Du 6 au 10 mai : rien sur le couronnement de Charles III

Samedi 6 mai

 

14h : Je rentre chez moi, complètement désespéré. La cause de cet état n’est pas la faible fréquentation de ma conférence au Beaj Kafé, il ne fallait pas espérer plus de monde un samedi matin par un temps pluvieux. Non, j’ai compris que les deux types prétendument vendus chez moi pour la fibre optique étaient des escrocs. Sur les conseils d’un ami, je décide de raconter cette mésaventure dans une nouvelle graphique, sur le modèle de ce que j’avais fait pour raconter ma rencontre avec les Ukrainiennes…

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Dimanche 7 mai

 

11h : J’apprends la mort de l’athlète Tori Bowie, à 32 ans : ça donne envie de faire du sport, n’est-ce pas ? Ce n’est pas la première fois que le sport de compétition fait crever une belle jeune femme, souvenez-vous de la délicieuse Florence Griffith-Joyner : et ce ne sera pas la dernière fois tant que le sport restera un enjeu de l’économie capitaliste où les athlètes, tout comme les employés dans l’entreprise privée, ne sont plus que des pompes à fric à rentabiliser par tous les moyens, y compris les plus néfastes… Comment ça, il n’est pas prouvé que la jolie Tori a bien été tuée par le dopage et le surentraînement ? Bien sûr, et mon cul, c’est du poulet aux hormones !

 

22h : Je n’ai toujours pas dîné. Je mets la dernière fin à une série de « variations » sur le thème de Jessica Rabbit, je me suis amusé à dessiner l’épouse de Roger Rabbit avec une trentaine de costumes différents. Avec ce qui m’est arrivé, j’ai besoin de me changer les idées et puis c’est normal de s’attarder avec une femme pareille, non ?

 

Voici 23 variations sur Jessica Rabbit : j'en publierai d'autres dans les mois à venir...

 

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Lundi 8 mai

 

15h15 : Après avoir fait un petit tour au bois pour m’aérer, je m’apprêtais à écrire un billet d’humeur de circonstance : nous sommes le 8 mai et je me disais qu’il était judicieux, en ce jour où l’on commémore la chute de l’Allemagne nazie, de rappeler des principes de paix, de justice, de liberté… Mais j’ai reçu un coup de fil d’une amie qui connaît elle aussi sa part de malheur : nous avons partagé nos détresses respectives et ça m’a coupé l’envie de réutiliser tous ces grands mots qui ne veulent plus rien dire pour la plupart de mes semblables : quand je parle de démocratie et de droits de l’homme, j’ai l’impression de faire rire tout le monde, aujourd’hui ! Qui peut encore croire à ces belles valeurs… À part des cons biens élevés comme moi ?

 

Mardi 9 mai : Il y a 130 naissait William Marston, créateur de Wonder Woman.

 

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10h45 : Alors que mon moral ne va pas mieux, je passe à Guilers où doit avoir lieu une conférence de presse : ma rédactrice en chef n’a pas encore validé les sujets concernés, mais on ne sait jamais. Je n’ai pas osé avertir mes parents de mon passage dans leur commune, j’ai trop honte de m’être fait duper pour oser me présenter devant les auteurs de mes jours. Heureusement que je connais le bled comme ma poche, notamment l’espace Jean Mobian – anciennement l’Agora. Je revois ainsi quelques têtes qui m’étaient familières, notamment une femme qui avait participé avec moi à l’écriture de Good Morning Brest[1] : elle a les cheveux blancs, maintenant, comme le temps passe… De quoi est-il question, au fait ? De l’organisation d’un repair café, un événement plus ou moins régulier où les particuliers pourront venir apporter leurs objets transportables à réparer, et d’une conférence sur les habitudes de lecture des jeunes… Vous savez quoi ? Je vous parie que si je devenais une personnalité avec un pied à Paris, ces choses-là me manqueraient !

 

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11h30 : À l’issue de la conférence de presse, je remarque, dans le hall, une troupe de dames d’un certain âge qui boivent le café et mangent des viennoiseries : elles me reconnaissent et je n’ose pas refuser leur invitation à me joindre à elles. Bien entendu, je leur raconte ma récente mésaventure : la compagnie de femmes âgées me réconforte, je dois avoir des manques de ma mamie…   

 

11h45 : Je sors de l’espace Mobian : le bus me passe sous le nez. Je dois attendre une demi-heure pour le prochain. Sous l’abribus, je ne peux même pas m’asseoir sur le banc, celui-ci est trempé, probablement éclaboussé par une bagnole. Ça y est, je me rappelle pourquoi j’ai quitté Guilers il y a déjà quatre ans…       

 

13h30 : Passage au bureau de police de Lambézellec. J’avais déjà déposé plainte en ligne en demandant à être reçu aujourd’hui à quatorze heures, et je m’étonnais de ne pas être convoqué : on me fait savoir qu’on ne pourra me recevoir que demain matin. Je me suis écrasé, qu’auriez-vous fait à ma place ? Je suis déjà assez emmerdé comme ça en ce moment, ce n’est pas la peine d’en rajouter !  

 

Mercredi 10 mai

 

9h45 : Fidèle à mes habitudes, j’arrive en avance au bureau de police. La dame qui m’accueille ne s’en formalise pas et m’invite à m’asseoir en attendant qu’on m’accueille. Les sièges métalliques sont monstrueusement inconfortables, je n’ai pour passer le temps que les magazines édités par le conseil départemental et la communauté urbaine. Je préfère encore les affiches dont sont recouverts les murs sinistres de ce lieu dédié au contrôle et à la répression… C’est marrant, avoir des ennuis avec des hors-la-loi ne me réconcilie pas avec les forces de l’ordre ! Sans doute parce que sans les premiers, on n’aurait pas besoin des seconds : ce n’est pas parce que je n’aime pas les maladies vénériennes que je vais me mettre à aimer les capotes anglaises !  

 

10h : Je suis reçu par un grand flic au front déjà ridée dont l’uniforme me fait penser à Robocop, impression renforcée par le masque chirurgical qu’il porte : il n’y a pas grand’ chose de sympathique chez un policier à part le sourire qu’il peut occasionnellement arborer et celui-ci n’en a même pas ! De quelle maladie les agents peuvent-ils avoir peur au point de de rendre encore plus effrayants aux yeux des citoyens ? De la grippe du poulet ? Je n’ai cependant pas le cœur à rigoler, j’ai une trouille bleue qu’il me pose des questions auxquelles je n’aurai pas la réponse… Quand il me fait relire ma déposition, celle-ci est bourrée de faute de français ! Manifestement, une bonne écriture n’est pas nécessaire pour entrer dans la police ! Je le lui fais savoir, mais il me rétorque que le correcteur automatique ne lui signale aucune faute et que « donc » il n’y en a pas ! La logique administrative dans toute sa splendeur ! Je n’insiste cependant pas, de peur de me prendre un coup de matraque assorti d’une amande pour insulte à agent… Il me laisse sortir au bout de vingt minutes qui m’ont paru un siècle, muni d’un document arborant le tampon de la police nationale, attestant de la main courante qui a été déposée et me permettant de faire valoir mes droits en cas de pépin… Je n’arrive pas à m’en réjouir !

 

10h30 : Comme j’ai fait opposition sur ma carte bancaire et que j’ai quand même besoin d’argent, je me rends à la banque pour pouvoir retirer du liquide avec une carte provisoire. J’ai bien fait de ne pas attendre : on m’annonce que ma nouvelle carte n’arrivera que la semaine prochaine… J’en profite pour réaffirmer que je n’ai souscrit aucun nouveau contrat et que toute tentative de prélèvement non désiré devra être bloquée : j’espère que ça suffira…

 

10h45 : Je dois me rendre dans une boutique SFR pour m’assurer qu’aucun contrat n’a été souscrit chez eux  en mon nom: un bureau de police, une agence bancaire, une boutique de téléphonie… En une seule matinée, j’aurai visité trois lieux qui attirent mon mépris ! Il ne manquerait plus qu’une caserne d’infanterie pour que le tableau soit complet ! Sur la route, le destin m’apporte un réconfort : je retrouve une amie qui attend le bus pour rentrer en centre-ville, je peux ainsi m’épancher auprès d’elle. Cette rencontre est d’autant plus bienvenue qu’elle me permet de découvrir à quelle station je dois attendre le bus qui relie Bellevue au centre-ville, ce qui n’a rien d’évident dans le bazar du chantier de la deuxième ligne de tram ! Mon amie me rapporte d’ailleurs, à ce sujet, les propos d’un épicier de Bellevue qui a trouvé un bouc émissaire : les Parisiens qui s’installent à Brest ! Selon ce brave commerçant, ce serait à cause d’eux s’il y a des travaux qui emmerdent tout le monde ! La mentalité poujadiste a encore de beaux jours devant elle…

 

11h : J’arrive à la boutique SFR de la rue Jean Jaurès où j’explique fermement la situation : la jeune femme qui m’accueille est à deux doigts de me jeter dehors ! Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit moins aimable que le flic et le banquier : je veux bien croire qu’elle n’est pas formée à recevoir des gens en situation de détresse, mais tout de même ! Je sors le document tamponné par le policier : elle baisse tout de suite d’un ton… Peu fier d’avoir dû recourir à la peur du gendarme pour me faire entendre, je lui montre les SMS que j’ai reçus : apparemment, ils ne sont pas conformes et les liens qui m’ont été envoyés n’aboutissent nulle part ! De surcroît, si un contrat avait été souscrit chez eux en mon nom, j’aurais reçu un mail avec un numéro de commande. Conclusion : tout cela est bel et bien bidon, il s’agit effectivement d’une tentative d’escroquerie et SFR n’a rien à voir là-dedans ! Il ne me reste donc qu’à rentrer chez moi et à m’apprêter à scruter mon compte en banque pour m’assurer que personne n’essaie de m’extorquer quoi que ce soit ! J’ai le droit de dire que ça me déprime ?

 

Interlude : un dessin de mon petit lapin en verre de Murano

 

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14h : Je repars déjà : il faut que je passe faire une réservation au port de commerce et que je photographie quelques documents aux archives municipales. Dans le fond, ça m’arrange un peu d’être obligé de traverser la ville : ça me fait une excuse pour ne pas prendre de nouvelle initiative, je n’ai pas le cœur à ça, et surtout, ça m’évite de rester chez moi à ruminer…

 

14h30 : J’arrive au Tara Inn, je demande à pouvoir réserver pour un mercredi soir : hélas, ils me font savoir qu’ils ne prennent de réservation que pour le midi et non pour le soir où ils ne proposent de toute façon que de la petite restauration. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je me rabats sur un autre pub irlandais du port, le Mc Guigan’s, où on ne fait pas la même difficulté. J’aurais dû y penser : deux établissements aussi voisins, dans l’esprit comme dans dans l’espace, n’auraient pas pu subsister en proposant exactement les mêmes services ! Je suis prêt à parier qu’ils se mettent d’accord entre eux ! Il n’y a pas de raison, c’est ce qu’ont fait les grands groupes de télécommunication quand on leur a offert le marché du téléphone ! Évidemment, quand ce sont des restaurateurs, ça fait moins de mal, mais en tout cas, cette histoire de concurrence « libre et non faussée », c’est du bidon à tous les niveaux…

 

15h30 : J’arrive aux archives où je demande à consulter les numéros du Télégramme parus en 1995 : j’ai entrepris d’écrire des articles sur les fameuses grèves de cette année-là, mais je n’ai pas trouvé d’images disponibles en ligne, alors je photographie celles qui étaient parues dans la presse de l’époque, au cas où la rédaction n’en trouverait pas de son côté – j’espère qu’on n’en arrivera pas là car j’ai conscience que le procédé n’est pas tout à fait légal, loin s’en faut. L’un des responsables, que je connais pour l’avoir croisé lors des conférences de la SEBL[2], est dans la salle : je n’ose pas le déranger et lui demander pourquoi il n’y a pas d’images des manifs de 1995 sur le site de son service. Quand je feuillette les numéros parus après l’annonce du tristement célèbre « plan Juppé », je suis choqué par la façon dont le journal de la famille Coudurier traitait les protestataires, qu’il s’agisse des fonctionnaires dont il fustigeait le « conservatisme », ou des étudiants dont il dénonçait l’agressivité parce qu’ils osaient bloquer les ponts brestois ! Il n’empêche que ces contestataires, si agressifs et si réactionnaires, ont fini par gagner ! Doublement, même, puisque Juppé a dû quitter le pouvoir un an et demi plus tard…

 

16h30 : Je suis déjà à l’entrée de l’annexe de l’école des Beaux-arts. Je n’ai rien à faire en attendant l’heure du cours, mais rentrer à Lambé aurait été contre-productif : le temps que j’arrive chez moi, il faudrait déjà repartir. Je pourrais aller boire un coup, mais je ne tiens pas à prendre le risque de gaspiller mes sous et j’ai été tellement secoué ces derniers jours qu’un peu de calme n’est pas pour me déplaire… Je tue l’ennui en faisant un croquis d’une pomme de pin ramassée sur le trottoir : c’est très beau, les pommes de pin, mais je ne les regarde plus de la même façon depuis que je sais que ce sont les organes reproducteurs des conifères…

 

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18h15 : Je ne me suis pas privé de raconter ma mésaventure aux autres élèves et à notre professeur. Celle-ci a encore eu une de ces idées folles dont elle a le secret : elle nous fait piocher au hasard des papiers (trois ou quatre par personne) sur lesquels elle a écrit des mots et nous devons dessiner, de mémoire ce qui correspond à l’inscription sans nous faire servir d’aucun modèle ! Dans le tas, il y a des noms de personnalités : moi, le spécialiste de la caricature, je n’en tire aucun ! La jeune femme qui tire « Dalida » ne sait pas de qui il s’agit et en prend un autre papier en échange : s’il faut y voir un signe que l’œuvre de Iolanda Gigliotti tend à tomber dans l’oubli, je ne vais pas m’en plaindre ! Je tire, entre autres, « Loup-garou » et « Chemise de nuit ». Pour le loup-garou, je dessine une femelle : j’ai été marqué par un autoportrait de la dessinatrice Laurel qui s’était représentée en louve-garou pour exprimer sa mauvaise humeur, rompant ainsi avec l’image « guimauve » qui lui collait erronément à la peau ; certains élève croient que j’ai voulu représenter une belle-mère, une personne transgenre (ma sœur appréciera…) voire… La première ministre ! Quant à la chemise de nuit, certains croient voir une nuisette : je rétorque que je n’en ai jamais vu ! « Ça viendra », me répond la prof. « J’espère bien que non », conclus-je.

 

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19h15 : Deuxième exercice : nous devons prendre pour modèle une robe noire que notre prof ne peut plus mettre,  à son grand dam. Je suis un peu étonné que même une artiste de sa classe puisse rester attachée à ce genre de futilité, mais bon, c’est son affaire. Je me tire assez bien de l’exercice, à tel point qu’une autre élève pense que je pourrais faire styliste : mon mépris pour le monde de la mode m’empêche d’apprécier pleinement le compliment…

 

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20h : Fin du cours. La pomme de pin qui m’avait servi de modèle est toujours là où je l’avais laissée. Je ne pourrai assister au cours la semaine prochaine, ce serait drôle si elle était encore là dans deux semaines ! J’espère que d’ici là, j’aurais oublié ce qui me mine actuellement… 

 


[1] Spectacle son et lumière organisé à l’occasion du centenaire du débarquement américain à Brest. Plus de détails ici : http://www.wiki-brest.net/index.php/Good_Morning_Brest_!   

[2] Société d’Études de Brest et du Léon, société éditrice des Cahiers de l’Iroise.



11/05/2023
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