Du 4 au 12 juillet : Il fait chaud, mais j'habite en Bretagne alors je n'arrive pas à trouver ça désagréable...
Pour commencer, une mini-BD sur le mythe d'Apollon et Daphné :
Vendredi 4 juillet
22h : Mais qu’est-ce qu’ils ont tous en ce moment ? Il ne se passe pas un jour sans que je reçoive un coup de fil, qui plus est, le plus souvent, pour me proposer une entrevue à l’improviste ! Je sais bien que j’ai fait des progrès pour la gestion des imprévus, mais tout de même… D’autant qu’avec mon père qui est toujours à l’hôpital, j’ai tendance à imaginer le pire chaque fois que le téléphone sonne ! Je veux bien croire que ce soit là un symptôme du flottement qui s’empare de la société quand arrive la saison des grandes vacances… Et une raison supplémentaire pour ne pas aimer cette période, une !
Un croquis réalisé à la plage :
Samedi 5 juillet
18h : Voilà bien trois quarts d’heure que je poireaute sur la terrasse des 3 Brasseurs, à Kergaradec, où j’ai organisé une surprise pour les quarante ans d’une amie – tout s’est fait avec la complicité plus qu’active de son compagnon, je dois bien le dire. En attendant, je suis bien étonné de ne voir arriver personne alors qu’une bonne vingtaine de convives est attendue ! J’entre donc dans le restaurant pour me renseigner : on me confirme que la réservation avait bien été prise en compte… Mais pour dix-neuf heures et non dix-huit heures comme je l’avais cru ! Et moi qui tournais en rond dans ce quartier maléfique sous une pluie de plus en plus agressive… Il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi con !
Une variation sur le mythe d'Héraclès et du taureau de l'île de Crète :
Dimanche 6 juillet
19h : La pluie semble cesser ; je suis quand même content d’avoir réservé cette journée pour travailler sur le contenu du présent blog en prévision d’une éventuelle publication en livre. Ne serait-ce que parce que je me surprends à trouver que mes plus vieux écrits tiennent encore la route, même huit ans après… J’arrive à être fier de ce que je fais, mais pas de moi-même.
Une photo prise en Sarthe quand mes parents avaient encore une maison là-bas - à l'heure où je mets en page cet article, mes voisins font un barbecue et l'odeur me met l'eau à la bouche :
Lundi 7 juillet
9h30 : Je récupère mes œuvres exposées à l’EESAB, ce qui me vaut de recroiser une dame que j’avais côtoyée dans le cadre d’un autre atelier – bien entendu, je l’avais oubliée, mais la réciproque n’était pas vraie… Enfin bref : ayant un peu de temps avant l’arrivée de mon transport, j’en profite pour lui monter mes dessins, dont un où apparaît Macron… Qu’elle prend pour Villepin ! Dans un sens, c’est juste : les deux se valent ! C’est bien Villepin qui a suggéré à Chirac de dissoudre l’assemblée en 1997, et c’est encore lui qui a fait descendre les gens dans les rues en 2006 : autant dire que s’il succède à Macron dans deux ans, on ne verra pas la différence, il fera exactement les mêmes conneries !
Sans transition, une photo prise quand j'étais adolescent pour rester dans l'ambiance de l'été :
13h : Le Dilettante a refusé mon recueil de nouvelles, entre autres parce qu’ils n’en perçoivent pas la « structure d’ensemble » ; il est vrai que je ne me suis pas soucié d’en donner une, me bornant à enquiller mes fictions les plus réussies – de mon point de vue, s’entend. Je pensais que quand on lit un recueil de nouvelles, on ne s’attend pas forcément à ce que les textes qui le composent entretiennent un lien particulier entre eux : mais je peux me tromper ! Ils jugent aussi que je traite sans grande subtilité les sujets que j’aborde : il est vrai que je suis du genre à trancher dans le vif et j’estime que certains sujets, comme le harcèlement, méritent de ne pas être traités à fleuret moucheté ; mais là encore, je ne dis pas que j’ai forcément raison !
Un dessin pour le plaisir, parce qu'on est quand même en été :
16h30 : Sortant du cabinet de ma psychologue, je m’apprête à prendre le tramway pour remonter la rue de Siam puis la rue Jean Jaurès… Mais j’ai la mauvaise surprise de constater que la circulation du tram est bloquée depuis la station « Château » jusqu’à l’arrêt « Saint-Martin » ! Et ce jusqu’à la fin du mois d’août ! Moi qui croyais naïvement que cette ligne ne serait plus impactée par le chantier… Bien sûr, c’est moins pire que l’an dernier où le tram ne circulait plus du tout, mais tout de même… Quand je suis confronté à ce genre de problème, je pense toujours à cette aventure de Lucky Luke où le cow-boy créé par Morris force des voyageurs à emprunter un train qui n’a qu’un seul wagon ; quand ils en obtiennent un second, ils croient pouvoir améliorer leurs conditions de transport, mais Luke coupe vite court à leur enthousiasme : « Non ! Nous allons lâcher le wagon de derrière, qui nous retarderait ! Tout le monde dans le fourgon ! »[1] Ah mais il fait ça pour la bonne cause, me direz-vous ! Oui : il a pour mission d’escorter des scientifiques qui doivent explorer le Wyoming en vue de la colonisation de ce territoire… Cette séquence est un beau raccourci de la vie : vous avez à peine le temps d’acquérir un surcroît de confort et de bien-être que d’autres personnes se dépêchent de vous pourrir davantage l’existence, qui plus est au nom de causes qui ne vous concernent pas et sont généralement injustes… Mais ce qui m’effare le plus, c’est la goujaterie dont fait montre Bibus : ils m’appellent pour me reprocher de ne pas être gentil avec un chauffeur de taxi, mais ils ne prennent pas la peine de donner à leurs abonnés un renseignement aussi essentiel ! Comme s’ils n’avaient aucun moyen de nous joindre…
Toujours pour l'ambiance estivale :
Mardi 8 juillet
14h : Je passe chez Grenier pour récupérer des tirages commandés ce matin : j’ai la mauvaise surprise de constater que mes dessins y sont recadrés au mépris des textes qui y figurent et des consignes que j’avais données ! Le problème s’était déjà posé pour les mêmes dessins il y a peu, et comme je n’avais jamais eu de souci jusqu’alors, j’avais mis ça sur le compte d’une négligence de ma part. Mais ce n’est visiblement pas le cas ! J’ai du mal à cacher mon irritation car je suis déjà fourbu après une matinée bien remplie et j’ai hâte de rentrer chez moi. C’est humain, non ? Bon : seulement, comme si ça ne suffisait pas, la jeune femme à qui j’exprime mes récriminations ne voit rien d’anormal quand je lui montre mes dessins rendus illisibles par ces recadrages barbares ! J’ai beau insister, elle s’obstine à me servir une explication qui ne tient pas la route : j’ai l’impression de revivre cette histoire des Bidochon où Robert ne s’étonne pas d’entendre Raymonde lui annoncer que leur balance lui annonce 185 kilos[2]… Je perds patience et je tape du poing sur le comptoir : hélas, le patron assiste à la scène, et comme il n’a apparemment jamais assisté à une crise autistique, il me fout dehors… C’est drôle, je n’arrive pas à regretter ma conduite ! Je ne suis pas totalement innocent, d’accord, mais il est hors de question que je présente des excuses : rien ne serait arrivé si le boulot avait été fait correctement, après tout ! Désolé de ne pas être comme tous ces crétins qui s’esclaffent quand les choses ne se passent pas comme il faut : non seulement j’en suis incapable mais je trouve même cette attitude idiote, elle me rappelle ce strip de Fabcaro paru dans Fluide Glacial où un protestant répond en ces termes aux catholiques qui lui annoncent qu’ils vont le massacrer : « Ah, ah ! Mince… Bah, l’important c’est de participer. »[3] Enfin bref : comme j’ai encore plus de quatre cents tirages sur mon forfait et que je ne veux pas les laisser perdre (ça peut se comprendre, non ?), il faudra bien que je revienne, mais je me promets de prendre quelques précautions : il faudra notamment que je trouve une bonne âme pour m’accompagner afin que je ne me retrouve pas seul face à ce patron hargneux…
Sans transition :
14h45 : Je m’arrête à la poste de mon quartier pour acheter des timbres. Je suis épuisé mais je n’ose pas sortir ma Carte Mobilité Inclusion pour fendre la file. Alors je fais la queue et j’ai ainsi le loisir d’admirer les publicités pour des pièces de collection représentant les super-héros de DC Comics. Quand mon tour arrive enfin, je parle de ma CMI à la postière : elle m’affirme qu’il n’y a pas de problème, que le droit à la priorité que me confère cette carte est inaliénable et que les gens n’auront pas à s’y opposer, même s’ils trouvent bizarre que je sois possesseur de cette carte alors que je tiens sur mes jambes… Quand je demande mes timbres, elle me propose deux collections : les natures mortes et les personnages de Disney ! Je choisis la première, mais je ressors avec l’impression que la poste anticipe les visées impérialistes de Trump ; je repense à ce sketch de Karl Zéro proposant sa conception de ce que signifie Gatt : « Gouvernement Américain sur Toute la Terre » ! Ça m’inquiète d’autant plus que dans le monde selon Donald, il n’y a sûrement pas de place pour les atypiques…
Toujours sans transition :
16h : Je reçois la visite inopinée d’un monsieur qui vient me vanter les mérites d’un fournisseur d’énergie financièrement avantageux : prudent, je lui demande sa carte avant de le laisser entrer pour faire un devis, mais il est apparemment en règle. Ce qu’il me propose est effectivement meilleur marché que ce que je paie actuellement, mais je préfère lui demander de m’envoyer une documentation pour en discuter avec mes parents quand mon père sera sorti de l’hôpital… Chat échaudé craint l’eau froide, mais j’ai tout de même une grande nostalgie du temps où le gaz et l’électricité étaient monopoles d’État.
