Du 20 au 27 juin : Beaucoup d'Iraniens n'auront bientôt plus de soucis à se faire pour leur retraite... Pour tout le reste non plus.

 

Commençons par un dessin réalisé pour le plaisir (bien qu'évoquant le drame de notre époque) : 

 

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Vendredi 20 juin

 

12h : J’arrive au Biorek où j’ai rendez-vous avec mon ami Mathieu que je n’ai pas revu depuis des mois. En attendant son arrivée, je demande à Alexandre s’il était à la marche des fiertés ; il me répond par la négative, mais il me fait quand même part d’une anecdote : d’après lui, certains participants auraient été pris à partie par les forces de l’ordre suit à un tag Free Palestine sur une rame du tramway. Alors, de deux choses l’une : ou bien les flics avaient un motif tangible pour accuser ces manifestants, et alors ce n’était pas malin de la part de ces derniers car on a souvent tort de mélanger les causes, aussi justes soient-elles, ne serait-ce que parce que ça finit brouille le message au risque de le rendre inaudible ; ou bien les poulets n’avaient pas de motif tangible, et alors il s’agissait d’un lynchage en bonne et due forme : dans Tintin en Amérique, Hergé dénonçait le racisme antinoir (ce qui suffirait presque à faire taire bon nombre de ses détracteurs) en faisant dire à un Yankee de base : « On a immédiatement pendu sept nègres mais le coupable s’est enfui » ; en France, quand on n’a pas de « nègre », on prend un « pédé », le résultat est le même auprès des honnêtes gens… Les fachos ont beau jeu de crier haro sur le « wokisme » et le « politiquement correct » : le règne absolu du mâle blanc hétérosexuel et cisgenre est encore loin d’être fini…

Je ne pouvais pas passer à côté de l'échec du conclave des retraites... 

 

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12h30 : Mathieu m’a rejoint ; il me parle de son quotidien à la Maison des Adolescents où il travaille en tant que spécialiste des addictions de l’âge ingrat. Apparemment, les cas les plus nombreux à lui être présentés relèvent de l’addiction aux écrans : rien d’étonnant, direz-vous ? Peut-être, mais mon ami précise aussi que la plupart des parents qui viennent lui présenter leurs enfants ne font aucune activité avec eux et n’ont que les écrans comme horizon à leur proposer. Conclusion : on n’a jamais que la jeunesse qu’on mérite – mais franchement, je m’en doutais déjà avant.

On remet une couche : 

 

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17h30 : Après un bain de mer au Moulin Blanc, je fais un croquis de deux baigneuses qui se font bronzer à deux pas de moi ; un passant aux allures de grand félin d’Afrique m’adresse un mot de félicitations pour ce dessin : je ne sais pas trop si c’est du lard et du cochon, je veux dire que j’ignore s’il saluait vraiment mon talent ou s’il ironisait sur le fait que, de son point de vue, je me rinçais l’œil ! Mais à tout hasard, je m’accorde le bénéfice du doute et je me laisse aller à la satisfaction d’avoir impressionné un bellâtre…

Le croquis en question :

 

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Samedi 21 juin

 

10h30 : Passer à la poste, c’est toujours une épreuve… Je n’ai qu’une personne devant moi, mais c’est un invertébré : il est si lent à interagir avec la postière qu’il suffit à me faire rater le bus que je comptais prendre ; rien de dramatique, je veux seulement retourner à la plage, mais tout de même. Et il fait si chaud que je me liquéfie sur place… Mon tour arrive : j’ai pris la peine de noter les numéros des deux colis que j’attends, mais on ne m’a prévenu de l’arrivée que d’un seul ; toutefois, la guichetière a décidé de faire un excès de zèle et de me retarder un peu plus en partant aussi à la recherche de l’autre colis, celui dont le dépôt ne m’a pas encore été annoncé – vous suivez, j’espère ? Bon, elle le retrouve, d’accord, mais j’aurais pu repasser ! Quand elle dit que ça m’évitera de revenir, je ne peux m’empêcher de penser que moins elle me voit, mieux elle se porte ! Et je ne peux pas lui donner tort : j’ai tellement de mal à me supporter moi-même que je ne peux pas en vouloir aux gens qui préfèrent m’éviter ! « J’aime pas un être humain sur cette planète. Ah si, moi… Peut-être… Non, non, je suis trop dégueulasse ! »[1]

 

Trois dessins pour la fête de la musique : 

 

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11h30 : Sur la Place de Strasbourg, j’attends le bus pour aller au Moulin Blanc ; un type a décidé de faire profiter tout le monde du rap de merde que crache l’appareil qu’il trimballe… Il y a deux choses que je ne comprends pas : un, comment peut-on prendre du plaisir à écouter une musique aussi nulle et, deux, pourquoi personne n’ose-t-il plus rien dire aux individus qui l’imposent sur la voie publique ? Le simple fait qu’ils se sentent autorisés à le faire en dit long sur le niveau d’incivisme au sein de notre société…

Un autre croquis pris sur la plage : 

 

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17h : Me revoilà au bercail après un bon bain de mer, ravi mais exténué. Il fait encore trop chaud pour laisser les fenêtres ouvertes, je ne rate donc rien des hurlements des gamins du voisinage… Ça y est, je me rappelle pourquoi je n’ai jamais vraiment aimé l’été !

 

Rappelons pour mémoire qu'il y a neuf ans, la statue de Jean Quéméneur et Fanny de Laninon était inaugurée sur la place Henri Ansquer à Brest, plus précisément à l'entrée de Recouvrance - voici une photo du sculpteur, Jérôme Durand, quand il était encore en plein travail sur cette commande : 

 

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Dimanche 22 juin

 

11h : Après un petit tour au bois, j’ai la désagréable surprise d’assister à une descente de police dans mon immeuble : j’ignore totalement ce qui a pu se passer pour motiver cette intervention. Je n’adresse même pas la parole aux agents qui, de toute façon, ne semblent pas s’intéresser à moi : quand j’arrive à mon étage, je constate, qu’ils sont trop occupés à prendre à partie un petit gars au type maghrébin… Trois flics contre un « Arabe », voilà le courage à la française ! Je n’en dis pas plus parce que je n’ai pas les moyens de me payer un avocat.

Allez, encore un ! 

 

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23h : La nuit tombe à peine, je ne peux m’empêcher de m’en étonner ; ça n’a pourtant rien de surprenant à cette période de l’année, me direz-vous ? Oui, mais il y a un an, à la même époque, le temps était pourri, je ne m’en rendais donc pas vraiment compte, et il y a deux ans idem, alors j’ai un peu perdu l’habitude… Les flics sont revenus au pied de l’immeuble, accompagnés du SAMU. Je risque une question auprès des représentants de ce service : je ne me heurte qu’à un mur d’indifférence… Je ne sais pas s’ils préfèrent rester discrets sur le motif de leur venue ou s’ils n’ont tout simplement que mépris pour les cas sociaux dont je fais « forcément » partie. Mon défaitisme, associé à mon déficit d’estime de moi, m’incline à ne pas insister.

 

Lundi 23 juin : il y a 13 ans, la première ligne du nouveau tramway brestois était inaugurée 

 

Comme le montre cette photo d'époque, on avait recours, avant la mise en service du tram, à des moyens de transport un peu rustiques pour circuler sur la rue Jean Jaurès ! De surcroît, comme ils étaient conduits par des enfants, les passager jouaient de la musique en route pour se donner du courage... 

 

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Photo prise lors d'une édition de la Foire aux croûtes. 

 

11h : Les États-Unis ont bombardé l’Iran : le plus incroyable, c’est qu’on s’en émeut à peine ! Les réactions sont incroyablement modérées en comparaison de celles qu’avait suscitée l’attaque de l’Irak par George W. Bush : en une vingtaine d’années, le monde entier semble avoir eu le temps de se résigner à ce que la loi du plus fort écrase tout et que la notion même de droit international passe au rang des utopies ! Il est vrai que l’Iran n’a rien pour plaire à l’étranger : liberticide à l’intérieur et agressif à l’extérieur, le régime des Ayatollahs semble tendre le bâton pour le battre ! Mais ne nous leurrons pas : ce ne sont pas les barbus qui vont payer le prix fort mais bien tous les pauvres types auxquels ils pourrissent la vie depuis quarante-cinq piges… Si la guerre pouvait rendre les gens libres et heureux, on le saurait !

 

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23h : Déjà au lit, la fenêtre ouverte, j’entends des détonations : un coup d’œil à l’extérieur suffit à ce que je constate que c’est un feu d’artifice. Ça m’étonnerait beaucoup qu’il soit tiré en toute légalite, mais c’est toujours plus sympathique que les tirs de mortier qui retentissent un peu trop souvent dans ce quartier…

 

En parlant de tirs et de détonations...

 

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Mardi 24 juin

 

8h40 : J’ai réservé un Accemo pour aller à Bureau Vallée où j’ai prévu d’acheter un carton pour expédier à une parente de Geneviève Gautier les écrits de cette dernière actuellement en ma possession (mais plus pour longtemps) : le paquet est si lourd que je ne me voyais pas le porter jusque là-bas... Chaque fois que je me déplace en Accemo, je suis obligé de demander au conducteur de couper sa radio et de ne pas me tutoyer : si j’ai recours à ce service de transport à la demande, c’est justement parce que je ne supporte plus le vacarme qui règne dans le bus, donc ce n’est pas pour devoir supporter une autre nuisance sonore, mais bon, tous les handicapés ne sont pas intolérants au bruit, alors je peux admettre que les chauffeurs n’aient pas le réflexe d’éteindre leur boîte à boucan. Mais pourquoi nous tutoient-ils ? Ce n’est pas parce que nous sommes handicapés que nous devons accepter d’être traités comme des gosses ! Quoi qu’il en soit, chemin faisant, je constate qu’on peut à nouveau rouler dans les deux sens sur la rue Camille Desmoulins et que l’agence BNP de la rue Jean Jaurès est à nouveau ouverte ou, au moins, est en passe de l’être : c’est fou à quel point le paysage urbain peut évoluer rapidement !

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9h40 : Pour rentrer, j’attends un autre Accemo sur la terrasse du Beaj Kafé : le café n’est pas encore ouvert, mais je ne vois pas pourquoi je me gênerais pour m’asseoir là où il y a des tables et des chaises et aucun panneau précisant que ce serait interdit. Trois femmes voilées au type africain approchent… Je devine ce que vous pensez, mais non : ces femmes sont des bonnes sœurs ! Et oui : les nonnes, on est obligé d’en importer, sinon, les couvents n’ont plus qu’à mettre la clé sous la porte ! Alors, vous, les Franchouillards qui invoquez les « racines chrétiennes de la France » pour justifier votre refuse de partager l’espace public avec des femmes voilées et basanées, vous me faites bien marrer : et d’une, il n’y pas que les musulmanes qui sont voilées, et de deux, si on expulsait toutes les femmes d’origine africaine, les « racines chrétiennes » risqueraient de redevenir le mythe qu’elles n’ont jamais cessé d’être, faute de clergé pour les faire vivre… Toutes ces considérations ne me dissuadent pas de leur adresser les croassements exprimant le mépris que m’inspire les représentants du christianisme… De même que ceux de toutes les autres religions.

 

A propos de religions...

 

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11h : La cour des comptes a rendu son verdict : les jeux de Paris de l’an dernier ont coûté six milliards d’euros à l’État ! Ce n’est pas moi qui l’invente ! Vous ne me ferez jamais croire que les retombées suffiront à combler un tel gouffre financier ! On reproche aux enseignants et aux infirmières de coûter trop cher à la collectivité mais on trouve parfaitement normal de jeter des milliards par les fenêtres pour quelques semaines de pitreries exécutées par une poignée de bœufs aux hormones ! Je repense aux cons bien élevés qui disaient que ces jeux arrivaient au point pour réconcilier une nation fracturée : la facture va aggraver la fracture, bande de crétins ! La prochaine fois que je croise un type qui milite pour avoir les jeux olympiques de France, je l’envoie paître d’abord et je réfléchis après !

 

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11h05 : On sonne à la porte de mon appartement : ce sont des policiers qui me demandent où habite une dame dont le nom ne me dit rien… Ils n’insistent pas. Tous ces passages de perdreaux ne me disent rien qui vaille… Mon pire cauchemar ? Qu’un type soit tué dans mon immeuble : célibataire, sans horaires réguliers, pas de relations avec mes voisins… Je serais le coupable idéal !  

