Du 18 au 22 novembre : Oui, je suis en retard, et alors ?

 

Commençons par une annonce : le calendrier Blequin 2024 vient d'être commandé à l'imprimeur, vous pouvez donc déjà réserver votre exemplaire en me contactant. 15 euros, frais de port non compris - port gratuit pour les habitants de Brest Métropole. En voici la couverture :

 

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Samedi 18 novembre

 

17h : Les conférences se suivent et ne se ressemblent pas. Celle d’Alain Croix ne m’avait pas apporté grand-chose de susceptible d’alimenter ma page « histoire » mais j’avais tout de même pris un immense plaisir à l’écouter, tant l’orateur avait un talent indéniable pour tenir en haleine l’auditoire. Aujourd’hui, j’écoute Louis Jestin parlant de son oncle FFL et c’est tout le contraire : sur le fond, c’est absolument passionnant, la vie de ce combattant de la liberté est digne d’un roman d’aventure, je prends des notes en masse et je suis sûr d’avoir de quoi écrire au moins deux articles… Mais l’orateur a une voix soporifique ! Autant j’aurais aimé assister aux cours d’Alain Croix, autant je me félicite que Louis Jestin n’ait pas embrassé la carrière d’enseignant ! C’est dommage, car ça dessert une histoire qui pourrait inspirer à Ridley Scott un film autrement plus épique et exaltant que son Napoléon dont je n’entends pas dire beaucoup de bien… Moralité : que l’on soit orateur ou réalisateur de cinéma, il ne suffit pas d’avoir une histoire intéressante pour passionner le public !  

 

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Lundi 20 Novembre

 

9h30 : Je quitte le Decathlon de la zone du Froutven, muni des palmes dont j’aurai désormais besoin pour poursuivre mon apprentissage de la natation. J’y suis allé deux fois en un trimestre, c’est un record à l’échelle de ma vie ! D’autant que ce magasin est situé dans une zone assez décentrée, ce qui n’en rend pas l’accès facile, surtout quand on ne peut compter que sur les transports en commun et quand il fait un temps des plus mitigé… Bref, j’ai vraiment fait cette escapade par nécessité ! Cela dit, je râle pour le principe, mais au fond, si je m’introspectais avec honnêteté, je suis sûr que j’avouerais adorer ce genre d’excursion qui me dispense d’avoir à me creuser la tête pour savoir ce que je vais faire de ma journée…

 

Mardi 21 novembre

 

10h30 : Les nouvelles d’Argentine m’épouvantent… Tout le monde devient dingue, en ce moment ! C’est à croire que face aux menaces qui pèsent sur elle, l’humanité n’a d’autre réaction que la libération de ses pires instincts ! « Foutus pour foutus, autant en profiter pour rester entre mâles blancs adultes, hétérosexuels, catholiques et de droite ! » Une tactique de la terre brûlée qui n’a aucune chance d’apporter quoi que ce soit de positif … Je me laisserais presque aller au désespoir si je pouvais encore me le permettre !

 

11h30 : Dans le cadre de la promotion de Voyage en Normalaisie, je suis interviewé par la rédactrice en chef de Côté Brest : c’est bien la première fois que j’arrive à faire pleurer une journaliste ! Et pourtant, elle me connaît depuis déjà plus de huit ans ! D’un autre côté, si entendre parler du harcèlement scolaire ne fait plus rire les gens, c’est plutôt bon signe. J’ai déjà été interviewé plusieurs fois pour ce livre, j’ai bon espoir qu’il rencontre un succès honorable à moyen terme…  

 

Mardi 22 novembre

 

16h : Je quitte le Quartz où j’étais venu faire des repérages en vue des journées nationales de psychomotricité qui commencent demain et où je suis censé faire du sketching : j’ai ainsi pu découvrir comment j’allais être installé dans la salle, ce qui était indispensable pour ma préparation mentale. C’est que je vais dessiner en direct devant des centaines de personnes pendant trois jours d’affilée ! Ce n’est pas rien ! Mais l’équipe est plutôt bienveillante et, malgré l’effervescence qui règne à la veille du jour J, je sens que ces messieurs-dames sont vraiment contents de pouvoir compter sur moi. J’ai même pu en profiter pour finaliser mes illustrations pour le calendrier 2024 (je suis très en retard) sous les yeux émerveillés de quelques témoins. C’est donc quand j’essaie de sortir du bâtiment par la porte principale que se produit le seul incident de cette journée plutôt agréable : je constate que cette porte est fermée, j’interpelle donc l’un des jeunes hommes qui s’affairent à la caisse pour savoir s’il peut m’ouvrir. Quand je lui dis que je veux sortir, il réagit comme si je venais de proférer une énormité ! Pensant avoir affaire à un imbécile, je perds un peu patience : « Je veux sortir, c’est pas sorcier ! » Évidemment, il le prend mal, et quand il constate que la porte est bel et bien fermée, il ne manifester aucune velléité de me venir en aide et m’exhorte à sortir par où je suis entré, c’est-à-dire par le PC sécurité… Et naturellement, j’ai un mal de chien à en retrouver le chemin ! Bon, je finis par réussir à sortir, mais c’est tout de même navrant qu’un détail vienne gâcher un après-midi qui aurait pu être parfait…   

 

16h30 : Avec tous ces travaux, traverser le centre-ville de Brest est une véritable gageure ; étant relativement peu chargé, je décide de faire la route jusqu’à Bellevue à pied. Chemin faisant, je découvre ainsi les affiches pour une énième adaptation cinématographique des Trois mousquetaires. Et devinez qui joue le rôle de la belle et redoutable Milady ? Un indice : c’est la seule Française à laquelle Hollywood peut faire appel pour un rôle de ce genre. Et oui, c’est Eva Green ! Encore un rôle de femme fatale ! Ce n’est pas un hasard : quelles sont les autres Françaises qui s’illustrent, à notre époque, dans les films américains ? Audrey Tautou, Bérénice Béjo et Marion Cotillard : bref, des filles mignonnes mais pas « canon », en tout cas pas suffisamment pour pouvoir rivaliser avec des créatures de rêve telles que Julia Roberts, Gwyneth Paltrow ou Scarlett Johansson (pour ne citer que mes préférées), et, de toute façon, toutes plus ou moins « cruchasses » – chaque fois que j’ai entendu l’une de ces trois frenchies en interview, j’ai été effaré ! Eva Green, c’est l’exception : elle est vraiment très belle et se paie même le luxe d’être intelligente, mais elle est cantonnée aux rôles de femmes dangereuses, on la surnomme même « la sorcière d’Hollywood ». Voici donc l’image que les États-Unis semblent avoir (ou, du moins, vouloir donner) de la femme française : soit c’est une gentille nunuche tout juste assez mignonne pour séduire sans pour autant égaler une Américaine, soit c’est une perverse qui pourrait émasculer le red-blooded u.s. male ! Je ne sais pas ce qu’il en est pout les ressortissantes des autres pays d’Europe, mais ça en dit long sur l’image de la France à l’étranger. Non, non, soyez juste : pour le coup, je crois bien que Macron n’y est pour rien !

 

Puisqu'on parle de cinéma : je ne sais pas ce que vaut le film sur Bernadette Chirac avec Catherine Deneuve dans le rôle principale mais, de toute façon, si vous tenez vraiment à en savoir plus sur cette personnalité, reportez-vous plutôt  au film de John Paul Lepers ou, à la rigueur,  aux sketches des Guignols de l’info qui ont été les seuls, à l'époque, à nous rappeler que derrière la gentille petite vieille se cachait une aristocrate pète-sec, réactionnaire et autoritaire qui abusait clairement de son statut de "première dame"...

 

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18h : Au cours du soir, nous poursuivons l’exercice à l’aquarelle. Je n’y prends qu’un plaisir mitigé : je n’arrive décidément à me passionner pour la représentation d’une paire de chaussures et, surtout, j’ai l’impression de me battre littéralement avec mon papier et le matériau. Je suis incapable de peindre proprement ! Pourtant, le résultat plait beaucoup, surtout à notre prof qui apprécie les tons pétants et l’énergie avec laquelle ils s’entremêlent… C’est l’éternel malentendu avec le public : c’est toujours ce dont on est le moins content qui séduit le plus !  

 

 


29/11/2023
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Du 12 au 18 novembre : concours de chant et autres

 

Ouvrons le bal avec un dessin qui résume assez bien ce que je pense de notre époque : 

 

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Dimanche 12 novembre

 

12h45 : Après un samedi férié sans histoire, me voici, grâce à un camarade qui a bien voulu m’y conduire, à l’entrée de la salle de l’Arcadie à Ploudalmézeau : je suis inscrit au concours de chant qui y est organisé au profit du Téléthon. En attendant, à l’abri de la pluie, je mange mon casse-croûte : cette fois, j’ai pris la précaution de me munir de ma fidèle chaise pliante qui me rend déjà de fiers services quand je vais faire le caricaturiste et à laquelle je devrais avoir recours plus couramment si je ne veux plus me retrouver le cul par terre comme un clochard. J’y gagne en dignité et en confort mais je n’en suis pas moins seul, dehors, par un temps maussade, dans un quartier, pour l’heure, aussi animé que Pyongyang la nuit. Pour ne rien arranger, à croire qu’on paie les urbanistes à être stupides, la salle de spectacle a été bâtie juste à côté du cimetière… J’espère donc que les portes ne tarderont pas à s’ouvrir avant que je ne me demande une énième fois ce que je suis en train de faire de ma vie.

 

13h15 : Surprise : je viens à peine de finir mon pique-nique que les portes s’ouvrent déjà. Je suis accueilli chaleureusement par les bénévoles de l’association organisatrice, les Donneuses d’espoir : la présidente Simone Fourn, en particulier, celle-là même qui m’avait sollicité quand nous nous sommes rencontrés au Pilier Rouge, est bien contente de me voir arriver. Avec ses copines, elles me font penser à des versions blanches de ces mammas afro-américaines chaleureuses et toujours prêtes à vous serrer dans leurs bras – ce n’est pas un cliché, Siné et Keith Richards ont attesté que ça existe. On me débarrasse de mes affaires les plus lourdes que je peux entreposer dans un placard, on m’indique les places réservées aux candidats (il y en a une quarantaine, paraît-il !), on me laisse boire un café sans payer, histoire d’éviter que je m’endorme au cours de cet après-midi… Apparemment, les gens gentils, ça existe encore : il faut lancer un programme de sauvegarde de l’espèce ! 

 

13h30 : La salle se remplit déjà. Non seulement de candidats mais aussi de spectateurs : c’est déjà la huitième édition du concours et les réseaux de l’association fonctionnent à plein régime. Beaucoup de gens me reconnaissent, pour m’avoir croisé soit au concours de chant d’Amasic, pour m’avoir vu tenir mon stand de caricaturiste, pour avoir eu recours à mes services de correspondant de presse… C’est fou comme ça suffit à me mettre de bonne humeur ! Non que je me laisse griser par le succès, mais ne pas me sentir radicalement étranger m’aide à me mettre à l’aise. Suprême satisfaction : parmi les candidates, je retrouve la délicieuse Jeanne, lauréate de l’édition 2022 du concours Amasic ! C’est toujours un plaisir de retrouver cette charmante jeune fille à la voix de diamant : jolie, éveillée, modeste, talentueuse, elle est parfaite ! Ah, si elle avait vingt ans de plus…

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Oui, c'est bien moi qui tire la langue au photographe !

 

14h : Les festivités commencent à l’heure, c’est un autre bon point. Visiblement, l’organisation est rodée. L’animation est assurée par un certain Jean-Jacques, un gros rigolo qui doit friser la soixantaine. L’ambiance est plutôt familiale : le public a beau être nombreux, tout le monde connait plus ou moins le quart de la salle au minimum. Ce qui est formidable, c’est que toutes les tranches d’âge sont représentées : on n’a pas si souvent que ça l’occasion de voir les jeunes côtoyer les anciens. Pourtant, nous devrions tous fréquenter des gens de tous les âges : ça limiterait les conflits de génération et, comme personne ne restera jeune jusqu’à la fin de ses jours, chacun a intérêt à s’habituer très tôt à côtoyer des gens d’âge différent. Combien de personnes âgées n’ai-je pas entendu rouspéter sur le fait que tous leurs amis sont morts ! Si elles n’avaient pas méprisé les vieux quand elles étaient jeunes, elles ne verraient pas d’inconvénient à fréquenter des jeunes maintenant qu’elles sont vieilles… Enfin… Je suppose ?

 

14h25 : Le spectacle s’ouvre sur un passage de Simone et ses copines qui nous interprètent « L’oiseau et l’enfant » de Marie Myriam : on est là pour le Téléthon, c’est donc de circonstance. Je n’ai jamais vraiment réussi à apprécier cette chanson depuis que je l’ai entendue au baptême du fils d’une de mes meilleures amies, mais je n’osais pas espérer n’entendre que des chansons que j’aime. Je prends donc ce tour de chant pour ce qu’il est : une tranche de plaisir que s’offrent trois dames généreuses qui ont bien le droit de penser AUSSI un peu à elles. 

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14h35 : Après un passage de l’ami Gilles dont j’avais déjà apprécié les talents musicaux à Saint-Pierre (j’aurais tout de même aimé qu’il nous rejoue « Le barbier de Belleville »), le concours proprement dit commence avec la catégorie « moins de quinze ans ». La première candidate est une adorable jeune fille prénommée Océane qui nous chante… « L’effet de masse » de Maëlle. Entendre une petite demoiselle interpréter cette chanson anti-harcèlement, c’est quelque chose ! Ça prouve qu’il n’y a pas de fatalité et qu’un enfant est capable de prendre conscience de la souffrance d’autrui. Océane chante merveilleusement bien et elle est élégamment vêtue, sa tenue me rappelle vaguement celle d’un druide ; on la sent cependant peu à son aise, ce qui est normal pour son âge : elle semble se protéger avec la main qui ne tient pas le micro… Adorable ! Je lui demanderais bien sa main si elle avait vingt ans de mieux !

 

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Tant qu'à faire de parler de harcèlement à l'école :

 

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14h50 : La catégorie « moins de quinze ans » continue de défiler : après deux autres charmantes jeunes filles, nous avons droit à un jeune garçon noir qui porte un sweat de l’école Diwan et chante… Du Anjela Duval. Oui, vous avez bien lu : un petit noir qui chante en breton ! De quoi donner une PLS à Éric Zemmour ! Rien que pour ça, le jeune homme mérite amplement les applaudissement nourris que lui rapporte sa prestation. J’avoue que j’adore voir les enfants chanter : même s’ils peuvent être peu à leur aise, ils n’y vont pas moins pour le plaisir, sans les scrupules déplacés dont s’embarrassent trop souvent les adultes et les adolescents…

 

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15h : Ça ne pouvait pas rater : à force de griffonner sur mon carnet, je me suis fait repérer. L’animateur, avant de présenter Jeanne, parle d’un « monsieur en train de dessiner » qui attise sa curiosité… Heureusement, quand ma petite chouchoute se met à chanter, le public m’oublie assez vite : la grâce, le talent et l’aisance scénique de la petite Jeanne subjuguent tout le monde, moi le premier ! Une vraie professionnelle ! Je ne donne pas dix ans pour que les maisons de disques se battent pour lui signer un contrat… Et pour que les prétendants s’entretuent pour l’épouser !

