Blogquin du 15/02/2020 : espaces maritimes, migrants, Amérique, Cavanna...
Allez, on commence avec une jolie souris :
Bon, vous vous êtes assez rincé l'œil, parlons de choses sérieuses : le 7 février dernier, j'ai participé à une journée d'étude intitulée "Ecritures et représentations des espaces maritimes, insulaires et portuaires" à la faculté des lettres et sciences humaines de Brest. J'en ai rapporté quelques croquis d'orateurs et des dessins vite faits, inspirés par les différentes interventions :
L'intervention de Pauline Pilote (ci-dessus) s'intitulait "Reuben and Rachel de Susanna Rowson : une romance familiale transatlantique" et mettait l'accent sur la façon dont l'Atlantique était peu à peu transformé en pont entre deux mondes dans ce roman :
Ce roman imagine également une descendance fictive de Christophe Colomb comprenant des colons qui auraient contribué à bâtir les Etats-Unis :
Le dernier, c'est juste parce que la tentation était trop forte :
Après Pauline Pilote, c'est Marie-Christine Michaud (ci-dessous) qui a pris la parole pour nous parler de cinéma, plus précisément de "La représentation de l'océan Atlantique dans Golden Door et America, America".
Vous vous en doutez, quand on évoque l'Amérique et l'immigration devant moi, ça m'évoque forcément certains faits d'actualité...
Mais quand il a été question de la représentation de l'immigré embrassant le sol de la terre d'accueil, là, j'avoue que ça a mis un coup de canif dans mon empathie :
Vint ensuite Estelle Bedon pour une intervention intitulée "Espaces maritimes, insulaires et portuaires chez Tite-Live"...
...où il était signalé, entre autres, que même un patriote comme Tite-Live ne pouvait que reconnaître que les Romains n'étaient pas de bons Romains et ont eu besoin de l'aide de peuples alliés comme les Phéniciens pour combler cette lacune :
La matinée s'est terminée avec Myriam Marrache-Gouraud et son intervention intitulée "La mer au musée : solutions discursives pour un espace paradoxal (XVIè-XVIIè siècles)...
...qui évoquait la valorisation des animaux, végétaux et minéraux aquatiques dans les cabinets de curiosité de la Renaissance :
L'idée dominante à l'époque, qui datait de Pline, était que le monde sous-marin était un reflet de l'univers :
Après une pause déjeuner bien méritée, la journée d'étude a repris avec Marie-Cécile Schang...
...dont l'intervention s'intitulait "Entre Cythère et Madagscar : voyage exotique et familier dans la comédie du XVIIIème siècle" et traitait de pièces qui tournaient gentiment en dérision les pastorales classiques...
...à une époque où l'on cherchait pourtant à retrouver le "cri primitif" :
Ce fut ensuite le tour de Gilles Chamerois qui a traité de "Jacques Henri Lartigue aux rivages du merveilleux" :
J'avoue que je ne connaissais que de nom ce photographe ; j'ignorais qu'il tenait à rester un grand enfant et qu'il était très croyant (ce qui prouve, soit dit en passant, que la religion est un signe d'immaturité) et que ça comptait pour ses photos :
Gilles Chamerois nous a aussi fait passer un appareil permettant de voir les photos de mer de Lartigue en relief (le nom de cet appareil m'échappe, n'hésitez pas à éclairer ma lanterne) :
La journée d'étude s'est terminée avec une intervention de votre serviteur intitulée "L'ambivalence des espaces maritimes chez Albert Camus : l'héritage des Grecs" mais je ne peux pas faire un discours de vingt minutes et dessiner en même temps. Par la suite, comme il me restait un peu de temps avant mon rendez-vous suivant, j'ai assisté brièvement à la remise des diplômes de docteur de l'UBO qui avait lieu justement à ce moment-là :
Le jeudi 13, à la salle des conférences de la mairie de Brest, la Société d'Etude de Brest et du Léon, qui édite les Cahiers de l'Iroise, a invité Christian Mars, auteur du Dictionnaire Iroise, pour une causerie très riche :
Il fut question de bien des choses, mais j'avoue que j'ai été particulièrement inspiré par l'évocation des oiseaux du pays d'Iroise :
On va dire que j'ajoute un clou au cercueil de Jean-Philippe Smet, mais je crois surtout que j'ai enfin trouvé une signification valable à la fameuse boîte à coucou... Sinon, je tiens à vous signaler que le samedi 22 février aurait été le jour du 97ème anniversaire de François Cavanna s'il n'avait commis la faute de goût de mourir il y a six ans... Le 29 avril prochain, dans le cadre d'un colloque sur Le roman historique à Lorient, je lui rendrai hommage avec une intervention consacrée au Hun blond, le premier tome de sa saga mérovingienne (le "rital" a écrit dix romans historiques dont six consacrés à l'époque méorvingienne) ; dans trois ans, ce sera le centenaire de Cavanna, ça vaudrait le coup d'organiser un colloque qui lui serait entièrement consacré : quand on sait qu'il a écrit près de soixante-dix livres et que tous ses écrits n'ont pas été édités, on ne peut pas avoir l'audace de prétendre qu'il n'y aurait pas matière à un événement de grande ampleur ! En attendant, voici un dessin et un poème qui m'ont été inspirés par son roman préhistorique et féministe (c'est une constante chez lui) La déesse mère :
Sinon, le 22 février, ce sera aussi l'anniversaire de mon copain conteur Michel Lidou. Bien entendu, Michel ne ressemble pas tout à fait au conteur que vous voyez sur le (déjà) vieux dessin ci-dessous que j'ai ressorti pour illustrer le fait qu'il est l'héritier d'une tradition qui remonte au moins à la nuit des temps :
En 2016, après avoir découvert le travail de Michel, voici ce que j'avais écrit : Tous les contes et légendes qui sont partie intégrante du patrimoine de le Bretagne, et dont les Bretons sont si fiers, sont avant tout de tradition orale : s’ils ont pu se perpétuer de génération en génération, c’est grâce à ceux qui les rapportaient lors des veillées de jadis au coin du feu, en ces temps où la télévision n’était là pour imposer une hégémonie culturelle. Une tradition révolue ? Pas complètement : Michel Lidou la perpétue à sa façon. En bon conteur, il ne s’appuie pas sur des notes, laissant ainsi ses histoires libres de connaître des altérations au fil du temps, au gré non seulement de sa fantaisie mais aussi de celle du public, chaque spectateur devenant ainsi un relais de ces histoires appelées dès leur origine à être vagabondes et, à ce titre, évolutives. Sur le fond, le merveilleux, au sens où on l’entend ordinairement, est plutôt absent des contes rapportés par Michel Lidou : il n’y a pas d’événement surnaturel à proprement parler ou alors uniquement dans l’imagination de certains protagonistes qui les inventent pour se tirer d’une situation délicate ; il n’y pas non plus, en tout cas pas systématiquement, de morale à ces histoires qui participent de la mémoire d’une région rude où, face aux aléas de la vie et aux caprices du climat, le plus malin avait plus de chances de s’en tirer que celui qui était obsédé par le bon droit, ce qui n’est sans rappeler Le chat botté de Perrault.
Bon, mais vous vous ferez une meilleure idée en voyant Michel en pleine action :
En guise de conclusion, signalons que le dimanche 23 mars sera le jour du 60è anniversaire de l'empereur du Japon Naruhito et, par voie de conséquence, la fête nationale de nos amis Nippons (ce dessin n'est plus tout neuf) :
Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !