Pour commencer, puisque la Saint Valentin approche, un petit dessin pour les amoureux - j'ai voulu représenter Trémière et Déodat, le couple (apparemment) paradoxal mis en scène par Amélie Nothomb dans Riquet à la houppe.
Samedi 3 février
11h30 : De passage sur la place Guérin avec une amie, j’apprends auprès de cette dernière que la crêperie « Les pissenlits par la racine » a fait l’objet d’une fermeture administrative pour raisons d’hygiène ! Dire que j’ai failli y déjeuner ! Je n’ose imaginer quelles saloperies nous aurions pu y attraper ! Enfin, je dis ça, mais je connais mal le dossier : depuis qu’on a interdit le Café de la plage d’accueillir des concerts pendant tout un semestre, je ne peux m’empêcher de penser que les pouvoirs publics ont les bistrots de la place Guérin dans le collimateur et ne rêvent que de les voir disparaître…
11h45 : Je discute dans un bar avec deux autres créatrices : nous envisageons de partager ensemble un kiosque à la PAM que j’ai déjà réservé. Au prix de la réservation le samedi, nous ne serons pas trop de trois pour rendre le coût raisonnable ! Mes associées semblent prendre l’affaire au sérieux, elles sont presque choquées quand elles comprennent que les responsables du bâtiment ne nous apporteront aucune aide, logistique ou communicationnelle, et que nous ne sommes pour eux que des cochons de payeurs. Je me promets de ne pas les décevoir et de faire mon possible pour que notre opération ne passe pas inaperçue…
12h30 : Après un petit apéritif, je me retrouve seul avec l’une de mes deux associées ; nous en venons, je ne sais pas trop comment, à parler d’Astrid et Raphaëlle : c’est la première fois, depuis que je l’ai découverte, que je rencontre une personne qui n’apprécie pas cette série ; c’est aussi et surtout la première fois que j’entends quelqu’un qui ne salue pas le jeu d’actrice de Sara Mortensen. La raison est vite trouvée : cette dame n’a pas d’autiste dans son entourage et, de ce fait, elle est persuadée que la belle Sara en fait trop. Mais pas du tout : quand on vit au quotidien avec l’autisme, on se rend compte que, loin d’être caricatural, le personnage d’Astrid Nielsen est presque en-dessous de la réalité… En tout cas, c’est ce dont je peux témoigner !
Lundi 5 février
16h : Après un dimanche sans histoires, je règle quelques affaires en ville : je suis ainsi amené à passer à la poste du centre-ville pour acheter des timbres. La caissière (car je n’ose plus parler de postière dans le cas présent) me demande… Mon adresse mail ! Mon adresse mail pour me vendre des timbres ? Non mais ça ne va pas, des fois ? En fait, cette jeune femme s’était mise en tête que j’envisageais je ne sais quelle opération supplémentaire qui aurait nécessité que je lui donne cette information… Il y a des jours où je regrette presque les postières d’antan : elles étaient aimables comme des portes de prison, c’est entendu, mais après tout, on ne leur demandait pas d’être souriantes mais simplement de faire leur boulot. Je préfère qu’on me fasse la gueule mais qu’on rendre le service que je sollicite plutôt qu’on me sourie mais qu’on me propose une réponse à une question que je ne pose pas !
Mercredi 7 février
11h45 : Hier soir, j’avais presque réussi à être fier de moi, j’avais enfin bouclé la BD basée sur le scénario d’un jeune homme lourdement handicapé. Je suis donc allé scanner la dernière planche dans une boutique prévue à cet effet… Et quand je vois le résultat, une chape de plomb me tombe dessus : les lettrages sont illisibles ! Il est vrai qu’ils étaient très fins, mon Rotring ayant depuis peu un débit très faible, mais je m’attendais à ce que, scannés en noir et blanc, ils ressortent convenablement : la dame m’explique qu’elle ne peut pas régler sa machine qui détecte automatiquement si la page est en couleurs, en noir et blanc ou en « nuances de gris »… Voilà ce qui arrive quand on délègue tout aux machines ! Tous ces trucs automatiques conçus par des crânes d’œuf qui croient savoir mieux que nous ce dont nous avons besoin ne facilitent absolument pas la vie : je ne compte plus le nombre de fois où, rien qu’en voulant utiliser un traitement de texte, j’ai été retardé dans mon élan scripturaire à cause de fonctionnalités qui se déclenchent automatiquement et ne me servent à rien… Tout le monde a, dans son entourage plus ou moins proche, un casse-pieds qui croit tout mieux savoir que les autres, qui ne peut s’empêcher de mettre son grain de sel quand on ne lui demande rien et qui, au final, ne fait qu’aggraver les choses : grâce à la technique moderne, tout le monde en a un en permanence chez soi, à ceci près qu’on ne peut même pas lui clouer le bec en lui criant qu’il fait chier !
Puisque je parle de mes déboires d'auteur de BD, voici quelques croquis réalisés dans ce cadre :
14h : Passage à la faculté afin de m’assurer que tout est prêt pour la journée d’étude sur Cavanna que j’organise demain. Je sors rassuré : la salle est réservée et sera opérationnelle. Le technicien m’a demandé si il y avait de la visioconférence de prévue : ma réponse négative lui a fait dire que ce point suffisait à faciliter grandement les choses et que je n’avais donc vraiment pas à m’en faire. J’avais réservé l’après-midi pour m’assurer que tout était son contrôle : ça aura duré moins de temps que prévu… On n’est jamais trop prudent, n’est-ce pas ?
15h30 : Je m’arrête à la médiathèque de Bellevue : de là, je pourrai gagner à pied l’annexe des Beaux-arts, ce qui m’évitera de devoir prendre le bus à l’heure de pointe. La circulation sur l’avenue Le Gorgeu n’a jamais été une partie de plaisir, mais les travaux du tramway en ont fait un vrai cauchemar… Assez vite, je n’ai plus grand-chose à faire, alors je me livre à une activité assez inattendue dans un tel lieu : je dessine. Plus exactement, je repasse au marqueur les lettres de la planche dans l’optique d’un rendu digne de ce nom quand je la ferai scanner. Je crains brièvement qu’on ne me fasse des remarques, mais dans la gigantesque écurie d’Augias qu’est la société actuelle, les médiathèques sont elles-mêmes devenues des fourre-tout où mon activité n’est pas plus incongrue que les cris des enfants…
A ce propos...
21h : Malgré mon obligation de demain matin, je suis quand même venu à la scène ouverte du Café de la plage. Désormais, quand je passe sur scène, je garde mon casque antibruit : ainsi, je suis forcé d’articuler pour m’entendre, on ne peut donc plus me reprocher mon débit oratoire, et je ne suis plus trop perturbé par le brouhaha du public qui a tendance à me freiner dans mon élan. Il faut croire que ça marche car on ne me fait aucune remarque sur la vitesse à laquelle je parle et un musicien se propose de m’accompagne au piano dans un avenir proche : je réponds que je ne suis pas certain de pouvoir caler ma voix sur une musique mais qu’on pourra toujours essayer à l’occasion.
Quelques photos prises lors de la scène ouverte :
22h15 : Épuisé, je suis déjà parti. Arrivé à l’arrêt de bus, je me rends compte qu’il n’y en aura pas avant trois quarts d’heure. Il pleut, il fait nuit, je suis seul comme un chien. J’en ai vraiment ras-le-bol ! Pourquoi les horaires du bus sont-ils fichus ainsi, maintenant ? Il n’y a pas si longtemps, j’arrivais encore à ne pas devoir poireauter aussi longtemps ! Il parait qu’outre la seconde ligne du tram, les travaux visent à mettre en place une ligne de bus à haut niveau de service qui desservira mon quartier : en attendant, ils auraient déjà pu laisser en place la desserte qui existait déjà !
Jeudi 8 février
17h : Je quitte la faculté où la journée d’étude sur Cavanna, organisée sur mon initiative, vient de prendre fin. La fréquentation n’était pas énorme, mais les absents ont toujours tort. De toute façon, l’important n’est pas là : j’ai prouvé que j’étais capable d’organiser un événement et de le mener à bien. Tout s’est passé exactement comme prévu, nous avons même fini à l’heure, ce qui n’est pas si fréquent pour ce genre de manifestation. J’aimerais pouvoir savourer mon succès mais, à peine sorti, je me retrouve sous une pluie battante et mon parapluie est retourné par le vent… Franchement, la nature n’a pas besoin de me rappeler on insignifiance dans les moments où je pourrais m’aventurer à m’imaginer que j’ai de la valeur, la société fait déjà ça très bien ! Que dire de cette journée d’étude en elle-même ? Je l’ai à peine vue passer, tant j’étais concentré sur la bonne tenue de l’événement. Je ne reviendrai pas sur tout ce qui s’est dit, le public aura tout le loisir de le découvrir quand nous publierons les actes.
Quelques dessins qui m'ont été inspirés par les différentes communications : Pascal Tassy est revenu sur les parodies de vulgarisation scientifique écrites par Cavanna, notamment L'aurore de l'humanité.
Monsieur Tassy explique d'ailleurs que ces parodies de vulgarisation scientifique trouvaient place dans un contexte de lutte contre le négationnisme...
Lionel Simonneau a traité de Stop-crève, le combat le plus prométhéen mené par Cavanna...
Magali Coumert a parlé des romans mérovingiens de Cavanna...
Des romans historiques qui faisaient clairement référence à une vision de cette époque héritée de l'école de la IIIe République pour la subvertir...
...ne serait-ce que la notion même "d'invasions barbares" qui sent son racisme à plein nez !
Laurence Dalmon, enfin, est revenue sur Les écritures, véritable machine de guerre littéraire de Cavanna contre les religions. C'est vrai que cette histoire de "Sainte Trinité", je n'ai jamais marché...
Et puisqu'on parle de Cavanna...
