Du 19 au 26 octobre : Si Seznec était innocent, on le saurait, depuis le temps !

Samedi 19 octobre

 

10h30 : La ville de Brest organise des événements consacrés à des lieux patrimoniaux qu’elle souhaite réhabiliter, dans le but non seulement de les présenter au public mais aussi de recueillir les souvenirs, impressions et suggestions des habitants à leur sujet. Ce matin, c’est un bâtiment appelé « la Rotonde », situé à l’entrée du jardin de Kerguerec, sur les rives de la Penfeld, qui est mis à l’honneur : je m’y rends, espérant obtenir des informations pour Côté Brest. Renseignement pris, cet édifice cylindrique a été construit dans les années 1970 pour abriter un transformateur EDF et sert aussi de lieu de stockage de matériel aux services des espaces verts… Tout juste de quoi alimenter une colonne, mais c’est toujours ça de pris ! Mais ce qui m’effare le plus, ce n’est pas tant la minceur de l’intérêt patrimonial du lieu (après tout, il ne peut pas y avoir des maisons de corsaire à chaque coin de rue) que les préoccupations des riverains présents sur place : manifestement, ces braves gens, pour la plupart retraités et installés dans le quartier depuis sa fondation, profitent de l’événement pour faire remonter leurs doléances concernant leurs concitoyens qui viennent profiter du coin de paradis qu’est le jardin public et qui, d’après eux, troubleraient leur quiétude ! L’un d’eux, ayant compris que j’écris dans Côté Brest, est même à deux doigts de m’enguirlander pour un article sur les barbecues dont je n’étais même pas l’auteur… Je ne peux pas leur reprocher leur aspiration à une vie paisible, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver un certain mépris pour leur attitude qui me rappelle celle de paysans qui accueilleraient les étrangers avec des fourches, d’autant qu’elle est plutôt indécente vis-à-vis des gens qui n’ont pas, comme eux, la chance, de disposer d’un jardin. Les espaces verts sont à tout le monde et on ne va pas en restreindre l’accès pour des incivilités certes regrettables mais probablement ponctuelles et dont la gêne se limite, pour les riverains, à un peu de raffut pendant moins de la moitié de l’année ! Je serais curieux de voir comment réagiraient ces vieux cons (je ne trouve pas d’autre mot) si le chantier du nouveau réseau de transports était en bas de chez eux… Moins antipathique mais guère plus intelligent : un type me reconnait et me demande si « ça m’inspire un dessin » ! Je comprends enfin ce que ressentent certains comiques reconnus quand on leur demande en pleine rue « faites-nous rire »…

 

La Rotonde :

 

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La terrasse au sommet de la Rotonde :

 

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16h : J’étais venu participer au Speed-searching, un atelier organisé dans le cadre des 30 ans de la fac Segalen, où des chercheurs, aussi éminents que votre serviteur voire plus, devaient présenter leurs recherches au public : j’avais préparé à cette fin neuf cartes que les visiteurs devaient retourner afin de découvrir une image liée à l’un de mes thèmes de recherche, à la suite de quoi je faisais un petit résumé de mes travaux sur le thème en question. Hélas, le public n’est pas venu, à tel point que la directrice du laboratoire nous enjoint à laisser tomber ! Je m’exécute et un rapide tour des lieux m’amène à découvrir que notre atelier n’est pas un cas isolé : c’est la fac toute entière qui est sous-fréquentée, personne ne vient ! Or, pour présenter des recherches au public, encore faut-il qu’il y en ait, du public… Cette bonne blague : il fait soleil, c’est jour de grande marée, alors où sont les gens ? Sur les plages à embêter les mollusques ! J’ai comme un gros coup de cafard…

 

A titre anecdotique : une photo que j'ai prise depuis le troisième étage de la fac et qui montre que les travaux actuellement effectués à Brest sont tout sauf anarchiques :

 

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17h30 : À la cérémonie officielle du trentième anniversaire de la fac, quatre anciens doyens partagent leurs souvenirs de leur mandat : au moins, je ne serai pas venu pour rien, j’aurai de quoi alimenter au moins un bas de page pour le journal. Ils mettent tous les quatre l’accent sur les mouvements sociaux qui ont jalonné la vie de la faculté mais, à les entendre, j’ai la nette impression que ça s’est toujours plus ou moins passé dans un climat somme toute bon enfant : il était évident qu’on était loin des crétins qui avaient agressé Paul Ricœur en mai 68… Je sais que critiquer le mouvement de mai, c’est quasiment blasphémer, mais ce n’est pas parce que de bonnes causes triomphent parfois pour de mauvaises raisons qu’il faut s’imaginer que c’est systématique !