 

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15h15 : On passe à la catégorie 15-25 ans. Malgré le talent indiscutable de Jeanne et d’Océane (pour ne citer que mes deux chouchoutes), le jury aura fort à faire pour départager les candidat(e)s qui sont tous fort différent(e)s les un(e)s des autres : comme dirait Brassens, chacun a quelque chose pour plaire, chacune a son petit mérite, mais mon colon, celui que je préfère… Et bien je ne sais pas qui c’est ! Le jeune homme qui passe sur scène nous interprète un texte de Grand Corps Malade que j’oublie assez vite : je retiens surtout qu’il s’accompagne au piano, ce qui change un peu.

 

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15h25 : Après le passage d’un duo de charme (une chanteuse et une guitariste), je suis obligé de sortir pour satisfaire un besoin naturel. Du coup, je rate la prestation d’une jeune femme qui nous chantait « Halleluja » de Léonard Cohen… Ma vessie a bien choisi son moment ! La chose est d’autant plus regrettable que quand je reviens, je n’ai que quelques secondes pour griffonner assez grossièrement le visage de la jeune chanteuse : bien entendu, elle est beaucoup plus jolie que sur mon dessin. Mais je sens venir le moment où on va m’appeler sur scène et je ne tenais pas à ajouter une petite source de malaise aux grandes…

 

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15h40 : Après le passage d’une charmante jeune femme qui nous a interprété « Casting » de Christophe Maé (chanson que je ne connaissais pas car je n’aime guère son interprète d’origine mais qui s’avère rigolote), on m’appelle à mon tour : je suis un peu surpris car la catégorie annoncée était celle des « 25-33 ans » ! D’un autre côté, si on tient compte des deux années qu’on m’a volées sous prétexte de pandémie, on peut considérer que je n’ai effectivement que 33 ans… Je monte donc sur scène et je profite pleinement du pupitre et du pied de micro dont je dispose : j’ai mon texte sous les yeux et les mains libres, ce qui me permet d’avoir la gestuelle appropriée pour interpréter « Tout commence en Finistère ». Et oui, cette fois, plus question d’interpréter du Renaud : puisque je n’arrive pas à émouvoir les gens en chantant mon poète contemporain préféré (après Brassens, bien sûr), tant pis, je n’interprète plus que mes propres créations ! Puisqu’on dit que j’ai une personnalité riche, autant l’exploiter à fond. Bref, j’ai la voix qui tremble un peu, mais je suis assez vite à l’aise pour la tenue de scène, je fais même un bras d’honneur au moment du couplet évoquant Pétain ! Le public réagit exactement comme je l’espérais et tape dans ses mains en même temps que moi : même si je ne gagne rien, au moins, j’aurai cette satisfaction, ça n’aura pas été comme au Pilier rouge où les spectateurs étaient restés amorphes en m’écoutant. Quand je sors de scène, l’animateur commente : « Ça fait du bien, un peu d’humour ! » C’est curieux, je n’envisageais absolument pas « Tout commence en Finistère » comme une chanson comique, je voulais seulement exalter l’histoire de notre région et tous les pionniers qui lui ont fait honneur ; et pourtant, je peux écrire une chanson destinée à faire rire, c’est ce que j’ai fait pour « La mamie de Léonce » par exemple. Enfin, si je fais rire malgré moi sans que ce soit à mes dépends, je ne vais pas m’en plaindre : inutile de rejouer Le Schpountz… Quand je regagne mon strapontin, le candidat assis derrière moi m’adresse un pouce levé : j’attendrai l’entracte pour avoir d’autres retours… Le jeune homme après moi chante du Céline Dion. Il le chante très bien. Dans d’autres circonstances, j’aurais fait un complexe, mais cette fois, je me reprends vite : on ne pourra pas comparer nos prestations respectives, elles n’ont absolument rien à voir ! Je n’aimerais vraiment pas être dans le jury…

Votre serviteur sur scène :

 

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16h15 : La fatigue se fait sentir. J’oublie assez vite ce qu’interprètent les candidat(e)s suivants, même s’ils (elles) chantent avec talent ou se trouvent être de très jolies femmes. Je suis surtout marqué par celui qui était assis derrière moi et qui nous a chanté « La ville que j’ai tant aimée » : c’est vraiment un patriote enthousiaste, il porte même un t-shirt « Je suis breton » ! Mine de rien, à part moi et le petit Noir, nous n’aurons pas été nombreux à jouer la carte de la couleur locale ! Bref, c’est au grand soulagement de tous que l’entracte est annoncé. J’en profite pour consommer une crêpe et une boisson chaude histoire de soulager ma gorge que je sens irritée : apparemment, ça ne s’est pas entendu sur scène, puisqu’on me complimente pour ma prestation. Bien sûr, on demande surtout à voir mes croquis : je suis toujours étonné par les réactions enthousiastes que suscitent ces modestes griffonnages exécutés en quatrième vitesse ! Comme toujours, les personnes que j’ai dessinées sont toujours surprises de se voir, mais elles ne sont jamais vexées. Mais la plus surprise est Simone qui ignorait que je dessinais ! Elle est bien la seule à ne pas me connaître en premier lieu sous cet angle-là… En tout cas, heureusement que j’ai le dessin : sans ça, dans une telle foule, aborder les gens pour leur parler me serait difficile… 


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17h15 : Le concours a repris. Après un duo que j’avais déjà découvert au Pilier Rouge, passe une dame visiblement d’âge mûr qui nous interprète… « L’Aziza » ! Aïe ! J’ai horreur de Balavoine et je le dis franchement à mon voisin : il me répond que lui aussi ! Je me sens moins seul, je pourrai dire à ma mère qu’il n’y a pas que moi ! Comme je ne veux vexer personne, je ne coiffe pas mon casque anti-bruit et je subis la chanson sans maugréer. Il n’empêche que j’ai beau écouter les paroles, je ne leur trouve rien d’exceptionnel, je les trouve même niaises et sans originalité : je ne peux pas m’empêcher de penser que si tant de gougnafiers se sentent autorisés aujourd’hui à faire passer leur xénophobie pour une attitude révolutionnaire, c’est précisément à cause de chanteurs gluants comme Balavoine qui ont cru combattre le racisme avec des bluettes insipides. Une bonne cause ne suffit pas à faire une bonne chanson, on ne fait pas triompher un combat avec de beaux sentiments, dénoncer le racisme n’exonère pas d’être créatif, Claude Nougaro, Pierre Perret, François Béranger et même Yvon Étienne ont dénoncé le racisme avec infiniment plus de force et d’inventivité. Désolé, Maman : Balavoine, j’ai essayé, mais je n’y arrive vraiment pas ! Je te jure, ce n’est pas pour le plaisir de démolir les idoles de ta jeunesse !

 

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17h30 : Après une candidate dont le show a quelque peu échauffé mes hormones, nous avons droit à une nouvelle interprétation de « L’effet de masse », cette fois par David avec qui j’avais déjà sympathisé au Pilier rouge : après la version d’une fille d’âge scolaire, nous aurons eu celle d’un père de famille dont les enfants sont déjà aux portes de l’âge ingrat. C’est parfaitement normal : le harcèlement scolaire doit être l’affaire de tous, personne ne doit rester indifférent face à la souffrance infantile ! La plus belle phrase de la chanson, à mon sens, est « Qu’est-ce qu’on peut être idiot quand on est plus nombreux », version à peine adoucie du fameux verbe du père Brassens, « Le pluriel ne vaut rien à l’homme ». Plus ça va et plus je me demande si je suis vraiment démocrate : la règle de base de la démocratie, c’est que la majorité a raison, et pour l’instant, je ne vérifie la validité de ce principe nulle part…

 

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Puisqu'on reparle du harcèlement scolaire :

 

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17h45 : Nouveau duo : la fatigue se fait sentir, le temps de dessiner la chanteuse (qui est une femme pleine de classe), la prestation est déjà finie et je n’ai plus le temps de représenter le guitariste. Et un qui sera vexé, un !


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18h30 : Tous les candidats sont passés. En attendant que le jury délibère, le duo « Symbiose », que j’ai déjà rencontré au Kafkerin, meuble avec un tour de chant. J’aime assez ce qu’ils font, mais je suis épuisé et ne suis plus trop en mesure d’apprécier leur prestation. Je ne suis pas seul à être fatigué, beaucoup de gens partent déjà : ne restent que les gens vraiment curieux de savoir qui le jury a décidé d’honorer. Il faut se rendre à l’évidence : une quarantaine de candidats (et encore, il y a eu deux ou trois absents !), c’est trop ! La prochaine fois, Simone sera bien obligée de faire une chose qu’elle déteste : refuser du monde… C’est ce qui s’appelle être victime de son succès. Simon aussi repasse sur scène pour une autre chanson et c’est précisément à ce moment-là qu’une petite erreur de manipulation de l’ingénieur du son provoque un bruit épouvantable ! Cela aura été le seul couac de cet après-midi, on ne peut pas décemment accabler l’ingé-son qui avait fait jusqu’alors un travail irréprochable, même les meilleurs d’entre nous font des erreurs. Par conséquent, je n’approuve pas l’attitude d’une partie du public qui applaudit à cet incident… Quand je fais part de mon incompréhension à mon voisin, celui-ci me répond qu’on rigole bien quand on voit quelqu’un tomber par terre : je rétorque que je ne ris jamais en voyant un type tomber par terre, à moins que ce soit un individu vraiment odieux ou un gros prétentieux qui méritait de redescendre sur terre… Je suis chiant, hein ? 

 

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19h : Les résultats sont enfin annoncés. La grande gagnante est l’interprète de « Casting » : c’est mérité à mon sens car faire semblant de mal jouer est beaucoup plus difficile qu’on ne le croit. Quant à moi, le jury m’a accordé un prix « coup de cœur » dans ma catégorie pour l’originalité de ma prestation : on m’offre un diplôme et un sachet de sucreries que je décide aussitôt de distribuer autour de moi – je me garderai quand même le Toblerone. Un juré demande même d’obtenir les paroles de ma chanson : ce mini-succès me conforte dans l’idée que j’ai intérêt à interpréter mes propres textes plutôt qu’à faire des reprises : on gagne souvent à rester soi-même… Bien qu’habitant à Locmaria, David a accepté de me ramener à Lambé : pour ne pas lui imposer de faire attendre trop longtemps sa famille, je ne m’attarde pas. C’est bien mal remercier Simone et son équipe de filer ainsi à l’anglaise ! Mais les gens vraiment gentils peuvent comprendre ce genre de chose, en général. En tout cas, l’opération est un succès : l’asso a recueilli plus de mille euros pour le Téléthon ! Si on me demande de verser mon obole, je pourrai dire que j’ai déjà donné !

 

Lundi 13 novembre

 

12h : Il y avait longtemps que je n’étais pas venu déjeuner à la cafétéria de la fac : si je m’offre aujourd’hui cette replongée dans mes années d’étudiant (même si la cafét’ n’a plus rien à voir avec ce que j’ai connu jadis), c’est parce que j’ai, cet après-midi, un rendez-vous important avec une secrétaire du labo dont je suis toujours membre associé. Quand je paie mon sandwich, je retrouve la serveuse Odile, fidèle au poste, qui me présente à sa collègue : celle-ci me connait déjà, j’aurais caricaturé son fils ! Odile dit que je suis une star : disons qu’à ce point-là, on n’en est plus si loin…

 

Mardi 14 novembre

 

10h45 : Cheminant tranquillement vers le cabinet de la psychologue, je croise un jeune homme aux cheveux blonds qui marche d’un pas rapide et hurle des injures xénophobes à l’intention d’une Gitane qui fait la manche avec son bébé. On peut avoir des réserves sur le procédé employé par cette femme mais ça ne justifie en rien l’attitude raciste de ce petit facho ! Renseignement pris auprès de la dame, ce jeune crétin lui carrément volé sa sébile… Il faut vraiment être la dernière des ordures ! Honteux pour mon pays, je me sens obligé de présenter à la Gitane des excuses au nom de la France : je la joue comme Ségolène Royal, en somme… Je lui file une pièce de 20 centimes, histoire d’ajouter un acte à mes paroles : manque de bol, je n’avais pas vu l’autre mendiant qui était posté à quelques mètres de là ! Du coup, je n’ai pas d’excuse pour donner une pièce à lui aussi… C’est confirmé : les fascistes nous ruineront !

 

11h15 : La psy constate, entre deux commentaires sur ce que je lui raconte, que je suis enrhumé : elle me demande si j’ai passé un test Covid ! Je m’attendais à ce que quelqu’un me dise quelque chose d’approchant, mais je ne pensais pas que ça viendrait d’elle… Elle continue à m’écouter mais se protège le visage avec son foulard. On nous avait promis « le monde d’après », le seul changement que je constate, c’est que les gens ont encore plus peur d’autrui qu’avant ! Est-ce que j’envisage de me faire tester ? Bien sûr que non ! Si ça se trouve, c’est bien le virus du Covid, et alors ? Je suis moribond, peut-être ? On m’a déjà assez pourri la vie comme ça avec ce virus, je ne vais pas risquer quinze jours de quarantaine alors que je suis en parfaite possession de mes moyens ! Ah, mais c’est pour protéger les autres, me dira-t-on… Les autres ? Quels autres ? Les petits cons qui m’ont bousillé ma jeunesse et qui voudraient aujourd’hui que je leur pardonne ? Les patrons de bistrot qui se permettent de me saisir par le bras sous prétexte que j’ai un air qui ne leur revient pas ? Les mongoliens antisémites et / ou islamophobes qui ne cachent même plus leur misère intellectuelle ? Mais si jamais on me fait un procès pour avoir contaminé l’un ou l’autre de ces crétins avec un virus mortel, je plaiderai la légitime défense !