Vendredi 9 février
9h20 : Je débarque à l’hôtel Bellevue, qui fut notamment l’établissement où était descendu Jack Kerouac, afin d’y retrouver l’une des intervenantes de la journée d’étude d’hier à laquelle j’ai promis de faire visiter Brest. En attendant qu’elle descende de sa chambre, je feuillette le dernier numéro du Télégramme où j’apprends, entre autres, que le conseil départemental du Finistère a voté le conditionnement du RSA à une activité : personnellement, je n’ai pas trop à m’en faire, il me sera facile de prouver que je ne suis pas inactif, mais je m’inquiète pour celles et ceux qui n’ont pratiquement que les aides sociales pour survivre. En fait, les économies réalisées ont de fortes chances d’être dérisoires pour la collectivité : le cliché du chômeur fainéant et alcoolique qui refuse de travailler pour ne pas perdre le RSA est une caricature qui n’a qu’un lointain rapport avec la réalité. Peu de gens risquent vraiment de tout perdre… Mais il y en aura tout de même quelques-uns qui risqueront de finir à la rue ! En fait, cette réforme est purement symbolique : les aides sociales, c’est comme les retraites, c’est de l’argent qui échappe au capital, et un technocrate comme Macron ne peut pas le supporter, pas plus d’ailleurs qu’un artistocrate comme Maël De Calan ; toucher de l’argent sans rien faire doit rester l’apanage de l’élite, n’est-ce pas ?
9h30 : Ponctuelle, ma visiteuse me rejoint. Je m’improvise ainsi guide touristique pour celle qui n’est autre que « la petite Virginie » que Cavanna avait immortalisée dans Lune de miel ! Elle me pose tellement de questions que je comprends ce que peuvent ressentir les parents sans cesse questionnés par leurs enfants ! Et pourtant, elle pourrait être ma mère : dans un sens, il est plutôt positif qu’à cinquante ans passés, elle garde une curiosité de petite fille… Faut-il y voir une influence de Cavanna dont la curiosité était en éveil permanent ?
13h : Alors que nous nous apprêtons à déjeuner aux Capucins, nous apprenons la mort de Robert Badinter… On retient surtout l’artisan de l’abolition de la peine de mort en France : c’est vrai qu’il fallait déjà un sacré courage pour mettre la guillotine au rencart à cette époque où les Français étaient encore majoritairement favorables à la peine capitale, surtout quand on sait que Giscard a reconnu qu’il ne l’aurait pas abolie s’il avait été réélu en 1981. Mais Badinter, c’était aussi l’artisan de la suppression des tribunaux militaires, cette justice d’exception où l’armée était à la fois juge et partie : Cabu a dit que c’était le seul combat qu’il avait vu aboutir de son vivant. Badinter, enfin, c’était un avocat qui a sauvé la tête de son client non seulement contre la justice française mais aussi contre la vindicte populaire qui réclamait la mort de Patrick Henry, comme si le sang que cet assassin avait déjà versé n’avait pas suffi. Bref, encore un porteur de lumières qui s’en va, laissant la France un peu plus dans les ténèbres… Un bon point quand même : comme ça, on ne parle plus du remaniement ministériel !
17h15 : Après avoir longtemps marché pour faire découvrir Brest à Virginie, je m’arrête, celle-ci venant de me quitter pour regagner son hôtel, au Coco’s bar, un établissement ouvert depuis peu sur la rue de Siam et que je n’avais encore jamais essayé. La salle est vaste et raisonnablement éclairée et il y a des fauteuils confortables : exactement ce qu’il me faut pour me reposer en attendant d’aller à la piscine. J’en profite pour feuilleter Max a une amoureuse que je viens d’acquérir dans l’espoir de l’offrir à un enfant : c’est un peu régressif de ma part, mais j’avoue être plutôt bon client de cette série qui parle de façon assez frontale des questions auxquelles les enfants peuvent être confrontés ; il ne faut pas idéaliser l’enfance, c’est une période de la vie plus angoissante qu’on ne le pense, on devrait oser tout dire aux enfants, les non-dits et les tabous sont souvent plus lourds à porter que la vérité…
18h : Je quitte le bar. Le serveur me reconnaît, il a vu ma photo dans Le Télégramme d’aujourd’hui : je comptais profiter de mon départ pour lui demander s’il ne serait pas intéressé par une animation que je pourrais assurer, mais cette entrée en matière inattendue me déstabilise et je me borne à lui remettre ma carte de visite… Je prends la route de la piscine, avec une motivation mitigée.
19h : Comme prévu, je ne suis pas très en forme pour nager. Je fais cependant de mon mieux, même si ma fatigue aggrave ma difficulté à saisir l’implicite : quand la monitrice me dit « un devant, un derrière », je ne comprends pas qu’elle parle des bras ! Ma patience aussi en a pris un coup : une élève, une jolie noire, me lance « C’est physique, hein ! » Je sais bien que les neurotypiques s’échangent volontiers des banalités pour créer du lien, mais je ne suis pas d’humeur à m’accommoder de cette manie de dire des choses sans intérêt et je l’envoie paître… Et on s’étonne que je sois toujours célibataire.
20h30 : Je me rends au Biorek brestois où les patrons fêtent les deux ans de l’établissement. J’espérais y retrouver une de mes meilleures amies avec ses deux enfants, mais ils sont déjà partis. Petite consolation : il y a une femme d’âge mûr qui connaît mon travail, à laquelle je peux ainsi apprendre la publication de l’article du Télégramme et, par voie de conséquence, la sortie de mon dernier recueil. De toute façon, après toutes les émotions que j’ai eues dernièrement, j’avais besoin du cadre feutré du Biorek pour me réconforter.
Samedi 10 février
15h : Me revoici en ville pour faire scanner cette fameuse planche dont j’ai ré-encré les lettrages. Je tombe sur un os : la boutique est fermée le samedi… Les crétins qui militent pour l’ouverture des magasins le dimanche feraient bien de savoir qu’il est déjà difficile, à Brest, de trouver des commerces ouvert le samedi et le lundi ! Voire des commerces ouverts tout court !
15h10 : Le tramway étant bloqué à cause d’une manifestation de soutien à la Palestine (pas de toute, ça doit faire trembler Tsahal !), je décide de prendre le bus pour monter jusqu’à Bureau Vallée. Mais ma patience atteint déjà ses limites : je ne peux m’empêcher de crier « silence » au couple qui parle fort dans mon dos. Effrayé par mon cri, le mec, visiblement déjà saoul, en fait tomber sa bouteille de vodka, qui se brise et répand une odeur d’alcool répugnante… Quand je monte dans le véhicule, une personne me bloque l’accès : je lui demande sèchement de libérer le passage, ce qui me rend suspect aux yeux du conducteur. Résultat : le type à la vodka, monté peu après moi, raconte je ne sais quoi sur mon compte à ce chauffeur qui y croit comme un seul homme et me menace d’appeler la police si jamais il m’entend encore une fois ! C’est la deuxième fois en un semestre qu’on me traite comme un criminel alors que je ne suis que victime de cette agression permanente que l’on appelle société…
15h15 : J’espérais que le bus desservirait l’arrêt Saint-Michel, ce qui m’approcherait toujours un peu de Bureau Vallée… Mais non ! Aux déviations liées aux travaux s’ajoutent celles provoquées par cette fichue manif : je n’ose pas me renseigner auprès du conducteur et je descends au premier arrêt, aux alentours de la gare. Je saute dans le premier bus qui arrive, lequel ne peut me faire monter plus haut que la station dont je viens déjà : il va donc falloir que je me tape quand même la côte à pied. Quand je pense que j’étais seulement sorti pour faire scanner un dessin et faire imprimer un billet de train…
15h30 : Enfin arrivé à Bureau Vallée, je précise tout de suite à la dame qui m’accueille que je ne saurai pas me servir moi-même de leurs engins et que j’ai donc besoin de son assistance pour scanner un dessin. Un gosse se met à pigner, je ne peux cacher la crispation que cela génère en moi. « Ça arrive que les enfants pleurent » me dit la vendeuse : je lui oppose qu’à leur âge, quand je faisais du bruit, j’étais vertement réprimandé ! Qu’elle ne puisse pas intervenir, je le conçois, mais qu’elle ne me demande pas EN PLUS de le tolérer ! Je crois que je hais notre époque…
15h45 : Ayant enfin obtenu ce que je voulais, je ressens un vif besoin de réconfort : je me rends donc à la boutique de piercing et de tatouage où j’ai l’habitude de me réfugier. Heureusement, je peux compter sur l’écoute de la « meuf » de l’équipe, une fille douce, gentille et compréhensive. On peut être piercée, tatouée et teinte en rose et être douce, gentille et compréhensive : ce n’est pas incompatible, c’est même plus fréquent que chez les dames patronnesses BCBG… Je regrette d’avoir juré de ne jamais me faire tatouer, je suis sûr qu’elle doit traiter si bien ses clients qu’on ne sent même pas la douleur…
19h : Avant de me rendre à la MPT du Valy-Hir où mon ami Miika Bjørn doit chanter, je passe dans un établissement que je ne fréquente plus qu’occasionnellement : la friterie. Je commande un gros cornet : la consommation de frites est devenue exceptionnelle chez moi et j’ai cruellement besoin de réconfort. Je ne peux m’empêcher de culpabiliser, moi dont mes proches affirment que j’avais minci… Il ne faudra pas que je m’étonne si j’ai des boutons au menton demain matin !
19h30 : Je prends le tram. Celui-ci est plein à bloc et ça s’aggrave au niveau du bas de Siam où nous sommes rejoints par une troupe de beaufs qui prennent le véhicule pour une salle de baloche et font un boucan du diable ! Visiblement, il y a un concert à l’Arena : je ne sais pas de qui, mais au vu du public qu’il draine, je me félicite de ne pas y aller ! Jugeant intolérable qu’on fasse autant de bruit dans les transports publics, je réclame le silence : une dame me dit que ces gens ne sont pas agressifs, qu’ils sont enjoués… Mais j’en fiche ! Cette attitude est totalement irrespectueuse des autres voyageurs, je ne vois pas au nom de quoi je devrais la tolérer !
20h15 : Il n’y a pas grand-monde au concert de Miika et il ne faut pas compter sur moi, qui suis épuisé et d’humeur massacrante, pour mettre de l’ambiance ! D’autant que je ne peux m’empêcher de pleurer quand il chante « En cloque » et « Morgane de toi ». Il ne chante pas que du Renaud et j’apprécie l’essentiel de son répertoire… Sauf quand il se met à interpréter « Que je t’aime » ! Non, écouter du Johnny est au-dessus de mes forces : j’en profite pour aller aux WC… Comme quoi, l’expression « Pleure un bon coup, tu pisseras moins » est une belle connerie, comme la plupart des clichés d’ailleurs.
22h10 : Dans le tram, nous avons la visite des contrôleurs : je ne peux m’empêcher de les narguer et de leur faire remarquer qu’on aurait eu besoin d’eux à l’aller pour rappeler à l’ordre tous ces blaireaux qui faisaient du boucan ! Je m’entends rétorquer que s’ils étaient « en règle » (comprenez : en possession d’un titre de transport), ils n’auraient rien pu leur dire… Voilà qui n’arrange pas mon moral quand je me retrouve pour une énième fois dans l’obligation d’attendre le bus pendant quarante minutes ! Je pars demain pour Paris, ce qui m’ennuie profondément : j’espère au moins que les usagers du métro seront aussi calmes que la dernière fois…
L'événement qui me retient à Paris :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
Commençons par un petit dessin que j'ai réalisé pour l'anniversaire d'une amie - j'ai effacé son nom et celui des deux villes qui étaient indiquées sur les panneaux, libre à vous de le réutiliser en le complétant avec le nom d'un de vos proches et les toponymes de votre lieu d'habitation et du sien.
Samedi 27 janvier
14h : Après un vendredi sans histoire, me voici de retour à Guilers pour écouter une conférence sur le passé de cette commune : avec ce que raconte l’oratrice, j’ai largement de quoi alimenter une chronique ou deux. Malheureusement, je n’ai pas trouvé de place au premier rang : ça n’a l’air de rien mais, de ce fait, je suis contraint de me retrouver coincé entre trois personnes, ce qui est déjà oppressant. Pour ne rien arranger, l’assistance ne peut pas s’empêcher de papoter pour un oui ou pour un non ! Et pourtant, du haut de mes 35 ans, je fais figure de bébé dans cette assemblée de seniors ! Et après, ça va se plaindre de n’avoir pas compris ! Le mythe de la sagesse qui vient avec l’âge est une vaste fumisterie !
15h30 : En sortant de la médiathèque, je tombe sur un avis de mariage affiché à l’entrée de la mairie. L’annonce est introduite en des termes bien étranges : « Devant être célébré FORT-DE-FRANCE (Finistère) »… De toute évidence, il y a une rupture de construction et une légère erreur de localisation géographique… À moins que ce soit moi qui ai mal compris quelque chose, mais ça m’étonnerait quand même un peu !
La preuve en image :
Après "entre" figuraient bien évidemment les noms et adresses des mariés : j'ai recadré la photo de façon à ne pas vous les montrer, par respect pour l'intimité de ce couple - auquel je présente tous mes vœux de bonheur.
Dimanche 28 janvier
17h : J’ai profité de ce passage dans la commune de mon enfance pour passer la nuit chez mes parents. Mon père me ramène donc chez moi, dans sa voiture, la radio allumée. Je n’ose pas lui demander de l’éteindre. Au moins, ça me donne l’occasion d’apprendre que Didier Barbelivien présente une émission sur Europe 1 : ce dimanche-là, il recevait un académicien… Il paraît que France Inter est la radio la plus écoutée de France : on se demande bien pourquoi les auditeurs boudent les radios privées !
Lundi 29 janvier
10h45 : Je donne mon sang. Non, je n’en tire aucune gloriole. Je n’ai pas à être fier de ce geste, ça ne fait pas de moi quelqu’un de bien. Je me souviens de cet épisode d’Un gars, une fille où Jean et Alex vont donner leur sang et en tirent un prétexte pour prétendre être des « gens bien » mais refusent de donner l’aumône à un mendiant dans la seconde qui suit… Et puis pourquoi ne rend-t-on pas le don du sang obligatoire ? On fait bien payer des impôts aux gens qui gagnent bien leur vie : pourquoi ne forcerait-on pas les gens bien portants à donner leur sang ? Même les gens non imposables auraient l’occasion de rendre service à la société ! Dites, c’est pas con comme idée, je devrais peut-être la proposer à Raphaël Glucksmann !
Mardi 30 janvier
12h : Déjeuner au Subway avec mon ami correspondant au Télégramme. Le cadre est hideux et bruyant, les sandwiches sont dégueulasses, mais j’ai laissé mon ami choisir l’endroit par égard pour son emploi du temps chargé. Je le revois, entre autres, pour la promo de mon troisième recueil de dessins : un peu de publicité n’est pas de trop ! Il me pose des questions assez pointues, on ne peut pas lui reprocher de faire des efforts sincères pour s’intéresser à ce que font les artistes locaux : je saisis l’occasion pour me livrer comme je ne l’ai jamais fait devant un autre journaliste. Je lui dis franchement que la vocation de dessinateur satiriste m’était venue en voyant les Guignols brocarder les querelles un peu vaines des grands de ce monde et que je ne pensais pas que je devrais, en 2024, commenter des guerres, des pandémies, des triomphes populistes et toute cette crasse qui devrait relever d’un passé révolu depuis longtemps. Sans compter la catastrophe écologique annoncée par-dessus le marché… Peut-on rire de tout ? Oui, mais on n’y est pas obligé si on n’en a pas envie.
15h : Je reçois la visite inopinée d’une représentante de mon bailleur qui profite d’un passage sur site pour m’annoncer qu’un devis a été demandé en vue de la réfection des parties communes, où des crétins ont trouvé spirituel de répandre de la peinture bleue partout, et qu’ils allaient aussi engager un programme de rénovation des « espaces verts » – une appellation pompeuse pour la malheureuse cour qui entoure l’immeuble et où des plantes invasives poussent entre deux amoncellement de détritus… Au moins, en envoyant une lettre pour me plaindre de cet état de fait, je n’aurai pas prêché dans le désert ! Rendez-vous dans un an pour voir si ses belles promesses n’auront pas été du vent…
Portrait d'une petite fille, réalisé pour faire une surprise à ses parents :
Mercredi 31 janvier
10h : Désespérant d’y parvenir chez moi, je fais scanner ma dernière planche dans une boutique spécialisée. La jeune femme qui me prend en charge s’est trompée de type de fichier : elle me demande donc de « la lui repasser » ; pensant qu’elle parle de ma clé USB, je me mets à la fouiller compulsivement ma sacoche pour la retrouver : la demoiselle me dit donc qu’elle parlait de ma planche, qu’elle venait de restituer ! La clé, elle l’avait toujours ! Et oui, mentalement, j’étais déjà prêt à partir : ma difficulté à saisir l’implicite, qui est un trait autistique courant, a fait le reste. Cette anecdote n’est pas glorieuse, mais je tiens à l’opposer à celles et ceux qui seraient tentés de penser que je joue la comédie…
15h30 : J’arrive à la médiathèque de Bellevue pour y travailler dans le calme en attendant l’heure du cours du soir. Je dois déchanter : le mercredi, les minuscules sont là pour faire des activités et il ne faut compter ni sur les animateurs ni sur les bibliothécaires pour demander le silence à ces chers petits ! Bref, c’est l’enfer. Je ne suis pas du genre à vivre dans le passé, mais ça me rend nostalgique de l’époque où le silence était de rigueur dans ce qu’on appelait encore des bibliothèques et où les gosses n’avaient pas tous les droits…
Comme chaque mercredi soir, j'étais au cours de dessin ; nous avions un modèle pour faire du croquis de nu, en voici un aperçu :
Jeudi 1er février
12h : J’apprends que pour prendre la mesure de la flambée des prix, Gabriel Attal va visiter un supermarché… En compagnie d’un traducteur ! Le premier ministre a besoin d’un interprète pour explorer un endroit où les Français moyens vont faire leurs courses ! Je mettrais ça dans un dessin, tout le monde dirait que j’exagère ! Chers parents, votre ado est un branleur qui ne veut même pas aller faire une course au Leclerc du coin ? Ne vous inquiétez pas pour son avenir, il a le niveau pour devenir chef de gouvernement !
22h20 : Après un passage à la scène ouverte de La Raskette, où je n’étais pas venu depuis longtemps, j’arrive sur la place de la Liberté afin d’y prendre le bus pour Lambé… Qui ne passera que dans quarante minutes. Je récapitule : j’ai sué sang et eau pour un rendez-vous auquel la personne que j’attendais n’est pas venue, j’ai été lamentable sur scène, je n’ai pas eu un seul client pour les caricatures, et, pour couronner le tout, je me retrouve ENCORE à attendre le bus en pleine nuit, seul comme un chien ! On n’arrête pas de me dire « Savoure l’instant présent ». Et bien il a un goût de merde, l’instant présent !
Quelques croquis exécutés lors de cette scène ouverte :
Vendredi 2 février
17h : Je quitte le café de la librairie Dialogues où j’avais rendez-vous avec une acheteuse : j’ai deux heures à tuer avant le cours de natation, je me dis que je peux aller à pied jusqu’à la piscine. Mais alors que j’ai déjà la tête dans les nuages, un objet non identifié éclate à mes pieds ! Je hurle de terreur et tourne la tête : j’ai tout juste le temps d’apercevoir, avant qu’ils ne s’enfuient sans demander leur reste, les deux jeunes crétins qui m’ont jeté un pétard… Quick et Flupke dans les BD d’Hergé, c’était assez drôle : dans la vraie vie, c’est moyennement drôle !
Terminons avec un événement que j'organise la semaine prochaine pour faire vivre la mémoire de Cavanna qui nous a quittés il y a déjà dix ans :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
Commençons par ce qui a fait la une de la presse cette semaine :
Vendredi 19 janvier
16h : Je reçois la visite d’une enseignante dont j’ai été l’élève en quatrième : en dépit du fait que ce fut la pire année de ma vie, je tiens à garder le contact avec cette dame contre laquelle je n’ai jamais eu de grief particulier, bien au contraire. Je suis néanmoins très surpris de l’entendre me dire qu’elle ne garde pas de moi le souvenir d’un élève désagréable ! Il faut dire que je n’entendais parler de moi que pour dire que j’étais la source de tous les problèmes de la classe, discours tenu par la quasi-totalité de mes « camarades » et corroboré par certains collègues de cette dame qui auraient probablement demandé mon exclusion si j’avais été diagnostiqué à l’époque ! Beaucoup témoins de l’époque me contredisent quand je soutiens cette idée : ils ont oublié que la connaissance de l’autisme n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui ! Il y a vingt ans, exclure de l’école un enfant autiste dont la présence « posait problème » ne choquait personne. Aujourd’hui, il est vrai, ça ferait scandale ! Enfin… Je suppose ?
19h : À la piscine, la monitrice habituelle est absente et remplacée par un de ses collègues : ça suffit déjà à me mettre mal à l’aise. Ce sympathique jeune homme n’arrange rien quand il nous donne la consigne de faire une longueur en s’accrochant au mur de la piscine : pour moi qui ai déjà pris l’habitude de nager avec mes palmes pour toute assistance, ce mot d’ordre censé faciliter l’apprentissage ne fait que me rendre la chose plus complexe ! J’ai l’impression de vivre cette BD où Hugot imagine un monde où on recommence ses études à zéro après les avoir terminées, de sorte que des adultes bardés de diplômes doivent retourner à l’école primaire… Et se révèlent incapables de trouver la solution d’une addition très simple, le souvenir de leurs leçons d’enfance étant enfoui sous celui, plus frais, des formules autrement plus élaborées qu’ils ont apprises récemment ! Hugot n’est certes pas mon auteur préféré de Fluide Glacial, mais il a des trouvailles brillantes qui, sous des airs absurdes et poétiques, en disent en fait beaucoup sur la société…
Un autre taillage de costard à Sophie Davant, assorti d'un hommage au grand Gustave Courbet :
Samedi 20 janvier
11h30 : Dans le fourgon d’un ami qui a bien voulu m’aider à ramener de Guilers des affaires assez lourdes que j’avais laissées chez mes parents, nous en arrivons à échanger à propos de la photo où je prends la même pose que sur l’affiche du Journal de Bridget Jones, ce qui nous amène à parler de Renée Zellweger que je trouve charmante mais qui, me dit mon camarade, n’est pas forcément très séduisante dans le film… Mine de rien, ce dialogue me fait réaliser une chose : on a réussi à convaincre les moins superficiels d’entre nous que l’équation « beau = gentil et laid = méchant » n’est pas pertinente, mais il y a encore du boulot pour venir à bout de l’équation « extrêmement beau = toujours digne et moyennement beau = potentiellement ridicule ». Bien sûr, il y a des exceptions, comme chez les Frères Coen qui ont fait jouer un rôle d’imbécile heureux à George Clooney mais, globalement, un héros ou une héroïne inspirant le respect est toujours beau comme un dieu (ou une déesse) tandis qu’un personnage ridicule sera, au mieux, vaguement joli. Il faudrait sortir de ça ! Franchement, ça ne me déplairait pas de voir Angelina Jolie se prendre les pieds dans le tapis, ne serait-ce que parce que je n’ai jamais pu saquer cette m’as-tu-vu !
15h : Je débarque chez Pod pour lui livrer son exemplaire de mon dernier album ; mais ce coquin ne m’avait pas prévenu que c’était aujourd’hui l’inauguration d’une nouvelle exposition à la galerie ! Résultat, moi qui venais simplement apporter un livre, je me retrouve à étouffer dans un groupe de gens inconnus et bavards… L’expo présente des photos un peu spéciales : des femmes se sont fait peindre sur tout le corps puis se sont fait photographier avec leur peinture pour tout vêtement ! Je remarque qu’elles ont à peu près toutes le pubis rasé : moi qui croyait que les Goristes exagéraient quand ils chantaient l’extinction programmée des morpions ! La photographe me remarque : elle ne me connaît pas mais dit qu’elle peut me renseigner ; je lui donne ma carte de visite : elle me présente à son mari qui, ça ne rate pas, me demande mon avis. Il y a des jours où je me demande si je ne devrai pas taire mon doctorat en philosophie quand je me présente… J’improvise donc un baratin sur les peintures qui révèlent une part de la personnalité tout en révélant une, et tout le tralala que je peux sortir pour avoir l’air intelligent, moi qui aimerais tant pouvoir me contenter de dire d’une photo qu’elle est belle… Bon, j’arrive quand même à livrer Pod, c’est le principal !
17h : Conférence à la MPT de Saint-Pierre, consacrée aux chansons sur Brest depuis l’avant-guerre jusqu’à nos jours. J’avoue que je n’étais pas certain que j’y trouverais matière pour ma chronique histoire : finalement, j’y découvre pas mal de chose à raconter puisque je n’avais pas réalisé, jusqu’alors, que des chansons telles que « Le crime de la rue Suffren » ou « La complainte de Jean Quéméneur » étaient autant d’expression du mépris que la rive gauche avait pour la rive droite, perçue comme un quartier d’ouvriers analphabètes, alcooliques et cocus ! Après la guerre, on n’a plus chanté Brest que pour exprimer le traumatisme des bombardements : le renouveau n’est venu que dans les années 1990 avec les Goritstes (comment ça, « encore eux » ?) et « La Penfeld aux Brestois » où, enfin, Brest se projetait dans l’avenir. La conférence a drainé beaucoup de monde et l’orateur invite le public à chanter en chœur quand il nous fait écouter les chansons qu’il cite en exemples : à ce moment-là, je mets mon casque anti-bruit et je gribouille un dessin illustrant la chanson concernée. Je reviens ainsi avec un dessin pour chaque chanson, sauf pour « Brest » de Miossec car la version qu’il nous bombarde sans sommation est celle de Nolwenn Leroy qui ne m’a rien inspiré d’autre, si ce n’est l’envie de représenter cette greluche made in TF1 dans la même situation qu’Assurancetourix à chaque banquet, ce qui m’aurait éloigné du sujet.
Voici les dessins en question. Si vous ne connaissez pas les chansons, cliquez sur ce lien pour les écouter.
19h30 : Dans notre série « Quand c’est bien, il faut le dire », je dois admettre que, pour une fois, les correspondances se goupillent bien sur mon trajet entre Saint-Pierre et Lambé : bon, d’accord, j’ai dû courir deux fois, mais j’aime mieux ça que devoir attendre une demi-heure dans la fraîcheur nocturne ! Au final, je ne mets pas plus d’une heure pour traverser toute la ville : ce serait un retour parfait s’il n’y avait pas, une fois de plus, un crétin qui impose sa musique aux autres voyageurs ! Bibus semble avoir déposé les armes face à cette attitude incivique devenue trop fréquente… La connerie nous a toujours à l’usure !
Dimanche 21 janvier
10h : Passage à la boulangerie pour acheter du pain et une galette des rois en prévision du passage d’un couple d’amis et de leur petite fille. Je surprends ainsi une discussion sur les jeunes qui, dit-on, ne voudraient plus travailler, auxquels on ne peut plus demander de faire d’effort… J’ai l’impression qu’on entendait déjà cette rengaine à l’époque où mes parents étaient encore adolescents ! Je préfère ne pas intervenir.
16h : Mes amis sont là avec leur fillette, qui a elle aussi des traits autistiques : je lui acheté à son attention deux livres des Monsieur-Madame, à savoir Monsieur Silence, pour des raisons évidentes, mais aussi Les Monsieur-Madame au festival, où Madame Risette joue pour Madame Timide le rôle de « l’ami-paravent » qui est souvent capital pour aider une personne autiste à aller là où elle n’oserait aller… Sincèrement, plus je connais les Monsieur-Madame, plus je me demande pourquoi on a fait des livres « pour adultes » avec eux, alors que leurs histoires destinées aux enfants sont déjà parlantes à tout âge ! Quoi qu’il en soit, le père de cette demoiselle, qui est en reprise d’étude, m’en apprend une belle : il a réussi à avoir une mauvaise note pour un devoir… Qu’il avait fait faire par une intelligence artificielle ! Alors qu’il avait eu de meilleures notes pour des travaux qu’il avait exécutés lui-même ! Dans un sens, c’est rassurant : la machine ne supplantera l’homme que le jour où elle sera vraiment infaillible et ça, ce n’est pas demain la veille !
21h : Avant de me coucher, j’ai vent de la polémique concernant Sylvain Tesson… Je n’ai jamais rien lu de ce type, je ne peux donc pas me prononcer pour savoir si ce choix est pertinent. La seule chose dont je suis sûr, c’est que les écrivains qui se sont empressés de crier haro dans Libération ont fait exactement ce que l’extrême-droite attendait d’eux, à savoir fournir un prétexte en béton armé pour présenter les ennemis du fascisme comme des bourgeois méprisants ! Le pire, c’est que moi-même, je préfère encore cette caricature à celle en punks à chien qui circule également… Il fut un temps où être antifasciste n’était pas si difficile, tout de même.
Quelques portraits de proches, réalisés pour le plaisir :
Ce dessin représentant une jeune chanteuse de mes amies m'a servi de visuel pour une vidéo mettant en valeur son immense talent :
Lundi 22 janvier
10h30 : Entrevue avec mon prof d’EPS de terminale, lui aussi commanditaire de mon album. Nous parlons de choses et d’autres et notamment de son épouse prof (comment ça, ça ne vous surprend pas ?) de littérature (comment ça, ça vous étonne ?) : monsieur est à la retraite depuis déjà un an et demi, madame le sera dans quelques mois et d’ici là… On lui demande toujours de faire des remplacements dans d’autres établissements, même si c’est à l’autre bout de la France ! Pardon, on ne lui demande pas : on lui ordonne… Voilà comment on remercie les enseignants en fin de carrière : en les traitant aussi mal que des profs débutants ! Et on s’étonne qu’il y ait carence de vocations…
17h30 : Passage chez un ami qui me dépanne en me cédant un chargeur de téléphone portable. Un service en valant un autre, il me demande de l’aider à le débarrasser d’une enceinte sans fil : hors de question de garder pour moi cette invention du diable ! Je garde en travers de la gorge toutes les fois où j’avais voulu chercher le calme au bois et où il s’est trouvé au moins un cas social pour me casser les oreilles (sans parler d’autre chose) en me crachant sa musique de merde au moyen de cet engin de malheur ! J’emporte donc l’appareil, bien décidé à trouver quelqu’un qui en voudrait bien : après tout, je le donne gratuitement ! N’empêche que je me sens un peu humilié d’avoir ça dans la main : qu’est-ce qu’il ne faut pas faire par amitié !
Mardi 23 janvier
11h30 : Repérages à l’auberge de jeunesse où je dois exposer mes travaux en mars prochain ; comme l’espace a une capacité largement supérieure à ce que je peux présenter, je le partagerai avec mon amie peintre Soraya. La grosse différence entre mon travail et le sien, c’est que j’envisage le dessin comme une écriture et que mes productions n’ont donc pas besoin, pour être mises en valeur, d’un éclairage ou d’un encadrement particulier, contrairement aux toiles de Soraya qui nécessitent, en vue de leur installation, une réflexion sans doute légitime mais qui, pour un observateur extérieur, pourrait passer pour du chipotage ! Moi-même, j’avoue que devant les tergiversations de mon amie, je ne suis pas loin de ressentir le même effarement qui me venait jadis quand j’allais dans les magasins de vêtements en traînant la patte, contraint et forcé par ma mère et faisant tout pour écourter cette corvée, tandis que ma sœur passait des heures à comparer les fringues entre elles…
12h30 : N’ayant pas beaucoup de temps devant moi et le Biorek étant fermé, je m’arrête à la Brioche dorée : il y a une file d’attente conséquente, ce qui suffit déjà à me mettre mal à l’aise, mais je pourrais encore m’en accommoder si la serveuse, ayant pris ma commande, ne me proposait pas de me garder mon toasté au chaud jusqu’à ce que je passe à la caisse en ajoutant la maudite formule : « c’est comme vous voulez » ! Cette petite phrase a le don de me déstabiliser ! Mais faites comme il est d’usage et arrêter de me demander mon avis d’ignorant, bon sang de bois !
13h15 : J’ai reçu un coup de fil, mais dans le brouhaha de la ville, il m’a été impossible d’entendre quoi que ce soit au message laissé par mon correspondant. Je le rappelle donc dans le seul endroit où je peux espérer trouver du silence hormis mon propre logement : les toilettes du cabinet de mon médecin ! Je ne sais pas qui a eu cette idée folle, un jour, d’inventer le téléphone portable puis de le généraliser, mais une chose est sûre : ce type-là ne devait pas fréquenter de personnes souffrant d’hyperacousie…
Ce dessin rend hommage à Cavanna qui nous a quitté il y a dix ans : il m'a servi de visuel pour un événement dont je vous reparlerai bientôt...
Mercredi 24 janvier
9h30 : Voir les Allemands se mobiliser contre l’extrême-droite, ça devrait me rassurer. Mais si même cette nation, qui n’a pourtant aucune excuse pour ignorer à quelles horreurs mènent les idées nationalistes, a cependant besoin de lutter contre la peste brune, ça ne me dit rien qui vaille… Je suis à bout de nerfs et ce n’est pas le climat ambiant qui va m’aider !
14h30 : Je relève mes messages ; j’ai un rendez-vous qui risque de sauter parce que ma commanditaire craint de ne pas pouvoir prendre la route pour Brest à cause des barrages des agriculteurs… Chaque fois que j’ai vent d’un renoncement motivé par ce qui a été annoncé dans le poste, que ce soit une épidémie, une grève ou une tempête, je ne peux m’empêcher de repenser à ces gens qui se sont rués dans les magasins pour faire des stocks en prévision… De la guerre du Golfe en 1990 ! S’il y avait dû avoir une catastrophe à chaque fois que les médias nous en ont annoncé une ces trente dernières années, nous serions déjà tous morts à l’heure qu’il est ! Bon, je n’insiste cependant pas auprès de mon acheteuse : le client est roi !
Jeudi 25 janvier
18h : Conférence de Jacques Le Goualher sur « la Consulaire », ce canon algérien exposé en plein cœur de l’Arsenal de Brest et que l’on peut apercevoir facilement en prenant le téléphérique : mine de rien, on a dit beaucoup de bêtises à son sujet… Moi le premier ! J’envisage donc sérieusement d’écrire une série d’articles pour remettre la vérité sur ses pattes ! En attendant, je me dois de signaler un détail important : certes, le canon est bien surmonté d’une statue de coq posant la patte sur une sphère MAIS celle-ci ne représente pas le globe terrestre comme on le prétend trop souvent : c’est un simple boulet de canon ; en d’autres termes, ce coq métallique consacre le fait que le canon tant redouté a été rendu inoffensif mais il n’exalte pas le colonialisme français – déjà amplement valorisé par les plaques ornant le socle, il faut bien l’admettre. La conférence est excellente, mais très longue : une heure et demie ! Je suis sûr que ce professeur en retraite aurait pu être plus synthétique, même si je ne peux pas lui tenir rigueur d’avoir voulu s’étendre sur un sujet qui a toutes les raisons de le passionner…
20h : Du fait de la longueur de la conférence, j’arrive en retard à la scène ouverte organisée au Kafkerin, premier événement de l’année du Collectif Synergie. Je change un peu mes habitudes : je ne me contente pas de déclamer mes propres textes, je propose aussi quelques chansons qu’il serait injuste d’oublier comme « Caca chocolat » du professeur Choron et « J’m’en fous de la France » de Maxime Le Forestier. Mine de rien, la fréquentation est bonne ce soir et nous n’avons pas de mal à trouver des volontaires pour passer sur scène. Je passerais une bonne soirée s’il n’y avait pas ces jeunes garçons lourdement handicapés dont la présence me met mal à l’aise : j’ai peur d’être assimilé à eux… Mais j’ai honte de l’avouer !
Quelques croquis réalisés lors de cette soirée très réussie :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
Vendredi 12 janvier
16h : Passage en centre-ville pour remettre quelque chose à ma petite sœur. Il y a beaucoup de monde en ville, je suis un peu surpris, mais l’explication vient rapidement : ce sont les soldes ! Je repense à l’époque où ma mère me traînait dans les magasins pour m’acheter des fringues et je me dis que les nostalgiques de l’enfance sont vieux et amnésiques…
16h30 : Je ne peux m’attarder chez ma sœur qui a un rendez-vous important. Elle a quand même le temps de m’apprendre qu’elle n’aime pas Jacques Dutronc. Un peu étonné, je lui demande pourquoi : elle me répond que c’est parce qu’il soutient Depardieu ! C’est vrai que c’est difficilement défendable, même si ça ne m’étonne qu’à moitié de la part d’un je-m’en-foutiste professionnel comme Dutronc. Maintenant, s’il faut se priver de tous les artistes qui prennent des positions discutables, il ne va pas nous rester grand’ chose. D’un autre côté, je serais mal placé pour reprocher son attitude à ma sœur car, pour ma part, c’est Françoise Hardy que j’ai tendance à bouder, même si je reconnais depuis peu qu’elle mérite peut-être que l’on garde d’elle un meilleur souvenir que celui d’une vieille peau qui a eu peur de François Hollande !
17h30 : En attendant l’heure d’aller à la piscine, je rends une petite visite à mes amis de la boutique de tatouages et de piercings. Le perceur de la maison a une sacrée surprise : il reçoit un coup de fil d’Europe 2, on l’interroge sur son métier et ce bref entretien téléphonique sera probablement diffusé à la radio ! C’est le genre d’événement auquel il n’est pas donné tous les jours d’assister tous les jours, même s’il n’y a pas de quoi se laisser impressionner.
Samedi 13 janvier
10h20 : Je débarque au Patronage Laïque de Lambézellec pour livrer mon recueil de dessins à un commanditaire. Celui-ci fait partie de l’association Asperansa qui est justement en réunion dans ces murs. À ma grande surprise, ses camarades décident subitement presque tous de m’acheter un recueil à leur tour ! Je décroche cinq commandes d’un seul coup, moi qui ai habituellement tant de mal à placer mes recueils ! Décidément, il n’y a pas de règle absolue pour réussir une vente et les « professionnels » du marketing qui vous prétendront le contraire sont des menteurs – mais ça, je m’en doutais déjà avant.
10h40 : Avant de récupérer chez moi les cinq exemplaires que j’ai promis à ces messieurs-dames, je m’arrête dans un bar-tabac pour faire de la monnaie, conscient que je risque d’en avoir besoin pour me faire payer mes livres. Pour éviter de rééditer la mésaventure du tout début d’année, avec la buraliste revêche qui n’avait jamais rencontré de personne avec autisme, je décide d’acheter un Banco. Surprise : je gagne deux euros ! Je décide aussitôt d’en profiter pour récupérer l’euro que ce ticket m’a coûté et en acheter un autre. Re-surprise : je gagne à nouveau deux euros ! Je récupère donc un autre euro et achète un autre ticket. Vous connaissez le proverbe « Jamais deux sans trois » ? Et bien c’est de la connerie : cette fois, je ne gagne rien. Mais je n’en ai cure, vu que je n’ai rien perdu et que je suis même bénéficiaire ! N’empêche que pour moi qui, d’habitude, ne joue jamais, c’est assez incroyable !
11h20 : Retour au PL Lambé : je ne comptais pas perturber la réunion de ces messieurs-dames, mais à peine suis-je entré qu’ils m’invitent à m’asseoir. Et dès que je suis assis avec mes livres en main, ils m’assaillent littéralement ! Je repense à l’excellente Sara Mortensen quand elle joue Astrid tournant de l’œil lorsqu’une meute de journalistes avides de scoop se jette sur elle : je ressens à peu près la même sensation et je me dis que pour des gens censés savoir ce qu’est l’autisme, mes hôtes ne font pas preuve d’une finesse excessive… Je réussis néanmoins à vendre et à dédicacer six exemplaires (j’avais apporté un peu de rab au cas où). Avant de partir, je demande le nom d’un enfant que j’identifie comme une petite fille et qui se trouve dans la salle : on me répond que c’est un garçon et que je peux le lui demander directement… Voilà typiquement le genre de maladresse que je commets au quotidien !
15h : Je reçois un photographe qui a accepté de se déplacer chez moi pour composer avec moi une parodie de la fameuse affiche du Journal de Bridget Jones : je n’ai certes pas le sex-appeal de Renée Zellweger, mais c’est justement ce qui rend le pastiche intéressant. J’ai bien entendu pris soin de dégager mon salon afin qu’il ait l’espace nécessaire pour installer son matériel. Mais même avec ça, il a un peu de mal à trouver un point de vue assez élevé pour me photographier en contre-plongée ! Le seul escabeau dont je dispose n’est pas spécialement gigantesque, il pense même un instant à s’installer carrément sur le rebord de la fenêtre ! Heureusement, il finit par trouver le bon angle et n’a donc pas besoin d’en arriver à cette extrémité dangereuse. C’est à ce moment-là que ça devient compliqué pour moi : la pose n’est pas confortable, il faut avoir à la fois les jambes croisées, le buste penché vers l’avant et la tête dressée vers le plafond, le tout en maintenant l’expression étrange de la charmante Bridget… Ce n’est pas si facile de faire le mannequin, en définitive ! Bon, nous y arrivons quand même…
Voici le résultat, le nouveau visuel de ce blog et, j'espère, la couverture du livre quand il verra le jour :
Dans le même ordre d'idées, voici le nouveau visuel de la page d'accueil de mon site :
19h : Je passe retirer ma commande à la pizzeria du coin. Le serveur, qui me reconnaît, me rend un billet de dix euros que j’avais fait tomber en venant commander : il me dit que ça mériterait bien que je lui fasse sa caricature ! Un peu surpris, je lui demande comment il sait que je fais ça alors que je ne lui en avais jamais parlé : il me répond que lui et ses collègues ont lu un article sur moi et qu’ils savent tous qui je suis… Je rentre chez moi, quelque peu dérouté.
Dimanche 14 janvier
15h : J’ai un peu de mal à me motiver pour dessiner, mais il faut quand même je le fasse. Alors je me connecte à la plateforme France.tv, histoire de me passer, tout en travaillant, quelques épisodes d’Astrid et Raphaëlle. Ça me permet de tomber sur la dernière trouvaille de la télévision publique française : Un gars, une fille 25 ans après ! Mais n’espérez pas retrouver Jean Dujardin ni la ravissante Alexandra Lamy : il s’agit d’un autre couple, qui doit réapprendre à vivre à deux après le départ des enfants… Après Un gars, une fille au pluriel, il se confirme que l’imagination devient une denrée aussi rare que le steak de diplodocus ! À quand Un gars, une fille au singulier avec un mec qui discuterait avec la nana en poster sur laquelle il se branle et Un gars, une fille 50 ans après qui raconterait les amours et les disputes d’un couple en fin de vie dans leur EHPAD ? Ils sont capables de le faire, vous verrez !
Ce que j'ai réussi à produire ce dimanche. D'abord, une peinture "automatique" :
Deux dessins pour tailler un costard à une de mes têtes de turc préférées :
Deux caricatures de personnes proches (n'essayez pas de voir qui c'est) :
Une parodie du tableau de Degas avec Evariste de Valernes, mettant en scène un ami psychologue :
Une autre "peinture automatique" :
19h : Je tombe sur un article consacré à ces descendants d’immigrés marocains qui décident de quitter la France et de s’installer au pays de leurs ancêtres. Il fallait s’y attendre ! À force de s’entendre traiter d’étrangers alors qu’ils sont nés dans l’Hexagone et d’être accusés de tous les maux de la société, ils finissent par prendre tout ça au mot et par foutre le camp ! J’ai déjà l’idée d’une mini-BD où trois gros beaufs racistes décideraient de fêter ça, puis se rendraient compte qu’ils sont désormais privés des services que leur rendaient ces fils d’immigrés, au point de se dire « Merde, on s’est encore fait avoir ! » Et oui, mettez-vous bien ça dans le crâne : la xénophobie n'est PAS une idéologie populaire ! Si un gouvernement aussi antisocial que celui dont nous subissons actuellement l’autorité ne voit aucun inconvénient à appliquer les idées du RN en matière d’immigration, c’est bien la preuve que celles-ci ne sont pas destinées à nous faire plaisir ! Si le racisme dérangeait vraiment les puissants, ils ne seraient pas les premiers à le pratiquer ! Il serait grand temps de se mettre ça dans la tête !
Lundi 15 janvier
12h : Je suis au Beaj Kafé pour la journée ; j’ai quelques travaux d’écriture sur lesquels je souhaiterais avancer. Je déjeune naturellement sur place : en attendant mon tour de commander (ça se fait au comptoir), je jette un œil sur la presse. J’apprends ainsi que Trump s’envole dans les sondages alors qu’il est menacé d’inéligibilité, que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, que Le Pen réplique à la nomination d’Attal en proposant déjà Matignon à Bardella… On avait beaucoup parlé du « monde d’après » pendant le Covid ; plus récemment, en m’adressant ses vœux, une amie m’avait dit qu’elle espérait que l’année nouvelle serait bonne aussi pour la planète… Putain, c’est pas gagné ! Et on s’étonne que je ne sorte plus de ma bulle qu’en rechignant…
Mardi 16 janvier
10h : Il faut que j’avance sur une BD qu’on m’a commandée. Avant de m’y mettre, je sors prendre l’air au bois de la Brasserie. Théoriquement, l’accès à cet espace vert est interdit en raison des dégâts dus à la tempête Ciaran : seulement voilà, il n’y a pas de grillage, il n’y pas non plus de cerbère pour interdire l’entrée, je vois même un petit vieux qui promène son chien… Alors tant pis, je passe outre ! Au final, je ne croise personne m’ordonnant de faire demi-tour et, de toute façon, là où les arbres déracinés m’empêchent vraiment de poursuivre mon chemin, je ne suis pas assez stupide pour m’amuser à les escalader ! Avec le recul, je regrette de ne pas avoir la même attitude pendant le confinement : je n’ai jamais été contrôlé, alors m’aurait-on vraiment empêché de m’oxygéner au-delà de la malheureuse heure qui nous était officiellement allouée ? Plus ça va et moins je me plie aux règles : je finirai vieillard indigne !
17h15 : Je me rends à la MJC de L’Hareloire ; ce n’était pas vraiment prévu, mais une jeune admiratrice m’a proposé de venir la rejoindre et il m’aurait paru inconvenant de refuser. Ça débute mal car le hall d’entrée est occupé par une marmaille bruyante… Nous finissons quand même par pouvoir monter à l’étage où nous attend un spectacle assez singulier : une conteuse sourde et muette ! Bien sûr, son récit en langue des signes est traduit par une interprète, ce qui permet aux béotiens dont je fais partie de suivre l’histoire malgré tout. Mais j’ai un mal de chien à me focaliser sur ses gestes ET sur la traduction en même temps : la langue des signes nécessite un apprentissage et une expérience qui ne s’acquiert pas en un jour… Elle nous raconte « La petite sirène » : il est logique que l’histoire de cette pauvre créature qui se retrouve privée sa voix soit parlante (hum !) pour une personne sourde-muette… Mais au final, ce qui me marque le plus, c’est la salle dans laquelle nous nous trouvons, que je trouve assez bien foutue pour une salle de MJC ! Étant plutôt habitué à trouver, dans les bâtiments de ce genre, des salles miteuses à l’acoustique minable, je suis agréablement surpris d’y trouver une vraie scène et une acoustique tout à fait convenable, ça pourrait être un lieu valorisant pour les artistes que je fréquente…
18h : Une fois le spectacle terminé, nous jetons un œil à l’exposition de croquis de modèles vivants installés au deuxième étage : étant maintenant habitué à ce genre d’exercice, je regarde d’un œil blasé ces esquisses réalisées par des particuliers pour qui le dessin n’est qu’un loisir comme pourrait l’être le tricot ou le handball… Des verres sont installés en vue d’un vernissage, mais ni moi ni ma compagne n’avons envie de nous attarder en compagnie de gens que nous ne connaissons pas. Nous partons assez vite, avec pour principale satisfaction la joie de nous être revus.
Mercredi 17 janvier
10h45 : Il fait un temps de chien, mais je suis tout de même sorti pour faire quelques courses en ville avant la présentation de Voyage en Normalaisie prévue pour ce soir au Beaj Kafé. Alors que je me dirige vers une boutique d’impression, je croise un couple qui me reconnaît : ils sont bénévoles au Kafkérin, ce qui me fait, je l’avoue honteusement, une belle jambe. Dans l’absolu, il est déjà normal que je n’identifie pas des gens que je suis habitué à rencontrer dans un autre contexte ; mais je dois avouer que quand je me rends au Kafkérin, c’est généralement pour assister (et, surtout, participer) aux événements du Collectif Synergie, je prête donc plus attention à mes camarades artistes qu’aux individus qui tiennent l’établissement… Le couple m’annonce qu’ils vont bientôt devenir parents : on nous rebat les oreilles de la natalité française qui serait en berne, mais visiblement, il y a encore des gens qui sont prêts à faire des enfants dans ce monde horrible… Mais même si nous vivions dans un monde meilleur et si je n’étais pas célibataire, je ne suis pas sûr que j’aurais envie d’avoir une descendance : je ne veux pas faire les sacrifices auxquels mes parents ont consenti, je ne veux pas me mettre à voir des pédophiles partout, je ne veux pas qu’on me fasse des reproches sans arrêt, que ce soit pour mon manque d’implication ou, au contraire, parce que je les couverais trop… Bref, j’hésite à adresser à ce couple des félicitations qui me sembleraient incongrues, vu que leur état est quand même commun à des millions de personnes dans le monde et que le premier cas social venu peut se reproduire ! Mais quand ils me précisent qu’ils attendent des jumeaux (je me disais aussi que le ventre de madame était déjà bien avancé pour une femme enceinte de seulement trois mois), je me sens obligé de leur souhaiter bon courage… Est-ce inapproprié ? Peut-être car ils n’en ont sûrement pas besoin : le simple fait d’avoir décidé de garder les enfants est une preuve de courage…
10h50 : À la boutique d’impression, la machine fait des siennes et je suis obligé de déranger la patronne qui est déjà bien embêtée – elle a annoncé qu’elle allait fermer à l’heure de midi, ce qui est inhabituel, j’imagine qu’elle fait face à l’absence de son employée. Je sens une certaine tension, aggravée par ma propre impatience… Je ne suis pas au bout de mes allers-retours, la pluie battante semble partie pour persister toute la journée et je suis déjà à bout de nerfs !
11h30 : De passage au Leclerc de la rue Jean Jaurès, je jette un coup d’œil sur les quotidiens du jour : j’apprends ainsi les dernières annonces de Macron… Heureusement qu’on a un président jeune et moderne : déjà qu’il annonce le retour du port de l’uniforme à l’école, qu’est-ce que ce serait s’il était vieux et réac ! Sans compter qu’il va de soi que ça va résoudre tous les problèmes de l’école : dès qu’ils seront tous habillés pareils, les gosses auront tous des bonnes notes et ne se mettront plus à quinze pour harceler un camarade jusqu’à ce qu’il se suicide, c’est évident ! Et une raison de plus pour ne pas vouloir se reproduire, une !
19h : Comme prévu, je suis au Beaj Kafé pour présenter mon livre. Si j’étais un imbécile heureux obscènement positif, je vous dirais que nous avons eu des échanges passionnants, que ce fut un moment privilégié, et gnagnagni et gnagnagna ! Mais j’ai passé l’âge de ce genre de consolations romantiques. La vérité, c’est qu’il n’y a eu que six personnes pour venir m’écouter, que je n’ai vendu que deux livres et que je me suis couvert de ridicule en me versant de l’eau À CÔTÉ du verre, occasionnant une crise rendue inévitable pour mon état de fatigue… C’est ce qu’on appelle une soirée oubliable ! Je ressors avec une certaine amertume… Pour ne rien arranger, le professeur Planche, qui a eu la gentillesse de venir m’épauler au cas où on me poserait une question un peu trop pointue sur l’autisme, m’a révélé une annonce de Macron à laquelle j’avais échappé : le congé parental va être supprimé au profit d’un « congé naissance » qui ne durera que six mois… Visiblement, notre président n’est pas pressé de relancer la natalité ! Le pire, c’est que je n’ose même pas le lui reprocher : une natalité abondante est une calamité en Afrique, pourquoi ce serait une bénédiction chez nous ?
Jeudi 18 janvier
12h : Déjeuner aux Ribines avec un ami. La moitié du peu d’argent que j’ai gagné hier soir passe dans mon addition. Mais ce n’est pas grave, j’aime discuter avec cet encore jeune homme qui est un des rares à me comprendre vraiment : je lui fais part de mes difficultés actuelles, à commencer par ma troisième tentative pour obtenir l’Allocation Adulte Handicapé. Je ne peux m’empêcher de dire que dans d’autres civilisations, j’aurais été considéré comme un intermédiaire entre les dieux et les hommes et aurait été nourri et logé par la communauté, tandis que dans l’occident moderne, je suis presque obligé de m’excuser d’exister ! Je repense au Dalaï-Lama qui, quand on lui a demandé ce qu’il pensait de la civilisation occidentale, aurait répondu « Ce serait une bonne idée »…
18h45 : Je me retrouve au Beaj Kafé où doit se tenir une « performance », comme me l’a annoncé la responsable de l’animation. Mais je ne suis là que pour réceptionner des totebags que j’ai commandés et je compte bien partir sans demander mon reste après avoir été livré. Manque de chance : le graphiste, qui vient me livrer lui-même les totebags, m’offre une tasse de thé et m’invite à le suivre à assister à la performance ! Je n’ose pas dire non à un artiste qui a pris la peine de se déplacer… Bref, je me retrouve dans l’arrière-salle du café : ayant besoin d’une table pour poser ma tasse, je ne m’installe pas à côté du graphiste et je me retrouve à proximité d’un type que j’ai l’impression de connaître depuis dix mille ans et dont je n’ai plus rien à foutre. Pour ne rien arranger, je m’attends à un spectacle un brin chiant-chiant, avec une poétesse vaporeuse déclamant des phrases pseudo-philosophiques et un plasticien qui barbouille des saloperies abstraites. Et bien vous savez quoi ? C’était exactement ça ! Je ne reste même pas pour l’échange avec l’auditoire, je me carapate tout de suite après avoir applaudi par pure politesse et salué brièvement le graphiste. Bref, c’était une performance… Peu performante !
C'est tour pour cette semaine, à la prochaine !
Commençons par un hommage à Jacques Delors :
Dimanche 7 janvier
21h : En ce jour de triste mémoire, je termine de visionner la saison 2 d’Astrid et Raphaëlle. J’ai honte de l’avouer, mais j’ai été plus traumatisé de voir Raphaëlle les menottes aux poignets dans le dernier épisode que par la vision du corps éventré que l’on découvre en ouverture de l’épisode 5 ! Pourquoi ? Parce que me retrouver menotté est un de mes pires cauchemars, en concurrence avec le rasage de mon crâne et l’écrasement de mes testicules… Sans doute est-ce dû aux récits de déportation qui m’ont marqué. Pour le reste, j’avoue m’être trompé sur le compte du commissaire qui est finalement un brave type ; en revanche, au moment où le procureur se prend un pain dans la gueule, j’ai poussé un soupir de soulagement ! J’aimerais avoir le courage d’en faire autant avec tous les arrivistes bouffis d’orgueil qu’il m’est donné de rencontrer… Mais à force, je risquerais d’avoir des cals au main !
Sans rapport : le 7 janvier, c'était aussi le jour de la sortie du film Titanic...
Ce dessin a paru, sous un autre format, en quatrième de couverture du numéro 3 de la revue L’éponge.
Lundi 8 janvier
9h : Je sors assez tôt de chez moi pour ne pas rater les réinscriptions à la piscine Recouvrance. Je peux vois ainsi la « une » du dernier numéro de la nouvelle formule d’Entrevue qui fait dans le Hidalgo bashing… Franchement, je vois mal l’intérêt ! Pourquoi s’acharner sur le PS qui n’a plus d’avenir, du moins en tant que force motrice de la gauche à l’échelle nationale ? Et en quoi ce qui arrive à la maire de Paris peut-il intéresser les millions de Français qui, comme moi, ne vivent pas à la capitale et n’en auront probablement jamais les moyens (ni même l’envie) ? Les patrons d’Entrevue s’imaginent probablement être à contre-courant des « bobos parisiens » mais ils en sont l’incarnation ultime ! Et de la pire espèce qui soit : celle qui s’ignore…
9h30 : Je suis déjà arrivé à la piscine. Les réinscriptions n’ouvrent que dans une heure et demie ! Comme il fait froid dehors et que je ne veux pas déranger le personnel, je m’assieds sur le paillasson en attendant l’heure : ayant mon PC sur moi, je mets l’attente à profit pour écrire une nouvelle chronique historique. Un monsieur s’approche : je m’attends à ce qu’il me demande pourquoi je suis là et me dise que je ne peux pas rester. Mais non : il me propose de venir m’asseoir sur les gradins de la piscine où je serai, pense-t-il, plus à l’aise. C’est bien aimable de sa part, mais je préfère décliner pour être sûr de ne pas rater l’ouverture des inscriptions et éviter de faire la queue trop longtemps… Sa sollicitude me touche néanmoins car ce n’est vraiment pas fréquent !
9h45 : Je reçois un SMS m’annonçant que le département autorise à cumuler le RSA avec un emploi… Ils n’ont rien compris, ou quoi ? Si on cherche un emploi, c’est justement pour ne plus avoir besoin des aides sociales ! Visiblement, ils y croient eux-mêmes, à cette légende des feignasses qui refusent de travailler pour ne pas perdre le RSA ! En tout cas, si ça existe, ne comptez pas sur moi pour leur faire des reproches : quand je pense à ces hommes d’affaires véreux qui accumulent les millions sans rien faire de leurs dix doigts, je ne vois pas ce qu’il y a de scandaleux à que de pauvres types sans le sou ramassent quelques miettes, fût-ce sans travailler ! Et de toute façon, à tout prendre, les vrais fainéants, mieux vaut les payer à ne rien faire, ils feront moins de dégâts chez eux que dans les entreprises ou les administrations ! Déjà qu’elles sont pleines de jean-foutre…
11h15 : Je m’attendais à tout en venant me réinscrire à la piscine, sauf à ce que ce soit le paiement qui prenne le plus de temps ! Je suis déjà en train de bouillir ! J’avais laissé passer trois personnes devant moi, je pensais naïvement que ce serait vite expédié… Quand je disais qu’il y a déjà suffisamment de jean-foutre dans les administrations ! Je remarque, sur la vitre du guichet, qu’il est indiqué que les handicapés sont prioritaires sur présentation de leur carte : je me demande si je ne devrais pas en demander une, tant faire la queue m’est insupportable ! Pas tellement à cause de l’attente en elle-même, dont on peut s’accommoder, qu’à cause de la sale manie des neurotypiques de vouloir à tout prix passer le temps en papotant…
12h : Passage à la cafétéria de la fac. Je retrouve ma vieille serveuse, fidèle au rendez-vous mais visiblement lasse de ce que son travail est devenu : elle qui aimait la dimension sociale de son métier, elle ne se retrouve plus dans ce lieu où il n’y a même plus de comptoir et qui tient plus de la supérette que d’une vraie cafétéria… Elle était une barista avec laquelle les étudiants échangeaient avec respect, elle n’est plus qu’une caissière devant laquelle les gens passent sans même la regarder ! Tout ça à cause de décideurs qui ont pris des décisions aberrantes sur le devenir de cette cafétéria sans avoir la moindre idée de ce qu’est la vie étudiante… D’ailleurs, à bien à y réfléchir, tous nos malheurs viennent de là : du fait que les décisions qui engagent nos vies soient prises par des individus qui n’ont aucune idée de ce dont lesdites vies sont faites. On ne peut pas connaître autrui en le maintenant à distance : il faut sentir le monde avant de le penser. Même Platon, ce prétendu ennemi du sensible, l’envisageait pourtant, dans le Banquet, comme un passage obligé vers la connaissance : c’est une étape certes insuffisante mais nécessaire.
13h45 : Rendez-vous avec les deux secrétaires du laboratoire HCTI pour préparer la journée d’étude sur Cavanna. Mine de rien, celle-ci aura lieu dans un mois ! L’une de ces deux dames m’exhorte à me reposer sur elles, m’assurant qu’elles prendront en charge toute la logistique et que je n’aurai à m’occuper que de la partie scientifique : je n’en doute pas une seconde, mais j’estime qu’en tant que créateur de l’événement, je suis directement concerné par cet aspect pratique et je n’ai pas le droit de l’envisager comme une basse besogne que je pourrais négligemment déléguer. Bref, je tiens à m’assurer à ce que la prise en charge des déplacements, de l’hébergement et des repas des intervenants soit optimale : non que je remette en cause la compétence de nos deux secrétaires qui sont de véritables perles, mais ça relève aussi de ma responsabilité.
14h15 : Après l’entretien, l’une des deux secrétaires consent à rester avec moi pour me parler de son grand-père, belge immigré à Brest qui s’est illustré dans la résistance et est resté jusqu’à sa mort une figure brestoise notoire, au point d’avoir aujourd’hui une rue à son nom. On lui en parle encore aujourd’hui et elle m’avoue que, plus jeune, elle se sentait souvent étouffée d’être sans cesse interpellée à propos de cet aïeul très charismatique. Je la comprends : il arrive régulièrement que je sois hélé dans la rue par des individus qui m’ont rencontré au cours d’événement publics et qui s’imaginent que c’est suffisant pour créer un lien d’intimité. Ces braves gens pensent sûrement me faire plaisir et ne se rendent pas compte à quel point ils me mettent mal à l’aise…
Mardi 9 janvier
9h30 : Malgré le froid de canard, je sors livrer mes albums à leurs pré-acheteurs. Je commence par un client habitant une zone qui a tout de la banlieue pas sensible du tout mais tout de même peu riante : ce n’est plus vraiment Brest même, mais ce n’est pas encore tout à fait Bohars. Je fais doublement chou blanc : mon commanditaire n’est pas là et la fente de sa boîte aux lettres est trop étroite pour que j’y glisse son livre. Tant pis, je vais lui demander de venir retirer son bien chez moi, après tout, il n’habite pas si loin de mon domicile. J’en suis quitte pour attendre le prochain bus avec la correspondance de Gustave Courbet. Juste à côté de l’arrêt, une maison porte l’enseigne d’un bar, mais à la vue du digicode installé à la porte, je comprends sans peine qu’on ne sert plus à boire dans ce bâtiment… Quelle tristesse !
11h : Je poursuis mes livraisons, au Relecq-Kerhuon, cette fois. S’aventurer dans cette commune, c’est toujours une expédition ! Les rues y ont été tracées en dépit du bon sens, même le trajet du bus y est tarabiscoté à souhait ! Heureusement, mon commanditaire, qui prenait le frais à sa fenêtre, me reconnaît : ainsi, j’évite de devoir tourner pendant deux heures pour le retrouver. Ce vieux Kerhorre m’explique qu’effectivement, les rues ont été conçues de manière à ce que les habitants ne soient pas gênés par la circulation : voilà qui doit faire le bonheur des retraités, un peu moins celui des visiteurs occasionnels !
12h : Pause bienvenue dans le doux et chaud cocon du Biorek brestois. Alexandre, fidèle au poste, m’apprend que Gabriel Attal a été nommé premier ministre. Et bien voilà, c’est arrivé ! Je savais bien que j’y aurais droit un jour, mais je ne m’attendais pas à ce que ça se produise aussi tôt : un homme plus jeune que moi va entrer à Matignon ! Oh, pas beaucoup plus jeune, s’entend, il n’a qu’un an de moins que moi. Mais quand même, ça donne un coup de vieux ! Je peux me tromper, mais je pense que l’une des choses qu’il est le plus difficile d’accepter quand on vieillit, du moins sur le plan strictement moral, est de devoir obéir à quelqu’un dont on pourrait être le père ou la mère… Alors, bien sûr, si j’étais optimiste, je ne bouderais pas mon plaisir d’avoir des gouvernants plutôt jeunes tandis que les Américains, eux, vont devoir à nouveau trancher entre deux fossiles qui devraient être à la retraite depuis longtemps ! Mais même sans être pessimiste, force est de reconnaître qu’en dépit de leur relatif jeune âge, on ne peut pas dire que Macron et Attal soient représentatifs de cette jeunesse ardente et généreuse dont j’ai si souvent souhaité l’accession au pouvoir afin qu’elle balaie toute la crasse laissée par tous ces cacochymes ennemis de la vie qui ne font que notre malheur depuis au moins cinquante ans ! Non, on est plutôt dans la configuration des « étudiants propres sur eux et non-violents » qui trimballent « dans leurs cartables la connerie de leurs aînés » pour reprendre les paroles d’une chanson de Renaud toujours d’actualité ! En même temps, cette jeunesse ardente et généreuse, où la trouver à notre époque ? De nos jours, les jeunes votent RN, font le service militaire volontaire et se marient à l’église ! On a les élus et la jeunesse qu’on mérite, mais tout de même, je me demande ce qu’on a fait pour mériter ça…
12h30 : Alors que je tente de me réchauffer avec un thé en attendant qu’Alexandre me serve mon borek (le restaurant s’est rempli depuis mon arrivée, je ne peux pas lui tenir rigueur de me faire un peu attendre), je n’en crois pas mes yeux : il neige ! Mer oblige, c’est rarissime à Brest ! Alors, bien sûr, ça ne tient pas, il ne fait pas assez froid pour qu’elle tienne au sol… Mais c’est joli quand même. Je ne peux m’empêcher de repenser à l’épisode neigeux d’il y a deux ans, quand la neige était venue apporter une note de poésie et de beauté dans un contexte plombé par les restrictions sanitaires… Regarder tomber la neige m’occupe le cerveau et suffit à me faire patienter. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais.
14h : Passage à Saint-Pierre pour prendre des photos destinées à illustrer ma prochaine chronique. Comme prévu, la neige n’a pas tenu. Dommage : si j’avais pu prendre des clichés de ce quartier enneigé, j’aurais eu mon petit succès ! En attendant, je suis déjà très étonné de réussir à trouver si facilement ce que je voulais photographier : je ne suis pas vraiment habitué à ce que ce genre d’expédition se déroule sans problème !
Quelques photos prises à Saint-Pierre :
17h30 : Voilà une heure et demie que je suis rentré chez moi. Ma connexion Internet m’a lâché alors que j’étais en train de répondre à mes mails et que je n’avais pas encore envoyé mes photos à la rédaction. Les deux opérations ne souffrant aucun retard, je décide de sortir dîner au Beaj Kafé où j’espère trouver une connexion en bon état de marche.
18h15 : Au Beaj, j’ai du réseau, mais je n’arrive à ouvrir aucun site ! Je commence sérieusement à paniquer ! La responsable de l’animation, qui me connait, vient à mon secours : comme j’avais laissé mon PC en veille sur la route qui mène de mon domicile à l’établissement, elle me suggère de redémarrer la bécane… Et ça marche ! L’informatique me tuera…
Mercredi 10 janvier
11h15 : Je retrouve une amie qui s’était absentée dans son pays lyonnais natal le temps des fêtes : elle m’apprend qu’elle a été retardée sur le chemin du retour à cause d’un type qui a raté de peu le TGV pour Brest… Et s’est accroché au train ! Bien sûr, il n’a pas survécu à cette folie… Je préfère ne pas commenter ! Mon hôtesse me montre aussi des photos prises lors de son escapade : il avait neigé ! Mais VRAIMENT neigé, le paysage était véritablement blanc ! On était loin des petites miettes de neige dont on a dû se contenter à Brest… Mine de rien, cette brève entrevue avec ma voisine m’aura fait voir deux aspects de la vie : d’une part, la beauté de la nature, d’autre part la connerie humaine qui gâche toujours tout…
18h : Au cours du soir, j’arrive avec une bonne dizaine de collages réalisés à la maison ainsi que quatre travaux de peintures inspirés d’exercices antérieurs : je triomphe pendant quelques minutes ! Pas davantage ? Oui, car Delphine a eu l’idée de nous faire faire du « dessin automatique » avec, pour première étape, un mouillage généreux du papier afin que l’encre échappe à notre contrôle. Bien sûr, je prends la consigne au pied de la lettre et je mets dix fois trop d’eau : j’ai une véritable mare à mes pieds et même le papier qui protège ma planche est transformé en charpie… Dire que je suis un peu ridicule relève de l’euphémisme ! Quelques minutes à peine après un moment de gloire ! Sic transit gloria mundi…
Mes collages :
Le dernier a été réalisé AVANT l'annonce de la démission d'Elisabeth Borne...
Dans le même ordre d'idées, mes peintures réalisées à la maison :
La dernière, réalisée sur le thème "Unir" pour répondre à un appel à projet, a été scannée à trois étapes de sa réalisation :
Voici enfin un dessin "automatique" réalisé pendant le cours :
Jeudi 11 janvier
13h30 : J’ai rendez-vous chez la psychologue, mais le bus tarde à venir. Je m’impatiente, d’autant qu’il fait froid et que les piaillements des gosses de l’école voisine me tapent sur les nerfs. Je me résous donc à téléphoner à Bibus : le premier réflexe de mon interlocuteur est de m’asséner qu’on trouve toutes les informations sur « l’appli » ! Je me retiens de lui hurler que je n’ai pas de smartphone afin qu’il puisse me répondre : effectivement, mon arrêt est provisoirement privé de desserte (ah ! ah !) à cause d’une fuite d’eau… Fou de rage, je me précipite vers un autre arrêt pour emprunter une autre ligne : dans ma course, je perds ma carte de bus… Finalement, j’aurai des choses à dire à ma psy !
15h15 : Ayant vidé mon sac chez la psychologue, je m’attarde en centre-ville pour exécuter quelques tâches, dont l’encaissement d’un chèque. Déjà épuisé par mes récentes mésaventures, j’ai du mal à supporter la présence de gens qui rient dans la banque. Je me retiens de les traiter d’imbéciles heureux !
15h30 : Passage à la boutique Bibus pour me faire faire une nouvelle carte de bus. On en profite pour me soutirer huit euros ! Il se confirme que nous vivons dans un monde où la distraction est sanctionnée et même punie d’amende…
16h : J’arrive avec soulagement à Lambézellec : à peine suis-je descendu du bus que trois jeunes filles occupées à glousser s’aviser que le véhicule est en train de leur passer sous le nez ! Elles font tellement de boucan que je ne peux m’empêcher de leur crier « Bien fait » ! Ce n’est pas très charitable, mais je n’en peux vraiment plus…
18h30 : Je reçois la visite de l’acheteur que je n’ai pu livrer hier. Celui-ci m’apprend qu’il va participer à un marathon aux Jeux Olympiques ! Je lui dis franchement que je ne viendrai pas l’applaudir : nous entamons ainsi un échange sur les grandes compétitions sportives, qui sont pour moi des calamités. Je regrette de ne jamais réussir à me rappeler exactement du raisonnement du regretté Bernard Maris qui expliquait que ces grandes compétitions provoquent toujours un désastre économique dans le pays organisateur ; il semble que c’est parce que les retombées sont toujours surévaluées et se révèlent donc toujours décevantes pour les investisseurs qui retirent leurs billes… Bref : on est dans la crotte et il ne faut pas compter sur les J.O. pour nous en sortir ! Préparez plutôt vos tubas, nous allons nous enfoncer de plus belle !
Vendredi 12 janvier
10h15 : C’est en entrant du marché que j’apprends la nouvelle : Rachida Dati est notre nouvelle ministre de la culture… Cette fois, c’est définitivement confirmé : Macron veut la peau des artistes ! Je me fous de savoir si cette nomination est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Républicains ou pour quelque autre association de malfaiteurs ! Même Sarkozy, le pygmalion de la mère Dati, n’aurait pas osé aller aussi loin dans un tel mépris de la culture ! C’est à vous faire regretter Frédéric Mitterrand ! De l’air, j’étouffe !
Terminons avec un petit croquis préparatoire :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !