Du 20 au 25 avril : comme disait Reiser, élisez une papesse !
Commençons avec "l'événement" de la semaine :
Dimanche 20 avril
10h30 : Quelques soucis sans gravité mais tout de même désagréables m’amènent à me faire une réflexion désenchantée : on dit souvent que les relations sociales sont difficiles pour les gens du spectre, mais finalement, elles ne sont pas beaucoup plus simples pour les personnes sans autisme ! En fait, la vraie différence, c’est que les autistes s’efforcent de se les simplifier au maximum tandis que les neurotypiques semblent prendre un malin plaisir à se les compliquer ! Plus de détails dans le billet que j’ai publié sur mon nouveau blog, intitulé finement J’aurais voulu être un autiste.
La bannière de ce nouveau blog :
21h : Avant de dormir, je lis quelques histoires du Petit Nicolas : un observateur extérieur pourrait juger que je retombe en enfance, mais il aurait tort ! Cette série est sans doute la plus mal comprise de toute l’œuvre de Goscinny : on ne cesse de parler à son propos de « fraîcheur », de « tendresse »… Mais il n’est même pas nécessaire de faire une lecture approfondie pour comprendre qu’à travers le regard d’un enfant, le grand René proposait une satire bien sentie de la France des « trente glorieuses » : les adultes sont tous plus ou moins stupides et bornés, à commencer par les parents de Nicolas qui n’ont en tête que le standing et la réussite professionnelle (son père considère l’apprentissage comme une déchéance) ; ils se révèlent même franchement infantiles quand ils tentent de rendre jaloux leurs voisins ; il ne leur faudrait pas grand’ chose pour ressembler aux Bidochon… Le malentendu vient en partie, je pense, des images de Sempé, qui ont l’air si douces ; mais, là encore, on oublie trop souvent que sous un style trompeusement gentillet, Jean-Jacques Sempé fut un maître de l’humour noir, sans doute le dessinateur le plus impitoyable de sa génération envers les vanités humaines, ce qui faisait de lui, in fine, l’illustrateur idéal pour une série qui tournait en dérision le monde des adultes sur un ton faussement enfantin. Quand un film inspiré de la série est sorti en 2009, une certaine critique a reproché a accusé le réalisateur de se complaire dans la nostalgie d’une époque trompeusement présentée comme confortable et insouciante ; comme je n’ai pas vu le film, de deux choses l’une : ou bien la critique était à côté de ses pompes, ou bien le réalisateur avait raté son coup – l’un n’empêche pas l’autre, évidemment !
Puisque c'est Pâques, quelques dessins sur le thème de l'agneau pascal :
Ces dessins doivent beaucoup à un épisode de La Linea qui m'a marqué ; plus de précisions dans cette vidéo :
Lundi 21 avril
15h : J’apprends la mort du Pape François. En plein week-end pascal ! Si certains bigots n’ont pas l’impression, après ça, que Dieu se fout de leur gueule, je ne peux plus rien pour eux ! Bon, allez, malgré l’aversion que m’inspirent les religions en général et l’Église catholique en particulier, je vais être sympa et leur faire une suggestion : pour succéder à Jorge Mario Bergoglio, élisons… Yazemeenah Rossi ! Mais si, vous savez, ce mannequin sexagénaire qui éclipse ses collègues dont elle pourrait être la mère voire la grand-mère ! Alliant le charisme d’une reine à la sagesse d’une grande prêtresse, elle est une si parfaite incarnation de la sérénité et de l’équilibre que la tenue papale semblera avoir été faite pour elle ! Le renouveau de l’église serait certainement assuré, avec une si gracieuse papesse ! Bon, pas au point de me motiver à aller à la messe, hein ! ‘Faut pas trop m’en demander non plus…
Mardi 22 avril
13h30 : Je suis en train d’accomplir une action universellement désagréable : je remplis ma déclaration d’impôts. Ce n’est pas encore cette année que je serai imposable, mais ces formalités me donnent toujours de l’urticaire. C’est donc dans ces dispositions exécrables que j’apprends une triste nouvelle : ma tante Christine Quinquis est morte hier. Elle n’avait que 64 ans, elle a été emportée par un cancer du poumon. Pourtant, même si son hygiène de vie n’était pas irréprochable, elle ne fumait pas : d’après ma mère, qui m’annonce le drame au téléphone, elle aurait attrapé ce cancer fatal à cause des soins qu’elle avait reçus vingt ans auparavant contre un autre cancer… Je préfère ne pas en tirer de conclusions. Quoi qu’il en soit, j’ai le moral au tapis : je ne suis pas forcément proche de tous les membres de la famille (très) nombreuse dont je suis issu, mais Christine m’avait hébergé il y a deux ans et je correspondais avec elle assez régulièrement. Pour ne rien arranger, je viens à peine de me remettre de la mort de mon copain Pod survenue le mois dernier et, globalement, j’ai le sentiment d’accumuler les décès prématurés dans mon entourage depuis quelques années… Je sais bien que quand on a de nombreuses fréquentations, on est naturellement exposé à avoir de nombreux deuils à long terme : comme disait Wolinski, « vieillir, c’est devenir gardien d’un cimetière »[1]. Mais tout de même, je ne pensais que ça viendrait aussi vite… Qu’est-ce qui va encore me tomber dessus ?
Mercredi 23 avril : Delfeil de Ton a 91 ans, bon anniversaire !
20h30 : Rentré du cours du soir, je risque un tour sur le site du Courrier international ; j’apprends, sans trop de surprise, que la côte de popularité de Trump est en chute libre trois mois à peine après son retour à la Maison blanche. Le plus dérisoire, c’est que le même phénomène s’était produit trois mois après sa première élection il y a huit ans. Ce n’est pas la première fois que des électeurs renouvellent leur confiance à un individu qui avait déjà fait montre de son incompétence et qu’ils avaient même déjà désavoué : les Italiens l’ont fait deux fois avec Berlusconi, nous l’avons-nous-même fait avec Chirac… La démocratie serait une chose merveilleuse si les citoyens n’avaient pas une mémoire de poisson rouge !
Quelques dessins au crayon gris réalisés sur le vif, pour le plaisir :
Jeudi 24 avril
19h : La journée a été bien remplie, je la termine avec une conférence de Marie-Louise Goret sur l’histoire de Kerinou : jadis, la vallée où est sis ce quartier marquait la frontière entre les deux communes voisines et interdépendantes de Brest et de Lambézellec[2] ; la seconde vivait de l’agriculture et nourrissait la première qui était dominée par l’armée, laquelle ne voulait pas d’industries dans ses murs. Ce fut donc à Kerinou, qui avait à l’avantage de disposer de nombreux points d’eau, que furent installés les commerces et industries qui n’étaient pas directement pilotés par l’autorité militaire. Madame Goret a donc donné sur l’histoire de ce quartier assez particulier quelques détails qui devraient intéresser les lecteurs de Côté Brest : évidemment, la moyenne d’âge de l’assistance est assez élevée, elle serait même proche de celle d’un EHPAD si je n’étais pas là, et le public compte un certain nombre d’anciens de Kerinou qui n’ont pu s’empêcher de vouloir apporter leur version de tel ou tel point d’histoire, ce qui serait tout à leur honneur… S’ils attendaient que l’oratrice ait fini de parler avant de prendre la parole ! C’est justement pour m’épargner ça que j’évite désormais de donner des conférences sur des événements pour lesquels les témoins abondent encore : madame Goret est à peu près aussi âgée que le public qui la respecte donc encore un peu, mais je sais d’expérience qu’avec moi, qui suis encore trop jeune pour ne pas être perçu comme un freluquet par les seniors, ça ne se passerait pas comme ça ! Le jour où un vieux type m’a soutenu mordicus que mes chiffres de la catastrophe de l’abri Sadi-Carnot étaient faux (il s’est avéré ensuite que c’était moi qui avais raison), je ne suis pas près de l’oublier… Enfin bref : une fois la causerie terminée, les vieux profitent de la présence de l’adjointe au maire chargée du quartier pour exprimer leurs doléances ; ne me sentant plus concerné, je décide de ne pas m’attarder, je suis trop fatigué pour supporter d’entendre des gens se plaindre.
Vendredi 25 avril : saint Marc, patron de Venise
Cette photo a été prise par moi-même en 2005 lors d'un voyage scolaire à Venise : j'en avais évidement pris beaucoup d'autres, mais j'ai choisi celle-ci parce qu'elle montre une facette de la ville à laquelle on ne pense pas spontanément...
9h30 : Au marché, je retrouve le père de la fiancée de mon cousin, qui informe les citoyens de l’état d’avancement du chantier du nouveau réseau de transports : apparemment, les travaux de la ligne de bus à haut niveau de service sont pratiquement finis dans notre quartier, « ya-pu-ka » construire la station. Quand la ligne sera ouverte au public, Lambézellec sera desservi toutes les sept minutes par un véhicule qui conduira directement à la gare sans le moindre changement : je me rappelle que je dois justement prendre un train dimanche prochain ; rien que pour ça, je voudrais que les travaux soient déjà finis…
Pour terminer, ma vidéo de la semaine, sur un sujet qui m'est cher :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !