Du 23 février au 1er mars : Courbet, Camus, le foot et caetera

 

Commençons par l'affiche de mon expo commune avec mon amie YayaL à l'Auberge de jeunesse de Brest :

 

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Vendredi 23 février

 

20h30 : Concert de mes amis Miika Bjørn et Audrey Raguenes au Biorek brestois : Miika, après un léger flottement au début, retrouve rapidement ses marques et excelle vraiment dans ses reprises de standards de la chanson française – le seul choix que je ne peux m’empêcher de désapprouver dans son répertoire est « L’amant de Saint-Jean » qu’on a déjà trop entendu, mais c’est un détail. Quant à Audrey, elle est toujours aussi merveilleuse et elle peut reprendre du Shania Twain autant que ça lui chante (ah ! ah !), avec ou sans chapeau ! Pour ne rien gâcher, elle se paie le luxe d’être plus belle que jamais. Bravo Dédée, bravo Miika, je suis fier d’être votre ami ! Je vous dois un des rares bons moments que j’aurai vécus en ce mois finissant…

 

Un croquis d'Audrey (qui est bien plus belle en vrai que sur mes dessins) avec son chapeau de chanteuse country :

 

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Samedi 24 février

 

10h30 : Définitivement épuisé, je m’offre une journée de quasi-inactivité : je me borne à envoyer des messages à quelques proches. Une démarche pas si stérile que ça puisqu’elle me permet de semer des graines pour l’avenir plus ou moins proche. Bien sûr, je préférerais revoir tous ces gens en chair et en os, mais je n’ai même pas la force de sortir de mon appartement.

 

Dimanche 25 février

 

14h : Vacances scolaires obligent, il n’y aura pas de cours de dessin avant le 13 mars. Je profite donc du repos dominical pour faire quelques collages, bien décidé à en rapporter un gros paquet à la rentrée pour épater la galerie ! Mais n’allez pas croire que ce soit juste pour le plaisir de frimer : j’ai vraiment des idées, je suis bien décidé à les concrétiser et puis il y a quelque chose de jouissif à trafiquer des photos à la main, rien qu’avec des ciseaux et de la colle, à une heure où n'importe quel con peut le faire avec des logiciels… 

Un collage réalisé ce week-end - je vous ai montrerai d'autres dans les semaines à venir si vous êtes sages :

 

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Lundi 26 février

 

15h30 : Après une entrevue avec un camusien autodidacte (et, au demeurant, brillant), je passe au Leclerc du centre-ville pour dépenser une aumône humiliante : un chèque de 20 euros que le département a adressé aux bénéficiaires des aides sociales dont je fais partie… Ça ne paie même pas une semaine de courses pour une seule personne ! Ils nous prennent vraiment pour des mendigots ! Je préférerais encore qu’ils ne nous donnent rien du tout !

 

16h : Pris d’un besoin pressant, je profite des toilettes publiques : ce n’est pas très facile avec mon cabas qu’il vaut mieux éviter de poser sur le carrelage trempé, mais j’y arrive. La cabine est relativement propre, mis à part un morceau de papier hygiénique qui traîne par terre et que l’humidité a transformé en charpie adhérant au carrelage… Ce détail suffit à m’écœurer ! Ce n’est pas la première fois, hélas, que je vois ça, et je me demande vraiment ce que certains peuvent faire avec le papier dans les chiottes publiques ! Quand je sors, je croise un type qui attendait manifestement son tour : je lui tiens la porte pour qu’il entre, mais il dit attendre « que ça se nettoie » ! Soit il y a quelque chose sur le fonctionnement des toilettes publiques que je ne comprends pas, soit je suis encore tombé sur un crétin – la race n’est pas en voie d’extinction, hélas !

 

17h : J’ai enfin terminé la lecture de la correspondance de Gustave Courbet : ce n’était pas seulement un grand peintre, son activité épistolaire témoigne d’un talent scripturaire certain et il a été un acteur central de la Commune de Paris, l’expérience politique la plus géniale du XIXe siècle ! On lui pardonnerait presque son antisémitisme ! J’ai bien dit « presque » : il est heureux qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour connaître l’affaire Dreyfus, son étoile en serait sortie considérablement ternie !

 

Mardi 27 février

 

14h : Passage aux Capucins pour voir l’exposition sur l’AS Brestoise et le Stade Brestois, les deux clubs de football qui ont longtemps co-existé à Brest : j’y vais pour trouver des anecdotes à raconter dans Côté Brest, mais j’avoue que je me surprends à aimer  me replonger dans l’ambiance d’une époque où le foot était encore un sport d’amateurs passionnés, quand on était encore loin des salaires indécents, des mariages avec des top-models et de toutes les bling-blingueries qui, entre autres ignominies, ont fini par me dégoûter irrémédiablement du ballon rond ! J’ai même une petite larme en pensant à mon défunt oncle, authentique passionné qui n’a jamais réussi à me transmettre son amour du sport avant de nous quitter il y a bientôt quatre ans déjà… Mais revenons à nos crampons : saviez-vous, par exemple, que si le Stade Brestois a longtemps rechigné à se professionnaliser et que si l’AS Brestoise n’a jamais sauté le pas (ce qui lui a finalement été fatal), c’était parce que, avant la seconde guerre mondiale, la professionnalisation n’était intéressante ni pour les dirigeants ni pour les joueurs ? Pour les premiers parce que les déplacements leur auraient coûté trop cher du fait du décentrement de Brest, et pour les seconds parce qu’à l’époque, un contrat professionnel liait le joueur à son club jusqu’à la retraite… Et lui rapportait à peine la rémunération d’un cadre moyen ! Les joueurs gagnaient mieux leur vie en restant amateur et en continuant à exercer un métier en parallèle ! Inimaginable aujourd’hui ! J’apprends aussi, grâce à cette expo, que le Stade Brestois est né de la fusion d’associations catholiques… À laquelle les prêtres s’étaient longtemps opposés ! Le joueur qui changeait d’équipe risquait même l’excommunication ! Décidément, plus con qu’un curé, tu meurs !