 

Trois croquis exécutés lors de la cérémonie :

 

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Trois photos :

 

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21h45 : Après un cocktail où, comme toujours, j’ai passé mon temps, entre deux verres, à me demander ce que je foutais là, je me suis quand même attardé pour assister au concert de l’orchestre universitaire. Mais alors que le public, à la fin de la prestation, réclame un autre morceau, je préfère partir tout de suite : si je reste, je risque de rater le bus et de devoir attendre une heure pour avoir le prochain… Je suis assez d’accord avec Pierre Desproges dénonçant l’absurdité des rappels : quand c’est fini, c’est fini, et même moi, en tant que spectateur, je ne réclame pas davantage que ce qui était prévu ! Je trouve même que ça casse l’harmonie d’un spectacle, un peu comme si on demandait à un peintre de rajouter des détails à son tableau au risque de le surcharger. Si je fais un jour un spectacle à moi tout seul, il ne faudra pas me demander un bis, et tant pis si on me dit que je ne suis pas « sympa » ! D’ailleurs, je ne le suis pas : je ne suis pas « sympa », je suis gentil, ce qui n’est pas la même chose – j’en suis en tout cas convaincu depuis que j’ai entendu des personnes apparemment saines d’esprit déclarer qu’elles trouvaient « sympa » des personnalités telles que Bernard Tapie, Jean-Paul II, Jacques Chirac ou Carlos Ghosn… 

Une photo prise au cours du cocktail :

 

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Quelques croquis réalisés durant la prestation de l'orchestre :

 

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Une petite vidéo :

 

 

Dimanche 20 octobre : il y a 84 ans naissait Nikita Mandryka

 

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Cette photo a été prise par votre serviteur au festival de la BD de Perros-Guirec  en 2016 : lauréat du concours de jeunes talents, j'avais ainsi eu l'opportunité de voir en chair et en os le créateur du Concombre masqué (à gauche) en compagnie du dessinateur Nicoby (à droite). Un grand souvenir...

 

18h : Je rentre du vide-greniers des Yannicks où j’avais réservé une table. La fréquentation était bonne et je n’ai pas eu de mal à rentabiliser l’emplacement ; j’ai la nette impression qu’après avoir eu mauvaise presse pendant un certain temps, ces manifestations connaissent un regain de succès, je ne serais pas étonné que la conjoncture économique amène les gens à chercher plus volontiers la bonne occase… En attendant, je suis épuisé : les enfants faisaient tellement de bruit que j’ai été obligé de garder mon casque pendant une bonne partie de la journée ; j’ai même pris la peine d’accrocher à ma table un panneau improvisé précisant que je n’écoutais pas de musique, que j’avais besoin de mettre ce casque parce que je suis hypersensible au bruit et que ça ne voulait pas dire que je fuyais la communication avec autrui ! Je commence à avoir l’expérience de la façon dont on est perçu quand on porte un casque antibruit en public…

 

Bon, ça n'a aucun rapport, mais je ne savais pas où le mettre :

 

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Lundi 21 octobre

 

13h45 : Après avoir effectué quelques achats urgents en ville, j’ai la surprise de retrouver, dans le tramway, ma CPE du collège. Ou, plus exactement, l’une d’elles. En effet, au cours de ces années difficiles, j’avais eu deux conseillères principales d’éducation successives : de la quatrième à la troisième, c’était une connasse incompétente qui se foutait de moi et me disait, quand je me plaignais de harcèlement, que c’était à moi de faire des efforts pour « m’intégrer » – traduisez : « on  ne peut pas demander aux autres d’être moins cons, alors fais l’effort d’être moins intelligent » ! De la sixième à la cinquième, c’était une dame plutôt gentille qui était certes démunie face à ce que je subissais mais qui m’écoutait encore un peu : c’est évidemment cette personne que je croise aujourd’hui et que je revois avec plaisir ! L’autre, je l’aurais probablement insultée… Toujours est-il que l’ex-CPE que je retrouve maintenant, désormais retraitée (comme le temps passe), déclare me voir souvent dans les journaux : ça la rend peut-être fière de son ancien élève, mais je ne sais pas s’il y a de quoi…

 

Mardi 22 octobre : 180ème anniversaire de Sarah Bernhardt

 

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10h : Après une grasse matinée et une douche, je décide d’inaugurer le sèche-cheveux que j’ai acheté hier : à peine l’allumé-je qu’il fait sauter mon disjoncteur ! Et, bien sûr, même après avoir remis le courant, plus moyen de refaire marcher cette camelote… J’avais pris le modèle le moins cher, et je repense à Gaston Lagaffe constatant que sa combinaison d’aviateur électrocutait Fantasio : « Ah ben voilà pourquoi c’était pas cher ! Y a un défaut ! Heureusement que je le vois ! » Une fois revenu de mon effarement, je me félicite d’avoir gardé le ticket de garantie… Ils vont m’entendre !

 

Sans rapport, mais il fallait bien que je le mette quelque part :

 

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11h30 : Petite halte chez une voisine : la télé de cette dernière est allumée sur RMC Story où passent « Les Grandes Gueules », j’ai ainsi vent de l’expulsion des boulistes de Montmartre. Je dois bien avouer que malgré ma spontanéité à défendre les faibles contre les forts, ça me fait un peu mal aux seins de défendre des joueurs de pétanque ! C’est tellement connoté… Je suis sûrement injuste, tous les boulistes ne sont certainement pas des gros beaufs ! Mais on ne lit pas impunément Cabu depuis l’adolescence…

 

10-26-Bobo vs. Beauf.jpgMercredi 23 octobre

 

10h15 : Passage au Pôle numérique de l’université, au Bouguen, pour découvrir un logiciel censé me permettre de rendre ma prochaine conférence plus interactive : mais quand je comprends que, pour en profiter, les auditeurs devront obligatoirement utiliser leurs smartphones, je renonce aussitôt ! L’idée de parler à des spectateurs dont tous les regards seront braqués sur leurs portables m’est tout simplement indigeste… Déjà que, dans la rue ou dans les transports en commun, j’ai envie de donner des coups de tatane à tous ces cons qui ne décollent pas de leurs téléphones ! La dame qui m’accueille me dit qu’il y a bien des « boîtes à vote » mais précise qu’elles sont « obsolètes » comme à peu près tout ce qui date de plus d’un an aux yeux des professionnels de l’informatique… Tant pis pour l’interactivité, de toute façon, je n’y ai jamais été vraiment favorable ! Les jeux du cirque, à Rome, étaient eux aussi interactifs, dans un sens, quand un gladiateur vaincu y était achevé à la demande du public[1]

 

Un croquis réalisé pour une BD - aucun rapport avec mes misères liées à l'informatique, si ce n'est le fait que je ne suis pas près de dessiner sur tablette graphique :

 

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12h : Après avoir remis des documents à une chercheuse de la fac, petite pause à la cafétéria : la presse locale revient sur l’affaire Seznec dont le jugement est encore contesté cent ans après. En fait, en Bretagne, Seznec, c’est un peu notre Dreyfus à nous, à une grosse différence près : autant la procédure avait été bâclée pour Dreyfus, autant le dossier concernant Seznec était impeccable. Signe qui ne trompe pas : alors qu’il n’a fallu que douze ans pour que l’innocence de Dreyfus soit reconnue, la culpabilité de Seznec ne fait toujours aucun doute, cent ans après, aux yeux des juristes qu’on ne peut même pas soupçonner de vouloir prendre la défense de collègues morts et enterrés depuis belle lurette ! Certains défenseurs de Seznec affirment que la condamnation de leur martyr est une action de la France jacobine contre la Bretagne : le problème, c’est que les magistrats qui l’ont condamné étaient eux-mêmes bretons ! En fait, les dreyfusards représentaient la France des lumières contre la France de l’obscurantisme, tandis que les « seznecards » représentent la Bretagne des ploucs fiers de l’être contre la Bretagne tolérante et respectueuse de l’altérité… Cela dit, si j’ai bien compris, cette histoire aurait pu n’être qu’une énième affaire criminelle crapuleuse comme il y en a des milliers d’autres chaque année sans l’intervention d’un ancien magistrat désireux de régler un compte personnel et d’un journaliste en mal de sensationnel : et c’est seulement à cause de ça qu’il se trouve encore des gens pour défendre un assassin mort depuis soixante-dix ans ! Voilà qui montre encore une fois que les gens préfèrent un mensonge souriant à une vérité maussade… C’est à se flinguer, non ?

 

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14h : Passage aux archives municipales où j’espère pouvoir consulter deux vieux numéros de La Dépêche de Brest (l’ancêtre du Télégramme) traitant d’affaires de maisons hantées signalées en 1938 – je ne crois pas à ces balivernes mais, Halloween oblige, la rédaction m’a demandé un papier sur le sujet. On me répond que les numéros de ce journal ont été numérisés et ne sont consultables qu’en ligne : je ravale un instant ma colère et décide de quand même faire une recherche pour voir s’il n’existe pas des documents qui me permettraient de savoir ce que les maisons en question sont devenues après la guerre. Après avoir éliminé plusieurs pistes peu convaincantes, je retiens deux côtes de dossiers que je fournis à la documentaliste : elle me fournit le premier sans problème, mais je n’y trouve rien. En revanche, on me refuse l’accès au second qui n’est pas complet : l’affaire pourrait donc se terminer sur un « tant pis » résigné de ma part si un responsable n'avait décidé subitement de me mettre le grappin dessus pour me demander ce que je cherche ! J’ai un mal de chien à m’expliquer, il me reproche de parler trop vite, il me coupe tous les quatre mots… Bref, j’ai une crise et il m’accuse de « « m’énerver tout seul » ! « Je veux seulement vous éviter de consulter un dossier pour rien » qu’il dit : de quoi je me mêle ? Et si ça me plait, à moi, de fouiller dans de vieux papiers en prenant le risque de ne rien trouver ? Ça fait partie des risques du métier, après tout ! Quand il me libère enfin, je décide qu’à toute personne qui me posera la question du devenir post-guerre de ces maisons prétendument hantées, je répondrai : « Si on vous le demande, vous direz que vous n’en savez rien ! »[2]

 

Puisqu'on parle de fantômes, voici un caricature de Marylise Lebranchu, la garde des sceaux qui demanda en 2001 la révision du procès Seznec - je m'étonne que cette femme, qui me semble intelligente et honnête, qualités rares en politique s'il en est, ait donné officieusement raison à des pulsions de haine !

 

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17h : Je croyais pouvoir oublier mes soucis en allant nager à la piscine. Et bien même là, je me fais enguirlander par un vieux con qui me reproche de ne pas regarder où je vais alors que je ne l’ai même pas touché ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous, aujourd’hui ?

 

18h : À la fac, conférence de Sébastien Thiry sur la géopolitique dans la Grèce antique. Qu’en ai-je retenu ? Que les « hauts faits » des guerriers grecs ont été moins déterminants pour le devenir de leurs territoires que les magouilles de leurs chefs : rien de nouveau sous le soleil, en somme…

 

Sébastient Thiry vu par votre serviteur :

 

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19h30 : Je traverse la place de la Liberté pour prendre le tramway, ce qui me vaut d’être interpelé par un type en panoplie de rappeur de banlieue qui a dû me voir à l’œuvre au Café de la Plage et qui me lance (je cite de mémoire) : « Hé, t’es un chanteur, j’t’ai vu à Guérin, et tu dessines aussi ! » J’aime de moins en moins être reconnu en pleine rue, j’apprécie encore moins qu’on me tutoie spontanément, je ne supporte pas qu’on me parle bruyamment et je DÉTESTE qu’on se méprenne sur mes activités – je suis slameur, pas chanteur. L’exploit mérite d’être salué : en quelques secondes à peine, il a réussi à accomplir simultanément quatre actions qui m’horripilent ! Déjà échaudé par cette journée pénible, je suis définitivement déstabilisé : je me carapate sans demande mon reste, plantant là cet admirateur dont je me serais bien passé… C’est confirmé, c’est la journée des emmerdeurs !

Un croquis de nu pour détendre l'atmosphère :

 

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19h55 : J’espérais trouver un peu de réconfort au Biorek où je me rends ce soir pour la dernière fois avant le déménagement du restaurant sur la rue Jean Jaurès. Hélas, c’est raté : alors que j’attends d’être servi, un grand gaillard entre dans l’établissement et se met à éclater de rire en passant devant moi ! N’étant que trop habitué à susciter l’hilarité sans le vouloir, je m’imagine aussitôt qu’il se moque de moi et, irrité, je lui lance : « Qu’est-ce que j’ai encore fait, à la fin ? » Le géant n’apprécie guère ce qu’il interprète comme de l’agressivité à son égard et me fait savoir que son rire ne s’adressait pas à moi, propos confirmés par Alexandre qui dit que l’individu est son voisin et qu’il lui arrive de rire sans raison apparente… Visiblement, les lazzis dont j’ai été victime au collège continuent à me hanter : au moins cette anecdote me donnera-t-elle de quoi répondre à ceux qui douteraient encore des répercussions du harcèlement scolaire sur le psychisme…

 

Idem :

 

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20h15 : Après avoir pris congé de ce fidèle confident qu’est devenu Alexandre, non sans lui avoir donné rendez-vous pour bientôt dans ses nouvelles aventures, je prends le chemin de l’arrêt de bus le plus proche : mais à peine passé-je devant le Campanella qu’un mec bourré, heureusement accompagné, me montre du doigt et dit « Hé, lui, c’est un artiste-peintre » ! Me rappelant un conseil qui m’a été donné récemment par une amie qui est un peu pour moi ce que Raphaëlle est pour Astrid, je prétexte être pressé pour me débarrasser au plus vite de cet emmerdeur que j’espère être le dernier de cette journée pourrie ! Ce n’est pas la première fois que quelqu’un commet l’erreur de me désigner comme un artiste-peintre alors que je ne suis même pas capable de colorier un dessin[3] : si vous tapez « Benoît Quinquis »[4] sur Google, vous constaterez que j’y suis premièrement défini comme « artiste-peintre » alors même que je n’ai jamais revendiqué ce titre ! Comme quoi Internet est vraiment devenue une chambre d’écho de la bêtise humaine… Qui n’en a pourtant guère besoin !  

 

Jeudi 25 octobre : 36ème anniversaire de Candice Swanepoel

 

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9h30 : Arrivée au colloque sur les victimes de 1944 en Bretagne – j’espère obtenir des informations intéressantes pour Côté Brest : des victimes, il y en a bien sûr eu pendant toute la durée de la guerre, mais 1944 est vraiment l’annus horribilis pour la bonne raison que les Allemands étaient aux abois en raison de l’arrivée annoncée des Alliés, phénomène aggravé par la forte présence de résistants en Bretagne. Et oui, n’en déplaise à ce crétin de Régis Debray, les nationalistes bretons qui ont collaboré avec l’occupant ne représentaient qu’une minorité, leurs compatriotes les ont d’ailleurs traités avec le mépris qu’ils méritaient, et, de tous les départements extérieurs à l’Île-de-France, le Finistère est celui qui a fourni le plus de bras à la résistance ! Les Allemands et les collabos n’ont jamais été les bienvenus en Bretagne : d’ailleurs, à peine les villes bretonnes étaient-elles libérées que les préfets nommés par Vichy cédaient leurs places sans conditions aux commissaires de la république nommés pour assurer la transition : ils auront ainsi fait montre jusqu’au bout de toute la bravoure dont le régime politique qu’ils représentaient était capable…

 

Les deux maîtres d'œuvre du colloque :

 

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 Les trois premiers intervenants : 

 

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Trois caricatures inspirées par les propos des intervenants :

 

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Ce dessin croise deux faits établis : De Gaulle et Churchil se détestaient et l'armée anglaise ne faisait pas confiance à la résistance française - la suite lui a montré qu'elle avait tort.