Un dernier dessin d'actualité : 

 

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14h : J’expédie les écrits de Geneviève. Évidemment, j’ai un pincement au cœur… Mais je n’ai aucun regret : j’ai fait tout ce que je pouvais pour ma défunte reine, ce qu’elle a laissé derrière elle revient de droit à sa famille. Une pensée au passage pour Pod qui avait récupéré ces archives qui, sans lui, auraient fini à la déchetterie… J’ai eu 37 ans le mois dernier, et je ne pensais pas que j’aurais autant de morts autour de moi aussi tôt…

 

Un dessin réalisé pour le plaisir (Maria est une amie qui m'a comparé à un phoque après m'avoir vu nager en mer pendant presque une heure) : 

 

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16h : Passage au Drugstore de la rue Algésiras : je n’y étais encore jamais entré et sa façade, ainsi que ce que j’avais lu à son sujet, me laissait présager un magasin d’un genre nouveau… Mais non. C’est un tabac-presse comme il y en a des milliers, c’est tout. Seule différence : il y a une sono et de la musique à fond la caisse, pour faire comme dans les supermarchés… Non, même pas : comme dans les bistrots à la mode. Je leur demande s’ils ont le journal du Papotin, dont une amie m’a parlé : ils ne l’ont déjà plus… Je veux bien croire que ce Et un établissement à éviter, un !

Un autre : 

 

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16h15 : Je débarque au local de la SEBL pour récupérer le dernier numéro des Cahiers de l’Iroise auquel j’ai contribué avec un article consacré à Geneviève Gautier – comment ça, « encore elle » ? Il m’avait aussi été annoncé que la société se débarrassait de vieux numéros de la revue, je suis donc venu avec mon cabas pour profiter de ce déstockage : mais quand je constate que ce surplus suffit à remplir une étagère qui couvre un mur entier, je me demande si je n’aurais pas dû amener une valise à roulettes… Même en ne prenant qu’un exemplaire de chaque numéro disponible, je suis vite débordé ! Le vice-président de la société me donne un sac supplémentaire… J’espère que les lecteurs de Côté Brest n’en ont pas marre de mes articles historiques, parce qu’avec toute la documentation que je viens de récupérer, je ne suis pas près d’arrêter ! Et rien que pour avoir trimballé deux sacs pleins à ras bord de vieilles revues, en plein centre-ville sous un soleil accablant, j’estime que je mériterais une prime…

 

Encore un autre : 

 

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Mercredi 25 juin

 

11h : Exceptée la santé de mon père, tous mes problèmes sont résolus ou en passe de l’être : dans le second cas, il me reste quand même quelques pages de BD à boucler et une commande à assurer. Avec la chaleur qui persiste et qui m’oblige à garder les fenêtres ouvertes, je suis donc condamné à travailler en supportant le vacarme que font des enfants dans la cour… Excédé, je finis par demander aux « adultes » (vous allez vite comprendre pourquoi je mets des guillemets) qui les accompagnent s’ils vont nous casser les oreilles toute la journée ! Une blondasse édentée me répond : « Ce sont des enfants, on fait ce qu’on veut ! » Et bien voilà : on ne peut plus se plaindre de la moindre gêne auditive générée par des mômes, les adultes ont définitivement abdiqué toute autorité à ce sujet ! Qu’on s’entende bien : je ne suis pas comme Cavanna qui reconnaissait que les enfants l’emmerdaient (et c’était son droit après tout), je trouve même que les gosses peuvent être intéressants à écouter, mais je ne juge pas pour autant qu’il faut tout leur passer ! Après ça, on s’étonne que les hôtels et les restaurants interdits aux enfants se multiplient, mais pourquoi en arrive-t-on là si ce n’est parce que les adultes n’osent plus rappeler aux gosses qu’il faut des règles pour vivre en société et qu’elles impliquent, entre autres, la nécessité de ne pas pousser des hurlements sur la voie publique, au risque, entre autres, de gêner des personnes handicapées ? No kids because no more parents anymore[2]

 

Un petit gag : 

 

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12h : Alors que je suis encore en plein travail de finalisation, je reçois un message de ma banque débutant par « Le QR Code fait partie de votre quotidien »… Ils sont mignons : n’ayant pas de smartphone, je n’ai aucunement usage de cette verrue graphique devenue omniprésente – ils ont réussi à faire plus moche et plus casse-pieds que le code-barres, on les applaudit bien fort ! Ça me ferait presque rire si ce n’était pas une confirmation (parmi d’autres) du fait que nous vivons sur sous « la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité »[3] : cette tyrannie est d’autant plus insupportable qu’elle n’a même pas le mérite de se présenter comme telle ! Elle est d’autant plus brutale qu’elle est insidieuse : au lieu de dire « Obéissez », elle dit « Vous obéissez déjà sans même qu’on ait pris la peine de vous l’ordonner et même si vous n’obéissez pas, on fait comme si vous obéissiez et ceux qui ne s’y conforment pas n’existent tout simplement pas à nos yeux ». Une telle société n’a qu’un pas à faire pour que les gens qui ne conforment pas à tous ces mots d’ordre tacites soient liquidés dans l’indifférence générale : nous ne l’avons pas franchi. Pas encore.

 

Un dessin réalisé avec des crayons de couleur : 

 

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14h30 : Il y a encore des gens qui s’imaginent que les artistes passent leurs journées à glander. Ceux-là n’ont jamais vécu ce qu’on ressent après avoir renversé un encrier… Le croiriez-vous : ça vient de m’arriver. Résultat : au bout d’une demi-heure, j’en suis encore à nettoyer mon plancher. Non seulement c’est chiant à laver mais je ne peux m’empêcher de me traiter de tous les noms… Et bien oui, la vie d’artiste, c’est ça aussi ! Rien que pour ça, je mériterais une bourse du ministère de la culture !

 

Un dessin colorié à l'aquarelle, intitulé "La Strip-teaseuse" : 

 

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Jeudi 26 juin

 

10h : Visite express de ma mère qui m’apporte des nouvelles de l’homme de sa vie et père de ses enfants : elles sont plutôt positives, mais il en a encore pour au moins une semaine d’hosto… Je n’envisage pas le pire, on n’en est pas là, mais je me demande comment je pourrais lui dire à quel point je l’aime. Sans être ridicule, bien sûr…

 

Un autre, intitulé "Le sphinx" : 

 

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21h55 : Je quitte le Kafkérin où vient d’avoir lieu la dernière scène ouverte de la saison organisée par le Collectif Synergie. Je ne peux m’empêcher d’éprouver un sentiment de frustration. Mes trois grandes satisfactions : j’ai interprété mon slam sur Iznogoud sans bafouiller, j’ai pu dire à Claire à quel point j’aime ce qu’elle fait et j’ai écouté une nouvelle fois Louve Furieuse, qui plus est avec une nouvelle chanson écrite pour sa fille… À part ça ? On a perdu un quart d’heure à rendre la sono opérationnelle, un gogol m’a abordé comme si j’étais son vieux copain, le vieux Roger m’a cassé les oreilles avec ses reprises des pires ringards de la variété française et un bénévole a pris la liberté de me toucher et de me tutoyer… J’aime Brest, mais il y a des jours où je me demande si c’est réciproque.

 

Quelques croquis réalisés au cours de la soirée : la maman de Gaëtan, qui accompagnait son slameur de fils... 

 

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Louve Furieuse en pleine action... 


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...et une jeune femme visiblement handicapée qui est montée sur scène pour chanter en trio avec le vieux Roger et sa jeune amie. 


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Vendredi 27 juin

 

10h : C’est jour de marché à Lambé. Voilà déjà deux jours que le temps est couvert avec des bruines plus ou moins régulières. Et, comme je m’y attendais, je n’en peux déjà plus. J’ai beau ne pas oublier qu’il y a un an, je craignais de me retrouver à Dachau, ça ne me rend pas plus supportables les caquètements des rombières sur la météo : je croise donc les doigts pour ne pas trop avoir à en supporter. Il semble que le destin soit de mon côté : il y a finalement peu de monde aux trois stands où je me rends… Plus ça va et plus je me dis que la phrase de Sartre sur l’Enfer s’accorde parfaitement à ce que je ressens ! Même s’il est pavé de bonnes intentions ? SURTOUT s’il est pavé de bonnes intentions !

Terminons par cette vidéo qui vous fait profiter de mon interprétation d'hier soir :

 

 
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

[1] Jean-Marc REISER, Vive le soleil !, Albin Michel, coll. Les années Reiser, Paris, 2001.

[2] On ne veut plus d’enfants parce qu’il n’y a plus de parents…

[3] Pierre DESPROGES, Chroniques de la haine ordinaire, Seuil, coll. Virgule, Paris, 1987, p. 41.


28/06/2025
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Du 13 au 19 juin : Iran-Israël : à quoi bon commenter ?

 

Voici quand même un dessin pour ouvrir le bal puisque c'est le gros sujet de la semaine : 

 

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Vendredi 13 juin

 

17h : Le téléphone sonne ; ce n’est pas sans une certaine appréhension que je décroche, craignant qu’on ne m’annonce que le déplacement que j’avais réservé ne saute à son tour. Finalement, c’est pire que ça : le chauffeur du taxi dans lequel j’avais effectué mon déplacement du 6 juin s’est plaint de ma conduite peu amène (je ne peux prétendre le contraire) et on me fait donc comprendre que si j’oublie à nouveau de dire « bonjour », « au revoir » et « merci » au conducteur, je risquais d’être rayé des listes des bénéficiaires du service… Alors comment dire ? Et d’une : si j’étais dans cet état qui m’avait fait oublier toute amabilité, c’était parce qu’ils s’étaient arrogé le droit de m’annuler un aller sans me le demander sous prétexte que je n’aurais eu « de toute façon » aucune possibilité de rentrer ensuite – il ne leur serait pas venu à l’idée que je pouvais faire appel à un parent ou à un ami ; en d’autres termes, ils me reprochent ce qu’ils ont eux-mêmes provoqué ! Et de deux : à cause de cet imprévu au carré, j’étais en pleine crise autistique, ce qu’ils me reprochent n’est donc jamais qu’une manifestation de mon autisme ; par conséquent, ils menacent de me priver d’un service essentiel au nom de ce qui, précisément, me le rend essentiel ! Curieuse conception de l’inclusion, non ? Et de trois : si mon attitude déplaisait tellement à ce chauffeur, il aurait pu me le dire en face au lieu d’aller se plaindre à sa hiérarchie ! Avec une mentalité pareille, je n’ose imaginer ce qu’il aurait fait à une certaine époque où les handicapés se voyaient offrir un aller simple pour Auschwitz... 

Pour revenir à l'actualité internationale : 

 

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19h : Dernier cours de natation de l’année ; la monitrice me confirme que je ne pourrai plus rester au niveau débutant à la rentrée et que je passerai donc en « Apprentissage 2 ». Je lui fais part de mon inquiétude : je ne tiens pas à me retrouver avec un vociférateur qui me méprisera et m’appellera « Gros lard » ! « Mais non, me dit-elle, ce sont mes collègues, tu les connais ! » Non, je ne les connais pas : je les ai probablement croisés toutes les semaines cette année mais je n’ai jamais eu à interagir avec eux, donc je ne les connais pas. Pourquoi part-on du principe qu’il suffit de croiser quelqu’un régulièrement pour le connaître ? Enfin bon, si elle répond de ses collègues, ça suffit à ma quiétude…

Et encore : 

 

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Samedi 14 juin

 

13h30 : J’avoue que j’ai hésité : j’y vais, ou non, à la Marche des Fiertés ? Mais après un déjeuner tardif, je m’avise qu’il est déjà trop tard pour que j’arrive à temps… Tant pis, de toute façon, j’ai été tellement par monts et par vaux cette semaine que je n’ai pas envie de ressortir. Et puisque je suis artiste, il faut bien que je crée un peu de temps en temps, non ?

 

Dimanche 15 juin : fête des pères

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Petite précision : ce dessin n'est qu'une blague (assortie d'un hommage à Reiser qui avait fait quelque chose de similaire à propos de la fête des mères) ! Je n'ai pas l'intention de me faire vasectomiser... Pour l'instant. 

 

11h : Petite visite à une amie rentrée récemment de voyage ; chaque fois que je viens chez elle, la télé est allumée, mais elle ne la regarde pas vraiment : beaucoup de neurotypiques laissent ouverte leur « étrange lucarne » pour avoir une « présence » ou un « bruit de fond » ; je ne comprendrai sans doute jamais ce que ça peut leur procurer, mais ce dont je suis sûr, c’est que si les programmateurs télé avaient davantage conscience de ce mode d’utilisation, plus répandu qu’on ne le pense, du petit écran, ils seraient moins prompts à affirmer crânement que des millions de gens regardent telle ou telle émission… Je n’ose pas demander à mon ami de zapper ou d’éteindre le poste quand la sale gueule de Zemmour apparaît : je ne voudrais pas lui laisser croire que je prête moins attention à sa conversation qu’à ce que diffuse sa boîte à images…

 

 Une autre sale gueule : 

 

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17h45 : Concert de Sterenn Alix à la crêperie « La petite fugue » ; j’avoue que je ne connaissais pas ce petit établissement situé dans une rue parallèle au bas de Siam, cette découverte est intéressante. En revanche, le talent d’autrice-compositrice-interprète de Sterenn n’est plus une découverte pour moi qui l’avais connue aux scènes ouvertes du Café de la plage : c’est donc avec un immense plaisir que je retrouve cette jeune chanteuse délicieusement vindicative que je n’avais pas revue depuis un certain temps : depuis quelques mois déjà, elle vit à Landerneau qui est décidément une ville attractive, c’est au moins la troisième de mes connaissances qui me dit y vivre ou y travailler… Elle profite de ce concert dans une petite salle bondée pour annoncer la sortie prochaine de son EP : un événement à ne pas rater !

 

Un croquis réalisé au cours du concert : 

 

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Deux dessins inspirés par le contenu des chansons : 

 

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Une photo de Sterenn en pleine action : 

 

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Et une autre avec un portrait réalisé par votre serviteur : 

 

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Lundi 16 juin

 

8h50 : Voyage en Accemo pour aller travailler aux archives municipales. Le véhicule est un taxi, conduit par le chauffeur qui m’a dénoncé : il n’ose même pas me parler… Je ne m’étais pas trompé sur son courage ! Comme quoi la France n’a pas changé depuis 1940…

 

A propos de fascisme : 

 

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9h30 : Alors que j’épluche de vieux dossiers, je peine à me concentrer à cause de la conversation de la guichetière avec un collègue : n’y tenant plus, je finis par leur faire remarquer que c’est bien la peine d’intimer le silence aux usagers si c’est pour leur casser les oreilles ! Que peut-on répondre à cela ?

 

Et encore : 

 

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13h : Rentré au bercail, je tombe sur une vidéo promotionnelle vantant le retour de la bouteille consignée en Bretagne… Je ne peux m’empêcher de rire : quand, enfant, je lisais de vieilles BD où il était question d’emballages consignés, je ne manquais pas d’exprimer mon incompréhension à mes parents qui m’expliquaient donc en quoi consistait ce système qui tendait déjà à tomber en désuétude quand ils étaient eux-mêmes petits… Donc, si je résume bien, voilà ce qui s’est passé. Un : on abandonne la bouteille consignée parce que les gens en ont marre de se faire chier à retourner au magasin rien que pour récupérer trois malheureux sous en échange d’un contenant dont ils n’ont plus rien à foutre. Deux : les emballages jetables se généralisent et on finit par s’aviser que si c’est pratique pour le consommateur, c’est surtout un gros gaspillage de matière première, alors on bourre le mou aux gens pour qu’ils recyclent leurs bouteilles. Trois : à cause de l’inflation, les gens ne crachent plus sur les trois malheureux sous que la consigne leur permettrait de récupérer et, surtout, on s’avise que recycler un déchet, c’est bien, mais qu’éviter de le produire, c’est encore mieux ! Et c’est ainsi que les citoyens renouent avec une pratique que leurs grands-parents tenaient déjà pour une survivance d’un passé presque révolu… Et le cas n’est pas isolé : quand ma mère était jeune maman, nul n’aurait imaginé sérieusement que l’automobile individuelle serait de plus en plus tricarde en centre-ville, au profit du vélo voire de la trottinette, ou que le disque vinyle prendrait sa revanche sur le CD qui était censé l’enterrer ! D’où l’inutilité absolue de se mettre « à la page » à tout prix : ce qui est le comble du ringard aujourd’hui peut très bien redevenir le top de la modernité sans coup férir…

 

Et encore : 

 

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15h30 : Je prépare les actes de la journée d’étude sur Cavanna que j’avais organisée en février dernier. Vous avez des étoiles d’admiration dans les yeux en lisant cette phrase ? Chassez-les tout de suite : loin d’honorer les belles-lettres, je suis en train de m’abîmer les yeux à adapter aux normes de la revue les notes de bas de page d’un article qui m’a été envoyé par l’un des contributeurs… Ce serait évidemment plus simple s’ils prenaient tous la peine de respecter d’entrée de jeu les consignes qu’on leur fournit clairement ! Mais j’ai cru remarquer que les gens aimaient bien que d’autres gens se fassent chier à leur place…

 

Le 16 juin, c'était aussi le jour des 51 ans d'Alexandre Astier :

 

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 Cette photo a été prise de justesse en 2013 alors qu'il s'apprêtait à quitter la Fnac de Brest à l'issue d'une séance de dédicace qui avait eu un franc succès.

 

Mardi 17 juin

 

13h : Je sors en ville où m’attend notamment ma psychologue. Dans le hall de l’immeuble, je croise un type qui vient distribuer des prospectus : je ne peux pas m’empêcher, avant de partir, de le surveiller pour m’assurer qu’il n’en glisse pas un dans ma boîte aux lettres sur laquelle une étiquette indique clairement que je ne veux pas de pub ! Je sais que je ne devrais pas fliquer comme ça des gens qui en sont réduit à de si peu glorieuses extrémités pour gagner leur vie, mais je déteste tellement la pub que je ne peux m’empêcher d’y oublier toute conscience de classe… Que je n’ai jamais vraiment eue, du reste.

 

Une image estivale parce que j'imagine que vous en avez plein le dos vous aussi des violences et des cataclysmes : 

 

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16h : Après mon rendez-vous chez la psy et un passage à la mutuelle, j’ai décidé d’aller à la piscine pour ne pas laisser perdre la dernière entrée que j’ai sur ma carte. Je pensais naïvement que je gagnerais du temps en prenant le bus. Résultat, pour aller de la gare à la place de la Liberté, je mets un quart d’heure ! Vivement le nouveau tramway…

 

Et encore une : 

 

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Mercredi 18 juin

 

18h : Dernier cours de dessin de l’année : on prend l’apéro à cette occasion. C’est même le dernier cours tout court pour moi car j’ai décidé de ne pas me réinscrire à la rentrée prochaine : bien m’en prend si j’en crois les conversations qu’entretient la prof avec les autres élèves ! Le discours sur la « rentabilité » commence à faire son entrée dans les écoles d’art, et on sait déjà quels dégâts ils ont commis dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, des transports… Les riches d’aujourd’hui n’en ont plus rien à foutre de l’art, ils sont persuadés que les IA finiront par remplacer tout ce pour quoi ils daignent encore lâcher quelques sous ! Bien sûr, ils finiront par déchanter : ce ne serait pas la première fois qu’une technologie susciterait plus de fantasmes qu’autre chose ! Mais d’ici là, on a le temps d’en baver… Ou alors de réaliser la prophétie de Reiser : « Tous au chômage… On aura du temps… On refera le Monde[1] ».

Et une autre : 

 

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Jeudi 19 juin

 

18h : Malgré la chaleur qui n’incite pas à l’aventure, j’ai quand même pris la peine d’aller à la MPT du Guelmeur pour faire acte de présence à ce qui sera probablement la dernière étape de l’exposition Flot Raison consacrée aux poèmes de Myriam Guillaume et à leur illustrations respectives : en effet, Myriam n’a plus que quatre exemplaires de son recueil à vendre et a déjà fait abondamment circuler son exposition, elle a donc décidé de tourner la page et de destiner ses prochains poèmes à un autre livre. Vous avez donc jusqu’au 11 septembre prochain pour en profiter, vous êtes prévenus !

 

Une photo de l'expo - l'illustration du milieu est de moi : 

 

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18h15 : Je profite du vernissage pour montrer un échantillon de mo travail à la responsable culturelle de la MPT en vue d’une éventuelle exposition de mes œuvres dans ces murs. Elle me demande si je suis sur Instagram, je réponds par la négative ; elle me demande aussitôt « Mais alors comment vous faites pour montrer votre travail ? » L’idée de ne plus être sur un réseau social semble devenue aberrante, de nos jours…

 

Une vidéo où j'interprète un nouveau slam consacré à un personnage tellement méchant qu'il en devient sympathique : 

 

Vendredi 20 juin

 

7h : Tonnerre de Brest : l’orage éclate et une pluie bienvenue vient rafraîchir une atmosphère qui est resté étouffante toute la nuit. La chaleur ne m’a cependant pas empêché de dormir : mon périple urbain de la veille m’a épuisé et, à peine rentré, j’ai été assommé par un message m’annonçant que mon père était à l’hôpital avec une infection urinaire, je me suis donc écroulé sur mon lit… Alors je sais qu’il y a des choses plus graves dans le monde, mais est-ce que j’ai quand même le droit de m’inquiéter pour ma famille ? J’ai l’impression que c’est toujours à la même période de l’année qu’arrivent les choses plus dramatiques ou les plus inquiétantes… Je crois que je déteste l’été.

 

En guise de post-scriptum, voici deux croquis réalisés la semaine dernière à la PAM lors des dix ans de la plateforme Kengo et que j'avais oublié de vous montrer : 

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine ! 
 

[1] Jean-Marc REISER, La ruée vers rien, Albin Michel, Paris, 1998.


20/06/2025
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Du 6 au 13 juin : Orages sur la France, mais peu de tempêtes sous les crânes !

 

Ouvrons le bal avec un dessin qui me semble approprié à l'air du temps où la bondieuserie semble gagner du terrain : 

 

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Vendredi 6 juin

 

16h : N’ayant pas la télévision, la nouvelle numérotation de la TNT ne m’intéresse pas outre mesure, en dépit de mon soulagement d’être débarrassé de NRJ Bouse et de Sieg 8. Néanmoins, un aspect de l’affaire retient mon attention : en finissant de mettre à jour le présent blog, j’apprends que l’identité visuelle de la nouvelle dix-huitième chaîne a été conçu par Étienne Robial. Je suis un peu surpris, j’étais persuadé qu’il était à la retraite depuis longtemps, mais bon, même s’il l’est, ça ne lui interdit pas de mettre son talent au service d’un PAF qui manque cruellement de génies de son envergure ! Oui, malgré le mal qu’il a fait à Florence Cestac, je maintiens que c’est un génie : les habillages qu’il a conçus jadis pour M6, La Sept et, bien entendu, Canal+, n’ont pas pris une ride, on ne peut pas en dire autant de ceux dont ces chaînes se sont dotées par la suite, et ceux des autres canaux, n’en parlons même pas. Donc, si Robial continue à exercer son art, on ne peut que s’en féliciter, les bonnes nouvelles sont rares ! Cela dit, en écrivant, dans le présent paragraphe, « la nouvelle dix-huitième chaîne », j’ai tout de suite pensé à nos parents pour qui la naissance de Canal+ puis l’apparition de la Cinq et de la Six ont été des événements marquants, et j’ai eu pitié de nos aînés qui ont fait semblant de croire que plus on aurait de chaînes, plus on aurait de choix… Et merde, j’étais parti pour me féliciter du retour de Robial et voilà que je me remets à dire du mal ! Y a vraiment pas moyen d’être positif cinq minutes !

 

Pour mémoire, petit hommage au travail effectué par Robial pour Canal : 

 

 

20h : Je pars de la piscine. J’ai bien failli ne pas écrire cette petite phrase très simple, cette semaine ! Avec la grève des bus qui n’en finit pas et la mauvaise foi des responsables du service Accemo, j’aurais pu rater l’avant-dernier cours de l’année, sous peine de me retrouver en rade en ville ! Heureusement, mon camarade est au rendez-vous et je rentre chez moi sans encombre. Bien entendu, j’invite mon bienfaiteur à boire un verre chez moi pour le remercier : il refuse poliment car il ne veut pas rater un match de tennis avec Noval Djokovic. Comme l’a dit une grande dame, « il faut accepter de ne pas comprendre certaines choses chez ses amis »[1]. Je suis bien obligé d’accepter, même si j’ai du mal à comprendre qu’on puisse aimer regarder un match de tennis, ayant toujours trouvé ça plus ennuyeux que la pluie ! Même quand c’est une rencontre féminine avec des joueuses canon, de toute façon, c’est filmé de telle façon qu’on ne peut pas apprécier la beauté des athlètes… Bref, je rentre chez moi, non sans avoir hâte de retrouver mes parents pour le week-end de Pentecôte.

