Du 2 au 7 mars : Retour à Paris ou : C8 et NRJ 12, je m'en fous, mais la fin de Siné Mensuel, ça, c'est grave...
Commençons par un petit dessin sur la situation internationale :
Dimanche 2 mars
10h : Après un samedi sans remous, je retourne à la piscine. Plus précisément, la seule piscine de « Brest même » où je n’ai encore jamais mis les palmes depuis que je vais régulièrement nager[1], celle de Saint-Marc. Contrairement aux trois autres, elle n’est pas sur une ligne abondamment desservie mais la distance à parcourir depuis la place de Strasbourg n’est pas énorme. Cette remarque s’applique aussi au bâtiment lui-même, encaissé au fond d’une rue dont l’entrée fait face au Stade Francis Le Blé : on est loin de la monumentale piscine Foch ! J’ai assez de liquide pour payer mon entrée, mais la caissière vient juste de transférer la recette et ne peut pas me rende la monnaie : je dois donc aérer ma carte bleue… Non contente d’être petite, la piscine Saint-Marc est également la seule de Brest où les vestiaires sont collectifs, avec une démarcation hommes-femmes (les trois autres n’ont que des cabines individuelles dont certaines sont réservées aux handicapés) : manifestement, le XXIe siècle n’a pas encore fait son entrée ici. Une fois en tenue, il me tarde de nager : je me trompe de chemin et un employé m’indique la direction, non sans éclater de rire, ce que je prends assez mal, mon sens de l’humour étant décidément soluble dans l’impatience. Je trouve enfin le bassin : il n’y en a qu’un seul, comme à Kerhallet, et il est encore plus petit. Pour savoir l’heure qu’il est, il n’y a qu’une seule pendule à aiguilles, située du côté du grand bain, ce qui est moins pratique pour ceux qui, comme moi, ont besoin de savoir combien de temps ils passent dans la flotte – me calant sur le rythme des cours, je m’efforce d’y passer au moins trois quarts d’heure à chaque fois. Je fais mes longueurs et, étroitesse du bassin oblige, je n’arrête pas de me cogner contre une dame qui barbotte sur le dos : si ça la relaxe, moi, ça me gonfle assez vite… Après avoir fait mes quarante-cinq minutes, je passe sous la douche où il est écrit qu’il faut s’essuyer ici même et non dans le vestiaire : ah ben il fallait le préciser avant, moi, j’ai laissé ma serviette là-bas ! Tant pis pour le personnel ! Quand je peux enfin dire « au revoir » à la caissière, je ne suis pas sûr de revenir de sitôt…
Lundi 3 mars : il y a 18 ans mourait Osvaldo Cavandoli, le créateur de La Linea
13h30 : Après une matinée passé à produire de la copie pour Côté Brest, je monte à la mairie de quartier afin de renouveler mes droits à l’abonnement au réseau de transport en commun. J’ai avec moi une attestation de quotient familial : se basant sur ce document, l’employée m’annonce que désormais, je devrai payer à un tarif supérieur à celui auquel je pouvais prétendre jusqu’alors. Et oui, le versement régulier de l’Allocation Adulte Handicapé rendant ma situation financière moins précaire, je ne peux plus bénéficier du tarif minimum : je ne m’en plains cependant pas car, à quinze euros par mois, je reste gagnant au vu de tous les trajets que j’effectue, surtout si j’utilise le service de transport à la demande… Mais j’en entends déjà qui trouvent injuste que je sois ainsi avantagé ! Alors comment dire ? Ceux-là, j’aimerais bien les voir vivre au quotidien avec mon hypersensibilité et ma difficulté à interagir en société, pour ne citer que deux aspects de ma différence qui en font un handicap social… Et puis que « ceux qui bossent » ne soient pas trop jaloux : je suis certes en meilleure posture que les bénéficiaires du RSA, mais si j’avais une voiture, si j’étais père de famille et si je cherchais à accéder à la propriété, je ne m’en sortirais certainement pas ! Et puis vous n’allez pas m’envier parce que je devrai payer plus cher pour me déplacer, non ? Le seul avantage que j’en tirerai, c’est qu’on me regardera peut-être avec un peu moins de dédain au guichet de Bibus. Peut-être.