 

12h : Petite pause au Beaj Kafé : j’ai quitté sans trop de regrets le colloque où le dernier intervenant de la matinée parlait avec une voix molle qui m’a épuisé. N’est pas orateur qui veut… Mais je suis bien décidé à revenir cet après-midi pour assister à au moins deux interventions dont le contenu semble prometteur pour ma chronique. En attendant, je jette un coup d’œil au site du Courrier International et j’ai ainsi vent de la mort du cycliste Paul Varry écrasé par un SUV. On ne va pas manquer de monter du doigt le gros vilain beauf, conducteur d’un engin polluant et porte-parole malgré lui (ce qui reste à voir) de ces automobilistes qui se croient les rois du monde et ne supportent pas de devoir partager la voie carrossable avec tout ce qui n’a pas quatre roues, un moteur bruyant et pot d’échappement puant. C’est vrai que c’est un gros vilain beauf, mais tant qu’on n’aura pas pris de mesures vraiment coercitives contre la voiture, tant qu’on s’obstinera à en tolérer la présence à toute heure dans des villes où les alternatives pour se déplacer sont pourtant nombreuses, bref, tant qu’on n’aura pas renoncé au double langage sur l’automobile et fait notre deuil du fantasme, qui date au moins des années 1950, du tout-bagnole, alors les conducteurs continueront à croire, consciemment ou non, que la voie publique est leur domaine réservé et que les cyclistes et les piétons sont des usurpateurs à traiter comme tels ! Sur le même site, je suis éberlué d’apprendre le retour du scorbut, dû notamment à la mauvaise qualité de notre alimentation ! On pensait que la fonte des glaces consécutive au dérèglement climatique allait libérer des virus congelés face auxquels nos défenses immunitaires seraient démunies, et finalement, c’est pire que ça : ce qu’on nous a vendu comme « le progrès » a réveillé des maladies qui étaient censées avoir disparu depuis des siècles ! Résumons-nous : Internet a rendu les discours de haine aussi communs qu’en 1933, l’industrie agroalimentaire a fait revenir des maladies qui étaient censées relever du moyen-âge et l’automobile nous fait revivre le temps des barbares ! Si ça continue, nous allons tous retourner vivre dans les arbres… Avec un smartphone à la main !

 

Encore un croquis de nu pour détendre l'atmosphère :

 

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15h30 : Retour au colloque où Jean-Yves Guengant donne une communication sur le tristement célèbre « Kommando de Landerneau » qui s’est distingué par son extrême violence… Et par son inefficacité sur le plan militaire ! Ça n’a l’air de rien, mais ça suffit à écorner deux mythes qui ont la vie dure : premièrement, ça bat en brèche l’idée, encore trop répandue, selon laquelle les Allemands auraient été « corrects » avec nous ! Quand bien même il n’y aurait pas eu le déchainement de violence quasi-aveugle de l’année 1944, pour que les Allemands soient « corrects » avec les Français, encore fallait-il qu’ils ne soient ni juifs, ni noirs, ni tziganes, ni homosexuels, ni handicapés… Ça faisait quand même beaucoup de conditions à remplir ! Deuxièmement, la légende de la « discipline » allemande en prend aussi un coup : donnez un flingue à quelqu’un avec l’autorisation de tirer dans le tas dès qu’il croira apercevoir quelqu’un dont la tête risque de ne pas revenir à ses chefs, et sa réaction ne sera pas une affaire de nationalité ! Je constate simplement que les hommes qui ont été mis dans cette situation en 1944 se sont bel et bien conduits comme des soudards enragés et que leur germanité n’a nullement joué le moindre rôle de frein… Et comme ils ont pu s’appuyer sur des volontaires français pour faire leur sale besogne, tout cela confirme que la barbarie n’a pas de nationalité ! Tâchez de vous en souvenir avant de déclarer tout de go, comme je l’ai entendu, que l’arabe serait la langue du terrorisme…

 

Une caricature inspirée par l'intervention de Jean-Yves Guengant :

 

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Une autre qui s'accorde assez bien : 

 

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Deux photos prises au cours de cet après-midi :

 

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Quelques croquis :

 

