Du 7 au 9 mars : Fatigué de sourire, fatigué de pleurer...

 

Mardi 7 mars

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15h : Il pleut enfin ! Suis-je vraiment le seul, au sein de la population citadine, à avoir conscience du fait qu’il faut s’en réjouir ? En attendant, j’ai rendez-vous chez une voisine que je dois photographier pour les besoins du journal : en ce jour de grève, je n’ai que ça à faire et puis rendre visite à cette femme d’âge mûr me fait du bien, c’est comme si je retrouvais une présence maternelle… Son poste de télévision est allumé sur C8. Non, à cette heure-ci, on n’y voit pas qui-vous-savez : on y diffuse Inspecteur Barnaby… Visiblement, quand cette chaîne n’est pas dégueulasse, elle est seulement chiante ! Non, je ne dirai pas « chiante comme la pluie »…

 

Parlons-en, tiens, des grèves...

 

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Dans un autre (?) ordre d'idées :

 

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Mercredi 8 mars : journée internationale de lutte pour les droits des femmes

 

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Le dessin ci-dessous m'a été inspiré par une déclaration, parue dans Côté Brest, de Karine Coz-Elléouët suivant laquelle, dans les crèches, les professionnels auraient tendance à réagir plus rapidement aux pleurs d'un garçon...

 

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Toujours dans Côté Brest, il y avait un article de Julien Saliou sur les "applis anti-gaspi": son reportage fait une belle jambe aux non-possesseurs de smartphone dont je m'obstine à faire partie...

 

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15h : Petite visite chez une mécène pour lui livrer l’aquarelle qu’elle m’a achetée. Au fil de la conversation, nous en arrivons à parler de Guilers où elle a elle aussi de la famille : mon hôtesse me déclare déplorer d’y voir de plus en plus d’immeubles et moins en moins de campagne, et elle n’est pas la première à me le dire. Voilà donc le bilan de Pierre Ogor : grâce à sa courageuse politique urbanistique, sa commune a perdu tout ce qui en faisait le charme aux yeux des visiteurs ! Tout ça dans l’espoir d’attirer de jeunes actifs… Qui n’auront probablement pas envie de s’installer dans une ville gérée par une créature ivrogne, despotique et homophobe ! Belle victoire…

 

16h30 : Ayant pris congé de mon hôtesse, je me rends à pied à Bellevue, comme je l’avais décidé : en effet, n’étant pas très sûr qu’il y aurait des bus aujourd’hui (hier, apparemment, l’arrivée de la pluie n’a pas refroidi les ardeurs des grévistes), j’ai préféré prendre les devants. Finalement, les bus ont l’air de circuler normalement, mais à partir du moment où j’ai prévu quelque chose, je m’y tiens. Comme j’aurai probablement de l’avance sur l’heure du cours du soir, j’en profite pour faire un tour à la recyclerie de la rue Gay-Lussac, devant laquelle je suis souvent passé depuis mon installation à Lambé mais où je n’avais encore jamais eu la curiosité d’entrer : c’est un peu comme un supermarché (d’ailleurs, tout porte à croire que c’est un ancien supermarché) où tous les beaux produits bien neufs ,bien clinquants, bien frelatés, auraient laissé la place à de la marchandise de seconde main ! Il n’est pas exagéré de dire que c’est le peuple qui a reconquis un temple de la société de consommation… Je suis assez impressionné, j’ignorais qu’on pouvait récupérer autant de choses ! Ils ont un rayon « livres » assez bien fourni, mais ils ne prennent visiblement pas la peine de les classer par auteur, c’est dommage… Je sors sans rien acheter, je ne suis pas d’humeur à chiner.

 

17h : Comme prévu, me voici à Bellevue, largement en avance : le cours ne commençant que dans une heure, je fais une halte sur la place Napoléon III, plus précisément au bar le Bellevue. Entre la musique et les conversations, le lieu est assez bruyant, d’autant que, mercredi oblige, certains clients ont emmené leurs enfants : après avoir commandé un thé, je ne tarde pas à mettre mon casque anti-bruit. Je profite néanmoins de cette halte pour encrer quelques dessins, ce qui attire l’attention de l’homme qui semble être le patron du bistrot. « Y a du talent », lance-t-il à mon endroit ! Ça fait toujours plaisir…

 

Un dessin réalisé en vue du cours du soir : c'est une pièce d'ornement de mon lit...

 

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21h : Aux abords de la place de la Liberté, je m’apprête, après avoir englouti quelques frites, à attendre le bus qui me ramènera à Lambézellec. À l’arrêt habituel, un clodo visiblement éméché s’approche de moi, avec l’air de me prendre pour un ami : sincèrement, j’ai passé l’âge d’apprécier ce genre de rencontre, alors je préfère m’éloigner et marcher quelques pas jusqu’à la prochaine station. Cette retraite me vaut de constater, en passant, qu’une certaine animation règne sur la place de la Liberté : deux ou trois personnes sont en train de danser sur une musique que je n’identifie pas, et il y a bien une centaine de personnes pour les applaudir ! Je suis à deux doigts de descendre pour demander dans quel cadre se tient cette démonstration dont je n’avais pas entendu parler, mais seulement voilà, il fait déjà froid, je n’ai pas envie de prendre le risque de rater le prochain bus ; et, surtout, comme ça m’étonnerait beaucoup que les organisateurs de ce spectacle disposent d’une autorisation officielle, je ne tiens pas à être là quand les flics viendront : avec mes cheveux longs, ma barbe et mon pantalon de jogging, j’aurais toute les chances de gagner une visite gratuite du commissariat… Un vent de folie souffle sur nos villes : va-t-on vers un nouveau mai 68 ?    

 

Et que fait le président pendant ce temps ?

 

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Jeudi 9 mars

 

11h : Je suis un peu fatigué, en ce moment. Je me suis donc levé assez tard et je n’ai d’autre choix que celui de prendre le bus. J’avoue avoir oublié pourquoi la marche à pied me fatiguait moins que prendre les transports en commun : la raison, c’est simplement parce qu’en marchant, je n’accumule qu’une saine fatigue physique, tandis que dans le bus, je suis enfermé avec des gens qui bavardent sans se soucier des autres voyageurs, ce qui me cause une mauvaise fatigue morale. J’en fais donc à nouveau l’expérience ce matin avec deux jeunes types qui parlent trop fort dans le véhicule et me cassent les oreilles : je n’ose pas leur en faire la remarque et j’ai tort. En effet, en n’extériorisant pas mon trop-plein d’énervement au moment voulu alors même que je serais dans mon droit, je m’expose à ce que ça éclate n’importe quand ! D’ailleurs, ça ne rate pas : dans la boutique d’impression où je me rends peu après, un client parle, assez fort lui aussi, avec les commerçantes, et comme la salle résonne terriblement, je craque et lui crie qu’il me tape sur les nerfs et que j’en ai la tête comme une pastèque ! Ça ne m’arrive plu souvent, des crises comme ça… Et évidemment, au final, c’est à moi qu’on fait des reproches ! Tout comme à l’époque noire du collège où je plaignais sans arrêt des bavardages, ce qui me valait d’entendre dire que c’était moi qui faisait le plus de bruit ! Comme si j’avais vraiment pu faire plus de bruit, à moi tout seul, qu’une demi-douzaine de chahuteurs ! Si c’était vrai, aujourd’hui, je n’aurais plus de voix…

 

12h : Quand je sors d’un moment désagréable, j’ai ma thérapie : je vais déjeuner au Biorek brestois. Ce midi, outre moi, il y a cinq clients dans le restaurant, ce qui est déjà respectable pour la petite salle. Mais ce qui me frappe surtout, c’est la diversité de la clientèle : sous la pergola, deux mecs tatoués et piercés de partout qui semblent venir tout droit de Seine-Saint-Denis ; à la table basse, un homme d’âge mûr qui ressemble vaguement à Lionel Astier (Léodagan dans Kaamelott, si vous préférez), accompagné d’une jeune fille ; sur le canapé, un type en costard-cravate qui pérore inlassablement dans son portable et qui a tout de la caricature que je pourrais faire du jeune cadre dynamique (qui est une espèce en voie de disparition)… Toute la variété de la population brestoise dans dix mètres carrés ! Si quelqu’un essaie d’établir un profil-type de la clientèle du Biorek, je lui souhaite bon courage !

 

20h30 : Cette semaine me laisse un goût amer ; heureusement, grâce au Collectif Synergie, j’ai une pause bienvenue : le spectacle de Bardawen à Kafkérin. Pendant environ une heure, ce barde qui semble venu tout droit du passé me nettoie des miasmes de notre époque de fous avec ses contes dont les héros sont, en dernière analyse, les instruments dont il joue… Ç’aurait été parfait sans les deux ivrognes qui parlaient à haute voix dans l’assistance ! J’avoue que je n’ai pas trop d’idées pour vous décrire son spectacle sans tomber dans les clichés folkloristes : mais si vous avez l’occasion de le voir sur scène, ne le ratez pas, ça fait vraiment du bien !   

 

Quelques croquis...

 

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Une photo...

 

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...et un dessin inspiré par un des contes : il était question d'un loup charmé par les chants d'une jeune femme.

 

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Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


10/03/2023
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Du 24 février au 4 mars : Mettez la France à l'arrêt, j'ai besoin de repos !

 

Commençons avec un dessin sur le séisme dont la Syrie et la Turquie ont été les victimes :

 

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Vendredi 24 février

 

18h30 : Ce soir, Liloo propose un tour de chant au Béaj Kafé : fidèle à mes sales habitudes, je suis arrivé beaucoup trop tôt. Pour patienter, je commets quelques dessins sur le triste anniversaire qui retient l’attention des médias aujourd’hui, celui de l’invasion de l’Ukraine : sincèrement, les enjeux géopolitiques, je n’en ai rien à foutre, je ne pense qu’aux sorts des populations victimes d’une guerre dont elles n’ont pas voulu… Un client remarque mes crobards et émet un avis enthousiaste à leur sujet : mes dessins n’ont jamais recueilli autant d’avis positifs, et pourtant, notre monde part tellement en sucette que je n’arrive pas à être vraiment motivé…   

 

Mes dessins inspirés par ce triste anniversaire :

 

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19h15 : Liloo va bientôt chanter ; je m’installe dans l’arrière-salle, posant, sur la table à laquelle je suis accoudé, à portée de main et bien visibles, mes dessins fraîchement encrés afin qu’ils finissent de sécher. Une jeune femme me désigne du doigt une chaise inoccupée : comprenant qu’elle me demande l’autorisation de la prendre pour son petit groupe d’amies, je lui réponds par l’affirmative. Mais elle ne comprend pas ce que je dis ! Elle se décide à parler : elle ne s’exprime qu’en anglais ! Je ne suis qu’à moitié surpris, j’ai déjà rencontré des nationalités diverses à Brest qui devient de plus en plus attractive et, par voie de conséquence, cosmopolite. Je n’y prête cependant pas plus d’attention, étant impatient d’écouter la chanteuse. 

 

Quelques croquis réalisés pendant le tour de Liloo - qui a eu recours aux services d'un pianiste et d'une choriste :

 

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Et une petite photo :

 

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20h40 : Liloo a déjà fini. Je ne vais pas redire tout le bien que je pense d’elle, mes mots seraient de toute façon en-deçà des éloges que mérite son talent. Je trouve le cadre du Béaj Kafé remarquablement adapté à sa musique « pop-folk » : la lumière tamisée, la décoration basique, les livres… Alors que je m’apprête à remballer mes affaires avant d’adresser à la chanteuse les compliments d’usage pour ensuite regagner mes pénates, la jeune femme qui m’avait demandé une chaise m’interpelle : elle a remarqué qu’il est écrit « Kiev » sur un de mes dessins et me demande des explications, me précisant qu’elle et ses trois amies sont… Ukrainiennes ! Faire une telle rencontre, précisément le jour de l’anniversaire de l’invasion de leur pays, alors que je viens justement de faire des dessins sur le sujet… Pour ne rien arranger, elles déclarent faire un reportage vidéo sur leur exil en Bretagne : elles me filment donc essayant de leur expliquer ma démarche : j’ai ainsi l’occasion de constater que j’ai quelques lacunes en vocabulaire anglais ! Et je ne peux compter sur aucune aide de la part de ces réfugiées qui ne parlent pas un mot de français… Mon discours est d’autant plus laborieux que je suis, pour employer un doux euphémisme, salement secoué par cette rencontre aussi inattendue que chargée émotionnellement… Une fois parti, comme je n’ai toujours pas dîné, je me rue au Biorek brestois pour me remettre.           

 

D'autres dessins sur l'Ukraine :

 

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 C'est la première fois que je dessine Zelensky, je ne le représente ici qu'en tant que représentant de son pays. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas de se battre comme un lion pour défendre son peuple... Paul Raynaud, en revanche, représente bien toute l'arrogance qui caractérisait la France en 1940 ! 

 

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Samedi 25 février

 

25/02/1956 : sortie du cartoon Broom-Stick bunny de Chuck Jones, dans lequel la sorcière Hazel se transforme en rouquine fatale. 

 

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14h30 : Je me suis inscrit à une visite guidée du quartier de Pontaniou. Comme le lieu du rendez-vous, le Jardin du Deuxième Dépôt, m’était jusqu’alors inconnu, je suis une nouvelle fois en avance au-delà du raisonnable ; en attendant, je m’assieds sur un banc du parc et je fais un croquis d’une scène insolite : une tente et un fauteuil installés sous un arbre ! À croire qu’un SDF a reconstitué ici un semblant de salon pour rendre plus agréable (ou plutôt moins pénible) son nomadisme. J’ai failli m’approcher pour voir s’il y avait quelqu’un ! Je n’ai pas eu le courage de prendre le risque d’affronter un ivrogne réveillé en sursaut, ou pire, de découvrir un cadavre…

 

La tente et le fauteuil mystérieux :

 

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Deux photos prises au cours de la visite de Pontaniou :

 

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16h15 : La visite est déjà finie, j’ai recueilli de quoi écrire trois chroniques historiques pour Côté Brest. Nous remontons l’escalier qui relie la rue Saint-Malo au plateau des Capucins : je ne peux m’empêcher d’interpeller la guide pour lui signaler le Chemin positif, cette installation dont Elena Tikhomirova nous a fait cadeau avant de quitter Brest pour le Midi. Sa signature est encore visible et la couleur vermillon des poutres n’est pas tellement entamée malgré le manque d’entretien et l’exposition dans un lieu ouvert et humide : je ne sais plus quels matériaux Elena avait employés, mais elle ne s’est pas fait rouler sur la marchandise… Bravo, petite douchka, tu redores à toi seule le blason de ta Russie natale auprès des Français ! 

 

Un dessin sur l'affaire Palmade :

 

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16h30 : Le plus simple pour rentrer est de couper par les Ateliers des Capucins et de prendre le téléphérique afin de reprendre le bus sur la rive gauche. J’en profite pour jeter un œil sur le fameux Ciné Capucins dont l’ouverture était attendue depuis des années et qui avait motivé l’écriture de ma chronique sur les premiers cinémas brestois. Je ne suis pas entré dans la salle de projection, je ne pense pas que je pourrais me le permettre sans ticket : le hall d’accueil lui-même n’a rien d’exceptionnel, on pourrait se croire dans n’importe quelle autre ville, tout est formaté, aseptisé, le but est clairement de vendre du pop-corn plutôt que de donner envie de regarder un film... S’il y en a qui aiment, tant mieux pour eux ! Pour ma part, je rentre, je suis déjà épuisé.

 

Un dessin sur la sécheresse :

 

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Lundi 27 février

 

11h30 : Ayant des tickets de car à acheter pour demain et n’aimant pas me déplacer uniquement pour une opération de cette modestie, j’ai décidé de tester le travail dans la nef de la PAM : l’idée s’avère exécrable en ce qui me concerne, il y a beaucoup trop de bruit et de mouvement, il m’est impossible de me concentrer. Il est vrai que j’ai mal choisi mon heure, je suis venu au moment où tout le monde vient déjeuner, et j’ai encore moins bien choisi mon emplacement, j’ai derrière moi une porte qui m’envoie régulièrement un courant d’air froid dans le dos… Je ne reproche rien aux responsables de la PAM : c’est moi qui ai le chic pour être au mauvais endroit au mauvais moment !

 

Un autre dessin sur la sécheresse :

 

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16h : J’apprends la mort de François Hadji-Lazaro. J’ai du mal à l’admettre : le concept même de mort est-il compatible avec le personnage plein de vie, plein de force, plein de faconde qui m’a plus d’une fois enchanté ? Il y a vraiment des gens pour qui crever devrait être interdit ! Encore un peu de créativité et de liberté qui s’en va, il ne nous restera bientôt plus que les ringards de la variétoche française… C’est à pleurer !


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C'est la première fois que je dessine Gérard Lenormand. J'avoue avoir un peu de mal à dessiner Michel Sardou, je n'arrive pas à rendre sensible toute la répulsion que m'inspire le personnage. En revanche, Polnareff, c'est presque trop facile !

Mardi 28 février    

 

9h30 : Me voici en route pour Le Faou pour une interview radiophonique. J’ai très mal dormi. La cause ? Ayant cruellement besoin d’un peu de folie et de sauvagerie, je relis mes albums de Reiser, ce qui m’excite et m’inspire énormément, au détriment de mes besoins en sommeil… Reiser est mort depuis quarante ans et il n’y a pas beaucoup de vivants qui me font cet effet !

 

Un dessin où l'influence de Reiser est sensible - et oui, la sécheresse m'inquiète VRAIMENT :

 

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10h20 : Je ne suis attendu qu’en fin de matinée, j’ai le temps de rendre visite à mon ancien prof de philo de khâgne qui habite au bord de la rivière. Curieusement, nous parlons fort peu de philosophie, il m’interroge d’entrée de jeu sur ma carrière de dessinateur : c’est à croire que personne ne me voit faire autre chose…

 

Un autre dessin sur la sécheresse :

 

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12h : Je passe sur l’antenne de Radio Évasion, comme prévu : j’avais été sollicité pour parler de la présence américaine à Brest pendant la première guerre mondiale, à la suite de ma participation au colloque qui s’est tenu à Rennes en janvier dernier. J’ai emmené le texte de ma communication : seulement voilà, faire une causerie où tout est balisé de A à Z est une chose, répondre du tac au tac à des questions que je ne pouvais pas anticiper en est une autre ! La journaliste m’interroge sur des aspects pratiques très précis auxquels je n’avais pas pensé, comme la nature des véhicules employés par les soldats et le nombre d’hommes que le camp de Pontanézen pouvait accueillir… Déstabilisé par ces questions inattendues, j’improvise comme je peux, le manque de sommeil ne m’aide évidemment pas, je bafouille, je bégaie… Bref, j’en ressors peu satisfait, avec la conviction de n’avoir été à la hauteur ni sur le fond ni dans la forme : la journaliste a beau être bienveillante, elle ne peut pas faire comme si mes problèmes de diction ne posaient aucun problème… Elle m’invite néanmoins à revenir pour traiter d’autres points d’histoire brestoise : cette perspective ne me déplait pas, j’avoue que j’aime bien venir au Faou.

 

Puiqu'on parle de l'Amérique :

 

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12h40 : J’aurais dû profiter de mon passage au Faou pour déjeuner avec une amie qui habite à Hanvec, mais celle-ci est malade : ne pouvant pas reprendre le car avant quinze heures, je déjeune quand même sur place, seul, au restaurant « Vintage ». J’y feuillette un journal et j’apprends que le projet de centre d’accueil pour réfugiés à Callac a été abandonné suite aux menaces de l’extrême-droite… L’islamisme n’a pas le monopole du terrorisme ! Ce monde est de plus ne plus imbuvable ! Je ne préfère pas en dire davantage : à notre époque où on érige en dogme la conviction suivant laquelle la xénophobie serait l’apanage des classes populaires, on va encore m’accuse de mépris de classe…

 

 Encore la sécheresse : 

 

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13h30 : Encore une heure et demie avant le passage du car… Comme il fait assez froid, je me réfugié au bar-tabac où je lis les premières pages du bouquin offert par mon ancien professeur : j’avoue que j’ignorais tout du passé de l’Ukraine, je ne savais pas qu’elle n’existait en tant que nation indépendante que depuis peu de temps à l’échelle de l’histoire. Alors, est-ce que les Russes sont dans leur droit en s’y croyant chez eux ? La question me semble de peu d’intérêt au vu de ce que ça change pour celles et ceux qui ont perdu leur maison ou un proche dans cette saloperie de guerre ! En attendant, assis au milieu des turfistes et attablé devant une tasse de thé pisseux, je me sens malade du cœur comme du corps et j’ai hâte de pouvoir rentrer…

 

Toujours la sécheresse :

 

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 Mercredi 1er mars

 

15h30 : En prévision des portes ouvertes de la faculté, où l’association Segalen de Brest devrait avoir un stand, je passe à la bibliothèque du CRBC pour chercher un ou deux textes à lire à cette occasion. La chance me sourit : je retrouve, dans de vieux numéros des Cahiers de l’Iroise, son hommage à Saint-Pol-Roux ainsi que le récit A Dreuz an Arvor dans lequel il raconte une randonnée à vélo qu’il a faite en Bretagne quand il avait 21 ans. Je ne sais pas si j’aurai le temps de lire les deux au public, mais au moins, je suis paré à toute éventualité. Comme la collection des Cahiers de l’Iroise est exclue du prêt et qu’il y a longtemps que je n’ai plus la possibilité de faire des photocopies à la fac (de toute façon, je n’ai jamais rien compris au système qui était en place à la fin de mon doctorat), je prends des photos des pages qui m’intéressent : j’essaie de faire ça discrètement, je ne suis pas sûr que les bibliothécaires et les usagers m’approuvent…

 

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17h30 : Une fois encore, je suis en avance pour le cours du soir : pour passer le temps, je fais un croquis d’un jeune homme assis sur les marches de l’escalier et qui tient son livre d’une curieuse façon. Ça ne rate pas : il me remarque. Je ne comprendrai jamais comment faisait Cabu pour passer inaperçu… Heureusement, ce jeune étudiant en art prend fort bien la chose et me demande même de lui montrer le résultat quand j’aurai terminé ! Je me sens obligé de lui expliquer que ça ne se passe pas toujours aussi bien, qu’il est même arrivé qu’un couple me menace de me faire bouffer mon carnet si je continuais : il n’en revient pas ! Moi aussi, trois ans après, je persiste à trouver cette anecdote abracadabrante…

Le jeune homme en question :

 

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Un dessin réalisé dans le cadre du cours du soir : intitulé Schönheit macht frei, il représente une machine censée transformer n'importe quel homme en play-boy.

 

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Un autre dessin réalisé dans le même cadre : une applique de ma chambre.

 

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20h30 : Au Café de la plage pour la scène ouverte du premier mercredi du mois. En tant que caricaturiste, je gagne assez bien ma soirée, mais je trouve l’ambiance mitigée : ni Carlos, ni Sterenn ni Morgane ne sont au rendez-vous et le groupe « Les nymphes », qui met un temps fou à s’installer, me laisse finalement assez froid… Je demande à l’un des deux patrons quand je pourrai venir décrocher mon exposition : il n’est pas en mesure de me répondre, je me dis que j’en serai quitte pour attendre que lui et son collègue me fassent signe…  

 

Les Nymphes au Café de la plage :

 

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Jeudi 2 mars

 

19h30 : Une mauvaise surprise m’attend à La Raskette où je viens pour participer à la scène ouverte du premier jeudi du mois : comme l’intérieur subit des transformations, la carte n’est plus affichée et on ne peut la consulter qu’en flashant un QR code ! Je fais remarquer à la serveuse que c’est discriminatoire pour ceux qui, comme moi, n’ont pas de smartphone, ce à quoi elle me répond : « Je ne savais pas que ça existait encore ! » Une gifle ! Une gifle dans laquelle je sens tous le mépris que les gens « modernes » vouent à celles et ceux qui refusent les attrape-couillon de la société de consommation ! Je ne sais plus comment j’ai réagi, mais je souviens avoir perdu tout sens de l’amabilité pendant au moins deux secondes…

 

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20h : La scène ouverte commence avec une seconde mauvaise surprise : le pianiste prétentieux qui m’avait tant exaspéré au cours de ses précédents passages est de retour, avec toute une troupe d’élèves de sa partenaire professeur de chant… En soi, je ne m’en plaindrais pas, car tous ces élèves sont très doués, mais la façon dont il les introduit, avec un ton d’animateur télé égocentré, me gâche le plaisir de les écouter ! Dommage…

 

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La jeune fille à droite se prénomme Zoé ; elle a une voix d'or et elle est belle comme un ange, ça méritait bien une photo :

 

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21h30 : Il y a beaucoup de passage sur la scène, dans des styles assez divers : après les élèves du pianiste à l’ego surdimensionné, nous avons eu droit à une chorale, à une chanson de Rihanna magnifiquement interprétée par la non moins magnifique Zoé, à un duo d’instrumentistes (violon et flûte traversière) qui ont mis une ambiance du tonnerre… Pour ma part, après un premier passage peu convaincant (je n’étais pas assez chaud), je reviens sur scène, désormais accompagné par une joueuse d’ukulélé aussi timide que talentueuse. La mayonnaise prend bien et j’encourage cette jeune femme, qui semble apprécier mes textes, à rejoindre le Collectif Synergie : c’est peut-être le début d’une collaboration fructueuse ?

