! D’ailleurs, celui qui abandonne son animal, quelle qu’en soit l’espèce, il n’a pas intérêt à me tomber sous la main… En page sport, enfin, un article revient sur la Leclerc-Gouesnou, une course organisée au profit de la recherche médicale : on aurait du mal à ignorer l’événement qui est annoncé un peu partout en ville avec un visuel montrant une belle athlète dont la tenue légère ne laisse rien ignorer de sa silhouette ciselée par l’effort… Question : est-ce que lutter pour une bonne cause justifie le racolage ? Réponse : je vous laisse trancher…

Puisqu'on parle de Brest :

 

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9h30 : Moi à la fac de sports, on aura tout vu ! Mais la nouvelle doyenne de cette faculté est ma cousine et j’ai eu la bonne idée de l’interviewer pour Côté Brest, partant du principe que la sportive de la famille ne fermerait pas la porte à son cousin. Bien m’en a pris, elle a accepté de me recevoir et livrer ses coups de cœur brestois : elle en profite d’ailleurs pour me demander si je suis d’accord pour participer aux prochaines assises de la pédagogie et revenir sur mon parcours d’ancien élève et étudiant avec autisme. Bien entendu, j’accepte, et je ne peux m’empêcher de déjà réfléchir à ce que je dirai à cette occasion : je pense proposer que l’on autorise les enseignants à prendre leur retraite à cinquante ans ! Pourquoi ? Parce que quand je reviens sur mon passé d’enfant puis d’adolescent harcelé, il m’apparait avec évidence que tous mes ennuis ont commencé en CM1 à cause d’une institutrice aux conceptions pédagogiques d’un autre temps qui a d’ailleurs pris sa retraite l’année suivante… Je le dirai sans remords, mais ça m’étonnerait beaucoup que le ministère de l’éducation m’écoute !

Sans rapport : un dessin en couleurs de mon auriculaire droit

 

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12h : Bref coup d’œil à un quotidien : sans surprise, la motion de censure contre Barnier a été repoussée et la procédure de destitution de Macron a été enterrée. Notre conducator d’opérette et son larbin auraient pourtant tort de triompher : leur gouvernement ne reflète absolument pas la volonté populaire telle qu’elle s’est exprimée aux dernières élections et, à supposer même qu’il tienne le coup face à l’assemblée, il n’est pas inenvisageable qu’il se rende insupportable au point de conduire le pays au bord de la guerre civile… Même Sarkozy n’avait pas osé aller aussi loin que Macron dans le déni de démocratie ! S’il ne le paie pas d’une manière ou d’une autre, c’est à désespérer des Français…

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Jeudi 10 octobre

 

14h45 : J’arrive en retard au rendez-vous que m’avait fixé une amie dans une boutique de photographie, ce qui est déjà déstabilisant. Pour ne rien arranger, mon amie non plus n’est pas encore arrivée, je me retrouve donc seul dans un lieu que je ne connais pas, où les gens parlent très fort et où une vendeuse, pensant bien faire, me met le grappin dessus d’entrée de jeu : il n’en faut pas davantage pour que je sois au bord de la crise autistique ! Je sors donc ma carte « Je suis autiste » et la vendeuse me propose de m’asseoir sur un canapé du rez-de-chaussée en attendant que mon amie arrive… Rien de dramatique, mais il y a de meilleures façons de débuter un après-midi !

 

Sans rapport : une tête de bull-dog dessinée suite à je ne sais plus quel délire.

 

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21h45 : Après un commencement timide, la scène ouverte organisée par le Collectif Synergie au Kafkerin attire finalement pas mal de monde et il y a un bon turn-over sur scène. Je suis déjà monté sur scène au début mais, pour satisfaire une demoiselle qui est arrivée un peu tard et est venue spécialement pour m’écouter, je demande à repasser, juste pour un slam. Je déclame donc une fable de mon cru, « La jeune femme amincie », mais je ne sais pas si j’ai très bien choisi : ce texte n’est pas très représentatif de ma production et, surtout, quand j’arrive au moment où la jeune femme en question traite de « porte-zizi » le mec qui la repousse parce qu’il la préférait grosse, tout le monde rigole ! Je devrais être heureux de faire rire, c’est après tout le but premier de mon métier mais je suis tellement surpris de provoquer l’hilarité avec cette expression que j’avais forgée uniquement pour la rime que je suis déstabilisé et ai du mal à reprendre le fil de ma déclamation ! Je dois être le seul humoriste au monde à être vexé d’entendre le public rire de mes trouvailles ! Mais si ma découverte de l’hilarité collective s’était faite autrement que par le biais des rires moqueurs dont mes « camarades » m’ont gratifié avec la bénédiction de certains enseignants, peut-être accepterais-je mieux ce qui est, en dernière analyse, la première des récompenses que l’on est en droit d’espérer dans mon secteur d’activité…

Quelques croquis réalisés sur le vif ce soir-là :

 

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Une petite vidéo du slam en question :

 

 

Et enfin, l'affiche d'un salon auquel j'exposerai ce week-end - notez-le si vous êtes en région parisienne à ce moment-là :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

[1] Six septennats… M’étaient contés, éditions Vents d’Ouest, 1988

[2] Dont je suis fan depuis l’époque où elle dessinait Puddingham Palace dans Spirou.

[3] Auquel Jean-Christophe Delpierre rend justement hommage dans ce numéro.

[4] Jean-Marc Reiser, La vie des bêtes, éditions du Square, Paris, 1979 – pages non numérotées.