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19h : J’ai finalement cédé aux sirènes de la fibre optique. En effet, il y a peu, j’ai voulu envoyer des fichiers lourds à une collègue chercheuse… Et ça m’a pris plus de deux journées entières ! Je suis maintenant dans l’attente de ma nouvelle Freebox : en consultant mes mails, j’apprends que celle-ci me sera livrée… Demain ! Hé, mais ça ne va pas du tout ! Demain, je dois retourner au colloque ! J’essaie d’obtenir une modification de la date de livraison : pour ce faire, je suis obligé de m’inscrire au site d’UPS (car oui, vous pensez bien que Free n’allait pas faire appel à la poste, c’est trop ringard, so 2023, quoi), puis de m’inscrire à je ne sais quelle autre branche du même site, tout ça pour n’avoir pu qu’exprimer un souhait de modification sans même savoir s’il en sera bien tenu compte… Voilà la triste vérité : avec un service public, vous êtes encore un citoyen, vous avez des droits et pouvez les faire valoir ; avec une entreprise privée, vous n’êtes un client et, contrairement à l’expression consacrée[5] vous n’êtes pas roi et n’avez droit qu’à la fermer… Mais les services publics ne savent pas se vendre, ils ne savent pas donner une image sympacool, alors vous les avez laissez dépérir au profit de margoulins qui se foutent de vous ! Vous n’avez que ce que vous méritez, bande de cons ! Et je paie avec vous !

 

Un autre croquis de nu :

 

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Vendredi 26 octobre

 

8h15 : Pour pouvoir faire mon marché avant de retourner au colloque, je me suis levé tôt. Je pensais qu’en venant faire mes courses avant que le soleil ne se lève, ce serait vite fait. Hélas, non seulement il y a d’autres clients qui ont fait le même calcul que moi et viennent avec leurs gosses bruyants, mais, de surcroît[6], les commerçants font face à des coupures de courant à répétition qui me retardent davantage. Quand ils me disent « bonne journée » après avoir enfin pu me servir, je ne peux m’empêcher de leur répondre que ça commence mal…

 

9h : Je prends le bus pour la fac, mon lourd cabas à la main : je ne prends même pas la peine de rentrer chez moi ranger mes achats, j’ai bien l’intention de les mettre à profit à midi pour me faire un bon casse-croûte. C’est dans ces conditions peu confortables que j’emprunte un véhicule peu bondé mais où un gamin pousse des cris stridents qui ont vite raison de ma patience : n’en pouvant plus, je me dirige vers la dame qui semble être sa maman et lui montre ma carte « Je suis autiste » en la priant d’essayer de faire taire cet enfant. Elle me répond qu’il n’a que trois ans et ne pourrait pas comprendre… Je regagne ma place, doublement irrité : premièrement parce que c’est la première fois que ma carte délivrée par Asperansa ne m’est d’aucun secours (d’habitude, les fauteurs de trouble auxquels je la présente se confondent aussitôt en excuses et adaptent leur comportement), deuxièmement parce que je me suis heurté une nouvelle fois aux effets pervers de l’évolution du statut de l’enfant… Quand je pense qu’à l’âge de ce morveux, j’aurais pris deux baffes si je m’étais comporté ainsi dans un lieu public ! Je ne dis pas que je suis favorable aux châtiments corporels dont l’efficacité a toujours été des plus limitées (ils ont surtout servi à endurcir des têtes brûlées et à rendre névrosés des gosses à la peau tendre), mais on ne rend pas service aux jeunes en leur faisant croire qu’ils ont tous les droits… Y compris vis-à-vis des personnes en situation de handicap !

 

Croquis de nu...

 

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10h : Malgré les difficultés, je suis quand même arrivé à temps pour la quatrième session du colloque, consacrée aux « victimes » de l’épuration – les guillemets ne sont pas de trop car, même si beaucoup de personnes ont effectivement été suspectées (voire condamnées) à tort, il faut bien reconnaître que les individus les plus prompts à se présenter comme des victimes et à faire endosser le mauvais rôle à la résistance ont quand même été, justement, les plus compromis ! Les fameuses femmes tondues, par exemple : on les plaint beaucoup moins quand on sait que seulement 40 % d’entre elles avaient vraiment couché avec des Allemands ! N’en déplaise à Georges le grand, elles étaient minoritaires à n’avoir payé qu’un « penchant prononcé pour les Ich liebe dich » et la plupart avaient vraiment pris fait et cause pour l’occupant, par exemple en participant à des organisations collaborationnistes ou, plus simplement, en dénonçant les « youpins » et les « terroristes » à la Kommandantur : et oui, les femmes ne pensent pas qu’avec leur vagin et elles s’avèrent alors, parfois, aussi connes, bêtes, méchantes et médiocres que les hommes… Et les femmes tondues ne sont de toute façon que la partie émergée d’un iceberg de « victimes » dont les châtiments étaient certes parfois disproportionnés mais qui n’étaient pas toutes innocentes, loin de là, ne serait-ce que parce que les peines qui leur ont été infligées, aussi pénibles puissent-elles paraître, n’avaient finalement aucune commune mesure avec le crime contre l’humanité dont elles se sont rendues complices ! Et ne venez pas me dire que ces gens-là ne savaient pas : depuis que j’ai vu l’exposition sur le procès Papon au mémorial de la Shoah, je suis convaincu que tout le monde le savait ou avait au moins les moyens de le savoir ! Ceux qui prétendent le contraire, à supposer qu’ils ne mentent pas, ont feint de l’ignorer ou n’ont pas voulu le savoir : dans le premier cas, c’est grave, dans le second, c’est encore pire ! Bref, je n’arrive pas sincèrement à plaindre les « victimes » de l’épuration qui me font beaucoup penser à ces mâles blancs cisgenres d’aujourd’hui qui se posent en victimes du féminisme et / ou du racisme antiblanc[7]…   