 

11h50 : Je me dirige vers le café où j’ai rendez-vous avec un ami, mais je reçois un SMS de sa part m’annonçant qu’il est obligé d’annuler au dernier moment à cause d’un incident fâcheux. Je me sens un peu las, ça fait décidément beaucoup d’événements en très peu de temps, plus en tout cas que ce à quoi mon cerveau d’autiste est prêt à faire face. Je fais demi-tour et me rend à la friterie pour y consommer un paquet bien garni… C’est totalement anti-diététique, j’en conviens, mais quand on est sans arrêt par monts et par vaux, on ne se reconstitue pas en mâchant de la Batavia…

 

Mercredi 15 novembre

 

9h30 : Je me rends à l’auberge de jeunesse du Moulin blanc pour y faire des repérages, avec le technicien, en vue de l’exposition que je devrais y présenter dans un avenir proche. À l’entrée de l’auberge se tient un groupe d’enfants escorté par deux adultes : en soi, rien d’étonnant, nous sommes mercredi, il est tout à fait logique qu’une sortie pédagogique soit programmée ce jour-là. Mais quand je m’approche du groupe, je constate qu’ils parlent une langue que je ne comprends pas. En y regardant d’encore plus près, je remarque qu’ils portent des drapeaux que je reconnaîtrai entre mille… Pas de toute : ce sont des petits Ukrainiens ! Curieusement, ils ne m’inspirent pas vraiment pitié : ils n’ont pas l’air plus malheureux que pourrait l’être n’importe quel enfant vivant en France depuis des années. Ils semblent affronter leur exil avec courage… On parle beaucoup moins de l’Ukraine, alors même que la guerre est loin d’être finie : ce qui me choque, ce n’est pas que le pilonnage de la bande de Gaza ait éclipsé le drame des Ukrainiens, c’est malheureusement fréquent dans les médias ; ce qui me heurte, c’est que le drame du Proche-Orient ne suscite pas une émotion au moins égale à celle qui s’était emparée de mes compatriotes au début de la guerre en Ukraine ! Mais je ne me fais pas d’illusions : dans le monde vu par les cons, les Ukrainiens sont blancs et chrétiens (ce qui n’est même pas tout à fait vrai), « donc » ils sont les bienvenus chez nous si leur pays est en guerre. Mais les Israéliens et les Palestiniens ? Les premiers, aux yeux des imbéciles de gauche, sont tous au service du Grand Capital, les seconds, aux yeux des crétins de droite, ne pensent qu’à venir chez nous se faire sauter à la dynamite ! Le monde est à la fois plus compliqué et plus simple que tel qu’on le lit à travers les lunettes déformantes de cette religion sans dieu qu’est l’idéologie : plus compliqué parce les peuples ne ressemblent pas toujours à l’image qu’on s’en fait et plus simple parce que la multiplication des clivages est le plus souvent un leurre qui ne sert qu’à cacher le seul à être réellement opérant pour comprendre les rapports de force qui sous-tendent notre pauvre monde, à savoir le clivage entre les riches et les pauvres, entre les bourreaux et leurs victimes, autrement dit entre les forts et les faibles. Faisons le bien sans regarder à qui : qu’il soit réfugié ukrainien, déserteur russe, otage israélien, migrant palestinien ou quoi que ce soit d’autre, l’homme qui demande de l’aide ne le fait jamais de gaîté de cœur. Vous trouvez que je parle comme un curé ? Moi aussi ! C’est vous dire si je suis tombé bien bas…

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10h : Nous nous sommes assez vite mis d’accord sur l’essentiel avec le technicien : l’expo aura lieu au mois de mars, je partagerai l’espace avec un autre artiste que je peux inviter (il y a de la place) et nous ferons un vernissage au cours duquel je pourrai faire une démonstration de slam et dédicacer mon Voyage en Normalaisie. L’expo actuellement en place est consacrée au street art : j’ai ainsi l’occasion d’admirer un graff représentant Blanche Neige maquillée comme le clown qui sert de mascotte à une célèbre chaîne de Fast-food… C’est bizarre, je trouve ce genre d’image d’un goût plus douteux que toutes les photos les plus osées à avoir été publiées dans Hara-Kiri !

 

11h : Petite visite de courtoisie à la boutique de piercing et de tatouage qui accepte de m’accueillir dans les moments de détresse : je ne suis pas vraiment en état de crise, mais j’ai besoin d’une pause. L’un des perceurs me parle d’une vieille conne qui ne supporte pas de vivre à côté de leur boutique et qui fouille dans leurs poubelles dans l’espoir d’y trouver quelque chose de compromettant ! Elle risque de chercher longtemps : nonobstant l’image sulfureuse qui a longtemps collé à la peau de leur métier, ces artisans sont sans doute les plus rigoureusement honnêtes et les plus respectueux de la loi qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer ! Je ne peux m’empêcher de souligner que les méthodes de cette dame sont dignes des collabos : mon interlocuteur me dit que c’est normal puisque c’en est une ! Elle a dénoncé des Juifs, et elle en est fière, elle le revendique ! On s’étonne de voir les actes antisémites fleurir : mais l’antisémitisme n’a jamais disparu de France ! Il était simplement caché parce que les antisémites avaient tendance à raser les murs depuis 1944, mais à force de « décomplexer » et de banaliser la parole xénophobe, comme on le fait depuis une vingtaine d’années par calcul politique ou par simple lâcheté, il ne faut pas s’étonner que même le souvenir d’Auschwitz ne soit plus une barrière suffisante face au torrent de haine qu’on a laissé déferler…

 

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19h55 : Le cours du soir prend fin. Aujourd’hui, la prof nous a fait prendre pour modèle des godasses, ce qui n’est guère passionnant. Au moment où je range ma planche, je surprends une conversation entre deux autres élèves à propos des bottes que l’une d’elles avait emportées :        

            - Ce sont tes bottes de jardin ?

            - Non, ce sont mes bottes de…

Comme la fin de la phrase ne semble pas décidée à venir, je me faufile dans la brèche ainsi ouverte et j’ajoute spontanément :

            - De poireaux ?

Ça les fait éclater de rire. J’ai honte. Pas tant pour moi qui viens de faire un jeu de mots lourdingue, mais plutôt pour elles qui arrivent à rire d’un trait d’esprit aussi lamentable ! Cette anecdote confirme mes réflexions : faire rire les gens est très facile, la première balourdise venue les fait éclater, et le véritable humoriste est quelqu’un qui, parce qu’il baille d’ennui en écoutant lesdites balourdises, cherche d’abord à se faire rire lui-même, ce qui l’amène à chercher (et, s’il est chanceux, à trouver) des saillies autrement plus brillantes et drolatiques… Vous pigez, j’espère ?    

 

Jeudi 16 novembre

 

16h : Alors que j’essaie tant bien que mal de rattraper mon retard sur mon programme, je reçois la visite d’un technicien qui vient examiner ma chaudière : je craignais voir arriver un individu arrogant, comme peuvent l’être trop souvent les techniciens du haut de leur savoir, je suis un peu surpris de rencontrer un homme jeune que je devine sans peine marqué par un travail finalement ingrat. En effet, on l’envoie vérifier les chaudières chez des gens qui n’ont rien demandé : il ne doit sûrement pas être bien reçu partout ! Moi-même, j’ai du mal à cacher que je me passerai bien de sa visite…

 

18h : Conférence d’Alain Croix : ce professeur émérite d’histoire vient présenter un bouquin auquel il a participé et qui retrace, photos d’archives à l’appui, la façon dont la Bretagne s’est transformée, de 1840 à 1940, à la faveur des progrès de la technologie. Je n’en tire malheureusement pas grand’ chose pour Côté Brest, à part peut-être un détail rigolo, en l’occurrence un cliché prise à Brest en pleine époque coloniale et légendée « les indigènes de la Villette » par le photographe ! Mais il faut reconnaître que monsieur Croix est tout à fait passionnant à écouter, j’imagine sans peine que suivre ses cours a dû être un plaisir pour les étudiants : ça mérite au moins une colonne pour annoncer la sortie du bouquin ! Et comme ça, au moins, je ne serai pas venu pour rien…  

 

Vendredi 17 novembre

 

14h : J’essaie de me remettre au travail : c’est d’autant plus difficile qu’au chantier de l’immeuble en construction s’est ajouté celui des branches d’arbre qui encombrent encore le jardin du voisin, apportant un vacarme d’engins tranchants électriques trop proches pour que mes vitres étouffe parfaitement cette cacophonie. Ces bruits de scie me râpent les neurones ! Je suis d’autant plus attristé que l’arbre dont on ramasse les restes faisait aussi de l’ombre à mon immeuble et contribuait ainsi à tamiser la lumière de mon appartement : pour quelqu’un d’hypersensible à la lumière comme moi, ça fait une énorme différence ! Cette tempête n’a pas fini de peser sur nos vies…

 

19h : Retour à la piscine de Recouvrance où la monitrice habituelle est revenue, visiblement remise de sa grippe. Après les jambes de brasse, elle m’initie à la nage indienne : pour la première fois, j’ai l’occasion de me servir de mes bras. D’après un observateur, je me débrouille plutôt bien pour un débutant. Ah ! Si la connasse que j’avais eue comme prof d’EPS au collège pouvait entendre ça ! Elle qui m’a traité devant tout le monde de « fainéant qui veut se faire passer pour un neuneu », elle serait probablement surprise de découvrir qu’avec un peu de bienveillance et de pédagogie, on peut arriver à tirer quelque chose de moi sur le plan sportif ! Mais je ne pourrai jamais savourer cette revanche : cette idiote est morte d’un cancer, ce qui en dit long sur les bénéfices réels qu’elle a tirés de ses conceptions de l’effort physique…

 

20h15 : Arrivé au niveau de la place de la Liberté, j’attends la correspondance pour Lambézellec. J’espère que d’ici là, les voitures qui se sont garées sur l’emplacement réservé aux bus seront parties ! L’une d’elles n’a plus de chauffeur, celui-ci est parti en laissant allumés les warnings, l’autre n’a à son bord que la conductrice, une jolie blonde qui fumaille une cigarette : au vu du manège qu’elle a mené avec l’autre automobiliste, je ne serais pas étonné qu’il y ait autre chose que du tabac dans sa clope… Qu’ils vendent et consomment des substances interdites, je n’en ai rien à foutre, mais qu’ils respectent au moins les usagers des transports en commun ! Les responsables nous méprisent déjà assez comme ça !

 

Samedi 18 novembre

 

15h : Après quelques tribulations dont l’énumération serait fastidieuse, je me retrouve à la PAM où j’écris : juste en face de moi, il y a un chien. Un gros chien aux longs poils blancs. Moi qui suis d’habitude en froid avec la gent canine, j’éprouve une sympathie spontanée pour ce gros toutou qui a vraiment l’air sympa et affectueux, j’aimerais pouvoir caresser son pelage fourni que j’imagine doux et apaisant… Alors qu’il est sur les genoux de sa maîtresse, je n’y tiens plus : je prends une photo ! Évidemment, le flash se déclenche automatiquement et je me fais repérer : mais la jolie propriétaire du chien ne s’en formalise pas, elle me fait même un sourire… J’imagine qu’elle doit être fière de son beau toutou qu’on a dû lui photographier souvent ! Il faudra que je dise à ma mère : si tu prends un chien un jour, prends-en un comme celui-là !

 

Pour terminer : j'ai récemment répondu à un appel à dessins lancé par une revue francilienne sur le thème des événements culturels marquants de l'année 2023. Je leur ai soumis dix-sept dessins pour mettre toutes les chances de mon côté, ils en ont retenu deux. Voici ceux qui n'ont PAS été retenus :

 

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Vous pouvez vérifier : Henri Tachan est bien mort le même jour que Jane Birkin.


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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


18/11/2023
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Du 5 au 10 novembre : Oh, et puis zut !

Dimanche 5 novembre

 

17h : Avant de prendre un car pour Paris, je dois passer dans un café du Moulin Blanc pour y livrer un acheteur qui m’a commandé deux exemplaires de Voyage en Normalaisie. Je cherche donc l’établissement en question : j’ai froid, je suis seul, je suis chargé comme un mulet, et je suis pris en sandwich entre deux peurs, à savoir celle de rater mon car et celle qui me vient à chaque fois que je dois me rendre dans un lieu inconnu. Pour ne rien arranger, je m’étonne de ne pas trouver le café en question : craignant m’être trompé de route, j’interroge une bistrotière qui me répond que je n’ai qu’à aller tout droit. Je découvre ainsi que l’Anse de Moulin Blanc est plus vaste que je ne le croyais et que la zone habitée ne s’arrête pas là où j’avais conclu mes pérégrinations antérieures… J’ai de plus en plus froid et ma peur augmente de plus belle ! C’est dans ces peu heureuses dispositions que je trouve enfin le café, dans lequel je pénètre à l’issue de cette laborieuse exploration : alors que je me remets à peine de mes émotions, j’entends un grand rire éclater dans mon dos ! Surpris, je sursaute, je me retourne… J’ai probablement eu une attitude que je n’ai pas su maîtriser, mais je ne me rappelle ni du regard que j’ai lancé au rieur ni des sons j’ai pu proférer ! Ça devait être très spontané et totalement irréfléchi ! Dans tous les cas, ça ne justifiait absolument pas l’attitude de ce monsieur, qui se trouvait être le patron de l’estaminet, et qui m’a saisi fermement par le bras pour me sermonner ! J’ai eu beau lui expliquer la situation, lui dire que j’étais pressé, lui préciser que j’étais handicapé, il n’a rien voulu entendre : il m’a fait mal, il m’a terrorisé, il m’a relâché au bout de quelques minutes, aussi arbitrairement qu’il m’a arrêté. J’ai trouvé mon commanditaire et l’ai livré puis suis reparti en me demandant si je ne serais pas en droit de porter plainte pour agression injustifiée et attitude discriminatoire à l’encontre d’une personne en situation de handicap !

 

20h50 : Je monte dans le Blablacar que j’avais réservé. Bien m’en avait pris car aucun train ne dessert Brest pour l’instant, tempête oblige. Je suis d’humeur mitigée : outre le fait que je n’ai pas encore cicatrisé l’agression caractérisée dont je viens d’être la victime, je suis frigorifié d’avoir dû attendre dehors ce car qui avait une demi-heure de retard et, je l’avoue, dormir en voyageant n’est pas une perspective qui m’enchante. Mais quand j’avais planifié mon voyage, le salon du livre était encore maintenu, je n’avais donc pas d’autre choix, si je voulais arriver à l’heure au rendez-vous que me fixait L’Harmattan le lundi matin, de réserver une place dans ce car de nuit. Et comme, de toute façon, il n’y a pas de train… Je croise les doigts pour que les autres voyageurs soient disciplinés : la dernière fois que j’avais pris le car de nuit, c’était avec mes camarades d’hypokhâgne qui, loin de dormir, ont foutu un souk digne d’une bande de collégiens ! Une expérience traumatisante qui m’a cependant ouvert les yeux sur la prétendue dureté des études en CPGE : si les étudiants de ces classes se plaignent d’être débordés de boulot, c’est aussi parce qu’ils ne se donnent pas les moyens d’y faire face…

 

Lundi 6 novembre

 

6h : Le car nous dépose à Bercy, comme prévu. Finalement, ça ne s’est pas trop mal passé : faute d’avoir vraiment dormi, j’ai somnolé, suffisamment en tout cas pour tenir le coup au moins jusqu’à ce que je sorte du rendez-vous. Je conviens qu’à moins de conduire soi-même, il est moins fatigant de voyager de nuit plutôt que de jour, ne serait-ce que parce qu’il fait noir et que la sensibilité n’est donc pas sollicitée par le paysage : c’est le même avantage que quand on prend le métro… En attendant, mon rendez-vous est dans plus de trois heures : pour tuer le temps, je décide de faire la route à pied jusqu’à la rue des écoles. Il fait un temps qui ne me dépayse pas de la Bretagne… Je ne peux même pas aller déposer mes bagages à l’auberge de jeunesse, on ne m’y attend qu’à partir de quinze heures… Je suis masochiste, ou quoi ?

 

7h30 : Je suis arrivé dans le quartier concerné. Prenant le petit déjeuner dans un bistrot, je cherche mon porte-monnaie… Et je ne le trouve pas. Où ai-je pu le perdre ? Aucune idée. Si on me l’a volé, le pickpocket ne pourra pas se vanter d’un butin copieux : il ne contenait que les vingt-six euros qui venaient de m’être payés par mon commanditaire et mon jeton pour le vestiaire de la piscine… N’empêche qu’à chaque fois que je me rends à Paris, je me fais dépouiller : comme si les prix pratiqués dans les bars ne suffisaient pas à me ratiboiser !

 

8h45 : J’ai fini de lire Haïe, le roman de Geneviève Gautier. Est-ce une œuvre de pure fiction ou un authentique reportage ? Chez elle, les deux étaient toujours plus ou moins liés : l’une de ses dernières nouvelles, « Au Brésil », était basée sur des témoignages recueillis auprès d’une pensionnaire de l’EHPAD où elle résidait… Haïe est consacré à une vieille cuisinière, née au début du XXe siècle, qui témoigne sur ses jeunes années au cours desquelles elle n’a eu de cesse d’essayer de s’émanciper jusqu’à ce qu’une grossesse non désirée la prenne au piège : ce n’est pas le moindre des mérites de Geneviève d’avoir fait parler les femmes de son temps, celles qui n'avaient pour ainsi dire aucun moyen de se défendre contre l’oppression masculine… On ne mesure pas assez le chemin que les femmes ont parcouru depuis cette époque pas si éloignée où l’autonomie financière leur était inaccessible, où l’avortement était interdit et où le droit de vote était un privilège masculin ! Plus grave, on a tendance à s’imaginer que les femmes de ce temps-là n’étaient pas malheureuses, qu’elles s’accommodaient de la situation : il n’est donc pas inutile de rappeler que non, qu’elles aspiraient déjà à plus de liberté et que les droits conquis par leurs descendantes ne doivent donc pas être envisagés comme les caprices d’une génération déviante… Geneviève mériterait vraiment une postérité plus importante…

 

8h55 : Je pénètre dans les locaux de L’Harmattan où une vidéaste doit me filmer dans le cadre de la promotion de mon livre. Bien sûr, je suis largement en avance : la personne qui m’accueille en profite pour m’annoncer que les ventes de Voyage en Normalaisie connaissent ce qu’il est convenu d’appeler « un bon début » : ça me met du baume au cœur.

 

10h : Je sors du sous-sol qui sert de studio à l’éditeur : on m’enverra le montage pour validation d’ici deux semaines. Pour l’heure, l’expérience me satisfait déjà : j’ai tellement l’habitude d’être traité comme une merde partout où je vais que je n’allais pas me priver d’une occasion de me sentir valorisé !

 

11h : Ayant du temps avant d’aller à l’auberge de jeunesse, je me rends à la Direction de l’attractivité et de l’emploi. Le but ? Connaître les formalités à remplir pour pouvoir faire le caricaturiste sur la place du Tertre. Étant donné que l’artiste qui m’avait donné l’adresse ne semblait pas avoir les idées très claires, je prends toutes les précautions oratoires possibles avant de m’adresser à la personne assurant l’accueil : je cherche à capter sa bienveillance, au cas où j’aurais été mal informé. Finalement, il me donne l’adresse mail de la personne à contacter, ouf ! Cette prise de contact attendra car, ne voulant pas revivre la catastrophe de la dernière fois, je n’ai pas emmené mon ordinateur… Je n’ai plus qu’à me mettre en quête d’un endroit où déjeuner. Le moral revient… Jusqu’à la prochaine catastrophe !

 

12h : Dîner au Maximilien sur le boulevard Diderot, petit bistrot sympathique au rapport qualité-prix honnête. Quand je paie l’addition au comptoir, il m’est impossible d’échapper à l’écran branché sur une chaîne d’information continue dont je préfère taire le nom : un « éditorialiste » aussi sexy qu’un croisement entre une chouette et un panda ergote sur le chômage qui devrait repartir incessamment à la hausse ; dans un coin de l’écran, on annonce un « débat » sur le « laxisme » de la France en matière d’immigration… Et voilà comme, de façon insidieuse, on oriente le Dupont moyen pour le convaincre que s’il pointe à Pôle Emploi, c’est à cause des migrants qui viennent lui piquer son boulot ! Seigneur, ne leur pardonnez surtout pas, car ils savent très bien ce qu’ils font !

 

13h30 : Je n’allais pas tourner en rond dans les rues, surtout avec le froid qu’il fait : je suis déjà à l’auberge de la jeunesse. Je n’aurai accès à la chambre qu’une heure et demie plus tard. Tant pis, je m’en accommode en me prélassant sur un canapé du hall… Jusqu’à ce qu’un type vaguement habillé en pompier vienne me dire qu’il est interdit de se coucher sur les sofas. Je n’ose pas protester, mais je me demande bien qui je peux gêner ! Certains imbéciles prétendent qu’on ne peut plus rien dire : je dirais plutôt qu’on ne peut plus rien faire et que c’est autrement plus grave !  

 

16h : Après avoir enfin pu déposer mes affaires dans la chambre, je retrouve mon oncle, postier à la retraite et ancien délégué syndical : il a été de toutes les luttes jusqu’au bout, y compris, justement, celle contre la réforme des retraites, et il m’assure que ce n’est pas tout à fait fini. Je ne dirai pas que je suis fier de lui, car après tout, je n’y suis pour rien. Mais quand je pense à lui, à mon grand-père FFL, à mon vieux gaucho de père, ou encore à mon autre oncle qui a écrit un livre où il a réglé ses comptes avec sa hiérarchie, je me dis : chouette, je ne suis pas issu d’une famille de collabos ! C’est quand même une sacrée chance, non ?

 

18h30 : Je suis sur le boulevard Haussmann, j’ai rendez-vous avec quelqu’un que je n’ai pas vu depuis des années. Le temps est pourri, il y a du bruit et une circulation excessive, j’ose à peine croire que je vais vraiment voir la personne que j’attends. Et pourtant, si ! Elle arrive ! Je n’en reviens pas, mais si : elle est bien là, devant moi ! Mon amie de collège… Oui, vous avez bien lu : pendant les années noires du collège, j’ai eu une amie. UNE amie et une seule. La seule à m’avoir tendu la main. La seule à m’avoir proposé son amitié, à moi dont personne ne voulait être l’ami. Et elle est là, devant moi. Elle n’a pas changé. Toujours aussi mignonne, aussi gentille, aussi souriante que jadis. Je verrais apparaître la Madone, je serais moins émerveillé ! Nous tombons dans les bras l’un de l’autre puis allons dîner dans une Brasserie : c’est la soirée la plus délicieuse que j’aie vécue depuis des mois… Vingt ans après, notre amitié est intacte : elle reste d’une bienveillance que peu de gens m’ont témoigné, c’est peut-être la seule personne au monde face à laquelle je me sens pleinement à l’aise, devant laquelle je ne me sens pas jugé, évalué, critiqué… Comme pour corroborer mes pensées, elle m’offre deux parapluies : elle fait mieux que saint Martin qui aurait offert la moitié de son manteau à pauvre ! Cette fille est formidable… C’est juste une amie, je vous le jure ! Pas n’importe quelle amie, je vous l’accorde : la première vraie amie que j’aie eue dans ma vie, la seule qui ne m’ait jamais déçu… Et c’est déjà énorme ! Je n’ai pas trouvé la femme de ma vie, mais j’ai retrouvé mon ange gardien… C’est encore mieux !

 

Mardi 7 novembre

 

10h : Après une bonne marche au cours de laquelle je suis notamment passé à Beaubourg, je visite le musée Carnavalet. C’est un fort bel endroit, rempli d’objets très intéressants sur l’histoire de la France en général et celle de sa capitale en particulier, mais ce qui me plait le plus, ce sont les dessins d’enfants inspirés par les pièces exposées : je trouve l’idée géniale, il n’y aura jamais trop d’initiatives pour inciter les enfants à la curiosité et booster leur créativité. J’aime leur regard gentiment iconoclaste, ils traitent les pièces avec recul et humour, à mi-chemin entre la déférence aveugle et l’irrespect incongru. Les enfants sont passionnants, quand on prend la peine de les écouter et de les respecter, quand on ne leur parle pas comme à des demeurés… Ce n’est pas si facile que ça en a l’air, je vous l’accord ! Mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer…

Trois photos prises sur le chemin :

 

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Ça fait un peu "œil du cyclone", non ?


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Quelques pièces du musée :

 

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Voilà un cerf qui n'est pas de chez Disney : regardez entre ses pattes...


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Ces statues sont des caricatures de médecins renommés : Les Guignols chez les carabins, en somme !


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Je n'ai pas pu résister au plaisir de prendre en photo ces représentations de sainte... Geneviève !


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Un vase qui rejoint une certaine actualité...

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Une gargouille qui m'a vivement impressionné !


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"L'enfant prodigue et les courtisanes", école flamande

 

14h30 : On parle beaucoup d’une résurgence de l’antisémitisme. Pourtant, quand je visite le quartier juif, je ne vois aucune inscription haineuse ou insultante, et les gens n’ont pas l’air spécialement inquiet – je sais qu’à force d’être persécutés depuis des millénaires, les Juifs sont généralement courageux et résilients, mais tout de même ! Alors de deux choses l’une : ou bien les journalistes exagèrent, ou bien on assiste à une énième manifestation de l’amalgame dégueulasse entre antisémitisme et soutien à la Palestine – ce qui n’a rien à voir : si on soutient la Palestine occupée et agressée, c’est par amour de l’humanité, ça ne peut donc pas être compatible avec l’antisémitisme. Mais que vais-je faire dans le Pletzl, me direz-vous ? Et bien je cherche le Mémorial de la Shoah pour voir l’exposition des dessins de Riss sur le procès Papon. Et vous savez quoi ? J’ai un mal de chien à le trouver ! J’ai demandé à une dame qui avait l’air de guider des touristes, mais elle m’a donné une fausse indication : résultat, en désespoir de cause, je suis dirigé vers une librairie du quartier pour demander un renseignement à la commerçante… Mais elle est absente pour « quelques minutes » ! Comme je n’ose m’adresser à personne d’autre, j’attends donc son retour, assis devant la porte… Je me retrouve le cul par terre, comme un clodo, comme j’en ai eu cent fois l’habitude à Brest ! J’ai beau voyager, je n’arrête pas de me retrouver dans cette position humiliante ! J’en ai marre, mais marre, mais MARRE !

 

16h30 : J’ai fini par trouver le mémorial et à y visiter l’exposition. J’avais dix ans au moment des faits, je suis donc content d’avoir l’occasion d’en savoir davantage : je suis frappé de constater la vitalité dont Papon faisait preuve à l’époque alors que la presse n’arrêtait pas de nous dire qu’il avait un pied dans la tombe ! Mais surtout, quand je prends acte de son attitude et de celle de ses « témoins de moralité » (Maurice Druon, Raymond Barre, etc.), un constat s’impose : le procès de ce vieux salaud de Papon, c’était d’abord celui de cette bourgeoisie prête à tout pour sauvegarder ses privilèges (fussent-ils mal acquis) quand elle sent qu’ils sont menacés, y compris au mépris des vies humaines ! Par conséquent, on peut regretter que Papon n’ait écopé que d’une condamnation finalement légère au de l’ignominie de ses actes et n’ait même pas purgé la moitié de sa peine, mais ne boudons pas notre plaisir de l’avoir vu au banc des accusés : c’était déjà une humiliation pour ce vieux salaud encravaté qui se croyait au-dessus des lois (c’est malheureusement un peu vrai) et de notre mépris (ça, c’est râpé) ! Il est mentionné que les commentaires de Riss sont moins virulents dans le hors-série de Charlie Hebdo qu’ils ne l’avaient été dans l’hebdomadaire ; certains mauvais esprits ont dû crier à l’autocensure, mais la réalité a dû, comme souvent, être à la fois plus simple et plus compliquée : la vérité, c’est qu’un commentaire acerbe par semaine dans un journal, c’est moins lourd qu’un par page dans un hors-série qu’on lit d’un seul coup ! Et une chose est sûre : Riss est un grand dessinateur et ses croquis d’audience sont des documents historiques de premier ordre. Et je ne laisserai personne dire le contraire ! Surtout pas ces vieux salauds qui ont osé opposer de façon à peine voilée la « lâcheté » des Juifs qui se seraient laissés déporter au courage des « héros » qui ont pris les armes contre l’occupant : ce discours est un dévoiement absolu des idéaux de la résistance française et j’aurais voulu que Lucie et Raymond Aubrac, qui étaient encore vivants à l’époque, viennent tirer les oreilles aux défenseurs d’une thèse aussi nauséabonde ! Résister au fascisme, c’est d’abord aimer la vie, d’où qu’elle vienne !

 

17h30 : Il y avait longtemps que je voulais voir ces fameuses arènes de Lutèce. Je suis un peu déçu : à part les gradins, c’est un square comme il y en a des tas, et pas seulement à Paris. En tant que site patrimonial, il mériterait d’être mieux mis en valeur, je peine à me replonger dans l’ambiance qui devait y régner au temps des Romains ! Depuis que je sais qu’il était rare que les gladiateurs meurent au combat, qu’on employait même des médecins pour soigner leurs blessures et qu’ils pouvaient devenir des vedettes respectées du public, je vois ces spectacles différemment : ça ne devait pas être pire que les matches de catch et, à tout prendre, c’était finalement moins pervers que nos émissions de télé-réalité actuelles… Bref, ce n’était peut-être pas très intellectuel, mais ce n’était sûrement pas aussi barbare qu’on l’a longtemps cru ! De toute façon, je pense que j’aurais moins peur des gladiateurs que des ballons avec lesquels jouent les mômes ! Parce qu’un combat de gladiateurs, si je garde mes distances, ne risque pas de me blesser, tandis qu’un ballon, je risque toujours de me le prendre sur la gueule même en m’éloignant…

 

18h : Après avoir marché toute la journée, je méritais bien de me reposer les jambes : j’ai donc pris le métro pour rentrer à l’auberge de jeunesse, ce qui m’a permis entre autres, de découvrir l’affiche du spectacle d’Alessandra Sublet. J’aime assez cette femme, que je rebaptise parfois Alessandra Sublime, je la trouve aussi belle que spirituelle et j’ai toujours pensé qu’elle avait du potentiel, mais de là à aller voir son one-woman-show… Et puis c’est risqué : est-ce que je serais vraiment le seul à prêter davantage attention à ses courbes qu’à son jeu d’actrice ?