14h30 : J’appelle la CAF pour demander pourquoi je reçois encore des messages me demandant de déclarer mes revenus trimestriels en vue du calcul du RSA et de la prime d’activité alors que, étant bénéficiaire de l’AAH, je ne peux plus prétendre à ces deux aides qui ne me manquent pas du tout – non seulement elles étaient dérisoires mais, de surcroît, on me les versait avec un tel tonnage de mépris et des discours si culpabilisants que j’avais fini par les envisager comme des aumônes humiliantes. Une fois passées les fourches caudines devenues habituelles quand on appelle une administration, je suis enfin mis en contact avec une personne de chair et d’os qui m’explique que comme j’ai été bénéficiaire du RSA, le système de messagerie automatique continue à m’envoyer ces messages dont je ne dois pas tenir compte… Encore une aberration entièrement due à la manie de tout déléguer à la machine ! Rien ne justifie cet envahissement de la technologie si ce n’est la volonté de faire l’économie de salaires humains : l’usager n’est absolument pas gagnant, bien au contraire ! On nous rebat les oreilles du déficit de l’État : si creuser ce déficit est le prix à payer pour qu’un maximum de citoyens aient une vie à peu près agréable, je ne trouve pas scandaleux de le payer ! Parce que s’il ne sert pas à ça, alors à quoi il doit servir, l’argent de la collectivité ?
19h : Je viens de passer plus de trois heures à retranscrire sept billets d’humeur que je prononce dans des vidéos et dont j’avais perdu les textes suite au larcin dont j’avais été victime à Paris il y a déjà un an et demi. Malheureusement, pour des raisons qui ne regardent qu’elle, la boîte de dialogue « Voulez-vous enregistrer les modifications » ne s’est pas ouverte quand j’ai fermé le fichier et tout mon travail est perdu… Je viens de vous dire que j’ai mis plus de trois heures à re-dactylographier sept textes d’une page chacun : je pense que ça donne une idée du caractère fastidieux de cette tâche dont je viens de m’acquitter pour des prunes… Je sais bien qu’il y a pire dans la vie, mais est-ce qu’on me pardonnera d’être UN PEU énervé contre la technique et de vouer plus que jamais aux gémonies mon voleur ?
Mardi 4 mars : Mardi gras
Ce dessin représente Trémière et Déodat, le couple du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb.
9h30 : Avant de reprendre le boulot (j’ai des pages à encrer), je décide d’appeler la banque pour régler un petit problème. En effet, depuis que j’ai ouvert mon livret d’épargne populaire, je n’ai pas réussi à y placer un sou de plus que les trente euros nécessaires à sa création : chaque fois que j’ouvre la page prévue à cet effet sur le site de la banque, celle-ci met un temps fou à charger et je finis par être déconnecté sans avoir pu faire le moindre petit versement ! Donc, je téléphone : quand j’arrive à avoir un conseiller au bout du fil, celui-ci me demande de taper mon numéro de client et mon mot de passe afin de pouvoir m’identifier. Je m’exécute, mais à peine ai-je fini taper le premier code que la communication est coupée… Ça commence bien !
Respirons un instant avec un autre hommage à Osvaldo Cavandoli - pour jouir pleinement du gag, il n'est pas inutile de rappeler que "linea" signifie littéralement "ligne" en italien.
9h45 : La deuxième tentative est plus heureuse. J’arrive à taper les deux codes, ce qui permet au conseiller de trouver la cause du blocage dont mes versements font l’objet : suite à la tentative de fraude dont j’ai été victime il y a un mois, mon compte a été mis sous surveillance ! Il me demande si je n’avais pas reçu des SMS me demandant de rappeler à un numéro afin de lever cette vigilance : en effet, j’en avais même reçu plusieurs… Mais je ne les avais pas pris au sérieux ! Pourquoi ? Un : mis à part les versements, tout fonctionnait normalement. Deux : à chaque message reçu, il n’était pas affiché le nom de ma banque comme j’en ai l’habitude mais un numéro que je ne connaissais pas. Trois : on m’avait toujours assuré qu’aucun banquier ne me demanderait de lui communiquer des informations confidentielles par téléphone. Donc : la conjonction de ces trois facteurs m’avait persuadé que c’étaient les fraudeurs, auxquels j’avais donné (entre autres) mon numéro de téléphone qui me relançaient ! Le conseiller me met en relation avec la responsable concernée… J’ai ainsi droit à une leçon de morale de cette dame, fort peu aimable, qui me reproche de ne pas avoir réagi plus tôt ! Enguirlander un client qui n’est même pas à découvert et dont le seul tort aura été de redoubler de méfiance… ‘Faut le faire ! Décidément, quand on est victime de quelque chose, la société n’a de cesse de vous accabler !
Ce n'est pas ce petit personnage qui me dira le contraire, lui dont nous nous sommes tant moqués alors qu'il subissait tant de malheurs...
10h15 : Il m’a fallu, entre autres actions désagréables (converser avec cette mégère en était déjà une en soi), changer mon code secret : mais quand je le tape, ça ne fonctionne pas ! Je le retape trois fois, j’essaie avec mon ancien code au cas où le changement n’aurait pas encore été enregistré, mais rien ! Je retéléphone : un conseiller accepte de me donner un code provisoire malgré le ton, peu courtois j’en conviens, avec lequel je lui parle – je ne m’attendais pas à devoir passer autant de temps sur cette affaire et je devrais déjà être en train de travailler à l’heure qu’il est !
Les images où le personnage d'Osvaldo Cavandoli interagit avec des moutons m'ont été inspirées par l’épisode 150 de La Linea - je donne plus de détails dans la vidéo que voici :
10h30 : Le code provisoire qui m’a été donné est tout aussi inopérant que les deux autres et même la fonctionnalité « mot de passe oublié » sur le site ne fonctionne pas. Quand je rappelle la banque, personne ne me répond, à part une annonce m’affirmant qu’ils font face à un problème technique à l’échelle nationale… Je craque pour de bon ! Je ne sais plus ce que j’ai hurlé, mais ça ne devait pas être joli à entendre…
11h : Une bonne douche porte conseil : je saute dans le premier bus et je vais moi-même à la banque pour en avoir le cœur net. Après tout, je n’ai pas de raison de faire confiance à un répondeur automatique… L’air frais m’apporte un apaisement relatif et je regrette de ne pas avoir pris plus tôt cette décision !
Un dessin de gobelet au crayon gras :
11h20 : Arrivé à l’agence, une dame m’apporte la lamentable confirmation : à l’instant même où mon problème personnel était réglé, la banque a dû en affronter un autre à l’échelle nationale, à savoir une panne qui empêche actuellement toute connexion en ligne des clients… Il va donc falloir que j’attende demain pour pouvoir changer mon code d’accès une fois pour toutes. En fait, j’ai fait face à deux péripéties qui auraient pu être oubliables si elles n’avaient pas été concomitantes… Je profite d’être sur place pour faire le versement que j’envisageais et étoffer un brin mon livret d’épargne : ici, au moins, ça marche… La dématérialisation totale n’est pas pour demain.
12h30 : Revenu au quartier, j’achète un hot-dog avec des frites à la sandwicherie du coin : c’est horriblement malsain et je sais déjà que cette dose de mauvais gras va me rapporter au moins un bouton sur le menton, mais tant pis, j’ai trop besoin de réconfort après cette matinée nulle, surtout avec le travail qui m’attend et qui n’a pas pu avancer… Et par-dessus le marché, je repars à Paris après-demain !
Mercredi 5 mars : il y a 95 ans naissait Jean Tabary
Ce dessin est un hommage au co-créateur d'Iznogoud : il s'inspire directement d'une aventure du méchant grand vizir postérieure à la mort de Goscinny, Iznogoud et les femmes dont l'un des personnages est une grosse femme esclave fière de ses rondeurs que l'éternel prétendant au trône califal contraint au régime pour qu'elle puisse rentrer dans une gaine dotée de pouvoirs magiques... Une fille qui acquiert une taille mannequin et qui le vit mal au point de s'exclamer : "Mon pauvre corps, quel désastre ! Regardez ça, je suis affreuse !" Il y a de quoi marquer un esprit, non ?
9h : Les choses ont l’air de s’arranger : j’ai bouclé mes planches hier, je me suis levé assez tôt pour mettre en branle le grand ménage avant mon départ, prévu demain matin. Heureusement que je suis déjà debout car on sonne à l’interphone : je décroche, j’entends deux personnes qui se présentent comme des plombiers chargés de faire des travaux au dernier étage et qui n’ont même pas de badge pour entrer dans l’immeuble. On m’a déjà fait le coup alors je préfère descendre à leur rencontre : ils sont effectivement porteurs de cartes de travailleurs du BTP, je les laisse donc entrer avec d’autant plus de plaisir que j’ai de l’affection pour les plombiers, sans doute à cause de la chanson de Pierre Perret[2] ou de la BD Jojo où le sympathique papa du non moins sympathique petit bonhomme créé par André Geerts exerce cette honorable profession. Tout en montant, ces Mario et Luigi m’expliquent qu’ils ont essayé d’appeler d’autres occupants mais que ça ne répondait pas : je réponds que ce n’est pas étonnant, entre le locataire du rez-de-chaussée qui est mort et les deux appartements qui ont été vidés il y a peu par des déménageurs… Dans la foulée, ils m’annoncent qu’on les envoie bosser dans « l’ancien squat » du dernier étage ! Il y avait donc un squat dans l’immeuble ! Voilà qui explique bien des choses, à commencer peut-être par la porte principale qui était presque constamment ouverte… Je ne peux même pas accabler les squatteurs : c’est typiquement le genre de problème qu’on n’aurait pas si on se décidait à réquisitionner les logements vides ! Les promoteurs ne seraient pas plus pauvres pour ça…
Une mini-BD résumant le mythe d'Arachné, la tisseuse qui a osé bravé la déesse Athéna :
10h15 : Petit pause dans mon ménage pour déposer trois de mes œuvres à l’hôtel de ville où se tiendra l’exposition « Pluie de toiles » à partir du 7 mars. Je m’attendais à ce que ces dames grincent un peu des dents en découvrant ma peinture représentant Brooke Burke en bikini, mais elles ne bronchent même pas. En revanche, elles me demandent qui est Matthieu Gallou auquel une autre de mes œuvres rend hommage : il m’a bien fallu leur expliquer que c’était le président de l’UBO, qu’il a plusieurs fois bravé sa hiérarchie, notamment quand Macron a voulu augmenter les frais d’inscription pour les étudiants étrangers, et qu’il est mort d’un cancer en cours de mandat. Oublier un tel personnage… Sic transit gloria mundi[3] ! La troisième œuvre s’intitule « Ibiza blues » et se veut une illustration de mon slam du même nom[4] : en la confiant, j’improvise une interprétation du refrain. Bref, tout se passerait bien si la salle ne résonnait pas aussi terriblement : quand un bénévole dégaine son marteau pour renforcer le système d’accroche d’un tableau, j’ai l’impression qu’on tape sur mon cerveau…
L'affiche de l'exposition à l'Hôtel de ville - je ne pourrai pas être au vernissage, hélas :
Jeudi 6 mars
8h15 : Me voilà prêt à partir pour Paris : je suis chargé comme deux mulets car, outre les affaires dont j’aurai besoin pour six jours, je suis bien entendu porteur des dix œuvres qui seront exposées à la galerie Thuillier et qui constituent la raison d’être de ce voyage. Pas fou l’oiseau : avec un tel chargement et avec tous les travaux en ville, j’ai fait appel à un transport Accemo. Je suis bien surpris de voir arriver un taxi en lieu et place de la fourgonnette habituelle ! Dans un sens ça tombe bien : une valise pleine, un sac à dos bourré à bloc, un cabas prêt à craquer… Je suis content de pouvoir mettre tout ça dans un coffre !
