Du 6 au 13 octobre : Imagine all the people sharing all the world...

 

Commençons par un dessin d'actualité :

 

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Vendredi 6 octobre

 

16h : Ayant pris congé de ce cher Pod, je me suis installé à la PAM, qui est juste en face de la galerie, pour écrire en attendant l’heure de la leçon de natation… L’endroit est trop éclairé et trop bruyant à mon goût, mais je ne vais pas remonter au Beaj Kafé alors que je dois descendre à Recouvrance dans deux heures. J’ai la bonne surprise de revoir mon professeur d’histoire-géo de terminale : à ma grande surprise, il n’est pas encore à la retraite et il ne semble même pas spécialement démotivé. Comme quoi toute la profession n’est pas touchée par le malaise ! D’un autre côté, cet estimable monsieur a assez d’expérience pour encaisser les coups durs et il est plus facile d’accepter les misères d’une profession quand on n’en a plus que pour un an ou deux à l’exercer : dans l’état où se trouve aujourd’hui l’école de la République, si je devais y travailler pendant trente ans, je pense que je déprimerais…

 

19h : À la piscine, j’essaie les mouvements de brasse pour la première fois. Je me surprends à être assez à l’aise même si, faisant mes exercices sur le dos, je ne peux éviter les collisions répétées avec les autres élèves qui, heureusement, ne s’en formalisent pas. L’une d’elle m’adresse même des sourires que je pourrais surinterpréter si j’étais optimiste… Évidemment, on sent travailler ses muscles ! Mais je ne me fais pas d’illusion : même au bout d’un an de natation régulière, je ressemblerai toujours plus à Alban Ivanov qu’à Ryan Gosling. Ce qui tombe très bien car je préfère de loin le premier au second !  

 

Samedi 7 octobre

 

12h30 : Tout en déjeunant, je me passe les dessins animés des Monsieur-Madame. Régressif ? Peut-être, et alors ? Renouer avec ce qui vous a rendu l’enfance agréable, il n’y a pas meilleur anti-stress. Personnellement, je craque pour l’adorable madame Timide : quand elle rencontre un lion échappé d’un cirque, elle s’avère assez clairvoyante pour comprendre que ce pauvre animal n’est pas fait pour le spectacle et décide de prendre sa défense ; elle prouve ainsi qu’elle a le sens de l’autre, ce qui devrait la seule intelligence vraiment digne d’estime. Les aventures des personnages créées par Roger Hargreaves peuvent être relues sans honte à l’âge adulte : le monde des Monsieur-Madame n’est jamais mièvre, il met en scène avec acuité la difficulté de s’insérer dans la société et la nécessité de s’accepter pour mieux accepter les autres, leurs histoires parlent de façon récurrente de l’estime de soi, de la recherche d’emploi, du respect d’autrui… Ces problématiques ne concernent pas que les gosses, que je sache ! Il parait que plusieurs histoires « pour adultes » ont été publiées : sincèrement, leur univers me paraissait déjà assez mature en tant que tel… Il n’y a pas si longtemps, je m’étais amusé à réaliser une BD mettant en scène ces personnages dans des situations que je croyais subversives : en réalité, en imaginant monsieur Malpoli ruiné, madame Chance marié à monsieur Malchance ou encore madame Dodue qui assume ses rondeurs grâce à la mode des mannequins grande taille, j’étais totalement dans l’esprit de la série qui est beaucoup plus audacieuse qu’on ne le croit ! Et puis n’oublions pas l’essentiel : au-delà de toute considération, les Monsieur-Madame, c’est vachement marrant !

 

Dimanche 8 octobre

 

11h30 : Je me passerai bien de sortir un dimanche matin, mais je n’ai plus une croûte de pain. En allant me réapprovisionner à la boulangerie, je croise à l’entrée la patronne qui discute avec un autre habitant du quartier : apparemment, elle aurait eu peu de clients aujourd’hui, vu que presque tout le monde est parti profiter du temps estival qui persiste ! Je me précipite vers le comptoir pour être servi par la vendeuse le plus vite possible : je n’ai aucune envie de m’attarder dehors pour « profiter » de ce « temps magnifique » qui ne me rappelle que trop l’imminence de la catastrophe écologique annoncée… Certains diront que j’ai tort de ne pas profiter du soleil : j’ai plutôt l’impression d’avoir raison de profiter d’encore trouver du pain !  

 

Lundi 9 octobre

 

18h : Il y a longtemps que ça ne m’était plus arrivé : je suis resté cloîtré chez moi à écrire toute la journée. Je ne pouvais pas faire autrement : ayant perdu presque tous mes fichiers numériques, je dois bien m’appuyer sur ma documentation papier et celle dont j’ai besoin était trop encombrante pour que je l’emmène en ville. J’avais oublié à quel point il était pénible de passer la journée sans s’aérer, sans se dégourdir les jambes… C’est d’autant plus désagréable que j’étouffe : à cause du chantier devant mon immeuble, je ne peux même pas ouvrir ma fenêtre ! Vivement que les températures baissent enfin… En attendant la fournaise permanente !

 

Mardi 10 octobre

 

9h : Retour au Beaj Kafé pour y exécuter quelques tâches peu agréables dans un cadre qui l’est davantage – cette arrière-salle sans fenêtre et néanmoins aérée est un endroit idéal pour travailler. Un coup d’œil rapide sur les journaux me confirme ce que j’avais vaguement entendu dire à propos Proche-Orient… Je suis consterné, horrifié, écœuré, épouvanté. Je n’ai même plus la force de m’indigner. Bientôt 80 ans que ça dure ! L’immense majorité des Palestiniens et des Israéliens n’aura jamais connu que cet état de guerre perpétuel ! Et ces cons osent encore baptiser « terre promise » ce bled qui ne leur a rapporté à ce jour que du sang, de la sueur et des larmes… Ce dieu assez pervers pour dire à deux peuples que le même territoire leur était adjugé, je souhaite vivement qu’il n’existe pas ! D’ailleurs, je n’ai pas à le souhaiter : il n’existe pas, et tant mieux ! Les hommes sont déjà bien assez pervers sans qu’un monsieur-je-sais-tout omnipotent y rajoute ses conneries ! Comme pour toutes les guerres, les motifs spirituels ne sont que des prétextes : tout n’est qu’histoire de gros sous et de lutte pour le pouvoir ! Chez nous, on va avoir droit au sempiternel débat bidon entre ceux qui refusent de défendre Israël parce qu’il est le plus fort contre ceux qui refusent de défendre le Hamas parce que ce sont des terroristes : si, pour une fois, on pouvait entendre aussi ceux qui voudraient seulement défendre les victimes innocentes, ça nous changerait un peu ! Les gens qui ne demandent qu’à vivre et n’en ont rien foutre de savoir si la prochaine déclaration d’impôts sera rédigée en arabe ou en hébreux, ce sont eux les plus nombreux, au cas où vous ne le sauriez pas…

 

Mercredi 11 octobre

 

18h : En ouverture du cours du soir, nous avons droit à la désormais traditionnelle présentation des dessins réalisés à la maison suivant des consignes formulées par la prof : cette année, cette enseignante pleine d’esprit nous a demandé d’inclure dans nos dessins des photos découpées et recollées. L’un des élèves a eu l’idée de saisir l’occasion pour faire une allusion aux punaises de lit : s’ensuit une conversation sur ce « fléau » ! Je ne peux m’empêcher d’intervenir vigoureusement, jugeant qu’on en fait beaucoup avec cette affaire certes gênante mais sûrement pas dramatique. D’accord, il peut paraître invraisemblable de devoir encore lutter contre les rats et les punaises à l’époque des smartphones et des tablettes numériques, mais le progrès à deux vitesses n’est plus une surprise : dans les années 1980, Cavanna exprimait déjà l’ahurissement que lui inspirait le retour des poux à une époque où les transmissions hertziennes, qui l’avaient tant fasciné dans son enfance, étaient totalement banalisées… Mais surtout, il faut relativiser ce « fléau » : après tout, je reviens récemment d’un voyage au cours duquel j’ai couché dans deux lits différents, qui plus est presque nu à chaque fois parce qu’on m’avait volé mon pyjama (en même temps que le reste) et je n’ai jamais été gêné par les punaises ; en revanche, ça va bientôt faire un mois que je suis gêné par le réchauffement climatique ! Autant on peut ne pas se sentir concerné par les punaises, autant il est impossible d’échapper à la hausse des températures ! Mais surtout, le fait que nous considérions les punaises comme un fléau prouve que, malgré les problèmes dont nous nous plaignons, nous n’en restons pas moins des Occidentaux pourris-gâtés : ceux qui essaient d’échapper aux bombes, que ce soit en Ukraine, au Mali ou dans la bande de Gaza aimeraient être à notre place ! Ça va, quoi, les petites bêtes ne mangent pas les grosses ! Le pire prédateur de l’homme… C’est l’homme !

 

Le collage que j'ai présenté : Kris, le scénariste de BD, relooké en Popeye.

 

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Quelques portraits d'élèves réalisés pendant le cours :

 

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20h30 : Dîner au Biorek brestois. La déco d’Halloween est déjà en place, ce cher Alexandre craignant de n’avoir plus le temps de l’installer s’il attend. À tout prendre, c’est moins choquant que les supermarchés qui ont déjà mis les produits de Noël en rayon ! Il devient difficile de pouvoir discuter avec Alex : depuis peu, à chaque fois que je viens, son établissement est presque plein ! Il est même obligé de refuser du monde ! Bien sûr, ce n’est que justice que son restaurant trouve son public – que ça ne vous décourage surtout pas d’y aller ! Comme il faut être un peu plus patient que jadis pour être servi (mais Alex, qui a l’avantage d’être jeune, n’en reste pas moins efficace), j’en profite pour réaliser deux dessins d’actualité sur le pouce : je ne peux pas rester totalement insensible à ce qui se passe à Gaza… Mon activité attire l’attention d’un autre client et de sa petite fille : ce que je dessine n’est pourtant pas trop destiné aux enfants ! Alexandre est assez impressionné par ma vitesse d’exécution : c’est vrai que je pourrais être encore plus productif si je n’avais pas tant de blocages psychologiques… Dehors, il pleut : on peut le voir aux gouttes qui sont tombées sur les vitres des voitures. Je n’aurai qu’un mot à ce sujet : enfin !  

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Jeudi 12 octobre

 

10h30 : J’avais rendez-vous à la médiathèque de Pontanézen avec le jeune homme en situation de handicap lourd dont j’illustre actuellement le scénario : mais sa psychomotricienne n’a pas réfléchi, elle a choisi une heure où le bâtiment est fermé… Quand elle arrive, accompagnée d’une stagiaire et poussant le fauteuil roulant de mon jeune scénariste, j’ai bien du mal à cacher mon impatience : je ne devais pas réagir comme ça, mais je n’en peux vraiment plus de me retrouver en rade dans des lieux déserts… Fort heureusement, le jeune homme semble satisfait de mon travail, ce qui m’aide à décolérer. J’ai pour principe de ne pas le regarder avec pitié, en dépit de sa difficulté à s’exprimer et à exécuter certains gestes élémentaires : que veulent les gens dans sa situation si ce n’est être reconnus comme des personnes à part entière ? Sa collaboration avec votre serviteur semble lui avoir redonné le goût de la vie : nul ne peut réveiller les morts mais, avec un peu de bonne volonté, on peut aider un individu diminué à accéder à une forme de vie…

 

17h : Retour au bercail. J’ouvre mon courrier : je n’ai qu’une lettre de mon fournisseur d’accès à Internet qui m’informe que la fibre optique est disponible à mon adresse. Franchement, ça me fait une belle jambe ! Depuis que j’ai failli être victime d’une arnaque à la fibre optique, j’ai eu le temps de m’informer et d’apprendre que cet équipement n’était pas obligatoire, alors pourquoi m’embêterais-je avec ça ? Leurs arguments sont-ils au moins de nature à me convaincre ? Tu parles ! Selon eux, la fibre me permettrait de « passer [mes] appels en visio avec [mes] proches », d’envoyer « les vidéos de [mes] enfants ou petits-enfants » et de « regarder [mes] films et séries sur [ma] TV pendant que les plus petits regardent leurs dessins animés sur leur tablette et les ados surfent sur leur smartphone » ! C’est vraiment crétin : je n’ai ni téléviseur, ni smartphone ni tablette et je n’ai aucune envie d’en avoir, d’autant que je ne regarde presque jamais de films ni de séries, et je n’ai pas non plus d’enfant ni de chérie pour en faire (j’estime que je serais presque en droit de me plaindre de leur indélicatesse) ! Ah, mais oui, je sais, j’ai 35 ans, donc je suis présumé avoir tout ça aux yeux de l’équipe Marketing que mon fournisseur d’accès doit payer une fortune, notamment grâce aux économies réalisées en ne versant que des salaires de misère aux pauvres types qui assurent le bon fonctionnement du réseau… J’ai Free, ILS n’ont rien compris !    

 

Vendredi 13 octobre

 

8h : Tôt levé une fois de plus, je m’apprête à sortir pour faire mon marché et je réalise qu’on est vendredi 13. Un vendredi 13 à moins de trois semaines d’Halloween… Je ne suis pas superstitieux mais, symboliquement, ce n’est pas anodin, surtout dans l’ambiance actuelle. Je me demande tout à coup pourquoi on continue à fêter Halloween alors que la réalité est déjà bien assez épouvantable sans qu’on doive s’amuser à se faire peur ! Et puis l’évidence me saute aux yeux : si on fête Halloween, ce n’est pas pour se faire peur… C’est pour se réconforter, au contraire ! Et oui : les vampires prêts à vous pomper le sang ne peuvent pas être pires que les huissiers de justice qui viendront saisir votre mobilier quand vous ne pourrez plus payer vos dettes à cause de l’inflation ! Les zombies bouffeurs de cerveaux sont moins redoutables que les militaires russes ou chinois qui se voient déjà violer de l’occidentale à tour de bras ! Les savants fous qui donnent la vie à des créatures monstrueuses sont moins nuisibles que les industriels qui ont permis à l’humanité de pourrir la planète avec des engins polluants et énergivores ! Dans le monde d’aujourd’hui, le film d’horreur le plus violent fait désormais figure de réconfort : dans cette société où tant de choses que nous pensions bénéfiques ou, au moins, inoffensives s’avèrent épouvantablement nuisibles, il fait bon se plonger dans un monde fictif où la frontière entre le bien et le mal est à nouveau claire. Quand on joue au monstre, au fantôme ou à la sorcière, on est un méchant et c’est clair, net et sans bavures et puis c’est marre, tandis que que le monde réel est bourré d’authentiques nuisibles qui prétendent faire le bien (policiers, contrôleurs de titres de transport, président de la République, etc.) et, de ce fait brouillent les pistes… Fêter Halloween, en somme, c’est se raccrocher au rêve inaccessible d’un monde où le bien est le bien et où le mal est le mal : pas étonnant que ça ne plaise pas qu’aux enfants !

 

10h45 : Entrevue avec la patronne du Pacha qui fut elle aussi une amie de la regrettée Geneviève Gautier : c’est une septuagénaire fort aimable, qui aime les livres, l’histoire, les artistes, les vieilles pierres et la culture en général… Elle n’a pas le profil auquel on s’attend spontanément de la part d’une propriétaire de bar-tabac-PMU ! Quand je lui demande comment je dois désigner sa profession dans mon article, elle me donne le mot « commerçante » : elle me fait visiter l’arrière-salle, me présentant les toiles accrochées au mur et insistant sur l’ambiance « familiale » qu’elle a voulu installer ici. Elle me met en confiance, à tel point que je ne peux m’empêcher de serrer contre moi l’un des deux Sylvestre en peluche qui ornent la pièce… Sapristi saucisse ! Elle cherche un repreneur pour son établissement : le Covid et la guerre en Ukraine ont retardé sine die les éventuels rachats… Souhaitons-lui bon courage !

 

12h : Retour au Beaj Kafé. Un rapide coup d’œil sur les journaux m’apprend que Macron a parlé hier. Au fond, cet énième pilonnage de la bande de Gaza l’arrange bien : il se retrouve dans le rôle qu’il avait joué au début de la guerre en Ukraine et qui avait fait faire un bond à sa popularité et, surtout, on ne parle plus de la réforme injuste et inadaptée du RSA, ni même de la crise climatique qu’on-ne-sait-pas-qui-c’est-qui-aurait-pu-la-prévoir ! Son allocution ? Encore un moment de télévision que je ne vais pas regretter d’avoir raté…    

Terminons avec une nature morte qui tombe à point maintenant que l'automne arrive enfin :

 

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Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 



13/10/2023
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