11/10/2024
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Du 28 septembre au 4 octobre : Pas de quoi rire, Michel laisse un Blanc...

 

Samedi 28 septembre

 

19h : Je pars satisfait de la foire Saint-Michel où j’ai fait un bon chiffre avec mes caricatures. Je ne suis pas certain de revenir demain, la météo étant plutôt pessimiste, mais on ne sait jamais : je ne rangerai donc pas mon matériel à mon retour, je le tiendrai prêt pour demain matin, au cas où. Ça me fait une excuse car la journée m’a épuisé : c’est typiquement le genre d’opération qu’on ne devrait pas mener quand on est une personne du spectre, mais quand on est passionné, on ne s’arrête pas à ça… Avant d’être un autiste, je reste un artiste, n’est-ce pas ?

Brigitte Bardot a 90 ans :

 

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Dimanche 29 septembre

 

15h : Il ne pleuvait pas ce matin, j’ai donc pensé que je pouvais tenter le coup quand même. Bien m’en a pris, j’ai eu quatre clients, ce qui n’est pas si mal par un temps aussi maussade : le vent soufflait si fort que j’étais obligé de garder mon casque antibruit ! Mais maintenant, la pluie tombe avec insistance, plus aucune accalmie n’est à espérer et, de toute façon, il n’y a presque plus de passants. Bref, je déclare forfait et je rentre. Je note tout de même que la foire Saint-Michel reste un rendez-vous auquel les Brestois restent fidèles contre vents et marées et qu’il faut vraiment de grosses intempéries pour qu’ils y renoncent…  

 

Mafalda a 60 ans :

 

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Lundi 30 septembre

 

12h : Petite halte à la PAM pour déjeuner entre deux affaires à régler. Tout près de chez moi, un jeune homme s’amuse à jeter en l’air une cigarette et à la rattraper au vol pour amuser ses copains : je le prie d’arrêter ce manège qui m’angoisse affreusement ! À ma grande surprise, il accède aussitôt à ma demande que je prends cependant la peine de justifier en sortant ma carte « je suis autiste » : l’un des jeunots, me voyant tendre ce document plastifié, prend un air apeuré et se met à crier « Argh, le FBI » ! Si c’est une plaisanterie, je ne la comprends pas...

Bon, je sais, il y a plus angoissant qu'une cigarette jetée en l'air...

 

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12h30 : Après avoir mangé, je lis Le Télégramme qui consacre sa quatrième de couverture à Edmond Hervé. Dans cet article, qui a tout de même une certaine ampleur à l’échelle du quotidien où il est publié, un détail me frappe : à aucun moment il n’est question de l’affaire du sang contaminé ! Alors que, des trois anciens ministres à avoir été jugés dans le cadre du procès, il est quand même le seul à avoir été condamné ! Vous me direz qu’il a assez payé ? Même pas, il avait été dispensé de peine ! Vous ajouterez que ça a déjà suffisamment nui à sa carrière politique ? Non plus : ça ne l’avait pas empêché d’être réélu maire de Rennes et de le rester jusqu’en 2008 ! Vous me rétorquerez qu’on ne va pas accabler un vieux monsieur de 81 ans qui aspire à une vie paisible maintenant qu’il a tourné le dos aux ors de la république ? Étant donné que certains délinquants mineurs continuent à payer jusqu’à la fin de leurs jours, je trouve que c’est quand même faire peu de cas de la vie des hémophiles auxquels on a transfusé du sang infecté par le VIH et qu’on donc a littéralement sacrifiés sur l’autel de la rentabilité à cette époque où le virus du Sida était encore mal connu et, par voie de conséquence, très mal soigné… « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » écrivait en son temps ce bon vieux La Fontaine : les jugements de presse aussi, visiblement…

 

Lu aussi dans Le Télégramme : Marine Le Pen risque dix ans d'inéligibilité pour détournement de fonds européens, n'en déplaise à ses électeurs qui s'imaginent que sa boutique de haine serait le seul parti politique français à ne pas être gangréné par la corruption...

 

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Mardi 1er octobre

 

23h50 : Avant de me coucher, je risque un œil sur le site du Courrier International et je découvre les dernières déclarations de Trump sur les violences policières… Le pire, c’est que si ça se trouve, il pense vraiment cette énormité ! C’est tellement con que ça ne mérite pas une ligne de commentaire ! Mais les médias progressistes américains sont tombés naïvement dans le panneau et se sont rués sur ces propos insensés, telles les mouches sur le papier collant. Résultat, Donald le connard a obtenu exactement ce qu’il voulait : monopoliser l’attention et éclipser médiatiquement son adversaire. Si les journalistes traitaient les déclarations extravagantes de ce genre avec le mépris qu’elles mériteraient, beaucoup de démagogues givrés pourraient mettre leur carrière au cimetière… Vous me direz qu’après un coup pareil, les Américains ne pourront plus faire semblant d’ignorer que ce type est irrécupérablement cinglé ? Il est déjà invraisemblable qu’ils ne s’en soient pas déjà rendu compte il y a huit ans, alors on peut s’attendre à tout…

 

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Mercredi 2 octobre

 

