Du 2 au 7 novembre : Pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance !
Samedi 2 novembre
14h : Me voici en visite chez une amie très chère, native de Nice et résidente à Hanvec. Mon hôtesse m’en apprend une salée : elle a découvert dernièrement qu’elle avait un ancêtre dont une rue niçoise porte aujourd’hui le nom, un certain Benedetto Bunico (1801-1863) qui se distingua en refusant de prêter serment à Napoléon III et, surtout, en luttant pour faire sortir les Juifs de Nice du ghetto dans lequel ils étaient confinés. Notez que ce n’était pas un saint : si mon amie ne porte pas le nom de famille de ce « glorieux » aïeul[1], c’est parce qu’il refusa de reconnaître les enfants qu’il avait faits à la femme qui légua donc son propre patronyme à sa descendance dont mon aimable hôtesse fait partie... Et oui, on était loin de #MeToo ! Tout n’était pas mieux avant… Et décidément, personne n’est parfait ! Je sais, je le dis souvent, mais il y a des vérités qu’on ne répète jamais assez…
16h30 : Après un délicieux repas, rien de tel qu’une promenade digestive, surtout quand on a la chance, telle mon amie, d’habiter dans un coin de paradis en pleine campagne. Mais le paradis n’est jamais très loin de l’enfer, comme nous le constatons tous les quatre, mon hôtesse, son amoureux, sa chienne et moi-même, au détour d’une route : le hasard veut que nous croisions des chasseurs, nous avons ainsi le triste privilège d’admirer le non moins triste tableau qu’offre la camionnette, grande ouverte à l’arrière, de ces viandards. Non, pas de cadavres d’animaux ensanglantés, mais peut-être pire encore : leurs chiens enfermés, que dis-je, entassés les uns sur les autres dans des cages étroites, qui aboient et semblent appeler au secours en nous voyant passer… Je crois les entendre : « S’il vous plaît, sortez-nous de là ! Libérez-nous de ces connards qui nous dressent à la schlague pour que nous collaborions à leurs carnages ! Ils prétendent aimer les animaux, mais regardez comment ils nous traitent ! Ils ne supportent les bêtes que réduites à l’esclavage ou à l’état de charogne ! Nous ne demandons qu’à vous aimer, ne nous laissez pas à la merci de ces tueurs qui nous achèveront à la chevrotine quand nous serons devenus trop vieux pour participer à leurs jeux macabres ! » Vous trouvez que je me laisse aller à la facilité en tirant sur les chasseurs ? Étant donné que nos gouvernements successifs n’ont cessé de leur accorder tous les privilèges, je n’en suis pas certain… Et pourquoi, d’ailleurs ? La chasse est-elle vraiment un enjeu capital ? Ils sont une minorité et ils emmerdent tout le monde : quels risques prendrait-on à leur interdire purement et simplement de chasser, ou, au moins, à leur rogner leurs droits ? Certaines économies locales ne s’en remettraient pas ? On lèse bien davantage les campagnes en fermant les écoles et en artificialisant les sols ! Les élus risqueraient des représailles ? Les gendarmes ne sont pas faits pour les chiens (désolé, les toutous) et on les envoie bien charger les paysans quand ils bloquent les routes ! Le droit à la chasse est une conquête de 1789 ? L’égalité devant l’impôt et l’abolition des arrestations arbitraires aussi, et on ne s’est jamais gêné pour les mettre à mal ! Les chasseurs ne font même pas partie des castes privilégiées, ils sont majoritairement issus des milieux ouvriers ! Alors, non, nos gouvernants n’ont aucune excuse pour les caresser dans le sens du poil ! Et vous aurez beau prendre la question dans tous les sens, je ne sors pas de là : un type qui tue pour le plaisir ne peut être qu’un salopard !