 

19h : Pour limiter les frais, je dîne à l’auberge de jeunesse : j’ai mangé assez gras à midi et aller au restaurant tout seul, ce n’est pas drôle. Le menu est mitigé, ce qu’on me propose me rappelle le restaurant universitaire avec son triste cortège de mets dégoulinants de sauce… Je choisis un parmentier de patates douces et du riz, c’est encore ce qu’il y a de plus appétissant. Au dessert, les gâteaux étant toujours trop sucrés dans ce genre de cantine, je jette mon dévolu sur du raisin. De toute façon, l’heure n’est pas à la fiesta, il faudra que je me couche tôt si je ne veux pas rater mon train pour rentrer à Brest.   

 

Mercredi 8 novembre

 

6h : Je sors pour aller aux toilettes : quand je retourne vers la chambre, la porte, qui est censée s’ouvrir à l’aide d’une carte, reste close. Je suis donc obligé de descendre à l’accueil en pyjama… J’ai fière allure, tiens ! Encore heureux que je ne dorme pas en caleçon comme j’avais été réduit à le faire lors de mon précédent voyage ! Le réceptionniste m’arrange mon problème et j’arrive à rentrer : l’occasion faisant le larron, je me lave, m’habille et remballe mes bagages histoire de repartir tout de suite après le petit déjeuner. Le règlement précise que je dois mettre mes draps dans des paniers prévus à cet effet dans le couloir : je sors donc pour m’exécuter, habillé cette fois de pied en cap… Et quand je retourne récupérer mes bagages dans la chambre, la porte refuse à nouveau de s’ouvrir ! Je suis donc obligé de re-déranger le réceptionniste qui me donne carrément une nouvelle carte. Qui ne me servira qu’une seule fois… La journée commence bien !

 

8h30 : Je suis une nouvelle fois arrivé trop tôt à la gare Montparnasse. On se moque souvent de mon rapport aux horaires, mais chaque fois que j’essaie de la jouer « cool » et de me dire que j’ai le temps, ça tourne à la catastrophe, alors zut. Je monte au salon Grand Voyageur où j’avais patienté la dernière fois, mais cette fois, la dame de l’accueil me refoule ! Apparemment, il faut une carte spéciale pour entrer ! Je ne comprends pas : il y a un mois et demi, on m’avait laissé entrer sans rien me demander ! Mais la fille est une Asiatique mignonne comme un cœur et je ne suis plus à ça près, alors je n’insiste pas. Il n’empêche qu’il fait froid dans la gare et que j’aurais bien aimé patienter dans un cadre plus confortable et… Moins bruyant !

 

11h30 : C’était trop beau. Grâce à mon oncle parisien d’adoption, je savais que le plus gros des dégâts causés par la tempête était réparé, que le trafic ferroviaire était redevenu à peu près normal en Finistère et que je n’avais donc plus à craindre d’être bloqué à Saint-Brieuc ou à Guingamp. De fait, ce n’est dans aucune de ces riantes communes des Côtes d’Armor que le train est à l’arrêt mais à Rennes ! On annonce une heure de retard à cause d’un train de fret qui est tombé en panne sur la voie ! C’est l’effet Maginot : le danger ne vient jamais de là où on l’attend ! Je ronge mon frein, je me dis que j’en suis quitte pour peaufiner les deux slams que j’ai mis en chantier depuis le départ de Paris…

 

12h30 : On nous a servi des paniers-repas : une malheureuse ration de taboulé en boîte, une mini-biscotte, de la compote en biberon (je ne sais pas comment l’appeler autrement), une galette industrielle, une sucette… Beurk ! Le menu a sans doute été composé de manière à ne pas vexer les musulmans et les vegans… Je me suis néanmoins résigné à avaler ces horreurs car je n’allais pas rester sans manger, et puis c’était bien la moindre des choses qu’ils nous offrent le repas ! Je laisse cependant la compote à ma voisine : j’aime la compote, mais pas conditionnée ainsi, ça me dégoûte au plus haut point ! Je dirais bien deux mots au malfaiteur qui a eu l’idée d’emballer un aliment innocent dans cette espèce de baxter ! Quant à la sucette, je la mets de côté pour l’offrir à quelqu’un : je ne suis pas un fou des sucreries et je suis déjà assez gras comme ça. Quand je suis à peu près rassasié, on nous annonce que le retard est désormais évalué à deux heures et demie… Là, je n’ai pas pu m’empêcher de crier ! Je n’ai VRAIMENT pas pu !

 

13h30 : J’ai pensé un instant déclamer mes deux slams aux autres passagers du wagon, histoire de détendre l’atmosphère, qui était un chouïa oppressante, mais je ne sais pas si j’en avais le droit et je n’avais pas envie d’affronter les foudres du personnel. De toute manière, je n’en aurais sans doute pas eu le temps : nous avons reçu l’ordre de descendre du train en attendant que les responsables concernés trouvent une solution au problème ! J’attendais dans l’angoisse, mais au moins, j’étais au chaud et confortablement assis dans un wagon relativement peu bondé : maintenant, à l’attente angoissée s’ajoute l’inconfort d’un quai de gare puant où je me gèle en compagnie d’une foule surexcitée et bavarde ! De mieux en mieux ! J’entre un bref instant dans la gare pour jeter un œil aux nouvelles : la guerre continue à Gaza, en Ukraine aussi, le réchauffement climatique s’aggrave, les discours de haine se banalisent partout… Ce n’est pas ça qui va me remonter le moral ! Le sujet qui fait la « une » est le harcèlement en milieu scolaire : d’après les dernières études, c’est pire que ce qu’on pensait, un jeune Français sur cinq en aurait été victime ! Les conséquences sont souvent dramatiques : dépression, déscolarisation, automutilation… Voire suicide ! Ce sont surtout les collégiens qui sont concernés : je n’en suis pas étonné ! Outre mon expérience personnelle, j’ai discuté avec plusieurs enseignants, retraités ou en voie de l’être, et ils me disent tous que l’instauration du collège unique a été une terrible erreur qui contraint à la cohabitation des jeunes sans points communs et favorise le choc des contraires ! Certains préconisent même de faire sortir les gosses de l’école primaire deux ans plus tard et de les faire rentrer au lycée deux ans plus tôt, autrement dit de supprimer carrément le collège ! Si je devenais ministre de l’éducation nationale, ce serait mon premier geste ! Selon la même étude, ce sont les adolescents timides et isolés qui sont les plus exposés ; je ne m’en étonne pas non plus, mais là, je voudrais signaler une chose : on vit quand même dans une société qui n’a de cesse d’écraser les faibles et où la loi de la jungle est érigée en dogme, alors il ne faut pas s’étonner que des ados se sentent en droit d’appliquer cette logique dès qu’ils commencent à sentir leurs hormones les travailler ! La lutte contre le harcèlement en milieu scolaire restera inefficace tant qu’on ne se donnera pas les moyens de construire une société qui ne soit plus basée sur des rapports de concurrence et de guerre des uns contre les autres ! Et j’ai l’impression que le gouvernement n’en prend pas tout à fait le chemin… Je ne m’attarde pas dans la gare, je m’en voudrais de rater le train si, par miracle, on nous laissait réembarquer…

 

14h30 : Nous sommes enfin repartis. Maintenant, je ne peux plus espérer arriver à Brest avant cinq heures et demie… Au mieux. Je ne pourrai donc pas être à l’heure au cours du soir, qui commence à dix-huit heures, d’autant que, comme j’aurais dû avoir quatre heures de battement, je n’ai pas sur moi le matériel demandé et suis donc obligé d’aller le chercher chez moi avant d’aller à l’école ! Quand je dis que ça tourne à la catastrophe chaque fois que j’essaie de la jouer « cool »… J’envoie un SMS à la prof pour la prévenir : elle est compréhensive, ça ne devrait pas poser problème… N’empêche que je ne suis pas fier de moi ! Je vais boire un café pour tenir le coup : je m’étonne de ne pas voir grand’ monde au bar, je pensais que nous aurions été plus nombreux à venir chercher un peu de réconfort…

 

17h30 : Enfin à Brest ! Il y a du monde à la gare, mais le personnel a dégagé le passage pour les voyageurs qui arrivent avec quatre heures de retard : j’ai l’impression qu’on me fait une haie d’honneur, mais je ne suis pas d’humeur à apprécier cette gratification, je suis trop pressé. J’espère au moins que mon trajet gare-appartement-école se déroulera sans encombre…

 

18h50 : Vous pensez bien que non ! J’avais oublié que la circulation à l’heure de pointe, qui n’est déjà pas drôle en temps normal, relevait carrément du cauchemar à cause des travaux de la deuxième ligne de tram… Pour ne rien arranger, il y a visiblement eu un incident dans mon quartier et la police bloque le passage habituel du bus : ça rallonge encore plus le trajet, déjà passablement tarabiscoté depuis le début du chantier ! Je me mets à hurler : le chauffeur menace de me foutre dehors si je recommence ! Les crétins qui braillent dans leurs smartphones, il ne leur dit rien, en revanche…

 

19h20 : J’arrive enfin à l’école au terme d’un voyage difficile où les bouchons ont succédé aux erreurs de trajet : j’espère au moins pouvoir entrer en triomphateur, j’ai vaincu tous les obstacles pour être présent avec le matériel demandé… Et je découvre qu’en lieu et place de la séance d’aquarelle annoncée, tout le monde fait du croquis de nu au crayon ! Et oui : distraite comme tous les grands artistes, notre prof avait oublié que nous aurions un modèle ! Je dégaine donc mon carnet et mon crayon… Que j’avais déjà sur moi à mon arrivée à la gare ! En clair, comme si je n’avais pas été assez épuisé par mon voyage en train, je me suis tapé une galère insupportable POUR RIEN ! Je craque pour de bon, je supplie qu’on m’achève ! Vous riez ? J’aimerais vous y voir, tiens !

 

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20h30 : J’avais prévu d’aller à la scène ouverte Mic Mac, mais dans mon état, ce serait du suicide : je préfère donc chercher un peu réconfort au Biorek brestois, j’étais curieux de voir si mon restaurant préféré n’avait pas trop souffert de la tempête. Apparemment, l’enseigne a morflé, mais c’est tout. Alexandre m’explique que ce n’est pas grave, que l’assurance couvrira les dégâts occasionnés par les intempéries mais qu’il fait face à d’autres difficultés, plus sérieuses : je l’encourage à tenir bon malgré tout, j’ai trop besoin de son établissement !

 

Jeudi 9 novembre

 

15h : Encore mal remis de toutes mes mésaventures de la veille, je suis tout de même sorti pour m’acquitter de quelques formalités. Pour commencer, je retrouve un lieu dont j’ai longtemps été familier : la salle des doctorants de la fac. D’après une jeune (et jolie) chercheuse, j’y aurais laissé des affaires : j’étais un peu étonné de l’apprendre, je n’avais pas le souvenir de manquer de quoi que ce soit – à part d’amour, bien sûr… Sur place, je découvre qu’il s’agit simplement de mes polycopiés du temps où j’enseignais l’histoire de la BD francophone : comme il n’y avait pas la moitié des étudiants inscrits qui venaient, j’avais toujours un gros surplus et je l’apportais à mes collègues jeunes chercheurs afin qu’ils aient du papier brouillon. Ils ne s’en sont même pas servis ! Ils n’ont même pas songé que c’était destiné à ça ! Évidemment, je refuse de récupérer tout ce papier, je suis déjà assez encombré chez moi : qu’ils en fassent des confettis, des cocottes, qu’ils le brûlent, qu’ils le mangent même si ça leur chante, mais je n’ai jamais eu l’intention de ramener ça chez moi, alors zut, à la fin.

 

15h15 : Il pleut des cordes et le vent ne décorne plus les bœufs, il les décapite : traverser la place de la Liberté dans ces conditions relève de l’exploit ! Je n’ai pour me protéger que l’un des parapluies offerts par mon amie, je prends gare à ce que le vent ne le retourne pas… Je me souviens de cette histoire de Peyo où le Grand Schtroumpf casse le parapluie du Schtroumpf à lunettes pour en faire un cerf-volant destiné à foudroyer une machine infernale et à l’empêcher de nuire : malgré l’antipathie que m’a toujours inspiré le Schtroumpf moralisateur, cette scène m’a fendu le cœur ! Je n’aimerais pas qu’il arrive un sort semblable au cadeau de mon ange gardien… Je parviens tout de même à accéder au local des Enfants de Dialogues : je viens simplement m’enquérir du résultat de la vente de livres à laquelle j’ai contribué en déposant deux modestes ouvrages. Miracle : ils ont trouvé preneur et j’ai droit, comme promis, à un chèque-cadeau ! Il y a des petites choses qui vous consolent de bien des malheurs.

 

15h30 : J’arrive à l’école des Beaux-arts. Pas l’annexe où ont lieu les cours du mercredi soir, non, l’école centrale, située rue du Château. Sincèrement, je n’aime pas venir là : je trouve le bâtiment mal situé et difficile d’accès ! Qui plus est, je n’apprécie pas ce quartier que je trouve assez bourgeois (mais je peux me tromper), en décalage avec l’ambiance générale de ma ville bien-aimée. Mais je suis bien obligé de faire le déplacement pour payer mon inscription aux cours publics : je n’arrive pas à payer en ligne et je ne veux pas gaspiller un timbre pour une transaction qui ne sort même pas de Brest, alors je me suis astreint à cette escapade que la météo achève de rendre très désagréable. Quand je donne mon chèque à la secrétaire, une chape de plomb me tombe dessus : je me suis trompé en écrivant le montant ! J’explose. Une responsable, alertée par mes cris, vient voir ce qui se passe : je reprends mes esprits et je me tire, sans donner une seule explication. Je n’ai rien à regretter, je ne suis pas sûr que cette bureaucrate aurait été capable de comprendre que j’ai subi des épreuves qui ont eu raison de mes nerfs…

 

15h45 : J’inaugure un nouveau commerce : Dialogues Beaux-Arts. Ce sera plus pratique qu’Artéis, ne serait-ce que parce que c’est plus petit et, donc, plus fonctionnel : j’en avais marre de perdre des heures à fouiller un local démesuré et surchauffé. Pour ne rien gâcher, l’une des vendeuses est une ancienne collègue de fac : c’est quand même plus agréable de traiter avec une commerçante qui vous connait… Et ne peut donc pas être surprise par vos réactions !

 

18h : Après avoir consommé un chocolat chaud dans un bar pour me réconforter, j’arrive au Kafkerin où a lieu le vernissage de l’exposition de Stoven, le secrétaire du Collectif Synergie, qui peint depuis déjà sept ans. J’avoue avoir un peu de mal à trouver les mots pour commenter sa peinture : tant pis, au diable le jargon des critiques d’art, je me fous de savoir ce que l’artiste a voulu exprimer, je ne cherche pas à comprendre, je suis heureux et ça me suffit ! Le buffet est copieux : il faut dire que l’asso a amené une bonne partie de ce qui aurait dû servir à nourrir les exposants au salon du livre qui a été annulé la semaine dernière… J’en profite largement pour ne pas avoir besoin de me faire à manger en rentrant : ne laissons pas l’amertume nous gâcher la soirée…

 

19h30 : Dans la foulée du vernissage, le collectif a organisé une scène ouverte : un double événement pour fêter dignement le septième anniversaire de l’association. Nous craignions qu’il y ait peu de monde, en raison de la météo peu engageante, mais finalement, beaucoup d’artistes se sont mobilisés : Claire, la présidente de l’asso, qui reste motivée malgré le dur revers du salon littéraire annulé, nous interprète deux slams rendant hommage à l’équipe d’artistes que nous formons. Bardawen, malade comme un chien, a quand même fait l’effort de venir et nous joue un petit air avec une espèce de banjo médiéval. Vient ensuite une ravissante poétesse, suivie d’un vieux guitariste qui nous joue des airs de rock et interprète même du Souchon. Après le passage d’un slameur débutant, Nathalie, accompagnée par Guillaume, nous interprète deux chansons qui me font penser à du Charles Trenet triste. Monica, plus belle que jamais, s’essaie à la trompette et à la chanson en espagnol, Michel nous raconte des histoires drôles, deux jeunes rappeurs nous font une démonstration de leur talent, Manuèle déclame ses poèmes sur les fleurs, un certain « Docteur Noir » chante avec l’aisance d’un véritable artiste de variétés… Bref, nous passons une excellente soirée qui rend pleinement justice au nom de notre association : Collectif Synergie. Et moi, là-dedans ? J’ai pu interpréter huit slams, dont les deux inédits que je viens de finaliser : actualité oblige, j’ai privilégié les textes axés sur l’autisme et le harcèlement en milieu scolaire, mais j’ai tout de même interprété « Charlotte Corday » histoire de rebondir sur la chanson de Nathalie consacrée à une autre figure féminine de la révolution, Olympe de Gouges. Avant de laisser la place, puisque nous célébrons un anniversaire, j’offre publiquement à Claire un collier dû aux mains expertes de Bernadette Guillermin : enchantée, elle le met aussitôt ; ainsi, le bijou est là où est sa juste place, c’est-à-dire autour du cou de cygne d’une jolie femme… Cette soirée est une réussite totale ! Seul petit bémol : une jeune fille, charmante au demeurant, s’est crue obligée de monter sur scène pour exhorter les artistes à cesser de s’excuser et à être fiers d’avoir le courage de s’exprimer en public… Je la retrouve à la fin pour lui dire que ce genre de précepte de pensée positive est justement ce qui est tourné en dérision dans le dernier Astérix : elle ne l’a pas lu…

 

J'ai bien entendu dessiné la plupart des artistes ayant participé à la scène ouverte ; sauf Claire, que j'ai déjà dessinée dix mille fois... Et moi-même, bien sûr !

 

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Vous voulez entendre les deux slams de Claire ? Les voilà :

 

 

Voici mon slam sur Charlotte Corday :

 

 

Un autre poème sur Charlotte Corday :

 

 

Et puisqu'on parle d'Olympe de Gouges :

 

Vendredi 10 novembre

 

10h30 : Retour à l’école des Beaux-arts pour ENFIN régler mon dû. Cette fois, pour éviter de me déplacer à nouveau pour rien, j’ai signé un chèque en blanc. J’ai la possibilité de payer en deux fois : j’y renonce pour ne pas devoir revenir, la secrétaire reconnaît que venir jusqu’ici est difficile. Elle ajoute cependant que je pourrais envoyer mon chèque par la poste : je rétorque que les timbres sont très chers ; elle ne trouve rien à répondre… Après l’esclandre d’hier, je savoure comme elle le mérite la petite satisfaction que l’on éprouve quand on cloue le bec à son interlocuteur ! Ça ne m’arrive pas souvent…

 

17h30 : Voilà plus d’une heure que j’attends au Beaj Kafé un acheteur de mon Voyage en Normalaisie : ce retard est d’autant plus désagréable que je ne sais pas à quoi ressemble ce client, ce qui m’oblige à être attentif aux gens qui entrent dans l’établissement tout en continuant à travailler, et vu que j’ai une peur bleue qu’on se rate, je ne suis pas dans l’arrière-salle comme j’en ai l’habitude, de sorte que la lumière et le bruit qui règnent dans le café me donnent la migraine ! N’y tenant plus, je demande le silence à une troupe de rigolards assise juste derrière moi… Encore des gens qui vont me détester sans me connaître !

 

18h20 : Mon client est finalement arrivé, ouf ! Après avoir avalé un doliprane, je me rends à la piscine Foch : la monitrice habituelle est absente, alors, pour ne pas rompre le rythme de l’entraînement, je retourne nager là où j’allais pendant les vacances scolaires. J’y reste trois quarts d’heure et je me surprends à être fier de mes progrès, que ce soit dans la vitesse à laquelle je brasse l’eau avec mes jambes ou dans ma prise d’air, qui n’interrompt presque plus mes mouvements natatoires… Sensation étrange et inhabituelle, je suis presque fier de moi ! Et puis le contact avec l’eau me procure un bien-être bienvenu après toutes les épreuves que j’ai subies ces derniers temps… En sortant, je demande quand même à un maître-nageur s’il sait ce qui arrive à ma monitrice : il ne peut pas me renseigner. J’espère que ce n’est pas grave…

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


11/11/2023
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Du 28 octobre au 4 novembre : fichez-nous la paix !

Samedi 28 octobre

 

14h30 : De passage sur la place de la Liberté, je croise un groupe de manifestants : apparemment, ils défilent pour réclamer la paix à Gaza et soutenir les victimes des bombardements israéliens. Je les trouve courageux de soutenir une cause aussi impopulaire : entre les bonnes âmes qui doivent les accuser de défendre le Hamas et les imbéciles pour lesquels le seul bon Arabe est un Arabe mort, ils sont pris en sandwich entre deux tranches de connerie ! Je ne me joins pas à eux, la peur de recevoir des coups d’additionnant à l’angoisse que m’inspire inévitablement la foule, aussi bien inspirée soit-elle de prime abord. Je croise un artiste de mes connaissances qui se plaint de petits soucis domestiques : je l’invite à relativiser son malheur qui est sûrement peu de choses en comparaison de ce que subissent actuellement les Palestiniens… D’habitude, je ne crois pas trop à ce genre de consolation, mais ce sont les seules paroles qui me viennent : on ne peut pas toujours être hyper-inspiré.

 

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14h45 : Je risque un tour à la foire aux livres organisée par Dialogues : je m’étais promis d’être raisonnable, mais je n’ai pas pu résister à l’envie de me procurer Attentat, l’un des rares romans d’Amélie Nothomb que je n’ai pas encore lus, ainsi que le livre de Nora Fraisse qui ne peut que m’intéresser (contrairement à Marion, j’ai eu la chance de survivre, mais je me traine six ans de traumatismes comme un boulet) et, surtout, Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ?, la BD de Véronique Cazot et Madeleine Martin sur la difficulté à faire admettre à la société le non-désir d’enfant – même la plupart des défenseurs de l’IVG remettent rarement en cause l’idée suivant laquelle toute femme ne peut que désirer avoir des enfants et envisagent l’avortement, consciemment ou inconsciemment comme un moyen de différer un événement qui doit nécessairement avoir lieu mais qu’il vaut mieux reporter pour peu que les conditions idéales ne soient pas encore réunies : bref, aussi curieux et paradoxal que cela puisse paraître, la défense de l’avortement est finalement au service de la propagande nataliste qui réduit la femme au rôle de mère, ne serait-ce que parce qu’elle suppose qu’il y aurait forcément, dans une vie de femme, un moment plus opportun qu’un autre pour se reproduire ! Pour en revenir à la bande dessinée, elle traite de façon pertinente, au-delà du cas particulier du non-désir d’enfant, de la pression sociale qui s’exerce sur les individus dont les aspirations diffèrent de celles de la majorité : on pourrait parler de la même façon des gens qui ne veulent pas posséder de smartphone, qui n’ont pas envie de voyager, qui ne s’intéressent pas aux séries télé, qui n’aiment pas le foot, qui ne veulent pas forcément devenir propriétaires, etc.     

 

15h30 : Je rends visite à Myriam Guillaume qui a loué un kiosque à la PAM pour y faire la promotion de Flot Raison – elle le partage avec une autre créatrice qui fait partie de ses amies. Apparemment, elle a déjà réussi à amortir son emplacement, ce qui confirme ce que je pensais : ce n’est intéressant que le week-end. Elle me précise qu’il vaut mieux aussi éviter d’y aller seul, afin de limiter l’ennui et de réduire les frais : message reçu, je tâcherai d’être accompagné d’une voire deux personnes la prochaine fois ! Quant aux questions sans rapport avec mon activité, qui émanaient de personnes me prenant pour l’hôtesse d’accueil, Myriam n’y a pas échappé non plus. Ce n’était donc pas moi qui étais en cause, ce qui est plutôt une bonne nouvelle… En tout cas, ça me fera une raison supplémentaire pour me trouver au moins un(e) ou deux acolytes : s’il y en a que ça amuse d’indiquer la route du bar ou de dire où se trouvent les chiottes, c’est leur problème… Mais ce n’est plus le mien !

 

17h : Après avoir profité de la PAM pour prendre une petite pause, me voici à Saint-Pierre où j’ai un rendez-vous dans une demi-heure : en descendant du bus, je me retrouve pile… Devant la permanence du RN. Celle-ci est fermée : pour être franc, il y a longtemps que je ne l’ai plus vue ouverte ! Il est vrai que le mot « ouverture » n’est pas ce qui définit le mieux les gens de ce parti… Il se trouve que j’éprouve le besoin de me vider la vessie… Alors qu’est-ce que je fais ? Et bien oui ! Ça ne sert à rien, mais ça soulage et c’est bien tout ce que méritent leurs idées pourries, non ?

 

17h05 : Ayant du temps et la météo étant peu clémente, je me réfugie dans le premier bar-tabac venu et je commande un café. J’ai la surprise d’y retrouver un compagnon de route que j’avais un peu perdu de vue : nous discutons de choses et d’autres, nous en arrivons à parler des élections de l’an dernier. Je fais observer à mon interlocuteur qu’il s’en est fallu d’un cheveu pour que le second tour se passe différemment et que ce cheveu s’appelait Fabien Roussel. Je ne voudrais pas personnaliser la défaite, mais c’est pourtant la vérité : si le candidat communiste s’était désisté, Mélenchon aurait peut-être pu être au second tour et on n’aurait pas eu à trancher une seconde fois entre le roquet du capital et la chienne de Buchenwald… Mon interlocuteur me répond qu’il n’aime pas Mélenchon : sentant que je mets le pied sur un terrain miné, je réponds que moi non plus, mais que je n’aimais pas non plus Mitterrand et Jospin… Il me coupe : il dit que Jospin a fait de bonnes choses… Il y avait longtemps que je n’avais pas entendu dire du bien d’un gouvernant, passé ou présent ! Et celui qui me dit ça n’est pas précisément un nanti ni même un intellectuel de haute volée : cet homme issu d’un milieu populaire, dont le train de vie reste assez précaire, a quand même trouvé un ancien premier ministre qui trouve grâce à ses yeux. Et pour une fois que j’entends un homme du peuple parler en bien d’un homme qui a exercé le pouvoir en France, il s’agit de celui que les électeurs ont désavoué au profit d’un truand et d’un tortionnaire ! Alors je pose la question : puisque Lionel Jospin est l’homme politique dont j’entends dire le moins de mal en tant que gouvernant, pourquoi les électeurs l’ont-ils rejeté si violemment ? Je ne vois qu’une explication logique : les Français aiment qu’on les escroque. On n’a jamais que les dirigeants qu’on mérite !

 

17h30 : Je suis reçu par chez un monsieur qui exerce l’honorable profession de chef de cuisine et qui a bien connu Geneviève Gautier : il ne m’apprend pas grand-chose que je ne sache déjà sur la personnalité unique de ma défunte amie, mais je suis quand même heureux de le rencontrer, ainsi que son épouse : je me sens même étrangement à l’aise chez eux, au point d’oser ma confier sur ma vie comme j’ose rarement le faire face à la majorité des gens que j’interviewe. Peut-être ce couple de quinquagénaires, qui a encore sur les bras son fils adolescent, me rappelle-t-il mes propres parents… Si j’étais pessimiste, je dirais bien que je dois avoir la nostalgie de l’époque où j’habitais encore chez les auteurs de mes jours. Mais je ne suis pas pessimiste : je suis hyper-pessimiste !

 

Lundi 30 octobre

 

9h30 : Après un dimanche sans histoire, je suis reparti à pied jusqu’au centre-ville. Objectif : l’école des Beaux-arts. Je dois payer mon inscription aux cours publics et je préfère remettre le chèque directement à la secrétaire, histoire d’économiser un timbre. Mais j’avais oublié une chose : cet école-là AUSSI est fermée pendant les vacances scolaires… Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi le mail m’annonçant qu’on attendait mon paiement m’est arrivé vendredi dernier ! La logique administrative m’a fait me déplacer pour rien… 

 

13h : Devant me procurer quelques petits cadres bon marché pour remplacer ceux que j’ai cassés dernièrement, je me rends à C’est 2 euros. Je jette un coup d’œil sur les livres et je ne peux résister à l’envie d’acheter le tome 1 d’Ange et Démon, la BD de Mirka Andolfo. Le graphisme ne casse pas des briques, je le trouve un peu trop chargé, mais je suis quand même charmé par le couple mis en scène, qui n’est pas aussi simpliste qu’il peut y paraître : sous ses airs candides, la craquante Angèle est une petite maline, et Damon cache un cœur tendre sous une apparence rugueuse. En fait, à force de fréquenter son fougueux rocker de diablotin, Angèle finit par cesser de diaboliser le sexe et, inversement, grâce à sa douce chérubine d’institutrice, Damon découvre l’amour basé sur le respect mutuel et y puise des satisfactions cent fois supérieures à celles que lui ont procuré les cinq à sept qu’il a pu accorder à ses groupies et autres conquêtes d’un soir – il suffit de le voir avouer son amour pour Angèle alors qu’il s’apprêtait à baisouiller une fan... En fait, ils réussissent à découvrir et, surtout, à assumer, une part de leur personnalité qu’ils n’osaient pas voir en face : l’amour ne change pas les gens, il les révèle tels qu’ils sont vraiment.

 

13h30 : D’habitude, l’ambiance musicale du Beaj Kafé me plaît : je ne comprends pas pourquoi, aujourd’hui, on a le droit à tous les ringards qui m’ont tant pourri les oreilles quand ma mère m’imposait l’audition de Radio Nostalgie… En moins d’une demi-heure, j’ai subi deux chansons de Balavoine ! Mais qu’est-ce qu’on lui trouve, à la fin ? Je suis seul sur terre à ne pas supporter ses chansons, ou quoi ? Je suis à deux doigts de craquer !

 

14h30 : Grâce à une autre de ses anciennes fréquentations, je récupère un roman de Geneviève Gautier : il s’intitule Haïe et est consacré à une jeune aventurière qui cherche constamment à sortir de sa condition de prisonnière… Ça lui ressemble tellement !

 

22h30 : Je regarde quelques vidéos sur YouTube et je tombe sur un os : il n’est désormais plus possible de laisser le bloqueur de publicités actif sur ce site, ça bloque le lecteur ! La façon dont YouTube justifie cette pratique est plus qu’agressive : le message accuse les bloqueurs de publicités de ne pas respecter les règles de YouTube ! Ainsi, c’est l’utilisateur qui ne veut pas être submergé de réclames qui se retrouve en position de coupable ! C’est tout juste si on ne me menace pas d’un procès…

 

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Jeudi 2 novembre

 

9h30 : Je l’avoue : je n’ai pris au sérieux les avertissements relatifs à la tempête. Pas plus que je n’avais pris au sérieux les bruits relatifs au Covid avant qu’on nous confine. C’est l’éternelle histoire de l’enfant qui crie au loup : à force d’entendre les médias nous annoncer les pires catastrophes à l’approche du moindre coup de tabac, j’avais fini par ne plus y croire, qu’une tempête pouvait vraiment occasionner des dégâts chez nous ! D’ailleurs, je n’ai rien entendu de la nuit, ça ne m’a pas empêché de dormir, et quand je me suis levé, j’ai bien vu que l’eau, le gaz et l’électricité fonctionnaient parfaitement ! J’ai donc eu un choc en voyant que l’arbre de la maison située en face de mon immeuble avait été déraciné et avait écrasé une barrière… Peu après, j’ai reçu un message m’annonçant que mon rendez-vous d’aujourd’hui était annulé à cause des conditions météorologiques ! Voilà qui me rappelle de biens mauvais souvenirs…

 

11h35 : Ayant prévu d’aller à la piscine aujourd’hui, je me poste à l’arrêt de bus, sans même savoir si les transports en commun fonctionnent. Un arbre de la place des FFI a été esquinté, une grosse branche traîne par terre, certains commerces sont fermés, leurs vitres ayant été brisées. Le pire de la tempête est passé, mais le vent et la pluie sont toujours là… C’est dans cette ambiance peu glamour qu’un type vient me demander s’il y a des bus : je lui réponds que je n’en sais rien et que je n’ai pas envie de parler ! Ce n’est peut-être pas aimable, mais c’est la vérité.

 

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11h50 : Aucun bus ne se présente. J’abandonne, mais je décide de mettre ma sortie à profit en renouvelant mon abonnement au bus dans un bureau de tabac. Le buraliste me demande comment s’appelle « ma recharge » : j’ai du mal à comprendre qu’il parle du nom de mon abonnement… Et j’en ai encore davantage à me rappeler de la réponse ! Quand je le prie poliment de parler un peu moins fort parce qu’il me met mal à l’aise, il m’envoie paître… Les commerçants aimables sont en voie d’extinction et c’est à moi qu’on reproche de perdre patience !

 

13h15 : Ayant reçu la triste confirmation qu’il n’y aurait pas de bus aujourd’hui, je prends mon courage à deux mains et j’emmitoufle pour pouvoir affronter les intempéries et marcher jusqu’à la piscine. J’emporte mon appareil photo pour prendre des clichés des dégâts provoqués par la tempête : je pourrai en faire profiter le journal et, ainsi, dans le pire des cas, je ne serai pas sorti pour rien. J’avoue que j’ai presque honte : ces morceaux de toit, ces poteaux tombés, ces arbres déracinés, ce sont pour moi des sujets de reportage, mais pour les habitants concernés, ce sont des semaines d’emmerdes en perspective… J’espère de tout mon cœur que je ne vais pas trouver un cadavre sous les décombres car, dans ce cas, je vais VRAIMENT avoir un problème de conscience…  

 

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14h30 : Bien entendu, la piscine est fermée. Tout ça me rappelle décidément une ambiance que j’espérais révolue… Puisque les commerces « essentiels » (comme disait le méprisant de la république il y a trois ans) sont tout de même ouverts, j’entre dans la première supérette venue afin d’avoir de quoi faire face à la visite de quelques amis, prévue pour demain soir. À peine me suis-je approché que je suis agressé par le chien d’un des clodos postés devant l’entrée ! Évidemment, le maître m’assure que le clébard est gentil, que je ne dois pas lui faire sentir que j’ai peur de lui, que je n’ai qu’à lui faire renifler le dos de la main… Bref, il me sort tous les arguments débiles que me servent tous les propriétaires de chiens chaque fois je vois déjà mes couilles entre les crocs de leur animal ! Il finit par se décider à le tenir en respect. Peu après, je le retrouve dans le magasin : il a confié son monstre à un de ses collègues et est entré acheter sa 8-6, que sa recette de la journée lui permet d’acquérir. Il me présente ses excuses, mais je refuse de les entendre, et je menace de donner un coup de pied dans la mâchoire du chien s’il recommence à m’aboyer dessus ! Évidemment, je dis ça parce que l’accumulation des contrariétés me met les nerfs à vif, et de toute façon, c’est du bluff : je n’aurai jamais le courage de répliquer face à un chien agressif, d’autant que je ne veux pas me mettre la SPA à dos ! Toujours est-il qu’il me menace de me poignarder si je m’en prends à son chien qui, dit-il, est tout ce qu’il a dans sa vie… Toute ma vie est résumée par cette anecdote : je suis agressé de partout et on me reproche de me défendre ! Je sais bien que je ne devrais pas accabler ce pauvre bougre qui vit dans la misère et semble même avoir tout perdu tout espoir de s’en sortir, mais rien à faire, je ne supporte pas qu’on laisse un chien m’aboyer dessus ! S’il avait été un nanti roulant en 4x4 et dressant son chien pour la chasse, j’aurai réagi exactement de la même façon ! Quand on est con, on est con, qu’on couche dans des draps de soie ou sous les ponts !

 

15h45 : Une fois rentré chez moi et à peu près remis de cette rencontre plus que désagréable, je relève mes messages : j’avais envoyé un mail à plusieurs personnes pour demander des témoignages écrits sur la tempête et ses conséquences… Et j’ai surtout reçu des photos. J’avais aussi indiqué clairement à la personne que je devais voir aujourd’hui quand j’allais être disponible pour un autre rendez-vous… Et elle me propose un autre jour, où je ne serai même pas à Brest. Je ne me suis jamais senti aussi solitaire et incompris : pourquoi les gens ne comprennent-ils que ce qu’ils ont envie d’entendre ?

 

Vendredi 3 novembre

 

10h : Ayant dû sortir acheter du pain frais pour ce soir, j’ai bien sûr vu comment les journaux traitaient les récentes intempéries : à les lire, la Bretagne ressemblerait presque à l’Ukraine, à l’heure qu’il est ! Cette présentation des faits m’agaçant quelque peu, je décide d’apporter une note d’ironie pour relativiser les choses : je poste sur Facebook un message disant en substance que je n’ai subi aucun dommage et qu’il faut donc croire que je n’habite plus en Bretagne, à croire que la tempête m’a transporté dans une autre région ! La première personne à réagir est une femme que je ne connais pas et qui me met sous le nez les dégâts occasionnés dans son voisinage : je comprends bien, au ton qu’elle emploie, que mon message ne la fait pas rire et qu’elle juge que je fais fi du malheur des autres… Je supprime aussitôt mon post : je ne tiens pas à m’empêtrer dans une polémique bidon. Ça y est, je me rappelle pourquoi je ne postais plus de messages de ce genre sur les réseaux sociaux ! Visiblement, la tempête a aussi emporte le sens de l’humour de certaines personnes…

 

18h : Malgré ma petite réception de ce soir, je suis quand même sorti pour m’entraîner à la piscine et suivre une visite guidée du quartier Saint-Pierre. J’ai organisé une raclette, je n’ai donc pas beaucoup de préparatifs, ce qui me permet notamment de consulter mes messages. La sentence tombe : le salon du livre auquel je devais participer ce week-end est annulé et reporté (vraisemblablement en février prochain), le local ayant été endommagé par les intempéries… Le cauchemar continue ! Ce n’est pas grave, me direz-vous ? Compte tenu que j’avais fait venir un stock d’exemplaires de Voyage en Normalaisie spécialement pour cette occasion, que j’avais bloqué tout mon week-end pour ce salon et que je comptais sur cette manifestation pour remplumer mon porte-monnaie qui est plutôt mal en point en ce moment, je vous répondrai : un peu quand même ! Et puis il n’y a pas que ma petite personne : il y a aussi tous les autres exposants qui se sont retrouvés la queue entre les jambes et, surtout, les bénévoles qui se sont mobilisés pour que cet événement ait enfin lieu après avoir été sans cesse reporté à cause d’une certaine épidémie… Le virus nous laissait enfin à peu près tranquilles, et voilà que le ciel nous tombe sur la tête ! Le pire, c’est que dans l’absolu, le salon aurait pu se tenir quand même, mais ce sont les bureaucrates qui en ont décidé autrement : à force de crier haro sur l’incurie des pouvoirs publics chaque fois que quelqu’un se retourne un ongle dans la rue, on en est arrivé à nous cloîtrer dans des abris antiatomiques dès que les feuilles tombent des arbres…

 

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La vieille gare de Saint-Pierre, malgré un état de délabrement avancé, a bien résisté à la tempête...

 

Samedi 4 novembre

 

9h : Exceptionnellement, j’ai traîné un peu au lit avant d’effectuer les petits rangements qui s’imposent à la suite de ma petite réception d’hier soir. Recevoir mes amis m’a mis du baume au cœur, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’à l’heure qu’il est, je devrais être en train d’installer mon stand… Il n’y a rien à faire, je suis incapable d’accepter d’être freiné en plein élan ! Même si c’est à cause d’un incident où nulle volonté humaine n’est en cause ? SURTOUT dans ces cas-là ! Pourquoi m’angoissé-je pour des choses qui ne dépendent pas de moi ? Je m’angoisse pour ces choses PARCE QU’ELLES ne dépendent pas de moi ! Encore que… Il ne faut pas oublier que ce genre de phénomène climatique extrême est très certainement une conséquence du réchauffement climatique ! Et oui, bande de cons, ce n’est pas parce que le phénomène s’appelle « réchauffement » qu’il se traduit forcément par un temps chaud et ensoleillé toute l’année, bien au contraire ! Si vous aviez écouté les écolos quand il en était encore temps, on n’en serait pas là ! Je suis fou de rage…

 

Terminons sur un autre fait qui m'indigne :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


04/11/2023
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Du 20 au 27 octobre : Happy Halloween !

 

Puisqu'on fête bientôt Halloween, voici un dessin de circonstance. J'avoue que je rêve de sortir avec une sorcière ! Je préfère les sorcières cultivées aux princesses qui parlent chiffons...

 

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Vendredi 20 octobre

 

22h : Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais dit « Si j’avais su » ! Une petite phrase aussi amère qu’inutile mais qu’on ne peut s’empêcher de mobiliser quand on se retrouve dans une situation pénible qu’on aurait pu éviter. Pour ma part, si j’avais su, je serais rentré chez moi tout de suite après le cours de natation : seulement, il y avait longtemps que je n’étais plus retourné au Temple du pharaon, alors je tenais à participer à la scène ouverte que le Collectif Synergie y organisait ce soir-là. Hélas, en ce moment, Claire préfère communiquer autour du salon du livre prévu pour le week-end du 5 novembre (c’est bien normal, c’est l’événement phare de l’automne pour l’asso) et, quand je suis arrivé, il n’y avait pour ainsi dire presque personne… Je suis néanmoins resté pour boire un coup er discuter un brin avec Claire… Ce qui m’a attiré des propos menaçants de la part de l’homme assis à côté d’elle, qui m’a accusé de lui voler son interlocutrice ! Alors que je suis incapable de m’immiscer dans une conversation en cours ! Il a perdu de sa superbe quand je lui ai précisé que j’étais handicapé… Il est parti, nous laissant, Claire et moi, en compagnie… D’un informaticien qui a donné à mon amie des conseils pour gérer l’un des groupes Facebook qu’elle a créé ! Une conversation sur l’informatique ! Au secours ! La scène ouverte ne pouvant pas avoir lieu, je me suis résolu à partir vers dix heures moins le quart pour ne pas rater le bus… Et je l’ai raté quand même ! Et le prochain ne passe que dans une heure ! Résultat, je poireaute de nuit, dans le froid, sous la pluie et dans le vent, avec pour seule compagnie les crétins qui font brailler leurs airs de rap de merde sur la place de la Liberté : je n’ai toujours pas pris de vraie douche (celle que je suis obligé de prendre avant de quitter la piscine ne compte pas), je meurs de faim et de fatigue, et je n’ai même pas eu l’occasion de faire du slam. Non, je confirme, si j’avais su… Je ne serais pas venu au monde ! Bon, j’exagère peut-être un peu, mais je vous mets au défi de vous retrouver dans une situation semblable et de ne pas vous demander ce que vous êtes en train de faire de votre vie !

 

Samedi 21 octobre

Portrait d'une petite fille rencontrée ce jour-là : 

 

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14h15 : Alors que je feuillette une BD à la librairie Dialogues en attendant l’arrivée de Julien Solé qui doit venir dédicacer le recueil de ses planches consacrées à son installation à Brest, je suis interpellé par un type qui doit avoir à peu près mon âge mais qui, contrairement à moi, ressemble vraiment à une caricature de trentenaire. Il me donne son nom : c’est un de mes anciens tourmenteurs ! Quand il me demande si je me souviens de lui, je lui réponds du tac au tac : « Malheureusement, oui ! » Je m’en tiens là, je ne m’abaisse pas à être insultant ou agressif à son égard : ce serait trop facile et puis il est accompagné de son petit garçon qui n’est pas responsable… D’ailleurs, je n’en ai pas besoin, mon regard dur suffit à lui faire comprendre qu’il n’est plus le bienvenu dans ma vie ! Il me bredouille les excuses habituelles : « J’étais jeune, je ne me rendais pas compte… » Heureusement qu’il ne me sort pas le sempiternel « J’ai suivi le mouvement » qui, à mes yeux, ne fait qu’ajouter une faute à une autre : au harcèlement s’ajoute le suivisme ! Il s’en va, pas fier de lui. Quand ce cher monsieur Solé me fera une dédicace, il me demandera si je préfère qu’elle soit au nom de Benoît ou à celui de Blequin ; je lui répondrai : « Peu importe, tant que vous ne m’appelez pas « Bertrand » ou « René » comme j’y ai eu droit au collège ! Il y a même une époque où je me suis demandé si mon prénom n’était pas « Ferme ta gueule Quinquis ou j’vais t’péta » ! »

 

Dimanche 22 octobre

 

00h30 : Je sors du concours du chant organisé par Amasic, quelque peu dépité. J’ai beau avoir retrouvé avec plaisir Jeanne, la petite championne de l’an dernier, ainsi qu’Aline, notre gloire nationale, je ne peux m’empêcher d’être déçu de ma prestation : je me suis trompé dans les paroles de « Mistral gagnant » et j’ai eu la nette impression, en me comparant aux autres candidats, d’avoir le charisme d’une huître… À la limite, ma principale satisfaction fut la découverte de la chanson « L’effet de masse » de Maëlle, interprétée par un homme d’âge mûr : c’est que finalement, les gens qui prennent ce problème au sérieux ne sont pas si nombreux que ça ! Qui se soucie du sort du loser boutonneux et binoclard dont tout le monde se moque ? Presque personne et surtout pas les profs, croyez-moi ! Je peux donc compter sur une autre chanson que celle d’Indochine : ça n’a l’air de rien, mais quand le clip de « College boy » était sorti, les imbéciles bien-pensants s’étaient insurgés contre la violence des images (qui étaient pourtant à la hauteur de ce que les paroles dénonçaient) et les imbéciles progressistes avaient refusé de soutenir le groupe parce qu’ils étaient incapables de surmonter la répulsion (que je peux comprendre même si je ne la partage pas) que leur inspiraient Nicolas Sirkis et ses acolytes… Seulement voilà : de même que dire « Je ne suis pas Charlie » au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 revenait à dire « Vive les terroristes et mort aux dessinateurs », persister à dire « À bas Indochine » dans ce contexte-là revenait à dire « Vive les harceleurs et mort aux harcelés » ! Alors heureusement qu’il y a la chanson de Maëlle pour essayer de convaincre les anti-Indochine primaires de prendre part au combat ! Je dis bien « essayer » car ils sont capables de faire la fine bouche sous prétexte que cette chanteuse s’est illustrée grâce à The Voice… Et que le harcèlement, en fin de compte, je suis sûr qu’ils s’en foutent ! Et voilà : j’étais parti pour parler de ce concours de chant auquel j’ai participé avec un succès mitigé, et finalement, j’aurai surtout parlé, une nouvelle fois, du harcèlement en milieu scolaire… Ce que j’ai vécu m’a vraiment meurtri dans ma chair ! Le premier qui me dit encore que ça m’a « forgé le caractère », je le meurtris à son tour…

Quelques croquis réalisés durant la soirée :

 

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Et deux photos :

 

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1h35 : Dans notre série « Quand c’est bien, il faut le dire », aujourd’hui, le Noctybus. Pour la première fois, je profite de cette ligne de nuit, mise en place depuis peu : je m’attendais soit à un bus presque désert soit, au contraire, à un bus bourré à bloc de joyeux lurons braillards ! Et bien ce n’est ni l’un ni l’autre : le véhicule n’est ni plus ni moins bondé ou bruyant que n’importe quel bus de jour dans lequel je serais monté à mi-parcours. Conclusion : le public de ce genre de ligne est tout à fait respectable et la création de ce bus de nuit n’était pas un luxe. Des fois, les décideurs ne se trompent pas ! Des fois…

 

16h30 : Je reçois la visite d’un couple d’amis qui m’informe, entre autres, de la mort de cet acteur de Plus belle la vie qui s’est suicidé parce qu’il croyait avoir tué quelqu’un avec sa voiture et ne supportait pas cette idée… En fait, la femme accidentée n’était que blessée, mais le comédien ne voulait pas jouer un remake de l’affaire Palmade. Il n’avait qu’un an de moins que moi… J’ai souvent pensé au suicide, et j’y penserai probablement à nouveau au moins une fois, mais pour l’heure, cette triste histoire m’en fait voir l’horreur et l’inutilité… Toutes mes pensées vont aux proches de ce comédien. Mais pas au point de regarder Plus belle la vie : il ne faut pas trop m’en demander non plus !      

 

Mardi 23 octobre

 

14h55 : Après un lundi assez poussif où j’ai surtout essayé de me reposer de la fatigue accumulée au cours du week-end, je reçois, alors que je m’apprête à partir pour un rendez-vous en ville, une visite inattendue : celle d’un sondeur de la Sofres. Le type est vieux et semble ne pas avoir été gâté par la vie, j’ai pitié de lui : j’accepte de répondre à ses questions. Le thème du sondage, en tant que tel, n’aurait d’intérêt que pour un con bien élevé, mais deux questions apparemment anodines, du moins dans la façon où elles sont posées, me paraissent révélatrices : premièrement, quand il doit me demander si je me définis comme un homme ou comme une femme, il ajoute « ça me fera toujours marrer, ça » ! Je ne peux m’empêcher de lui parler de ma cousine lesbienne et de ma sœur transgenre et de lui faire comprendre que sa remarque a donc toutes les raisons de me faire tiquer ! Encore un vieux con qui doit envisager les études de genre comme un caprice de « bobo » et regrette le bon temps où les femmes faisaient de la couture pendant que les hommes allaient à la guerre… Je m’en veux déjà d’avoir eu pitié de lui quand il me demande comment je me situe politiquement, sur une échelle de 1 (Mélenchon) à 10 (Le Pen) : je répond 2 car je ne veux pas être assimilé au leader de La France Insoumise, mais si j’avais pu, j’aurais probablement répondu -1… Considérer un ancien ministre de Mitterrand et de Jospin comme un représentant de l’extrême-gauche, je n’arriverai jamais à l’admettre ! Avant de partir, il me demande mon numéro de téléphone, m’annonçant que je vais recevoir un coup de fil de la Sofres pour s’assurer qu’il est bien venu chez moi : je me promets que si ça arrive, je leur dirai que s’ils tiennent à fliquer leurs employés, ça les regarde, mais qu’au moins ils paient des agents pour ça au lieu de me le faire faire gratuitement !

 

15h15 : Mon sondeur ayant enfin pris congé, je descends pour ne pas rater mon rendez-vous. J’en profite pour relever mon courrier… Et je retire de la boîte deux enveloppes toutes collantes et poisseuses ! Quelqu’un a mis de l’huile dans ma boîte aux lettres ! À tous les coups, c’est la folle qui revient de temps à autre hurler des injures dans les couloirs à l’attention de je ne sais qui et qui arrive à entrer parce que les autres locataires ont la sale manie de laisser la porte de l’immeuble grand ouverte ! On n'a pas voulu m’écouter quand je disais que cette habitude nous exposait à recevoir la visite de vandales, voilà le résultat…

 

Mercredi 25 octobre

 

18h : Vacances scolaires obligent, il n’y a pas de cours aux Beaux-arts cette semaine. J’en profite pour aller écouter Monique Pinçon-Charlot à Dialogues. Malheureusement, je ne suis pas dans les meilleures dispositions : j’ai essuyé plusieurs déceptions en peu de temps, dont une qui confine à l’affront injustifié pur et simple, je suis donc extrêmement fatigué et énervé ! Quand j’arrive, j’entre par la porte principale du café de la librairie : un animateur me fait savoir que je dois emprunter une autre entrée… Comme à chaque fois que je fais face à une consigne inattendue, il me faut quelques secondes pour l’assimiler et réagir : devant mon attitude, l’animateur croit que je n’ai pas compris et entreprend de réexpliquer ce qu’il vient de me dire, ce dont j’ai horreur ! Je l’éconduis donc en lui reprochant de me prendre pour un débile, ce qui n’était pourtant pas son propos… La salle est pleine : après mille difficultés, j’en suis réduit à rester debout, appuyé contre un muret, ce qui n’arrange évidemment pas mon humeur. Monique Pinçon-Charlot est venue pour présenter son livre Le méprisant de la république qui explique que le mépris dont fait montre Macron à l’encontre des classes moyennes et populaires, loin d’être un simple trait de caractère, participe d’une stratégie de délégitimation totale de la parole émanant de la majorité de la population : le capitalisme est en train d’atteindre ses limites, ne serait-ce que parce que l’expansion ne peut être infinie, les ultra-riches sont donc aux abois et font tout, notamment par politiciens ou par éditorialistes interposés, pour convaincre les citoyens qu’ils ne sont rien et leur faire accepter de se laisser piller sans réagir ! Seul remède aux yeux de la sociologue : l’unité. Celle-ci est possible : les syndicats ont fait front contre la réforme des retraites, les partis de gauche en ont fait autant aux législatives. En clair, il n’y a pas d’alternative : ou bien les pauvres s’unissent ou bien les riches les exterminent ! Seulement, à cette époque où chacun est plus ou moins en guerre contre son prochain, ça m’étonnerait qu’on évite le pire… Bref, ce que j’entends n’est pas fait pour me remonter le moral ! Aussi, quand, lors des échanges avec l’auditoire, un vieux type qui a déjà eu la parole (et a d’ailleurs proféré des âneries) la reprend d’autorité alors qu’un jeune homme a déjà le micro en main, je réagis au quart de tour : je lui hurle « C’est pas toi qui as la parole » ! Évidemment, les gens croient que je m’adresse au jeune homme et, pour finir, c’est moi qui encaisse les reproches ! Le vieux con qui croit que son âge lui donne tous les droits, on ne lui dira rien… J’arrive quand même à offrir un exemplaire de Voyage en Normalaisie à madame Pinçon-Charlot et à lui montrer le croquis que j’ai fait d’elle pendant sa présentation : « Vous êtes adorable », me dit cette petite dame affable ; elle doit bien être la seule à penser ça de moi ce soir…

 

Monique Pinçon-Charlot vue par moi :

 

10-25-Monique Pinçon-Charlot à Dialogues.jpg

 

19h30 : On m’avait parlé des jam sessions qui ont lieu chaque mercredi soir à L’Horizon, le bar tenu jadis par le regretté Kim. On m’avait aussi assuré que je pouvais venir slamer sur la musique : hélas, je suis tellement miné par mes déceptions et mes crises que je ne suis pas en état d’apprécier l’ambiance chaleureuse de l’établissement. De toute façon, je ne suis pas à l’aise, comme à chaque fois que je débarque dans un lieu inconnu sans même un ami pour m’épauler dans la découverte, et, quand les musiciens se décident à jouer, je ne suis pas long à comprendre que tout se fait de façon très informelle et que je n’arriverai donc jamais à trouver ma place… Je préfère partir assez vite, non sans hurler « Ta gueule, kassos ! » à un pauvre type décharné qui chantait dans un coin… Non, je ne suis pas fier de moi, mais je ne le suis jamais, de toute façon…  

 

Jeudi 26 octobre

 

13h30 : Après un déjeuner avec un ami qui m’a réconforté, je m’apprête à prendre le car pour Plougonvelin afin d’aller y décrocher mon exposition. En attendant, je risque un tour à la gare et je remarque le nouvel Astérix qui vient de sortir : j’avais vaguement entendu parler d’un changement de scénariste, mais j’ignorais que Jean-Yves Ferri, qui a fait un travail remarquable, avait été remplacé par l’excellent Fabcaro ! Certains imbéciles ont dû crier à la récupération : personnellement, je ne trouve pas scandaleux que le génie humoristique de Fabcaro soit reconnu comme il le mérite et, quitte à ce que les aventures du petit Gaulois survivent à leurs illustres créateurs, j’aime autant que ce soit sous les plumes de gens de talents plutôt que sous celles de tâcherons tout juste bons à faire une habile imitation, comme ça s’est vu trop souvent … Je n’ai pas le temps de lire l’album en détail, mais je comprends qu’il taille un costard en règle aux charlatans du « développement personnel » (si leurs conseils étaient vraiment efficaces, il n’y aurait pas autant de gens déprimés !) et, de façon générale, à tous les casse-bonbons moralisateurs qui nous abreuvent de bons conseils : rien que pour ça, cet album me plait déjà ! À la fin de cette année marquée par le film de Guillaume Canet, il fallait frapper un grand coup pour sauver l’honneur de nos Gaulois, non ?

 

16h : Mon expo est déjà décrochée, mais le car pour Brest ne passe pas avant 18h45 ! Je m’en ouvre au régisseur, non sans caresser secrètement l’espoir qu’il me trouve un volontaire pour me voiturer au moins jusqu’à la station de tramway. À défaut, il me donne un plan de Plougonvelin pour que j’aille y faire une promenade : je m’en contente. Si j’avais su plus tôt qu’il était si facile d’aller jusqu’au Trez Hir en partant du bourg (le premier lieu étant nettement plus vivant que le second), j’aurais évité bien des moments d’attente stérile dans cette commune… Vous pouvez rire, mais ce n’est toute de même pas de ma faute si j’ai peur d’errer dans les bleds inconnus sans même l’aide d’un plan ! C’est humain, non ?

 

18h : L’espace Keraudy ferme ses portes. Je pars, avec ton mon attirail sur le dos. À peine suis-je sorti que je me prends une averse de grêle ! Je gagne péniblement l’arrêt de car, où il n’y a même pas d’abri : j’ai froid, je suis épuisé, et j’ai peur de m’être trompé, tant les horaires sont biscornus et l’itinéraire absurde… Je poireaute donc dans des conditions plus que précaires, sans même réussir à être sûr que je passerai la nuit dans ma chambre ! Il y a sûrement des sorts plus pénibles que le mien… Mais sur le coup, je ne vois pas lesquels !

 

18h55 : Le car arrive enfin. En retard. J’ai été à deux doigts de téléphoner pour appeler au secours, ce dont j’ai horreur. Le chauffeur me prend pour quelqu’un d’autre qu’il a vu hier, seul sous la pluie et attendant le car alors qu’il n’y en avait plus : je n’apprécie que modérément car j’ai vraiment eu peur de me trouver réellement dans cette situation des plus désagréables ! Je m’avance dans l’allée alors que le car démarre déjà : je casse un de mes cadres… À l’espace Keraudy, la dame de l’accueil me disait qu’elle n’aimait pas les fins d’expo : et moi, je les déteste !

 

Vendredi 27 octobre

 

10h45 : En attendant un nouveau rendez-vous, je feuillette Le Télégramme qui a consacré une page entière à mon Voyage en Normalaisie. J’apprends ainsi quelque chose qui me choque au plus haut point : des logements étudiants vont être réquisitionnés en vue des jeux olympiques ! Et leurs occupants seront indemnisés à hauteur de 150 euros, autant dire une misère… Plus des places pour les épreuves ! On méprise les étudiants et le sport passe au-devant de toute autre considération : voilà la France d’aujourd’hui ! J’ai failli dégobiller sur mon journal mais je me suis retenu pour ne pas salir l’article qui m’est consacré.

 

Terminons avec un petit dessin réalisé pour une vidéo rendant hommage aux Monsieur-Madame de Roger Hargreaves :

 

10-24-Monsieur Malpoli vs. Monsieur Avare.jpg

 

La vidéo en question :

 

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


27/10/2023
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