Du 20 au 23 février : Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là... Et le jour suivant aussi !

 

Commençons par un dessin de cumulonimbus réalisé lors du cours du soir et qui tombe plutôt bien dans l'ambiance actuelle..

 

02-22-Cumulonimbus.jpg

 

Mardi 20 février

 

17h30 : J’étrenne le taille-crayon à manivelle qui m’a été offert au Salon des Artistes Français : cet objet est un peu au taille-crayon « traditionnel » ce que l’arbalète est à l’arc, c’est-à-dire un outil certes plus précis et plus fiable, mais aussi plus lent et plus lent et plus lourd. Mieux vaut le réserver pour le travail en atelier et garder les petits taille-crayons pour le dessin en extérieur.

 

Mercredi 21 février

 

9h45 : Malgré une météo particulièrement peu clémente, je sors tout de même honorer quelques rendez-vous : ce qui est prévu est prévu. Quitte à ce qu’il fasse un temps aussi pourri, il vaut mieux que ça arrive maintenant : je n’oublie pas qu’il y a un an à la même époque, nous avions la sécheresse… Ces conditions météorologiques m’épuisent mais je n’arrive pas à les détester : à Paris, même pluie brestoise me manquait !

 

Caricature d'une femme avec qui j'avais rendez-vous :

 

02-20-Catheine Sevellec.jpg

Jeudi 22 février

 

13h : Petit casse-croûte avec une amie dans la boutique de piercings et de tatouages tenue par son compagnon. Nous échangeons, entre autres, sur nos situations professionnelles respectives : elle est en CDI mais envisage de ne plus exercer qu’à mi-temps sont activité actuelle dont elle est particulièrement lasse… Elle trouve même que j’ai de la chance ! Il ne se passe pas une semaine sans que j’entende une personne dans une situation moins précaire que la mienne se plaindre de son sort ! C’est à se demander si le CDI n’est pas un attrape-nigaud ! Il est vrai que dans mon cas, quand on n’a envie ni de devenir propriétaire ni de conduire une voiture, ça limite grandement les frais…

 

15h : Je voulais aller à la déchetterie du Vern pour y déposer les restes de mon ancien téléphone portable dont le connecteur est manifestement hors d’usage : après avoir quitté le bus à l’arrêt qui m’avait été indiqué, j’emprunte ce qui me paraît être le chemin… Et je retombe sur la station qui précédait celle où j’étais descendu ! Je comprends que je n’atteindrai jamais la déchetterie à moins de m’offrir une excursion dans un labyrinthe routier où il ne fait bon s’attarder quand on est piéton, perspective d’autant plus désagréable que le vent glacial ne faiblit pas. Bref, considérant que j’ai passé l’âge de telles expéditions, je préfère prendre la direction de la station de tramway et retrouver l’ami qui m’avait proposé d’aller à la déchetterie à ma place ; j’aurais dû accepter tout de suite sa proposition, mais ma fierté déplacée en a décidé autrement, avec la complicité de ma mémoire défaillante : j’avais oublié que nous vivons dans un monde, où en dépit des beaux discours de nos élus sur la « mobilité responsable », les sans-bagnoles étaient toujours considérés comme des sous-citoyens auxquels on refuse un accès aisé à tous les services publics…

 

17h : Passage au Bureau Vallée de Kergaradec où, il y a deux jours, un vendeur m’avait fourgué deux cartouches « compatibles » pour mon imprimante : celle-ci refusant de reconnaître la cartouches couleurs, je viens la rendre au magasin en comptant bien qu’ils me l’échangeront contre des cartouches spécifiquement adaptées à ma machine. J’obtiens gain de cause : la boutique me doit même deux euros ! Une caissière qui me donne de l’argent, c’est un peu comme un œuf qui pondrait une poule ! Mais au-delà de l’aspect insolite de l’anecdote, il apparait avec évidence que je me suis fait rouler par le vendeur qui m’avait vendu un matériel inadapté à un prix plus élevé… Il y a des baffes qui se perdent !

 

22h : Un peu déprimé par cette journée peu fructueuse, je ne peux résister à l’envie de visionner quelques épisodes de la série animée Les Tifous qu’un particulier a eu la bonne idée de diffuser sur YouTube : j’avais vu les dessins que Franquin avait réalisés pour le projet et je n’avais jamais eu l’occasion d’admirer le produit fini. Le résultat est un peu décevant et ne rend pas tout à fait justice au génie graphique de Franquin, il aurait fallu des moyens techniques dignes d’Hollywood pour être à la hauteur du défi, mais le rendu est tout même agréable : avec son talent habituel, Franquin avait créé un monde onirique, tendre mais nullement mièvre, qui vaut bien celui des Schtroumpfs – rien ne manque, pas même le sorcier bête et méchant qui persécute la communauté pacifique. Les Tifous sont bien sympathiques et, de surcroît, bien plus mignons que certains personnages animés actuels ayant connu davantage du succès ; même l’Avare n’arrive pas à être antipathique : vu qu’il est le seul à aimer l’argent, sa pingrerie ne fait de mal à personne ! On se prend à rêver d’avoir un Tifou en peluche et de pouvoir le caresser dans son lit… Mais encore aurait-il fallu que ces petits bonshommes connaissant un succès légitimant la création de tels produits dérivés ! Qui sait ? Peut-être les Tifous renaîtront-ils un jour de leurs cendres, avec une réalisation à la hauteur du génie de leur créature : il s’agit tout de même de Franquin, rogntudju !

 

Bon, allez, je vous en mets un (je craque pour les amoureux) :

 

Vendredi 23 février

 

10h30 : Je fais mon marché. Je ne peux pas faire de folies, mon séjour parisien m’ayant ratiboisé ; de toute façon, avec le froid qu’il fait, hors de question de s’attarder : c’est pourtant ce qu’une dame âgée semble avoir décidé de faire devant la camionnette de la fromagerie ! Sa conversation de vieille commère, alimentée par de nombreux lieux communs, me tape sérieusement sur les nerfs… Comme elle semble persister à papoter même au moment de payer, je finis par lui dire que je suis pressé : je ne mens qu’à moitié, je suis vraiment pressé de rentrer dans mon doux foyer, d’autant que j’ai du ménage à faire avant la visite express de mes parents… La commerçante, visiblement outrée par mon impatience, me rétorque que c’est ça « le temps du marché » et que c’est « sympa » ! C’est peut-être agréable quand il fait beau et chaud, mais pas quand il gèle et que la pluie menace ! Je m’étonne que la commère n’ait pas seulement pensé à ça, moi qui croyais que les gens devenaient plus frileux avec l’âge… Si j’avais justifié mon attitude par mon intolérance au bruit, on m’aurait probablement répondu que je n’ai qu’aller au supermarché : d’une part, ce n’est pas parce que je suis autiste que je dois forcément bouffer de la merde et, d’autre part, dans les supermarchés, les gens discutent certes un peu moins… Mais il y a de la musique et c’est encore pire ! Une différence invisible, ce n’est pas forcément une différence légère…

 

12h : Après avoir pu nettoyer mon plancher juste à temps, je ne déjeune pas tout de suite : j’ai quelques messages en souffrance auxquels il me faut répondre. Je découvre ainsi un message adressé aux contributeurs de la campagne de financement participatif pour le projet « Les Marioles de Blast » dont je fais partie : j’ai ainsi accès à une vidéo présentant un vrai court-métrage d’animation dont l’intrigue se situe en 2027 et dans lequel Macron est réfugié dans un bunker au sous-sol de l’Élysée, à l’abri des ravages provoqués par les guerres et les catastrophes écologiques… Le but du projet « Les Marioles » était de pallier l’absence des « Guignols de l’Info » que Bolloré avait éliminés : les auteurs des Marioles semblent décidés à pratiquer un humour beaucoup plus noir ! Vous me direz que c’est un signe des temps ? Je vous répondrai que c’est justement pour cette raison que je fais beaucoup moins de dessins d’actualité : la vocation de satiriste m’était venue pour tourner en dérision les monomanies dérisoires des grands de ce monde, pas pour commenter des faits apocalyptiques…

 

14h30 : Alors que mes parents me rendent leur visite-éclair hebdomadaire, je suis bien surpris d’entendre sonner à la porte ! Un homme se présentant comme le voisin du dessus me demande si je n’ai pas de la monnaie à lui prêter pour prendre le bus : j’ai bien du mal à l’éconduire poliment ! Ma mère, dans un accès de générosité, se sent obligée de lui céder cet argent, sans même savoir si elle le reverra un jour, et elle me reproche même de ne pas être plus aimable : si elle entendait les gueulantes que poussent mes voisins dans les parties communes presque tous les jours, elle comprendrait mieux pourquoi je suis sur la défensive chaque fois que j’en vois un ! De toute façon, je suis épuisé et à bout de patience : ce que je voudrais aujourd’hui, c’est pouvoir passer au moins une semaine à ne me consacrer qu’à mon art dans une pièce totalement coupée de l’extérieur, sans aucune fenêtre, et n’en ressortir qu’après avoir réalisé quelque chose de grand pour revoir des amis, des vrais de vrais, et ne croiser aucun des parasites qui m’empoisonnent l’existence… Mais d’abord, si je pouvais faire une ou deux grasses matinées, ce serait déjà bien !    



23/02/2024
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