10h : Depuis hier, le détecteur de fumée vissé au plafond du palier de mon appartement n’arrête pas de sonner. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une sirène stridente qui n’en finirait pas de retentir, il s’ajuste d’un petit « bip » suraigu qui se fait entendre à raison d’à peu près une fois par minute. Légèrement inquiet (on le serait à moins, non ?), j’appelle mon bailleur qui éclaircit le mystère : l’appareil sonne pour signaler qu’il est obsolète et qu’il faut le changer… Et le changement est à ma charge. Oui, vous avez bien lu : cet appareil qui était déjà en place quand j’avais emménagé, dont je n’ai jamais sollicité l’installation, qui ne m’a jamais servi à rien en cinq ans, c’est MOI qui dois le changer ! Le bailleur croit me rassurer ne précisant qu’on trouve ce genre d’appareil dans tous les magasins de bricolage : cette information ne m’apporte qu’un maigre réconfort car j’ai horreur de fréquenter ce genre de commerce et, de toute façon, je ne suis même pas foutu de planter un clou sans assistance ! En attendant, ce détecteur me casse les oreilles : j’ai beau l’avoir dévissé du plafond, il continue à sonner ! Et je n’ai aucun moyen de l’arrêter car je n’ai même pas de mode d’emploi : le seul papier relatif à cet objet de malheur dont je dispose est un document attestant qu’il a été installé que j’aurais dû remettre à mon assureur… Mais que ce dernier ne m’a jamais réclamé ! Cet appareil n’aura servi qu’à m’agacer et à me soutier du fric ! Enquiquiner les gens et leur piquer des sous : voilà la société résumée en deux propositions infinitives !

 

Dessin inspiré par la mort d'Hassan Nasrallah, grand enquiquineur devant l'éternel s'il en est :

 

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17h30 : Il y a deux sortes de boutiques de reprographie : celles où il faut faire tout le boulot soi-même sur des engins qui ne reconnaissent même pas mon disque dur externe, et celles où le personnel met la main à la pâte et numérise mes planches sans le moindre problème. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi j’attends de m’être cassé les dents sur les premières pour me décider à aller voir les secondes ?

 

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21h : Bien que déjà fatigué, je me rends au Café de la Plage pour la scène ouverte du premier mercredi du mois. Bien m’en prend : j’ai un client qui accepte de se faire caricaturer par mes soins, et il paie au prix fort. Je m’attarde juste un peu déclamer quelques slams : celui qui a mon nom de scène pour titre me vaut des applaudissements nourris, je dois dire que je ne suis pas mécontent de ce texte où je voulais rendre hommage à la figure du savant fou. J’ai cependant un peu de mal à ne pas bafouiller car je n’ai plus fait de scène depuis un moment… Heureusement, Morgane Meillour, qui est aussi de la fête, ne passe qu’après moi : si j’étais passé après cette jeune femme à la voix de sirène, j’aurais été vraiment ridicule…

Pour découvrir le slam en question :

 

 

Pour découvrir la voix de sirène de Morgane :

 

Jeudi 3 octobre

 

19h : Ce soir, le Kafkerin accueille une réunion publique sur sept sites patrimoniaux de Brest en voie de réhabilitation, dont la vieille gare de Saint-Pierre et le corps de garde : je m’y rends, espérant obtenir sur au moins un de ces lieux une ou deux anecdotes susceptibles d’alimenter une chronique. Hélas, les responsables sont toujours aussi incapables de s’adresser au grand public sans se sentir obligés de faire dans le « ludique » et le « convivial » : résultat, on perd une heure avec « un tour de table », où certains mettent dix minutes à se présenter, et des exercices aussi infantiles qu’inutiles… Je n’en veux pas à Leonor, qui anime cette réunion, de faire son travail, mais il n’empêche que je m’attendais à une ambiance un peu plus studieuse. J’en suis d’autant plus désolé que les rires et les bavardages m’épuisent : il faudra qu’on m’explique un jour pourquoi les neurotypiques sont à ce point incapables de faire quoi que ce soit en silence… Je ne repartirai cependant pas bredouille car une dame a eu le temps de rapporter une anecdote sue la Maison du Corsaire que je ne connaissais pas et elle m’a donné le feu vert pour lui consacrer un papier : on ne pourra pas dire que je ne me mets pas en quatre pour mes lecteurs !

 

Il y a deux ans, Lise Levitzky, artiste peintre et première muse de Serge Gainsbourg (c'était à elle qu'était dédiée la chanson "Elisa") nous quittait :

 

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21h15 : Je me surprends à remonter la pente assez raide qui mène de Kerinou au bourg de Lambé avec une relative facilité : le pessimiste dirait que le froid qui règne déjà quand la nuit est tombée m’oblige à marcher à grandes enjambées pour ne pas me geler ; l’optimiste ferait remarquer que depuis que je fais de la natation, je suis plus mince et plus musclé qu’avant, ce qui me facilite les efforts physiques ; le réaliste, quant à lui, conclut que j’ai tellement hâte de rentrer et de me coucher que je ne sens même plus la dureté de la montée !

En parlant d'ambiance nocturne...

