Du 4 au 12 avril : l'économie américaine va bientôt cesser de souffrir, Trump va l'euthanasier !
Ouvrons avec un dessin illustrant littéralement mon titre de la semaine dernière : "Le Pen est condamnée mais ses idées courent toujours"
Vendredi 4 avril
11h : Alors que j’écris dans mon bureau avec la fenêtre ouverte, j’ai le déplaisir d’entendre chouiner un bébé au pied de l’immeuble. Avant que les limites de ma patience ne soient franchies, je m’adresse donc à la famille postée devant le bâtiment : « Si vous voulez, je peux ouvrir la porte, comme ça, vous ne me casserez plus les oreilles ! » Et ces braves gens me répondent qu’en fait, ils s’en vont ! Je ne comprendrai jamais cette manie qu’ont les neurotypiques de mettre des heures à de dire « au revoir »…
11h30 : J’ai reçu un message m’annonçant l’arrivée d’un colis, mais son contenu était blanc : pas la moindre trace d’un numéro à fournir à la personne censée me le délivrer. Aussi, à peine arrivé pour récupérer mon bien, je préviens tout de suite la postière que je n’ai pas de code à lui donner. Croyez-vous qu’elle va protester ? Et bien non ! Sur présentation de ma carte d’identité, elle consent à aller chercher le paquet et, finalement, elle ne met que quelques secondes à le trouver ! Incroyable mais vrai : les postières qui font encore leur boulot, ça existe encore !
20h30 : Dîner au Biorek après la piscine. J’en profite pour terminer la lecture de Maboul Kitchen, cinquième et dernier[1] tome de la série Mémé Cornemuse : Nadine Monfils n’a pas osé tuer sa vielle folle ingérable mais, dans cette aventure elle la pousse clairement dans les derniers retranchements de la dinguerie ! Elle accumule même tant « d’exploits » surréalistes qu’on finit par en être presque saturé, mais c’était le prix à payer pour que l’on puisse enfin la quitter sans rester sur sa faim. Encore que… Je serais curieux de voir Mémé Cornemuse retrouver les personnages qui s’étaient plus ou moins attachés à elle : je pense à sa fille qu’elle abandonne dans Les vacances d’un serial killer, au flic homosexuel qu’elle épouse dans La petite fêlée aux allumettes[2], à son fils qui la retrouve dans La vieille qui voulait tuer le bon Dieu et la famille rupine qui l’adopte dans Mémé goes to hollywood ! Et si George Clooney, qui a été si gentleman avec elle, lui proposait un rôle dans son prochain film ? Je la verrais bien en vieille patronne de ranch qui tirerait à vue sur tous ceux qui essaient de s’emparer de ses terres ! Et si Jean-Claude Van Damme, son grand amour utopique, à défaut de l’épouser, lui proposait un plan à trois sur la suggestion de son épouse ? Après tout, si j’en crois l’actualité autour de l’acteur belge, il n’en plus à ça près niveau perversions ! Bon, ce sont juste des idées comme ça…
Cette semaine, j'ai complété une série de variations autour du loup et de la girl de Tex Avery. En voici une :
Samedi 5 avril
13h50 : J’ai enfin réussi à finir Les guignols, le jeu ! En fait, il faut retenir plusieurs choses avant de se lancer dans une partie. Primo : il faut VRAIMENT avoir l’œil sur le « Gigamat », ce plateau de jeu qui indique votre position par rapport aux célébrités auxquelles sont consacrés les reportages que vous pouvez ramener, et il faut aussi tenir compte de l’avis des chefs qui vous avertissent si les images que vous choisissez de ramener seront profitables ou défavorables pour la personnalité concernée. Quand vous êtes encore bas dans le Gigamat, il ne faut pas hésiter à diffuser des reportages présentés comme flatteurs pour une personnalité mieux classée que vous ; inversement, plus vous montez, plus vous avez intérêt à enfoncer les individus qui sont derrière vous. Deuxio : pour progresser rapidement, il peut être intéressant de répondre aux offres de promotion figurant sur le panneau d’affichage à l’entrée de votre bureau, mais attention ! D’une part, si le journaliste qu’on vous propose de remplacer est moins bien classé que vous, ce n’est pas intéressant d’être candidat à son poste ; d’autre part et surtout, vous n’avez pas le droit à l’erreur : si vous rentrez bredouille, c’est vous qui êtes renvoyé ! Tertio, enfin, il peut arriver qu’on vous envoie fouiller dans l’ordinateur de monsieur Sylvestre pour révéler les dessous de la World Company : contrairement à ce que j’ai cru, il ne s’agit pas là de l’épreuve ultime censée vous assurer la victoire mais plutôt d’une sorte de « quitte ou double » qui ne vous fait pas progresser si vous réussissez mais vous vaut la porte si vous échouez ! Ne me demandez pas ce qui déclenche cette mise à l’épreuve, j’avoue ne pas l’avoir compris. De toute façon, la véritable épreuve ultime n’intervient que si vous réussissez à progresser sur le Gigamat au point d’y atteindre la case représentant PPD ; à ce stade-là, ce dernier, beau joueur[3], vous cède sa place et on ne vous demande plus qu’une chose : deviner quel va être son choix pour sa reconversion – tâchez de ne pas vous tromper, ce serait dommage de trébucher si près du but. Précisons enfin que, même quand on connaît toutes les arcanes du jeu, il reste tout de même deux épreuves vraiment difficiles : les enchères, d’où il faut impérativement ramener deux objets dont celui lié à votre mission, et, enfin, le jeu vidéo de JPP, Shangaï Pizza contre le ninja volant[4], qui demande une très bonne mémoire visuelle et des réflexes fulgurants ! Personnellement, je n’arrive pas à en venir à bout..
18h : J’avais voulu faire une vidéo d’imitations mais, au montage, je me suis trouvé tristement lamentable. La raison ? Même sur les voix que je maîtrise à peu près, je finis par m’essouffler et ma « vraie » voix reprend le dessus sur celle que j’essaie d’interpréter. Je réalise que pour transformer un talent de société en compétence exploitable dans le monde du spectacle, il faut mener une vie d’athlète ! J’ai beau faire de la natation régulièrement et ne jamais fumer, j’en suis quand même assez loin… Tant pis, je ne serai pas le nouveau Yves Lecoq !
Une autre variation, avec la déesse Athéna et Perdrix - selon certaines version du mythe d'Icare, Perdrix serait le second fils de Dédale et Athéna lui aurait sauvé la vie en le transformant en oiseau avant qu'il ne touche le sol :
Dimanche 6 avril
14h30 : Sorti poster une lettre, j’ai été interpellé par un vieil homme qui voulait me demander un chemin : même quand on m’interroge pour un lieu que je connais, je ne suis pas capable de répondre ! J’ai eu mal de chien à me tirer de cette situation, c’est donc avec l’insouciance que procure le soulagement que j’ai repris le chemin de mes pénates, et comme je marchais sur le côté auquel je n’étais pas accoutumé, je n’ai pas anticipé la différence de niveau sur cette pente descendante mais irrégulière. Résultat : une mauvaise réception de mon pied gauche au sol et une douleur à la cheville qui me contraint pendant quelques minutes à l’immobilité ! Il faut vraiment que je m’en rappelle : quand on me demande un chemin, toujours dire que je ne suis pas capable d’apporter une réponse satisfaisante ! Je gagnerai du temps et j’éviterai peut-être de me mettre dans des situations qui me font oublier la prudence élémentaire…
Lundi 7 avril
12h30 : Malgré ma douleur persistante, je suis quand même allé en ville pour régler quelques affaires : entre autres, je passe à l’office du tourisme pour réserver une place à une visite guidée qui, je l’espère, m’apportera des renseignements intéressants pour ma chronique dans Côté Brest. Avant de payer, j’en profite pour demander s’ils font des remises pour les personnes en situation de handicap : la personne qui m’accueille ne trouve pas le renseignement sur son ordinateur et est obligée de déranger trois personnes avant de me répondre finalement par la négative… Voici le résultat de l’hyper-spécialisation du monde du travail, conjugué à l’envahissement du numérique !
Ma vidéo de la semaine :
Mardi 8 avril
15h : Sur les conseils d’une amie, je prends mon premier bain de mer de l’année ! Je n’aurais jamais songé à faire ça en plein mois d’avril si cette personne de confiance ne me l’avait pas suggéré. Je m’attendais à ce que la plage soit déserte, mais quand j’arrive au Moulin Blanc, il y a presque autant de monde qu’en plein été ! En revanche, il y a peu de monde dans l’eau : il est vrai qu’elle est très fraîche et que j’ai moi-même du mal à y entrer, mais j’y arrive quand même et je nage une bonne heure… Je dois avouer que j’ai le moral en berne depuis un certain temps et que découvrir un ciel bleu chaque matin ne m’aide absolument pas, bien au contraire : cette lumière pétante rend le réveil brutal ! Alors autant que j’en profite un peu, histoire que cette météo ne se résume pas à une charge pour moi…
Mercredi 9 avril
17h : Rentrant d’un deuxième bain de mer, je dois supporter dans le bus la compagnie d’une troupe de marmots. C’est déjà crispant. Mais quand l’un d’eux, croyant pouvoir s’asseoir, me touche la jambe, je laisse échapper un hurlement ! Je comprends que ce pauvre gosse va se faire incendier par les accompagnatrices du groupe si je ne réagis pas : j’ai été bien obligé de baisser mon casque pour expliquer à cette dame qu’il ne m’a pas fait mal, que c’est moi qui suis hypersensible et que ma réaction était plutôt due à la surprise. On est passé à deux doigts de l’injustice !
Jeudi 10 avril
15h30 : Je prends un troisième bain de mer, mais il m’en coûte de le dire : je ne m’amuse pas vraiment. Je le fais par devoir moral plutôt que par plaisir. Oui, j’ai beau aimer nager, et notamment dans la mer, je ne me livre présentement à cette activité que parce que je sais que j’aurais encore plus de regrets si je restais enfermé au lieu de sortir profiter de cette météo qui, pourtant, m’agresse au quotidien… Je ne regrette cependant pas de l’avoir fait car qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Je n’ai d’enthousiasme pour rien, en ce moment…
Une dernière variation (pour l'instant) avec Chipie et Clyde, les "héros" d'un dessin animé diffusé sur Canal+ dans les années 1990 et entièrement réalisé par ordinateur - une première pour l'époque :
Vendredi 11 avril
13h30 : J’ai accepté de présenter mon travail à de jeunes artistes avec autisme, mais le rendez-vous est fixé dans un café que je ne connais pas et j’ai un mal de chien à le trouver malgré mon plan. En désespoir de cause, je me renseigne auprès de l’employée d’un bar-tabac que j’ai repéré : je l’avoue le cœur gros, je ne peux m’empêcher de malmener cette jeune femme dont les explications me paraissent peu crédibles ! Faute de mieux, je me fie quand même à ses indications… Et je finis par trouver l’établissement, non sans m’étonner qu’on ait pu avoir l’idée d’installer un café dans un trou pareil, au pied du pont du Forestou ! J’en arrive à me demander si l’affaire peut vraiment être rentable… Mais surtout, je repense à la reconstruction de Brest par Jean-Baptiste Mathon et à son plan orthogonal qui a été tellement décrié : premièrement, il faut savoir que l’idée d’imposer des rues rectilignes à la ville du Ponant datait de Vauban, Mathon n’a donc fait qu’appliquer un plan qui le précédait de trois siècles ; deuxièmement et surtout, on peut penser ce qu’on veut des plans à angles droits, mais ce n’est pas forcément moche et, surtout, c’est PRATIQUE ! Surtout pour ceux qui viennent pour la première fois et n’ont pour tout repère qu’un nom de rue et un numéro ! Les « venelles de caractère » et les « ruelles pittoresques », laissons ça aux bleds arriérés où les étrangers ne sont pas les bienvenus ! Et quand le terrain le permet (j’insiste tout de même sur cette nuance importante, je ne demande pas qu’on rase les montagnes), ne nous privons pas d’une organisation rationnelle et efficace de l’espace urbain ! Et je vais vous dire franchement une chose qui tient presque du blasphème au pays de Lenôtre[5] et d’Hardouin-Mansart : je me CONTEFOUS que le décor dans lequel je déambule au quotidien soit beau ou moche ! Ce n’est justement pour moi qu’un décor, il suffit à mon bonheur d’avoir un chez-moi que je peux aménager à ma guise et d’où je peux avoir facilement accès à tout ce qui est nécessaire au bien-être quotidien : alors n’essayez pas de me persuader que je dois être malheureux sous prétexte que je n’habite pas à Versailles ou à Florence, vous n’y arriverez pas !
16h : Je quitte le café où j’ai tenu le crachoir à peu près une heure en présentant ce que j’ai produit depuis le début de l’année : je pense avoir apporté satisfaction à l’assistance, somme toute restreinte, qui était rassemblée dans la petite salle. On m’a posé des questions à peu près « bateau » auxquelles j’ai apporté les réponses habituelles ; seule une personne a réussi à me surprendre en me demandant comment je trouvais le temps pour dessiner alors que je faisais aussi de la natation ! Il a bien fallu lui expliquer que je ne nage guère plus d’heure par semaine en temps normal et que je fais ça pour le plaisir, pas dans l’espoir de devenir un nouveau Florent Manaudou… Seul moment délicat : celui où ils m’ont montré leurs œuvres pour avoir leur avis. Je savais bien que ça m’arriverait un jour, mais je ne pensais pas que ça viendrait aussi vite, et j’ai beau prendre toutes les précautions, j’arrive quand même à vexer quelqu’un… J’ai honte le dire, mais ma plus grande satisfaction aura été d’arriver à vendre un exemplaire de Voyage en Normalaisie !
Samedi 12 avril
11h30 : Le ciel est couvert ce matin ; ça me repose un peu ! Je sors en ville car j’ai une furieuse envie d’envoyer paître la diététique et de manger des frites. Passant sur la place de la Liberté, je vois quelques personnes, dont le député avec son écharpe d’élu, qui s’apprêtent à manifester : reconnaissant l’un des manifestants, je lui demande ce qui se passe, et il m’explique que c’est une manif anti-extrême-droite pour protester contre le raout que fait la Le Pen autour de sa condamnation. Il est vrai qu’il n’est pas inutile de signaler que tout le monde ne tombe pas dans le piège de la propagande de cette politicienne démagogue… Sur le côté de la place, quelques policiers sont présents, comme de bien entendu : j’imagine que ça doit bien les faire chier, d’avoir des antifascistes, dont un élu LFI, à portée de main et de ne même pas pouvoir les charger !
Tout comme pour Trump, je pense que je peux me passer de dessiner son visage :
12h : Attablé au Bistrot Saint-Louis, je feuillette la BD que je viens de m’acheter : un témoin non averti pourrait croire que je tiens un livre pour enfants et ce n’est pas le titre Les vacances chez Pépé-Mémé qui pourrait le détromper immédiatement ! Seulement voilà : cet album est en réalité une des dernières publications de Fluide Glacial et il est dû au crayon de Guillaume Bouzard. Je ne me rue pas systématiquement sur tous les albums édités par Fluide car, même si j’ai aimé les planches parues dans le magazine, je ne suis pas sûr de prendre le même plaisir à toutes les redécouvrir d’un seul coup. Mais là, c’est différent : la publication de cette série dans le mensuel avait débuté en 2019 et a été ensuite relativement sporadique, il y avait donc un sens à la relire transposée en album. Et je ne regrette pas mon achat : je ne souriais presque plus depuis des semaines, e voilà j’éclate de rire à presque toutes les pages ! Bouzard est un vrai génie de l’humour ! Et je dois avouer que, pour moi qui ai été un gosse que toute la famille s’accordait à trouver peu dégourdi, assister aux déboires de ce pauvre Ethan, qui n’a pas l’air d’être une flèche, est une petite vengeance bienvenue… Quoi ? Ne me dites pas qu’il ne vous arrive jamais de vous comparer à pire que vous pour vous réconforter !
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
[1] Ou plutôt avant-dernier si l’on tient compte de L’agence Corleone où la vielle infernale fait équipe avec l’autre « héros » fétiche de sa créatrice, le commissaire Léon.
[2] On ne sait même pas dans quelles circonstances ils se sont séparés ! Est-ce qu’il est parti parce qu’il a fini par ne plus la supporter… Ou est-ce qu’elle l’a flingué, comme pour les autres ?
[3] Cette attitude est d’ailleurs surprenante quand on se souvient à quel point ce personnage était, dans Les Guignols de l’info, accroché à son poste au point de l’envisager comme un dû non-négociable – ce qui le rapprochait de son modèle.
[4] D’après le « film culte » du guignol de Jean-Pierre Papin, sûrement un bon long-métrage d’action pour les amateurs du genre…
[5] Le jardinier de Louis XIV, pas le pâtissier !