Du 23 au 29 mars : Poutine contre Daech : et si on les laissait s'entretuer ?

 

Pour commencer, quelques images d'un couple d'amoureux parce que j'en ai marre du climat actuel - j'ai dessiné à ma façon Déodat et Trémière, les amants du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb : 

 

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Samedi 23 mars

 

18h : Je quitte la librairie Dialogues plutôt satisfait : j’ai signé une dizaine d’exemplaires de Voyage en Normalaisie. Évidemment, la grande majorité des demandeurs de dédicace étaient personnellement concernés, directement ou non, pas les troubles psychologiques : il y a notamment eu une vieille dame dont le fils est dyslexique dont les camarades se moquaient en chantant « Il est gogol, il sait pas lire » ! Je me souviendrai longtemps de ce refrain idiot… Car je n’ai pas pu m’empêcher de pouffer quand elle me l’a chanté ! J’ai honte ! Je repense à ce passage de la chanson de Maëlle : « Je l’avoue le cœur gros, oui, j’ai ri avec eux ». Comme quoi il est très facile de se laisser aller à une conduite que l’on est le premier à trouver intolérable… En tout cas, au cours de cette séance de dédicaces, personne ne m’a posé de questions idiotes ni ne m’a fait de remarques déplacées, comme quoi ce n’est pas une fatalité ! On peut penser ce qu’on veut de Dialogues, mais c’est quand même une chance, dans une ville comme Brest, d’avoir encore une grande librairie qui ne soit pas la propriété d’un gros groupe et où l’on peut avoir l’opportunité de rencontrer de vrais amateurs de littérature…

 

Quelques croquis destinés à un projet - ces esquisses ne serviront finalement pas :

 

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Mardi 26 mars

 

10h30 : Après deux jours de réclusion volontaire consacrée à mon œuvre, me voici en ville où j’ai honoré un rendez-vous avec ma psychologue. C’est en sortant de cette entrevue que j’ai découvert un message de l’amie qui s’improvise mon « dé à coudre » depuis l’affaire des dessins volés : elle me convoque à 15h dans son bureau sans me dire pourquoi ! Il n’en faut pas plus pour m’inquiéter : que se passe-t-il ?

 

15h : Mort d’inquiétude, je me suis précipité au rendez-vous fixé par mon dé à coudre. Il s’avère qu’elle m’avait envoyé cette convocation en réaction à un message que j’avais laissé sur son répondeur… Il y a quinze jours ! Il avait resurgi ce matin suite à quelque caprice de la technique… En gros, nous nous sommes inquiétés l’un pour l’autre pendant quelques heures pour des prunes, par la grâce de la technologie moderne. Elle s’est sentie obligé de se confondre en excuses : je lui ai bien entendu dit que ce n’était pas de sa faute et, quand bien même, comment pourrais-je lui en vouloir de se faire du souci pour moi ? Astrid a ses faiblesses, et Raphaëlle a les siennes.

 

Mercredi 27 mars

 

9h45 : Ayant du temps avant un rendez-vous, je m’arrête au « Brest même » histoire de voir si Carole, la maîtresse de Couscous le cochon, tient toujours cet établissement. La réponse est oui : elle n’a pas trouvé de repreneur. Je ne peux que lui souhaiter bon courage car elle n’a pas la seule bistrotière à vouloir tout laisser tomber ! Je peux me tromper, mais il me semble que tenancier de bar-tabac n’est plus vraiment une carrière qui attire les jeunes… Toujours est-il que cette dame s’est déjà lancée dans une nouvelle activité : pédicure pour cochon ! Et oui : il y a de plus en plus de gens qui s’avisent que le porc est un animal intelligent, sensible et affectueux, dont la compagnie procure autant de plaisir (la différence étant de nature plutôt que de quantité) que celle d’un chien, et qui décident donc d’en adopter un comme animal de compagnie. Le problème, c’est que les cochons sont onguligrades : ça veut dire qu’ils marchent sue ce qui est l’équivalent des ongles pour les humains. Donc, si on ne leur coupe pas régulièrement les ongles, ils finissent par souffrir en marchant ! Ne riez pas, c’est la vérité : elle m’a monté une vidéo d’une truie dont elle s’est occupée, il y avait vraiment de quoi avoir de la peine pour la pauvre bête avant qu’on ne lui coupe les sabots ! De surcroît, on a tendance à l’oublier, mais le cochon, à l’instar de son cousin le sanglier, a des défenses et, si on ne les lui coupe pas, elles risquent de lui écorcher les joues. Tel est donc le double travail que Carole exécute désormais auprès des propriétaires de cochons domestiques… Dans toute la France ! Et oui, elle est vraiment la seule personne de l’hexagone à proposer cette prestation, elle n’a aucune concurrence. Je vous parie que les « vegan » vont quand même râler, arguant que ce n’est pas « naturel » de prendre soin d’un animal ! Pour ma part, je ne tiendrai pas rigueur à Carole d’avoir trouvé un filon qui lui permet de mettre à profit son amour des bêtes : il y a trop de gens qui s’appauvrissent à une tâche qui les ennuie pour que je puisse reprocher à certaines personnes de s’enrichir à une activité qui les passionne !

 

13h15 : Après avoir honoré mon rendez-vous à Saint-Marc et déjeuné sur le pouce en centre-ville, me voici dans un café à Bellevue où j’attends l’ouverture de la médiathèque. On est mercredi, jour des enfants, et je vois arriver un homme accompagné d’un garçonnet qui s’apprête déjà à prendre du bon temps sur l’un des jeux mis à la disposition des clients. J’étais déjà surpris de trouver un flipper et d’autres machines à perdre son temps (et ses sous) dans ce bar à une époque où presque tout le monde joue sur son smartphone : maintenant, je suis même content de voir un enfant s’amuser sur des engins du temps de ses parents voire de ses grands-parents ! Il y a quelques années, on disait « pendant qu’il fait ça, il est pas au bistrot », maintenant, on dirait plutôt « pendant qu’il fait ça, il est pas sur son smartphone » ! Autres temps, autres mœurs…

 

Jeudi 28 mars

 

13h30 : Je descends la rue Jean Jaurès à pied pour honorer un rendez-vous avec une sculptrice de mes amies. Je suis ainsi amené à passer devant un bar précisément au moment où il règne une certaine agitation : trois personnes sont contraintes d’unir leurs forces pour faire sortir de l’établissement un individu visiblement agressif et menaçant qui insulte tout le monde et semble même concentrer sa haine sur quelqu’un qu’il traite de « larbin ». Une fois le fauteur de troubles écarté, je pénètre dans l’estaminet et demande si on ne souhaite pas que, en tant que témoin, j’appelle la police : je me heurte au refus appuyé de celle qui semble être la patronne du bistrot. Manifestement, elle doit être habituée à ce genre d’incident… Comme quoi l’ambiance des bars du temps de mes parents n’a pas complètement disparu ! Une raison supplémentaire pour ne pas en être nostalgique…

 

16h : Je descends du tramway pour visiter un bar sis à Recouvrance où je ne désespère pas de venir exposer mes dessins. À peine sorti du véhicule, je sursaute à cause d’un type qui se sent obligé de crier aux gens qu’on change d’heure ce week-end ! Je repense à une chronique du génial François Morel où il rendait hommage à un marginal qui brandissait, sur le pont d’Asnières, un panneau souhaitant un bon week-end à tous les passants[1] : le grand humoriste soulignait à quel point ce geste était précieux dans le monde égoïste et productiviste qui est le nôtre. François Morel a raison. D’ailleurs, François Morel a presque toujours raison, même, n’en déplaise aux donneurs de leçons, quand il traite de « petite conne » une gamine qui traite une femme de guenon sous prétexte qu’elle est noire[2]. Et j’aimerais pouvoir remercier moi aussi ce marginal qui prend la peine de rappeler aux gens l’imminence du passage à l’heure d’été afin qu’ils ne soient pas pris au dépourvu. Seulement voilà : je suis hypersensible au bruit, et ma première réaction, quand quelqu’un crie à côté de moi, c’est, une fois remis de ma surprise, de soupirer et de me demander ce qui prend à ce connard de poivrot de me hurler dans les oreilles quelque chose que je sais déjà ! Ne m’en veuillez pas, monsieur Morel : je n’ai pas choisi d’être hypersensible, pas plus que ce marginal n’a lui-même choisi une destinée dont il n’est pas entièrement responsable.

 

17h10 : Je voulais prendre le bus 2a pour rentrer à Lambézellec. Il devait arriver dans cinq minutes, ça fait déjà vingt minutes que je l’attends. Il fait froid, il pleut, le vent souffle à décorner les bœufs et je suis au milieu d’une foule de personnes aussi impatientes que moi. J’ai compris : l’heure de pointe plus les déviations à n’en plus finir en raison des travaux, c’est le cocktail de la mort, il ne faut plus trop attendre des transports publics en matière de ponctualité. Je préfère reprendre le tramway puis changer à la place de Strasbourg pour prendre le bus 14. Le tramway est bondé lui aussi. Une fois arrivé au niveau de la place, le bus est déjà arrivé, mais je ne peux pas monter dedans : il faut attendre qu’il se soit positionné devant la station de départ. Le véhicule que je dois emprunter est à deux pas et je suis quand même obligé de me les geler… Tout est fait pour qu’on bien faire comprendre aux usagers des transports en commun qu’ils sont des sous-merdes ! D’ici peu, j’ai rendez-vous avec un responsable de « Mon réseau grandit » : c’est drôle, je ne le connais pas encore mais je le déteste déjà !  

 

Vendredi 29 mars

 

10h : Mes finances me le permettant, je m’achète une bouteille de cidre au marché. La crêpière à qui j’achète cette bouteille m’appelle « jeune homme »… Comment dire ? Je suis un peu surpris ! Il y a peu, j’ai pris un méchant coup de vieux en apprenant que le fils d’une de mes meilleures amies, que j’ai connu tout bébé, était déjà un bel adolescent de quatorze ans qui dépassait sa mère d’une bonne tête ! Pour ne rien arranger, dans un mois et demi, j’aurai 36 ans : dans Les liaison dangereuses, quand la Marquise de Merteuil apprend à la jeune Cécile de Volanges que l’homme qu’on lui destine à cet âge-là, la demoiselle s’exclame « C’est un grand-père» ! Je sais bien que c’était au XVIIIe siècle, mais tout de même… Si j’étais un peu plus normal, donc, je me réjouirais qu’on m’appelle encore « jeune homme »… Le problème, c’est que je déteste cette formule qui sent un peu trop la condescendance ! Est-ce que cette commerçante, au demeurant respectable, apprécierait que je l’appelle « vieille dame » ? Néanmoins, je ne proteste pas : j’ai pris tellement de baffes ces derniers temps que je n’ai même plus la force de me mettre en colère…   

 

Terminons avec quelques "grandes gueules" brestoises réalisées à la demande d'un commanditaire :

 

Emilie Kuchel :

 

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Eric Guellec :


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Jacqueline Héré :


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Karelle Hermenier :


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Karine Coz-Elleouët :


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Marion Maury :


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Patrick Appéré :


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Sandrine Perhirin :


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Sylvie Jestin :


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Yohann Nédélec :


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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] François MOREL, « Bon week-end » in Grâces matinales, Bouquins, Paris, 2022, pp. 233-235.

[2] François MOREL, « C’est pour qui la banane ? »,op. cit., pp. 523-525.



29/03/2024
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