Du 24 février au 4 mars : Mettez la France à l'arrêt, j'ai besoin de repos !
Commençons avec un dessin sur le séisme dont la Syrie et la Turquie ont été les victimes :
Vendredi 24 février
18h30 : Ce soir, Liloo propose un tour de chant au Béaj Kafé : fidèle à mes sales habitudes, je suis arrivé beaucoup trop tôt. Pour patienter, je commets quelques dessins sur le triste anniversaire qui retient l’attention des médias aujourd’hui, celui de l’invasion de l’Ukraine : sincèrement, les enjeux géopolitiques, je n’en ai rien à foutre, je ne pense qu’aux sorts des populations victimes d’une guerre dont elles n’ont pas voulu… Un client remarque mes crobards et émet un avis enthousiaste à leur sujet : mes dessins n’ont jamais recueilli autant d’avis positifs, et pourtant, notre monde part tellement en sucette que je n’arrive pas à être vraiment motivé…
Mes dessins inspirés par ce triste anniversaire :
19h15 : Liloo va bientôt chanter ; je m’installe dans l’arrière-salle, posant, sur la table à laquelle je suis accoudé, à portée de main et bien visibles, mes dessins fraîchement encrés afin qu’ils finissent de sécher. Une jeune femme me désigne du doigt une chaise inoccupée : comprenant qu’elle me demande l’autorisation de la prendre pour son petit groupe d’amies, je lui réponds par l’affirmative. Mais elle ne comprend pas ce que je dis ! Elle se décide à parler : elle ne s’exprime qu’en anglais ! Je ne suis qu’à moitié surpris, j’ai déjà rencontré des nationalités diverses à Brest qui devient de plus en plus attractive et, par voie de conséquence, cosmopolite. Je n’y prête cependant pas plus d’attention, étant impatient d’écouter la chanteuse.
Quelques croquis réalisés pendant le tour de Liloo - qui a eu recours aux services d'un pianiste et d'une choriste :
Et une petite photo :
20h40 : Liloo a déjà fini. Je ne vais pas redire tout le bien que je pense d’elle, mes mots seraient de toute façon en-deçà des éloges que mérite son talent. Je trouve le cadre du Béaj Kafé remarquablement adapté à sa musique « pop-folk » : la lumière tamisée, la décoration basique, les livres… Alors que je m’apprête à remballer mes affaires avant d’adresser à la chanteuse les compliments d’usage pour ensuite regagner mes pénates, la jeune femme qui m’avait demandé une chaise m’interpelle : elle a remarqué qu’il est écrit « Kiev » sur un de mes dessins et me demande des explications, me précisant qu’elle et ses trois amies sont… Ukrainiennes ! Faire une telle rencontre, précisément le jour de l’anniversaire de l’invasion de leur pays, alors que je viens justement de faire des dessins sur le sujet… Pour ne rien arranger, elles déclarent faire un reportage vidéo sur leur exil en Bretagne : elles me filment donc essayant de leur expliquer ma démarche : j’ai ainsi l’occasion de constater que j’ai quelques lacunes en vocabulaire anglais ! Et je ne peux compter sur aucune aide de la part de ces réfugiées qui ne parlent pas un mot de français… Mon discours est d’autant plus laborieux que je suis, pour employer un doux euphémisme, salement secoué par cette rencontre aussi inattendue que chargée émotionnellement… Une fois parti, comme je n’ai toujours pas dîné, je me rue au Biorek brestois pour me remettre.
D'autres dessins sur l'Ukraine :
C'est la première fois que je dessine Zelensky, je ne le représente ici qu'en tant que représentant de son pays. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas de se battre comme un lion pour défendre son peuple... Paul Raynaud, en revanche, représente bien toute l'arrogance qui caractérisait la France en 1940 !
Samedi 25 février
25/02/1956 : sortie du cartoon Broom-Stick bunny de Chuck Jones, dans lequel la sorcière Hazel se transforme en rouquine fatale.
