Du 19 au 25 janvier : Joue pas avec mes nerfs !

 

Commençons par ce qui a fait la une de la presse cette semaine :

 

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Vendredi 19 janvier

 

16h : Je reçois la visite d’une enseignante dont j’ai été l’élève en quatrième : en dépit du fait que ce fut la pire année de ma vie, je tiens à garder le contact avec cette dame contre laquelle je n’ai jamais eu de grief particulier, bien au contraire. Je suis néanmoins très surpris de l’entendre me dire qu’elle ne garde pas de moi le souvenir d’un élève désagréable ! Il faut dire que je n’entendais parler de moi que pour dire que j’étais la source de tous les problèmes de la classe, discours tenu par la quasi-totalité de mes « camarades » et corroboré par certains collègues de cette dame qui auraient probablement demandé mon exclusion si j’avais été diagnostiqué à l’époque ! Beaucoup témoins de l’époque me contredisent quand je soutiens cette idée : ils ont oublié que la connaissance de l’autisme n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui ! Il y a vingt ans, exclure de l’école un enfant autiste dont la présence « posait problème » ne choquait personne. Aujourd’hui, il est vrai, ça ferait scandale ! Enfin… Je suppose ?

 

19h : À la piscine, la monitrice habituelle est absente et remplacée par un de ses collègues : ça suffit déjà à me mettre mal à l’aise. Ce sympathique jeune homme n’arrange rien quand il nous donne la consigne de faire une longueur en s’accrochant au mur de la piscine : pour moi qui ai déjà pris l’habitude de nager avec mes palmes pour toute assistance, ce mot d’ordre censé faciliter l’apprentissage ne fait que me rendre la chose plus complexe ! J’ai l’impression de vivre cette BD où Hugot imagine un monde où on recommence ses études à zéro après les avoir terminées, de sorte que des adultes bardés de diplômes doivent retourner à l’école primaire… Et se révèlent incapables de trouver la solution d’une addition très simple, le souvenir de leurs leçons d’enfance étant enfoui sous celui, plus frais, des formules autrement plus élaborées qu’ils ont apprises récemment ! Hugot n’est certes pas mon auteur préféré de Fluide Glacial, mais il a des trouvailles brillantes qui, sous des airs absurdes et poétiques, en disent en fait beaucoup sur la société…

Un autre taillage de costard à Sophie Davant, assorti d'un hommage au grand Gustave Courbet :

 

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Samedi 20 janvier

 

11h30 : Dans le fourgon d’un ami qui a bien voulu m’aider à ramener de Guilers des affaires assez lourdes que j’avais laissées chez mes parents, nous en arrivons à échanger à propos de la photo où je prends la même pose que sur l’affiche du Journal de Bridget Jones, ce qui nous amène à parler de Renée Zellweger que je trouve charmante mais qui, me dit mon camarade, n’est pas forcément très séduisante dans le film… Mine de rien, ce dialogue me fait réaliser une chose : on a réussi à convaincre les moins superficiels d’entre nous que l’équation « beau = gentil et laid = méchant » n’est pas pertinente, mais il y a encore du boulot pour venir à bout de l’équation « extrêmement beau = toujours digne et moyennement beau = potentiellement ridicule ». Bien sûr, il y a des exceptions, comme chez les Frères Coen qui ont fait jouer un rôle d’imbécile heureux à George Clooney mais, globalement, un héros ou une héroïne inspirant le respect est toujours beau comme un dieu (ou une déesse) tandis qu’un personnage ridicule sera, au mieux, vaguement joli. Il faudrait sortir de ça ! Franchement, ça ne me déplairait pas de voir Angelina Jolie se prendre les pieds dans le tapis, ne serait-ce que parce que je n’ai jamais pu saquer cette m’as-tu-vu !

 

15h : Je débarque chez Pod pour lui livrer son exemplaire de mon dernier album ; mais ce coquin ne m’avait pas prévenu que c’était aujourd’hui l’inauguration d’une nouvelle exposition à la galerie ! Résultat, moi qui venais simplement apporter un livre, je me retrouve à étouffer dans un groupe de gens inconnus et bavards… L’expo présente des photos un peu spéciales : des femmes se sont fait peindre sur tout le corps puis se sont fait photographier avec leur peinture pour tout vêtement ! Je remarque qu’elles ont à peu près toutes le pubis rasé : moi qui croyait que les Goristes exagéraient quand ils chantaient l’extinction programmée des morpions ! La photographe me remarque : elle ne me connaît pas mais dit qu’elle peut me renseigner ; je lui donne ma carte de visite : elle me présente à son mari qui, ça ne rate pas, me demande mon avis. Il y a des jours où je me demande si je ne devrai pas taire mon doctorat en philosophie quand je me présente… J’improvise donc un baratin sur les peintures qui révèlent une part de la personnalité tout en révélant une, et tout le tralala que je peux sortir pour avoir l’air intelligent, moi qui aimerais tant pouvoir me contenter de dire d’une photo qu’elle est belle… Bon, j’arrive quand même à livrer Pod, c’est le principal !

 

17h : Conférence à la MPT de Saint-Pierre, consacrée aux chansons sur Brest depuis l’avant-guerre jusqu’à nos jours. J’avoue que je n’étais pas certain que j’y trouverais matière pour ma chronique histoire : finalement, j’y découvre pas mal de chose à raconter puisque je n’avais pas réalisé, jusqu’alors, que des chansons telles que « Le crime de la rue Suffren » ou « La complainte de Jean Quéméneur » étaient autant d’expression du mépris que la rive gauche avait pour la rive droite, perçue comme un quartier d’ouvriers analphabètes, alcooliques et cocus ! Après la guerre, on n’a plus chanté Brest que pour exprimer le traumatisme des bombardements : le renouveau n’est venu que dans les années 1990 avec les Goritstes (comment ça, « encore eux » ?) et « La Penfeld aux Brestois » où, enfin, Brest se projetait dans l’avenir. La conférence a drainé beaucoup de monde et l’orateur invite le public à chanter en chœur quand il nous fait écouter les chansons qu’il cite en exemples : à ce moment-là, je mets mon casque anti-bruit et je gribouille un dessin illustrant la chanson concernée. Je reviens ainsi avec un dessin pour chaque chanson, sauf pour « Brest » de Miossec car la version qu’il nous bombarde sans sommation est celle de Nolwenn Leroy qui ne m’a rien inspiré d’autre, si ce n’est l’envie de représenter cette greluche made in TF1 dans la même situation qu’Assurancetourix à chaque banquet, ce qui m’aurait éloigné du sujet.

 

Voici les dessins en question. Si vous ne connaissez pas les chansons, cliquez sur ce lien pour les écouter.

 

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19h30 : Dans notre série « Quand c’est bien, il faut le dire », je dois admettre que, pour une fois, les correspondances se goupillent bien sur mon trajet entre Saint-Pierre et Lambé : bon, d’accord, j’ai dû courir deux fois, mais j’aime mieux ça que devoir attendre une demi-heure dans la fraîcheur nocturne ! Au final, je ne mets pas plus d’une heure pour traverser toute la ville : ce serait un retour parfait s’il n’y avait pas, une fois de plus, un crétin qui impose sa musique aux autres voyageurs ! Bibus semble avoir déposé les armes face à cette attitude incivique devenue trop fréquente… La connerie nous a toujours à l’usure !  

 

Dimanche 21 janvier

 

10h : Passage à la boulangerie pour acheter du pain et une galette des rois en prévision du passage d’un couple d’amis et de leur petite fille. Je surprends ainsi une discussion sur les jeunes qui, dit-on, ne voudraient plus travailler, auxquels on ne peut plus demander de faire d’effort… J’ai l’impression qu’on entendait déjà cette rengaine à l’époque où mes parents étaient encore adolescents ! Je préfère ne pas intervenir.

 

16h : Mes amis sont là avec leur fillette, qui a elle aussi des traits autistiques : je lui acheté à son attention deux livres des Monsieur-Madame, à savoir Monsieur Silence, pour des raisons évidentes, mais aussi Les Monsieur-Madame au festival, où Madame Risette joue pour Madame Timide le rôle de « l’ami-paravent » qui est souvent capital pour aider une personne autiste à aller là où elle n’oserait aller… Sincèrement, plus je connais les Monsieur-Madame, plus je me demande pourquoi on a fait des livres « pour adultes » avec eux, alors que leurs histoires destinées aux enfants sont déjà parlantes à tout âge ! Quoi qu’il en soit, le père de cette demoiselle, qui est en reprise d’étude, m’en apprend une belle : il a réussi à avoir une mauvaise note pour un devoir… Qu’il avait fait faire par une intelligence artificielle ! Alors qu’il avait eu de meilleures notes pour des travaux qu’il avait exécutés lui-même ! Dans un sens, c’est rassurant : la machine ne supplantera l’homme que le jour où elle sera vraiment infaillible et ça, ce n’est pas demain la veille !

 

21h : Avant de me coucher, j’ai vent de la polémique concernant Sylvain Tesson… Je n’ai jamais rien lu de ce type, je ne peux donc pas me prononcer pour savoir si ce choix est pertinent. La seule chose dont je suis sûr, c’est que les écrivains qui se sont empressés de crier haro dans Libération ont fait exactement ce que l’extrême-droite attendait d’eux, à savoir fournir un prétexte en béton armé pour présenter les ennemis du fascisme comme des bourgeois méprisants ! Le pire, c’est que moi-même, je préfère encore cette caricature à celle en punks à chien qui circule également… Il fut un temps où être antifasciste n’était pas si difficile, tout de même.

 

Quelques portraits de proches, réalisés pour le plaisir :

 
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Ce dessin représentant une jeune chanteuse de mes amies m'a servi de visuel pour une vidéo mettant en valeur son immense talent :

 

Lundi 22 janvier

 

10h30 : Entrevue avec mon prof d’EPS de terminale, lui aussi commanditaire de mon album. Nous parlons de choses et d’autres et notamment de son épouse prof (comment ça, ça ne vous surprend pas ?) de littérature (comment ça, ça vous étonne ?) : monsieur est à la retraite depuis déjà un an et demi, madame le sera dans quelques mois et d’ici là… On lui demande toujours de faire des remplacements dans d’autres établissements, même si c’est à l’autre bout de la France ! Pardon, on ne lui demande pas : on lui ordonne… Voilà comment on remercie les enseignants en fin de carrière : en les traitant aussi mal que des profs débutants ! Et on s’étonne qu’il y ait carence de vocations… 

 

17h30 : Passage chez un ami qui me dépanne en me cédant un chargeur de téléphone portable. Un service en valant un autre, il me demande de l’aider à le débarrasser d’une enceinte sans fil : hors de question de garder pour moi cette invention du diable ! Je garde en travers de la gorge toutes les fois où j’avais voulu chercher le calme au bois et où il s’est trouvé au moins un cas social pour me casser les oreilles (sans parler d’autre chose) en me crachant sa musique de merde au moyen de cet engin de malheur ! J’emporte donc l’appareil, bien décidé à trouver quelqu’un qui en voudrait bien : après tout, je le donne gratuitement ! N’empêche que je me sens un peu humilié d’avoir ça dans la main : qu’est-ce qu’il ne faut pas faire par amitié ! 

 

 Mardi 23 janvier

 

11h30 : Repérages à l’auberge de jeunesse où je dois exposer mes travaux en mars prochain ; comme l’espace a une capacité largement supérieure à ce que je peux présenter, je le partagerai avec mon amie peintre Soraya. La grosse différence entre mon travail et le sien, c’est que j’envisage le dessin comme une écriture et que mes productions n’ont donc pas besoin, pour être mises en valeur, d’un éclairage ou d’un encadrement particulier, contrairement aux toiles de Soraya qui nécessitent, en vue de leur installation, une réflexion sans doute légitime mais qui, pour un observateur extérieur, pourrait passer pour du chipotage ! Moi-même, j’avoue que devant les tergiversations de mon amie, je ne suis pas loin de ressentir le même effarement qui me venait jadis quand j’allais dans les magasins de vêtements en traînant la patte, contraint et forcé par ma mère et faisant tout pour écourter cette corvée, tandis que ma sœur passait des heures à comparer les fringues entre elles…

 

12h30 : N’ayant pas beaucoup de temps devant moi et le Biorek étant fermé, je m’arrête à la Brioche dorée : il y a une file d’attente conséquente, ce qui suffit déjà à me mettre mal à l’aise, mais je pourrais encore m’en accommoder si la serveuse, ayant pris ma commande, ne me proposait pas de me garder mon toasté au chaud jusqu’à ce que je passe à la caisse en ajoutant la maudite formule : « c’est comme vous voulez » ! Cette petite phrase a le don de me déstabiliser ! Mais faites comme il est d’usage et arrêter de me demander mon avis d’ignorant, bon sang de bois !

 

13h15 : J’ai reçu un coup de fil, mais dans le brouhaha de la ville, il m’a été impossible d’entendre quoi que ce soit au message laissé par mon correspondant. Je le rappelle donc dans le seul endroit où je peux espérer trouver du silence hormis mon propre logement : les toilettes du cabinet de mon médecin ! Je ne sais pas qui a eu cette idée folle, un jour, d’inventer le téléphone portable puis de le généraliser, mais une chose est sûre : ce type-là ne devait pas fréquenter de personnes souffrant d’hyperacousie…

 

Ce dessin rend hommage à Cavanna qui nous a quitté il y a dix ans : il m'a servi de visuel pour un événement dont je vous reparlerai bientôt...

 

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Mercredi 24 janvier

 

9h30 : Voir les Allemands se mobiliser contre l’extrême-droite, ça devrait me rassurer. Mais si même cette nation, qui n’a pourtant aucune excuse pour ignorer à quelles horreurs mènent les idées nationalistes, a cependant besoin de lutter contre la peste brune, ça ne me dit rien qui vaille… Je suis à bout de nerfs et ce n’est pas le climat ambiant qui va m’aider !

 

14h30 : Je relève mes messages ; j’ai un rendez-vous qui risque de sauter parce que ma commanditaire craint de ne pas pouvoir prendre la route pour Brest à cause des barrages des agriculteurs… Chaque fois que j’ai vent d’un renoncement motivé par ce qui a été annoncé dans le poste, que ce soit une épidémie, une grève ou une tempête, je ne peux m’empêcher de repenser à ces gens qui se sont rués dans les magasins pour faire des stocks en prévision… De la guerre du Golfe en 1990 ! S’il y avait dû avoir une catastrophe à chaque fois que les médias nous en ont annoncé une ces trente dernières années, nous serions déjà tous morts à l’heure qu’il est ! Bon, je n’insiste cependant pas auprès de mon acheteuse : le client est roi !

 

Jeudi 25 janvier

 

18h : Conférence de Jacques Le Goualher sur « la Consulaire », ce canon algérien exposé en plein cœur de l’Arsenal de Brest et que l’on peut apercevoir facilement en prenant le téléphérique : mine de rien, on a dit beaucoup de bêtises à son sujet… Moi le premier ! J’envisage donc sérieusement d’écrire une série d’articles pour remettre la vérité sur ses pattes ! En attendant, je me dois de signaler un détail important : certes, le canon est bien surmonté d’une statue de coq posant la patte sur une sphère MAIS celle-ci ne représente pas le globe terrestre comme on le prétend trop souvent : c’est un simple boulet de canon ; en d’autres termes, ce coq métallique consacre le fait que le canon tant redouté a été rendu inoffensif mais il n’exalte pas le colonialisme français – déjà amplement valorisé par les plaques ornant le socle, il faut bien l’admettre. La conférence est excellente, mais très longue : une heure et demie ! Je suis sûr que ce professeur en retraite aurait pu être plus synthétique, même si je ne peux pas lui tenir rigueur d’avoir voulu s’étendre sur un sujet qui a toutes les raisons de le passionner…

 

20h : Du fait de la longueur de la conférence, j’arrive en retard à la scène ouverte organisée au Kafkerin, premier événement de l’année du Collectif Synergie. Je change un peu mes habitudes : je ne me contente pas de déclamer mes propres textes, je propose aussi quelques chansons qu’il serait injuste d’oublier comme « Caca chocolat » du professeur Choron et « J’m’en fous de la France » de Maxime Le Forestier. Mine de rien, la fréquentation est bonne ce soir et nous n’avons pas de mal à trouver des volontaires pour passer sur scène. Je passerais une bonne soirée s’il n’y avait pas ces jeunes garçons lourdement handicapés dont la présence me met mal à l’aise : j’ai peur d’être assimilé à eux… Mais j’ai honte de l’avouer !

Quelques croquis réalisés lors de cette soirée très réussie :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


28/01/2024
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Du 12 au 18 janvier : Je suis déjà fatigué !

Vendredi 12 janvier

 

16h : Passage en centre-ville pour remettre quelque chose à ma petite sœur. Il y a beaucoup de monde en ville, je suis un peu surpris, mais l’explication vient rapidement : ce sont les soldes ! Je repense à l’époque où ma mère me traînait dans les magasins pour m’acheter des fringues et je me dis que les nostalgiques de l’enfance sont vieux et amnésiques…

 

16h30 : Je ne peux m’attarder chez ma sœur qui a un rendez-vous important. Elle a quand même le temps de m’apprendre qu’elle n’aime pas Jacques Dutronc. Un peu étonné, je lui demande pourquoi : elle me répond que c’est parce qu’il soutient Depardieu ! C’est vrai que c’est difficilement défendable, même si ça ne m’étonne qu’à moitié de la part d’un je-m’en-foutiste professionnel comme Dutronc. Maintenant, s’il faut se priver de tous les artistes qui prennent des positions discutables, il ne va pas nous rester grand’ chose. D’un autre côté, je serais mal placé pour reprocher son attitude à ma sœur car, pour ma part, c’est Françoise Hardy que j’ai tendance à bouder, même si je reconnais depuis peu qu’elle mérite peut-être que l’on garde d’elle un meilleur souvenir que celui d’une vieille peau qui a eu peur de François Hollande !

 

17h30 : En attendant l’heure d’aller à la piscine, je rends une petite visite à mes amis de la boutique de tatouages et de piercings. Le perceur de la maison a une sacrée surprise : il reçoit un coup de fil d’Europe 2, on l’interroge sur son métier et ce bref entretien téléphonique sera probablement diffusé à la radio ! C’est le genre d’événement auquel il n’est pas donné tous les jours d’assister tous les jours, même s’il n’y a pas de quoi se laisser impressionner.

 

Samedi 13 janvier

 

10h20 : Je débarque au Patronage Laïque de Lambézellec pour livrer mon recueil de dessins à un commanditaire. Celui-ci fait partie de l’association Asperansa qui est justement en réunion dans ces murs. À ma grande surprise, ses camarades décident subitement presque tous de m’acheter un recueil à leur tour ! Je décroche cinq commandes d’un seul coup, moi qui ai habituellement tant de mal à placer mes recueils ! Décidément, il n’y a pas de règle absolue pour réussir une vente et les « professionnels » du marketing qui vous prétendront le contraire sont des menteurs – mais ça, je m’en doutais déjà avant.

 

10h40 : Avant de récupérer chez moi les cinq exemplaires que j’ai promis à ces messieurs-dames, je m’arrête dans un bar-tabac pour faire de la monnaie, conscient que je risque d’en avoir besoin pour me faire payer mes livres. Pour éviter de rééditer la mésaventure du tout début d’année, avec la buraliste revêche qui n’avait jamais rencontré de personne avec autisme, je décide d’acheter un Banco. Surprise : je gagne deux euros ! Je décide aussitôt d’en profiter pour récupérer l’euro que ce ticket m’a coûté et en acheter un autre. Re-surprise : je gagne à nouveau deux euros ! Je récupère donc un autre euro et achète un autre ticket. Vous connaissez le proverbe « Jamais deux sans trois » ? Et bien c’est de la connerie : cette fois, je ne gagne rien. Mais je n’en ai cure, vu que je n’ai rien perdu et que je suis même bénéficiaire ! N’empêche que pour moi qui, d’habitude, ne joue jamais, c’est assez incroyable !  

 

11h20 : Retour au PL Lambé : je ne comptais pas perturber la réunion de ces messieurs-dames, mais à peine suis-je entré qu’ils m’invitent à m’asseoir. Et dès que je suis assis avec mes livres en main, ils m’assaillent littéralement ! Je repense à l’excellente Sara Mortensen quand elle joue Astrid tournant de l’œil lorsqu’une meute de journalistes avides de scoop se jette sur elle : je ressens à peu près la même sensation et je me dis que pour des gens censés savoir ce qu’est l’autisme, mes hôtes ne font pas preuve d’une finesse excessive… Je réussis néanmoins à vendre et à dédicacer six exemplaires (j’avais apporté un peu de rab au cas où). Avant de partir, je demande le nom d’un enfant que j’identifie comme une petite fille et qui se trouve dans la salle : on me répond que c’est un garçon et que je peux le lui demander directement… Voilà typiquement le genre de maladresse que je commets au quotidien !

 

15h : Je reçois un photographe qui a accepté de se déplacer chez moi pour composer avec moi une parodie de la fameuse affiche du Journal de Bridget Jones : je n’ai certes pas le sex-appeal de Renée Zellweger, mais c’est justement ce qui rend le pastiche intéressant. J’ai bien entendu pris soin de dégager mon salon afin qu’il ait l’espace nécessaire pour installer son matériel. Mais même avec ça, il a un peu de mal à trouver un point de vue assez élevé pour me photographier en contre-plongée ! Le seul escabeau dont je dispose n’est pas spécialement gigantesque, il pense même un instant à s’installer carrément sur le rebord de la fenêtre ! Heureusement, il finit par trouver le bon angle et n’a donc pas besoin d’en arriver à cette extrémité dangereuse. C’est à ce moment-là que ça devient compliqué pour moi : la pose n’est pas confortable, il faut avoir à la fois les jambes croisées, le buste penché vers l’avant et la tête dressée vers le plafond, le tout en maintenant l’expression étrange de la charmante Bridget… Ce n’est pas si facile de faire le mannequin, en définitive ! Bon, nous y arrivons quand même…

 

Voici le résultat, le nouveau visuel de ce blog et, j'espère, la couverture du livre quand il verra le jour :

 

Le journal du professeur Blequin - Couverture.jpg

 

Dans le même ordre d'idées, voici le nouveau visuel de la page d'accueil de mon site :

 

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19h : Je passe retirer ma commande à la pizzeria du coin. Le serveur, qui me reconnaît, me rend un billet de dix euros que j’avais fait tomber en venant commander : il me dit que ça mériterait bien que je lui fasse sa caricature ! Un peu surpris, je lui demande comment il sait que je fais ça alors que je ne lui en avais jamais parlé : il me répond que lui et ses collègues ont lu un article sur moi et qu’ils savent tous qui je suis… Je rentre chez moi, quelque peu dérouté.

 

Dimanche 14 janvier

 

15h : J’ai un peu de mal à me motiver pour dessiner, mais il faut quand même je le fasse. Alors je me connecte à la plateforme France.tv, histoire de me passer, tout en travaillant, quelques épisodes d’Astrid et Raphaëlle. Ça me permet de tomber sur la dernière trouvaille de la télévision publique française : Un gars, une fille 25 ans après ! Mais n’espérez pas retrouver Jean Dujardin ni la ravissante Alexandra Lamy : il s’agit d’un autre couple, qui doit réapprendre à vivre à deux après le départ des enfants… Après Un gars, une fille au pluriel, il se confirme que l’imagination devient une denrée aussi rare que le steak de diplodocus ! À quand Un gars, une fille au singulier avec un mec qui discuterait avec la nana en poster sur laquelle il se branle et Un gars, une fille 50 ans après qui raconterait les amours et les disputes d’un couple en fin de vie dans leur EHPAD ? Ils sont capables de le faire, vous verrez !

 

Ce que j'ai réussi à produire ce dimanche. D'abord, une peinture "automatique" :

 

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Deux dessins pour tailler un costard à une de mes têtes de turc préférées :


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Deux caricatures de personnes proches (n'essayez pas de voir qui c'est) :

 

 

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Une parodie du tableau de Degas avec Evariste de Valernes, mettant en scène un ami psychologue :

 

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Une autre "peinture automatique" :


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19h : Je tombe sur un article consacré à ces descendants d’immigrés marocains qui décident de quitter la France et de s’installer au pays de leurs ancêtres. Il fallait s’y attendre ! À force de s’entendre traiter d’étrangers alors qu’ils sont nés dans l’Hexagone et d’être accusés de tous les maux de la société, ils finissent par prendre tout ça au mot et par foutre le camp ! J’ai déjà l’idée d’une mini-BD où trois gros beaufs racistes décideraient de fêter ça, puis se rendraient compte qu’ils sont désormais privés des services que leur rendaient ces fils d’immigrés, au point de se dire « Merde, on s’est encore fait avoir ! » Et oui, mettez-vous bien ça dans le crâne : la xénophobie n'est PAS une idéologie populaire ! Si un gouvernement aussi antisocial que celui dont nous subissons actuellement l’autorité ne voit aucun inconvénient à appliquer les idées du RN en matière d’immigration, c’est bien la preuve que celles-ci ne sont pas destinées à nous faire plaisir ! Si le racisme dérangeait vraiment les puissants, ils ne seraient pas les premiers à le pratiquer ! Il serait grand temps de se mettre ça dans la tête !

 

Lundi 15 janvier

 

12h : Je suis au Beaj Kafé pour la journée ; j’ai quelques travaux d’écriture sur lesquels je souhaiterais avancer. Je déjeune naturellement sur place : en attendant mon tour de commander (ça se fait au comptoir), je jette un œil sur la presse. J’apprends ainsi que Trump s’envole dans les sondages alors qu’il est menacé d’inéligibilité, que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, que Le Pen réplique à la nomination d’Attal en proposant déjà Matignon à Bardella… On avait beaucoup parlé du « monde d’après » pendant le Covid ; plus récemment, en m’adressant ses vœux, une amie m’avait dit qu’elle espérait que l’année nouvelle serait bonne aussi pour la planète… Putain, c’est pas gagné ! Et on s’étonne que je ne sorte plus de ma bulle qu’en rechignant…

 

Mardi 16 janvier

 

10h : Il faut que j’avance sur une BD qu’on m’a commandée. Avant de m’y mettre, je sors prendre l’air au bois de la Brasserie. Théoriquement, l’accès à cet espace vert est interdit en raison des dégâts dus à la tempête Ciaran : seulement voilà, il n’y a pas de grillage, il n’y pas non plus de cerbère pour interdire l’entrée, je vois même un petit vieux qui promène son chien… Alors tant pis, je passe outre ! Au final, je ne croise personne m’ordonnant de faire demi-tour et, de toute façon, là où les arbres déracinés m’empêchent vraiment de poursuivre mon chemin, je ne suis pas assez stupide pour m’amuser à les escalader ! Avec le recul, je regrette de ne pas avoir la même attitude pendant le confinement : je n’ai jamais été contrôlé, alors m’aurait-on vraiment empêché de m’oxygéner au-delà de la malheureuse heure qui nous était officiellement allouée ? Plus ça va et moins je me plie aux règles : je finirai vieillard indigne !

 

17h15 : Je me rends à la MJC de L’Hareloire ; ce n’était pas vraiment prévu, mais une jeune admiratrice m’a proposé de venir la rejoindre et il m’aurait paru inconvenant de refuser. Ça débute mal car le hall d’entrée est occupé par une marmaille bruyante… Nous finissons quand même par pouvoir monter à l’étage où nous attend un spectacle assez singulier : une conteuse sourde et muette ! Bien sûr, son récit en langue des signes est traduit par une interprète, ce qui permet aux béotiens dont je fais partie de suivre l’histoire malgré tout. Mais j’ai un mal de chien à me focaliser sur ses gestes ET sur la traduction en même temps : la langue des signes nécessite un apprentissage et une expérience qui ne s’acquiert pas en un jour… Elle nous raconte « La petite sirène » : il est logique que l’histoire de cette pauvre créature qui se retrouve privée sa voix soit parlante (hum !) pour une personne sourde-muette… Mais au final, ce qui me marque le plus, c’est la salle dans laquelle nous nous trouvons, que je trouve assez bien foutue pour une salle de MJC ! Étant plutôt habitué à trouver, dans les bâtiments de ce genre, des salles miteuses à l’acoustique minable, je suis agréablement surpris d’y trouver une vraie scène et une acoustique tout à fait convenable, ça pourrait être un lieu valorisant pour les artistes que je fréquente…

 

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18h : Une fois le spectacle terminé, nous jetons un œil à l’exposition de croquis de modèles vivants installés au deuxième étage : étant maintenant habitué à ce genre d’exercice, je regarde d’un œil blasé ces esquisses réalisées par des particuliers pour qui le dessin n’est qu’un loisir comme pourrait l’être le tricot ou le handball… Des verres sont installés en vue d’un vernissage, mais ni moi ni ma compagne n’avons envie de nous attarder en compagnie de gens que nous ne connaissons pas. Nous partons assez vite, avec pour principale satisfaction la joie de nous être revus.  

 

Mercredi 17 janvier

 

10h45 : Il fait un temps de chien, mais je suis tout de même sorti pour faire quelques courses en ville avant la présentation de Voyage en Normalaisie prévue pour ce soir au Beaj Kafé. Alors que je me dirige vers une boutique d’impression, je croise un couple qui me reconnaît : ils sont bénévoles au Kafkérin, ce qui me fait, je l’avoue honteusement, une belle jambe. Dans l’absolu, il est déjà normal que je n’identifie pas des gens que je suis habitué à rencontrer dans un autre contexte ; mais je dois avouer que quand je me rends au Kafkérin, c’est généralement pour assister (et, surtout, participer) aux événements du Collectif Synergie, je prête donc plus attention à mes camarades artistes qu’aux individus qui tiennent l’établissement… Le couple m’annonce qu’ils vont bientôt devenir parents : on nous rebat les oreilles de la natalité française qui serait en berne, mais visiblement, il y a encore des gens qui sont prêts à faire des enfants dans ce monde horrible… Mais même si nous vivions dans un monde meilleur et si je n’étais pas célibataire, je ne suis pas sûr que j’aurais envie d’avoir une descendance : je ne veux pas faire les sacrifices auxquels mes parents ont consenti, je ne veux pas me mettre à voir des pédophiles partout, je ne veux pas qu’on me fasse des reproches sans arrêt, que ce soit pour mon manque d’implication ou, au contraire, parce que je les couverais trop… Bref, j’hésite à adresser à ce couple des félicitations qui me sembleraient incongrues, vu que leur état est quand même commun à des  millions de personnes dans le monde et que le premier cas social venu peut se reproduire ! Mais quand ils me précisent qu’ils attendent des jumeaux (je me disais aussi que le ventre de madame était déjà bien avancé pour une femme enceinte de seulement trois mois), je me sens obligé de leur souhaiter bon courage… Est-ce inapproprié ? Peut-être car ils n’en ont sûrement pas besoin : le simple fait d’avoir décidé de garder les enfants est une preuve de courage…

 

10h50 : À la boutique d’impression, la machine fait des siennes et je suis obligé de déranger la patronne qui est déjà bien embêtée – elle a annoncé qu’elle allait fermer à l’heure de midi, ce qui est inhabituel, j’imagine qu’elle fait face à l’absence de son employée. Je sens une certaine tension, aggravée par ma propre impatience… Je ne suis pas au bout de mes allers-retours, la pluie battante semble partie pour persister toute la journée et je suis déjà à bout de nerfs !

 

11h30 : De passage au Leclerc de la rue Jean Jaurès, je jette un coup d’œil sur les quotidiens du jour : j’apprends ainsi les dernières annonces de Macron… Heureusement qu’on a un président jeune et moderne : déjà qu’il annonce le retour du port de l’uniforme à l’école, qu’est-ce que ce serait s’il était vieux et réac ! Sans compter qu’il va de soi que ça va résoudre tous les problèmes de l’école : dès qu’ils seront tous habillés pareils, les gosses auront tous des bonnes notes et ne se mettront plus à quinze pour harceler un camarade jusqu’à ce qu’il se suicide, c’est évident ! Et une raison de plus pour ne pas vouloir se reproduire, une !

 

19h : Comme prévu, je suis au Beaj Kafé pour présenter mon livre. Si j’étais un imbécile heureux obscènement positif, je vous dirais que nous avons eu des échanges passionnants, que ce fut un moment privilégié, et gnagnagni et gnagnagna ! Mais j’ai passé l’âge de ce genre de consolations romantiques. La vérité, c’est qu’il n’y a eu que six personnes pour venir m’écouter, que je n’ai vendu que deux livres et que je me suis couvert de ridicule en me versant de l’eau À CÔTÉ du verre, occasionnant une crise rendue inévitable pour mon état de fatigue… C’est ce qu’on appelle une soirée oubliable ! Je ressors avec une certaine amertume… Pour ne rien arranger, le professeur Planche, qui a eu la gentillesse de venir m’épauler au cas où on me poserait une question un peu trop pointue sur l’autisme, m’a révélé une annonce de Macron à laquelle j’avais échappé : le congé parental va être supprimé au profit d’un « congé naissance » qui ne durera que six mois… Visiblement, notre président n’est pas pressé de relancer la natalité ! Le pire, c’est que je n’ose même pas le lui reprocher : une natalité abondante est une calamité en Afrique, pourquoi ce serait une bénédiction chez nous ?

 

Jeudi 18 janvier

 

12h : Déjeuner aux Ribines avec un ami. La moitié du peu d’argent que j’ai gagné hier soir passe dans mon addition. Mais ce n’est pas grave, j’aime discuter avec cet encore jeune homme qui est un des rares à me comprendre vraiment : je lui fais part de mes difficultés actuelles, à commencer par ma troisième tentative pour obtenir l’Allocation Adulte Handicapé. Je ne peux m’empêcher de dire que dans d’autres civilisations, j’aurais été considéré comme un intermédiaire entre les dieux et les hommes et aurait été nourri et logé par la communauté, tandis que dans l’occident moderne, je suis presque obligé de m’excuser d’exister ! Je repense au Dalaï-Lama qui, quand on lui a demandé ce qu’il pensait de la civilisation occidentale, aurait répondu « Ce serait une bonne idée »…

 

18h45 : Je me retrouve au Beaj Kafé où doit se tenir une « performance », comme me l’a annoncé la responsable de l’animation. Mais je ne suis là que pour réceptionner des totebags que j’ai commandés et je compte bien partir sans demander mon reste après avoir été livré. Manque de chance : le graphiste, qui vient me livrer lui-même les totebags, m’offre une tasse de thé et m’invite à le suivre à assister à la performance ! Je n’ose pas dire non à un artiste qui a pris la peine de se déplacer… Bref, je me retrouve dans l’arrière-salle du café : ayant besoin d’une table pour poser ma tasse, je ne m’installe pas à côté du graphiste et je me retrouve à proximité d’un type que j’ai l’impression de connaître depuis dix mille ans et dont je n’ai plus rien à foutre. Pour ne rien arranger, je m’attends à un spectacle un brin chiant-chiant, avec une poétesse vaporeuse déclamant des phrases pseudo-philosophiques et un plasticien qui barbouille des saloperies abstraites. Et bien vous savez quoi ? C’était exactement ça ! Je ne reste même pas pour l’échange avec l’auditoire, je me carapate tout de suite après avoir applaudi par pure politesse et salué brièvement le graphiste. Bref, c’était une performance… Peu performante !  

 

C'est tour pour cette semaine, à la prochaine !    

 


19/01/2024
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Du 7 au 12 janvier : De l'air, j'étouffe !

 

Commençons par un hommage à Jacques Delors :

 

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Dimanche 7 janvier

 

21h : En ce jour de triste mémoire, je termine de visionner la saison 2 d’Astrid et Raphaëlle. J’ai honte de l’avouer, mais j’ai été plus traumatisé de voir Raphaëlle les menottes aux poignets dans le dernier épisode que par la vision du corps éventré que l’on découvre en ouverture de l’épisode 5 ! Pourquoi ? Parce que me retrouver menotté est un de mes pires cauchemars, en concurrence avec le rasage de mon crâne et l’écrasement de mes testicules… Sans doute est-ce dû aux récits de déportation qui m’ont marqué. Pour le reste, j’avoue m’être trompé sur le compte du commissaire qui est finalement un brave type ; en revanche, au moment où le procureur se prend un pain dans la gueule, j’ai poussé un soupir de soulagement ! J’aimerais avoir le courage d’en faire autant avec tous les arrivistes bouffis d’orgueil qu’il m’est donné de rencontrer… Mais à force, je risquerais d’avoir des cals au main ! 

Sans rapport : le 7 janvier, c'était aussi le jour de la sortie du film Titanic...

 

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Ce dessin a paru, sous un autre format, en quatrième de couverture du numéro 3 de la revue L’éponge.

Lundi 8 janvier

 

9h : Je sors assez tôt de chez moi pour ne pas rater les réinscriptions à la piscine Recouvrance. Je peux vois ainsi la « une » du dernier numéro de la nouvelle formule d’Entrevue qui fait dans le Hidalgo bashing… Franchement, je vois mal l’intérêt ! Pourquoi s’acharner sur le PS qui n’a plus d’avenir, du moins en tant que force motrice de la gauche à l’échelle nationale ? Et en quoi ce qui arrive à la maire de Paris peut-il intéresser les millions de Français qui, comme moi, ne vivent pas à la capitale et n’en auront probablement jamais les moyens (ni même l’envie) ? Les patrons d’Entrevue s’imaginent probablement être à contre-courant des « bobos parisiens » mais ils en sont l’incarnation ultime ! Et de la pire espèce qui soit : celle qui s’ignore…

 

9h30 : Je suis déjà arrivé à la piscine. Les réinscriptions n’ouvrent que dans une heure et demie ! Comme il fait froid dehors et que je ne veux pas déranger le personnel, je m’assieds sur le paillasson en attendant l’heure : ayant mon PC sur moi, je mets l’attente à profit pour écrire une nouvelle chronique historique. Un monsieur s’approche : je m’attends à ce qu’il me demande pourquoi je suis là et me dise que je ne peux pas rester. Mais non : il me propose de venir m’asseoir sur les gradins de la piscine où je serai, pense-t-il, plus à l’aise. C’est bien aimable de sa part, mais je préfère décliner pour être sûr de ne pas rater l’ouverture des inscriptions et éviter de faire la queue trop longtemps… Sa sollicitude me touche néanmoins car ce n’est vraiment pas fréquent !  

 

9h45 : Je reçois un SMS m’annonçant que le département autorise à cumuler le RSA avec un emploi… Ils n’ont rien compris, ou quoi ? Si on cherche un emploi, c’est justement pour ne plus avoir besoin des aides sociales ! Visiblement, ils y croient eux-mêmes, à cette légende des feignasses qui refusent de travailler pour ne pas perdre le RSA ! En tout cas, si ça existe, ne comptez pas sur moi pour leur faire des reproches : quand je pense à ces hommes d’affaires véreux qui accumulent les millions sans rien faire de leurs dix doigts, je ne vois pas ce qu’il y a de scandaleux à que de pauvres types sans le sou ramassent quelques miettes, fût-ce sans travailler ! Et de toute façon, à tout prendre, les vrais fainéants, mieux vaut les payer à ne rien faire, ils feront moins de dégâts chez eux que dans les entreprises ou les administrations ! Déjà qu’elles sont pleines de jean-foutre…

 

11h15 : Je m’attendais à tout en venant me réinscrire à la piscine, sauf à ce que ce soit le paiement qui prenne le plus de temps ! Je suis déjà en train de bouillir ! J’avais laissé passer trois personnes devant moi, je pensais naïvement que ce serait vite expédié… Quand je disais qu’il y a déjà suffisamment de jean-foutre dans les administrations ! Je remarque, sur la vitre du guichet, qu’il est indiqué que les handicapés sont prioritaires sur présentation de leur carte : je me demande si je ne devrais pas en demander une, tant faire la queue m’est insupportable ! Pas tellement à cause de l’attente en elle-même, dont on peut s’accommoder, qu’à cause de la sale manie des neurotypiques de vouloir à tout prix passer le temps en papotant…  

 

12h : Passage à la cafétéria de la fac. Je retrouve ma vieille serveuse, fidèle au rendez-vous mais visiblement lasse de ce que son travail est devenu : elle qui aimait la dimension sociale de son métier, elle ne se retrouve plus dans ce lieu où il n’y a même plus de comptoir et qui tient plus de la supérette que d’une vraie cafétéria… Elle était une barista avec laquelle les étudiants échangeaient avec respect, elle n’est plus qu’une caissière devant laquelle les gens passent sans même la regarder ! Tout ça à cause de décideurs qui ont pris des décisions aberrantes sur le devenir de cette cafétéria sans avoir la moindre idée de ce qu’est la vie étudiante… D’ailleurs, à bien à y réfléchir, tous nos malheurs viennent de là : du fait que les décisions qui engagent nos vies soient prises par des individus qui n’ont aucune idée de ce dont lesdites vies sont faites. On ne peut pas connaître autrui en le maintenant à distance : il faut sentir le monde avant de le penser. Même Platon, ce prétendu ennemi du sensible, l’envisageait pourtant, dans le Banquet, comme un passage obligé vers la connaissance : c’est une étape certes insuffisante mais nécessaire.   