Mercredi 9 juillet : Pierre Perret a 91 ans
Cette photo a été prise il y a quelques années à Guipavas à l'occasion d'un concert auquel participait mon petit cousin - je ne voulais pas passer à côté d'une occasion de vous dire que j'ai vu Pierre Perret sur scène.
18h30 : Il y a des journées qui commencent bien mais qui finissent mal. Celle-là, c’est le contraire : ce matin, j’ai été contraint de me lever tôt pour pouvoir accueillir un plombier qui doit pallier l’incompétence de son collègue car mes chiottes fuient toujours, puis j’ai reçu la visite-express de ma mère qui m’a confirmé que mon père en a encore pour des semaines… Mais j’ai pu prendre un bain au Moulin Blanc et mon amertume s’avère soluble dans l’eau de mer. Merci, ô Poséidon !
Le 9 juillet, c'est aussi l'anniversaire d'Amélie Nothomb ; voici deux dessins représentant Trémière et Déodat, les amants de Riquet à la houppe :
Jeudi 10 juillet
13h30 : Visite de la prison de Pontaniou : je m’en serais voulu de rater l’opportunité de visiter ce site de sinistre mémoire avant sa réhabilitation ! Bien entendu, le port du casque y est obligatoire, tant les lieux sont délabrés. Dans un tel endroit, les visiteurs n’ont pas le cœur aux rires gras et aux conversations minables qui me rendent les visites guidées si pénibles d’ordinaire… La bonne nouvelle, c’est que le projet de réhabilitation prévoit de garder comme tels les plafonds voûtés datant de l’ancienne fonderie, qui ont quand même une certaine allure ; les cachots où les résistants avaient été enfermés par l’occupant seront eux aussi préservés, par respect pour le devoir de mémoire. Dire qu’il a été question d’y installer un hôtel de luxe ! On n’est pas passé loin de la catastrophe, mais les Brestois ont su se mobiliser pour éviter cette indécence…
Quelques photos prises au cours de la visite - les fresques murales sont de Paul Bloas :
Un croquis fait à la plage après la visite :
Vendredi 11 juillet
19h : Après un bon bain de mer à Sainte-Anne-du-Portzic, je profite d’un copieux casse-croûte avant de reprendre le bus ; ma présence sur un banc me vaut d’être interpellé par trois personnes de ma connaissance qui me demandent si je suis « là pour le film »… De fait, j’avais vaguement entendu parler d’une séance de cinéma en plein air organisée dans les parages immédiats de la plage, mais j’avais complètement zappé cette information qui m’indifférait au plus haut point – et je pèse mes mots. Malgré toute la sympathie que m’inspirent les personnes qui m’ont reconnu, je n’ai aucune envie de m’attarder pour la projection : je suis tout flappi par ma séance de natation et, de toute façon, j’ai promis de mettre le frein sur les mondanités, ce n’est pas pour replonger alors que je suis en vacances.
Samedi 12 juillet
12h30 : J’ai su m’organiser pour passer le gros de la journée à Sainte-Anne, j’avais même emmené un pique-nique non-carné – désolé pour les vegan, j’avais quand même emmené une boîte de thon. Ayant quelques reliefs de repas à évacuer, je me dirige vers une poubelle et j’ai ainsi l’occasion de constater un effet pervers de la séance de cinéma d’hier soir : toutes les poubelles débordent et sont même entourées d’une quantité difficilement appréciable (au sens propre comme au sens figuré) de bordilles qui n’y ont pas trouvé leur place. Faute de mieux, donc, je déverse mes déchets dans un sac en papier situé juste à côté de la poubelle... Ce qui me vaut d’être traité de « dégueulasse » par un beauf qui assiste à la scène ! Je proteste de ma bonne foi, mais rien à faire : ce gros tas de graisse, à côté duquel j’ai l’air d’un danseur étoile et qui n’a visiblement rien d’autre à faire, m’a choisi comme bouc émissaire de cette pollution dont je ne suis pas responsable… Il insiste tellement que je finis par le traiter de « connard » ! On en serait probablement venus aux mains si je n’avais pas prudemment décidé de m’éclipser en décalant ma serviette : périr étouffé par les bourrelets de ce gros plein de chips, voilà une perspective qui n’a qu’un lointain rapport avec ce que j’appellerais une belle mort… Pourquoi faut-il toujours qu’on me gâche mes plus beaux moments ? On interdit les plages aux chiens : on ferait mieux de les interdire aux cons !
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !