Du 29 juin au 4 juillet : Il fait trop chaud pour travailler ? Et bien ne travaillez pas !
Pour ouvrir le bal :
Dimanche 29 juin
14h50 : Bon, je sais, je sais, je parle souvent de mes démêlés avec les transports publics brestois. Mais ce n’est pas de ma faute si les responsables se moquent des usagers ni si certains chauffeurs tendent le bâton pour les battre ! Ainsi, aujourd’hui, je monte dans un bus pour aller au Moulin Blanc et je suis un peu surpris de constater qu’il est plein à bloc : j’aurais pourtant pu me douter que je n’allais pas être le seul citoyen sans bagnole à vouloir profiter de la plage. Toujours est-il que, quelque peu interdit, j’hésite pendant quelques secondes à fendre la foule… Jusqu’à ce que le conducteur m’engueule pour que j’avance ! Alors, et d’une : pourquoi ne renforce-t-on pas le service pour desservir les plages quand vient l’été ? Qu’on ne me dise pas que ça coûterait trop cher, on trouve les moyens pour les fêtes maritimes et les matches du Stade Brestois ! Et de deux : pourquoi dois-je accepter de me faire hurler dessus par les chauffeurs ? Quand j’oublie d’en saluer un sous le coup d’une crise autistique, ça vire au psychodrame… Je veux bien croire que la chaleur ait raison de la patience de certains agents, mais s’ils veulent que je sois indulgent avec eux, ils pourraient commencer par l’être avec moi ! On a tendance à oublier que je n’ai pas choisi d’être comme je suis…
Un croquis exécuté sur la plage, pour ne pas perdre la main :
Lundi 30 juin
14h : J’ai fini de lire un livre passionnant : Esclaves chrétiens, maîtres musulmans de Robert C. Davis, une enquête approfondie sur l’esclavage blanc en Méditerranée au cours des années 1500-1800. Le sujet avait été peu traité avant que l’auteur ne se lance dans ce travail de Romain : il faut dire, d’une part, que les données ne sont pas faciles à collecter et, d’autre part, que cette page d’histoire n’arrange personne. Les pays musulmans pour des raisons évidentes ; les pays chrétiens parce que le complexe de supériorité occidental a la vie dure et que les petits mâles blancs arrogants ont du mal à supporter l’idée que des Arabes aient pu réduire leurs ancêtres en esclavage... Je n’en dis pas plus pour ne pas donner prise à des procès d’intention qui seraient infondés.
Un dessin réalisé pour le plaisir, pour rester dans l'ambiance estivale :
19h : Bravo, mille fois bravo, un million de fois bravo aux LGBTQIA+ de Hongrie qui ont bravé leur dictateur (j’appelle un chat un chat) et ont fait leur marche des fiertés malgré l’interdiction prononcée par le mini-Trump de Budapest ! Leur résistance est d’autant plus exemplaire qu’elle a le mérite de nous rappeler que la liberté n’est pas quelque chose que le pouvoir vient gentiment nous donner et qu’il faut la reconquérir chaque jour si on ne veut pas la laisser reculer : si on avait attendu le bon vouloir des Blancs Américains, les Noirs attendraient encore d’avoir des droits – déjà qu’aujourd’hui, on se demande… Les fachos hongrois avaient justifié l’interdiction au nom de la « protection de l’enfance ». Coïncidence : les fachos français avaient utilisé le même argument pour s’opposer à la loi Taubira légalisant le mariage pour tous… Ce qui prouve que les discours hostiles à l’égalité en droit portent des pogroms en germe ! On commence à céder devant les réacs qui prennent les gosses en otage et on finit par s’étonner de voir des concitoyens derrière des barbelés, vêtus d’un pyjama à rayures avec un triangle rose… Alors vigilance !
Mardi 1er juillet : il y a 152 ans naissait Alice Guy, première réalisatrice de fiction en prises de vues réelles de l'histoire du cinéma - son premier film s'intitulait La fée aux choux...
14h30 : Par un si bel après-midi et par une date aussi symbolique, je devrais être en train de profiter du soleil sur une plage. Et au lieu de ça, qu’est-ce que je fais ? Je suis en train de faire le ménage en grand dans mon appartement parce que ma mère m’a pris de court en m’annonçant au dernier moment qu’elle préférait attendre demain pour m’emmener voir mon père à l’hôpital… J’imagine que la façon dont je nettoie mon appartement vous indiffère et vous avez bien raison. Aussi me focaliserai-je sur un autre aspect du « problème » : j’ai fait beaucoup de progrès en ce qui concerne la gestion des imprévus, mais il ne faut rien exagérer et je dois bien dire que je n’ai pas été ménagé de ce côté-là ces derniers temps, à croire que tout le monde s’est donné le mot pour bousculer mes rituels et mon agenda… Il n’y a qu’avec les handicaps invisibles qu’on se permet une telle légèreté : si on en faisait autant avec les gens en fauteuil, on n’en finirait plus de compter les pauvres types qui se retrouveraient dans le caniveau comme des tortues sur le dos…
Le 1er juillet, c'est aussi l'anniversaire de Cléopâtre Darleux, la charmante gardienne de but dont tous les Brestois sont plus ou moins amoureux :
Mercredi 2 juillet
10h30 : Visite à l’auteur de mes jours à La Cavale Blanche. Apparemment, il revient de loin : je le trouve affaibli, mais son état est cependant rassurant par rapport à ce qu’il était à son admission… Évidemment, mon père, ainsi que ma mère qui vient le voir tous les jours, a une occasion « privilégiée » de toucher du doigt la déréliction de l’hôpital public : les personnels courent après le matériel, il parait qu’il n’y a qu’un thermomètre pour tout un étage… Et malgré ça, l’hôpital continue à fonctionner, les gens sont toujours soignés ! Ça montre à quel point le dévouement des soignants est total ! Ces gens sont ses seigneurs… Et je trouve que nous ne les méritons pas, nous qui passons notre temps à les engueuler quand ils s’occupent de nous, qui les traitons de « salauds de fainéants de fonctionnaires » quand ils font grève pour demander plus de moyens et qui applaudissons les militaires et les athlètes arrosés par les millions d’euros qui devraient revenir de droit à ces femmes et ces hommes qui sauvent des vies au quotidien…
Pour rester dans l'ambiance estivale, un dessin où Trémière et Déodat font montre de leur sens de l'humour :
15h : Petit tour en ville avant le vernissage de l’exposition des cours publics des Beaux-Arts. Je revois plusieurs connaissances qui se plaignent toutes d’avoir eu trop chaud ces derniers temps : je n’ose pas leur dire que je n’ai pas réussi à trouver ça désagréable… Vous me dites que quand il fait ces chaleurs, on ne peut presque plus rien faire ? Et bien ne faisons plus rien, justement ! Vous n’avez pas encore compris que si les températures atteignent ces niveaux, c’est justement parce que nous en avons trop fait ? Et que la nature, par le biais de cette chaleur, nous enjoint à lever le pied ? Puisqu’il fait trop chaud pour faire autre chose que lézarder à l’ombre, et bien lézardons à l’ombre ! On a déjà produit trop de saloperies ! La croissance n’est pas une solution, elle fait partie du problème !
Un croquis du château de Brest réalisé pour patienter en attendant l'ouverture du vernissage :
18h : Le vernissage commence. J’apprends à cette occasion que l’école des Beaux-Arts de Valenciennes a fermé ses portes, ce qui est un symptôme alarmant. On pouvait s’en douter depuis que le pouvoir a qualifié la culture de « non essentielle » lors de la pandémie : l’État est en train de lâcher complètement la création artistique… Nous vivons dans un monde de barbares où l’on méprise ouvertement ceux qui s’efforcent d’adoucir la vie, que ce soit en soignant les malades, en transmettant le savoir ou en introduisant de la beauté (ou, à défaut, de la nouveauté) : je ne changerai pas d’avis tant qu’on ne m’aura pas confirmé qu’un instituteur, un soignant ou un artiste est mieux payé qu’un flic, un militaire ou un curé !
Trois profs de l'école, réunies pour l'ouverture de l'expo :
Un croquis sur le vif de celle de gauche, que je ne connaissais pas et dont le physique m'a captivé :
Sur cette photo, vous pouvez voir, tout à gauche, un dessin de mon cru - oui, il faut le savoir :
Au milieu, deux séries d'autoportraits à trois pages de la vie :
Vendredi 4 juillet
14h : Après un jeudi enchanteur où j’ai pu passer quatre heures sur ma chère plage de Sainte-Anne du Portzic (nonobstant une pisseuse qui m’a traité d’homme de cro-magnon), je suis contraint de rester dans mon trou pour accueillir un plombier qui doit régler un problème de fuite dans mon appartement… Vous pensez bien que le prestataire de mon bailleur ne m’a pas laissé choisir le jour et l’heure de son passage ! J’ai remarqué que les gens aimaient bien faire attendre d’autres gens : ils aiment aussi les enfermer ou, à défaut, les assigner à résidence… Tous les prétextes leur sont bons pour nous faire sentir que nous ne sommes rien !
Un croquis exécuté hier sur la plage :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !