Commençons avec un dessin sur ce qui reste l'événement marquant de ces derniers jours en France : 

Samedi 27 septembre

18h : Je quitte la foire Saint-Michel où j’ai fait une recette satisfaisante. Ma joie est cependant ternie par la difficulté, relative mais réelle, que représente le chemin du retour : je n’ai que mes deux mains pour porter un cabas plein, une valise guère plus vide ET une chaise pliante, ce qui ne serait presque rien s’il n’y avait pas, de la gare jusqu’à Lambézellec, deux changements, qui plus est à une heure où les transports affichent complet ! Enfin, c’est ça ou traverser le no man’s land qui cerne encore la place de la Liberté… Quand on pense que jadis, l’armée interdisait toute construction pérenne dans cette zone[1] ! D’autant plus épuisé que j’ai crevé de froid toute la journée, je perds toute dans le tramway quand, au milieu de la foule, une dame me fait une tape dans le dos : je lui fais comprendre qu’il est hors de question que je me déplace. Dire que dans un an, à moins d’une catastrophe, il y aura un bus qui reliera directement mon quartier à la gare, avec une rame toutes les cinq minutes… Si on légalisait le dopage pour les ouvriers chargés de la réalisation du nouveau réseau, je ne garantis pas que je m’y opposerais formellement !

Dimanche 28 septembre : Brigitte Bardot a 91 ans 

17h30 : Cette seconde journée de foire a été globalement moins fructueuse que la précédente : il faudra que je me souvienne, à l’avenir, que les gens sortent plus volontiers le samedi que le dimanche… Les caricatures ont bien rapporté dans l’ensemble ; je garde cependant en travers de la gorge le souvenir de ce jeune homme trop bien coiffé à mon goût qui était tenté de faire appel à mon talent… Mais qui n’avait qu’un billet de cinquante euros sur lui ! Je n’avais évidemment pas la monnaie sur une somme pareille… J’ai trouvé son attitude indécente, surtout vis-à-vis de mon amie Louve Furieuse qui avait un stand juste en face de moi et qui traverse actuellement une période des plus noires sur le plan financier… Bref, j’ai eu l’impression de rencontrer Louis Sarkozy ! Il me reste aussi quelques vieux livres à vendre : si je ne parviens pas à les placer avant la fin de l’année, je les donnerai aux bonnes œuvres ! Je n’arrive pas non plus à me débarrasser d’une tablette graphique dont je ne me suis jamais servi. Maintenant au moins, je sais pourquoi : d’après ce que m’a dit un père de famille, ce genre d’appareil est déjà obsolète par rapport à ce qui existe aujourd’hui sur le marché pour dessiner sur des supports numériques… Je suis décidément largué par l’évolution de la technique ! Autant en rester au papier : au moins, la manière de l’utiliser ne change pas d’une année sur l’autre !

Deux photos de votre serviteur en pleine inaction (elles ont été prises par Anne Kervella) : 

Louve et son homme, photographiés par votre serviteur : 

Un échantillon du talent de Louve : 

Lundi 29 septembre

12h : Je voulais faire des recherches aux archives municipales, mais elles étaient fermées au public. Je suis donc allé à la BU de lettres et sciences humaines : j’ai pu trouver une bonne partie des renseignements que je cherchais, mais j’ai été interrompu en pleine prise de notes par deux jeunes gens qui m’ont assuré que j’occupais la salle qu’ils avaient réservé – ce n’était cependant pas précisé sur le tableau normalement prévu à cet effet, il y a donc quelqu’un qui n’a pas fait son boulot… Bref, j’avais prévu d’aller nager et ce n’est pas de trop pour oublier un peu ces contretemps ! C’est curieux, la mort de mon père ne m’aide absolument pas à relativiser toutes ces petites avanies…

14h30 : Si j’ai été amené à aller faire des recherches en ville, c’était aussi, je l’avoue, parce qu’il m’avait été annoncé que je risquais d’être privé de connexion Internet pendant cinq jours pour cause de travaux sur le réseau fibre : il valait mieux donc que j’aille en ville si je voulais conserver toutes mes chances de relever mes messages… Rentré chez moi, je tente quand même de me connecter, à tout hasard : c’est le bide… Ah, je n’aurai pas été pris en traître ! Je ne suis pas comme ces geeks pour qui la privation de connexion équivaut quasiment à une amputation, mais force est de constater que c’est tout de même moins pratique… Internet, c’est comme la capote : de nos jours, on est mieux avec que sans !  

Le 29 septembre, c'est l'anniversaire de Jacques Arnol ; salut, capitaine ! 

Mardi 30 septembre

10h10 : J’avais réservé un Accemo pour aller en ville : malheureusement, la radio est à fond et, surtout, le chauffeur conduit comme une brute ! S’il avait dû transporter un type en fauteuil roulant, celui-ci aurait pu tomber trois fois ! Je n’ose pas protester, je sais d’expérience que ça risquerait de se retourner contre moi…  

15h15 : Ayant un quart d’heure de battement avant d’aller rendre visite à un copain qui vit à Saint-Martin, je marque une pause sur la place Guérin : même à l’ombre, je crève de chaud ! Une telle température à la veille du mois d’octobre à Brest… Et Donald le connard ose aboyer que le réchauffement climatique est une fumisterie ! Et il y a des gens qui l’écoutent comme le Messie, même hors de son pays…

16h : Ayant pris congé de mon pote, je découvre le dernier Côté Brest où un article est consacré à la tête de liste du Rassemblement National aux prochaines municipales : ce n’est autre que l’ancien maire de Plouzané, qui aura 77 quand les élections auront lieu ! Pas de doute, le RN est décidément un parti qui va de l’avant et veut proposer un avenir à la jeunesse… Mais le passéisme de l’extrême-droite m’effare moins que la démagogie et la versatilité de cet individu qui est passé de l’UDF au RN et ose affirmer que la boutique de haine de Bardella correspond mieux aux attentes du « peuple »… Je vous pose la question : qu’est-ce qu’un ancien giscardien peut connaître du peuple ? Ce revirement prouve une chose : la droite est là pour écraser le peuple, l’extrême-droite est là pour écraser extrêmement le peuple !

17h45 : Alors que j’attends un SMS d’une amie qui doit venir prendre l’apéro, je reçois un coup de téléphone de Médiamétrie : je devrais raccrocher au nez, mais je suis si habitué à ne pas me reconnaître dans les sondages assénés à longueur de journée que j’ai bien envie, pour une fois, de faire entendre ma voix ; de surcroît, ma curiosité me donne envie de savoir comment sont faits les questionnaires sur lesquels les médias se basent pour décréter ce que les gens pensent… Et je ne suis pas déçu ! Le gars au bout du fil commence par me demander ma situation socio-professionnelle : évidemment, aucun des choix qu’il me propose ne correspond à ma situation ! Ensuite, il me demande quelles stations de radio j’écoute : je lui dis que je n’en écoute jamais aucune et qu’il aurait donc aussi vite fait de cocher toutes les cases « non » d’un seul coup… Mais il me dit que c’est impossible et qu’il est obligé de le faire une par une ! Il me passe donc en revue à peu près toutes les stations audibles sur le territoire, et je lui réponds systématiquement que je ne les écoute jamais… Je comprends mieux pourquoi je ne me reconnais jamais dans les sondages : c’est parce que les gens qui les conçoivent savent déjà ce qu’ils veulent leur faire dire !

Un petit dessin pour ajouter un clou au cercueil de Sarkozy et rendre hommage à mes deux héroïnes préférées :

Mercredi 1^er octobre

19h40 : J’ai passé la journée à essayer de refaire de la bande dessinée : il y avait longtemps que je ne m’y étais plus remis et, bien entendu, j’ai un mal de chien à obtenir un résultat à peu près convenable… À l’issue de cette journée d’autant plus désagréable que la chaleur est décidément tenace, je réalise une chose : malgré l’opinion de certaines personnes qui jugent que j’ai déjà réussi ma vie, je resterai persuadé du contraire tant que je n’aurai pas véritablement percé en tant qu’auteur de BD ! Mais suis-je vraiment à la hauteur du défi ?

Un croquis préparatoire qui vous donne une idée de l'ampleur du cafouillage auquel j'ai fait face : 

Jeudi 2 octobre

19h30 : Je rentre au bercail après une journée frustrante : je dois dire que ce ne sont pas les manifestations qui m’ont le plus dérangé aujourd’hui ! J’étais censé rencontrer des porteurs de projet à la PAM, mais ils ne sont même pas venus : je ne suis pas allé là-bas pour rien car je suis toujours privé de connexion à mon domicile, mais si ce n’était que pour ça, j’aurais aussi bien pu aller dans un endroit plus calme ! À force de mettre la musique à fond la caisse, ils ont presque réussi à me dégoûter des Beatles et de Bruce Springsteen, ce qui relève de l’exploit ! Je me suis néanmoins attardé dans l’hypothèse où une personne qui a exprimé l’envie de me revoir viendrait me retrouver, mais elle ne s’est pas présentée non plus… Pourquoi tout le monde ne peut-il pas être aussi fiable qu’une personne du spectre ?

Vendredi 3 octobre : Harvey Kurtzman aurait eu 101 ans

7h30 : L’avantage de la privation de connexion dont je pâtis encore pour l’heure, c’est qu’elle m’oblige à me coucher tôt : ce n’est pas un mal, j’ai du sommeil à rattraper avec toutes les émotions auxquelles j’ai eu à faire face depuis le décès de mon père… Tôt couché, tôt levé : j’arrive très tôt à la supérette Carrefour de mon quartier où j’ai décidé de prendre une carte de fidélité ; maintenant que ma mère aura moins de courses à faire et, surtout, moins d’argent à dépenser, il va bien falloir que je me prenne en charge, je ne dois donc pas perdre une occasion de faire des économies, aussi dérisoires soient-elles… Je jette un œil sur la presse : Le Télégramme propose une interview de Richard Ferrand qui est président du conseil constitutionnel depuis six mois… Il a été à la source du premier scandale à avoir éclaboussé la Macronie et c’est aujourd’hui à lui que revient la tâche de statuer sur le sort des lois votées par le parlement ! Malgré la condamnation de Sarkozy, il y a encore beaucoup à faire pour assainir la classe politique – mais je m’en doutais déjà avant.