La jeune joueuse de ukulélé est à gauche ci-dessous :

 

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Vous voulez la voir en photo ? Voilà :

 

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22h : Alors que je programme déjà mon retour à Lambé, j’ai des retours sur ma prestation. Évidemment, on me tient toujours le même discours : mes textes sont excellents mais je parle trop vite. L’une des femmes qui me fait cette sempiternelle remarquable se présente comme une « professionnelle », je lui explique donc que j’ai été un enfant qui n’a pas eu le droit à la parole et que, de ce fait, j’ai tendance à parler rapidement pour éviter qu’on me coupe la parole ! Elle me dit que je dois avoir en tête qu’à partir du moment où je suis sur scène, j’ai la parole et personne ne me la prendra : ma répartie m’a laissé en plan, j’aurais dû lui préciser que dans un environnement comme celui de ce restaurant, où ma sensibilité est sur-sollicitée et où une bonne partie du public papote sans prêter attention à ce qui se passe sur scène, je peux être déconcentré à tout moment et que, donc, parler rapidement est le seul moyen pour moi de ne pas perdre le fil… Mine de rien, ça pourrait nous entraîner très loin, cette discussion !  

 

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23h30 : J’arrive au pied de mon immeuble : une fois encore, la porte principale est grande ouverte ! Je m’apprête à rentrer, mais une petite touffe de poil s’agite au pied de l’huis et me fait sursauter ; je pénètre dans le hall avec précaution, et j’identifie l’être qui m’avait surpris : c’est un rat ! Et voilà ! Depuis le temps que les voisins s’obstinent à laisser ouvertes les portes des parties communes, il fallait bien que ça arrive un jour ! J’aurai de quoi répondre au prochain crétin qui me demandera pourquoi je tiens à ce qu’on ferme les portes ! En attendant, le rat et moi-même nous faisons face, à distance respectable l’un de l’autre : de toute évidence, le rongeur, qui s’est réfugié sur la selle d’une bicyclette entreposée dans le hall, a peur de moi ; mais j’hésite moi-même à aller au-devant de ce rongeur que l’on dit intelligent et, parfois, agressif – il parait que les morsures sont très dangereuses. Comme je n’ose pas appeler à l’aide et que je ne me vois pas tenir une guerre de positions jusqu’à l’aube contre un adversaire aussi minable, je fais le premier pas : il s’enfuit sans demander son reste ! Ouf ! Je ferme aussitôt la porte pour éviter qu’il ne revienne… Comme quoi, il n’y a pas qu’à Paris que ces rongeurs sont envahissants ! Et les chats sont comme les policiers : quand il s’agit de réclamer leur gamelle, ils sont toujours là, mais dès qu’on a besoin d’eux…

 

Vendredi 3 mars

 

Une installation "artistique" sur la Place de la Liberté... J'avoue que je comprends le scepticisme qu'expriment certaines personnes !

 

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14h30 : Répondant à l’invitation d’une amie andalouse que je n’avais pas vue depuis longtemps, je suis à la fac pour assister à une conférence-spectacle consacrée au flamenco. Rassurez-vous, je ne vais pas vous resservir tous les clichés pour touristes sur le sujet, mais c’est vrai que c’est une musique qui vous prend aux tripes ! Et quand des élèves de licence lisent des coplas, je me dis que déclamer à une femme qu’on préfère mourir de la voir que vivre sans elle, c’est quand même plus élégant que lui envoyer une photo de sa bite…

 

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Nous avons eu la chance, ce jour-là, de compter sur un grand guitariste de flamenco installé dans le pays de Brest ; ce monsieur méritait bien une photo :

 

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17h : Réunion du comité d’organisation de la journée d’étude sur Cavanna que j’ai décidé d’organiser : une étape essentielle a été franchie, nous avons décidé que cette manifestation aurait lieu le jeudi 8 février 2024 ! Soit une semaine après le dixième anniversaire de sa mort… Nous aurions pu plus mal choisir ! Retenez la date, ce sera un grand moment quoi qu’il arrive…

 

Un dessin qui n'aurait pas déplu à Cavanna - au moins sur le fond :

 

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18h : Vernissage d’une exposition de trois artistes à La Vagabunda : je retiens surtout les photos faites avec un sténopé à plusieurs trous ! L’intérêt, c’est qu’on a un même sujet sous plusieurs angles différents sur la même image, ce qui fait droit à la variété des regards que l’on peut poser sur un même objet, qui peut enfin devenir simultanée ! Exposer de tels clichés dans ce lieu où l’on vend des disques vinyle est pertinent : dans les deux cas, c’est une technique « ancienne » qui revient au goût du jour, en grande partie parce que celle qui devait censément la condamner finit par lasser. À notre époque où la musique et la photo sont omniprésentes, revenir à des techniques qui ne les rendent accessibles qu’au prix de quelques efforts permet de rendre leur dignité à ces arts banalisés. De toute façon, ces techniques « modernes » qui nécessitent des dépenses énergétiques inconsidérées n’en ont plus pour longtemps : je suis prêt à vous parier qu’il ne faudra pas longtemps pour assister à la revanche des « ringards » de mon genre qui se seront obstinés à écrire des lettres à la main sur papier alors que tout le monde a son smartphone ! Nous serons les seuls à savoir encore écrire alors que la majorité ne saura plus que composer des émoticônes sur un clavier…

 

Un dessin qui n'a rien à voir (encore que...) mais qui me parait quand même judicieux :

 

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19h30 : J’arrive au Temple du pharaon pour la scène ouverte du premier vendredi du mois : avec le Collectif Synergie, je me sens en famille. Des artistes que nous n’avions plus vus depuis longtemps nous reviennent, ce qui n’en rend l’ambiance que plus chaleureuse et enjouée ! Malgré ça, je ne m’attarde pas après la fin, étant épuisé par cette semaine riche en émotions qui s’achève : demain, je dois ressortir pour participer aux portes ouvertes de la fac, j’espère bien que je n’aurai pas d’imprévus…

 

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Samedi 4 mars

 

11h30 : J’avais vu juste concernant le Café de la plage : ils m’ont envoyé un message me priant de venir décrocher mon exposition pour laisser place à un autre artiste. Sauf qu’ils me demandent de le faire… Aujourd’hui ! Je ne comprendrai jamais cette propension des gens « normaux » à n’avertir qu’au dernier moment… Bon, je prends sur moi, je ne vais pas me fâcher avec des gens qui ne me veulent que du bien, je leur explique donc que je suis retenu jusqu’à 16h et que je viendrai aussitôt après ; ça fait quand même un premier imprévu pour une journée où j’espérais n’en avoir aucun…

 

Toujours sur la sécheresse (là, c'est plutôt influencé par Wolinski) :

 

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15h30 : Alors que je tiens le stand de l’association depuis déjà une demi-heure, je me rends à l’amphithéâtre pour lire l’hommage de Victor Segalen à Saint-Pol-Roux : je me dis qu’en fin de compte, programmer pour chaque membre disponible une lecture sur l’heure où il est censé tenir le stand, ce n’est pas très logique… Plus grave, je me demande si nous avons bien fait comprendre notre démarche aux responsables : quand j’arrive dans l’amphi, personne n’a l’air d’être au courant de ce que je viens y faire ! Ce genre de situation me met toujours très mal à l’aise : à côté de ça, le fait qu’il n’y ait que trois pelés et un tondu dans la salle n’a que peu de d’importance…

 

A gauche : Danièle Déniel, secrétaire adjointe de l'association. A droite : Pauline Jardy, la jeune (et jolie) étudiante qui a tenu le stand toute la journée et qui, pour cette raison, a droit à notre respect.

 

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16h15 : J’ai quitté à regret la charmante Pauline, avec qui j’ai tenu le stand et déniché un oiseau rare qui nous sera sûrement d’un grand secours pour les activités futures de l’association. Je prends le tram pour aller décrocher mon expo : non seulement la rame est pleine à bloc mais, de surcroît, les contrôleurs sont déjà là, plantés dans l’entrée tels des vautours attendant leur proie ! C’est toujours désagréable mais ce n’est pas forcément inquiétant pour moi qui suis en règle : en toute confiance, je fais donc passer ma carte devant l’appareil… Et celui-ci ne la reconnaît pas ! Sous les yeux de ces hyènes qui doivent déjà jubiler à l’idée de coller une amende à un type à cheveux longs ! Légèrement paniqué (mettez-vous à ma place !), je refais passer frénétiquement la carte devant cette satanée machine, mais celle-ci reste désespérément inerte : ils finissent par me prendre de force la carte et la font passer devant leur appareil portable… Qui, lui, la reconnait ! Je suis donc en règle et reconnu comme tel, mais je suis fou de rage et je donne un coup de poing dans la machine qui m’a fait passer pour un fraudeur ! Les contrôleurs me regardent d’un drôle d’air, mais je me moque de passer pour un je-ne-sais-quoi auprès de ces rapaces ! Pour un ancien premier de la classe tel que moi, aux yeux duquel une heure de colle était l’antichambre de la prison, ce genre d’épisode est très dur à vivre, et je me sens coupable de suffisamment ce choses sans qu’une machine ne s’arroge le droit de me rajouter des culpabilités imaginaires…