 

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12h30 : Les intervenants sont allés déjeuner. Je décide d’en faire autant sur une des tables à pique-nique installées aux alentours du bâtiment. J’en choisis une située dans un coin ombragé où le vent s’engouffre et où personne ne s’arrête : l’idéal pour calmer mes nerfs quelque peu éprouvés cette semaine. Je déballe mes provisions, je m’apprête à m’installer… Et à peine ai-je posé une fesse sur le banc que la table toute entière bascule ! Plus de peur que de mal : la seule difficulté que je rencontre en réinstallant mes affaires est le ré-enroulage de mon essuie-tout qui s’est dévidé en tombant et que le vent achève de rendre particulièrement rebelle… Encore heureux qu’il n’y ait pas eu de témoins pour se moquer de moi ou, pire, pour me proposer son aide ! Je peux finalement me régaler de quelques sandwiches, mais il n’empêche que si je croyais en Dieu, je me demanderais bien ce qui lui ai fait… 

Deux croquis réalisés durant la matinée :

 

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15h15 : Le colloque a repris depuis une heure et quart et j’ai déjà noté plein d’informations intéressantes pour ma chronique. La moisson est bonne, je ne suis pas venu pour rien. Hélas, comme à chaque fois que j’ai une satisfaction, quelque chose vient ternir le tableau, en l’occurrence un vieux con présent dans l’assistance[8] qui, après l’exposé de Dimitri Poupon sur le massacre de Penguérec, ne peut s’empêcher de monopoliser la parole pour livrer « sa » version des faits ! Il parle affreusement lentement, prend presque autant de temps que s’il avait été inscrit en tant qu’intervenant, et il fatigue toute l’assemblée qui a besoin d’une pause, y compris les organisateurs du colloque[9] ! Pour ne rien arranger, il soutient que les vrais responsables du massacre seraient les résistants qui auraient « provoqué » les Allemands ! Le tout avec le ton très docte du vieux briscard qui croit en savoir plus que l’orateur, lequel est encore un jeune docteur (il n’a soutenu sa thèse que depuis deux ans) et fait figure de perdreau de l’année, autant dire de cible facile aux yeux de ceux qui ont oublié qu’on est majeur bien avant d’avoir cinquante ans… Bref, alors qu’il s’apprête à reprendre la parole, l’un des organisateurs est obligé de le couper en plein élan, ce qui n’arrive presque jamais ! C’est vous dire s’il était chiant…

 

16h30 : La dernière communication, assurée par Isabelle Le Boulanger, évoque le cas le plus extrême des victimes de 1944 : les déportés. Selon la doxa dominante, ceux-ci se seraient longtemps tus et auraient attendu les années 1960 pour briser le silence. C’est faux : ils ont pris la parole dès leur libération… Mais on ne les a pas écoutés ! Pourquoi ? Au mieux parce qu’on ne les croyait pas tant le récit de leur martyre dépassait (et dépasse toujours) l’entendement… Au pire parce que leurs compatriotes considéraient qu’ils avaient autre chose à faire dans l’immédiat après-guerre ! L’oratrice précise que l’administration française n’était pas du tout préparée à les recevoir tant leur cas était inédit : je déclare, un peu provocateur, que les SS n’allaient pas fournir des certificats de torture[10] ! Je rigole, mais ce constat fait froid dans le dos, surtout dans le contexte actuel…

 

Deux photos prises le matin :

 

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17h : Épuisé, je rentre chez moi. Je suis à nouveau contraint de prendre le bus à un autre arrêt que celui auquel je suis habitué : malgré l’irritation que m’inspirent les discours hostiles au chantier du tramway, je dois convenir que devoir changer sans cesse de station est très éprouvant pour moi. À cette gêne s’ajoutent celles qu’apporte le soleil d’automne, d’autant que cette météo semble exciter particulièrement les gens : quand on est hypersensible au bruit, à la chaleur et à la lumière, c’est proprement infernal ! Il ne faudrait pas grand-chose pour que j’aie une crise… Et ça ne rate pas : dans le véhicule, je veux récupérer mon sac à dos qui est tombé par terre à cause d’un coup de frein un peu trop violent, et dans le même mouvement, je me pique au bracelet de ma montre qui est en piteux état. Je pousse un énorme cri dans lequel transparait non seulement ma douleur mais aussi mon épuisement et ma surprise face à une situation à laquelle je n’étais pas préparé… Le chauffeur menace de m’expulser si je recommence : encore une belle illustration de la difficulté qu’il y a à vivre avec une différence invisible.