 

En hommage à la grande dame en question, voici un nouveau dessin représentant Trémière et Déodat : 

 

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21h : D’après une amie qui répond à un mail, les chauffeurs grévistes se plaignent… De douleurs musculaires ! Des types qui passent leurs journées assis au volant, c’est étonnant, hein ? Ils travailleraient dans le porno, ils n’en reviendraient pas d’en avoir mal aux couilles, c’est ça ? Alors de deux choses l’une : ou bien ils ont postulé sans avoir la moindre idée de savoir ce qu’impliquait cet emploi (dont je ne nie pas la difficulté), ou bien leurs patrons refusent que les douleurs en question soient reconnues en tant que maladies professionnelles ! Dans le premier cas, c’est aberrant ; dans le second, c’est encore pire ! Mais dans quel monde de fous vivons-nous ?

 

Sans transition : 

 

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Samedi 7 juin

 

12h30 : Je me serais bien passé de sortir par ce temps pourri, mais j’ai promis d’être présent aux 20 ans d’Asperansa pour proposer mes caricatures, mes livres et autres produits dérivés : je n’ose pas espérer y faire un gros bénéfice, mais bon, on m’invite à y aller gratuitement et ça console mon ego de penser que la publication de Voyage en Normalaisie a fait du bien aux autres personnes du spectre et à leurs proches. Donc, comme ça se passe au Patronage Laïque de mon quartier, j’y vais à pied malgré la bruine persistante, mais ce caprice du temps, à tout prendre, me gène moins que le chien qui me renifle les chevilles à mi-chemin ! Je hurle : le propriétaire, ne comprenant pas cette réaction, me le reproche vertement. J’essaie de lui faire comprendre que je me suis senti agressé par son animal : bien entendu, il fait la sourde oreille et me prend pour un fou… Comme l’a dit un grand poète que j’aimais beaucoup de son vivant, « j’aime aussi ces bestioles, pas jusqu’au fanatisme »[2], pas au point en tout cas de penser que la parole d’un humain compte moins que la leur – qui, dit-on, est de surcroît la seule chose qui leur manque…

 

Un petit hommage au grand poète en question : 

 

 

17h15 : Je quitte le patro avec soulagement : mes parents doivent venir me chercher chez moi à 18 heures afin que nous ouvrions le week-end par un apéro chez la veuve du frère de ma mère – ma tante maternelle par alliance, si vous préférez. Je mentirais si je disais que cette expérience aura amélioré mon humeur : l’acoustique de la salle était déplorable et les causeries m’ont plus tapé sur les nerfs qu’autre chose, j’ai envoyé paître une dame qui m’interrogeait sur la fréquentation de mon stand, j’ai même failli m’enguirlander avec le fondateur de l’association qui m’a demandé où je voulais m’installer – typiquement le genre de question qu’il ne faut jamais me poser ! Ma seule satisfaction aura été de vendre mes derniers exemplaires de Voyage en Normalaisie : désormais, pour acquérir ce chef-d’œuvre très bon marché[3], il faudra aller en librairie – ne le commandez pas sur Amazon, sinon je ne vous parle plus ! Ah, il est vraiment temps que je retrouve ma famille…

 

Toujours sans transition : 

 

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Lundi 9 juin

 

18h : Les gens heureux n’ont pas d’histoire, vous m’excuserez donc de passer sous silence le récit de mon week-end familial. J’ai beau savoir que je reviendrai bientôt à Guilers, je ne peux m’empêcher d’avoir le vague à l’âme : chaque fois que je revois les auteurs de mes jours, je suis toujours surpris de ne jamais essuyer d’engueulade ou de remontrance ! Tous les parents n’ont pas la même attitude vis-à-vis de leurs enfants qui mènent la vie d’artiste et / ou se font entretenir par la collectivité – fût-ce en raison d’un handicap… Bref, j’ai la chance d’avoir des parents qui ne sont pas « des flics ou des curés »[4] et je ne sais pas en profiter… Il n’y a de justice, et à part ça, quoi de neuf ?

 

Mardi 10 juin : il y a 206 ans naissait Gustave Courbet

 

Je décline toute responsabilité si ces images rendant hommage au chef de file du courant réaliste et notamment à "L'origine du Monde" venaient à être vues par des enfants ; vous n'avez qu'à surveiller vos moutards, après tout ! 

 

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12h30 : C’était trop beau. Pour une fois, j’arrivais à exécuter tout ce que j’avais prévu de faire en ville, sans le moindre souci ni même le plus petit contretemps : commander des tirages chez Grenier, check ! Passer chez la coiffeuse, check ! Expédier une commande à la poste, check ! Faire imprimer le texte d’une conférence, check ! Allez à la piscine Recouvrance pour faire valoir mes droits à une entrée gratuite, check ! Nager à cette piscine… Et bien pas check, justement ! J’avais complètement oublié qu’elle n’ouvrait qu’à dix-huit heures, comme me le rappelle la jolie caissière ! J’avais confondu avec la piscine Foch qui ouvre à l’heure de midi… Il y a sûrement une logique à ces horaires, mais elle m’échappe un peu pour l’instant !

 

13h10 : Je me suis dépêché de sauter dans un tram pour me rendre à la piscine Foch avant la fermeture, mais quand j’arrive, il est déjà trop tard. Je ne sais pas à qui je dois en vouloir le plus : aux transports publics où la grève n’en finit pas ou aux responsables des piscines qui sont manifestement partis du principe que seuls les citoyens travaillant en entreprise pouvaient avoir besoin d’aller se délasser dans leurs bassins ! Au point où j’en suis, je n’ai plus qu’une alternative : ou bien je descends au port de commerce où je dois encore retirer une commande, ou bien je rentre chez moi.

 

13h25 : Le bus desservant le port tarde à venir ; en revanche, celui qui mène à mon quartier se présente déjà. De surcroît, je commence à avoir faim et je n’ai toujours pas rendu ma copie à Côté Brest : je dépose donc les armes et décide de rentrer au bercail, non sans un certain sentiment de frustration…  

 

16h30 : J’ai rendu mon article à temps ; le ciel, qui était couvert ce matin, est maintenant dégagé ; la piscine Foch ouvre dans une demi-heure. Bref, je décide de prendre ma revanche : en route pour la séance de natation que j’avais prévue pour aujourd’hui ! Il ne sera pas dit que l’adversité aura été plus forte que moi… J’en profiter pour récupérer les tirages commandés ce matin et il ne me restera plus qu’à retirer mon paquet au port, ce que j’ai déjà prévu pour demain matin.

 

Mercredi 11 juin : il y a un an mourait Françoise Hardy

 

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Ce dessin plutôt gentil a été publié en quatrième de couverture de la revue L’Eponge

 

13h : Ça ne sert à rien d’habiter en face d’un bois si c’est pour ne pas en profiter quand il fait soleil : je sors donc pique-niquer. Dans le hall de l’immeuble, un petit garçon peine à refermer la boîte aux lettres, sans doute celle de ses parents qui lui ont demandé de relever le courrier. Ni une, ni deux, je décide de l’aider et je boucle en un tour de main cette boîte qui lui opposait une farouche résistance : j’éprouve la petite satisfaction qu’ont dû ressentir par le passé tous les fiers-à-bras qui ont réussi du premier coup les tâches sur lesquelles j’ai moi-même peiné, que ce soit ouvrir un bocal de confiture récalcitrant ou baisser un store peu pratique…

 

Deux compositions réalisées dans le cours du soir - l'avant-dernier de l'année, et je n'envisage pas de me réinscrire à la rentrée : 

 

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Jeudi 12 juin

 

18h45 : J’étais aujourd’hui à la PAM pour les dix ans de la plateforme de financement participatif Kengo ; une fois encore, je mentirais si je disais que je suis ravi de ma journée : les organisateurs manquaient un peu d’expérience, ils avaient l’air de découvrir les lieux, la communication n’était pas à la hauteur, il a même fallu annuler la conférence que j’avais prévu de donner. Je remballe et je me dirige vers l’endroit où doit avoir lieu le cocktail d’anniversaire : quand la responsable me voit avec mon manteau et mon chargement, elle me demande « Tu t’en vas ? » Elle le dit certainement sans malignité aucune, mais je ne peux m’empêcher de trouver ça violent : je n’avais pas l’intention de partir tout de suite, je voulais profiter un peu du cocktail, et si j’étais chargé à ce point, c’est simplement parce que je rechigne à me séparer de mes affaires… Quand je m’installe, je ne suis donc pas d’excellente humeur, d’autant que je comprends qu’avant que le buffet soit ouvert, il faudra subir une démonstration de danse dont je n’ai rien à foutre et un discours d’autocongratulation qui ne m’intéressera pas davantage… Bref, je préfère rentrer tout de suite avant d’en arriver à être désagréable avec des gens qui ne le méritent pas ! Enfin bon, je ne repars pas bredouille…

 

Une vidéo où je chante a capella - qui a dit "je sais d'où vient l'orage" ?

 

Vendredi 13 juin

 

11h : La grève est enfin terminée chez Bibus ! Je ne sais pas en quoi consiste l’accord que la direction et les syndicats ont finalement trouvé, et je ne veux pas le savoir ! De toute façon, je vais réserver un Accemo pour chaque jour de la semaine prochaine : j’y ai droit, il n’y a pas de raison, et puis c’est le seul moyen pour que mes déplacements ne soient pas aussi épuisants que le travail que je fournis. Cela dit, il leur a fallu presque un mois de grève pour qu’une catégorie de travailleurs, somme toute restreinte, obtienne un aménagement de ses conditions de travail : qu’est-ce qu’il faudra pour obtenir le retour à la retraite à 60 ans ? Paralyser la France entière pendant toute une année, j’imagine ! Ou alors voter à gauche, mais là, ça devient franchement utopique…

 

Terminons avec ce dessin, justement : 

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine ! 
 

[1] Amélie NOTHOMB, Mercure, Albin Michel, Paris, 1998 – j’ai la flemme de chercher la page et de toute façon, je ne l’ai qu’en livre de poche.

[2] Extrait de la chanson « Pondichéry » de Renaud.

[3] 13 euros seulement !

[4] Extrait de la chanson « Baston » de Renaud.


13/06/2025
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Du 31 mai au 6 juin : il y a 81 ans, le débarquement de Normandie. En ce temps-là, l'Amérique était porteuse d'espoir... Ça date !

 

Samedi 31 mai

 

16h30 : Tout en poursuivant l’inventaire des écrits que je tiens de Geneviève, je me passe de la musique sur YouTube pour me donner du courage. Malheureusement, depuis que le site a trouvé la parade aux bloqueurs de publicité, il est devenu presqu’impossible d’en profiter sans devoir subir tout un lot de réclames qui, même tronquées, s’avèrent au mieux sans intérêt, souvent idiotes, au pire carrément déplacées, témoin celle-ci, pour un opérateur téléphonique (je cite de mémoire) : « Vous vous souvenez du temps où on mettait des heures à envoyer un SMS ? Aujourd’hui, on passe des vocaux qui durent des heures… » Je n’ai jamais eu l’impression de mettre des heures à écrire un SMS, même sur mon vieux téléphone à touches ! Mais pour le reste, oui, je confirme : il est devenu impossible de sortir en ville sans devoir subir le vacarme que font tous ces zigotos discutant en visio sur leurs smartphones au mépris des gens qui se trouvent autour d’eux ! Je ne vois pas en quoi c’est un progrès, je dirais même, de mon point de vue de personne souffrant d’hyperacousie, que c’est un frein à l’établissement d’une société inclusive ! Rien que pour ça, j’ai déjà décidé de ne jamais être client de l’opérateur ainsi vanté ! Et une publicité qui dissuade d’acheter, vous appelez ça comment, vous ? Personnellement, j’appelle ça une preuve que les publicitaires sont tous des cons – mais je m’en doutais déjà avant !

 

17h : J’ai fini l’inventaire du fonds d’archives liées à ma défunte reine : j’ai même trouvé, dans le tas, une photo d’elle quand elle avait la trentaine. Elle était très jolie, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait comment elle était encore à 90 ans passés. Je suis de plus en plus en convaincu qu’avec l’âge, on finit toujours par avoir la gueule qu’on mérite et que la vieillesse accroit la splendeur des personnes vraiment belles… Plus sérieusement, les écrits de Geneviève, qui fut un témoin privilégié d’une époque marquée par la guerre, la décolonisation et l’émancipation des femmes, seraient sûrement de nature à intéresser les historiens, mais c’est à sa famille qu’il appartient désormais de statuer sur leur sort : si elle décide de tout récupérer sans me laisser diffuser quoi que ce soit, ce sera son droit et je ne pourrai pas m’y opposer ! Et je ne vous cache pas que ça m’arrangerait presque : j’ai déjà fait beaucoup du vivant de Geneviève ; maintenant qu’elle n’est plus de ce monde et que même Pod n’est plus là pour me soutenir, ma motivation n’est plus la même ! Affaire à suivre…

 

Interlude : une variation autour d'un mythe bien connu des cruciverbistes, celui de Io : 

 

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Dimanche 1er juin

 

8h15 : Je descends la rue Robespierre afin de gagner les halles de Kérinou où doit se tenir un vide-greniers auquel je me suis inscrit. Comme ce n’est pas loin de chez moi, j’ai décidé d’y aller à pied, d’autant que j’ai emprunté un diable pour pouvoir transporter toute ma marchandise : je constate assez vite que cet appareil est très pratique… À condition d’être employé sur terrain dégagé ! C’est rarement le cas dans ce quartier où les trottoirs sont étroits et encombrés : je dois m’arrêter toutes les cinq minutes pour contourner un obstacle, le plus souvent une poubelle, et remettre sur le trottoir une roue qui a manifesté des velléités de descente… Bref, je m’attendais à du billard et j’ai plutôt droit au Camel Trophy ! Je comprends mieux ce que doivent ressentir au quotidien les non-voyants…  

 

8h45 : J’arrive, dégoulinant de sueur, sur les lieux où beaucoup d’exposants sont déjà en train de s’installer. Mais il n’y a personne pour faire l’accueil : alors j’interpelle la première personne qui me tombe sous la main et je lui demande à qui je dois m’adresser ; elle me répond qu’elle ne sait pas ! Déstabilisé par cette réponse pour le moins inattendue, je me permets d’insister, peut-être avec une rigueur excessive il est vrai, en lui faisant remarquer que si elle est là, c’est qu’il y a bien eu quelqu’un pour la placer ! Elle précise qu’elle ne sait pas où est passée la personne en question et elle me reproche mon manque d’amabilité. J’aimerais l’y voir, aussi ! Si elle avait dû pousser un diable dans des rues pas du tout prévues à cet effet, elle aussi serait un peu à bout de patience… En désespoir de cause, je pousse mon chargement dans l’allée… Jusqu’à ce que je sois reconnu par une dame qui m’indique mon emplacement ! J’avoue que je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas improvisé un bureau d’accueil : ça m’aurait évité un moment d’angoisse suivi du malaise qui s’empare de moi à chaque fois que je suis identifié par une personne inconnue…

 

17h : Le bilan du vide-greniers n’est pas négatif, j’ai pu gagner plus d’argent que ce que m’a coûté l’inscription : pas une fortune, bien sûr, mais ça me paiera toujours un repas et puis ça me fait gagner de la place. J’ai quand même pris le bus pour rentrer, mon diable n’étant pas allégé au point de m’encourager à remonter la rue Robespierre à pied ! C’est en approchant de mon immeuble que je remarque, sur le panneau d’affichage, une tâche verte qui ressemble fort à de la propagande électorale ! Je tressaille un bref instant : ne me dites pas que Macron aurait encore dissous l’assemblée ? Mais, de près, il s’avère qu’il s’agit effectivement d’un message politique mais qui se borne à annoncer une réunion publique à l’occasion du changement de nom d’EELV qui s’appellera désormais « Les Écologistes »… Une fois remis de mon bref moment d’appréhension, je me dis que les sigles n’ont décidément plus la côte et que la grande mode, chez les partis politique, est de prendre des noms qui ont vocation à appeler un chat un chat, comme pour les équipes de football américain… Ou comme dans Les Nuls, l’émission ! Il n’y a que le RN qui garde un nom à la mode traditionnelle : il est vrai que s’ils se mettaient à s’appeler « Les Fascistes, », ça risquerait de prendre les électeurs à rebrousse-poil ! Quoi ? Vous me dites que s’ils devaient encore changer de nom, ils se baptiseraient plutôt « Les Patriotes » ? Mais c’est la même chose ! Le patriotisme n’est pas une mauvaise chose en soi, mais le mettre au cœur d’un programme politique n’a jamais mené qu’au fascisme…

 

Lundi 2 juin : Bartabas a 68 ans. 

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11h25 : Riche idée que j’ai eue, de prendre un Accemo pour aller aux Archives et en revenir ! L’heure du retour approche et je n’ai pas eu le temps de noter toutes les informations que je voulais recueillir… Il est vrai que j’ai retardé par la guichetière qui m’a déconcentré en bavardant avec un monsieur qui doit être un collègue ou un habitué des lieux ! Je ne comprends pas cette attitude : s’il y a bien un endroit où on devrait entendre une mouche voler, ce devrait bien être celui-là, non ? Il n’y a vraiment plus aucun refuge…

 

22h15 : Ne trouvant pas le sommeil, je décide de m’entraîner à employer le tampon à cacheter qui m’a été offert par une amie. Pour ce faire, j’entreprends de faire fondre des bâtonnets de cire au moyen d’un briquet que m’a cédé une autre amie, ancienne fumeuse : ça me vaut de me faire affreusement mal aux doigts, non seulement à cause de cette fichue flamme qui me brûle mais aussi à force de maintenir le bouton enfoncé pour éviter que ladite flamme ne s’éteigne ! Je comprends mieux pourquoi le tabagisme a si longtemps été associé à la virilité et à la maturité : il faut effectivement être un peu dur à cuire pour parvenir à se servir d’un briquet sans souffrir le martyre ! Ça me conforte dans l’idée que fumer est une habitude un peu bizarre… Pour ne pas dire idiote !

 

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Mardi 3 juin

 

9h40 : Comme un con, je suis sorti sans imperméable ! Pourquoi ? Premièrement parce qu’avec le temps qu’on a eu hier, je ne pensais pas qu’il allait pleuvoir, deuxièmement parce que depuis la fenêtre de mon appartement, je n’avais même pas vu qu’il bruinait ! Et je pensais naïvement que ça allait se lever… Non seulement ça ne se lève pas mais j’ai raté le bus pour Bellevue : je pourrais attendre le prochain qui passe dans une demi-heure… Mais à cause du vent, l’abribus ne me protège de rien du tout et, par-dessus le marché, il y a, à proximité, des travaux d’élagage dont les bruits me tapent sur les nerfs ! Bref, je craque et je décide de marcher jusqu’au prochain arrêt…

 

10h15 : Je ne pensais pas qu’il y aurait si peu d’abribus sur une ligne si chichement desservie ! C’est là que l’on voit qu’il suffit d’avoir l’idée de vouloir aller à Bellevue pour être objet de mépris… Enfin bon, j’ai enfin pu attraper un bus, me voici en route pour la place Napoléon III où j’ai prévu de retirer un colis et de déposer à la banque une partie de ce que j’ai gagné au vide-greniers de dimanche : j’espère que tout va aller comme sur des roulettes car ma patience est déjà sérieusement entamée…

 

10h25 : Il faudrait que j’apprenne à arrêter d’espérer que tout va bien ! Non seulement j’ai galéré pour entrer dans l’agence bancaire parce que l’avenue de Tarente est encore en plein chantier mais, une fois sur place, j’ai la mauvaise surprise de constater que l’appareil où je suis censé effectuer mon dépôt est éteint : la banquière me voit et commence à bredouiller des excuses, mais j’en ai déjà assez entendu ; comprenant que la machine est en panne et que je ne dois donc rien espérer, je pars sans demander mon reste ! Décidément, c’est fou à quel point l’électronique nous facilite la vie en rendant les entreprises plus performantes et efficaces, n’est-ce pas ?

 

10h35 : Arrêt dans une carterie pour retirer mon colis. Je pensais me mettre à l’abri d’une mauvaise surprise en notant soigneusement le numéro qui m’avait été donné dans le message m’annonçant son arrivée… Et finalement, on me demande quoi ? Le nom du transporteur ! Autrement dit, la dernière information que je m’attendais à devoir retenir ! Ici, il faut donner ça, là-bas, il faut donner ci… Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Décidez-vous ! Vous avez besoin de quel renseignement pour pouvoir délivrer un colis, à la fin ? Voilà typiquement le genre de problème qu’on n’avait pas quand l’acheminement des paquets était encore un monopole d’État et que les facteurs se chargeaient de vous les livrer à domicile… Il y a des jours où je comprends mieux le passéisme de Cabu ! Bon, j’arrive finalement à me rappeler que c’était Chronopost qui s’était chargé du transport et je peux récupérer ma commande, mais voilà encore une commerçante à laquelle je n’aurai pas laissé une excellente impression…

 

10h45 : Pour me remettre de mes émotions et comme il me reste du temps avant l’ouverture de la piscine Foch où j’ai prévu d’aller nager, je m’arrête à la médiathèque pour lire la BD que j’avais achetée d’occasion par correspondance et que je viens de récupérer péniblement : il s’agit d’Iznogoud président, l’album qui avait été si remarqué à sa sortie, d’une part parce qu’il porte la signature de Nicolas Canteloup et d’autre part parce qu’il faisait écho au contexte particulier dans lequel il était paru, marqué à la fois par le « printemps arabe » et les présidentielles de 2012. Mon impression ? Ce n’est pas mal. Bien sûr, on ne retrouve pas tout à fait le génie de René Goscinny, mais c’est quand même une belle satire des campagnes électorales où les candidats doivent miser davantage sur leur image que sur leurs idées et où les réseaux « sociaux » (symbolisés fort opportunément par des boucs et des porcs) font la loi… Canteloup a co-signé le scénario avec Laurent Vassilian qui, à mon humble avis, a dû mettre davantage la main à la patte que le célèbre imitateur : Vassilian est un ex-auteur des Guignols et ça se sent dans sa manière de brocarder la vie politique et ses travers… Quant au méchant grand vizir, il se retrouve face à un défi inédit et quasiment insurmontable pour lui : se faire aimer du peuple ! Ça le rend encore plus sympathique : je suis sûr que nous sommes quand même nombreux à ne pas avoir le quart de ses défauts et à n’avoir pourtant jamais réussi à être populaires ! Nous sommes sûrement tout aussi nombreux à avoir envié plus d’une fois celui que tout le monde aime voire admire, que ce soit le beau gosse du lycée ou le chouchou du patron… Rien que pour ça, je préfèrerai toujours, à ce gros patapouf d’Haroun el Poussah, son diabolique mais pathétique grand vizir, si proche de nous tous dans nos soifs de grandeur et de reconnaissance ! Je préfèrerai toujours celui qui galère pour obtenir ce qu’il désire à celui qui n’a qu’à claquer des doigts pour que ses caprices soient satisfaits sous prétexte qu’il est « mignon », « souriant » ou doté de l’une ou l’autre de ces pseudo-qualités qui font se pâmer les rombières : c’est pour la même raison que je préférais Sylvestre le chat à Titi ou Jospin à Chirac, pour ne citer que deux exemples parmi des centaines d’autres…

 

12h : Bon, OK, c’est la journée de la poisse ! À la piscine, c’est seulement au vestiaire que je constate que j’ai oublié mes lunettes de plongée ! Comme je n’ai pas l’intention de me niquer les yeux avec le chlore, je demande à en emprunter d’autres, mais comme j’ai une très grosse tête, je dois me contenter d’une paire qui me serre épouvantablement ! Pour la détente, je repasserai ! Et quand je sors du bassin après avoir fait mes longueurs, j’espère sans trop oser y croire que le pire est derrière moi…

 

Interlude : une variation sur un autre mythe, celui des oiseaux du lac Stymphale. 

 

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16h30 : J’ai finalement pu déposer mon argent à l’agence bancaire de la place Wilson où les machines n’ont pas décidé de faire la grève. Chemin faisant, sous une bruine qui n’est décidément pas disposée à s’arrêter, je remarque la une d’un magazine visiblement décidé à contribuer à bâtir la stature présidentielle d’Édouard Philippe… C’est vrai que face à une Macronie agonisante, entre une gauche qui peine à transformer l’essai des législatives anticipées et une extrême-droite qui reste encore un repoussoir pour beaucoup de Français (d’autant que sa tête de gondole est hors-jeu), le maire du Havre semble avoir un boulevard devant lui ! Mais méfions-nous des pronostics trop hâtifs : les présidentielles, c’est dans deux ans, et beaucoup de choses peuvent se produire d’ici là ! Ce ne serait pas la première fois qu’un « homme providentiel » trébucherait au dernier moment ! Souvenez-vous de Chaban-Delmas, de Rocard, de Barre, de Balladur, de Jospin, de Juppé, de Fillon… Et puis merde, à la fin ! Depuis 2017, on n’a connu que le débat entre le roquet du capital et la chienne de Buchenwald ! Qu’est-ce qu’on peut entendre d’Édouard Philippe, à part la continuation de la politique du premier, saupoudrée d’appels du pied aux idées de la seconde ? On s’ennuie à la fin ! Oh, la gauche, réveillez-vous ! Vos adversaires n’ont à vous opposer que la personnalité de Mélenchon ! Sorti de ça, ils n’ont pas d’arguments ! Le vieux sera bien obligé de s’écraser, il sait sûrement qu’il ne sera jamais président ! Je n’ai pas envie de devoir voter pour l’ancien grand vizir de Macron rien que pour faire barrage à Bardella ! Alors faites quelque chose ! Bon, pas n’importe quoi non plus : pas la peine de nous ressortir François Hollande…

 

16h40 : Déjà fatigué de cette journée pénible, je prends le tramway pour honorer un rendez-vous avec Yann Guével qui a accepté de me recevoir pour parler de l’église Saint-Martin. Rencontrer les politiciens, c’est toujours une épreuve et le brouhaha qui règne dans le tram ne m’aide pas beaucoup à l’envisager avec le sourire… Juste sous mon nez, deux jeunes gens discutent à un mètre l’un de l’autre, ce qui les oblige à parler fort pour s’entendre : je leur fais remarquer qu’ils nous casseraient moins les oreilles s’ils se rapprochaient ! Leur seule réaction est de prendre un air qui serait à peine moins éberlué si je leur avais annoncé que j’avais six paires de couilles…

 

16h45 : À l’hôtel de ville, je ne peux pas échapper au cerbère qui me demande d’ouvrir mes sacs… Il y a des moments où je suis d’assez bonne humeur pour endurer avec patience cette épreuve humiliante et inutile, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui ! Je ne peux m’empêcher de lui dire, pendant qu’il fouille dans mes affaires de piscine : « Si vous voulez, je peux aussi baisser mon pantalon ! » Vous me direz que je risque des ennuis à parler comme ça à des vigiles ? Allons donc ! Ce ne sont pas des flics, je vous le rappelle ! Tant que je ne mets pas en péril la sécurité des lieux, ils ne peuvent rien me faire – si tant est qu’ils puissent vraiment faire quoi que ce soit contre un individu réellement dangereux ! Et puis vous trouvez que ce n’est pas déjà avoir des ennuis, vous, devoir monter ses affaires personnelles à de gros bras sans cervelle ? Quand je prends l’ascenseur pour gagner le bureau de Yann Guével, un autre cerbère me demande à quel étage je monte : je réponds que je peux me débrouiller seul, il me rétorque qu’il n’a pas l’intention de m’accompagner mais qu’il doit savoir où je vais… Heureusement qu’il y a des terroristes pour justifier le salaire de ces guignols !

 

16h50 : L’entretien avec Yann Guével est une simple formalité assez vite expédiée : si ça ne tenait qu’à moi, je lui demanderais s’il ne trouve pas ça ennuyeux, quand on est social-démocrate, de devoir faire payer au contribuable l’entretien d’un lieu de culte ! Non que je nie l’intérêt patrimonial d’un édifice comme l’église Saint-Martin, mais j’estime qu’une république vraiment laïque devrait pouvoir imposer aux autorités religieuses d’entretenir à leurs frais leurs boutiques ou, au moins, trouver une solution pour rentabiliser ces bâtiments où les fidèles se font rares et où les offices ne sont même plus assurés par de vrais prêtres ! Sinon, ce n’est vraiment pas la peine de pourrir la vie aux femmes musulmanes sous prétexte que porter un torchon sur la gueule serait une menace pour la démocratie… Plus concrètement, je suis surtout marqué par l’épisode des rhododendrons : la rénovation de l’église, destiné à résoudre le problème de l’humidité, a en effet entraîné l’arrachage de ces magnifiques plantes, ce qui n’a pas été sans causer quelques remous bien compréhensibles ! Entre des plantes à fleurs qui embellissent le paysage et une église décrépite où l’on dégoise des insanités, mon choix serait vite fait ! Décidément, là où la religion passe, la vie, la beauté et la nature trépassent…

 

17h50 : Après avoir pu attraper un bus pour réintégrer mon doux foyer, je pensais naïvement que je pouvais enfin tourner la page de cette journée merdique. Mais c’était mal connaître l’imagination sans borne de Dame Fortune ! Arrivé au niveau de la cité Chapalain, le chauffeur annonce qu’il n’ira pas plus loin et prie tous les passagers de descendre… D’accord, sur le papier, c’est le terminus de la ligne, mais celle-ci est faite de telle façon qu’en général, le bus continue sa route, ce qui permet aux voyageurs concernés, dont je fais partie, de ne descendre qu’à l’arrêt suivant, place des FFI ! Je ne sais pas si c’est la grève où le chantier qui a motivé cette décision du conducteur, mais c’est le coup de grâce pour moi ! Je ne sais plus ce que je lui ai dit en sortant, mais ça ne devait pas être joli à entendre… Bref, j’en suis quitte pour marcher plus longtemps que de coutume alors que je suis déjà sur les genoux, sous la pluie, bien entendu ! Rien de dramatique dans l’absolu, je vous l’accorde, mais je m’en serais bien passé… Et vous savez qui était ce Chapalain qui donne son nom à la cité où le véhicule s’est arrêté ? Un chanoine ! Encore un curé ! Je ne l’invente pas ! Le premier à avoir affirmé que les chats noirs portaient malheur a sûrement mal prononcé : il devait vouloir dire « les chanoines », ce qui est incomparablement plus crédible !

 

Mercredi 4 juin

 

10h : Après une journée comme celle d’hier, voir la pluie tomber serait au-dessus de mes forces ! Je décide donc de passer toute la journée à travailler avec les volets baissés, en essayant d’oublier que le monde extérieur existe ! Et tant pis pour ma facture d’électricité, ça coûtera toujours moins cher que ce qu’il faudrait payer pour soigner ma dépression nerveuse… J’hésite à aller au cours du soir dans mon état, mais ce serait bête d’en rater un alors que la saison touche à sa fin, d’autant qu’il est fort probable que je ne rempile pas à la rentrée prochaine…

 

20h : J’y suis allé quand même. Malgré ma mauvaise humeur persistante, j’ai réussi à ne pas avoir de crise, et ce que j’ai produit semble même faire l’unanimité. J’aimerais pouvoir arriver à penser que j’ai mes qualités et mes défauts comme tout le monde et que ce n’est pas parce que je ne sais pas faire certaines choses que je suis forcément une mauvaise personne… Mais j’ai tellement l’habitude d’être rabaissé que je n’y arrive pas ! Je n’arrive plus à concevoir la vie autrement que comme une gigantesque revanche que je dois prendre sur tous ceux qui m’ont traité plus bas que terre ! Une élève me reconduit chez moi : je sais qu’elle a exposé à la foire aux croûtes, je lui demande si ça s’est bien passé ; à ce qu’elle dit, il semble que oui.

 

Jeudi 5 juin : il y a un an, Benjamin Vautier, dit Ben, nous quittait. 

 

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14h50 : La série noire continue ! J’avais réservé un Accemo pour demain afin d’aller à la piscine et en revenir… Mais je reçois un coup de fil m’annonçant qu’en raison de la grève, aucun service ne sera assuré demain après 20 heures et que mon aller est annulé parce que, de toute façon, je n’aurai aucun moyen de rentrer ! Là, comme à chaque fois que je fais face à un imprévu alors que ma barre d’énergie personnelle est déjà épuisée, je craque ! Je hurle dans le combiné : « Et qu’est-ce que je leur dis, moi, à la piscine ? » Pour toute réponse, on me raccroche au nez…

 

15h30 : Entretien avec ma psychologue. Je lui raconte bien sûr mes récentes avanies, dont la dernière en date au bout du fil : cette anecdote l’indigne, elle juge que me raccrocher au nez n’est pas une façon de traiter une personne du spectre en situation de détresse, elle m’exhorte même à me plaindre ! Elle ajoute que le simple fait que tout se passe par téléphone suffit à dénoncer l’inadaptation de ce service qui se veut pourtant inclusif… Elle n’a pas tort, mais que voulez-vous : nous, les gens du spectre, nous ne sommes pas de « bons » handicapés ! Personne ne nous plaint, les neurotypiques nous voient comme des chieurs incapables de supporter ce qui ne dérange pas les gens en fauteuil ! Nous n’avons même pas la décence d’affronter nos difficultés quotidiennes avec humour, notre handicap inclut justement que nous ne sommes pas des champions du second degré ! Depuis que j’utilise Accemo, certains chauffeurs ont essayé de fraterniser avec moi comme ils l’ont sûrement fait avec d’autres personnes en situation de handicap habituées de leurs services : peine perdue, j’ai horreur qu’on me tutoie, je n’aime pas parler en voyage, je ne ris pas facilement, tout ce que j’attends d’un conducteur, c’est qu’il fasse son boulot, tout comme pour les commerçants d’ailleurs… Bref, je ne suis pas une bonne affaire pour les gens qui veulent mettre l’humain au cœur de leur travail ! La froideur et l’impersonnalité qui ont été tant reprochées aux services publics me conviendraient parfaitement ! Et évidemment, ce n’est pas avec une particularité de ce genre qu’on peut faire pleurer la ménagère devant son petit écran… Dans un autre ordre d’idése, la psy me demande si j’étais à la foire aux croûtes cette année : ma réponse négative la soulage car il y aurait eu des violences cette année ! J’avoue que je n’étais pas au courant ! L’élève du cours du soir qui y était ne m’en a même pas parlé ! Il faut croire que ce n’était pas si terrible que veut bien le faire croire une certaine presse ! On se demande bien qui aurait intérêt à conforter les gens dans l’idée que la place Guérin est une zone de non-droit…

 

16h : Ça m’a fait du bien de parler à la psychologue, mais je ne suis pas encore au bout de mes peines : je suis à court d’encre pour mon feutre-pinceau et je vais en avoir besoin pour l’AG d’Asperansa où j’ai promis de tenir mon stand de caricaturiste, il me faut donc passer à Dialogues Beaux-Arts pour en acheter ; ensuite, tant qu’à faire d’être en ville et de n’avoir plus rien à faire chez moi, autant en profiter pour remettre tout de suite à ma mutuelle la facture de la psy. Mais marcher en ville sous la pluie, ce n’est jamais agréable, et quand il faut aussi se frayer un chemin au milieu de toutes les barrières dressées pour cause de chantier, ça devient une galère insupportable ! En ce moment, si quelqu’un ose me dire que la vie est belle, il risque de me rendre violent…

 

17h : J’ai pris le premier bus venu pour être sûr de ne pas rester en rade : je me retrouve donc dans le véhicule qui dessert La Cavale Blanche et Bellevue avant Lambézellec ; ça fait un long détour et je peux être sûr, à l’heure qu’il est, de me coltiner tous les bouchons ! Mais bon, au moins, je ne suis plus sous la flotte et je peux ainsi réfléchir au problème qui subsiste : comment faire pour demain ? Je pourrais aller nager hors des heures de cours afin de ne pas casser mon rythme sans risquer de me retrouver en rade à la sortie, mais c’est un des derniers cours de l’année et ce serait idiot de le rater… Je peux encore m’arranger pour y aller par mes propres moyens, mais comment rentrer chez moi alors qu’il n’y aura plus ni bus ni tramway ? Même les taxis sont en grève ! Renter à pied après trois quarts d’heure de natation ? C’est risqué… Le trajet que j’effectue est assez long pour me laisser le temps de gamberger… Il doit bien y avoir une solution !

 

17h50 : Enfin rendu à Lambé, j’ai décidé d’adopter une solution radicale : j’envoie un SMS à tous mes amis les plus sûrs habitant ou travaillant à Brest et je leur explique la situation en sollicitant leur aide. Je déteste faire ça, mais je ne vois pas d’autre moyen de faire face à cette situation ubuesque et puis, comme on dit, aux grands maux, les grands remèdes ! Tout en envoyant ce message groupé, je traverse une rue, sur un passage protégé comme il se doit… Et je suis à deux doigts de me faire renverser par une bagnole ! Vous me direz que c’était imprudent de traverser dans regarder ? Mais j’étais dans les clous ! J’étais dans mon droit ! C’était à la conductrice de rester maître de son véhicule ! Car oui, le véhicule était conduit par une femme, comme quoi, n’en déplaise au vieux Renaud, elles ne sont pas moins connes que les hommes au volant… Je crois comprendre, aux gestes qu’elle me fait, qu’elle est suivie par un autre véhicule et qu’elle ne veut pas prendre le risque de le semer : c’est une excuse, ça ? Ce n’est visiblement pas l’avis du conducteur qui la suit, ni de son jeune passager dont l’attitude cherche plutôt, semble-t-il, à exprimer des excuses… Les travaux du réseau de transports en commun ont pour finalité d’encourager les particuliers à se servir moins souvent de leur voiture : c’est une excellente idée !

 

Vendredi 6 juin

 

9h30 : Le temps n’est pas au mieux ! Il ne pleut pas, mais le vent n’est pas chaud. Il y a heureusement peu de monde au marché… Sauf devant le stand du charcutier où il y a toujours la queue quoi qu’il arrive ! Décidément, ce n’est pas demain la veille qu’on arrivera à imposer une alimentation non-carnée aux Français – et je reconnais que je ne m’épuise pas à aider les promoteurs du végétarisme… Bref, pendant dix bonnes minutes, je ne peux pas échapper aux inévitables conversations du petit peuple dès que la météo n’est pas à la hauteur de ses attentes : après avoir entendu trois ou quatre personnes dire qu’on est déjà en novembre, je craque et je hurle « oh, ça va » à la cinquième ! Je sais que ce n’est pas un comportement approprié, mais je ne peux pas m’en empêcher : je ne vois pas l’utilité de commenter le temps qu’il fait, ça ne sert à rien, surtout pas à l’améliorer ni même à rendre les intempéries plus supportables, sans compter que ce discours sur les saisons, qui se veut drôle, ne fait que m’angoisser : j’ai BESOIN que tout soit en ordre autour de moi et le calendrier ne fait pas exception ! Quand je subis ces conversations, je me dis que les gens n’ont pas changé depuis les années 1960 où Goscinny épinglait leurs travers dans Les Dingodossiers, ni même depuis les années 1930 où Hergé en faisait autant dans Quick et Flupke ! Sauf que moi, j’en parle avec beaucoup moins de bienveillance, sans doute parce que j’en ai marre de voir mes semblables ne faire aucun effort pour se débarrasser de leurs ridicules qui ont été tant de fois brocardés comme ils le méritaient par ces illustres prédécesseurs… Vous avez l’impression, à voir la météo, d’être déjà aux portes de décembre ? Alors permettez-moi de vous répondre par ce que Renaud, encore lui, chante en évoquant ce mois : « Moi, j’voudrais tous vous voir crever, étouffés de dinde aux marrons ! »

 

13h : Pour être sûr d’être déjà en ville quand l’heure du cours approchera, je suis parti de chez moi tout de suite après avoir déjeuné. Me voici place de Strasbourg. Une pluie fine se met à tomber : je ne me place pas sous l’abri de l’arrêt de tram qui est bondé, je préfère rester à l’écart de la foule, ce qui ne me met pas à l’abri de la musique de merde qu’un crétin semble vouloir imposer à tous les passants. Une voiture de la « Brigade de Tranquillité Urbaine » roule sur la voie ferrée, apparemment indifférente à la gêne auditive provoquée. Mon problème de retour est résolu, un collègue artiste qui habite Recouvrance a accepté de me voiturer jusqu’à Lambé quand je sortirai de la piscine : ce que j’ai sous les yeux en ce moment me donne presque envie de m’y noyer…. Il me tarde de pouvoir me réfugier au Beaj Kafé en attendant ! J’apprécie comme jamais le fait que ce café ait une salle dépourvue de fenêtres…

 

Avant de se quitter, voici ma vidéo du vendredi :

 

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine ! 

 


06/06/2025
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Du 24 au 30 mai : Le village de Blatten est anéanti... Et moi aussi !

 

Pour commencer, un dessin sur deux faits concomitants : le retour de la bouteille consignée et le scandale des eaux minérales. 

 

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Samedi 24 mai : il y a 35 ans, Jacques Lob, le papa de Blanche Epiphanie, de Superdupont et du Transperceneige nous quittait. 

 

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15h : En attendant de descendre au port de commerce où j’ai prévu d’arroser une seconde fois mon anniversaire avec trois amis qui n’étaient pas disponibles la semaine dernière, j’entame l’inventaire du fonds d’archives de Geneviève Gautier actuellement en ma possession : je ne suis pas au bout de mes peines car l’ordre ne règne pas dans tous les dossiers, loin s’en faut, en particulier dans l’un d’eux, que je découvre aujourd’hui même et qui regroupe de nombreuses notes et coupures de presse sur l’aviation : ce n’est pas une surprise pour moi, je savais déjà que ma reine avait été pionnière du pilotage au féminin en France. La seule chose mystérieuse, c’est ce qu’elle comptait faire de tout ça : avait-elle des projets de publication ou voulait-elle simplement conserver ces écrits qui lui tenaient à cœur ? Mystère… En attendant, en compulsant ce dossier, il me semble revivre une ère où l’aviation faisait encore rêver et j’ai l’illusion de communier à nouveau avec cette femme merveilleuse… Ah, que j’aurais aimé la connaître à cette époque et m’envoler avec elle…  

Pour en savoir plus sur ma relation avec Geneviève Gautier : 

 

 

17h45 : Au vu des horaires du bus qui dessert le port, j’aurai plus vite de descendre à pied : j’ai ainsi le loisir d’assister, sur la place de la Liberté, à un rassemblement de culs-bénits venus clamer que Jésus les aime… Seulement, moi, je ne suis pas Jésus, je ne les aime donc pas et je leur crie « À bas la calotte ! », « Mort à l’éteignoir ! », « Les églises au feu et le Pape au milieu ! » Si les bigots ont le droit d’exprimer leurs convictions religieuses sur la voie publique, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en faire autant ! Visiblement, malgré les scandales à répétition, les curés peuvent toujours compter sur des bataillons de crétins pour prendre la défense de leur fonds de commerce : quand je pense qu’on disqualifie les idées progressistes au moindre pet de travers d’un de ses défenseurs, ça me rend malade !

 

18h : Fidèle à mes sales habitudes, je suis arrivé une demi-heure avant le rendez-vous que j’avais fixé à mes invités. Malgré la bruine, je patiente à l’entrée du bar en lisant un hors-série des Cahiers de l’Iroise. Il n’y a quasiment pas âme qui vive dans le coin… Et je suis quand même abordé par trois cas sociaux au look de « caillera » qui me tutoient d’entrée de jeu et me demandent des cigarettes et du feu ! Je pourrais être au beau milieu du Sahara, ils me retrouveraient quand même !

 

18h45 : Me voici donc en plein apéro avec trois amis, dont une mère de famille qui a eu la bonne idée d’emmener sa charmante petite fille de cinq ans : je ne résiste jamais à une fillette aussi mignonne… Je raconte ce que j’ai vu sur la place de la Liberté et la façon dont j’ai réagi : une autre invitée me fait remarquer que l’expression « À bas la calotte » a dû être incompréhensible pour ces calotins 2.0 ! Il est difficile de contester une telle assertion : s’ils n’avaient pas oublié leurs cours d’histoire, ils se souviendraient eux aussi de tous les crimes qui ont été perpétrés au nom de « l’acrobate Ti Jean Lannuzel » (pour reprendre une formule des Goristes) et ils chercheraient cet amour dont ils nous rebattent les oreilles ailleurs que dans ces boutiques où il n’y a jamais eu le moindre échantillon…

 

Dimanche 25 mai : fête des mères

 

Le dessin ci-dessous a été réalisé pour ma môman à moi, qui est une jeune fille depuis 45 ans...

 

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14h : Ma psychologue trouve que je travaille trop ; elle n’a peut-être pas tort, mais j’ai tellement de choses à faire que je ne peux pas m’empêcher de puiser dans les dernières ressources de mon énergie pour continuer à gratter, même le dimanche. Il se peut que j’en crève, mais après tout, j’ai atteint l’âge où Van Gogh a cassé sa pipe ! Plus sérieusement, c’est vrai que j’ai du mal à décrocher, mais je suis las d’un peu tout et je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre à part continuer à exercer mon art, quitte à ce que ce soit davantage par devoir que par plaisir…

Un extrait d'une planche réalisée ce dimanche :

 

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Lundi 26 mai

 

12h : Je viens d’expédier quelques affaires courantes en ville, j’attends maintenant un bus pour rentrer à Lambé. Inutile de me fier aux horaires qui sont affichés : avec cette grève qui n’en finit pas, la seule chose à faire est d’attendre ce qui veut bien se présenter…

 

12h30 : J’ai pu attraper un véhicule, mais celui-ci est bloqué dans un bouchon à la sortie du boulevard Léon Blum : à ce que je vois, la cause en est un autre bus dont le conducteur n’a pas dû être des plus prudents dans cette zone qui est actuellement la plus impactée par le chantier du nouveau réseau… Je ne ronge plus mon frein, je l’ai déjà avalé !  

 

12h45 : Enfin rentré au bercail, je découvre un courrier de l’assurance maladie qui me propose de m’inscrire pour faire un bilan de santé : je ne pense pas que ce soit très utile car, entre le chantier et la grève, les transports publics brestois m’auront probablement tué avant que je puisse prendre rendez-vous !

 

Une vidéo sur un autre de mes griefs contre les transports publics brestois : 

 

Mardi 27 mai

 

13h30 : Mais qu’est-ce qu’ils ont tous en ce moment ? Une de mes meilleures amies m’a grondé par téléphone (pour une raison qui ne vous regarde pas), la postière a fait des histoires pour me remettre trois colis, la rédaction m’a annoncé qu’elle me refusait un papier envoyé il y a une semaine, je me suis fait refouler par une secrétaire de mairie, une collègue a attendu le dernier moment pour me proposer un co-voiturage afin d’aller à l’AG du labo à Quimper… Tout ça n’est pas fait pour arranger mon humeur !

 

17h30 : Abattu par tous ces imprévus, je rends visite à mon amie sculptrice sur bois. J’avoue que cette entrevue me réconforte, mais j’espère que je n’aurai plus de mauvaise surprise avant vingt-quatre heures…

 

18h30 : Après avoir pris congé de mon amie, je termine la lecture des Mille et une nuits du Calife, le premier album d’Iznogoud à ne pas avoir été réalisé par Jean Tabary : force est de reconnaître que le scénario était un peu confus, il n’était notamment pas assez clair que le malentendu au cœur de l’histoire venait du fait que le grand vizir, décidément plus borné que méchant, n’avait même pas conscience du fait que le calife, décidément plus stupide que gentil, ne demandait pas mieux, pour une fois, que céder sa place à son « bon Iznogoud »… Disons qu’il faut prendre cet album comme un coup d’essai et que Muriel et Stéphane Tabary, ses deux scénaristes, ont essuyé les plâtres de la succession de leur illustre père pour permettre à des auteurs plus talentueux qu’eux, dont l’excellent Jul, de continuer à faire vivre cet anti-héros censément détestable et néanmoins adoré – contrairement au calife qui est censément adorable et néanmoins détesté. On trouve quand même des perles dans cet album perfectible ma préférée est cet échange entre Iznogoud et un de ses conseillers, qui résume à merveille ce que la collusion entre les médias et les politiciens a fait de notre démocratie :

 

-          Il suffit de se faire élire par le peuple !