19h : Mes amis m’ont reconduit jusqu’à Brest. Il n’y pas grand-monde dans les rues, et pour cause : en ce moment, le match Brest-Nice bat son plein… C’est le seul côté positif du foot : pendant deux heures, tous les cons d’une ville vont s’entasser au stade ou au bistrot pour gueuler leur haine de l’étranger sur un penalty et, pendant ce laps de temps, ils laissent tranquilles les gens qui ne leur ressemblent pas… Attention : je ne dis pas que tous les footeux sont des cons, je constate simplement que tous les cons sont footeux ! Et ne m’accusez pas d’arrogance et de mépris parce que je peux vous dire que dans ces deux disciplines, entre les footeux et moi, ce n'est pas moi qui ai commencé ! Je ne compte plus toutes les fois où je me suis fait presque traiter de sous-homme par des « taliballons » - pour reprendre un néologisme forgé par le regretté Charb… Enfin bref : pendant que certains Brestois s’amusent à détester les Niçois pendant deux heures, pour ma part, je viens de prendre congé d’une Niçoise que je ne cesserai jamais d’aimer comme une grande sœur… Chacun son truc !
Dimanche 3 novembre : Osamu Tezuka aurait eu 96 ans aujourd'hui
Ce dessin représente l'héroïne de Merveilleuse Melmo, une des séries les plus mal-aimées (à tort ou à raison ?) du dieu du manga...
15h30 : Grâce à quelques grands dessins que je viens de colorier, j’ai tellement entamé mon stock de gouaches, de feutres et de crayons de couleurs que je peux me permettre de foutre à la poubelle le peu qu’il me reste. Je n’ai plus que la boîte de Polychromos que j’ai achetée récemment et qui donne effectivement des résultats satisfaisants : je devrais réussir à la rentabiliser sur le long terme même si je garde la ferme intention de favoriser le noir et blanc qui me donne moins de soucis… En attendant, en me débarrassant de mon excédent, j’accomplis un nettoyage par le vide qui me nettoie aussi la tête ! On se sent tout de suite moins lourds, moins sale, quand on ose enfin se débarrasser de ce qui nous encombre depuis des années ! Quand je serai un peu moins débordé, il faudra que je songe à faire un nettoyage par le vide de plus grande ampleur…
Lundi 4 novembre : 40 ans de Canal+
19h30 : J’ai bien travaillé aujourd’hui ; je me dispose à conclure la journée sur un sentiment de satisfaction quand je commets l’erreur de relever mes mails… Ce qui me vaut de découvrir un message des impôts ! Étant toujours enregistré en tant qu’auto-entrepreneur, j’ai reçu l’avis de Cotisation Foncière des Entreprises : je suis donc obligé de me connecter à leur site, bien entendu en tapant un code qui donnerait de l’urticaire à un crapaud, puis de passer à travers un embrouillamini invraisemblable de pages et de rubriques… Tout ça pour découvrir que je n’ai rien à payer ! Décidément, il n’y a rien de tel que l’administration pour pourrir l’ambiance !
Pour parler quand même de l'Amérique :
Mardi 5 novembre
10h : Pas grand-chose à signaler aujourd’hui : étant plutôt pessimiste concernant le résultat des élections américaines, je ne vais pas m’amuser à suivre le scrutin en temps réel comme doivent le faire certains imbéciles. En relevant mon compte en banque, j’ai la confirmation que l’AAH m’a été correctement versée : encore heureux, après toutes les fourches caudines sous lesquelles j’ai dû passer pour l’obtenir ! Profitons-en tant qu’il ne se trouve pas encore un(e) politicien(ne) givré(e) pour réussir à convaincre tous les cons du pays que pour faire des économies, il suffirait de laisser crever les individus « différents »…
Mercredi 6 novembre
Puisqu'il le faut, voici un portrait de Trump :
7h30 : Et merde… J’en ai marre, d’avoir toujours raison ! Non, je ne suis pas désespéré, je ne suis pas non plus angoissé, je ne suis même pas vraiment étonné. Je dirai juste une chose : ça m’emmerde. Oui, ça m’emmerde, d’en être encore « là » en 2024 ! Voilà bien la preuve que tout ce qu’on nous vend depuis des années comme le « progrès » (bagnoles, nucléaire, smartphones, etc.) ne sert strictement à rien ! Non, je ne ferai pas de commentaire plus détaillé : tout ce qu’on peut dire, vous l’avez sûrement déjà lu ailleurs ! Et si ce résultat vous réjouit, allez vous faire… Voir. Je dois faire un gros effort pour ne pas être grossier, en ce moment !
13h30 : Brève entrevue avec une amie qui, en raison d’un problème de santé sur la nature duquel je ne m’étendrai pas, s’exprime avec difficulté : consciente que je ne n’entends presque rien à la communication non-verbale, elle a recours à l’écriture pour la plupart des réponses qu’elle me fournit. Elle craignait que son mutisme ne me mette mal à l’aise, mais bien au contraire : j’ai même bien envie de lui dire qu’un peu de silence de temps en temps ne fait pas de mal ! Je m’abstiens cependant, craignant qu’elle ne prenne pour une remarque machiste comme on entend trop souvent aujourd’hui (quoi qu’en disent les beaufs si prompts à crier à la misandre) ce qui ne serait que l’expression de ma lassitude du brouhaha permanent qui caractérise ce monde… C’est doublement malheureux !
Quelques dessins aux crayons de couleur réalisés au cours du soir - quatre élèves ont posé à tour de rôle :
Jeudi 7 novembre
7h40 : Je me lève d’assez méchante humeur… J’avoue que je ne décolère pas depuis hier ! Je n’arrive pas à être un vrai cynique indifférent à ce qui se passe… Alors il va falloir s’y faire ? Il va falloir s’habituer à ce que le racisme, la misogynie, l’homophobie, ces vieux démons qu’on croyaient morts et enterrés, soient banalisés au point de revenir au pouvoir à intervalles réguliers, au même titre que la social-démocratie et le libéralisme il n’y a pas si longtemps ? Non ! Jamais je ne l’accepterai, jamais je ne l’admettrai ! Jamais je ne m’habituerai à ce que l’intolérance soit une pensée politique « comme les autres » ! Je ne lui reconnais même pas le droit d’exister ! Pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance !
9h30 : Je m’arrête dans une boutique de reprographie : la patronne est bien étonnée de me voir débarquer avec deux dessins que je lui a déjà donnés à scanner hier. Je lui réponds que je les ai retouchés hier (ce qui est exact) mais je me retiens de lui dire « De quoi je me mêle ? » Dans la foulée, il faut que je descende au port pour récupérer une commande, mais le prochain bus n’est que dans une demi-heure, et il n’y a rien pour s’asseoir… C’est fou à quel point les gens vous méprisent quand vous avez besoin d’eux, non ?
Un des dessins de grande ampleur que j'ai fait scanner - je suis partie d'une pose qu'avait prise un modèle au cours du soir : pour l'habiller, je me suis inspiré très librement du costume que portait la belle Halle Berry (à laquelle notre modèle n'avait pas grand' chose à envier) dans La famille Pierrafeu :
14h30 : Travaillant d’arrache-pied sur une conférence que je fois donner dans vingt jours (ça va venir vite), je fais l’erreur de prendre une pause pour me préparer un thé et relever mon courrier. Pourquoi dis-je que c’est une erreur ? Parce que, dans ma boîte aux lettres, deux documents irritants m’attendaient : premièrement, un avis de passage d’Atout Habitat m’annonçant la visite d’un technicien pour contrôler mon installation ; comme si cette perspective n’était pas assez énervante comme ça, il faut qu’ils aient choisi une date où je ne serai pas disponible, il va donc falloir que je téléphone pour déplacer la date – je n’ai même pas le droit de l’annuler. Deuxièmement, un courrier du conseil départemental : comme si je n’avais pas eu assez de mal à obtenir ma PCH[2] qui doit me permettre d’aller voir ma psychologue sans grever mon budget, voilà que ces bureaucrates me réclament six mois de factures de la psy pour pouvoir me la verser ! Je ne voudrais pas insister lourdement sur l’administration, mais reconnaissez qu’on n’est pas aidés pour l’aimer…