 

Encore un croquis de nu...

 

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17h30 : Enfin rentré au bercail. Dans ma boîte aux lettres, je trouve un avis de passage d’UPS : c’est donc confirmé, on n’a tenu aucun compte de mon souhait que j’ai eu tant de mal à déposer ! Il est aussi annoncé « nous essaierons de repasser le prochain jour ouvrable ». Il va donc falloir que je reste chez moi lundi prochain, alors que j’avais prévu de retourner au magasin où j’avais acheté mon sèche-cheveux défectueux, et je ne suis même pas sûr que ces ânes de livreurs vont vraiment venir ! Heureusement que nous disposons d’une technologie de pointe pour nous simplifier la vie, pas vrai ?

Encore un...

 

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Samedi 26 octobre

 

10h : Encore mal remis de mes récentes mésaventures, il faut tout de même que je sorte pour récupérer un colis et effectuer quelques achats urgents dans le quartier. Je peux ainsi voir les unes des journaux, dont deux retiennent mon attention. La première met à l’honneur Alexandra Lamy qui, semble-t-il, étonne la critique en jouant une institutrice du XIXe siècle. Je n’ai aucune envie d’aller voir le film (ou la série ?) en question, mais je suis bien content de savoir que la jolie Alexandra n’est plus cantonnée aux rôles de gourdasse… La seconde vante le « miracle » de Notre-Dame : il s’agit bien entendu de la couverture d’un magazine catho et je ne peux m’empêcher de rigoler ! Miracle ? Il n’y a pas de miracle, bande de crétins ! On y a mis les moyens, c’est tout ! On a vu des milliardaires fuyant le fisc mettre la main au portefeuille pour reconstruire une cathédrale, dans la logique d’une longue tradition de crapules pleines aux as qui obtenaient la bénédiction du curé local en faisant des dons à la paroisse : dans le cas présent, ils y étaient d’autant plus motivés que le bâtiment en question est avant tout une attraction touristique qui, directement ou non, doit contribuer à les enrichir encore davantage… Pendant ce temps, ma bonne ville de Brest a sur les bras des édifices religieux qui tombent en ruines et dont elle a la charge sous prétexte qu’ils ont été construits avant la fameuse loi de 1905 : en attendant la révision de ladite loi que le regretté Siné appelait de ses vœux et qui devrait rentre l’Église catholique seule responsable de tous les lieux de culte construits en son nom[11], c’est donc tout un patrimoine bâti qui est menacé, et nous attendons toujours, faute de « généreux » donateurs, un « miracle » semblable à celui que ces bons croyants prétendent constater pour Notre-Dame ! Décidément, qu’y a-t-il de plus con (ou de plus hypocrite) qu’un curé ? Deux curés !    

 

Et une flopée pour terminer ! 

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Soyons justes : c’était plus rare qu’on l’a cru.

[2] De toute façon, je mettrai ma main au feu que les bombes et / ou les promoteurs leur ont réglé leur compte depuis longtemps… Et que les fantômes n’y sont pour rien !

[3] Certaines de mes connaissances ne seront pas d’accord avec cet avis péremptoire : disons donc, plus exactement, que je ne prends pas vraiment plaisir à coloriser, moins qu’à dessiner en tout cas, que mes tentatives (tout de même assez nombreuses) dans ce domaine ne m’ont jamais apporté une réelle satisfaction et que j’ai préféré y renoncer.    

[4] Ben oui, c’est mon vrai nom. Vous ne le saviez pas ?

[5] La première syllabe serait mieux à la fin du mot…

[6] La tentation d’écrire « par-dessus le marché » était forte mais je n’y ai pas succombé et je m’en félicite.

[7] Je suis déjà bien bon de ne pas mettre de guillemets à cette expression !

[8] Je pourrais dire qui c’est mais je n’en ferai rien car, comme dirait Cavanna, « les imbéciles sont méchants, et moi je suis lâche ».

[9] Christian Bougeard et Sébastien Carney que je salue au passage.

[10] François MOREL, « Demande d’asile : merci de fournir un certificat de torture » (25 novembre 2016) in Grâces matinales, Bouquins, Paris, 2022, pp. 744-746.

[11] « Je crois en effet qu’il serait bon de réviser cette loi qui fait obligation à l’État républicain de subvenir au financement public de l’entretien des églises construites avant 1905. Je trouve ça parfaitement scandaleux et je ne m’étonne pas que, seul, le clergé trouve cette législation « tout à fait satisfaisante ». Rendons-lui vite la propriété de ses bâtiments en exigeant qu’il casque dorénavant lui-même l’entretien, les réparations et la construction de nouveau, s’il estime en manquer. (…) La République n’est pas faite pour encourager l’obscurantisme. » SINÉ, Mon dico illustré, Hoëbeke, Paris, 2011, pp. 128-129.



26/10/2024
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