 

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Vendredi 4 octobre

 

10h : Je n’osais pas l’espérer aussi tôt : la CAF a déjà commencé à me verser mon Allocation Adulte Handicapé. Comme le premier versement est rétroactif et prend pour point de départ la date où ma demande a été officiellement enregistrée, ça me fait six mois d’allocation d’un seul coup, soir plus de quatre mille euros ! Il se trouve que je sors justement d’une vraie période de vaches maigres où j’ai été obligé de compter chaque centime, cette rentrée d’argent est donc déjà bienvenue en tant que telle. Mais c’est surtout sur le plan moral que c’est gratifiant : premièrement parce que c’est l’aboutissement heureux d’une longue série de pénibles formalités[1], deuxièmement parce que j’aime mieux être reconnu comme un être différent qui ne trouve pas sa place sur un marché du travail[2] hyper-normatif qu'être considéré comme un parasite vivant aux crochets de la société[3], troisièmement parce que je prends cette allocation comme un dédommagement pour toutes les avanies que la société m'a fait (et me fait toujours) subir depuis mon CM1 – c'est en effet cette année-là, je pense, que mes ennuis ont vraiment commencé, notamment à cause d'une institutrice aux conceptions pédagogiques d'un autre temps… Bien sûr, cette nouvelle manne financière ne doit pas me servir de prétexte pour me laisser aller : j’ai bien l’intention de continuer à créer, car j’ai la conviction que mon heure viendra. Je suis plus optimiste que je ne peux le laisser croire, finalement ! Du moins concernant ce qui dépend de moi…

 

Puisque je parle de mon autisme, petit hommage à Astrid et Raphaëlle :

 

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14h : Quand te reverrai-je, pays merveilleux ? Maintenant, il me semble… Oh non, pas lui ! Pour Clavier, j’aurais débouché le Champagne, mais là, si je me saoule la gueule, ce sera plutôt de chagrin… Merde, 72 ans, ce n’est plus un âge pour mourir ! On n’avait déjà plus beaucoup de bons acteurs comiques en France, j’espère que les autres mettront moins de temps…

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !


[1] Un pléonasme, excusez-moi.

[2] Quelle expression horrible !

[3] Car je sais que c'est ainsi que sont vus les bénéficiaires du RSA, même si, et je le sais aussi, ce n'est pas vrai.


04/10/2024
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Du 21 au 27 septembre : Macron et Barnier réinventent la non-cohabitation

 

Samedi 21 septembre : il y a 112 ans naissait Chuck Jones

 

Ce dessin est un énième hommage de ma part à la sorcière Hazel quand elle devient belle à la fin du cartoon Broom-stick Bunny :

 

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15h30 : J’arrive sur la place de Strasbourg ; j’ai une heure pour atteindre les Capucins où doit avoir lieu une conférence sur la Jeanne d’Arc. Mais une mauvaise surprise m’attend : le tramway n’ira plus loin que la station « Jean Jaurès » à cause d’une manifestation qui bloque la rue de Siam ! Depuis un certain temps, j’ai l’impression que les manifs ont surtout lieu le samedi, quand ça ne gêne absolument pas les patrons, quand ça mobilise à peine les journalistes, et quand ça n’ennuie que les pauvres diables dans mon genre qui veulent seulement profiter un peu de leur week-end… Manifester son mécontentement est devenu un passe-temps dominical au même titre que le jardinage ou le bricolage : on a les contestataires qu’on mérite…

 

Rien à voir : une mini-BD réalisée en quatrième vitesse qui m'a été inspirée par une nouvelle lue dans Le Télégramme...

 

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15h45 : J’ai été bien obligé de descendre à « Jean Jaurès » et de poursuivre ma route à pied. Passant au niveau de la place de la Liberté, je croise le cortège et j’en profite pour demander à l’un des protestataires pourquoi ils manifestent : il me répond que c’est pour demander la destitution de Macron ! Rien que ça ! Si encore ils étaient une marée humaine ! Mais on en est loin… Et ils ne doivent pas compter sur les passants et les badauds pour se joindre à eux : ce week-end, il y a les journées du patrimoine et le salon de la BD, le public a donc d’autres préoccupations… Moi le premier ! C’est un fait que Macon a trahi la volonté populaire telle qu’elle s’exprimée en juillet dernier et qu’il mériterait d’être destitué, mais encore faudrait-il que la loi française soit bien faite, et ce ne sont pas quelques centaines de clampins qui font la révolution comme on fait du puzzle les dimanches pluvieux qui vont empêcher notre conducator de pacotille de dormir… Finalement, ils ont bien choisi leur jour : manifester en pleine journée du patrimoine est une bonne idée car l’esprit frondeur est désormais une pièce de musée…

 

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Et puisqu'on parle du patrimoine...

 

 

16h : J’approche de la station de téléphérique ; je croise un ami photographe qui me parle des pluies torrentielles de cette nuit et m’apprend qu’il y a même eu des inondations ! Il faut croire que c’était localisé : si toute la ville avait été concernée, logiquement, j’aurais dû sortir à la nage de l’espèce de cuvette au fond de laquelle mon immeuble est encaissé… Voilà typiquement le genre d’aberration météorologique qui prouve que le dérèglement climatique n’est pas une affabulation de gauchistes illuminés, mais tant qu’on s’obstinera à baptiser le phénomène « réchauffement climatique » et à laisser le bon gros con de base s’imaginer que ça devrait se traduire par un temps de mois d’août sur la Riviera à longueur d’année et dans toute l’Europe, ces intempéries délirantes alimenteront toujours plus les discours des climatosceptiques qu’ils ne les feront taire…

 

Sur un tout autre sujet : un dessin et un collage sur Christian Troadec qui a perdu son titre de vice-président du conseil régional de Bretagne - il était déjà sur la sellette pour avoir, entre autres, pris le volant en état d'ivresse, à l'instar de Pierre Ogor, maire d'une autre commune du Finistère... Vous ne trouvez pas invraisemblable que ces deux zozos puissent garder leur mairie après avoir fait un truc pareil ?

 

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16h10 : C’est le bouquet ! Le téléphérique est lui aussi à l’arrêt, justement à cause du risque d’intempéries ! Dire que je suis en train de travailler sur un projet d’article destiné à prouver qu’il est moins souvent à l’arrêt qu’on ne le prétend… Quoi qu’il en soit, j’en serais réduit à devoir renoncer à la conférence… Si je n’avais pas trouvé un ami qui se propose de me voiturer ! C’est vraiment un coup de chance car je n’ai fait aucun sacrifice à Hermès, le dieu des voyageurs… Heureusement que le pont de Recouvrance n’est pas fermé, il n’aurait plus manqué que ça.

 

Sans rapport : un dessin inspiré par un article du Télégramme selon lequel le scoutisme aurait le vent en poupe en France...

 

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16h20 : Grâce à mon providentiel camarade, je suis arrivé à temps aux Capucins pour la conférence. Je profite du temps de battement pour feuilleter Le Télégramme qui était offert gracieusement à l’occasion du salon de la BD : j’apprends ainsi que Sophia Loren a eu 90 ans récemment ; je suis un peu surpris de découvrir qu’elle n’est pas déjà morte ! Évidemment, ce n’est plus la fraîche beauté qui a fait fantasmer tant de cinéphiles, mais je trouve qu’elle a gardé une classe folle. Surtout, à voir son regard et son sourire, je constate qu’elle n’est pas devenue aigrie et pontifiante[1] avec l’âge :  elle ne sera jamais donneuse de leçons, elle ne se prendra jamais au sérieux, elle garde manifestement sa joie de vivre de Méditerranéenne bon teint ainsi que son cœur de clownesse qui avait séduit le grand Chaplin en son temps. Contrairement à la mère Bardot qui fêtera elle aussi ses 90 ans la semaine prochaine, la divine Sophia ne sera jamais une vieille conne, elle restera jusqu’à la mort une ancienne jeune fille. Continuant à parcourir le quotidien régional, je suis bien surpris de découvrir le nom de la nouvelle doyenne de la fac de sport de Brest… Puisque c’est ma cousine ! Je suis bien content pour elle, mais j’espère que sa mère (qui est ma tante) ne va pas en faire un argument pour me dévaluer…


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16h30 : La conférence débute. Elle a été organisée par la Société d’Étude de Brest et du Léon à l’occasion de la sortie du hors-série des Cahiers de l’Iroise sur la Jeanne d’Arc. L’orateur n’est autre que l’amiral Bernard Rogel qui revient sur les multiples facettes de ce porte-hélicoptères devenu mythique, du moins celles qu’il a connues au cours de son existence : jeune enfant, il rêvait en voyant passer dans la rade de Brest le navire flambant neuf qui marquait la fin des dinosauriens cuirassés[2] et partait faire le tour du monde à une époque où le commun des mortels ne voyageait jamais très longtemps ni très loin ; midship[3], il y a fait ses vrais premiers débuts en tant qu’officier de marine, il a même eu l’opportunité de débarquer sur l’ilot de Clipperton, cette possession française si inutile qu’elle en devient glorieuse[4] ; officier d’état-major, il a assisté à la mobilisation de la « Jeanne » pour le secours aux sinistrés du tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est ou à l’équipage du voilier Le Ponant en 2008…Bref, la causerie est passionnante de bout en bout et je me régale tellement que j’en oublie le sale métier de chef militaire de l’intervenant – mais j’avoue que mes relations avec les marins sont globalement bonnes, mon amour pour la mer et les gens de mer l’emportant sur mon aversion pour l’armée en tant qu’institution. Mon compagnon de route, qui m’a avoué accuser une certaine fatigue, s’endort pendant la causerie de l’amiral : pour ma part, si j’étais capable de dormir en plein jour, je me serais plutôt assoupi pendant les interventions des auteurs du hors-série dont les talents oratoires sont assez inégaux… Je ne peux cependant m’empêcher d’être impressionné par Hervé Bedri qui n’a visiblement pas (ou plus) l’usage de ses jambes et qui a besoin de deux béquilles pour accéder au pupitre… Les personnes en situation de handicap visible sont contraintes d’exécuter au quotidien ce genre de prouesse pour avoir une vie « normale » et je trouve ça autrement plus méritoire que les pitreries des athlètes paralympiques ! 

 

Quelques photos prises lors de la conférence :

 

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En sortant, je suis tombé sur cet autocollant véhiculant une citation de Corinne Masiero qui ne manque pas de pertinence...


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Dimanche 22 septembre

 

9h40 : Me voici au Fort Montbarey, qui fut malgré lui l’ancien dernier bastion de l’armée du Reich à Brest et qui abrite maintenant le mémorial de la Résistance. Il accueille aujourd’hui une cérémonie organisée dans le cadre du quatre-vingtième anniversaire de la libération de la ville du Ponant : bien que je ne remette pas en cause la nécessité impérieuse de ne pas oublier ce qui s’est passé à l’époque, ce genre de cérémonie me laisse généralement assez froid. Pourquoi suis-je venu, alors ? Parce que l’association qui gère le fort a récemment rénové un des chars anglais qui avaient joué un rôle décisif dans la victoire et que je voudrais en savoir davantage sur cette pièce afin d’avoir de quoi faire un bel article. J’espère pouvoir recueillir assez d’informations ; pour l’heure, je patiente comme je peux, assis sur un tabouret que j’ai moi-même apporté pour être sûr d’avoir une place assise : on me prie assez rapidement de me déplacer parce que je me suis assis dans l’alignement de la rangée réservé aux officiels… De nombreux sujets britanniques sont venus et ont déjà leurs places assignées devant le char de leurs compatriotes ; ça me change car je n’ai pas souvent l’occasion d’entendre des gentlemen parler anglais autour de moi : j’ai plutôt l’habitude d’entendre des cas sociaux hurler en français dans le bus !

 

Le char en question :

 

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10h15 : La cérémonie proprement dite débute avec des représentants des trois grands cultes monothéistes venus rappeler que leurs religions sont régies par des principes de paix et d’amour ; en effet, il suffit d’aller à Beyrouth ou à Gaza pour que ça crève les yeux – et le reste aussi, d’ailleurs… Je me suis déjà suffisamment fait remarquer avec mon tabouret, alors je ne dis rien… Même si je n’en pense pas moins !

Les représentants des cultes :

 

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11h15 : La commémoration proprement dite commence. Il n’y a pas grand-chose à dire de ces cérémonies très codifiées. C’est la première fois que je vois en chair et en os le député été élu en juillet dernier : d’aucuns s’offusquent d’entendre un élu de la France Insoumise plaider pour la tolérance et la démocratie ! Ce genre de réaction illustre bien à quelle point la grande gueule de Mélenchon est devenue un boulet pour la gauche car le député est dans le rôle qui lui échoit au cours d’une commémoration de ce type, ni plus ni moins : un élu d’une autre formation dirait exactement la même chose, même les politiciens d’extrême-droite n’oseront jamais défendre la mémoire des collabos… Du moins tant qu’ils n’auront pas la majorité absolue !

Le député en plein discours officiel :

 

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Et puisqu'on parle de la gauche :

 

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12h30 : Il n’a été question du fameux char anglais à aucun moment dans les discours : je décide donc d’interroger directement la présidente de l’association qui me répond de bonne grâce. Je n’ose pas approcher le député, je n’ai après tout rien à lui dire. Je n’ose pas non plus adresser la parole au représentant des Juifs à Brest : j’aurais pourtant aimé en savoir plus sur cette communauté dont j’ignorais l’existence jusqu’à présent car je ne pensais pas que les Hébreux[5] étaient assez nombreux dans ma ville pour y former une communauté – il n’y en avait déjà pas beaucoup à l’arrivée de la Wehrmacht, à tel point que cette dernière a surtout eu maille à partir avec la résistance car les Allemands n’étaient pas du tout les bienvenus à Brest ! J’ose encore moins refuser les crêpes qu’on m’offre : un repas gratuit, c’est toujours bon à prendre…

 

Une photo prise au cours de la cérémonie...

 

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...et quelques images filmées :

 

 

15h30 : Grâce à un ami qui fait du bénévolat au fort et qui a accepté de me voiturer, j’ai pu arriver à temps à l’hôtel de ville où doit avoir lieu une projection d’un film sur la libération. Hélas, je tombe doublement sur un os : premièrement parce que je suis à nouveau obligé d’ouvrir mes sacs pour en monter le contenu à des vigiles ; étant déjà fatigué (je m’étais levé très tôt pour arriver à temps à la cérémonie), je ne peux m’empêcher de pester contre ce règlement aussi désagréable qu’inutile : vous croyez vraiment qu’un individu armé et mal intentionné accepterait gentiment de leur ouvrir son sac et de les laisser y voir la kalachnikov qu’il y transportait ? Deuxièmement, quand je demande où a lieu la projection, on me répond que la salle est complète et qu’il faudra que j’attende la suivante qui aura lieu à 17h ! Je déclare forfait et décide de rentrer chez moi : j’ai visiblement sous-estimé l’attrait du film que je voulais voir et il faut croire que les organisateurs aussi… Il y a des jours où je me réjouis presque d’être encore célibataire : qu’est-ce que ma femme et mes enfants auraient pensé de moi ? 

 

Au cours de cette journée, le stade Brestois, déjà victorieux en ligue des champions, a également gagné son match contre Toulouse...

 

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Lundi 23 septembre : il y a 159 ans naissait Suzanne Valadon

 

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11h30 : Je me décide à visionner une vidéo consacrée à un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale, à savoir la mission d’un hydravion anglais dont l’équipage avait été chargé, dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, d’exfiltrer la famille du général de Gaulle, réfugiée à Carantec, avant que les Allemands n’arrivent en Finistère ; hélas, l’appareil dévia de sa route et s’écrasa à Ploudaniel où ils furent enterrés : les gens du coin ont pris grand soin de leurs sépulture et Yvonne et ses rejetons en furent quittes pour rejoindre le grand Charlots en Angleterre à bord d’un bateau partant de Brest. Mais pourquoi, me direz-vous, a-t-on si peu parlé de cet épisode pourtant crucial pour la connaissance de ce qu’il n’est pas exagéré d’appeler l’épopée gaullienne ? D’abord parce que la mission était secrète et l’est longtemps restée : pour cette raison, les quatre aviateurs victimes du devoir n’ont jamais été officiellement honorés par le gouvernement du Royaume-Uni – ce qui, après, tout, leur fait une belle jambe là où ils sont aujourd’hui ! Ensuite, d’après ce que je me permets du moins de supposer, on sait aujourd’hui que Churchill n’a jamais pu supporter notre Charlot national : côté anglais, on devait donc mal digérer d’avoir sacrifié quatre éléments d’élite rien que pour la famille de cet emmerdeur, alors nos voisins d’outre-Manche ne s’en sont pas vantés outre mesure ; côté français, le récit de l’année 1940 est déjà assez humiliant pour nos ancêtres sans qu’on y ajoute ce chapitre qui est tout de même assez foireux… D’autant qu’on ne sait pas exactement pourquoi les Britanniques avaient dévié de leur itinéraire ! On invoque le mauvais temps qu’il avait fait cette nuit-là… Mais des Anglais incommodés par la pluie et la brume, j’ai un peu de mal à y croire ! Plus sérieusement, vous trouvez peut-être qu’il est beaucoup question de la seconde guerre mondiale en ce moment : personnellement, j’ai eu vent des records que bat l’extrême-droite en Allemagne, alors je trouve qu’on n’en parlera jamais trop !