 

Sans rapport avec l'expo, voici un dessin de mon cru qui a été publié en quatrième de couverture de la revue L’éponge, sorti de presse récemment :

 

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Mercredi 28 février

 

13h30 : Grâce au camusien que j’ai rencontré avant-hier, je peux écouter trois conférences d’Agnès Spiquel consacrées notamment à L’étranger au Le premier homme : le premier de ces deux livres, que l’on peut considérer comme une œuvre de jeunesse, est souvent lu à l’adolescence, tant le sentiment d’étrangeté au monde est commun à toutes celles et à tous ceux qui entrent à peine de l’âge adulte ; mais on oublie souvent qu’au-delà de la transcription romanesque de sa réflexion sur l’absurde, Camus nous y propose aussi un réquisitoire contre la peine de mort : le cri que Meursault finit par pousser en présence de l’aumônier doit vraiment être compris comme une exaltation de la pulsion de vie contre l’instinct de mort que représenter l’homme d’Église ; de surcroît, madame Spiquel révèle un détail qui m’avait échappé : Meursault mentionne que sa vieille mère, à l’asile, avait trouvé un nouveau fiancé, ce qui veut dire qu’elle avait repris le goût de vivre qu’elle avait perdu tant qu’elle vivait chez son fils, lequel avait donc eu raison de la placer, ce qui achève de rendre injuste sa condamnation, prononcée moins au nom de son crime qu’au nom de sa prétendue attitude de mauvais fils… Le second livre, resté inachevé, est souvent réduit par les détracteurs de l’auteur à une exaltation du colonialisme français en Algérie : il est vrai qu’on ne peut pas passer sous silence le rapport de Camus au fait colonial, mais dans l’esprit de l’écrivain, qui était né et avait grandi en Algérie (et se sentait plus algérien que français !), ce livre était destiné à porter la voix de celles et ceux à qui on ne donne pas la parole, qui n’ont que leur force de travail pour survivre, qu’on envoie mourir à la guerre… Bref, les « damnés de la Terre » dont Camus restait indissolublement solidaire non parce qu’il avait pitié d’eux mais parce qu’il en faisait partie : c’est ce qui le distingue d’un Sartre, qui n’a jamais connu la misère et ne peut s’empêcher de donner des leçons aux pauvres, ou même d’un démagogue qui les flatte même dans leurs plus bas instincts, ce qui revient à mépriser le peuple en faisant semblant de l’aimer... Quant à la question coloniale, on peut en parler parce que ça fait partie de l’histoire, mais on ne va pas refaire le match : je n’ai pas ma licence d’arbitre !

 

Allez, je vous en mets une :

 

Jeudi 29 février

 

15h : J’avais écrit une nouvelle page « histoire » pour Côté Brest mais le journal n’a pas l’air de paraître cette semaine. J’avais demandé un nouveau stock de livres à mes éditeurs en prévision du salon littéraire de ce week-end, mais je n’ai toujours rien reçu. J’ai toujours entendu mon enseignant père rouspéter contre les braves gens qui traitaient les profs de « fainéants toujours en vacances » et il faut croire qu’il avait raison de vitupérer : je ne compte plus les services et les commerces qui ont cessé de tourner depuis le début de la semaine, alors qu’on ne me dise pas que les enseignants sont privilégiés ! Tout ceci me conforte dans l’idée que les écrits bibliques ne racontent que des conneries : si Dieu était vraiment à l’image de l’Homme, six jours ne lui auraient pas suffi pour créer le Monde et, à l’heure qu’il est, nous ne serions toujours pas là pour en parler !

Petit cadeau : une carte d'anniversaire à compléter soi-même - une pensée au passage pour toutes celles et tous ceux qui sont nés un 29 février...

 

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Vendredi 1er mars

 

10h : Je monte faire mon marché : passant devant un panneau d’affichage, j’y vois les premières affiches politiques depuis le début de l’année. Elles ont été collées par le NPA (oui, ça existe encore) et appellent à se mobiliser contre la loi Darmanin : je les trouve courageux de continuer à lutter pour une cause aussi impopulaire que celle des travailleurs immigrés ! C’est même la seule circonstance qui m’invite à respecter un militant : quand, au lieu de hurler avec les loups, il lutte pour une cause qui n’est pas populaire ! Comme dit mon copain Jérôme, « être impopulaire dans un pays de con, c’est une qualité » ! Ce qui me rendrait Macron presque sympathique, d’ailleurs – mais presque, c’est pas comme tout à fait. Ces affiches devraient me réchauffer le cœur : elles ne font que me rappeler le climat actuel et je me dis que j’en ai vraiment ras la bolée de n’entendre parler que de haine, de guerre, de fascisme et autres calamités ! Je mettrais bien fin à mes jours si je n’avais pas retrouvé, l’an dernier, une amie très chère qui semble trop tenir à mon humble personne pour que je puisse lui faire le sale tour de disparaître…   

 

Terminons avec le carton d'invitation au vernissage de l'exposition - venez nombreux !

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 



01/03/2024
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