9h05 : Le train part. J’ai pris un billet de première classe : ce n’est pas un luxe avec la place dont j’ai besoin pour caser tous mes bagages – d’autant que je n’arrive plus à rentrer la poignée de ma valise. J’ai aussi le wifi, je vais pouvoir relever mes messages et en écrire quelques-uns. Heureusement que j’ai de quoi m’occuper, faute de quoi le voyage, qui doit durer plus de quatre heures, risquerait de vraiment me paraître long, avec le couple de touristes accompagné d’un bébé qui gémit à deux pas de mon siège ! Et moi qui me disais : « On n’est pas en vacances scolaires, je devrais être peinard »…
10h : J’apprends une triste nouvelle : pendant que tout le monde a les yeux braqués sur la fermeture de deux chaînes de télé merdiques qui ne font que payer le prix de l’indigence voire de l’ignominie de leurs programmes, un média indépendant et de qualité s’éteint dans l’indifférence générale. Je veux bien sûr parler de Siné Mensuel qui cesse de paraître. On se consolera en se disant que cette formule aura quand même tenu plus de treize ans et aura survécu presque dix ans à son capitaine historique : Siné n’a jamais baissé la garde, il aura fait chier jusqu’à la fin ceux qui avaient tenté de le faire taire et il est mort debout ! J’irai peut-être lui rendre visite à Montmartre, ce n’est pas si loin de mon hôtel. Il n’empêche que ça fait encore un espace de liberté qui disparait. Et ce n’est pas sur les réseaux sociaux qu’on va en trouver d’autres, oh non !
13h30 : Me voilà arrivé à la capitale : on m’avait bien prévenu que le bon vieux ticket de carton était désormais mis aux oubliettes, j’achète donc un passe Navigo. Après tout, n’ayant pas d’autre le moyen que le métro pour me déplacer efficacement, il devrait être vite rentabilisé ; dans le pire des cas, il me servira bien pour une prochaine fois… Il n’empêche qu’en forçant littéralement les voyageurs que le passe n’intéresse pas à posséder un smartphone pour pouvoir voyager, la RATP se fait complice d’un racket à l’échelle mondiale ! En attendant, mon chargement commence à me peser et j’espère que mon cabas, qui donne des signes de fatigue, ne va pas craquer en route.
14h30 : Je dépose mes œuvres à la galerie Thuilllier : je libère ainsi beaucoup de place dans ma valise et je peux y transvaser une bonne partie du contenu de mon cabas. En accomplissant cette tâche indispensable pour me rendre à l’hôtel dans un meilleur confort, je m’aperçois que l’anse de mon cabas s’est emberlificotée avec celle de mon sac isotherme : le patron de la galerie me prête gentiment main forte. C’est sympa de sa part, même si je pense que je lui ai donné l’occasion de cerner une partie de ma personnalité… Que voulez-vous ! J’avais chaud, je dégoulinais de sueur, j’étais déjà épuisé, je n’étais donc pas en état de faire face posément à cette péripétie. Ça me rappelle que je n’ai jamais beaucoup ri quand je voyais Homer Simpson se mettre dans tous ses états quand sa maladresse le mettait dans une situation précaire : je me disais à chaque fois qu’à sa place, je réagirais exactement de la même façon… Les hommes qui ne perdent jamais leur contenance même dans les situations les plus délicates, on ne voit ça qu’au cinoche, pigé ? Vous ne me ferez jamais croire que Sean Connery, Harrison Ford ou George Clooney ne perdent jamais les pédales dans le privé…
Le carton d'invitation au vernissage (cette fois, j'y serai) : comme ça, vous savez où et quand c'est...
16h : Enfin à l’hôtel ! Le réceptionniste me demande une pièce d’identité : évidemment, j’ai toutes les peines à la retrouver et je dois littéralement vider ma sacoche avant de la trouver, ce qui provoque l’hilarité de l’employé et n’est pas fait pour arranger mon état nerveux… Ne m’en voulant pas de ne pas avoir retrouvé la patience (car je l’ai déjà perdue depuis un moment), il se propose de porter ma valise jusqu’à la chambre, ce que j’apprécie d’autant mieux que celle-ci est au cinquième étage et qu’il n’y a pas d’ascenseur ! Il a visiblement l’habitude de monter plusieurs fois cet escalier particulièrement raide : on ne peut évidemment pas en dire autant de ma modeste personne… Épuisé et encore bien chargé, j’ai bien du mal à le suivre… Bref, une fois arrivé, je m’écroule sur le lit !
Un croquis pour une mini-BD : pourquoi ai-je dessiné Bécassine, qui plus est avec une bouche ? Attendez que je sois rentré et que j'aie eu le temps de finaliser ma planche, et vous verrez.
Vendredi 7 mars
8h : Je ne suis pas redescendu depuis mon arrivée. Il faut dire qu’un escalier aussi raide, on y réfléchit à deux fois avant de s’exposer à devoir le remonter… Je compte m’envoyer un copieux petit déjeuner histoire de pouvoir sauter le repas de midi, mais le réceptionniste m’annonce que j’aurais dû réserver la veille… Tant qu’à faire d’être descendu, je réserve donc tout de suite pour les cinq prochains jours : heureusement qu’il me reste du thé et du café dans ma chambre ainsi que quelques fruits que j’avais emmenés. Je ne sais pas ce qui m’irrite le plus entre avoir être pris au dépourvu, devoir me contenter d’un déjeuner nettement plus frugal ou me retaper l’escalier…Vous trouvez que cette anecdote ressemble à celle de la douche de la piscine Saint-Marc ? C’est normal, je vis sans arrêt des mésaventures de ce genre, où on me traite comme si j’étais censé savoir quelque chose qu’on ne m’avait jamais dit ! À chaque fois que, je repense à Astrid et Raphaëlle, plus précisément à l’épisode dans lequel joue Gérard Majax : « Il fallait le préciser avant » oppose Astrid au prestidigitateur qui ne lui avait pas donné toutes les consignes avant de commencer son tour de passe-passe dont elle n’a rien à foutre puisqu’elle repère le truc tout de suite… Ceci pour dire : les neurotypiques peuvent bien s’amuser à ne nous révéler les règles à respecter qu’au dernier moment, ça ne nous empêche pas d’avoir souvent une longueur d’avance sur eux ! Certaines personnes disent que les personnes du spectre sont des mutants ! Moi, sûrement, avec la tête que j’ai…
Ma vidéo de la semaine :
13h30 : Je réintègre ma chambre après avoir ingurgité un couscous au Doudeauville, un petit restaurant situé dans la même rue que mon hôtel, et au rapport qualité-prix très acceptable. L’accueil du patron m’avait semblé un peu bourru, mais je crois qu’il était surpris de voir arriver un client qui n’était pas un habitué – la salle était presque vide. Ma chambre est plus longue que large mais je ne manque pas d’espace, j’ai la wifi et une salle de bain privative : un palace comparé aux auberges de jeunesse et aux Formule 1 auxquels j’ai été accoutumé jusqu’alors. La fenêtre donne sur la cour, j’échappe ainsi à l’animation urbaine, j’ai juste le bonjour du trafic ferroviaire du fait de la proximité de la gare du Nord, mais je ne trouve pas ce bruit désagréable, moins en tout cas que les pleurs d’un bébé… Je n’ai pas l’intention de faire du tourisme : c’est déjà la cinquième fois en moins de deux ans que je descends à Paris, la capitale n’est donc plus une découverte pour moi, je n’ai pas d’envie particulière et je ne suis pas encore tout à fait remis ni de mes dernières mésaventures ni de mon voyage… Ce soir, j’irai écouter Lyz’An qui fait sa « tournée parisienne » dans le 18e. D’ici là, je vais me reposer un peu…
Terminons avec un dessin qui tombe à point en cette veille de journée des droits des femmes - il illustre l'un des travaux d'Héraclès, plus précisément son combat contre les Amazones :
C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !
[1] À part la piscine Buisson, à Lambézellec, qui n’est pas ouverte au public.
[2] Je sais que c’est paradoxal car cette chanson est loin d’exalter la figure du plombier, mais l’ami Pierrot a cette grâce particulière qui fait que même en étant grinçant, il n’arrive pas à être méchant et on se prend avoir de la sympathie pour les personnages dont il épingle les travers. Si vous ne connaissez pas la chanson, retrouvez-la ici : https://youtu.be/PhGA9n3mezw?feature=shared
[3] « Ainsi passe la gloire du monde ».
[4] À découvrir ici : https://youtu.be/UHxsZhhZYDo?feature=shared