14h30 : Je me suis inscrit à une visite guidée du quartier de Pontaniou. Comme le lieu du rendez-vous, le Jardin du Deuxième Dépôt, m’était jusqu’alors inconnu, je suis une nouvelle fois en avance au-delà du raisonnable ; en attendant, je m’assieds sur un banc du parc et je fais un croquis d’une scène insolite : une tente et un fauteuil installés sous un arbre ! À croire qu’un SDF a reconstitué ici un semblant de salon pour rendre plus agréable (ou plutôt moins pénible) son nomadisme. J’ai failli m’approcher pour voir s’il y avait quelqu’un ! Je n’ai pas eu le courage de prendre le risque d’affronter un ivrogne réveillé en sursaut, ou pire, de découvrir un cadavre…
La tente et le fauteuil mystérieux :
Deux photos prises au cours de la visite de Pontaniou :
16h15 : La visite est déjà finie, j’ai recueilli de quoi écrire trois chroniques historiques pour Côté Brest. Nous remontons l’escalier qui relie la rue Saint-Malo au plateau des Capucins : je ne peux m’empêcher d’interpeller la guide pour lui signaler le Chemin positif, cette installation dont Elena Tikhomirova nous a fait cadeau avant de quitter Brest pour le Midi. Sa signature est encore visible et la couleur vermillon des poutres n’est pas tellement entamée malgré le manque d’entretien et l’exposition dans un lieu ouvert et humide : je ne sais plus quels matériaux Elena avait employés, mais elle ne s’est pas fait rouler sur la marchandise… Bravo, petite douchka, tu redores à toi seule le blason de ta Russie natale auprès des Français !
Un dessin sur l'affaire Palmade :
16h30 : Le plus simple pour rentrer est de couper par les Ateliers des Capucins et de prendre le téléphérique afin de reprendre le bus sur la rive gauche. J’en profite pour jeter un œil sur le fameux Ciné Capucins dont l’ouverture était attendue depuis des années et qui avait motivé l’écriture de ma chronique sur les premiers cinémas brestois. Je ne suis pas entré dans la salle de projection, je ne pense pas que je pourrais me le permettre sans ticket : le hall d’accueil lui-même n’a rien d’exceptionnel, on pourrait se croire dans n’importe quelle autre ville, tout est formaté, aseptisé, le but est clairement de vendre du pop-corn plutôt que de donner envie de regarder un film... S’il y en a qui aiment, tant mieux pour eux ! Pour ma part, je rentre, je suis déjà épuisé.
Un dessin sur la sécheresse :
Lundi 27 février
11h30 : Ayant des tickets de car à acheter pour demain et n’aimant pas me déplacer uniquement pour une opération de cette modestie, j’ai décidé de tester le travail dans la nef de la PAM : l’idée s’avère exécrable en ce qui me concerne, il y a beaucoup trop de bruit et de mouvement, il m’est impossible de me concentrer. Il est vrai que j’ai mal choisi mon heure, je suis venu au moment où tout le monde vient déjeuner, et j’ai encore moins bien choisi mon emplacement, j’ai derrière moi une porte qui m’envoie régulièrement un courant d’air froid dans le dos… Je ne reproche rien aux responsables de la PAM : c’est moi qui ai le chic pour être au mauvais endroit au mauvais moment !
Un autre dessin sur la sécheresse :
16h : J’apprends la mort de François Hadji-Lazaro. J’ai du mal à l’admettre : le concept même de mort est-il compatible avec le personnage plein de vie, plein de force, plein de faconde qui m’a plus d’une fois enchanté ? Il y a vraiment des gens pour qui crever devrait être interdit ! Encore un peu de créativité et de liberté qui s’en va, il ne nous restera bientôt plus que les ringards de la variétoche française… C’est à pleurer !
C'est la première fois que je dessine Gérard Lenormand. J'avoue avoir un peu de mal à dessiner Michel Sardou, je n'arrive pas à rendre sensible toute la répulsion que m'inspire le personnage. En revanche, Polnareff, c'est presque trop facile !
Mardi 28 février
9h30 : Me voici en route pour Le Faou pour une interview radiophonique. J’ai très mal dormi. La cause ? Ayant cruellement besoin d’un peu de folie et de sauvagerie, je relis mes albums de Reiser, ce qui m’excite et m’inspire énormément, au détriment de mes besoins en sommeil… Reiser est mort depuis quarante ans et il n’y a pas beaucoup de vivants qui me font cet effet !
Un dessin où l'influence de Reiser est sensible - et oui, la sécheresse m'inquiète VRAIMENT :
10h20 : Je ne suis attendu qu’en fin de matinée, j’ai le temps de rendre visite à mon ancien prof de philo de khâgne qui habite au bord de la rivière. Curieusement, nous parlons fort peu de philosophie, il m’interroge d’entrée de jeu sur ma carrière de dessinateur : c’est à croire que personne ne me voit faire autre chose…
Un autre dessin sur la sécheresse :
12h : Je passe sur l’antenne de Radio Évasion, comme prévu : j’avais été sollicité pour parler de la présence américaine à Brest pendant la première guerre mondiale, à la suite de ma participation au colloque qui s’est tenu à Rennes en janvier dernier. J’ai emmené le texte de ma communication : seulement voilà, faire une causerie où tout est balisé de A à Z est une chose, répondre du tac au tac à des questions que je ne pouvais pas anticiper en est une autre ! La journaliste m’interroge sur des aspects pratiques très précis auxquels je n’avais pas pensé, comme la nature des véhicules employés par les soldats et le nombre d’hommes que le camp de Pontanézen pouvait accueillir… Déstabilisé par ces questions inattendues, j’improvise comme je peux, le manque de sommeil ne m’aide évidemment pas, je bafouille, je bégaie… Bref, j’en ressors peu satisfait, avec la conviction de n’avoir été à la hauteur ni sur le fond ni dans la forme : la journaliste a beau être bienveillante, elle ne peut pas faire comme si mes problèmes de diction ne posaient aucun problème… Elle m’invite néanmoins à revenir pour traiter d’autres points d’histoire brestoise : cette perspective ne me déplait pas, j’avoue que j’aime bien venir au Faou.
Puiqu'on parle de l'Amérique :
12h40 : J’aurais dû profiter de mon passage au Faou pour déjeuner avec une amie qui habite à Hanvec, mais celle-ci est malade : ne pouvant pas reprendre le car avant quinze heures, je déjeune quand même sur place, seul, au restaurant « Vintage ». J’y feuillette un journal et j’apprends que le projet de centre d’accueil pour réfugiés à Callac a été abandonné suite aux menaces de l’extrême-droite… L’islamisme n’a pas le monopole du terrorisme ! Ce monde est de plus ne plus imbuvable ! Je ne préfère pas en dire davantage : à notre époque où on érige en dogme la conviction suivant laquelle la xénophobie serait l’apanage des classes populaires, on va encore m’accuse de mépris de classe…
Encore la sécheresse :
13h30 : Encore une heure et demie avant le passage du car… Comme il fait assez froid, je me réfugié au bar-tabac où je lis les premières pages du bouquin offert par mon ancien professeur : j’avoue que j’ignorais tout du passé de l’Ukraine, je ne savais pas qu’elle n’existait en tant que nation indépendante que depuis peu de temps à l’échelle de l’histoire. Alors, est-ce que les Russes sont dans leur droit en s’y croyant chez eux ? La question me semble de peu d’intérêt au vu de ce que ça change pour celles et ceux qui ont perdu leur maison ou un proche dans cette saloperie de guerre ! En attendant, assis au milieu des turfistes et attablé devant une tasse de thé pisseux, je me sens malade du cœur comme du corps et j’ai hâte de pouvoir rentrer…
Toujours la sécheresse :
Mercredi 1er mars
15h30 : En prévision des portes ouvertes de la faculté, où l’association Segalen de Brest devrait avoir un stand, je passe à la bibliothèque du CRBC pour chercher un ou deux textes à lire à cette occasion. La chance me sourit : je retrouve, dans de vieux numéros des Cahiers de l’Iroise, son hommage à Saint-Pol-Roux ainsi que le récit A Dreuz an Arvor dans lequel il raconte une randonnée à vélo qu’il a faite en Bretagne quand il avait 21 ans. Je ne sais pas si j’aurai le temps de lire les deux au public, mais au moins, je suis paré à toute éventualité. Comme la collection des Cahiers de l’Iroise est exclue du prêt et qu’il y a longtemps que je n’ai plus la possibilité de faire des photocopies à la fac (de toute façon, je n’ai jamais rien compris au système qui était en place à la fin de mon doctorat), je prends des photos des pages qui m’intéressent : j’essaie de faire ça discrètement, je ne suis pas sûr que les bibliothécaires et les usagers m’approuvent…
17h30 : Une fois encore, je suis en avance pour le cours du soir : pour passer le temps, je fais un croquis d’un jeune homme assis sur les marches de l’escalier et qui tient son livre d’une curieuse façon. Ça ne rate pas : il me remarque. Je ne comprendrai jamais comment faisait Cabu pour passer inaperçu… Heureusement, ce jeune étudiant en art prend fort bien la chose et me demande même de lui montrer le résultat quand j’aurai terminé ! Je me sens obligé de lui expliquer que ça ne se passe pas toujours aussi bien, qu’il est même arrivé qu’un couple me menace de me faire bouffer mon carnet si je continuais : il n’en revient pas ! Moi aussi, trois ans après, je persiste à trouver cette anecdote abracadabrante…
Le jeune homme en question :
Un dessin réalisé dans le cadre du cours du soir : intitulé Schönheit macht frei, il représente une machine censée transformer n'importe quel homme en play-boy.
Un autre dessin réalisé dans le même cadre : une applique de ma chambre.
20h30 : Au Café de la plage pour la scène ouverte du premier mercredi du mois. En tant que caricaturiste, je gagne assez bien ma soirée, mais je trouve l’ambiance mitigée : ni Carlos, ni Sterenn ni Morgane ne sont au rendez-vous et le groupe « Les nymphes », qui met un temps fou à s’installer, me laisse finalement assez froid… Je demande à l’un des deux patrons quand je pourrai venir décrocher mon exposition : il n’est pas en mesure de me répondre, je me dis que j’en serai quitte pour attendre que lui et son collègue me fassent signe…
Les Nymphes au Café de la plage :
Jeudi 2 mars
19h30 : Une mauvaise surprise m’attend à La Raskette où je viens pour participer à la scène ouverte du premier jeudi du mois : comme l’intérieur subit des transformations, la carte n’est plus affichée et on ne peut la consulter qu’en flashant un QR code ! Je fais remarquer à la serveuse que c’est discriminatoire pour ceux qui, comme moi, n’ont pas de smartphone, ce à quoi elle me répond : « Je ne savais pas que ça existait encore ! » Une gifle ! Une gifle dans laquelle je sens tous le mépris que les gens « modernes » vouent à celles et ceux qui refusent les attrape-couillon de la société de consommation ! Je ne sais plus comment j’ai réagi, mais je souviens avoir perdu tout sens de l’amabilité pendant au moins deux secondes…
20h : La scène ouverte commence avec une seconde mauvaise surprise : le pianiste prétentieux qui m’avait tant exaspéré au cours de ses précédents passages est de retour, avec toute une troupe d’élèves de sa partenaire professeur de chant… En soi, je ne m’en plaindrais pas, car tous ces élèves sont très doués, mais la façon dont il les introduit, avec un ton d’animateur télé égocentré, me gâche le plaisir de les écouter ! Dommage…
La jeune fille à droite se prénomme Zoé ; elle a une voix d'or et elle est belle comme un ange, ça méritait bien une photo :
21h30 : Il y a beaucoup de passage sur la scène, dans des styles assez divers : après les élèves du pianiste à l’ego surdimensionné, nous avons eu droit à une chorale, à une chanson de Rihanna magnifiquement interprétée par la non moins magnifique Zoé, à un duo d’instrumentistes (violon et flûte traversière) qui ont mis une ambiance du tonnerre… Pour ma part, après un premier passage peu convaincant (je n’étais pas assez chaud), je reviens sur scène, désormais accompagné par une joueuse d’ukulélé aussi timide que talentueuse. La mayonnaise prend bien et j’encourage cette jeune femme, qui semble apprécier mes textes, à rejoindre le Collectif Synergie : c’est peut-être le début d’une collaboration fructueuse ?
La jeune joueuse de ukulélé est à gauche ci-dessous :
Vous voulez la voir en photo ? Voilà :
22h : Alors que je programme déjà mon retour à Lambé, j’ai des retours sur ma prestation. Évidemment, on me tient toujours le même discours : mes textes sont excellents mais je parle trop vite. L’une des femmes qui me fait cette sempiternelle remarquable se présente comme une « professionnelle », je lui explique donc que j’ai été un enfant qui n’a pas eu le droit à la parole et que, de ce fait, j’ai tendance à parler rapidement pour éviter qu’on me coupe la parole ! Elle me dit que je dois avoir en tête qu’à partir du moment où je suis sur scène, j’ai la parole et personne ne me la prendra : ma répartie m’a laissé en plan, j’aurais dû lui préciser que dans un environnement comme celui de ce restaurant, où ma sensibilité est sur-sollicitée et où une bonne partie du public papote sans prêter attention à ce qui se passe sur scène, je peux être déconcentré à tout moment et que, donc, parler rapidement est le seul moyen pour moi de ne pas perdre le fil… Mine de rien, ça pourrait nous entraîner très loin, cette discussion !
23h30 : J’arrive au pied de mon immeuble : une fois encore, la porte principale est grande ouverte ! Je m’apprête à rentrer, mais une petite touffe de poil s’agite au pied de l’huis et me fait sursauter ; je pénètre dans le hall avec précaution, et j’identifie l’être qui m’avait surpris : c’est un rat ! Et voilà ! Depuis le temps que les voisins s’obstinent à laisser ouvertes les portes des parties communes, il fallait bien que ça arrive un jour ! J’aurai de quoi répondre au prochain crétin qui me demandera pourquoi je tiens à ce qu’on ferme les portes ! En attendant, le rat et moi-même nous faisons face, à distance respectable l’un de l’autre : de toute évidence, le rongeur, qui s’est réfugié sur la selle d’une bicyclette entreposée dans le hall, a peur de moi ; mais j’hésite moi-même à aller au-devant de ce rongeur que l’on dit intelligent et, parfois, agressif – il parait que les morsures sont très dangereuses. Comme je n’ose pas appeler à l’aide et que je ne me vois pas tenir une guerre de positions jusqu’à l’aube contre un adversaire aussi minable, je fais le premier pas : il s’enfuit sans demander son reste ! Ouf ! Je ferme aussitôt la porte pour éviter qu’il ne revienne… Comme quoi, il n’y a pas qu’à Paris que ces rongeurs sont envahissants ! Et les chats sont comme les policiers : quand il s’agit de réclamer leur gamelle, ils sont toujours là, mais dès qu’on a besoin d’eux…
Vendredi 3 mars
Une installation "artistique" sur la Place de la Liberté... J'avoue que je comprends le scepticisme qu'expriment certaines personnes !
14h30 : Répondant à l’invitation d’une amie andalouse que je n’avais pas vue depuis longtemps, je suis à la fac pour assister à une conférence-spectacle consacrée au flamenco. Rassurez-vous, je ne vais pas vous resservir tous les clichés pour touristes sur le sujet, mais c’est vrai que c’est une musique qui vous prend aux tripes ! Et quand des élèves de licence lisent des coplas, je me dis que déclamer à une femme qu’on préfère mourir de la voir que vivre sans elle, c’est quand même plus élégant que lui envoyer une photo de sa bite…
Nous avons eu la chance, ce jour-là, de compter sur un grand guitariste de flamenco installé dans le pays de Brest ; ce monsieur méritait bien une photo :
17h : Réunion du comité d’organisation de la journée d’étude sur Cavanna que j’ai décidé d’organiser : une étape essentielle a été franchie, nous avons décidé que cette manifestation aurait lieu le jeudi 8 février 2024 ! Soit une semaine après le dixième anniversaire de sa mort… Nous aurions pu plus mal choisir ! Retenez la date, ce sera un grand moment quoi qu’il arrive…
Un dessin qui n'aurait pas déplu à Cavanna - au moins sur le fond :
18h : Vernissage d’une exposition de trois artistes à La Vagabunda : je retiens surtout les photos faites avec un sténopé à plusieurs trous ! L’intérêt, c’est qu’on a un même sujet sous plusieurs angles différents sur la même image, ce qui fait droit à la variété des regards que l’on peut poser sur un même objet, qui peut enfin devenir simultanée ! Exposer de tels clichés dans ce lieu où l’on vend des disques vinyle est pertinent : dans les deux cas, c’est une technique « ancienne » qui revient au goût du jour, en grande partie parce que celle qui devait censément la condamner finit par lasser. À notre époque où la musique et la photo sont omniprésentes, revenir à des techniques qui ne les rendent accessibles qu’au prix de quelques efforts permet de rendre leur dignité à ces arts banalisés. De toute façon, ces techniques « modernes » qui nécessitent des dépenses énergétiques inconsidérées n’en ont plus pour longtemps : je suis prêt à vous parier qu’il ne faudra pas longtemps pour assister à la revanche des « ringards » de mon genre qui se seront obstinés à écrire des lettres à la main sur papier alors que tout le monde a son smartphone ! Nous serons les seuls à savoir encore écrire alors que la majorité ne saura plus que composer des émoticônes sur un clavier…
Un dessin qui n'a rien à voir (encore que...) mais qui me parait quand même judicieux :
19h30 : J’arrive au Temple du pharaon pour la scène ouverte du premier vendredi du mois : avec le Collectif Synergie, je me sens en famille. Des artistes que nous n’avions plus vus depuis longtemps nous reviennent, ce qui n’en rend l’ambiance que plus chaleureuse et enjouée ! Malgré ça, je ne m’attarde pas après la fin, étant épuisé par cette semaine riche en émotions qui s’achève : demain, je dois ressortir pour participer aux portes ouvertes de la fac, j’espère bien que je n’aurai pas d’imprévus…
Samedi 4 mars
11h30 : J’avais vu juste concernant le Café de la plage : ils m’ont envoyé un message me priant de venir décrocher mon exposition pour laisser place à un autre artiste. Sauf qu’ils me demandent de le faire… Aujourd’hui ! Je ne comprendrai jamais cette propension des gens « normaux » à n’avertir qu’au dernier moment… Bon, je prends sur moi, je ne vais pas me fâcher avec des gens qui ne me veulent que du bien, je leur explique donc que je suis retenu jusqu’à 16h et que je viendrai aussitôt après ; ça fait quand même un premier imprévu pour une journée où j’espérais n’en avoir aucun…
Toujours sur la sécheresse (là, c'est plutôt influencé par Wolinski) :
15h30 : Alors que je tiens le stand de l’association depuis déjà une demi-heure, je me rends à l’amphithéâtre pour lire l’hommage de Victor Segalen à Saint-Pol-Roux : je me dis qu’en fin de compte, programmer pour chaque membre disponible une lecture sur l’heure où il est censé tenir le stand, ce n’est pas très logique… Plus grave, je me demande si nous avons bien fait comprendre notre démarche aux responsables : quand j’arrive dans l’amphi, personne n’a l’air d’être au courant de ce que je viens y faire ! Ce genre de situation me met toujours très mal à l’aise : à côté de ça, le fait qu’il n’y ait que trois pelés et un tondu dans la salle n’a que peu de d’importance…
A gauche : Danièle Déniel, secrétaire adjointe de l'association. A droite : Pauline Jardy, la jeune (et jolie) étudiante qui a tenu le stand toute la journée et qui, pour cette raison, a droit à notre respect.
16h15 : J’ai quitté à regret la charmante Pauline, avec qui j’ai tenu le stand et déniché un oiseau rare qui nous sera sûrement d’un grand secours pour les activités futures de l’association. Je prends le tram pour aller décrocher mon expo : non seulement la rame est pleine à bloc mais, de surcroît, les contrôleurs sont déjà là, plantés dans l’entrée tels des vautours attendant leur proie ! C’est toujours désagréable mais ce n’est pas forcément inquiétant pour moi qui suis en règle : en toute confiance, je fais donc passer ma carte devant l’appareil… Et celui-ci ne la reconnaît pas ! Sous les yeux de ces hyènes qui doivent déjà jubiler à l’idée de coller une amende à un type à cheveux longs ! Légèrement paniqué (mettez-vous à ma place !), je refais passer frénétiquement la carte devant cette satanée machine, mais celle-ci reste désespérément inerte : ils finissent par me prendre de force la carte et la font passer devant leur appareil portable… Qui, lui, la reconnait ! Je suis donc en règle et reconnu comme tel, mais je suis fou de rage et je donne un coup de poing dans la machine qui m’a fait passer pour un fraudeur ! Les contrôleurs me regardent d’un drôle d’air, mais je me moque de passer pour un je-ne-sais-quoi auprès de ces rapaces ! Pour un ancien premier de la classe tel que moi, aux yeux duquel une heure de colle était l’antichambre de la prison, ce genre d’épisode est très dur à vivre, et je me sens coupable de suffisamment ce choses sans qu’une machine ne s’arroge le droit de me rajouter des culpabilités imaginaires…
Sans rapport, un autre dessin sur la sécheresse :
16h30 : J’arrive au Café de la plage, serein, les patrons m’ayant assuré qu’ils seraient ouverts en continu. Mais je trouve porte close… C’est le coup de grâce ! Je vais chercher un peu de réconfort auprès de mon ami Jean-Yves : j’en profite pour vider mon sac, surtout à propos des contrôleurs du tram ; après tout, de tous ceux qui m’auront posé des problèmes aujourd’hui, ce sont les seuls dont la bonne foi ne m’est pas garantie…
Encore un autre :
17h30 : Je peux enfin décrocher l’exposition. Ce café accueille des événements divers, il y a même eu un concert punk pendant que mes œuvres étaient accrochées : malgré ça, celles-ci n’ont pas subi le plus léger dommage ! Je dois en conclure que les punks, malgré leur nihilisme revendiqué, sont tout de même plus respectueux de l’art que les écologistes qui souillent les peintures dans les musées…
Pour terminer, deux dessins qui me semblent représentatifs de l'air du temps :
Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !