Du 21 au 27 janvier : Jusqu'ici, tout va bien...
Samedi 21 janvier
20h30 : Après une journée comme je les aime, consacrée entièrement à l’exercice de mon art, l’envie me prend de regarder La petite histoire de France en replay sur le site de W9 : je n’en avais encore jamais eu seulement l’idée, et pourtant, c’est sans doute la meilleure série humoristique dont la télé nous a gratifié depuis Kaamelott. C’est la première fois, depuis mon installation à Lambé, que je profite d’Internet pour regarder la télé. Bien sûr, je dois passer sous quelques fourches caudines numériques avant de pouvoir enfin visionner les vidéos disponibles, mais je ne le regrette pas, je m’offre bien des éclats de rire : je retiens notamment la séquence où ce gros balourd de François (cousin de Jeanne d’Arc) se retrouve avec une petite chèvre toute mignonne dans les bras et finit par lui dire, attendri (car c’est une brute à bon fond) : « Tu me donnes faim ! » Mais l’important n’est pas là : si W9 me demande, au moment de mon inscription, mon sexe et mon âge, c’est bien évidemment pour pouvoir me passer, entre deux extraits, des pubs « adaptées » à mon profil ; je ne le leur reproche même pas, ils le disent eux-mêmes explicitement, ils ne nous prennent pas en traîtres. Mais les spots qu’ils choisissent sur la base des informations que je leur fournis me fait sourire : ils me proposent successivement une montre connectée, des voyages aux Maldives et des bijoux ! À moi qui n’ai même pas de smartphone, qui ai une trouille bleue de l’avion et qui suis célibataire endurci ! Car, « évidemment », à leurs yeux, un homme trentenaire est « forcément » accro aux nouvelles technologies, amateur de vacances au soleil et, s’il n’est pas déjà en couple, en quête de relations amoureuses – et avec une femme, « ça va de soi » ! Voilà qui montre la vision étriquée des publicitaires et les limites de leur « talent »… Finalement, on en fait toute une histoire, mais recevoir des pubs « ciblées » en fonction des informations que nous laissons sur la toile, ce n’est pas dramatique : comme ils sont à côté de leurs pompes deux fois sur trois, on peut en rire comme on rit du numéro du camelot qui vente une daube qu’on ne lui achètera jamais ! Bon, bien sûr, les coupures publicitaires, c’est toujours agaçant, mais ça existait déjà avant Internet, et puis si ça vous ennuie vraiment, relisez le mode d’emploi de votre bécane : il suffit d’appuyer sur un bouton et le son est coupé ! Se fait manipuler par la pub qui veut bien…
Mardi 24 janvier
23h : Après trois jours de semi-réclusion volontaire dans mon atelier, je réalise que je perds mon temps en voulant coloriser à tout prix cinq dessins d’actualité consacrés à la réforme des retraites : comme j’avais déjà entamé la couleur pour quelques-uns d’entre eux et que je n’aime pas recommencer à zéro (mais qui aime ça ?), je fais un collage pour « reblanchir » les parties coloriées ! Si on m’avait dit que j’en arriverais là un jour : toutes ces années à me casser la tête avec la couleur pour finalement me rendre compte qu’elle n’apporte rien à mon trait, au point de préférer revenir en arrière… Mieux vaut en rire.
Mes dessins sur la réforme des retraites :
D'autres réalisations achevées pendant cette réclusion volontaire : d'abord, quelques fantaisies sur l'actualité brestoise, marquée, entre autres, par la résurrection de la PAM...
Deux hommages à Louison Cresson :
Et enfin, deux caricatures : Karl Lagerfeld...
...et Philippe Val.
Mercredi 25 janvier
12h : Brève halte au Café de la Plage pour décider, avec l’un des deux gérants, du jour et de l’heure du vernissage de l’exposition que j’y accrocherai le mois prochain : nous nous mettons vite d’accord. Tout en finissant mon verre, je crayonne, avant de partir pour déjeuner, quelques grandes gueules, nationales ou régionales, dont la photo est publiée dans un quotidien local. Jusqu’ici, tout va bien…
13h45 : Je descends jusqu’à une galerie d’art pour parler avec le patron : manque de pot, je me suis trompé, elle n’ouvre que demain. Jusqu’ici, tout va bien…
14h30 : Je m’arrête dans un café pour travailler tout en sirotant un thé en attendant l’heure d’aller au cours du soir. À peine installé, je réalise que j’ai oublié chez moi mon disque dur externe sur lequel sont sauvegardés tous mes fichiers ! Pas moyen de faire quoi que ce soit ! Je ne peux même pas annoncer l’heure de mon vernissage car je réalise, par la même occasion, que je me suis trompé : j’ai choisi une date ANTÉRIEURE à l’accrochage de l’expo ! Je défie quiconque se retrouvant dans une telle situation de ne pas se sentir bon à jeter… Je ne termine même pas mon thé et je rentre illico à Lambé, espérant que la coupure de courant qu’on nous avait annoncée est déjà passée…
18h : Au cours du soir, je montre quelques bricoles finalisées chez moi, dont un dessin censé représenter une éponge naturelle : la prof salue ce « beau dessin » mais juge qu’il évoque moins une éponge qu’un minéral… Il est vrai que les effets de matière ne sont pas mon fort… Nullement vexé, je décide de m’en tenir là pour ce dessin : j’en serai quitte pour dire que c’est une éponge fossilisée ! Je suis même content que Delphine m’ait fait cette critique qui est une preuve de franchise de sa part : je peux ainsi considérer, a contrario, que quand elle dit que c’est bon, ça signifie que c’est VRAIMENT bon ! C’est justement le cas pour le dessin de « machine » que je suis en train de réaliser dans le cadre de notre projet actuel… Ce petit succès compense ma déception de cet après-midi.
Mon éponge fossilisée :
Un croquis réalisé pour mon dessin de machine : je vous donnerai plus d'explications quand j'aurai terminé...
Et d'autre réalisations exposées ce soir-là :
Le hérisson dit vrai : la consigne était de s'inspirer de sa cuisine et j'ai pris pour modèle une théière vue dans un bistrot...
Jeudi 26 janvier
15h45 : Tout s’arrange : j’ai pu discuter avec le galeriste, j’ai renégocié la date du vernissage au café, j’ai même tiré des affiches. Et alors que, tout à la satisfaction du devoir accompli, j’attends le bus pour rentrer chez moi, une femme me saute au cou et me fait la bise ! Non, ce n’est pas l’effet magique d’une quelconque fragrance : c’est une artiste que j’avais rencontrée lors d’une scène ouverte et qui m’a reconnu. Pour ma part, j’ai quand même pris quelques secondes pour me souvenir d’elle, légèrement secoué (mettez-vous à ma place) par cette salutation pour le moins expansive…
Vendredi 27 janvier
11h30 : Je termine l’écriture de ce chapitre à la cafétéria (ou ce qu’il en reste) de la fac : c’est aujourd’hui que je pars à Rennes pour participer au colloque sur les relations entre la Bretagne et les États-Unis d’Amérique auquel j’ai été invité ; le transport est couvert par les organisateurs, mais pas l’hébergement qui est financé par le laboratoire auquel je suis rattaché ; il fallait justement que je passe à la fac pour signer l’ordre de mission assurant cette prise en charge. J’ai décidé de profiter de ce déplacement pour rendre une petite visite à ma meilleure amie, qui habite Nantes : je vais donc consacrer quatre journées à prendre quatre trains et à me déplacer dans deux grandes villes où je n’ai pour ainsi dire aucun repère… C’est énorme, pour moi ! Et après deux années de disette déambulatoire pour cause de Covid, je n’ai plus l’habitude de ce genre d’équipée ! Puissent Hermès, dieu des voyageurs, et Héphaïstos, dieu boiteux des artisans, veiller sur mon humble personne…
Pour mémoire, l'affiche du colloque en question :
Voilà, c'est tout pour cette semaine, à la prochaine !