Du 7 au 13 décembre : Bayrou, démission ! Deux minutes, ça suffit !
Commençons déjà par mon avis (définitif) sur la polémique autour de Notre-Dame de Paris :
Samedi 7 décembre
15h: De passage chez mes parents pour le week-end, je profite de la quiétude du cocon familial pour installer ma nouvelle carte SIM et, accessoirement, voir si je peux enfin envoyer à nouveau des SMS. Et bien la réponse est non ! Mais en passant sur le site Free pour activer cette carte, j’ai cru comprendre qu’en voulant envoyer à mes contacts un message annonçant que mon calendrier 2025 était enfin disponible (je vous informe au passage qu’il n’en reste déjà plus que cinq exemplaires !), j’avais atteint un certain seuil et qu’il me faudrait attendre une semaine pour que les compteurs soient remis à zéro… En gros, mon forfait est « SMS illimités mais pas trop quand même » ! Ce qui me console, c’est que mes parents ne sont pas mieux lotis : ma mère ne peut plus recevoir de mails, mon père ne peut plus en envoyer ! On a Free et on n’a rien compris…
Dimanche 8 décembre : jour de la naissance de Camille Claudel en 1864...
...et de l'assassinat de John Lennon en 1980
16h : Je quitte l’espace où se tenait le vide-greniers auquel je m’étais inscrit. Je suis rentré dans mes frais, mais de justesse : ça m’est égal, je ne cherche pas à faire des bénéfices, je cherche seulement à faire de la place, j’en serai quitte pour faire don au secours populaire de ce qui me reste sur les bras. En attendant, j’emprunte une route que je connais par cœur pour l’avoir empruntée mille fois au temps où j’allais à l’école accompagné de ma maman… Et je réalise que la nostalgie est un sentiment qui m’est pour ainsi dire étranger. Pour être nostalgique de sa vie passée, encore faut-il l’avoir aimée : or je n’ai jamais l’école, je n’ai jamais beaucoup aimé la commune où j’ai grandi et je n’ai même jamais aimé l’enfance. Les poètes sont des cons : loin d’être pour moi le paradis perdu qu’ils chantent, mon enfance me laisse le souvenir d’une longue période d’attente où je n’avais droit à rien si ce n’est à fermer ma gueule et à supporter la promiscuité de petits mongoliens qui savaient à peine parler à un âge où je savais déjà lire… Quand mes parents seront morts, je verrai peut-être les choses différemment, mais ce n’est pas demain la veille ! Pour l’heure, tout ce qui peut me manquer, ce sont les programmes de la grande époque de Canal+… Non, pas le Club Dorothée, désolé !
Deux croquis réalisés pour tromper mon ennui en attendant d'avoir des clients :
Lundi 9 décembre
7h : Me voilà déjà levé depuis un quart d’heure, pour ne pas arriver en retard à la fac de droit où je suis programmé en tant qu’orateur. J’ai été bien inspiré de mettre le réveil assez tôt, sinon c’est l’interphone qui m’aurait réveillé ! Je ne pensais pas qu’en signant pour recevoir Le Télégramme gratuitement pendant quinze jours, je récolterais les doléances du livreur en prime : c’est pourtant bien ce qui se passe car le matériel dont dispose ce pauvre garçon ne lui permet pas d’ouvrir la porte principale de l’immeuble ! Comme je ne dispose pas d’un code d’accès (j’entre avec un badge) et que je suis présentement de la même humeur que toute autre personne dérangée au petit matin avant d’avoir pu prendre son petit déjeuner, je fais clairement comprendre à mon interlocuteur que je veux bien lui ouvrir pour cette fois mais que, les jours suivants, il devra se débrouiller car je ne vais pas me lever aux aurores tous les jours pour lui permettre de pénétrer dans le hall pendant une demi-minute et qu’il pourra bien déposer le journal devant l’entrée, tant pis si la feuille de chou finit en charpie vu que je ne paie rien. Bon, pour être franc, tout ça, je ne le dis pas très poliment… Je sais que ce n’est pas gentil pour ce pauvre livreur, lequel paie comptant l’incurie de ses patrons qui n’ont pas prévu toutes les situations… Mais flûte, après tout ! Je ne suis pas un ange, je ne suis pas un mec parfait, je ne suis pas sans corps, sans sexe ou sans estomac ! Y a pas écrit « Ned Flanders » !
8h30 : J’arrive à la fac de droit où la maîtresse d’œuvre de cette journée consacrée à la laïcité m’accueille avec chaleur et gentillesse mais aussi, parce que ma réputation me précède désormais, avec la précaution requise face à une personne du spectre. Je lui en suis d’autant plus reconnaissant que je n’ai pas forcément l’habitude de m’exprimer devant un public comprenant des juristes, des médecins et même des aumôniers ! Je ne veux cependant pas décevoir l’assistance car la laïcité est à mon sens une valeur capitale : il avait été question, il n’y a pas si longtemps, d’ajouter à ce joli mot à la devise de la république française, mais je pense que c’est inutile car « Liberté, égalité, fraternité » présuppose déjà la laïcité[1]. Quand on dit que la laïcité est le ciment de la République, ce n’est pas qu’un effet oratoire : sans neutralité confessionnelle de la place publique, donc sans garantie que l’État n’impose pas une religion aux citoyens, il n’y aurait pas de vraie liberté de culte, ni même de liberté de ne pas croire ; il n’y aurait pas non plus de vraie égalité devant la loi puisque ceux qui n’adhèreraient pas au(x) culte(s) « officiel(s) » seraient de facto discriminés ; il n’y aurait même pas de fraternité possible puisque l’intolérance religieuse serait érigée en règle civique. Il semble que cette vérité essentielle soit aujourd’hui oubliée, à droite comme à gauche : la droite dévoie la laïcité pour en faire le paravent de son rejet des musulmans (qui ne représentent pourtant que 7% de la population !) et la gauche, tombant naïvement dans le panneau, réduit la laïcité à ce qu’en fait la droite et l’envisage comme une notion discriminatrice voire raciste ! Il est donc urgent de réaffirmer l’importance de la laïcité… Même si je ne peux m’empêcher de penser que les choses seraient plus simples si les gens pouvaient arrêter de croire à des conneries ! Mais ça…
Quelques croquis réalisés sur le vif...
...et quelques caricatures inspirées par les propos des orateurs :
14h30 : Je fais ma communication en temps et en heure, la journée est bien organisée. Je parle de la place des religions dans l’œuvre de Reiser, et je n’ai droit qu’à une question : pourquoi parler de Reiser plutôt que d’un autre dessinateur de Charlie Hebdo[2] ? Je bredouille que le rapport de ce génie[3] à la religion était assez particulier dans la mesure où, contrairement à ses collègues[4], il ne rejetait pas radicalement l’idée de la transcendance divine (ce qui est authentique[5]) mais la vérité, c’est qu’en fin de compte, je m’intéresse moins à Reiser en tant que dessinateur de Charlie qu’à l’artiste unique qu’il a été : loin d’avoir été seulement un créateur de (grand) talent parmi d’autres[6], il a tellement révolutionné son genre que son œuvre à elle seule une étape majeure dans l’histoire de la bande dessinée et du dessin d’humour, privilège qu’il ne partage à mon avis, pour ne parler que de ses quasi-contemporains, qu’avec Franquin, Goscinny et Gotlib ! Tous les quatre ont marqué leur art au point de le rendre inidentifiable à ce qu’il était avant eux et ils ont eu plusieurs héritiers mais qui ne font revivre chacun qu’une facette du maître : pour revenir à Reiser, même les plus évidents de ses disciples, en l’occurrence Vuillemin et Salch[7], n’ont finalement hérité chacun que d’un des aspects de ce qui rendait unique leur glorieux prédécesseur – ce qui n’enlève rien à leurs mérites personnels respectifs, bien entendu. Voilà pourquoi je me consacre à Reiser : parce qu’il est évident qu’il ne sera jamais remplacé.
La table ronde ayant suivi mon intervention :
17h : Après cette journée bien remplie, je fais quelques courses en ville avant de rentrer. Je passe d’abord à la Chapellerie des arcades car ma casquette est en piteux état. Je suis reçu par une dame qui m’a l’air d’être la patronne : je me promets de ne pas m’emporter, quoi que puisse me dire cette commerçante à laquelle je voue un respect qui confine presque à l’idolâtrie depuis que je sais qu’elle vit sans téléphone portable ! Après quelques tergiversations, je choisis une casquette qui a exactement la même forme que l’ancienne et qui n’en diffère que par la couleur. Tout se passe à peu près bien, mais on risque tout de même l’incident diplomatique quand j’exprime à la marchande ma volonté de jeter l’ancienne casquette et de partir en coiffant déjà la nouvelle : elle n’aurait pas été moins abasourdie si je lui avais annoncé que j’avais quatre couilles ! Je ne vois vraiment pas ce que mon projet a de si incongru… Elle finit par se ranger à mes raisons mais me propose quand même un sac pour transporter les courriers que j’ai sur les bras et que j’ai prévu de poster dans la foulée. Ce n’est qu’en sortant du magasin que je comprends tout : si elle insistait pour que je ne mette pas tout de suite ma nouvelle casquette, c’était pour que je puisse défiler dans les rues avec ce petit sac orné du logo de son commerce ! Je ne peux pas lui reprocher de soigner sa pub, mais je doute fort que je donne une bonne image de son échoppe : comme mannequin, on a vu mieux…
17h15 : Après avoir mis mes courriers dans la boîte aux lettres, je profite d’être à la poste pour acheter des timbres. C’est désormais inscrit dans les usages : quand on fait la queue à la poste, on est interpellé par un employé muni d’une tablette numérique qui vous prend aussitôt en charge si vous réglez par carte comme le font aujourd’hui tous les gens civilisés ; en revanche, il vous dirige vers un stagiaire chargé du sale boulot[8] si vous avez le malheur de faire partie des arriérés qui s’obstinent à payer avec de la vraie monnaie. Devinez à quelle catégorie j’appartiens ? La première ? Perdu ! Bref, je piétine devant un guichet tenu par un jeune type en pleine galère face à une cliente qui ne parle pas français… Tout ça pour un carnet de timbres ! Au bout d’un certain temps, une employée qui connaît son boulot étant miraculeusement disponible, on me dirige vers elle : je ne peux m’empêcher de lancer « Malheur au plouc qui paie en espèces ! » Je pourrais faire l’économie de ce genre de colère, je sais. Il n’empêche que moi qui étais sorti de bonne humeur de la fac de droit, je sens que ma patience est déjà entamée…
17h30 : Pour rentrer, je prends le tramway. Heure de pointe plus période de Noël plus chantier qui s’intensifie, bonjour le cocktail de la mort ! La rame ne se vidant pas au niveau de la place de la Liberté comme c’est habituellement le cas, je sorte ma Carte Mobilité Inclusion, comptant sur le civisme d’une personne assise pour me céder sa place et m’éviter de bouillir sur place… Mais celle que je sollicite me répond : « Ah non, il y a des sièges réservés pour les handicapés là-bas ! » Je n’insiste pas mais je ne me prive pas de la traiter d’égoïste ! Ce n’est même pas une insulte, c’est un constat ! D’autant que les sièges qu’elle me désigne ne sont pas « pour les handicapés » mais pour les « personnes à mobilité réduite », ce qui n’est pas exactement la même chose ! Enfin, là, au moins, quand je présente ma carte, personne ne me conteste le droit d’occuper un siège… Il n’empêche qu’il faudra que j’écrive cent fois : « Je ne dois pas compter sur le civisme de mes semblables dans ce monde de sauvages » !
Mardi 10 décembre
10h30 : Passage chez Artéis où j’achète une boîte de Polychromos : c’est assez cher à l’achat mais je pense que c’est un bon investissement. Ce qui me fait le plus mal, ce ne sont pas les 90 euros (et des poussières) que cette boîte me coûte… C’est plutôt le fait que ça ne me rapporte pas un seul point sur mon compte fidélité ! Qu’il faille acheter pour au moins cinq euros pour avoir des points, je le conçois, mais qu’il ne faille pas dépasser un certain seuil, ça, on ne me l’avait jamais dit ! Décidément, les boîtes privées n’ont rien à envier en mesquinerie aux services publics…
Mercredi 11 décembre
9h : Je continue à recevoir Le Télégramme, et l’édition d’aujourd’hui me frappe pour une raison simple : une fois soulevée la couverture consacrée au dernier « exploit » du Stade Brestois (laissons ça), de quoi est-il question dans ce journal ? D’abord de l’affaire Morgane, ensuite de la Syrie… La politique française n’est traitée qu’en troisième position ! On ne saurait être plus clair : la chute du gouvernement Barnier était si inéluctable que tout le monde se fout de ce qui va se passer ! Tout ce qu’on peut espérer dans le meilleur des cas, c’est la nomination d’un socialiste modéré qui saura ménager la chèvre et le chou : on ne peut pas dire que ça fasse rêver… Je ne pense pas être le seul à ne plus vouloir être obligé de soutenir un roquet du capital pour éviter l’avènement du IVe Reich ! Sinon, le Nouveau Front Populaire ne serait pas arrivé en tête du scrutin de juillet dernier, n’en déplaise à une certaine presse qui diabolise la gauche et nous vend le RN comme seul dépositaire des aspirations populaires… Les bricolages de Macron pour préserver ce qui lui reste de pouvoir n’intéressent plus personne : seule l’annonce de sa démission pourrait encore faire s’enflammer les foules… Et encore ! Je ne pense pas être le seul à être fatigué de l’année finissante et à n’avoir aucune envie de se taper de nouvelles élections anticipées en pleine période de fêtes !
