Du 21 au 29 avril : encore heureux que je ne sois pas au Soudan...
Commençons avec un dessin que je voulais faire depuis longtemps : un autoportrait en dragon.
Vendredi 21 avril
17h : Petite sortie sylvestre avec une amie : celle-ci, ayant appris que j’habitais en face du bois de la Brasserie, a eu la bonne idée de m’y fixer rendez-vous pour que nous y fassions ensemble du croquis de nature. J’inaugure pour l’occasion un petit carnet et un crayon gras achetés récemment, elle préfère utiliser de l’aquarelle sur de grandes feuilles prévues à cet effet, chacun sa méthode. Son fils cadet nous accompagne : celui-ci est d’une patience admirable et joue gentiment au ballon pendant que nous dessinons. Un cadre végétal apaisant, une bonne amie, du dessin, un petit garçon qui joue tranquillement… C’est à peu près l’idée que je me fais du paradis !
18h : Le fils de mon amie fait tomber son ballon dans le ruisseau : sa maman est bien obligée de lâcher son pinceau pour récupérer l’objet afin de lui éviter d’alimenter simultanément la pollution des eaux et les traumatismes du garçonnet ! On dit que c’est à cause d’un fruit qu’Adam et Êve ont été chassés du paradis terrestre : nous, c’est à cause d’un ballon ! On ne se méfie jamais assez du sport…
18h30 : L’heure tourne et nous décidons de nous séparer. J’ai fait cinq dessins, mon amie deux : on ne peut pas comparer, nos méthodes de travail étant très différentes, et puis nous ne sommes pas en compétition. Il est difficile de ne pas penser aux impressionnistes qui peignaient en pleine nature, mais je ne suis pas Claude Monet et mon amie, malgré tout son talent, n’est pas non plus Berthe Morisot. Il n’empêche que c’est un peu dur de se quitter, il faudra remettre ça un jour ! J’étais réticent à l’idée de dessiner en groupe, mais je dois reconnaître que ça crée une émulation…
20h25 : Me voici au Kafkerin pour une nouvelle scène ouverte organisée par le Collectif Synergie. Avant que Claire ne lance les hostilités, un jeune homme, manifestement en situation de handicap, a tenu un faire un discours pour annoncer qu’il quittait ce café associatif où il était bénévole depuis quelques temps. En soi, ça ne m’intéresse pas outre mesure, mais je suis quand même frappé par l’émotion qui semble animer les autres bénévoles : on sent une équipe soudée, qui a su partager les bons et les mauvais jours, qui s’est battue pour faire renaître une oasis de solidarité et de culture dans un quartier déshérité… Ça fait bientôt un an qu’ils animent le café ensemble : combien de temps tiendront-ils avant de s’engueuler ? Je sais, je ne devrais pas être si défaitiste, mais j’ai vu tant d’associations et tant d’amitiés se déliter pour des âneries…
A gauche : le jeune ex-bénévole. A droite : Manuèle en pleine déclamation.
20h50 : Après un petit tour de piste de quelques habitués des scènes ouvertes du collectif (Claire, Manuèle et moi-même notamment), un jeune homme monte pour interpréter « Avec le temps » de Léo Ferré. J’ai souvent dit tout le mal que je pensais de la vox du vieil anarchiste, mais cette interprétation m’oblige presque à revoir mon opinion à la hausse ! Ce garçon massacre littéralement la chanson de Ferré, comme si le principal intéressé n’avait pas été capable de le faire lui-même ! Comme quoi, les scènes ouvertes, ça ne peut pas être que d’étincelantes découvertes. Bah, ça fait partie du jeu !
A gauche : le jeune "chanteur" qui massacre Ferré. A droite : Monica.
20h55 : Monica, la marraine du Kafkerin, monte sur scène et propose une idée géniale pour aider les femmes qui ont peur de sortir seules dans la rue après une certaine heure : sur le modèle des « cafés suspendus », les automobilistes qui auraient des places disponibles dans leurs véhicules pourraient les « suspendre » afin de permettre aux femmes de rentrer chez elles dans un plus grand sentiment de sécurité. Encore faudra-t-il s’assurer que les conducteurs n’en profiteront pas pour les draguer et, de toute façon, il n’est pas tolérable qu’encore aujourd’hui, des femmes ne puissent pas sortir seules le soir sans avoir peur ! Le problème des violences faites aux femmes restera toujours aussi sérieux tant qu’on n’aura pas changé les mentalités…
A gauche : la fille de Monica. A droite : un rappeur.
21h10 : Après un petit air de piano interprété par la fille de Monica et un tour de piste d’un rappeur que je ne me souviens pas avoir vu ailleurs, le conteur Michel Lidou, qui fait son grand retour, nous joue un morceau de son nouveau spectacle intitulé « Cul d’oignon » d’après le surnom que lui avait donné un des SDF dont il s’occupait quand il était travailleur social. En effet, tournant le dos aux histoires paysannes dont il nous gratifiait quand je l’ai connu, ce cher Michel a décidé de nous raconter les rencontres édifiantes qu’il a pu faire au contact de ces gens que la société a abandonnés. L’histoire qu’il nous rapporte est instructive : vous croyez peut-être que les « clodos » ont tous le même parcours, avec chômage, huissiers, expulsion et tout le bataclan ? Et bien détrompez-vous ! Michel en a connu un qui a vu mourir sa femme et ses enfants dans un terrible accident et qui, n’ayant plus rien à perdre après ce drame, a jeté les clés de sa maison à l’égout ! Par conséquent, quand vous croiserez un SDF, avant de le cataloguer trop vite comme un « raté » ou un « loser », songez qu’il est peut-être, en fait, victime d’un chagrin d’amour ! À moins que les sentiments ne soient déjà une langue étrangère pour vous… Vous ne seriez pas le seul, hélas !
A gauche : Michel Lidou. A droite : un autre rappeur.
Samedi 22 avril
18h10 : Je suis dans le train en direction de Quimper où m’attend une tante qui a accepté de m’héberger pour la nuit puis de me conduire à Loctudy où doit avoir lieu le deuxième Salon bigouden du disque et de la BD. Au niveau de Landerneau, le wagon se vide subitement ! Je ne comprends pas pourquoi autant de gens descendent ici, mais je ne m’en plains pas, je suis débarrassé des deux jeunes glands qui me cassaient les oreilles et je peux ainsi poursuivre le voyage sans mon casque…
Dimanche 23 avril
8h45 : Ma tante me dépose à Loctudy, comme prévu : je la quitte un peu à regret, elle a été adorable… Aujourd’hui, c’est le dixième anniversaire de la loi sur le mariage pour tous : difficile de ne pas penser au tintouin qu’avaient fait à l’époque les arriérés de la « manif pour tous » ! La prochaine fois qu’un réac me demandera si je suis d’accord pour défendre la famille, je dirai : oui, à condition que ce soit la mienne ! Celle des autres, je n’en ai rien à foutre !
Moi à mon stand (photo de Didier Lefevre) :
Ce que je voyais en face de mon stand :
Un jeune homme qui a bien voulu se faire caricaturer :
Un autre de mes modèles, l'adorable petite Luna qui a prêté sa main innocente au tirage au sort de la tombola organisée à cette occasion :
Une autre photo de Didier Lefevre illustrant le cauchemar de l'armée romaine...
19h45 : La journée au salon est vite passée : je n’ai pas vendu beaucoup d’albums, mais grâce à mes caricatures, le bilan est tout de même positif. Tout s’est déroulé comme sur des roulettes, j’ai même trouvé quelqu’un qui a bien voulu me voiturer jusqu’à Quimper pour me permettre de reprendre le train sans contraindre ma tante à un second aller-retour. Mais vous connaissez le destin, il faut toujours qu’il ait la sale manie de tout gâcher : ainsi, à l’issue de cette journée satisfaisante à bien des points de vue, il fallait qu’il y ait un incident, en l’occurrence le train qui est immobilisé au niveau de Châteaulin pour je ne sais quelle raison. Ça ne dure qu’un quart d’heure, encore heureux, mais ça génère en moi tellement d’angoisse que ça compte triple…
Lundi 24 avril
17h : De passage en centre-ville, j’en profite pour faire quelques achats dans une supérette. Les mascottes des jeux olympiques de Paris y sont proposées à la vente : certains se sont indignés que l’on détourne un symbole révolutionnaire (le bonnet phrygien) pour en faire ces fanfreluches. Pour ma part, je ne suis pas en colère, je suis seulement affligé : c’est d’une telle médiocrité ! Je repense au walkman en forme de bonnet phrygien, fabriqué à l’époque du bicentenaire de la révolution, que l’ami Jean-Pierre Coffe avait épinglé à juste titre sur Canal+ : comme quoi la nullité ne change pas outre mesure !
Un dessin d'actu parce qu'il le faut bien :
Mardi 25 avril
13h30 : Pour les besoins d’un article que j’ai promis à Côté Brest, je consulte les numéros de 1995 du journal Ouest France : je me replonge ainsi dans l’ambiance des fameuses grèves de cette année-là, auxquelles on a régulièrement comparé la récente agitation sociale. Et j’en apprends de belle sur cette époque où je n’avais encore que sept ans ! Est-ce que vous vous rappeliez, par exemple, que moins d’un semestre après son élection, le président Chirac ne recueillait déjà plus que 14 % d’opinion favorable ? Ça ne l’a pas empêché d’être réélu puis d’être regretté par les Français… Quand je vois ça, je me dis que Macron peut envisager son avenir politique avec un relatif optimisme ! Ne riez pas : notre président actuel est encore jeune, il a encore au moins trois ans devant lui… Tout est encore possible !
18h30 : Pour participer à un concours de photos consacré au patrimoine breton, je dois charger trois clichés sur Google Drive. Une simple formalité, pensais-je. En fait, mes images prennent un temps fou à charger et je ne peux en mettre qu’une seule à la fois ! Je ne portais pas Google dans mon cœur pour plein de raisons, mais je pensais au moins que l’entreprise était vraiment à la pointe de la technique et proposait des rapides services et fonctionnels : elle n’a même pas ce mérite ! Un mythe s’effondre… Un mythe ou un gros mensonge ? C’est que ce n’est pas tout à fait la même chose, figurez-vous !
20h15 : J’apprends la mort de François Léotard. Je n’avais aucune sympathie pour ce politicien, même si l’hommage qu’il a rendu à son frère m’a incité à plus de tolérance, mais je ne peux m’empêcher de repenser à sa marionnette des Guignols : de ce point de vue, « Léo le neuneu » représentait pour moi une époque où on pouvait encore brocarder les politiciens sans faire le jeu de l’extrême-droite, ce qui est déjà une bonne raison d’écraser une larme… En tout cas, on peut dire que les deux frères Léotard ont tous deux gâché leur vie à cause de l’alcool : Philippe en buvant trop, François en ne buvant pas assez…
Mercredi 26 avril
15h : Un réparateur informatique sympa, qualifié et compréhensif, ça existe ? Oui : grâce à mon ami Jean-Yves, j’en ai trouvé un qui me tire d’un fichu pétrin, à savoir mon disque dur externe que mon PC ne reconnaissait plus, suscitant en moi une certaine panique à l’idée de perdre la trace de plusieurs années de boulot… Je suis tiré d’affaire rapidement, justifiant pleinement les 29 euros dont ce spécialiste me déleste, heureusement que j’avais fait de bonnes affaires à Loctudy ! Il n’empêche que cette anecdote prouve une nouvelle fois la précarité des supports numériques : l’informatique démultiplie les possibles, c’est son principal mérite et il n’est pas négligeable, mais il ne simplifie pas vraiment la vie ! Disons que ça ouvre des fenêtres… Et que ça permet aux emmerdes d’y entrer !
Quelques dessins me représentant avec mon ami Jean-Yves (je lui dois bien ce petit hommage) :
19h : J’arrive au Triskell Bihan, un bar où je n’allais plus guère depuis la fin de mes études : il accueille ce soir la présentation du deuxième numéro du fanzine poétique Odette dans lequel j’ai publié un texte. J’ai ainsi l’occasion de constater que la piétonisation de la place Guérin a bien avancé. Comme toujours quand j’arrive dans un lieu auquel je ne suis pas habitué, je ne suis pas à mon aise : heureusement, Mequi, l’animateur des scènes ouvertes du Café de la plage, est présent, ce qui m’aide à ne pas me sentir perdu. Au comptoir, le barman essaie de me faire gober que les consommations ont un prix quatre fois supérieur à ce qui est affiché, en raison de la grande terrasse dont le bar bénéficie désormais ! Ce genre de plaisanterie me terrorisait jadis : aujourd’hui, je ne tome plus dans le panneau… Mais ça ne me fait toujours pas rire !
19h45 : La présentation du fanzine commence enfin. Au programme, lecture des poèmes qui composent le numéro, par leurs auteurs ou par des volontaires, le tout avec l’accompagnement musical improvisé par ce cher Mequi. Claire Morin nous a rejoints, ne ratant pas l’occasion de faire une démonstration de son talent de slameuse et, par la même occasion, promouvoir les événements du Collectif Synergie : je le lui reproche d’autant moins que sa présence achève d’atténuer à mes yeux l’inquiétante étrangeté de l’ambiance, ce qui m’est d’un grand secours quand je lis mon texte intitulé It sucks to be Santa Claus – la parution de ce numéro ayant pour thème l’hiver a pris du retard, d’où la situation paradoxale dans laquelle je me trouve, à déclamer un slam de Noël en plein mois d’avril… Certains diront que ça nous prépare pour l’avenir, quand il fera une température digne d’avril à chaque Noël ! En attendant, je ne boude pas mon plaisir de faire rire le public sans pour autant être ridicule…
20h40 : Tous les poèmes ont été lus. Claire ne se dégonfle pas et nous sert d’autres slams de son cru. Je l’imite assez vite en interprétant « Ça m’intéresse pas » et « Bernie la matraque ». Cette prestation me vaut des témoignages d’admiration de la part de l’assistance ; certaines personnes, qui m’avaient déjà vu sur d’autres scènes, me qualifient même de… Punk ! Je le prends comme un compliment, mais je suis tout de même un surpris, moi qui n’ai jamais pris la peine d’au moins écouter les Ramones ! En tout, si je suis un punk, ce n’est pas à chien !
21h : Je me rends au Biorek brestois pour dîner : Alexandre est un peu surpris de me voir arriver aussi tard, mais je le suis encore davantage de constater que son restaurant est presque plein, ce qui n’est pas encore tout à fait habituel, à tel point que, de son propre aveu, Alex est à deux doigts d’être en panne d’ingrédients ! Le Biorek brestois victime de son succès ! Comme quoi, tout arrive, mais dans le cas présent, ce n’est que justice et j’en suis ravi pour mon jeune ami restaurateur.
Jeudi 27 avril
12h45 : Avant de me rendre au Béaj Kafé où j’ai prévu de régler une affaire et d’effectuer un petit travail trop angoissant pour être mené dans la solitude de mon atelier, je savoure quelques frites à l’arrêt de tram de la place de la Liberté. J’ai ainsi l’occasion d’assister à un spectacle que je n’aurais jamais imaginé : un cycliste qui se faufile entre deux trams qui se croisent ! L’inconscience à l’état pur ! Décidément, ceux qui comptaient sur la bicyclette pour générer un monde un peu moins bête et méchant étaient à côté de leurs pompes : les cyclistes ne sont pas moins cons, frimeurs et agressifs que les motards ! Bien sûr, ils ne sont pas tous comme ça, ce n’est pas ce que je veux dire mais, de toute évidence, le vélo ne rend pas intelligent.
19h : J’arrive au Kafkerin pour une autre scène ouverte, celle organisée par l’asso qui gère le lieu. Ce n’est pas très raisonnable de ma part, j’ai réservé un kiosque à la PAM pour demain et je devrai donc me lever assez tôt, mais comme ma participation avait été annoncée dans la presse (à la suite d’un malentendu, il n’y a pas d’autre mot), je suis obligé d’assumer. J’avais fait un effort pour ne pas arriver trop en avance, seulement voilà, je m’étais fié à une annonce erronée publiée sur un réseau social, je dois donc quand même attendre une heure avant que ça commence… Je dois être condamné par une vieille malédiction à vivre de longues heures d’attente stérile ! En tout cas, ça prouve qu’on ne peut pas se fier aux réseaux sociaux…
Les musiciens en pleine répétition
20h : Le public commence déjà à arriver. On me propose de commencer : j’interprète « Tout commence en Finistère », It sucks to be Santa Claus et « Le retour de la mamie de Léonce ». J’ai mon petit succès. Certaines personnes me disent que mes textes mériteraient d’être mis en musique : j’en suis convaincu, mais je désespère de trouver des musiciens intéressés ! D’autre me parlent une énième fois de mon débit oratoire soutenu et me suggèrent de faire de la relaxation ou de la sophrologie : je réponds que rien qu’à y penser, je m’énerve encore davantage ! Et je ne mens pas…
20h10 : J’installe mon matériel pour faire le caricaturiste : je n’aurai en tout et pour tout que deux clients, tous deux lourdement handicapés, dont un qui n’a pas compris que c’était payant et n’a pas un sou sur lui… Je n’insiste pas, d’autant que je ne tiens pas à devoir engager une discussion avec une personne qui peut à peine parler, qui plus est dans une ambiance déjà bruyante !
21h15 : Après un sketch d’un des deux « gogols » (auquel je n’ai rien compris) et un second tour de piste de ma part, la scène est investie par une grande brune qui fait la rappeuse, accompagnée par les musiciens du café : du rap sur du violon, il faut avoir vu ça avant de mourir ! Une certaine effervescence règne dans la salle, une maman funky danse avec sa ravissante petite fille… Mon seuil de tolérance sensoriel n’est pas loin d’être dépassé ! Je me félicite néanmoins de la synergie qui se crée entre les artistes, même si je trouve qu’il manque à cette scène ouverte un animateur qui assurerait les transitions et rendrait le spectacle plus structuré… Non, je ne suis pas volontaire !
22h : Il est l’heure de prendre congé. Je ne m’attarde pas, je suis épuisé. Je reçois encore quelques félicitations pour mon tour de slam, dont celles d’un gazier qui me définit déjà comme… Le nouveau Coluche ! J’ironise en lui disant, montrant ma marinière, que mes rayures ne sont pas dans le bon sens. N’empêche : d’abord un punk, ensuite Coluche… Je vais finir par ne plus savoir qui je suis !
Vendredi 28 avril
15h15 : Voilà plus de six heures que je suis à la PAM et c’est le bide complet ! J’ai vendu pour six euros de marchandise et pas une seule caricature ! Les gens ne font même pas semblant de s’intéresser à mon travail et me demandent, pour la plupart, de leur indiquer où trouver ceci ou cela dans le bâtiment, comme si j’étais l’hôtesse d’accueil, ce qui ajouter l’humiliation à la déception…
Quand je suis de mauvaise humeur, ça me rend injuste et irritable...
20h15 : Retour au bercail. J’ai gagné à peine de quoi payer l’emplacement et je m’aperçois, en rangeant mes affaires, que j’ai perdu les marque-pages que je proposais à la vente : j’étais tellement abattu que j’avais mal refermé ma valise et je ne m’en étais aperçu qu’en pleine rue, il est donc miraculeux que je n’aie pas perdu davantage d’objets… Hier, je me demandais qui je suis ; aujourd’hui, j’ai la réponse : une merde !
Un gros câlin d'un gentil papy aurait bien arrangé des choses. Malheureusement, tous mes grands-parents sont morts...
Ce dessin, qui illustre bien mon besoin de réconfort, me représente dans les bras de Jojo, le petit bonhomme à casquette créé par André Geerts, tel que je l'imagine à l'âge d'être grand-père. Voici un autre hommage à cette bande dessinée qui a bercé mon enfance et que je relis sans honte à l'âge adulte :
Samedi 29 avril
10h15 : Je descends aux Capucins pour assister à une démonstration de danse orientale qui m’a été signalée par une amie, organisée dans le cadre de la journée mondiale de la danse – je ne suis pas spécialement féru de l’art de Terpsichore[1] mais il faut être curieux de tout. Comme j’ai de l’avance, j’en profite pour passer à la PAM histoire de voir s’ils n’auraient pas retrouvé mes marque-pages. Ils n’en ont trouvé qu’un, mais quand je ressors, je retrouve tous les autres sur le trottoir d’en face ! C’est un miracle que personne ne les ait ramassés ! Faut-il y voir un bon signe ? De toute façon, ma journée ne peut pas être pire que celle d’hier…
10h30 : Je suis arrivé aux Capucins. Une fois encore, j’ai beaucoup trop d’avance, la démonstration ne commencera que dans une demi-heure. J’en profite pour coller une affiche annonçant une conférence que je dois donner la semaine prochaine. Je suis un peu surpris, en circulant, de ne voir aucune installation pour accueillir l’événement qui m’a attiré en ces lieux, même si je sais qu’il sera de petite ampleur.
Voici l'affiche en question - venez nombreux !
10h50 : Je suis assis à l’endroit qui m’avait été indiqué, j’attends gentiment. Je vois arriver un groupe qui enfile des paréos : je laisse passer quelques minutes avant d’oser les approcher. Je leur donner le nom de mon amie : ça ne leur dit rien. Je leur parle de la journée mondiale de la danse : ils ne sont même pas au courant ! De toute évidence, ce ne sont pas eux que j’attends. De fait, je me tourne sur ma droite, et j’aperçois, à l’autre bout du couloir, un autre groupe féminin qui a déjà commencé à faire de la danse orientale ! Je bredouille quelques excuses puis me précipite vers cette démonstration qui est sûrement la bonne…
11h15 : Je suis assis par terre, faisant passer alternativement dans mes mains carnet de croquis et caméra pour garder des traces de cette démonstration menée par Alhouaria El Berkani et ses élèves. À la faveur d’une pause, cette prof qui me semble aussi sympathique que compétente vient me demander ce que je fais : je lui dis le nom de mon amie, elle le connaît, ouf ! Je lui explique qu’on m’avait demandé d’écrire un article sur cette manifestation mais que ça ne va pas être possible et que j’improvise donc un reportage à ma façon : elle m’explique aimablement qu’il vaudra mieux ne pas montrer les visages de ses élèves dans une vidéo. Heureusement que je les ai filmées de dos…
11h30 : Je continue mon manège. Ce qui m’impressionne le plus, ce n’est même pas la dextérité des danseuses : leur prof est de toute évidence hautement qualifiée et puis elles s’appliquent comme le feraient n’importe quelles élèves d’un cours de gymnastique ou de quelque autre danse… Ce n’est même pas la jeunesse de certaines d’entre elles, au sein de ce groupe hétéroclite ou toutes les classes d’âge se côtoient : il y a longtemps que je suis convaincu que les enfants d’aujourd’hui ont du talent. Non, ce qui m’épate, c’est qu’elles arrivent à rester concentrées dans ce lieu ouvert à tous les passages ! Pour ma part, je suis déjà à deux doigts de perdre patience à cause d’un gamin capricieux qui me casse les oreilles…
12h10 : Je prends congé, non sans avoir promis à madame El Berkani de lui envoyer ma vidéo avant de la publier. La danse orientale n’est plus tout à fait une découverte pour moi, mais j’aurai quand même eu droit à une dose d’émerveillement grâce à la chorégraphie d’une charmante petite fille : je lui aurai bien fait un bisou si je ne craignais pas que ce soit mal perçu…
Terminons avec un petit suspense : qu'est-ce que cette vieille dame peut voir sur sa télé pour paraître aussi émue ? Réponse la semaine prochaine...