Du 26 au 31 juillet : je n'ai ren vu du tour de France féminin et je m'en fiche !

 

Débutons par un croquis ramené de la plage du Moulin Blanc : 

 

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Samedi 26 juillet

 

14h45 : Malgré la météo mitigée, je prends la route du Moulin Blanc : autant en profiter aujourd’hui car il est écrit partout que demain, il sera impossible d’emprunter cette route qui sera fermée à la circulation pour permettre de faire passer… Le tour de France féminin. Comme s’il n’était pas déjà assez difficile de circuler dans Brest avec le chantier du tramway… Je trouve de plus en plus pathétique cette manie qu’ont les pouvoirs publics de compliquer la vie des citoyens en se mettant à plat ventre devant ces grandes compétitions inutiles et coûteuses ! Je désespère de voir un jour un maire déclarer qu’il ne veut pas du tour de France, des jeux olympiques ou de la coupe du monde de je ne sais quoi dans sa ville… J’irai même jusqu’à dire que c’est à ça que je reconnaîtrai un élu vraiment respectueux de ses concitoyens ! Ça prouvera au moins qu’il les prend pour autre chose que des macaques tout juste bons à beugler des âneries à la vue de veaux aux hormones sur roues ou en short ! Désolé si j’ai l’air d’insister lourdement là-dessus, mais je ne digère toujours pas que l’on reproche aux économiquement faibles de coûter trop cher à la société alors que personne ne dit rien pour la facture des jeux de Paris l’an dernier ! Ça me rappelle le dessin de Cabu où le beauf’ assène que « la vie chère, c’est la faute aux feignants »[1]

 

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Dimanche 27 juillet

 

12h : Le temps me paraît correct, je devrais pouvoir prendre un bain de mer. Étant données les circonstances, bien sûr, je vais à Sainte-Anne du Portzic : sur la route qui mène à cette crique, la seule perturbation liée au tour de France féminin concerne le tramway qui ne part pas de la station « Château » mais de la station « Recouvrance », il va donc falloir marcher un peu plus que prévu et passer le grand pont à pied… Rien de méchant ! C’est moins désagréable, en tout cas, que les deux beaufs à bide à bière qui, voyant cinq personnes (dont votre serviteur) attendre le bus, ne peuvent s’empêcher de leur lancer que « le tour de France féminin ne passe pas par là » ! Je craque et je me mets à leur hurler que je n’en ai rien à foutre de cette course avec laquelle on nous casse les oreilles depuis des jours ! Don’t worry, be happy, me dit l’un de ces deux représentants de la majorité imposant sa connerie à la minorité[2]… En une fraction de seconde, il vient de me rendre irrémédiablement allergique à cette chanson !

 

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Pour répondre au hérisson : si, un peu quand même...

 

17h30 : Rentrant de la plage, je dois supporter le voisinage d’un passager qui a visiblement décidé d’imposer à tout le bus ce qu’il regarde sur son écran : comprenez qu’il n’a pas d’écouteurs et qu’il a mis le son à fond comme s’il n’y avait personne autour de lui ! À sa décharge, je dois convenir que les autres voyageurs n’ont pas l’air plus gênés que ça… Ce type de nuisance sonore est devenu tellement courant qu’il n’y a plus que les fossiles de mon espèce pour s’en formaliser ! Excédé par ce bruit intolérable, je me permets quand même de lui dire, avant de descendre, qu’il n’est pas seul au monde : il a l’air de ne même pas comprendre ce que je lui dis… Idiocracy, ce n’est pas de la science-fiction, je vis dedans au quotidien !

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18h50 : Je termine la lecture du livre que Guirrec Soudée avait consacré à son tour du monde en compagnie d’une poule rousse : trois choses m’ont marqué en lisant cet ouvrage. Premièrement, je pense que la principale garantie de la réussite de son aventure, bien plus que son audace, fut son grand sens social : il est évident que ce garçon n’a pas peur d’aller vers les autres, ce qui est bien pratique pour demander de l’aide en cas d’avarie, solliciter un petit boulot quand les liquidités font défaut et, surtout, aller à la rencontre de gens dont on ignore tout – parfois jusqu’à leur langue maternelle ; rien que pour ça, je sais que je pourrais difficilement m’engager dans une telle épopée… Deuxièmement, il y a de quoi être frappé par la relation exceptionnelle qu’il a tissée avec celle qu’il a baptisée Monique : on ne s’attend pas à ce qu’une poule manifeste autant d’intelligence et d’affection ; mais je pense que la peu flatteuse réputation dont pâtissent les gallinacés tient au fait que nous ayons l’habitude de les voir caqueter par paquets de dix dans une basse-cour : quand on les prend un par un, en faisant droit à l’individualité de chacun, les choses prennent forcément un autre cours. Il n’y a pas qu’à l’homme que le pluriel ne vaut rien… Troisièmement, enfin, j’ai vraiment versé une larme sur le passage où il raconte l’annonce du décès de son père : ce que je traverse moi-même en ce moment n’y est pas pour rien, même si mon papa n’est pas à l’article de la mort ! Du moins, je l’espère…

 

Sans transition, voici un dessin inspiré d'un des travaux d'Héraclès, plus précisément l'épisode des chevaux anthropophages de Diomède :

 

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Lundi 28 juillet

 

18h : Retour à la carrée après une nouvelle escapade à Sainte-Anne ; j’ai mis une heure et demie à rentrer, les multiples déviations entraînant des bouchons dans les rues Yves Collet et Robespierre que le bus est contraint d’emprunter et qui ne sont absolument pas prévues pour un trafic habituellement destiné aux grands axes… Au pied de mon immeuble, quatre personnes, que j’identifie comme faisant partie de mes voisins de palier, prennent l’air : la porte principale étant ouverte, je la ferme machinalement, mais l’un des membres féminin de ce quatuor la freine au dernier moment ; je proteste que s’ils habitent l’immeuble, ils doivent pouvoir la rouvrir, mais elle insiste : je ne comprends rien à ce qu’elle baragouine, mais je suis seul contre quatre, alors je n’insiste pas. N’empêche : les bouchons en ville plus les cas sociaux du voisinage… J’ai besoin de vacances.

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Mardi 29 juillet

 

15h : Les techniciens sont passés ; c’est la quatrième intervention sur mes toilettes en un mois ! Celui qui avait l’air d’être le chef m’a promis que je ne devrais plus avoir de problème : il a cependant ajouté que si ça se reproduisait quand même, je ne devais pas hésiter à rappeler en demandant expressément à ce que ce soit lui qui vienne car il a repéré la cause – il me l’a expliquée, et je n’ai évidemment rien compris. Croisant les doigts pour qu’il ne se soit pas trompé, je profite du temps maussade pour faire le ménage. N’empêche… À cette période de l’année, je devrais être en train de me prélasser au soleil en bonne compagnie, et j’ai été obligé de rester cloîtré dans mon appartement à regarder tomber la bruine pour pouvoir accueillir deux inconnus… Quelqu’un pourrait-il me dire ce qui ne colle pas dans la façon dont je mène ma vie ?

 

Un autre travail d'Héraclès : le nettoyage des écuries d'Augias.

 

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Mercredi 30 juillet

 

8h30 : Ma mère doit venir me chercher pour que nous rendions visite ensemble à mon père, toujours hospitalisé. En attendant, je relève mes mails : j’ai un message de la CAF m’annonçant qu’un courrier m’attend sur leur site – je ne comprendrai jamais pourquoi ces administrations, qui nous demandent pourtant toutes nos coordonnées, ne sont pas fichues de nous adresser directement ce qu’elles ont à nous dire au lieu de nous obliger à passer sous les fourches caudines de leurs sites web : il faut croire que ça fait partie d’une stratégie pour nous humilier… Bref ! Après avoir tapé mes codes, il me faut encore demander à ce qu’ils me renvoient un autre code d’accès pour des raisons de « sécurité », ce qui leur prend évidemment un quart d’heure ; je peux alors enfin découvrir ce fameux courrier. Et tout ça pour quoi ? Pour m’annoncer que je ne suis plus éligible au RSA ! Alors que ça fait déjà un an que je le sais ! Et on s’étonne que les cas de phobie administrative se multiplient…

 

Encore un travail d'Héraclès : la lutte contre Géryon, le géant à trois corps. 

 

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12h30 : Après avoir pris congé de mes parents (mon père va de mieux en mieux, merci pour lui), je prends un bus pour gagner le centre-ville : j’ai l’intention de déjeuner au Biorek (Alexandre part en vacances en fin de semaine) et d’aller prendre un bain de mer au Moulin Blanc. Mais le chauffeur doit être un intérimaire : il fait mille détours qui n’ont pas lieu d’être, je le vois même descendre de son véhicule pour aller demander des renseignements à un collègue ! J’hésite entre accabler ce conducteur qui travaille en dilettante ou faire montre de compréhension envers ce monsieur que les travaux et déviations doivent désorienter tout autant que les particuliers… N’empêche que j’ai demandé à ma mère l’autorisation de séjourner à la maison pendant quelques jours : je me rappelle pourquoi, maintenant…

 

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15h45 : Après un bain de mer d’une heure et demie, je me sèche en poursuivant la lecture de La Commune de Louise Michel : bien sûr, il est évident la « vierge rouge » était tout sauf impartiale (même si elle était sûrement plus proche de la vérité que la plupart des détracteurs du mouvement), mais même si on n’est pas obligé de prendre son récit au pied de la lettre, il est difficile de ne pas se laisser emporter par le style épique avec lequel elle rapporte les événements et qui est tout à fait approprié pour narrer ce qui a été, à n’en pas douter, une des plus formidables aventures que la France ait connues… Et puis on apprend tout de même des choses : j’avoue avoir longtemps cru que Victor Noir, dont on ne retient aujourd’hui que le gisant sur lequel se sont frottées des générations des poufiasses en chaleur[3], avait fait partie des innombrables victimes de la répression de la Commune par les Versaillais ; en fait, ce malheureux journaliste avait été assassiné par un cousin de Badinguet avant même que l’Empire ne s’écroule ! Le fait que je ne l’apprenne qu’aujourd’hui ne doit pas étonner : la Commune est un épisode sur lequel les programmes scolaires ne s’attardent guère ; je suppose que c’est pour ne pas rappeler aux enfants la honte nationale qu’a été la répression du mouvement… Et, surtout, pour ne pas laisser les futurs chômeurs croire qu’ils pourront prendre en main leur propre destinée !

Toujours un travail d'Héraclès : le ramassages des pommes d'or du jardin des Hespérides. 

 

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16h45 : Ayant raté la première correspondance pour rentrer à Lambé, je suis descendu à pied jusqu’à la station « Jules Lesven » : ce n’est pas que ça m’enchante, m’attarder dans le voisinage d’un lycée n’est pas fait pour me plaire à cette période de l’année… Mais une bonne surprise m’attendait : juste à côté de l’arrêt, il y a plein de mûres qui ne demandent qu’à être cueillies ! J’ai un quart d’heure d’attente, c’est plus qu’il n’en faut pour remplir un petit pochon : je reçois deux amies ce soir pour un apéro dînatoire, je leur ferai la surprise de les leur proposer… Il n’empêche que je ne m’attendais pas à trouver des mûres consommables aussi tôt. Surtout à Brest en plein centre-ville… 

Encore dans la mythologie grecque, voici une variation sur Hermaphrodite, l'enfant d'Hermès et Aphrodite, à la fois homme et femme : 

 

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17h15 : Retour au bercail ; mes amies devraient arriver dans une heure, c’est plus qu’il n’en faut pour rincer mes affaires de plage et préparer l’apéro. Je peux ainsi dépouiller le courrier : outre mon Fluide Glacial et un courrier du bailleur menaçant de représailles les locataires qui abandonnent des objets encombrants dans les parties communes, j’ai un courrier du conseil départemental me confirmant que je ne peux plus prétendre au RSA ! Je ne voudrais pas insister lourdement sur l’inefficacité de l’administration française, mais force est de constater qu’elle tend le bâton pour se faire battre… Mais le pire, c’est le terme employé pour prendre acte de mon changement de statut : ils parlent de « radiation » ! En d’autres termes, au lieu de reconnaître que j’ai réussi à augmenter suffisamment mes revenus pour pouvoir me passer du RSA, ils préfèrent faire comme si c’étaient eux qui m’en privaient parce que je n’aurais pas bien fait mon « boulot de chômeur » (pour reprendre une expression que j’employais chaque fois que j’allais faire ma pute devant ces conseillers Pôle Emploi qui ne croyaient pas eux-mêmes aux conneries qu’ils débitaient)… Rien n’a changé depuis l’époque de Louise Michel : tous les prétextes sont bons pour faire comprendre à la canaille qu’elle n’a droit qu’à souffrir.  

 

Toujours la mythologie grecque : comment Éris, déesse de la discorde et sœur d'Arès, le dieu de la guerre, dressa les unes contre les autres les trois plus sublimes déesses de l'Olympe (Héra, Athéna et Aphrodite) et, indirectement, déclencha la guerre de Troie : 

 

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Jeudi 31 juillet

 

14h30 : Je croyais pouvoir sortir : la bruine était si fine que je ne la voyais même pas tomber… J’ai quand même pris le bus : la pluie, loin de se calmer, n’a fait que s’intensifier au cours du voyage, et chaque mouvement d’essuie-glace sur le pare-brise m’a fait l’effet d’un coup de poignard dans ma jeunesse… Une fois arrivé à destination, conscient qu’il n’y aurait rien à espérer, j’ai préféré reprendre le bus pour réintégrer mes pénates : avec le chantier, une promenade en ville n’offre aucun attrait et, de toute façon, je n’arrive plus à supporter de croiser autant de gens en parka à une période où je n’ai que des filles en bikini dans la tête…  Dire qu’hier, l’une de mes amies me disait qu’on avait un « bel été » ! Soit elle n’est pas difficile, soit c’est moi qui le suis… Bref, une fois rentré, je repense justement à mes visiteuses d’hier, je m’avise que je ne les ai pas remerciées alors que les voir m’a vraiment fait plaisir : je me mets donc en quête de mon téléphone… Et je ne le retrouve pas ! J’ai beau fouiller dans tout mon appartement, pas moyen de mettre la main dessus ! Une seule explication possible : j’ai dû le perdre en route… Légèrement accablé, je ressors, me voyant déjà faire des pieds et des mains pour obtenir une nouvelle carte Sim et tracer jusqu’à Kergaradec pour y dégoter un nouveau portable… Et je retrouve finalement mon portable dans l’allée menant à mon immeuble ! J’ai vraiment eu une trouille bleue : les boutiques de téléphonie sont des endroits que je déteste fréquenter au-delà de tout et j’estime que mes vacances sont déjà assez gâchées sans qu’il faille en plus que je m’impose cette épreuve ! Il est grand temps que j’aille chez ma mère me refaire une santé…  

 

Avant de conclure, voici une mini-BD inspirée d'un autre mythe grec : comment Héphaïstos, le dieu forgeron, se vengea de sa mère Héra, la reine de l'Olympe, qui l'avait rejeté à la naissance en raison de sa laideur et obtint par la même occasion la main d'Aphrodite, déesse de la beauté... 

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] CABU, Mon Beauf’, Dargaud, Paris, 1982, p. 13.

[2] Expression empruntée à Wolinski : « La majorité n’a pas le droit d’imposer sa connerie à la minorité. » Georges WOLINSKI, Je montre tout !, Charlie Hebdo hors-série n° 14, Rotative, Paris, 2001, p. 40.

[3] Désolé si la formule vous choque, mesdames ! Mais si des hommes avaient la même attitude vis-à-vis d’une statue représentant une femme, vous les traiteriez, à juste titre, de machos, d’obsédés et de mâles primaires, alors il n’y a pas de raison…



01/08/2025
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