Du 17 au 24 mai : bonne fête à toutes les mamans !

 

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Ce dessin a été réalisé pour illustrer ma "Fan fiction" intitulée Maman Malchance, disponible sur YouTube.

Vendredi 17 mai

 

19h : J’arrose mon anniversaire aux Capucins avec quelques amis. Qu’il est bon d’oublier pendant quelques instants toutes ses déceptions dans l’un des décors les plus majestueux de la ville du Ponant, qui plus est en compagnie de vrais amis, loin de tous les parasites qui m’empoisonnent l’existence !

 

Une photo prise par une de mes invitées, pour ceux qui douteraient de la majesté du site :

 

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Samedi 18 mai

 

18h30 : Fin d’une journée passée à la PAM en compagnie de mon amie Bernadette : nous avons essayé une seconde fois de présenter et vendre nos productions. Je dis bien « essayé » car j’ai à peine amorti ma part de la location de l’emplacement et Bernadette, même pas. C’est bizarre, quand même, comme une journée décevante peut succéder facilement à un moment de plénitude ! En tout cas, on ne nous y reprendra pas, nous savons désormais que le public de la PAM n’est pas ce qu’il y a de mieux pour ce que nous proposons. Tant pis !  

 

Dimanche 19 mai : Sophie Davant a 61 ans. 

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Nouvelle variation sur le thème "Sophie et les perroquets"

 

18h30 : Apéritif chez mes parents à l’occasion de mon anniversaire. Ma mère trouve que j’ai minci et n’arrête pas de me dire que je suis beau garçon : j’avoue que j’ai un peu de mal à adhérer sans réserve à ce discours dicté par l’amour maternel, qui plus est mêlé à l’effet de quelques verres de vin – même si, en bonne Bretonne, ma petite Maman chérie tient plutôt bien l’alcool. Non que je me trouve aussi répugnant que si j’étais Quasimodo en personne, mais je suis en quelque sorte atteint du syndrome du premier de la classe : à force d’entendre dire que le bon élève ne peut être qu’un binoclard sans charme à la peau et aux cheveux gras, j’ai intériorisé cette représentation stéréotypée, et l’idée que je pourrais être séduisant ne m’effleure même pas ! Je ne vais pas non plus publier des photos de moi en maillot de bain pour prouver le contraire… Et puis bon, ma mère a bien le droit de me dire ce qu’elle veut : moi aussi, je la trouve belle pour son âge, c’est aussi mon cœur de fils qui parle, et il n’y a pas de mal à ça. Non ?  

 

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Ces deux personnages sont Trémière et Déodat, les amants du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb, tels que les voit votre serviteur - ce dessin a été réalisé par-dessus (ou par-dessous, je ne me rappelle jamais) la jambe à la PAM, d'où sa relative maladresse.

 

Lundi 20 mai

 

14h : Je suis chez mes parents depuis hier. En attendant de disputer une partie de Scrabble avec ma mère et de rentrer chez moi, je profite de la bibliothèque : je me suis enfin décidé à lire Si j’étais dieu… de René Barjavel – je n’avais lu de lui que L’enchanteur quand j’étais lycéen. Je ne suis pas d’accord avec l’auteur quand il affirme qu’à 18 ans, on est encore trop jeune pour avoir la majorité civile[1] : il y a des individus qui sont mûrs très tôt et d’autres qui ne le deviennent jamais, il suffit de comparer Greta Thunberg à Donald Trump pour s’en rendre compte ! Il n’y aucune règle absolue en la matière, alors autant ne pas faire attendre trop longtemps les gens pour qui l’enfance n’est qu’une salle d’attente interminable… Sa vision de la féminité aussi me paraît dépassée, mais ça ne l’empêche pas d’être un féministe à sa façon : il est vrai qu’en 1976, année de sortie du livre, Margaret Thatcher n’était pas encore arrivée au pouvoir et Marine Le Pen était encore une petite fille, on pouvait donc encore croire que le monde serait meilleur s’il était gouverné par les femmes… Après cette lecture intéressante malgré tout, j’enchaîne avec une bande dessinée que je n’avais encore jamais vraiment lue, Brelan de dames, qui faisait partie des séries que Jean-Luc Vernal avait lancées dans le journal Tintin quand il en avait pris la rédaction en chef : mais Vernal n’était pas vraiment à la hauteur de son illustre prédécesseur (qui n’était autre que Greg !) et, malgré toute sa bonne volonté, il fut malgré lui l’un des artisans (parmi d’autres) de la déchéance du « journal des jeunes de 7 à 77 ans ». Globalement, il faut bien avouer que ses scénarios n'étaient pas aussi bien ficelés que ceux du créateur d’Achille Talon. Alors pourquoi lis-je Brelan de dames alors que je sais que c’est une BD moyenne ? Interrogation idiote : jetez un œil sur les pages où l’on voit les héroïnes en bikini, et dites-moi si vous vous posez encore la question ! Et oui, on n’est pas de bois…

 

Puisqu'on parle de beauté, voici un autre dessin crayonné à la PAM et finalisé en atelier - ne me demandez pas comment m'est venue l'idée de dessiner une jolie clownesse :

 

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Mardi 21 mai

 

15h : Bien que profondément fatigué de vivre et désireux de pouvoir rester dans mon cocon à l’abri des vicissitudes du monde, je dois tout de même sortir pour acheter du matériel. En passant devant un marchand de journaux, je constate que toute l’attention de la presse locale est focalisée sur le Stade Brestois… Je me sens très seul. Si j’étais croyant, je prierais pour que le club ne fasse qu’un tour en coupe d’Europe ! Pas par malveillance, simplement pour que mes concitoyens ne me cassent pas les pieds avec ça jusqu’à plus soif ! Mon pire cauchemar : que le Stade Brestois devienne champion d’Europe… Et qu’une Brestoise soit élue Miss Univers ! Ce n’est pas près d’arriver ? Ne soyez pas trop optimiste : dans la vie, on n’est jamais à l’abri de rien… Et surtout pas du ridicule ! On dit qu’il ne tue pas : non, mais il peut vous faire mourir à petit feu ! « Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort » disait Nietzsche : encore faut-il qu’il ne me fasse pas mourir…

 

Un animal emblématique de Brest, surtout depuis l'arrivée des phoques à moustache à Océanopolis :

 

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Mercredi 22 mai

 

11h : Dans notre série « L’art et la manière de compliquer une simple formalité », aujourd’hui : comment se pourrir la santé en allant simplement retirer une commande attendue depuis un mois. Arrangez-vous tout d’abord pour y aller un jour de pluie pour assurer la pénibilité de l’opération. Ensuite, rendez-vous au magasin par vos propres moyens, de préférence par les transports en commun, sans même vous demander si vous ne pourriez pas profiter de votre chance d’être une personne entourée et, subséquemment, de solliciter un de vos amis pour le transport. Attendez l’autobus au pied d’un arrêt où il n’y a ni banc ni abri, sur une ligne qui n’est desservie qu’une fois par demi-heure, si possible à l’approche de midi pour vous assurer que le véhicule sera bondé. À l’issue de votre trajet en compagnie d’une multitude adolescente aussi grouillante que bruyante, vous êtes juste en face du magasin, mais vous êtes déjà épuisé et vous devez encore traverser la rue sous une pluie si battante qu’il ne vous faut pas une demi-minute de marche en plein air pour être trempé : ceci est le premier résultat. Une fois dans le magasin, arrangez-vous pour que le personnel soit déjà trop occupé avec d’autres clients, si possible un jeune couple accompagné d’un enfançon hurleur ou, à la rigueur, deux retraités qui font traîner les choses en menant avec la vendeuse une conversation insipide sur la météo : les deux à la fois, c’est le top ! Quand votre tour vient enfin, faites-vous prendre en charge par la vendeuse turque qui ne comprend rien à ce que vous lui dites : comme vous n’oserez pas la houspiller de peur de passer pour un raciste (d’autant que cette Orientale est plutôt jolie), vous n’en accumulerez que davantage de frustration. Si la somme qu’il vous reste à régler est élevée, essayez tout de suite le sans contact : bien entendu, la machine vous le refusera, vous serez obligé de retenter l’opération en tapent votre code et ce sera un facteur d’exaspération supplémentaire. Sortez du magasin avec votre commande sous le bras : il tombe toujours des cordes et vous avez raté le premier bus, il vous faudra donc attendre vingt minutes de plus. Vous pensez au moins avoir un répit car l’arrêt est abrité et équipé d’un banc : pauvre naïf ! Les concepteurs des abribus ne tiennent aucun compte du fait que le cocktail vent et pluie est monnaie courante à Brest et le banc, auquel le toit de l’abribus n’offrait qu’une protection nulle, est trempé ! Vous devez donc rester debout et, pour ne rien arranger, heure méridienne oblige, l’abri se peuple rapidement d’une multitude de collégiens bavards et pressés de rentrer chez eux avec lesquels vous êtes néanmoins obligé de vous entasser pour ne pas être trempé jusqu’à l’os. Une jeune fille arrive même à bout de votre patience en houspillant bruyamment son copain sous votre nez. Au bout de vingt minutes d’attente dans ces conditions insupportables, le bus arrive enfin, vous voilà embarqué pour un trajet que les déviations liées au chantier du tramway achèvent de rendre fastidieux. Quand vous rentrez chez vous, faites le bilan : vous avez pris une heure et demie pour récupérer ce qui vous était dû et vous êtes aussi exténué qu’à l’issue d’une journée de boulot. La responsabilité de la décision qui s’impose vous appartient, allez-vous :

A – Vous écrouler en larmes sur votre lit  

B – Appeler votre mère pour lui demander du réconfort

C – Engloutir un plein thermos de café pour retrouver un semblant d’énergie

D – Aller aux putes et vous saouler la gueule avant de vous flinguer

Si vous hésitez, je peux vous aider en vous disant que les quatre propositions ne s’excluent pas forcément. En tout cas, le résultat est garanti, testé et approuvé par votre serviteur.  

 

Oui, caresser un petit chat est un bon anti-stress... Encore faut-il en avoir un.

 

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18h : Cours du soir. Note professeur aime que nous apportions des dessins faits à la maison, sur un thème précis qu’elle a fixé elle-même. La consigne actuelle est de faire des portraits d’artistes : j’ai donc apporté un dessin représentant Florence Cestac. Surprise : à part moi, personne ne sait qui c’est, même pas la prof et il faut qu’un autre élève regarde sur son smartphone pour certifier que mon portrait est ressemblant. Peu après, alors que nous travaillons tous sur nos projets respectifs, une conversation s’engage sur le thème… De la cuisine. La prof finit même par me demander mon avis sur cette discussion dont je n’ai pas suivi un traitre mot – j’ai même mis mon casque antibruit pour ne pas être déconcentré. Je fais donc comprendre à cette brillante enseignante, pour laquelle j’ai un respect immense et dont les cours m’apportent beaucoup, que les conversations culinaires ne font absolument pas partie de mes intérêts spécifiques. Quand elle me demande si j’aime bien manger, j’avoue que je ne comprends pas ce qu’elle entend par là : manger est de toute manière un besoin naturel auquel on ne peut pas échapper, il n’est pas nécessaire de le compliquer par des considérations qualitatives, et quand on a vraiment très faim, on peut manger n’importe quoi – Pierre Desproges en a déjà témoigné[2]. Bien sûr, puisqu’on ne peut pas se passer de manger, on a le droit de rendre ça agréable, mais je n’en fais pas une obsession comme tous ces gens qui ont l’air de croire que la vie est un grand numéro de Top Chef à ciel ouvert et je n’échangerai pas le boudin-purée de ma mère contre un seul de ces plats chichiteux qui passent à la télé ! Bon, je résume : je vais à un cours de dessin où personne ne connaît Florence Cestac et où les élèves parlent tambouille… « Grand moment de solitude » en dix lettres, commence par « Aujou » et finissant par « rd’hui ».

 

Le portrait de madame Cestac :

 

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Jeudi 23 mai

 

17h30 : J’arrive à la fac où Pascal Aumasson doit donner une conférence sur les habits de travail en Bretagne. Un thème surprenant ? Pas tant que ça : finalement, les habits de travail ne sont-ils pas plus représentatifs de la façon dont les gens vivaient à une certaine époque que les si folkloriques habits de fête habituellement mis en valeur dans les musées ? La conférence est organisée par la Société d’Études de Brest et du Léon dont une représentante m’accueille en me disant qu’elle est contente que je sois là : ne sachant que répondre, je lui demande pourquoi. Ma question a l’air de l’embarrasser : était-elle inappropriée ? Il est vrai que j’ai une si piètre opinion de moi-même que je serai toujours surpris d’entendre dire que ma présence peut apporter de la joie ! Et surtout, pourquoi ma venue devrait-elle satisfaire cette dame davantage que celle d’une autre personne ? Elle me répond finalement qu’elle se réjouit du compte-rendu que je vais faire de la conférence dans les pages de Côté Brest : je modère son enthousiasme en lui disant que je ne suis pas certain de tirer un article de cette causerie, encore faudra-t-il qu’elle s’avère représenter un intérêt pour le public du journal, ce qui n’est pas systématique – même si c’est fréquent. Vous me direz que je pourrais tout simplement goûter le plaisir d’être bien accueilli sans forcément me poser de questions ? Je n’en suis pas capable, désolé…

 

20h30 : J’arrive dans mon quartier : des affiches d’Asselineau ont été collées à proximité de mon immeuble. Asselineau, je vous le rappelle, est le grand gourou des individus persuadés qu’il suffirait à la France de quitter l’Union Européenne pour résoudre tous ses problèmes : c’est sûr, il suffit de voir à quel point les Britanniques sont heureux depuis le Brexit ! Tant pis pour les conséquences, j’arrache ces affiches : j’ai des amis de toutes les nationalités qui résident, vivent et travaillent en France, je n’ai pas envie qu’ils deviennent du jour au lendemain des étrangers passibles d’expulsion ! Et je ne vois pas en quoi ça fait de moi un « bobo bien-pensant » ! Vu ?

 

En réponse à la haine, un dessin d'un couple d'amoureux - oui, il s'agit encore de Trémière et Déodat :

 

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Vendredi 24 mai

 

11h : Je quitte le marché, ce qui me vaut de croiser une dame qui distribue des tracts : apparemment, Raphaël Gluksmann fait un meeting à Brest demain. Je n’irai pas : je suis retenu par le festival Les Jardins Culturels organisé par le Collectif Synergie et, de toute façon, je préfère le plus possible rester en-dehors de ces élections européennes qui s’annoncent déjà comme un carton pour l’extrême-droite et qui, de toute façon, ne semblent pas mobiliser les foules… J’accepte néanmoins le tract de cette dame : si elle avait prospecté pour le RN ou l’UPR, je l’aurais sûrement envoyée aux chiottes, mais les socialistes bretons restent mes copains… Malgré tout.

 

13h : Passage au Foyer du marin pour prendre la température d’un événement pour lequel ma participation a été sollicitée : il s’agit apparemment d’un marché de créateurs au profit des bonnes œuvres de la marine. Sur le principe, partager mon bénéfice avec l’armée me fait un peu mal, mais il faut parfois se salir les mains pour réussir et je préfère payer les organisateurs avec un pourcentage de ce que je gagne vraiment plutôt que payer une location que je ne suis pas sûr de pouvoir amortir au final. Je pars en répondant par une acceptation de principe à l’officier qui m’a sollicité : qui vivra verra ! Les marins, qui sont généralement moins bornés que les autres corps d’armée, le savant mieux que quiconque…

 

14h : J’apprends que Cléopâtre Darleux a été présélectionnée pour les Jeux Olympiques : je suis étonné, j’étais persuadé que le choix des athlètes était fixé depuis longtemps ! Mais surtout, je ne peux pas m’empêcher d’y voir une matérialisation de mon cauchemar : d’accord, ce n’est pas la coupe d’Europe de football et Cléopâtre n’est pas encore médaille d’or. D’accord, elle a beau être belle comme un ange, elle n’est pas Miss Univers. Mais tout de même, on n’en est pas si loin… Je me demande parfois si je ne préférais pas l’époque où Brest était vue comme une ville de prolos alcooliques et cocus ! Bonne chance quand même à madame Darleux qui m’est bien sympathique malgré tout : si j’avais été initié au handball par cette femme jolie et intelligente plutôt que par la prof d’EPS qui m’a traité devant tout le monde de « fainéant qui veut se faire passer pour un neuneu » sous prétexte que j’avais (et ai gardé) une peur de bleue de prendre la balle dans la gueule, peut-être ne serais-je pas devenu irrémédiablement allergique aux jeux de ballon ! J’ai bien dit : peut-être.

Avant de terminer, une chronique pour la fête des mamans :

 

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Quand l’ouvrage est paru en 1976, l’âge de la majorité civile en France n’était passé de 21 à 18 ans que depuis deux ans seulement.  

[2] Cf. « Pierre Desproges "Bâfrons !" | Archive INA », consulté le 24 mai 2024. Url : https://youtu.be/Evcr6f_xkEY?feature=shared



24/05/2024
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