 

Quelques dessins inspirés par la dérive autoritaire de Macron et les annonces de Barnier en matière de fiscalité - de même que "ce n'est pas parce qu'on n'aime pas le coran qu'on doit finir chrétien" (comme l'a chanté Hubert-Félix Thiefaine), ce n'est pas parce que j'ai peur de l'extrême-droite que je suis un "pauvre con de macroniste" pour reprendre un anathème que m'a lancé un gilet jaune ; "pauvre con", ça peut encore aller, mais "macroniste", je n'ai pas aimé :

 

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Mardi 24 septembre

 

12h30 : Déjeuner avec un ami psychologue qui s’occupe de jeunes en difficulté. Nous parlons de choses et d’autres et il en arrive à utiliser un terme couramment utilisé par les adolescents, le mot « boomer » ; j’en profite pour lui demander ce qu’ils entendent par-là : sur le coup, sa réponse m’inspire que le substantif peut être envisagé comme un mot poli pour dire « vieux con » ! Bien sûr, c’est plus subtil que ça : disons qu’un « boomer » est un individu déjà trop âgé pour que les ados le reconnaissent comme un des leurs mais pas encore assez pour être considéré comme un « senior » et bénéficier au moins d’un semblant de respect de leur part… Ça me rappelle cette BD de Relom parue dans Fluide Glacial[6] où deux gamins traitent de « vieux » leurs parents quadras (la maman est pourtant bien roulée, je trouve) et qualifient de « jeune » leur grand-mère septuagénaire sous prétexte « qu’elle arrive à réciter l’alphabet en pétant » ! Le dessinateur force le trait mais illustre une certaine vérité : combien de perdreaux de l’année ne disqualifient-ils pas comme « ringard » ce qu’aimaient papa et maman mais se délectent de ce qu’adulaient leurs grands-parents, à l’image de ces jeunes des années 1980 qui trouvaient Charlie Hebdo ringard et adoraient les Marx Brothers, au grand désespoir de Cavanna – dont je ne partage pas la sévérité à l’encontre de Groucho et de ses deux frangins, mais ce n’est pas le propos : 

 

« Vous êtes aussi cons que vos pères l’étaient à votre âge, vous serez aussi cons qu’eux quand vous aurez leur âge. Surtout, surtout, chier sur ce qu’aimait papa ! Essentiel. Et redécouvrir avec extase ce qu’aimait grand-père. De génération en génération se transmet le flambeau sacré de la connerie. La connerie cherche toujours le non-conforme, à condition que ce soit le non-conforme de tout le monde. »[7]

 

Tiens, il faudra que je retienne ce paragraphe pour le balancer en pleine gueule du premier jeunot qui aura la mauvaise idée de me traiter de « boomer » sous prétexte que je lis Fluide Glacial au lieu de regarder Hanouna à la télé et que je cite Cavanna plutôt que les posts des influenceuses sur les réseaux dits sociaux ! Et j’enfoncerai le clou en braillant la chanson du père Brassens : « Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est… »

 

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Mercredi 25 septembre

 

15h : Qui dit abondante production graphique dit forte consommation d’encre, sauf bien sûr chez les robots qui ne travaillent que sur tablette – je ne suis irrémédiablement pas hostile à l’utilisation de l’outil informatique tant qu’on ne fait pas de son existence un prétexte pour se sentir dispensé de travailler la matière. Je me rends donc chez Artéis, espérant trouver des cartouches pour mon feutre-pinceau : effectivement, ils en ont dans à peu près toutes les couleurs… Sauf en noir. Ce n’est pas la première fois et, si d’aventure ils en ont, ils ne les vendent pas séparément d’un feutre-pinceau ! Je ne vais quand même pas en racheter un neuf à chaque fois que j’ai seulement besoin d’encre, ce serait un peu comme si je rachetais un appareil photo à chaque fois que je devais changer les piles ! Bon, de toute façon, il n’y en a pas, il va donc falloir que je vive sur ma réserve aujourd’hui. Je note cependant d’aller chercher dans une autre boutique avant la fin de la semaine et, surtout, de me constituer un gros stock une fois que j’en aurai les moyens – comprenez : dès qu’on aura commencé à me verser mon Allocation Adulte Handicapé.

 

Jeudi 26 novembre : il y a cinq ans, Jacques Chirac nous quittait

 

L'ancien président est inhumé au cimetière de Montparnasse, près de Serge Gainsbourg : sur sa tombe, il n'y a pas de têtes de veaux... Mais il y a des pommes ! C'est encore plus grotesque ! 

 

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23h : Au terme d’une journée bien remplie, consacrée à plusieurs tâches désagréables, je risque un coup d’œil sur le site du Courrier International et j’apprends la mise en examen du maire de New York ainsi que la chute libre de sa côte de popularité. Les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont « Vous voyez, il n’y a pas que chez nous » ! Sans déconner, je ne sais pas combien de lecteurs touche le Courrier mais il mériterait d’être davantage lu : les Français gagneraient à savoir que les autres pays ne sont pas beaucoup mieux lotis que le leur…

 

Trois dessins pour taquiner Sophie Davant - rappelons que la séduisante animatrice est devenue une de mes têtes de turc depuis qu'elle a poussé l'auto-idolâtrie au point de lancer un magazine à son nom :

 

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09-18-Sophie Davant - Selfies - Paris Match.jpg

 Vendredi 27 novembre

 

10h30 : Passage à Dialogues Beaux-Arts pour acheter ces fameuses cartouches d’encre : la vendeuse, qui est une ancienne camarade d’études, accepte de m’en céder sans me forcer à acheter un feutre-pinceau neuf. Juste avant moi passe une vieille dame qui, au vu de l’ampleur des travaux à Brest, déclare plaindre les Brestois qui doivent supporter ça tous les jours pour aller travailler ! Ma camarade rétorque qu’elle n’est pas trop gênée puisqu’elle prend le tram pour aller au boulot, ce qui lui prend un quart d’heure contre quarante minutes pour quelqu’un qui ferait le même trajet en voiture ! Mine de rien, c’est un argument-massue en faveur de ce chantier destiné notamment à construire une nouvelle ligne de tramway ! D’ailleurs, la vieille reconnait avant de partir que « ce sera super quand ce sera fini », ce qui est plus intelligent que les rouspétances indécentes de la rombière débile que j’avais entendue au marché la semaine dernière… Prenez une seule fois le bus hors des heures de pointe et dites-moi ensuite si vous avez encore envie de critiquer ce chantier ! 

Cinq dessins pour ajouter un clou au cercueil de C8 :

 

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09-18-C8 - Hanouna - Bolloré - La Cinq - Jean-Claude Bourret - Berlusconi.jpg

Oui, c'est bien Jean-Claude Bourret que j'ai voulu représenter à gauche : je ne pensais pas qu'il serait aussi dur à caricaturer...


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Ce dessin rend hommage au magazine Mad dont la dernière couverture représentait Alfred E. Neuman grimé comme le clown du film Ça. 

 

22h : Je viens de rentrer de la piscine avec une heure de retard à cause d’un incident qui a immobilisé le tram… Deux heures pour rentrer chez soi, de nuit, dans le froid : voilà le genre de situation que ne connaissent pas ceux qui restent au chaud dans leurs bagnoles et qui se plaignent parce qu’ils mettent dix malheureuses minutes de plus qu’avant à rentrer à cause du chantier du tramway ! Désolé si j’ai l’air d’insister lourdement avec ça, mais je ne parviens pas à digérer le mépris souverain dont fait montre la société à l’égard des usagers des transports en commun…Bien sûr, il y a plus grave dans la vie que cette mésaventure : mais compte tenu du fait qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire avant de me coucher, que je n’ai même pas encore dîné et que je dois me lever très tôt demain matin pour si je veux avoir une chance de trouver un emplacement à la foire Saint-Michel… Conclusion : ça pouvait difficilement tomber plus mal ! Convenez-en…  

 

Allez, encore quatre dessins sur C8, car la décision de l'Arcom est bien la seule bonne nouvelle à laquelle nous ayons eu droit cet été : 

 

09-18-C8 - Hanouna -Frères Ripolin.jpg


09-18-C8 - Harcèlement scolaire.jpg


09-18-C9 - RN.jpg

 

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J'avoue avoir toujours pris un malin plaisir à dessiner "la boîte à cons" - pour reprendre l'expression par laquelle les Guignols désignaient le "donjon prétentieux" (formule utilisée par Cabu) de TF1...

 

Allez, on termine avec un détournement d'une photo représentant Alain Souchon en concert avec ses fils - ce n'est qu'une pochade, il n'entre pas dans mes intentions de dénigrer ce bon vieux Souchon qui est un de mes chanteurs préférés, ni même ses fils dont je ne connais pas la musique et que je ne peux donc pas juger :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Non, ne cherchez pas, il n’y a aucun jeu de mot avec le nom de l’homme dont elle a partagé la vie pendant quarante ans – qui a dit « veinard » ?

[2] En 1991, Bruno Léandri avait consacré sa rubrique « Palinodies » dans Fluide Glacial aux cuirassés : il y avait de quoi rire en constatant l’inefficacité et l’inutilité de ces mastodontes marins ! Le plus gros jamais construit, le japonais Yamato, fut mis à flot à une époque où les cuirassés étaient déjà venus obsolètes et ne servit guère plus que le temps d’un baroud d’honneur avant d’être coulé par les Alliés. Bilan final : un gouffre à pognon supplémentaire et le sacrifice inutile de tout un équipage ! Étonnez-vous que le Japon ait perdu la guerre…

[3] Terme désignant les aspirants dans la marine anglaise ; les Brestois l’ont adopté pour désigner les apprentis-officiers qui partaient faire leur formation à bord de la Jeanne d’Arc.

[4] Pour vous donner une idée, il ne mesure guère plus de neuf mètres carrés, les terres les plus proches sont à plus de mille kilomètres et il est (faut-il le préciser ?) totalement inhabité.  

[5] Ce terme n’a pour moi aucune connotation péjorative. Vu ?

[6] Plus précisément dans le numéro 576 de juin dernier de la vénérable revue – bientôt quinquagénaire, tout de même ! J’avoue que je soupçonne fort Relom, malgré le respect que je lui dois, d’avoir été en retard pour le numéro précédent qui était précisément consacré aux rapports entre les « jeunes » et les « vieux ».   

[7] Extrait de l’édito du dernier numéro de L’hebdo Hara-Kiri du 23 décembre 1981.


28/09/2024
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