Du 28 août au 1er septembre : fin de vacances...
Pour commencer, un dessin sans rapport avec ce que j'ai à vous raconter : un projet de parc qui sera peut-être concrétisé un jour, mais sous une autre forme... Il m'est interdit d'en dire davantage.
Lundi 28 août
11h30 : Plus que quatre fois dormir avant mon retour dans mon appartement. Résumons la situation : il fait gris et frisquet (ça me console de penser que ce n’est pas mieux ailleurs), je n’ai plus mis les pieds dans l’eau depuis jeudi (ça me manque déjà), je n’entends presque plus rien parce que j’ai eu la malencontreuse idée de vouloir me curer les oreilles avec un coton-tige et ma sœur a eu un accident avec la voiture de mes parents : bonjour l’ambiance… Ah, je m’en souviendrai, de mon été 2023 ! J’aurai beau essayer de me raisonner, me dire que j’ai quand même eu droit à de bons moments, il risque de me laisser le souvenir d’une tâche grisâtre dans ma biographie…
21h10 : Je n’avais encore jamais vu Le domaine des dieux dû aux géniaux Louis Clichy et Alexandre Astier : c’est sans doute une des meilleures adaptations des aventures d’Astérix après le film d’Alain Chabat ! Astier fait sûrement partie des rares individus à avoir vraiment compris l’esprit de Goscinny ; un signe qui ne trompe pas est le fait que, contrairement à d’autres, il n’a pas jugé nécessaire d’encombrer le scénario d’une histoire d’amour : la série n’en a d’ailleurs nullement besoin, elle est déjà entièrement sous-tendue par une histoire d’amour simple et forte, celle qu’Astérix lui-même vit avec son village et son mode de vie, qu’il défend contre vents et marées, même quand ses concitoyens perdent la raison – ce qui, comme aux Gaulois d’aujourd’hui, leur arrive plus souvent qu’à leur tour…
Mardi 29 août
13h30 : Plus que trois fois dormir. La météo ne s’améliore guère. Tant pis, j’en suis quitte pour me prélasser dans la chambre d’amis, histoire d’être bien reposé quand l’heure sera venue d’affronter tous les défis qui m’attendent… Et que je pourrais presque résumer à un seul : être heureux dans la vie !
21h : Faute de mieux, nous nous passons en replay un épisode du Voyageur où Bruno Debrandt remplace avantageusement Éric Cantona : Pierre Arditi y joue, ce qui n’étonnera personne, un séducteur ; mais cette fois, c’est un séducteur sur le retour, qui a déjà ses plus belles années derrière lui : bel exemple de lucidité et d’auto-dérision de sa part… Vous avez été jaloux d’Arditi ? Ne vous embêtez pas à vous venger, il le fait lui-même ! Est-ce que je finis pas prendre goût aux séries que regardent mes parents ? Oui, mais pas au point de vouloir me procurer un téléviseur personnel : il ne faut pas trop m’en demander non plus.
Mercredi 30 août
17h40 : J’aurais presque pu aller à la mer aujourd’hui. Mais « presque », ce n’est pas comme « tout à fait » : le temps a été meilleur qu’hier, certes, mais pas assez pour me motiver à traverser la ville et à aller à Sainte-Anne alors qu’il ne me reste déjà plus que deux malheureux jours pour profiter de la quiétude qui règne chez mes parents. Cette attitude est plutôt bon signe en ce qui me concerne : si je ne ressens plus le bain de mer comme un besoin, c’est que j’en ai déjà bien profité. Alors tant pis : aujourd’hui, j’en aurai été quitte pour jouer une nouvelle fois au Scrabble avec ma mère et continuer à relire les aventures de Yoko Tsuno – l’humanisme de l’héroïne, qui refuse de donner la mort, fût-ce aux pires crapules, est rafraichissante, et même si l’action n’y manque pas, cette bande dessinée est apaisante : Roger Leloup y défend des valeurs essentielles telles que l’amitié, le respect, la tolérance… Je crois que j’en ai ras-le-bol du cynisme.
Jeudi 31 août
8h30 : Lever sous un ciel automnal ; une conclusion foireuse pour un été foireux. Je me raisonne en pensant que la vie continue, que les années se suivent et ne se ressemblent pas, et que je connaîtrai peut-être des jours meilleurs. Je n’ai même pas envie de sortir marcher : dès demain, il me faudra à nouveau affronter la grande ville et ses turpitudes, alors autant profiter de cette dernière journée sous l’aile bienveillante des auteurs de mes jours. Je passe la matinée à me prélasser sur le lit en relisant Riquet à la houppe d’Amélie Nothomb : je n’arrive pas à me lasser de ce roman que je redécouvre à chaque lecture ; rien qu’aujourd’hui, je réalise qu’il n’y a pas qu’à Déodat que je m’identifie : j’ai partagé avec la belle Trémière le douteux privilège d’être catalogué « demeuré » sous prétexte que je ne me comportais pas tout à fait comme tout le monde. Mais j’avoue l’avoir affronté avec beaucoup moins de stoïcisme… J’ai la conviction que je pourrais faire vivre de nouvelles aventures à ce couple qui se redécouvre lui-même chaque jour et ne se lasse jamais l’un de l’autre : leur amour répond à ma soif de tendresse et de compréhension dans ce monde où règnent le cynisme et l’égoïsme…
Le 31 août, c'est aussi le jour de la première du Journal des Nuls sur Canal+, en 1987...
"Chantal, je vous signale que vous avez un tampax sur l'oreille...
- Merde, qu'est-ce que j'ai fait de mon stylo ?"
...et de la mort de Lady Diana Spencer en 1997.
Oui, bon, je sais : quand elle était jeune, sa défunte majesté n'avait pas grand' chose à envier à celle qui allait devenir sa belle-fille...
Vendredi 1er septembre
13h30 : Mes parents me reconduisent à Lambé. C’est drôle, j’ai l’impression de comprendre ce que pouvaient ressentir les gamins de jadis quand on les envoyait au pensionnat… Et pourtant, à l’arrivée, aucun pion en tablier gris ne m’attend avec le poing serré sur une règle en fer pour me taper sur les doigts ! Je n’ai à redouter que les cas sociaux avinés qui voudront me taxer des cigarettes et de l’argent que je n’aurai pas et un chantier qui me cassera les oreilles tous les matins… Tiens ? Je me demande si le pion en tablier gris ne vaudrait pas mieux, finalement !