20h : Bien qu’assez las depuis quelques semaines, je sors regonflé du cours du soir où j’ai réussi un portrait qui fait l’unanimité. J’ai toujours eu du mal à traiter les ombres et les volumes, mais cette fois, même la jeune femme qui m’a servi de modèle juge le résultat « sculptural » et c’est la première fois que la prof trouve que j’ai réussi à sortir du style caricatural ! Donc, la prochaine fois qu’on me posera la question : oui, je sais faire aussi des portraits réalistes, mais ça me prend une heure et demie de boulot contre seulement dix minutes pour une caricature et, surtout, je trouve ça moins intéressant à faire ! Alors si vous voulez m’en commander un, ce sera cher, pigé ?
Le portrait en question :
20h10 : Dans le bus qui fend le froid vespéral, je lis en attendant de gagner le Biorek où j’espère bien me réchauffer. J’ai reçu aujourd’hui mon Fluide Glacial : celui-ci était accompagné d’un petit livre donnant un aperçu de l’album 50 ans de couvertures édité à l’occasion du cinquantenaire de la vénérable revue d’humour. Le but de ce cadeau réservé aux abonnés (pour lequel je remercie les dirigeants de Fluide, soit dit en passant) est clairement de nous donner envie d’acquérir ce beau gros livre, il est même accompagné d’un bon de réduction ! J’avoue que je me tâte : malgré toute mon admiration et tout mon respect pour Jean-Christophe Delpierre, je dois avouer que ses textes, fort bien écrits au demeurant, n’apprennent pas grand’ chose au lecteur fidèle que je suis ; j’aurais aimé en savoir davantage sur la genèse des couvertures présentées, éventuellement avec des témoignages des auteurs concernés : même pour la mythique couverture de Gaudelette sur l’usage des téléphones portables (qui, antennes mises à part, reste d’actualité)[9], il se réfugie derrière le fait que « l’histoire de ce cage est très bien racontée dans l’album de Gaudelette, La Vie des festivals »[10]… Et pourtant, il faut bien admettre que ça a l’air d’un super beau bouquin, qui rend un hommage mérité aux talents qui se sont succédés dans les pages du mensuel… Alors ? J’achète ou pas ? Alors que je manque déjà de place ? Alors que j’essaie d’économiser maintenant que je touche l’AAH ? Râh Gnagna[11] ! Quel dilemme ! Un journal comique qui me fait vivre une tragédie digne de Corneille… Décidément, Fluide n’a pas fini de m’étonner !
Jeudi 12 décembre : il y a 79 ans naissait René Pétillon
Cette photo a été prise en 2013 à la fac Segalen : Pétillon était venu participer à une conférence à deux voix sur l'écologie dans la BD et, dans la foulée, dédicacer Palmer en Bretagne. On n'aurait pas imaginé à l'époque qu'il allait mourir cinq ans plus tard... Je lui vais montré mes dessins de l'époque qui ne l'avaient guère enthousiasmé : je reconnais qu'ils n'étaient pas au point ! Déjà qu'aujourd'hui, je me demande parfois... J'avais été frappé par son attitude sévère qui contrastait avec les barres de rire que je me prenais en découvrant ses dessins dans Le Canard enchaîné (Sarkozy disant à Martinon "Je te nomme maire de Neuilly et t'es pas fichu de le devenir", c'est un sommet !) : je n'avais pas encore compris qu'un artiste ne ressemblait pas forcément à ses productions et, généralement, au contraire, mettait dans son œuvre ce qu'il n'a pas dans sa vie...
10h : J’ai un rendez-vous à Saint-Pierre. Comme d’habitude, je suis en avance, alors je me réfugie dans un café où je termine la lecture du dernier numéro de Fluide Glacial : il y avait bien une ou deux semaines que je n’avais pas si bien ri ! Mo/CDM a quand même du génie pour arriver à raconter une histoire aussi marrante dans un contexte post-apocalyptique ! Les mémés de Frécon dont délicieusement idiotes, les persos de Fabrice Erre sont plus crétins que jamais, Tartrais nous venge joliment de toutes les galères véhiculées par la généralisation de la visioconférence… Et surtout, mention spéciale pour Tata Yolo, l’héroïne d’Evemarie et James, dont je suis fou amoureux ! Elle me rappelle la Jeanine de Reiser (comment ça, « encore elle ?) ! Bref, un bilan globalement positif…
10h30 : Me voici chez mon ami qui souhaitait m’interviewer pour son podcast. Il m’a dit avoir déjà interrogé le patron de la Diff’, le restaurant qui emploie des personnes en situation de handicap : je lui demande s’il est au courant de la situation actuelle de cet établissement et s’il a signé la pétition[12]. Il me répond que oui et en profite pour me dire que si la région leur a refusé le statut d’entreprise adaptée… C’est parce qu’ils n’emploient pas de personnel médical ! Voilà qui prouve que nos édiles ont une conception archaïque du handicap : qu’ils se renseignent, ils sauraient qu’une personne handicapée n’est pas forcément, au pire, clouée en fauteuil roulant ou, au mieux, incapable d’avoir une vie autonome !
11h30 : Ayant pris congé de mon hôte, je prévois dans un premier temps de prendre le tram pour gagner le centre-ville. Hélas, celui-ci ne va pas au-delà de Recouvrance, manifestations obligent. Comme toutes les lignes passant sur le grand pont seront certainement impactées, je me rabats sur la ligne de bus 4 qui traverse la Penfeld par le pont de l’Harteloire et n’est donc sûrement pas entravée dans sa desserte quotidienne. Seul problème : il n’y a qu’un bus toutes les demi-heures, je dois donc poireauter vingt minutes dans un froid déjà hivernal… Cette ligne permet aux habitants de la rive droite et à ceux des quartiers de Bellevue et de Lambézellec d’accéder non seulement au centre-ville mais aussi à la zone commerciale de Kergaradec : elle rendrait donc de fiers services si la desserte était plus diserte et moins déserte[13]… C’est à des petites choses comme celle-là que l’on sent tout le mépris que les décideurs vouent à certaines franges de la population, à plus forte raison si ses représentants ne sont pas motorisés ! On fait des travaux pour doter la ville d’un réseau de transports en commun censé donner aux gens l’envie de délaisser la bagnole : c’est très bien, mais on aurait aussi pu renforcer ce qui existait déjà… De façon générale : on nous parle sans cesse d’inclusion, qu’on commence déjà par atténuer l’exclusion !
16h : Rentré chez moi après de laborieuses pérégrinations citadines, j’appelle Bibus pour réserver un transport à la demande – je sais que si je prends le bus demain pour aller à la piscine, je vais vivre un cauchemar. Je dois m’y prendre trois fois : la première fois, la personne au bout du fil ma plante sous prétexte que la connexion à Internet va couper ! La deuxième fois, elle ne comprend manifestement pas que je veux faire une réservation et s’imagine que je veux m’inscrire à ce service alors que c’est déjà fait : comme je n’arrive pas à cacher l’impatience que fait naître en moi ce malentendu, elle me raccroche au nez ! La troisième fois est la bonne : j’ai finalement arraché ma réservation, ainsi que la conviction que le personnel de Bibus n’est pas du tout formé à l’accueil des personnes du spectre…
20h30 : Bien que n’ayant aucune envie de sortir le soir en ce moment, j’ai quand même répondu « présent » à la dernière scène ouverte de l’année organisée par le Collectif Synergie au Kafkérin. J’y suis venu autant par fidélité envers les événements de l’asso que par envie de faire oublier l’incident diplomatique de la dernière fois. Je n’ai pas à rougir de mon sens de la solidarité puisque nous ne sommes que trois à nous relayer sur scène : moi, Claire et un monsieur d’âge mûr que nous ne connaissions pas, lequel chante en s’accompagnant à la guitare (je sais, c’est original), improvise quelques duos avec une charmante jeune fille et fait même des trios en invitant une bénévole du café à se joindre à eux. Ce bel exemple de rapprochement intergénérationnel est cependant impuissant à entamer la grande mélancolie qui m’envahit, tant et si bien qu’avant d’interpréter mes propres textes, je propose une reprise de « Tous ces mots terribles » du regretté François Béranger…
Quelques croquis...
...et une photo
Vendredi 13 décembre
13h : Je me pince pour vérifier… Non, je ne délire pas, c’est vrai ! Décidément, un Macron, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît ! Je l’ai sous-estimé en pensant qu’il ne pouvait plus me surprendre ! Alors ça, c’est le bouquet ! Il peut dire merci à Bolloré : si Les Guignols de l’info étaient encore là, il n’aurait jamais osé… Mais c’est risible tout de même ! Avant, le vendredi 13 était réputé pour porter malheur : désormais, il sera réputé pour faire rire ! Mais ce sera un rire jaune car je n’attends rien de bon de cet ancien ministre de Balladur et de Chirac qui a retourné cent fois sa veste pour sauver sa peau tannée et est devenu célèbre en essayant d’abroger la loi Falloux ! Car oui, Bayrou (vous pensiez que je parlais de qui ?), sous ses dehors débonnaires de paysan un peu naïf, est bien un politicard opportuniste, calculateur, sans scrupules et rétrograde de surcroît ! Quand le président nous présentera ses vœux pour la nouvelle année, je n’y croirai pas ! Remarquez, je n’y croyais déjà pas avant…
Allez, un peu de musique pour terminer...
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
[1] Je préfère la proposition de Philippe Geluck : « Liberté, égalité, fraternité, c’est pas mal ! Ils auraient ajouté "Bon appétit" et c’était parfait. »
[2] J’ai justifié mon intervention en rappelant que nous allons commémorer les dix ans du 7 janvier 2015 dans moins d’un mois : ça m’apprendre à faire le malin, tiens !
[3] J’appelle un chat un chat !
[4] « Je ne conjugue jamais le verbe « croire » à la première personne du singulier. » François CAVANNA, Coups de sang, Belfond, Paris, 1991, p. 117. « Toutes les religions sont à foutre au pilon ! Dieu n’a jamais existé et n’existera jamais ! » Bob SINÉ, Mon dico illustré, Hoëbeke, Paris, 2011, p. 13.
[5] « [Reiser] n’a jamais critiqué le principe divin et créateur, seulement l’idée que certains s’en faisaient et les saloperies qu’ils s’autorisaient en son nom. Il n’a rien contre Dieu, déteste la religion. C’est au nom de la transcendance, du mystère, de l’extase que Reiser brocarde les courtiers de la foi et dévaste les cuisines du sacré. » Jean-Marc Parisis, Reiser, Grasset, Paris, 1985, p. 176.
[6] Je ne minimise évidemment en rien le génie de Cavanna, Choron, Cabu, Delfeil de Ton, Gébé, Wolinski, Willem et tous les autres.
[7] Ce choix n’engage que moi !
[8] Autant pour moi, la formule est redondante : par définition, les stagiaires sont faits POUR être chargés du sale boulot !
[9] Fluide Glacial n°288, juin 2000. Cette couverture, digne des grandes « unes » de Charlie Hebdo, est la seule de l’histoire du mensuel à avoir fait l’objet d’une censure, qui plus est uniquement en Suisse : mais, tel le cryptage utilisé par les Guignols pour le sketch du sac de Bernadette, le carré noir, loin d’atténuer la crudité de l’image, ne fait qu’en décupler l’effet !
[10] C’est d’autant plus regrettable que, sauf erreur de ma part, cet album est aujourd’hui épuisé…
[11] Si vous ne comprenez pas le gag, c’est que vous ne connaissez pas Gotlib et n’êtes donc pas digne de figurer parmi mes lecteurs, dépêchez-vous de combler votre lacune.
[12] Quoi ? Vous ne l’avez toujours pas signée ? Mais qu’est-ce que vous attendez ? Nous sommes déjà plus de quatre mille à l’avoir fait ! C’est par là : https://www.leslignesbougent.org/petitions/denonciation-et-appel-a-soutien-pour-le-refus-du-label-dentreprise-adaptee-19855/
[13] ‘Fallait la trouver, celle-là, hein ?