 

13h45 : Rendez-vous avec les deux secrétaires du laboratoire HCTI pour préparer la journée d’étude sur Cavanna. Mine de rien, celle-ci aura lieu dans un mois ! L’une de ces deux dames m’exhorte à me reposer sur elles, m’assurant qu’elles prendront en charge toute la logistique et que je n’aurai à m’occuper que de la partie scientifique : je n’en doute pas une seconde, mais j’estime qu’en tant que créateur de l’événement, je suis directement concerné par cet aspect pratique et je n’ai pas le droit de l’envisager comme une basse besogne que je pourrais négligemment déléguer. Bref, je tiens à m’assurer à ce que la prise en charge des déplacements, de l’hébergement et des repas des intervenants soit optimale : non que je remette en cause la compétence de nos deux secrétaires qui sont de véritables perles, mais ça relève aussi de ma responsabilité.

 

14h15 : Après l’entretien, l’une des deux secrétaires consent à rester avec moi pour me parler de son grand-père, belge immigré à Brest qui s’est illustré dans la résistance et est resté jusqu’à sa mort une figure brestoise notoire, au point d’avoir aujourd’hui une rue à son nom. On lui en parle encore aujourd’hui et elle m’avoue que, plus jeune, elle se sentait souvent étouffée d’être sans cesse interpellée à propos de cet aïeul très charismatique. Je la comprends : il arrive régulièrement que je sois hélé dans la rue par des individus qui m’ont rencontré au cours d’événement publics et qui s’imaginent que c’est suffisant pour créer un lien d’intimité. Ces braves gens pensent sûrement me faire plaisir et ne se rendent pas compte à quel point ils me mettent mal à l’aise…

 

Mardi 9 janvier

 

9h30 : Malgré le froid de canard, je sors livrer mes albums à leurs pré-acheteurs. Je commence par un client habitant une zone qui a tout de la banlieue pas sensible du tout mais tout de même peu riante : ce n’est plus vraiment Brest même, mais ce n’est pas encore tout à fait Bohars. Je fais doublement chou blanc : mon commanditaire n’est pas là et la fente de sa boîte aux lettres est trop étroite pour que j’y glisse son livre. Tant pis, je vais lui demander de venir retirer son bien chez moi, après tout, il n’habite pas si loin de mon domicile. J’en suis quitte pour attendre le prochain bus avec la correspondance de Gustave Courbet. Juste à côté de l’arrêt, une maison porte l’enseigne d’un bar, mais à la vue du digicode installé à la porte, je comprends sans peine qu’on ne sert plus à boire dans ce bâtiment… Quelle tristesse !

 

11h : Je poursuis mes livraisons, au Relecq-Kerhuon, cette fois. S’aventurer dans cette commune, c’est toujours une expédition ! Les rues y ont été tracées en dépit du bon sens, même le trajet du bus y est tarabiscoté à souhait ! Heureusement, mon commanditaire, qui prenait le frais à sa fenêtre, me reconnaît : ainsi, j’évite de devoir tourner pendant deux heures pour le retrouver. Ce vieux Kerhorre m’explique qu’effectivement, les rues ont été conçues de manière à ce que les habitants ne soient pas gênés par la circulation : voilà qui doit faire le bonheur des retraités, un peu moins celui des visiteurs occasionnels !

 

12h : Pause bienvenue dans le doux et chaud cocon du Biorek brestois. Alexandre, fidèle au poste, m’apprend que Gabriel Attal a été nommé premier ministre. Et bien voilà, c’est arrivé ! Je savais bien que j’y aurais droit un jour, mais je ne m’attendais pas à ce que ça se produise aussi tôt : un homme plus jeune que moi va entrer à Matignon ! Oh, pas beaucoup plus jeune, s’entend, il n’a qu’un an de moins que moi. Mais quand même, ça donne un coup de vieux ! Je peux me tromper, mais je pense que l’une des choses qu’il est le plus difficile d’accepter quand on vieillit, du moins sur le plan strictement moral, est de devoir obéir à quelqu’un dont on pourrait être le père ou la mère… Alors, bien sûr, si j’étais optimiste, je ne bouderais pas mon plaisir d’avoir des gouvernants plutôt jeunes tandis que les Américains, eux, vont devoir à nouveau trancher entre deux fossiles qui devraient être à la retraite depuis longtemps ! Mais même sans être pessimiste, force est de reconnaître qu’en dépit de leur relatif jeune âge, on ne peut pas dire que Macron et Attal soient représentatifs de cette jeunesse ardente et généreuse dont j’ai si souvent souhaité l’accession au pouvoir afin qu’elle balaie toute la crasse laissée par tous ces cacochymes ennemis de la vie qui ne font que notre malheur depuis au moins cinquante ans ! Non, on est plutôt dans la configuration des « étudiants propres sur eux et non-violents » qui trimballent « dans leurs cartables la connerie de leurs aînés » pour reprendre les paroles d’une chanson de Renaud toujours d’actualité ! En même temps, cette jeunesse ardente et généreuse, où la trouver à notre époque ? De nos jours, les jeunes votent RN, font le service militaire volontaire et se marient à l’église ! On a les élus et la jeunesse qu’on mérite, mais tout de même, je me demande ce qu’on a fait pour mériter ça…

 

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12h30 : Alors que je tente de me réchauffer avec un thé en attendant qu’Alexandre me serve mon borek (le restaurant s’est rempli depuis mon arrivée, je ne peux pas lui tenir rigueur de me faire un peu attendre), je n’en crois pas mes yeux : il neige ! Mer oblige, c’est rarissime à Brest ! Alors, bien sûr, ça ne tient pas, il ne fait pas assez froid pour qu’elle tienne au sol… Mais c’est joli quand même. Je ne peux m’empêcher de repenser à l’épisode neigeux d’il y a deux ans, quand la neige était venue apporter une note de poésie et de beauté dans un contexte plombé par les restrictions sanitaires…  Regarder tomber la neige m’occupe le cerveau et suffit à me faire patienter. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais.

 

14h : Passage à Saint-Pierre pour prendre des photos destinées à illustrer ma prochaine chronique. Comme prévu, la neige n’a pas tenu. Dommage : si j’avais pu prendre des clichés de ce quartier enneigé, j’aurais eu mon petit succès ! En attendant, je suis déjà très étonné de réussir à trouver si facilement ce que je voulais photographier : je ne suis pas vraiment habitué à ce que ce genre d’expédition se déroule sans problème !

 

Quelques photos prises à Saint-Pierre :

 

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17h30 : Voilà une heure et demie que je suis rentré chez moi. Ma connexion Internet m’a lâché alors que j’étais en train de répondre à mes mails et que je n’avais pas encore envoyé mes photos à la rédaction. Les deux opérations ne souffrant aucun retard, je décide de sortir dîner au Beaj Kafé où j’espère trouver une connexion en bon état de marche.

 

18h15 : Au Beaj, j’ai du réseau, mais je n’arrive à ouvrir aucun site ! Je commence sérieusement à paniquer ! La responsable de l’animation, qui me connait, vient à mon secours : comme j’avais laissé mon PC en veille sur la route qui mène de mon domicile à l’établissement, elle me suggère de redémarrer la bécane… Et ça marche ! L’informatique me tuera…

 

Mercredi 10 janvier

 

11h15 : Je retrouve une amie qui s’était absentée dans son pays lyonnais natal le temps des fêtes : elle m’apprend qu’elle a été retardée sur le chemin du retour à cause d’un type qui a raté de peu le TGV pour Brest… Et s’est accroché au train ! Bien sûr, il n’a pas survécu à cette folie… Je préfère ne pas commenter ! Mon hôtesse me montre aussi des photos prises lors de son escapade : il avait neigé ! Mais VRAIMENT neigé, le paysage était véritablement blanc ! On était loin des petites miettes de neige dont on a dû se contenter à Brest… Mine de rien, cette brève entrevue avec ma voisine m’aura fait voir deux aspects de la vie : d’une part, la beauté de la nature, d’autre part la connerie humaine qui gâche toujours tout…

 

18h : Au cours du soir, j’arrive avec une bonne dizaine de collages réalisés à la maison ainsi que quatre travaux de peintures inspirés d’exercices antérieurs : je triomphe pendant quelques minutes ! Pas davantage ? Oui, car Delphine a eu l’idée de nous faire faire du « dessin automatique » avec, pour première étape, un mouillage généreux du papier afin que l’encre échappe à notre contrôle. Bien sûr, je prends la consigne au pied de la lettre et je mets dix fois trop d’eau : j’ai une véritable mare à mes pieds et même le papier qui protège ma planche est transformé en charpie… Dire que je suis un peu ridicule relève de l’euphémisme ! Quelques minutes à peine après un moment de gloire ! Sic transit gloria mundi…  

Mes collages :

 

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Le dernier a été réalisé AVANT l'annonce de la démission d'Elisabeth Borne...

 

Dans le même ordre d'idées, mes peintures réalisées à la maison :

 

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La dernière, réalisée sur le thème "Unir" pour répondre à un appel à projet, a été scannée à trois étapes de sa réalisation :


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Voici enfin un dessin "automatique" réalisé pendant le cours :

 

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Jeudi 11 janvier

 

13h30 : J’ai rendez-vous chez la psychologue, mais le bus tarde à venir. Je m’impatiente, d’autant qu’il fait froid et que les piaillements des gosses de l’école voisine me tapent sur les nerfs. Je me résous donc à téléphoner à Bibus : le premier réflexe de mon interlocuteur est de m’asséner qu’on trouve toutes les informations sur « l’appli » ! Je me retiens de lui hurler que je n’ai pas de smartphone afin qu’il puisse me répondre : effectivement, mon arrêt est provisoirement privé de desserte (ah ! ah !) à cause d’une fuite d’eau… Fou de rage, je me précipite vers un autre arrêt pour emprunter une autre ligne : dans ma course, je perds ma carte de bus… Finalement, j’aurai des choses à dire à ma psy !

 

15h15 : Ayant vidé mon sac chez la psychologue, je m’attarde en centre-ville pour exécuter quelques tâches, dont l’encaissement d’un chèque. Déjà épuisé par mes récentes mésaventures, j’ai du mal à supporter la présence de gens qui rient dans la banque. Je me retiens de les traiter d’imbéciles heureux !

 

15h30 : Passage à la boutique Bibus pour me faire faire une nouvelle carte de bus. On en profite pour me soutirer huit euros ! Il se confirme que nous vivons dans un monde où la distraction est sanctionnée et même punie d’amende…

 

16h : J’arrive avec soulagement à Lambézellec : à peine suis-je descendu du bus que trois jeunes filles occupées à glousser s’aviser que le véhicule est en train de leur passer sous le nez ! Elles font tellement de boucan que je ne peux m’empêcher de leur crier « Bien fait » ! Ce n’est pas très charitable, mais je n’en peux vraiment plus…

 

18h30 : Je reçois la visite de l’acheteur que je n’ai pu livrer hier. Celui-ci m’apprend qu’il va participer à un marathon aux Jeux Olympiques ! Je lui dis franchement que je ne viendrai pas l’applaudir : nous entamons ainsi un échange sur les grandes compétitions sportives, qui sont pour moi des calamités. Je regrette de ne jamais réussir à me rappeler exactement du raisonnement du regretté Bernard Maris qui expliquait que ces grandes compétitions provoquent toujours un désastre économique dans le pays organisateur ; il semble que c’est parce que les retombées sont toujours surévaluées et se révèlent donc toujours décevantes pour les investisseurs qui retirent leurs billes… Bref : on est dans la crotte et il ne faut pas compter sur les J.O. pour nous en sortir ! Préparez plutôt vos tubas, nous allons nous enfoncer de plus belle !   

 

Vendredi 12 janvier

 

10h15 : C’est en entrant du marché que j’apprends la nouvelle : Rachida Dati est notre nouvelle ministre de la culture… Cette fois, c’est définitivement confirmé : Macron veut la peau des artistes ! Je me fous de savoir si cette nomination est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Républicains ou pour quelque autre association de malfaiteurs ! Même Sarkozy, le pygmalion de la mère Dati, n’aurait pas osé aller aussi loin dans un tel mépris de la culture ! C’est à vous faire regretter Frédéric Mitterrand ! De l’air, j’étouffe ! 

Terminons avec un petit croquis préparatoire :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


12/01/2024
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Du 3 au 6 janvier : Bonne année quand même !

 

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Mercredi 3 janvier 2024

 

11h45 : Après une semaine de repos chez mes parents et un réveillon chez ma meilleure amie, l’heure est venue de reprendre pied dans la vie brestoise : histoire de commencer du bon pied, j’avais décidé d’aller nager à la piscine Foch qui fait partie des rares équipements dont les horaires deviennent plus avantageux pendant les vacances scolaires. Malheureusement, depuis que les auteurs de mes jours m’ont fait découvrir la série Astrid et Raphaëlle, j’ai tendance à veiller un peu tard pour profiter pleinement de la sublissime beauté de Lola Dewaere et de la justesse avec laquelle Sara Mortensen campe une jeune femme autiste… Je comptais arriver à la piscine à l’heure d’ouverture, quand il n’y a pas beaucoup de public : au vu de l’heure à laquelle je sors de chez moi, le moins qu’on puisse dire est que c’est un peu raté ! Je fais néanmoins contre mauvaise fortune bon cœur… Et c’est seulement dans le bus que je m’aperçois que je n’ai ni jeton ni pièce d’un euro me permettant d’utiliser les casiers du vestiaire ! Je descends donc au premier arrêt, situé sur le boulevard Léon Blum, dans l’espoir d’y trouver une banque où retrier du liquide et un commerce pour faire de la monnaie : sous la pluie, dans le vent, avec mon sac de piscine à la main… Un début d’année glamour, en somme ! Mais si on fournissait des jetons aux usagers de la piscine (on paie pour entrer, après tout, non ?), ça n’arriverait pas…

 

11h50 : Je trouve une agence bancaire tout au bout du boulevard… Mais celle-ci n’a pas de distributeur ! Si, si, ça existe encore, au plein cœur d’une métropole française. Je retourne à l’arrêt de bus, toujours dans les mêmes conditions déplorables : j’ai le temps d’échafauder un autre plan, je décide de descendre à Kerinou où je devrais avoir plus de chance. En attendant, je repense à Astrid qui compte des haricots pour évaluer sa jauge énergétique : je ne serais pas étonné d’en avoir déjà perdu au moins trois sur dix…

 

11h55 : Je descends à Kerinou. Je me dirige vers le bureau de poste : l’écran du distributeur est tout noir. Il va donc falloir explorer ce quartier semi-moribond qui ne reprend un semblant de vie que les jours de marché ou aux heures d’ouverture du Kafkerin… Cinq sur dix.

 

12h : J’ai enfin pu retirer quelques billets. Je me précipite vers le bureau de tabac. Le temps est toujours aussi lamentable et j’en ai déjà plein les bottes, il n’est donc pas impossible que l’expression de mon visage ne soit pas des plus enjouées et que le ton de ma voix ne soit guère plus amène. Mais ça n’en atténue pas moins le caractère surréaliste de mon dialogue avec la buraliste :

- Bonjour madame, pourriez-vous me changer 20 euros, s’il vous plaît ?

- Pardon ?

Cette vieille dame me regarde avec des yeux ronds comme si j’avais proféré une énormité. J’insiste donc :

- J’ai besoin de monnaie, pouvez-vous bien m’en faire ?

- Oui ben vous pourriez le demander de façon plus explicite et plus aimable, parce que je fais de la monnaie si je veux !  

Je ne comprends pas : je n’ai pas l’impression d’avoir été obscur ou grossier ! Elle finit quand même par me changer mon billet, avec une mauvaise grâce évidente. Pour tenter de décrisper la situation, j’entreprends de m’expliquer :

- Écoutez, je m’excuse, mais je viens de faire plusieurs allers-retours infructueux sous la pluie et dans le vent…

- Ce n’est pas mon problème !

Elle vient de prononcer la phrase que je déteste le plus au monde après « Je ne veux pas le savoir » : je comprends qu’il n’y a rien à tirer de cette vieille harpie égoïste. Enfin nanti de la pièce d’un euro, je pars, furieux, en lui disant « Adieu » ! Huit sur dix…

 

12h10 : J’arrive enfin à la piscine, mais je tombe sur un os : j’avais oublié que le petit bain était fermé de midi à treize heures le mercredi ! Ce n’était pas précisé sur la page web des piscines brestoises… J’utilise mon dernier haricot pour aller à Bureau Vallée où je dois faire quelques achats.  

 

12h30 : J’arrive à Bureau Vallée… Et je trouve porte close. Pendant les congés de Noël, ça ferme de 12h30 à 14h ! Rectification : la piscine Foch est VRAIMENT la seule infrastructure dont les horaires deviennent plus commodes en période de vacances scolaires. J’ai épuisé tous mes haricots : de rage, je me tape la tête contre le mur ! Inutile de retourner à la piscine : le temps que j’arrive, la caisse ne sera pas encore rouverte et, de toute façon, je n’en peux vraiment plus. Heureusement, il y a le Beaj Kafé juste à côté : je m’y rends pour consommer un bol de soupe et refaire mon plein. 

 

12h45 : Tout en mangeant ma soupe, je feuillette un album de Gaston Lagaffe que j’ai trouvé sur les étagères du café : difficile de ne pas repenser au récent retour du héros sans emploi créé par le grand Franquin en 1957. Ce que j’en pense ? Delaf, jusqu’alors connu en tant que dessinateur des Nombrils, a réussi un tour de force graphique hors du commun en se coulant dans le style de son illustre prédécesseur : même l’observateur le plus pointilleux pourrait croire à du Franquin, même Bar2, le créateur de Joe Bar Team, n’aurait pas atteint un mimétisme aussi convaincant. D’un point de vue scénaristique, j’accord aussi un satisfecit, il n’y a que quand Gaston est à deux doigts de démissionner que je suis un peu plus réservé, je n’arrive pas à le croire capable de ce genre d’introspection lucide. Mais je pinaille : sur l’ensemble de l’album, c’est vraiment un détail, l’esprit de Franquin est bel et bien au rendez-vous ! On célèbre cette année le centenaire de ce grand créateur : vingt-sept ans après sa mort, il n’a pas fini de nous faire rire – on peut le louer autant qu’on veut, il n’est plus là pour protester ! 

 

14h10 : J’ai enfin pu accéder à la piscine. Me calant sur le rythme des leçons prises à Recouvrance, j’y passe trois quarts d’heure : je n’ai donc plus que cinq minutes à y passer. Il était temps : les gamins commencent à envahir le bassin. N’ayant pas vraiment eu le temps de  me reconstituer une jauge complète, ces chers petits entament quelque peu ma patience et je reconnais que je ne fais pas preuve de diplomatie quand je fais « oh » à une petite fille qui me barre le chemin… Mais je ne vois pas pourquoi l’un des maîtres-nageurs se sent obligé de venir me morigéner ! C’est un enfant, qu’il me dit : je le sais, et alors ? Quand j’étais petit, mon père n’arrêtait pas de me reprocher de me mettre en travers de son passage ! Je ne voudrais pas insister lourdement sur l’évolution du statut de l’enfant dans nos sociétés, mais…

 

Encore une carte de vœux, avec Déodat et Trémière, les héros du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb :

 

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 Jeudi 4 janvier

 

9h : Je ne rêve pas : c’est bel et bien un orage d’hiver qui s’abat sur la ville alors que je suis déjà sorti pour ne pas rater un rendez-vous avec un amie. Pour sortir avec une météo aussi pourrie alors que la région se remet à peine du traumatisme de la tempête Ciaran, il faut être un peu maso ou très motivé : je dois être les deux à la fois ! Mon amie, qui n’est pas au mieux de sa santé, m’envoie un texto pour m’avertir que dans ces conditions, elle préfère ne pas sortir et reporter notre sortie au port du Moulin Blanc : c’est typiquement ce qu’Astrid appelle un « imprévu prévisible »… Je suis déçu mais je fais face : j’ai de toute façon quelques affaires à régler en ville, je ne serai donc pas sorti pour rien. Je croise néanmoins les doigts pour que le ciel ne nous tombe pas une nouvelle fois sur la tête…

 

12h30 : J’ai finalement rejoint mon amie chez elle pour déjeuner. Une fois encore, je suis arrivé trop tôt : mon hôtesse doit procéder à quelques ablutions et me laisser seul pendant quelques minutes avec son petit garçon. Elle me propose de faire patienter ce petit bout de chou en poursuivant avec lui une partie d’un jeu de société qu’ils disputent ensemble depuis quelques jours : je suis obligé de décliner car je ne comprends rien aux règles ! Je l’avoue : à part le Scrabble et le Labyrinthe, la plupart des jeux de société me stressent et me perturbent ! S’il y a trop de règles à assimiler, je suis vite perturbé ! Nous optons alors pour un pis-aller, à savoir un boîtier contenant des cartes de questions-réponses sur le football : je pose les questions et le petit mignon y répond. Dans 95% des cas, il trouve ! N »ayant aucune affinité avec le monde du ballon rond, je suis impressionné et je comprends ce que doivent ressentir mes proches quand (par exemple) je cite les noms des neuf muses…

 

13h30 : Tout en déjeunant, je bois les paroles de mon aimable hôtesse qui me révèle que depuis la pandémie, certains commerces ont condamné l’accès à leurs toilettes pour le public ! Je l’ignorais pour la bonne et simple raison qu’il ne me viendrait pas à l’idée de faire mes besoins dans un magasin. En tout cas, c’est un non-sens absolu : dans un contexte où les règles d’hygiène sont renforcées, comment peut-on interdire l’accès à un lieu où l’on peut se laver les mains ? Et maintenant que le pire de la pandémie est derrière nous, qu’est-ce qui les empêche de rouvrir ces lieux qui peuvent s’avérer impérieusement nécessaires pour qui fait ses courses en compagnie d’enfants en bas âge ? Plus ça va et plus je me dis que mon Voyage en Normalaisie, qui fait l’inventaire des absurdités de ce monde, est en-dessous de la vérité…

 

Encore des vœux, en chanson cette fois :

 

Vendredi 5 janvier

 

11h : On m’avait dit que certains traits autistiques s’atténuent avec l’âge et que d’autres, au contraire, s’accentuent. Je le confirme. Ce qui s’atténue chez moi, c’est la difficulté à faire face à l’imprévu : l’expérience aidant, je parviens presque à ne plus paniquer quand je dois affronter un changement de dernière minute. Ce qui s’accentue, en revanche, c’est l’hypersensibilité sensorielle : au marché, ce n’est pas la grosse foule, et pourtant, je suis déjà à deux doigts de faire un malaise, le peu de conversation que j’entends suffisant à me faire presque tourner de l’œil… Je me demande pourquoi les gens ont à ce point besoin de parler, qui plus est pour ne rien dire dans la plupart des cas.

 

15h : Bref passage de mes parents qui m’apportent, entre autres, un colis contenant trente exemplaires de mon troisième recueil de dessin, colis qui avait été déposé dans un magasin de Kergaradec. Je peux donc l’annoncer officiellement : MON TROISIÈME ALBUM EST ENFIN DISPONIBLE ! Finalement, l’année commence bien.

 

 Voici la couverture de l'album : 

 

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Samedi 6 janvier

 

10h30 : Retour à la piscine Foch : cette fois, j’ai réussi à venir assez tôt pour qu’il y ait peu de monde. Je me surprends à nager avec plus d’aisance et à appliquer plus facilement les leçons de la monitrice. Certains de mes amis m’ont fait remarquer que ma silhouette tendait à être plus affutée : si ça se trouve, dans six mois, je pourrai postuler pour jouer dans Alerte à Malibu !

 

C'est tout pour cette semaine, je vous laisse avec une page de croquis en guise de post-scriptum. A la prochaine !

 

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06/01/2024
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Du 15 au 23 décembre : Joyeux Noël quand même !

 

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Précision à l'attention des lecteurs non-comprenants : la belle Alcmène est la mère d'Héraclès (Hercule pour les romains) qui, entre autres travaux, captura Cerbère, le chien à trois têtes gardien des Enfers.

 

Vendredi 15 décembre

 

14h30 : Pour résoudre mon problème de transport, je fais un aller-retour à la gare afin d’acheter un nouveau billet directement au guichet. On y accepte les paiements par chèque, ouf ! Pour éviter que ça ne tourne au vilain, je précise tout de suite à la guichetière que je suis autiste Asperger et que j’ai du mal à expliquer certaines situations. La dame se montre très compréhensive. Un peu trop même : elle se croit obligée d’expliquer, sur un ton qui se veut pédagogique, des choses que je sais déjà depuis longtemps. Mais oui, je sais qu’il faut arriver quelques minutes avant le départ ! Mais oui, je sais que mon billet est incessible ! J’ai dit que j’avais du mal à expliquer les choses, pas à les comprendre ! Je repars avec l’impression d’avoir été pris pour un débile mental et un billet qui m’a coûté beaucoup plus cher que celui que j’avais initialement acheté : je risque une baffe si je dis que c’est plutôt désagréable ?

 

15h30 : De retour au Beaj Kafé, j’interviewe Francis Jaouen qui vient de soutenir sa thèse sur les récits de maladie à l’âge de 71 ans ! C’est d’autant plus méritoire que s’il a choisi ce sujet, c’est justement parce qu’il a eu un gros souci de santé dont il est sorti partiellement paralysé : il marche avec une béquille et il lui manque une main, mutilation dont je n’ose pas lui demander l’origine. Quand je pense que certaines de mes connaissances qui n’ont même pas atteint la soixantaine se plaignent sans arrêt d’avoir mal partout et d’apprendre plus difficilement ! Bon, je ne les accable pas : nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement…

 

17h : En attendant d’aller à la piscine, je prends une pause dans la boutique de piercings et de tatouages où j’ai déjà été invité à venir m’arrêter quand je perds mes billes : j’y lis le tome 20 de la série Rantanplan, paru en 2011, et que je viens d’acquérir pour compléter ma collection. Cet album complétait lui-même une autre collection, celle des gags en deux bandes du « chien le plus bête de l’ouest » : je ne comprendrai jamais pourquoi, à l’époque, on n’avait pas tout de suite commencé par le premier gag ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! À part ça, que dire ? On peut chipoter, dire que ce n’est pas ce que Morris a fait de mieux… Mais moi, je me régale ! Les bêtises de Rantanplan me font rire et je n’ai aucune envie d’accabler ce chien attachant : les humains qui l’entourent sont finalement plus idiots que lui et n’ont même pas l’excuse d’être des animaux ! Lui, au moins fait l’effort de réfléchir, ce qui est de moins en moins le cas de mes semblables… De toute façon, peut-il vraiment être plus stupide qu’un éditeur qui publie une série sans commencer par le début ?

 

20h50 : Après la leçon de natation, je retrouve mes camarades du Collectif Synergie pour la dernière scène ouverte de l’année : nous ne sommes pas nombreux, nous sommes même à la limite de l’entre-nous, mais bon, the show must go on ! Je me surprends à déclamer SANS bafouiller, je repars donc content de moi : je ne m’attarde malheureusement pas, je dois me lever tôt demain matin…

 

Samedi 16 décembre

 

9h : Dans le train pour Paris, je ne peux m’empêcher d’interpeler une dame accompagnée d’un petit enfant assez bruyant : bien que mal réveillé, j’arrive à rester diplomate et me contente donc de lui dire poliment que si ça doit se poursuivre ainsi jusqu’au terminus, ça risque d’être assez pénible pour les autres voyageurs. J’aurais mieux fait de me taire : sans le vouloir, j’ai donné aux autres passagers l’autorisation tacite de faire la leçon à cette pauvre femme ! Cette dernière finit par me flinguer du regard en me disant « Vous êtes content, maintenant ? » Je n’ose pas lui répondre que je n’ai pas voulu ça : il n’empêche que j’ai ouvert la boîte de Pandore de la connerie humaine…

 

12h : Le train s’arrête à Laval : un homme s’assied à côté de moi, prenant la place de la dame qui était montée à Rennes et qui est déjà partie – ne voyant rien d’incongru à ce que l’on prenne le train pour aller de Rennes à Laval, je n’y ai pas accordé d’importance. Je suis obligé de déranger mon nouveau voisin pour aller au bar où j’espère pouvoir acheter des tickets de métro en échange d’un chèque : en se levant, il remarque un sac abandonné ! Et en bon crétin mal élevé, il se sent obligé de le signaler ! Je tente de l’en dissuader, n’ayant aucune envie de prendre deux heures de retard à cause d’une dame inattentive à ses affaires. Mais il s’obstine : je me vois déjà cloué en gare de Laval en attendant que les flics se soient assurés qu’il n’y ait pas de bombe dans le sac… Mais l’explication s’avère plus simple : la dame n’était pas descendue ! Elle s’était trompée de place en s’asseyant à côté de moi, elle s’était ensuite absentée en laissant son sac, et l’autre passager s’est installé entretemps à cette place qui est bien celle qui lui avait été assignée – vous suivez, j’espère ? Quant à moi, on m’a fait comprendre qu’on ne prenait pas les chèques au bar.

 

15h : Me voici à Paris. Grâce au peu de monnaie qui me restait, j’ai pu prendre le métro pour atteindre l’auberge de jeunesse du XXe arrondissement où j’avais réservé un lit. Économie oblige, celui-ci est situé dans un dortoir de neuf couchages : quand je peux y entrer, huit jeunes gens y roupillent encore, se remettant vraisemblablement d’une soirée où ils n’ont pas bu que de l’eau… Contrairement à la chambre où j’avais dormi lors de mon précédent passage à Paris, celle-ci n’est pas munie de casiers : j’ai donc emporté mon cadenas de lycéen pour rien… En tout cas, une chose est sûre : hors de question pour moi de laisser mes bagages ici ! Le larcin dont j’ai été victime en septembre m’a suffi ! Je fais donc le tri entre les affaires dont j’aurai besoin ce soir et celles que je peux laisser à l’auberge, avec la ferme attention de demander à la réception comment je peux mettre ma valise à l’abri…

 

15h15 : En attendant de solliciter le réceptionniste et de repartir à l’aventure dans Paris, je profite d’avoir un lit à ma disposition pour souffler en finissant la lecture du dernier Cahier de l’Iroise consacré pour la seconde fois aux photographes brestois – l’accent étant mis cette fois sur ceux d’aujourd’hui, dont mon ami Pod. La photographie n’est pas un art qui me passionne, mais je sens que j’aurais des choses à raconter sur cet officier de marine de la seconde moitié du XIXe siècle qui a ramené de nombreux clichés d’Afrique et d’Asie ou encore sur Louis Blonce qui nous a quittés il n’y a pas si longtemps encore et avait su capter comme personne l’ambiance des événements festifs brestois, notamment dans le quartier Saint-Martin…

 

15h45 : Je m’apprête à repartir. Le réceptionniste m’informe qu’à défaut de casiers, l’auberge dispose d’une bagagerie sise à l’étage en-dessous. Je m’y rends, mais je ne comprends pas : quel intérêt aurais-je à mettre ma valise dans cette pièce qui, visiblement, ne ferme même pas à clé ? Je remonte pour exprimer mon incrédulité au réceptionniste : il explique qu’en fait, c’est lui qui ouvre la bagagerie depuis son poste et que, grâce à une caméra, il voit lui-même quand le résident a fini d’y déposer son bagage, ce qui lui permet de la refermer… Mais pourquoi ne me l’a-t-il pas expliqué tout de suite ? J’étais censé le deviner ?

 

17h : Après plus d’une heure de marche, j’ai repéré la galerie d’art du IIIe arrondissement où doit avoir lieu la présentation du numéro de la revue L’éponge où deux de mes dessins ont été publiés. Il me reste une heure, je n’ai pas un sou sur moi, je me mets en quête d’un bar qui accepterait les chèques : je n’en trouve aucun. En désespoir de cause, je m’assieds sur un banc, par ce temps froid et humide, dans ce quartier bruyant, et je reprends mon exemplaire des Cahiers de l’Iroise pour y lire l’article hors-thème de Gérard Cissé sur l’hôtel d’Aché, un édifice qui a connu bien des fonctions diverses avant d’être détruit par les bombardements de 1944… Bien sûr, je ne boude pas mon plaisir de lire monsieur Cissé qui est un brillant historien et dont la plume a une grâce incomparable : encore un vieux monsieur inspirant ! Il n’empêche que comme début de soirée, ce n’est pas très glamour…

 

18h45 : La présentation démarre enfin. La galerie expose des peintures qui sentent leur snobisme à plein nez. Au buffet, il n’y a que du vin rouge en cubi et des amuse-gueule achetés au Monoprix. Je n’ai même pas d’espace pour présenter mes livres, j’improvise en les disposant sur une chaise. Je ne peux évidemment pas en vouloir aux organisateurs qui ne roulent pas sur l’or et sont de toute évidence de bonne volonté, mais j’espérais mieux en venant à la capitale : là, ça ne dépayse pas de Brest ! N’ayant pas de texte à lire, contrairement aux autres auteurs présents qui sont poètes ou nouvellistes, j’interprète « Les Saint-Marcois », une chanson brestoise que j’avais découverte grâce aux Goristes : j’aurai au moins la satisfaction d’avoir fait découvrir le patrimoine musical brestois à des Parisiens car je ne vends pas un seul bouquin ! Je comptais là-dessus pour pouvoir m’acheter des tickets de métro… Je m’en ouvre à Aurélie, l’une des responsables de la revue, qui accepte, fort heureusement, de me dépanner : je ne me voyais pas refaire la randonnée que je viens d’effectuer, surtout de nuit ! Bref : ce n’est pas la soirée du siècle, mais j’ai au moins fait la connaissance d’une personne sur laquelle je peux compter, je n’ai donc pas tout perdu !

 

22h : De retour à l’auberge, j’ai récupéré ma valise. Ayant emporte mon PC, je relève mes mails : j’avais quelques messages, dont un qui m’a été adressé via le site de L’Harmattan ! Mon premier « vrai » courrier de lecteur… Je me suis installé dans le bar : dans la foulée, je tente de remanier un manuscrit. Trois jeunes, un garçon et deux filles, se sont assis à côté de moi pour taper le carton : le mec parle comme une « caillera », il n’est pas fichu d’aligne deux mots sans menacer ses deux partenaires féminines, ça me gonfle tellement la pastèque que j’ai envie de lui foutre mon pied dans la figure… Décidément, Idiocracy, ce n’est pas de la science-fiction ! Ce voyage ne me laissera pas un souvenir impérissable…

 

Dimanche 17 décembre

 

6h : Je me lève déjà : je ne tiens pas à rater le petit déjeuner et je dois l’avoir fini assez tôt pour ne pas rater le train. De toute façon, j’ai affreusement mal dormi dans cette chambre surchauffée et sans volets, où j’ai dû supporter les ronflements de huit jeunes glands, le tout sur un lit surélevé où j’avais continuellement peur de faire tomber mes affaires et de me cogner au plafond ! La prochaine fois, je réserve une chambre particulière, quoi qu’il en coûte ! Tiens, ça me rappelle quelque chose ?

 

7h : La salle de restauration ouvre. Comme j’avais un peu de marge, j’avais branché mon ordinateur à une prise située dans le hall pour pouvoir jeter un œil sur Internet. Je débranche donc le chargeur… Et la prise part avec ! Je le signale au type de l’accueil, un homme obèse en tenue de pompier, qui n’a pas l’air de vraiment comprendre ce que je lui dis et qui ne semble même pas tellement étonné quand je lui montre ce qui vient d’arriver : visiblement, ce n’est pas la première fois que ça se produit ! Je craignais qu’on ne me force à rembourser cette dégradation involontaire, mais le type ne me dit rien : le jour où l’auberge s’effondrera sur lui, il restera tout aussi stoïque !

 

12h30 : Le train est arrivé à Brest. Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi soulagé de retrouver ma bonne vieille ville du Ponant ! Ce retour s’est cependant mieux passé que l’aller, surtout à partir du moment où un gros type, du genre à côté duquel j’ai l’air d’un danseur étoile (même si une vieille amie de ma mère m’a fait remarquer dernièrement que j’avais minci), a pu quitter le siège situé à côté du mien, me donnant l’impression de gagner de la place d’un seul coup… Cette fois, au moins, je n’ai rien perdu ! À part du temps et quelques illusions, bien sûr…

 

Lundi 18 décembre

 

13h : Ma nouvelle carte bancaire est arrivée : je n’en ai été privé que pendant moins d’une semaine, et c’est fou comme ça a suffi à m’handicaper ! Encore une preuve que dématérialisation ne rime pas forcément avec sécurisation…

 

14h : À l’Assemblée Générale du laboratoire HCTI, la nouvelle tombe : toutes les demandes de subvention adressées aux collectivités territoriales ont été refusées ! Y compris celles que j’avais déposées pour ma journée d’étude sur Cavanna. Ce n’est certes pas un drame absolu puisque j’ai obtenu assez de financements pour boucler le budget, mais c’est quand même une nouvelle qui fait mal, ne serait-ce que parce qu’elle est symptomatique de la situation financière des municipalités et des départements…  

 

Mardi 19 décembre

 

12h : Je passe une nouvelle fois sur l’antenne de Transistoc’h (anciennement Radio Évasion), cette fois pour parler des femmes remarquables de l’histoire de Brest. On en a retenu une quinzaine, ce qui est forcément non exhaustif ! L’interview dure 26 minutes, c’est bien sûr insuffisant pour entrer dans le détail : heureusement pour moi d’ailleurs, car j’ai du mal à rassembler mes souvenirs concernant certaines femmes de lettres un peu oubliées… Malgré tout, la journaliste est finalement satisfaite de mon intervention. Je me félicite néanmoins intérieurement de ne pas passer tous les mois sur cette antenne comme on me l’avait suggéré : la radio me stresse, sans doute bien au-delà de ce que ça vaut…

 

Mercredi 20 décembre

 

13h : J’avais été averti que j’allais recevoir un colis : je m’attendais à ce qu’il s’agisse soit du second tirage de mes calendriers 2024 soit de mon troisième recueil de dessins satiriques. Perdu : ce n’est ni l’un ni l’autre, ce sont les contreparties qui m’avaient été promises en échange de ma participation à la campagne organisée par Blast ! pour financer la production des « Marioles », ce programme satirique censé pallier l’absence des Guignols de l’info. Il faut laisser ça à Denis Robert : il tient parole. J’ai dû attendre longtemps, mais je les ai ! Dans le paquet, il y a, entre autres, une affiche représentant la marionnette de Vincent Bolloré disant « T’es viré ! » J’ai pensé un instant la mettre dans mes WC, mais je crains que ça ne me constipe et je ne tiens pas à faire peur aux enfants quand des amis viennent me rendre visite avec leur progéniture. Alors je l’ai mise dans mon débarras : comme ça, chaque fois que je prendrai mes affaires pour le ménage, je me rappellerai qu’il n’y a pas que dans mon appartement qu’il y a du nettoyage à faire…

Deux dessins réalisés au cours du soir et à la mine de plomb :

 

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Jeudi 21 décembre

 

17h30 : Après une séance de natation et un tour au marché de Noël où je me suis exceptionnellement accordé un copieux goûter, je me retrouve au Kafkérin où je sirote un thé en attendant l’heure d’ouverture de la crêperie Diwali dans laquelle doit se produire un duo que j’ai rencontré à la Raskette et que je souhaite revoir. Sur les étagères de ce café associatif, il y a, entre autres jeux de société, une boîte Burger Quiz : n’ayant rien d’autre à faire pour patienter, je ne résiste pas à l’envie de m’en saisir et de lire les cartes une par une. Mine de rien, on apprend beaucoup de choses : je savais déjà que Nostradamus avait écrit un traité sur la confiture qui fait toujours autorité et que les Romains prêtaient serment sur leurs testicules pour témoigner au tribunal, mais j’ignorais que le médecin d’Hitler était juif et que « Blédina » signifie « prostituée » en russe ! Vous trouvez que ces connaissances ne sont pas très utiles ? Et bien vous vous trompez ! Elles ont une vertu et non des moindres : celle de nous rappeler que le monde est encore plus étrange qu’on ne le croit…

 

19h : J’entre à Diwali mais, au vu de la grimace avec laquelle on m’accueille, je subodore que je ne suis pas tout à fait le bienvenu. Bien vu, l’aveugle : c’est complet, j’aurais dû réserver. Je n’ose même pas m’approcher des deux musiciens que je souhaitais revoir, je préfère partir tout de suite. Dans Un gars, une fille, Alexandra dit parfois à Jean, quand celui-ci la déçoit, « T’es nul, tu sers à rien » : c’est ce que je me dis à moi-même en ce moment ! Il est finalement heureux que je sois célibataire et sans enfants : au moins, je suis seul à avoir honte de moi.

 

Vendredi 22 décembre

 

22h30 : Les Marinades d’hiver ont pris fin : j’y proposais mes caricatures et mes produits dérivés. Le bilan n’est pas négatif, mais j’ai un peu de mal à savourer pleinement mon petit succès car, en ce moment, j’attends un bus qui n’arrivera que dans une demi-heure. Il fait nuit, il fait froid, j’ai le cul par terre… J’en ai marre de ce genre de situation ! Ça ne m’arriverait pas si on respectait un minium les gens qui n’ont pas de bagnole… Ni si tout n’était pas déjà fermé après vingt-deux heures !

 

Samedi 23 décembre

 

15h30 : Je viens d’arriver chez mes parents où je vais séjourner une semaine histoire de fêter Noël en famille et de me délasser un peu… Oublier ce monde pourri pendant quelques jours ne me fera pas de mal !

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23/12/2023
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