-          Le peuple ? Mais pour quoi faire ? Pourquoi lui demander son avis ?

-          Mais personne ne parle de lui demander son avis ! Il vote, mais pour un candidat qu’on lui désigne !

 

De toute façon, je ne peux pas en vouloir aux enfants de Jean Tabary d’avoir permis à Iznogoud de survivre à leur père : je me sens trop proche de ce personnage ! Je comprends l’aversion que lui inspire le calife, ce gros patapouf pourri-gâté né dans l’or et a pourpre ; et comme lui, je suis impatient, j’aspire à réussir et je ne supporte pas ce qui se met en travers de la route…   

 

Allez, on se passe un autre épisode d'Iznogoud ? J'aime bien celui-ci qui met en scène des animaux pour qui j'ai beaucoup de sympathie - les tigres sont beaux, forts, intelligents et injustement maltraités : 

 

Mercredi 28 mai

 

8h30 : La rédaction m’a envoyé aux Capucins pour couvrir la présentation d’une exposition sur l’histoire du port de commerce. Celle-ci n’aura lieu qu’à partir de 10h30, mais circuler en ville est devenu une telle gageure que j’ai préféré partir le plus tôt possible ; d’autre part, pour ne pas gâcher ma chance d’avoir pu attraper un tramway, j’ai jugé plus prudent de ne pas prendre le téléphérique et de descendre sur la rive droite pour gagner les Capucins à pied. J’ai ainsi le loisir de jeter un œil sur le quartier environnant : on aurait pu penser que celui-ci allait bénéficier de l’ouverture du tiers-lieu et connaître un nouveau dynamisme… Mais il en a été autrement : les Capucins ont accaparé toute l’attention du public et tous les locaux que je vois sur mon chemin sont vides et en attente d’acheteurs ! D’autant que la plupart des visiteurs préfèrent prendre le téléphérique (car il n’est pas toujours en panne, bien au contraire) et prennent donc rarement le chemin que j’emprunte aujourd’hui… Résultat : seule la Maison de l’International est ouverte ! En fin de compte, ce n’est pas étonnant : ouvrir un théâtre dans une rue où il y en a déjà un, ça ne nuit pas au premier théâtre, mais ouvrir un supermarché dans une rue où il y a déjà une épicerie, c’est toujours fatal à cette dernière…  

 

8h45 : J’arrive à l’entrée des Capucins… Vous le saviez, vous, que ça n’ouvrait pas avant dix heures ? Et bien, moi, je viens de l’apprendre ! Moi qui espérais ne plus avoir de mauvaise surprise avant un jour ou deux, je suis servi et je suis à deux doigts de me frapper la tête contre la porte close, non sans maudire ces décideurs qui voulaient probablement éviter que les SDF ne viennent passer la nuit dans le bâtiment ! Après quelques tergiversations, je trouve refuge à l’entrée du parking souterrain, qui est abritée, et j’y termine la lecture du hors-série des Cahiers de l’Iroise consacré à Jim Sévellec… Je serais tenté de me comparer à cet artiste polyvalent qui a durablement marqué le paysage culturel brestois, mais je ne suis pas certain qu’il ait souvent été contraint d’attendre, le cul par terre, qu’on lui ouvre une porte afin qu’il puisse s’acquitter d’une corvée…

Une vidéo de mon cru sur Jim Sévellec : 

 

 

11h : La présentation est finie. Je prends poliment congé des officiels dont le laïus aurait été parfaitement superflu : je ne sais pas ce qu’il en est pour mes collègues des autres journaux, mais je pense être assez grand pour voir par moi-même ce qu’une expo veut transmettre et la façon dont elle a été montée… Mais surtout, j’ai la malencontreuse idée de rappeler que le premier quai avait été inauguré par l’impératrice Eugénie, pétasse épouse de Napoléon III : il n’en faut pas plus pour qu’une des huiles engage une conversation sur les bienfaits que « Badinguet » aurait prodigués à Brest ! N’éprouvant que mépris pour ce despote peu éclairé, j’ai une raison supplémentaire pour ne pas m’attarder : je respecte la mémoire de Victor Hugo qui, LUI, a vraiment fait honneur à la France… Vive la République ! À bas Napoléon le petit et sa gonzesse qui a introduit la corrida en France[1] !

 

19h15 : Au cours de dessin, la prof n’a pas été longue à voir que j’étais de mauvaise humeur. Respectant les consignes qu’elle m’avait données jadis, je prends sur moi pour ne pas piquer  une crise : mon expression lui fait quand même me dire que je suis « sérieux comme un Pape » ! S’entendre dire ça quand on exècre les curés… Je suis tombé bien bas ! Par respect pour cette personne que j’estime énormément, aussi bien en tant qu’artiste qu’en tant qu’enseignante, je préfère ne pas répliquer.

 

Quelques dessins réalisés durant le cours : un en plein air...

 

05-28-Morgane au pied de l'arbre.png

 

...et trois autres en intérieur - on ne va pas demander à un modèle de se déloquer en extérieur, quand même, non ? 

 

05-28-Morgane (1).JPG


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20h30 : Dans l’espoir vain de me calmer, je suis rentré chez moi à pied. Je dis « vain » car je viens de découvrir dans ma boîte aux lettres une circulaire adressée à tous les locataires de mon immeuble : elle dit grosso modo que si le propriétaire des véhicules abandonnés à l’état d’épaves sur le parking de l’immeuble ne se dénonce pas, ils seront retirés avant la fin de la semaine… Et la facture sera imputée à tous les locataires ! C’est doublement injuste car la probabilité est forte pour que ces bagnoles pourries n’appartiennent à aucun occupant de l’immeuble et aient été abandonnés par un(e) étranger(e) qui prend les logements sociaux pour des poubelles ! De surcroît, n’ayant même pas le permis de conduire, le seul tort que je peux reconnaître, c’est d’avoir traîné à signaler cette situation au bailleur, mais bon, je pouvais très bien avoir autre chose à foutre et puis je n’étais pas gêné outre mesure… Bref, une fois de plus, je vais payer pour les conneries de quelqu’un d’autre, qui plus est une personne que je ne connais même pas ! « Si le coupable ne se dénonce pas, je punis toute la classe ! » Et moi qui croyais que je n’aurais plus à entendre cette connerie en quittant l’école…

 

Une vidéo sur cette morale de m**** : 

 

Jeudi 29 mai

 

11h : Concernant le village de Blatten, en Suisse, qui a été enseveli suite à l’effondrement d’un glacier, je pourrais vous rabâcher tout ce que vous avez déjà lu partout à ce sujet… Mais, avec mon mauvais esprit habituel, je vous ferais seulement remarquer une chose : ça fait quand même des années que les effets du dérèglement climatique se font sentir, avec des conséquences dramatiques pour les populations… Mais jusqu’alors, ça se passait surtout chez les pauvres, qui plus est chez les Noirs, là où les riches n’ont même plus le droit d’aller faire des safaris comme au « temps glorieux de l’A.O.F. » comme l’a dit un célèbre chanteur pour connasses… Tandis que là, ça se passe en Suisse, dans un pays prospère (donc plus ou moins directement responsable de la misère du tiers-monde), qui plus est où les riches vont faire du ski et cacher leurs millions à l’abri des convoitises d’un fisc rapace ! Alors, cette fois, les culs cousus d’or se sentent concernés et le drame n’est pas passé sous silence dans les médias… Je ne dis pas que le drame de Blatten n’affecte que des riches, je ne dis pas non plus qu’il n’est pas légitime d’en parler, ne serait-ce que pour rappeler l’urgence climatique qu’on a un peu trop tendance à laisser occulter par des polémiques aussi bidon qu’éphémères : je constate simplement qu’on a moins parlé des déplacements de populations causés par le dérèglement climatique dans le tiers-monde… Toujours la même saloperie ! À bord du Titanic aussi, ce sont les riches qui ont été sauvés en premier…

 

Le dessin dont j'ai eu l'idée dès l'annonce de cette sinistre nouvelle : 

 

05-29-Village suisse rayé de la carte - Trump.jpg

Vendredi 30 mai  

 

11h30 : Week-end de l’Ascension oblige, il n’y aura pas de cours de natation ce soir. Pour garder le rythme, j’ai prévu d’aller nager à la piscine de Recouvrance en début d’après-midi ; je vais d’abord déjeuner au Biorek. J’ai le temps de descendre la rue de Siam à pied, j’ai ainsi le loisir de croiser de nombreux citoyens qui la remontent de la même façon, pour une raison bien simple : le prochain tramway est annoncé pour dans vingt-cinq minutes et le suivant ne passera pas avant une heure… Et dire que cette grève dure depuis bientôt quinze jours ! Je n’ai jamais vu ça : les employés de Bibus doivent vraiment en vouloir beaucoup à leur direction… Sauf que pour l’heure, ce sont surtout des centaines de pauvres types pas dans le coup qui paient, et ça m’étonnerait que ça empêche de dormir monsieur Castex !

 

11h45 : Je découvre, affichée à l’entrée d’une maison de la presse, la dernière une du JDNews sur les « nouveaux tribunaux révolutionnaires » : le nouvel organe officiel de la fachosphère épingle les journalistes qui font leur travail (à commencer par madame Élise Lucet), les juges qui n’ont pas peur de condamner les élu(e)s qui piquent dans la caisse et les organisations qui coupent le sifflet aux médias multipliant les incitations à la haine… Et, bien entendu, il les accuse à peine implicitement d’être au service de Mélenchon ! C’est un fait que le vieux sénateur est devenu encombrant pour la gauche… Mais j’ai quand même l’impression que sa personnalité est devenue le seul argument des ennemis de la justice sociale ! Rassurez-vous, bande de cons : quand on aura dégagé Mélenchon, on continuera à défendre les idées qui font tellement peur à vos patrons milliardaires ! L’ancien ministre de Mitterrand est un homme du passé, d’accord : mais ça ne nous empêche pas d’envisager l’avenir, avec ou sans lui ! Dans le pire des cas, nous lui trouverons bien une voie de garage pour nous en débarrasser ! Bon, pas une ambassade, d’accord…     

 

Le 30 mai, c'est aussi le jour de l'anniversaire d'Arte - de loin la meilleure chaîne de télévision avec France 5 et la Trois quand elle est bien inspirée : 

 

05-30-Naissance d'Arte (1).png


05-30-Naissance d'Arte (2).png

 

Si vous ne comprenez pas ces montages, rappelons que les Moutons ont longtemps signalé la fermeture de l'antenne d'Arte...

 

 

...et qu'un épisode de La Linea, le dessin animé du génial Osvaldo Cavandoli, met en scène d'adorables petits agneaux : 

 

 

12h : Au Biorek, Alexandre, fidèle au poste, me demande si je suis allé faire un tour à la Foire aux croûtes : je réponds par la négative car j’avoue cultiver une petite fierté, peut-être déplacée, qui me dissuade de me rendre à cet événementiel, pour lequel je n’ai pas été sélectionné cette année, et où j’aurais l’impression d’être un prince déchu… Et de toute façon, dans les circonstances actuelles, j’y réfléchis à deux fois avant de sortir, alors je préfère éviter de m’attarder outre mesure en ville, de peur de me retrouver en rade en ville sans espoir de pouvoir rentrer autrement qu’à pied…   

 

15h30 : J’arrive chez moi. Depuis quelques jours, le panneau au pied de mon immeuble accueille, entre autres, une affiche pour le festival « La nuit des étoiles » au Folgoët, prévu pour le mois d’août. Pour des raisons évidentes, je ne suis pas du genre à courir après les festivals, mais celui-ci programme… Johanna Alanoix ! Et moi qui me demandais de ce que devenait ce jeune prodige que j’ai eu le privilège de découvrir alors qu’elle n’était encore qu’une lycéenne ! Oh, Johanna, tu es donc en train de glaner la reconnaissance à laquelle te donne droit ton immense talent ? Il y a donc encore une justice ? Tu dois être une grande et belle jeune femme, maintenant… J’espère que tu n’as pas oublié à quel point ta ravissante maman a tout fait pour t’aider à percer ! Daigneras-tu poser un regard sur le modeste mercenaire de la plume qui a jadis fait son possible pour te soutenir ?

Avant de se quitter, voici une vidéo que j'avais réalisée à l'époque où je voyais régulièrement Johanna : 

 

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Si, si, c’est rédhibitoire pour moi ! Pas vous ? Ah bon…


30/05/2025
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