 

Sans rapport, un autre dessin sur la sécheresse :

 

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16h30 : J’arrive au Café de la plage, serein, les patrons m’ayant assuré qu’ils seraient ouverts en continu. Mais je trouve porte close… C’est le coup de grâce ! Je vais chercher un peu de réconfort auprès de mon ami Jean-Yves : j’en profite pour vider mon sac, surtout à propos des contrôleurs du tram ; après tout, de tous ceux qui m’auront posé des problèmes aujourd’hui, ce sont les seuls dont la bonne foi ne m’est pas garantie…

 

Encore un autre :

 

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17h30 : Je peux enfin décrocher l’exposition. Ce café accueille des événements divers, il y a même eu un concert punk pendant que mes œuvres étaient accrochées : malgré ça, celles-ci n’ont pas subi le plus léger dommage ! Je dois en conclure que les punks, malgré leur nihilisme revendiqué, sont tout de même plus respectueux de l’art que les écologistes qui souillent les peintures dans les musées…

 

Pour terminer, deux dessins qui me semblent représentatifs de l'air du temps :

 

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Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


04/03/2023
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Du 17 au 24 février : je suis un être abject !

 

Pour commencer, finissons-en tout de suite avec l'affaire Palmade...

 

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Vendredi 17 février

 

14h : Bref passage à la galerie de mon ami Pod qui expose actuellement les photos de Jean-Yves Guillaume : à une heure où n’importe quel con peut photographier comme il pisse avec son smartphone, il n’est pas mauvais de rappeler que prendre une bonne photo est une affaire de patience et doigté ! Un vrai photographe doit parfois se lever très tôt pour ne pas rater la bonne lumière, celle qui fera que son cliché ne ressemblera à aucune autre image du même paysage… Les mauvais peintres font des tableaux qui ressemblent à des photos ; les bons photographes font des clichés qui ressemblent à des peintures : Jean-Yves Guillaume est indubitablement de ceux-là ! Manque de pot pour moi, l’expo se termine bientôt, c’est donc un peu tard pour que je puisse la signaler dans Côté Brest : vous me direz que je ne suis pas très attentif, pour un correspondant de presse ! Je vous répondrai que Pod n’a pas besoin de moi pour communiquer autour de ses initiatives, il est déjà très fort pour ça… 

 

14h45 : Ayant pris congé de Pod, me voici à la bibliothèque universitaire de lettres et sciences humaines : j’ai un peu perdu l’habitude d’y aller mais, aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec une chercheuse de mes amies et, fidèle à mes sales habitudes, j’ai une heure et demie d’avance, alors autant en profiter pour bouquiner. Je jette cependant un œil sur l’exposition accrochée dans le hall : ce sont des photos représentant des gens habitant en France, de milieux très divers, en train de dîner. Ça m’étonnerait beaucoup qu’ils aient vraiment été saisis sur le vif : je peux vous assurer que la simple vue de l’objectif d’un appareil photographique chasse le naturel et que celui-ci ne revient guère, fût-ce au pas ! Surtout dans le cadre de la photo artistique, pour les raisons que je viens d’invoquer… Néanmoins, même si les sujets ont été moins spontanés que le voulait l’artiste, ils n’en ont pas moins été pris dans le jus de leur vie quotidienne et l’ensemble offre une plongée sociologique aussi rigolote qu’instructive dans la France profonde d’aujourd’hui ! J’ai quand même eu un frisson devant une photo montrant un homme « apprécié dans son quartier » dont l’intérieur est un véritable musée du IIIe Reich ! Non, je n’affabule pas ! Quel intérêt aurais-je à inventer ça ? Cette photo me semble une belle illustration de la banalisation d’idées nauséabondes que l’on croyait mortes et enterrées…

 

Quelques dessins inspirés de l'actualité brestoise :

 

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15h : En attendant l’heure de mon rendez-vous, je lis l’ouvrage que je viens d’acquérir en librairie, Je chemine avec Philippe Geluck, un livre instructif même si on est déjà, comme moi, un admirateur du créateur du Chat qui y livre des informations truculentes sur sa carrière de comédien, que sa réussite en tant que dessinateur a quelque peu occultée. Je ne suis cependant pas toujours d’accord avec ce qu’il dit : d’abord, il juge sévèrement la série animée La minute du Chat et je ne lui trouve pas les défauts qu’il y voit ! Ensuite, il plaide pour le respect des croyances d’autrui : sincèrement, quand on voit à quel point les croyants sont peu respectueux des mécréants dont il fait lui-même partie, je le trouve un peu trop gentil ! Enfin, il se défend d’être un « homme d’affaires » et dit être un « entrepreneur »… Pourquoi jouer sur les mots ainsi ? Il n’y a rien de honteux à être un homme d’affaires tant qu’on ne cherche ni à enfreindre la loi ni à nuire à autrui ! Quand j’investis une somme dans le but de rentabiliser mon propre travail graphique, je pense agir en homme d’affaires et ça ne fait pas de moi un double de Bernard Tapie ou de Vincent Bolloré ! Bon, le mot « entrepreneur » n’est pas non plus insultant, je ne dis pas le contraire… Et puis tout ça a si peu d’importance ! Continuez à nous faire rire et réfléchir, monsieur Geluck, et on vous pardonnera à peu près tout !

 

16h30 : Je retrouve mon amie historienne, dont le cours s’est terminé plus tard que prévu car elle faisait passer des oraux : l’un des étudiants, visiblement un peu naïf et pas très bosseur, a repris presque mot pour mot le contenu d’un livre et s’est bien sûr trouvé dans l’impossibilité d’expliquer un terme un peu trop savant qui y était utilisé… Nous nous rendons dans un bar voisin, celui qui a remplacé la défunte Gentil’ho : je n’y étais encore jamais entré, j’ai ainsi l’occasion de découvrir qu’ils en ont profité pour adopter une disposition plus claire et plus fonctionnelle, sans toutes les différences de niveau qui me désorientaient ! Tant pis pour les nostalgiques de ce qui fut une institution de la vie estudiantine brestoise… Mais ce que mon amie remarque, ce sont ses étudiants qui avaient censément un autre cours après le sien et qui sont déjà à boire des coups en terrasse… Elle ajoute qu’elle a eu peu d’élèves aujourd’hui : entre le blocus d’hier et les vacances qui commencent ce soir, il ne fallait pas s’attendre à une trop grande assiduité ! J’avoue que quand j’avais leur âge, cette conduite me choquait, mais maintenant, je n’y prête plus guère attention, d’une part parce que je me sens moins concerné par la vie universitaire, d’autre part parce que, de toute façon, il ne faut pas trop se plaindre des étudiants : en dernière analyse, c’est tout de même grâce à eux que l’université existe ! Sans compter que les enseignants-chercheurs ne se privent pas non plus de faire des conneries et que les étudiants sont donc d’une patience exquise envers eux : s’ils devaient réagir eux erreurs de leurs maîtres avec la violence dont ils peuvent faire montre face à certaines réformes, certains mandarins de l’université pourraient numéroter leurs abattis ! Mon amie, qui est encore loin d’être une mandarine (mais ce n’est pas une poire non plus), n’ose pas me désapprouver sur ce point…

 

Samedi 18 février

 

14h30 : Après une brève sortie en ville, je reprends le bus, qui longe la rampe d’accès au port de commerce : je peux ainsi apercevoir, en passant, la marche blanche organisée aujourd’hui pour honorer la mémoire d’Héléna Cluyou. Tous ces gens qui descendent dans la rue pour exprimer l’empathie que leur inspire le crime crapuleux dont cette jeune femme a été la victime innocente, ça devrait me réchauffer le cœur ! Mais je dois avoir le fond mauvais : je ne peux m’empêcher d’avoir une impression de troupeau ! Mon aversion pour les foules est trop forte pour que je puisse savourer pleinement cet élan de solidarité ! Sans compter que si j’avais décidé d’y participer, j’aurais eu trop peur d’y croiser la meute habituelle des haineux qui, à chaque fait divers tragique, réclament plus de flics voire le retour de la guillotine… De toute façon, est-ce que ça atténuera la peine des parents de la défunte ? Ça m’étonnerait énormément : je peux attester qu’on ne se remet jamais de la mort de son enfant, quelles que soient les circonstances du décès ! Alors je préfère être avec eux par la pensée plutôt que montrer ma compassion à tous les passants…

 

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Dimanche 18 février

Les enfants nés à partir d'aujourd'hui seront du signe des Poissons : 

 

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Lundi 20 février

 

19h30 : Je rentre au bercail après une belle après-midi passée en compagnie d’une amie peintre et slameuse et de son petit garçon : ensemble, nous avons notamment visité la PAM où j’ai enfin pu découvrir ce fameux « musée de l’imprimerie » qui permet de se faire une idée du travail que représentait l’impression à grande échelle d’une affiche ou d’une étiquette avant l’arrivée de l’informatique. Mon amie m’a payé une pâtisserie et un chocolat chaud, après quoi nous avons rendu visite à un autre artiste… Tout ça m’a rappelé le temps des sorties familiales avec mes parents quand j’étais encore un petit garçon (je ne vois pas pourquoi j’en parle au passé, soit dit en passant) : moi qui me croyait vacciné contre la nostalgie, j’ai la preuve du contraire ! Seule ombre au tableau : j’ai aussi vu la place Guérin, envahie par les engins de chantier et visiblement éventrée dans je ne sais quelle finalité… Je ne pense pas que ce soit dans un but néfaste, sinon les irréductibles qui tiennent la ZAD de l’Avenir à deux pas d’ici seraient déjà montés au créneau ! Et de façon générale, j’imagine que nos élus ont fini par comprendre que les Brestois n’accepteraient plus n’importe quoi en matière d’urbanisme : ils l’ont prouvé en faisant reculer le projet Lamotte qui aurait tourné le dos à la place Guérin ainsi que celui qui menaçait la prison de Ponaniou ! Mais j’espère quand même que ces travaux seront terminés avant la Foire aux croutes…

 

Mardi 21 février

 

17h40 : Après avoir reçu la visite d’une amie chère et de ses deux charmants enfants, je constate qu’il est déjà tard mais je me dis que j’ai peut-être encore le temps, si je ne traîne pas en route, de poster mon courrier, de retirer un colis qui m’attend dans une boutique du centre-ville et d’acheter une bricole dans une papeterie. Mais je tombe sur un os : la poste de Lambé est déjà fermée ! J’avais oublié le point commun le plus détestable entre les quartiers de Brest et les communes périphériques : les bureaux de poste y ferment une heure plus tôt qu’en centre-ville… Et il est inutile pour moi d’aller jusque là-bas : le temps d’y arriver, il sera déjà trop tard. Si j’étais stupide, je dirais bien que les postières de mon quartier ne seraient pas pénalisées par la retraite à 64 ans, vu à quel point elles se tuent à la tâche ! Mais comme je suis seulement maso, je ne m’en prendrai qu’à moi-même : si j’étais sorti régler mes affaires avant la visite de mon amie, je n’en serais pas là... N’empêche, il faudra bien qu’on m’explique un jour cette différence d’horaires d’un coin à l’autre de la ville !

 

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Mercredi 22 février

 

10h10 : C’est aujourd’hui que j’ai loué un kiosque à la PAM pour y proposer mes caricatures et mes produits dérivés : j’ai choisi une journée où la location est moins chère, histoire de voir si c’est un bon plan. C’est un test : si j’arrive au moins à rentrer dans mes frais, je pourrai considérer que c’est un bon plan et j’envisagerai de rééditer l’opération pour un week-end, où la location est plus chère et la fréquentation plus conséquente. Je suis déjà installé, mais la journée commence mal, avec une petite bourgeoise bêcheuse qui m’adresse ses griefs contre ce nouveau tiers-lieu ! Pour une fois, on ne pourra pas me reprocher de répondre sur un ton agressif, c’est elle qui a commencé ! Même si j’étais vraiment un employé travaillant de façon permanente à la PAM, son attitude serait inacceptable : être au service de la clientèle, ça ne veut pas dire être son esclave !

 

15h30 : J’ai déjà amorti l’emplacement, j’ai même triplé ma mise : compte tenu du fait que nous sommes en semaine et qu’il fait un froid de canard, c’est un excellent résultat. Je retenterai l’opération un vendredi ou un samedi quand les beaux jours seront revenus – je suis moi-même frigorifié jusqu’à la moelle : connement, j’ai voulu être fidèle à mon image de marque et à tenir le stand en marinière, je n’ai que mon blouson pour me couvrir… Je critique les gouvernants, mais heureusement que je ne suis pas à leur place, je ferais plus de conneries qu’eux !

 

19h : De retour dans mon cocon, je ne peux m’empêcher, malgré ma satisfaction, d’éprouver une impression de découragement, imputable à la mauvaise fatigue accumulée en attendant le client dans un hall mal isolé – c’est le seul point noir de la PAM, et je dois dire que l’association qui a œuvré pour la résurrection du bâtiment n’y est pour rien. Pour ne rien arranger, un imbécile a osé me dire que mon style de dessin lui rappelait… Konk ! Merde, merde, merde ! Quand on me comparait à Faizant, c’était déjà désagréable, mais alors Konk ! Un facho de la pire espèce ! Il y en a qui se couperaient la main pour rien que ça !

 

Jeudi 23 février

Le 23 février, c'est le jour de la fête nationale japonaise :

 

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15h : Sortie en ville pour enfin accomplir les tâches dont je n’ai pas pu m’acquitter avant-hier. Je passe voir une copine disquaire qui me parle de la foire aux disques et aux BD organisée par Fréquence Mutine, où elle était présente : il y aurait eu 1500 visiteurs, soit nettement plus de monde qu’à l’ouverture du Primark ! Comme quoi il y a parfois une justice : tant que la musique attire plus de monde qu’une boutique de fringues, rien n’est perdu !

 

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Vendredi 24 février

 

10h30 : J’ai oublié de prendre mon casque anti-bruit pour aller au marché. Je ne suis pas long à m’en mordre les doigts : le bruit du et les conversations incessantes me cassent les oreilles ! Il ne faudrait pas grand’ chose pour que je perde patience… Et d’ailleurs ça arrive : un commerçant se met à chanter « Partir un jour » ! Je crie « Non » pour lui faire comprendre que je n’endurerai pas plus longtemps cette torture auditive ! Il y a vraiment des auteurs-compositeurs qui mériteraient d’aller en prison pour pondre des merdes pareilles…  

 

Avant de conclure, une note de bon goût...

 

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...et un hommage à Franquin - je me suis amusé à peindre sur une photo prise pour Côté Brest représentant trois jeunes artistes.

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


24/02/2023
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Du 10 au 16 février : un climat détestable

Vendredi 10 février

 

22h : Après cette semaine plutôt désagréable, j’ai heureusement eu droit à une soirée satisfaisante à tout point de vue : le vernissage de mon exposition au Café de la plage aura connu une fréquentation respectable, surtout au vu de la relative modestie de l’événement, j’ai même vendu une œuvre, et j’ai enchaîné avec la scène ouverte organisée par le Collectif Synergie à Kafkérin. Malheureusement, le retour à Lambé s’annonce des plus laborieux, non seulement à cause des horaires nocturnes mais aussi parce que le bus est envahi par des jeunes glands qui y finissent leur fête… La conductrice a beau les rappeler à l’ordre, rien n’y fait ! Pour une fois que je rencontre une chauffeuse de bus qui prend au sérieux son boulot, je prends la peine, en descendant, de lui préciser que je ne suis pas avec eux…

 

Quelques croquis réalisés au cours de la scène ouverte...

 

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...et quelques photos :

 

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Samedi 11 février

 

19h : Malgré la grève, je sors pour fêter le premier anniversaire du Biorek brestois : je n’y vois pas les amis que j’espérais retrouver, mais je retrouve quand même quelques connaissances. L’une d’elles me montre des images de la faculté Victor Segalen : je savais que la fac, bloquée par les étudiants, avaient été évacuée par les forces de l’ordre, mais j’ignorais que les CRS  étaient restés postés à l’entrée pour attendre les manifestants ! Ceux-ci ont donc été repoussés par ces braves agents à coups de gaz lacrymogènes… Je n’aurai pas eu besoin d’être physiquement présent pour que cette altercation me fasse pleurer !

 

21h : Je sors du restaurant. Faute de bus, je rentre à pied. J’apprécie le petit air frais du soir, mais marcher dehors quand il fait déjà nuit éveille en moi une petite appréhension. Il faut dire que les conversations n’ont pas été rassurantes : outre l’affaire Héléna qui est encore sur toutes les lèvres, j’ai appris qu’une amie s’est fait fracturer sa voiture par un voleur qui lui a pris son sac avec, à l’intérieur, ses papiers, ses sous, sa carte bancaire, son chéquier… On imagine sans peine la galère pour cette mère de famille ! Le climat social est tendu, les gens sont de plus en plus agressifs, et on voudrait que j’aie le moral…

 

Lundi 13 février

 

13h30 : Je descends pour voir si j’ai du courrier : j’arrive pile au moment où le facteur passe, mais il n’a rien pour moi. Une fois le devoir accompli, il repart… Et laisse la porte de l’immeuble ouverte ! Je le lui fais remarquer : il me répond qu’elle était déjà ouverte quand il est arrivé ! Je lui dis qu’elle ne doit pas rester ouverte et qu’il pourrait en profiter pour la fermer : il me rétorque que ce n’est pas son problème… C’est à des petits riens comme ça qu’on mesure à quel point le service public, à grands coups de rentabilisation, s’est détérioré : je ne peux pas en vouloir à ce facteur qui ne se sent pas forcé de faire du zèle au vu de ce qu’il doit être payé ! Encore qu’il ne serait pas plus pauvre s’il était un peu plus poli…

 

16h50 : Retour au bercail après une brève escapade en ville pour régler quelques affaires : la sortie fut particulièrement pénible ! Il y a des travaux partout, avec les déviations qui vont avec, les chauffeurs de bus semblent avoir décidé de ne pas en foutre une et de rouler à des vitesses de tortue, histoire que j’entende encore mieux les conversations des bavards avec lesquels j’ai le malheur de voyager, et, pour ne rien arranger, la police est partout dans les rues ! Le climat est décidément des plus détestables…

 

18h30 : On me l’avait annoncé, mais je l’avais oublié : je reçois la visite des agents recenseurs. Ceux-ci sont courtois, efficaces et professionnels : ça change un peu !

 

Mardi 14 février

 

10h30 : À la boulangerie, je suis bien surpris de voir que l’appareil à monnaie refuse la pièce que j’essaie d’y insérer. En fait, ce que je prenais pour un euro est une pièce de cinq pesos de la République dominicaine ! Je me suis fait rouler par un malhonnête ! Comme je n’ai pas d’autre monnaie, j’en suis réduit à payer ma baguette avec ma carte bancaire : le prix du pain n’est quand même pas élevé au point de justifier ça… Elle commence bien pour moi, la fête de l’amour : dès le matin, je hais déjà quelqu’un sans même savoir de qui il s’agit !

 

Mercredi 15 février

 

11h30 : Petite sortie matinale en centre-ville pour voir si je peux au moins convertir en euros la pièce dominicaine : l’agent de change me répond que cette monnaie ne vaut rien, qu’il faut 70 pesos de là-bas pour faire un euro ! Comme quoi il y a des gens plus démunis que nous… Mais ça ne me console pas de m’être fait escroquer ! Je jette la pièce dans la première poubelle venue, non seulement pour évacuer ma colère mais aussi je ne peux même pas la donner à un mendiant, il ne saurait qu’en faire ! Cette sortie m’aura tout de même permis de récupérer le dernier Côté Brest où j’apprends, en lisant la chronique cinéma d’Anaïs Briec, que le lynchage n’est un crime fédéral aux États-Unis que depuis… L’année dernière ! En d’autres termes, jusqu’à il y a peu, chaque État américain était libre d’autoriser (ou non) ses habitants de se mettre à quinze pour assassiner un type dont la figure ne leur revenait pas… Et il y a encore des cons pour croire que ce monde a été créé par un dieu infiniment bon !   

 

Jeudi 16 février

 

9h30 : J’avais pris la peine de me lever tôt pour assister à une réunion : au dernier moment, un SMS m’a appris que la faculté était de nouveau bloquée et que la réunion était reportée. Perturbé comme je le suis toujours dans de telles circonstances, je décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur en mettant à jour mon programme de vidéos que je diffuse sur YouTube : mais je n’arrive pas à me connecter à Internet… Alors j’appelle à nouveau l’assistance Free : apparemment, j’aurais eu le « bon réflexe » puisqu’il fallait faire une « mise à jour ». Je peux à nouveau me connecter, mais je suis extrêmement fatigué, d’un seul coup…  

 

Vous l'avez vu, je n'avais pas grand' chose à vous raconter cette semaine ; pour ne pas conclure trop vite, laissez-moi vous montrer quelques dessins issus d'une série que je viens de boucler : des variations autour de la rencontre (hypothétiques) entre deux stars féminines du cartoon, à savoir Hazel, la sorcière de Chuck Jones, et Miss Red, la pin-up de Tex Avery - j'en ai fait une dizaine d'autres que je vous monterai ultérieurement, à l'occasion.

 

02-11-Hazel et Miss Red (01).jpg

 

Commençons en jouant avec leurs couleurs...


02-11-Hazel et Miss Red (02) Rouge.jpg


02-11-Hazel et Miss Red (03) Vert.jpg


02-11-Hazel et Miss Red (04) Couleurs inversées.jpg

 

Et puis faisons-leur jouer d'autres rôles...


02-11-Hazel et Miss Red (05) Paradis et Enfer.jpg

 

Geneviève de Fontenay et une de ses filles, par exemple...


02-11-Hazel et Miss Red (10) Geneviève de Fontenay et Miss France.jpg

 

Ou bien Bernadette Chirac et Carla Bruni...


02-11-Hazel et Miss Red (16) Bernadette Chirac et Carla Bruni.jpg

 

Et encore d'autres...


02-11-Hazel et Miss Red (18) Boxe.jpg


02-11-Hazel et Miss Red (20) Vahinés.jpg

02-11-Hazel et Miss Red (22) Jessica Rabbit et Bécassine.jpg

 

Voilà, that's all folks ! Allez, à la prochaine !

 


17/02/2023
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Du 4 au 10 février : semaine bête et méchante (au mauvais sens du terme, hélas !)

 

Commençons par la bonne nouvelle de la semaine : un stand à la prochaine Foire aux croûtes m'a été attribué ! Malheureusement, mon projet d'affiche pour l'événement n'a pas été retenu...

 

01-19-Foire aux croutes.jpg

 

Samedi 4 février

 

20h : À l’issue d’une semaine riche, je m’apprête à prendre un peu de repos en prévision de l’accrochage, prévu pour demain matin, de mon exposition au Café de la plage. Néanmoins, par acquit de conscience, je jette un œil sur Messenger : je découvre ainsi une invitation à rejoindre un groupe appelé « Mouvement anti-Macron ». Je ne donne pas suite car je ne considère plus les réseaux sociaux comme des médias adaptés au débat citoyen : j’ai eu pour une vie entière (sinon plus) ma dose de militants donneurs de leçons ! Sans compter que, même si je suis bien d’accord pour dire que Macron mérite qu’on lui résiste, j’estime que s’opposer systématiquement à son action n’est ni nécessaire ni suffisant : il y a longtemps que j’ai compris qu’il ne suffit pas, pour changer la société, de changer ceux qui la gouvernent…

 

Puisqu'on parle de Macron, voici une planche vite faite sur sa stratégie pour la réforme des retraites :

 

02-08-Retraites-Macron.jpg

Dimanche 5 février

 

10h40 : J’attends le bus pour aller à Saint-Martin, chargé d’une valise bourrée de cadres destinés à être accrochés aux cimaises du Café de la plage. Tout à coup, une dame me fait un signe : c’est la fabricante de bijoux que j’ai interviewée récemment, qui habite juste derrière la station de bus et qui rentre de ses courses. Elle se propose de me conduire à Saint-Martin : je n’ose pas refuser mais je suis touché par tant de sollicitude ! C’est dingue, la solidarité, ça existe encore ! Voilà bientôt quatre ans que j’habite à Lambé, et j’ai enfin trouvé, parmi mes voisins, une personne sur laquelle je peux compter…

 

11h10 : Grâce à ma nouvelle amie, je suis arrivé sans encombre au Café de la plage : sa conduite m’arrangeait bien, je suis un peu patraque… Alix, l’un des patrons du bar, m’a laissé les cimaises et l’arrière-salle à ma disposition : j’accroche ainsi une vingtaine de cadres donnant un aperçu à peu près représentatif de mon travail… Et je trouve le moyen de m’écorcher la paume. Heureusement, ça ne saigne même pas. Une fois le travail terminé, je prends un thé histoire de me soulager ; en général, je n’aime pas quitter un bistrot sans avoir consommé, même si j’y étais venu pour autre chose : les bistrotiers ont asses souffert pendant la « crise sanitaire » et va savoir ce que le gouvernement peut encore trouver pour leur pourrir la vie…   

 

12h30 : Circuler à Brest en bus un dimanche demande une certaine patience, surtout quand on habite Lambézellec : ce n’est pas pour rien si Matmatah a vanté le quartier en chantant « Si t’aimes bien la marche à pied, viens donc faire un tour à Lambé » ! Avec un passage par demi-heure, il vaut mieux avoir parfaitement minuté son escapade ou, à défaut, ne pas être trop pressé. Heureusement, je suis dans la deuxième catégorie : en contrepartie, je dois supporter cette lumière désagréable émise par un soleil bas qui perce par endroits une pellicule de nuage aussi fine que crayeuse… Je ne suis pas pressé au sens où personne ne m’attend, mais j’ai quand même hâte de rentrer !

 

Un dessin réalisé en vue du cours du mercredi soir :

02-07-Grille-Pain.jpg

 Lundi 6 février

 

10h : Depuis hier après-midi, je tousse comme la dame aux camélias. Pas question d’aller chez le docteur je ne suis pas malade au point d’être cloué au lit et je sais très bien comment ça va se passer si j’ai le malheur de consulter un médecin : j’aurai droit au test Covid, ce qui est déjà désagréable, et si, par malheur, il est positif, je suis bon pour la quarantaine, même si je n’ai aucun autre symptôme ! Plutôt crever ! Alors j’achète un sirop pour la toux chez le pharmacien : celui-ci m’énerve déjà, avec le ton faussement docte qu’il emploie pour me donner des recommandations que j’aurais de toute façon lues sur la notice… Il faudrait peut-être rappeler à ces braves apothicaires qu’ils ne sont que des commerçants, certes nécessaires, mais nullement légitimés à se prendre pour des médecins ! Dire que je voulais justement éviter ça…

 

11h : Je me rends chez Bibus pour renouveler mon abonnement : la personne qui m’accueille est si peu claire qu’elle trouve le moyen de m’embrouiller en essayant de me rappeler ce que je sais déjà ! Je ne sais pas ce qui m’agace le plus : qu’elle soit incapable de s’exprimer clairement ou qu’elle me prenne pour un imbécile ! Après le pharmacien, c’est à croire que toute la ville s’est jurée de m’infantiliser aujourd’hui…        

 

Mardi 7 février

 

16h : Je reçois la visite d’une amie. Nous parlons de choses et d’autres, et je m’étonne que la réforme des retraites ne s’invite pas à nos conversations ! Pourtant, je connais assez mon invitée pour me douter qu’elle ne doit pas l’approuver et qu’elle a dû manifester ce matin… Mais non, elle n’en parle pas. En fait, cette réforme est la grande absente de toutes les conversations que j’ai pu avoir depuis le début de l’année ! Je ne sais pas quelles conclusions en tirer…

 

Mercredi 8 février

 

10h : Je me lève tardivement ; j’avoue avoir un peu de mal à me remotiver, en ce moment… En ouvrant les volets, je constate que la maison d’à côté a été démolie. Ce n’est qu’un début, on a déjà annoncé une construction de logements sur ce terrain. Il va donc falloir s’attendre à voir les engins de chantier se succéder : heureusement que l’isolation de mon immeuble est excellente et que je n’entends rien de ce qui se fait dehors…

 

10h30 : Passage au centre-ville pour poster un courrier : je passe devant le multiplexe Liberté et j’apprends qu’ils ressortent Titanic en version « remasterisée » à l’occasion du 25e anniversaire de la sortie du film… N’étant pas un fou de films tristes, je ne l’ai jamais vu en entier : mais depuis un certain temps, quand je fais un portrait ou une caricature, beaucoup de gens me parlent de la scène où Rose prend la pose pour Jack… Je suis certes flatté, j’y vois un signe que mon style a atteint une certaine qualité, mais je doute fort que ce soit vraiment Léonardo Di Caprio, malgré tout son talent d’acteur, qui dessine lui-même ! Certaines actrices se font doubler pour ses scènes un peu dénudées, rien n’empêche un acteur d’en faire autant quand il est censé se livrer à un art dont il n’est pas spécialiste ! J’ajoute que j’ai rarement eu de modèles ayant le charme de Kate Winslet ! À part mon amie Audrey, bien sûr…

 

11h : Je feuillette le dernier Côté Brest : il n’y a aucun article de mon cru cette semaine, deux pages étant occupées par des « publirédactionnels » liés à la Saint-Valentin. Et oui, la presse gratuite, c’est ça aussi… Mais ce numéro est quand même intéressant à lire, ne serait-ce que pour la critique que fait Anaïs Briec d’Astérix et Obélix : l’empire du milieu ; ma voisine de colonne ne le descend pas en flammes, mais elle avoue ne pas avoir vu les autres adaptations cinématographiques des aventures du petit Gaulois, et elle en parle comme d’un film moyen, « pas mal mais sans plus » ; en gros, cette production ne justifie pas son budget colossal… De toute façon, pour reprendre une réplique d’une autre adaptation (qui était réussie, elle), « Ce n’est pas qu’une question de moyens ! » Bref, merci, Anaïs, de m’éviter de dépenser mon argent dans une séance décevante ! Poursuivant ma lecture, j’apprends aussi que la ville a décidé d’ouvrir un lieu d’accueil pour les victimes au sens large du terme : une belle initiative, mais dans ce monde égoïste et agressif, j’ai peur qu’un seul lieu ne suffise pas ! Je n’exagère pas : les chiffres de la délinquance en Finistère sont en hausse et il y a même eu une femme agressée par un chien à deux pas de chez moi ! Et ce n’est que la partie émergée d’un iceberg d’incivilités de plus en plus banalisées…

 

Puisqu'on parle de la Saint-Valentin, voici deux illustrations destinées à un recueil de poèmes qui ne verra pas le jour :

 

Miika-Juste une évidence.jpg


Miika-Passé ensorcelé.jpg

 

11h30 : De retour à Lambé, j’en profite pour me réapprovisionner en pain : avant d’aller à la boulangerie, je m’apprête à retirer de la monnaie au premier distributeur à ma portée… Mais le chemin est barré par un cas social qui me demande de la monnaie, alors que je suis encore à cinq mètres de lui ! Je ne peux quand même pas la lui refuser alors que je vais retirer de l’argent sous son nez ! Je préfère faire demi-tour et payer mon pain avec ma carte bleue… Je ne fais pas montre de solidarité, je sais, mais si je me mettais à donner de l’argent à tous ceux qui font la manche, je serais vite sur la paille ! De toute façon, quand je pense à tout le fric qui est planqué dans les paradis fiscaux, je me dis que ce n’est pas à moi de prendre en charge tous les démunis de la Terre !

 

13h30 : J’apprends que la faculté Victor Segalen est bloquée par les étudiants depuis hier. Il fallait s’y attendre : dès que le climat social est un peu tendu, il y a des blocages à la fac, c’était déjà comme ça quand j’étais étudiant. Je suis sûr qu’à chaque fois, les jeunes ont vaguement l’impression de refaire mai 68, mais ce n’est jamais comparable. Ne citons que le cas présent : en 1968, les étudiants luttaient pour avoir le droit de profiter de leur jeunesse, tandis qu’aujourd’hui, ils luttent plutôt pour pouvoir profiter de leur vieillesse ! J’ai beau les approuver, j’en ai tout de même la larme à l’œil…

 

20h : Je rentre du cours du soir. Curieusement, je suis à peine sorti que le bus est déjà là ! Comme ça ne correspond pas aux horaires dont je dispose, je demande à la conductrice si elle est en avance ou en retard : elle me répond qu’elle n’en sait rien car l’engin qu’elle a en face d’elle est en panne ! Les chauffeurs de bus ont donc besoin qu’une machine leur dise s’ils sont dans les temps ou pas… Au cours du trajet, le véhicule s’arrête à chaque arrêt, mais personne ne descend ! La cause ? Une femme s’est adossée à un bouton d’arrêt et l’actionne donc continuellement, jusqu’à ce que la conductrice le remarque… Je suis consterné ! Finalement, le flm Idiocracy, ce n’est pas de la science-fiction, c’est une satire du monde actuel…     

 

Vendredi 10 février

 

10h : Jour de marché. Je fais la queue devant le stand du charcutier : le commerçant tombe sur un os qui n’était pas dans ses steaks puisqu’il s’agit d’un client qui lui reproche de manipuler la marchandise avec ses doigts et refuse finalement d’acheter la bidoche qui avait été tranchée à sa demande ! Indigné par cette attitude, je lui fais remarquer que ce n’est pas lui qui va apprendre son métier au charcutier : il fait mine de ne pas me comprendre… Il n’y a pas pire sourd que celui que ne veut pas entendre ! Décidément, cette semaine aura été placée sous le signe de la bêtise et de l’agressivité ! Heureusement qu’il y a au moins eu le patron du Café de la page, la fabricante de bijoux et mon invitée de mardi pour sauver l’honneur de l’humanité ! Quand je disais qu’il ne suffit pas, pour changer le monde, de changer ceux qui le gouvernent…

 

En guise de post-scriptum, un petit dessins sur l'attitude de certains journalistes (je rappelle que ce n'est qu'une caricature) :

 

02-08-Journalistes.jpg

 

Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


10/02/2023
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