Du 16 au 22 novembre : La neige vous emmerde ? Venez à Brest, bande de cons !

 

Samedi 16 novembre : Shigeru Miyamoto a 72 ans. 

 

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11h : N’ayant plus de vin rouge, je suis monté, pour la première fois, chez l’épicier-caviste du petit bourg de Lambé afin d’y acheter une bouteille. Alors que je me dirige vers l’espace dévolu au jus de la treille, ma route croise celle d’une femme d’âge mûr : je m’arrête pour la laisser passer, mais elle stoppe elle aussi. Nous restons bien cinq secondes à nous regarder en chiens de faïence jusqu’à ce que je me décide à lui dire que je lui accorde la priorité : elle me répond, avec une pointe d’impatience, que je lui barre le chemin et qu’elle attend que je recule… Je ne m’en étais pas aperçu ! Après avoir choisi ma bouteille, je déclare au commerçant, avant de payer et de partir, que je m’excuse d’avoir gêné sa cliente, non sans préciser que je suis autiste et que je ne maîtrise pas la communication non-verbale : « Je sais, j’ai lu un article sur vous » me répond-il… La notoriété a cet avantage qu’une partie de vos concitoyens est avertie de vos particularités et ne s’en offusque donc pas.  

 

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Dimanche 17 novembre

 

19h : Dans notre série « quand c’est bien, ‘faut l’dire aussi », aujourd’hui, pour la première fois depuis qu’on m’a installé la fibre optique, j’ai eu l’occasion de mettre des vidéos en ligne et d’envoyer des fichiers lourds. Miracle : ce qui, naguère, nécessitait que je laisse mon installation allumée toute la nuit ne me demande plus que quelques minutes désormais ! Donc, oui, la fibre, ça marche. Mais je ne regrette pas d’avoir attendu pour l’installer : j’ai au moins la satisfaction de l’avoir fait parce que j’en avais vraiment besoin, pas parce que la publicité m’y a poussé.

 

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Lundi 18 novembre

 

10h : Dans notre série « on a à peine le temps de régler un problème qu’il en vient un autre », aujourd’hui, j’ai appelé l’assistance Free pour signaler que je n’arrive plus à envoyer de SMS. Bon, alors : devoir passer au travers d’une demi-douzaine de filtrages avant de pouvoir à parler à un être humain de chair et d’os, on s’y attend. Que l’être humain en question ait un accent à couper au couteau parce qu’il est probablement originaire d’un autre continent, on s’y attend aussi. Qu’on ait l’impression de s’adresser à un robot tant il parle de façon mécanique et répétitive, on s’y attend encore. Qu’on doive lui répéter quinze fois les mêmes réponses, on s’y attend toujours. Il y a quand même une chose à laquelle personne, je crois, ne s’attend vraiment : qu’il nous demande de lui fournir les numéros personnels de nos contacts ! Là, évidemment, j’ai refusé net : ce serait trahir la confiance de mes amis, et il n’en est absolument pas question ! Mine de rien, ça en dit beaucoup, je pense, sur l’éthique d’une entreprise ! J’ai Free, je n’ai toujours pas compris…

 

Un dessin aux polychromos intitulé sobrement "L'index plié" - je l'ai réalisé parce que j'ai remarqué qu'à chaque fois qu'on plie l'index, il se forme une petite cavité au niveau du poignet, côté paume. Vous ne l"aviez jamais vue ? 

 

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Mardi 19 novembre

 

10h : Un de mes contacts à Paris m’a envoyé le portrait que le journal Libération a consacré à Christophe Miossec. J’aime assez Libé en général. Je ne suis pas fan de Miossec, même s’il m’arrive de chanter « Brest » à tue-tête dans mes crises de chauvinisme, mais c’est en partie grâce à lui que ma ville reste bien présente dans l’imaginaire national, privilège que toutes les grandes villes de Province n’ont pas. Donc, je lis l’article et je suis un peu déçu : il est bourré de clichés ! Premièrement, non, Brest n’est pas une « ville grise » ! Allez voir la rue Desmoulins, la Maison Blanche, sans parler des espaces verts comme le bois juste en face de chez moi, et vous verrez ! Deuxièmement, Recouvrance n’est pas un « quartier historique », étant donné qu’à part la rue Saint-Malo, il ne reste plus grand-chose du Recouvrance d’avant-guerre, la rive droite ayant été particulièrement impactée par les bombardements. Troisièmement, je ne conçois pas en quoi le Stade brestois porterait des « valeurs morales locales » : le milieu du foot est pourri jusqu’à l’os, je ne vois pas de raison pour que « le club du bout du monde », comme l’appelle pompeusement le journaliste, puisse y échapper. Quatrièmement, Miossec lui-même parle d’une « gentillesse » et d’une « simplicité » héritée de l’histoire ouvrière de Brest : il ne faut pas non plus tout idéaliser, il suffit de lire Zola ou même la biographie de Reiser par Parisis pour se rendre compte que les prolos ne sont pas toujours tendres, même entre eux, et, de toute façon, quand on sait que c’est dans les milieux ouvriers que se recrutent majoritairement les chasseurs et les électeurs du RN, on se dit que la méchanceté n’est pas un affaire de statut social… Cinquièmement, enfin, le poète ajoute, à propos de Brest, « qu’est-ce que c’est bien de la quitter » ; personnellement, chaque fois que je passe le pont de Plougastel, j’ai le cœur serré et mon cas n’est pas isolé : je ne compte plus le nombre de personnes, dans mes fréquentations, qui ont dû quitter Brest pour des raisons professionnelles et auxquelles cette ville manque terriblement, sans parler de celles qui viennent de très loin et qui ont décidé de s’y installer ! Conclusion : je donne dans une semaine une conférence où je démêle le vrai du faux sur l’histoire de Brest, mais je constate qu’il y a bien d’autres mythes auxquels je n’avais pas songé… Pour parler comme l’ami Thiriet, certains journalistes feraient bien de venir à Brest plus souvent que pendant les fêtes maritimes ou le festival du film court, ils verraient que la ville du Ponant n’est pas qu’une carte postale parfumée à l’odeur de poiscaille[1] !     

 

L'affiche de la conférence dont je viens de vous parler :

 

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13h : Après une sortie dans le quartier pour faire quelques courses, je suis bien étonné de croiser, dans le hall de mon immeuble, deux femmes qui me demandent si j’ai vu le locataire du rez-de-chaussée. Je réponds que non, mais la vérité est que c’est fort possible même si je n’en sais rien : j’ai si peu de relations avec mes voisins que je peux les rencontrer quinze fois sans les reconnaître ! Il en allait d’ailleurs ainsi de mes « camarades » d’école… Non que je sois égocentré, mais je ne considère pas que le fait de se côtoyer au quotidien, que ce soit dans une salle de classe ou dans une HLM, soit un motif suffisant pour sympathiser. Peu après, alors que je suis en train de déjeuner, je vois défiler les pompiers et les flics devant l’immeuble : je commence quand même à me demander ce qui peut se passer !

 

Un collage réalisé à partir de plusieurs aquarelles, intitulé "Dans le métro" :

 

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Mercredi 20 novembre

 

14h : Je passe à la CAF pour demander un renseignement sur mon AAH. Craignant de ne pas être pris au sérieux par les agents de cette administration, vu que ma différence n’est pas écrite sur mon front, je prévois de jouer une petite comédie et d’outrer mes traits autistiques afin de ne pas être accusé de simulation, ce que je n’ai encore jamais fait. Mais c’est finalement inutile : quand je suis pris en charge, j’enlève mon casque antibruit, et je n’ai même pas besoin de me forcer pour être incommodé par le brouhaha qui règne dans le bâtiment ! La radio allumée n'arrange rien… La dame qui m’accueille, qui doit être confrontée régulièrement à des cas comme le mien, se montre compréhensive et m’emmène dans un endroit plus calme : je m’en félicite même si je me dis qu’il y a encore du boulot pour rendre les administrations vraiment inclusives ! Il n’y pas que les personnes du spectre qui peuvent être gênées par une radio allumée à fond, non ?

 

14h45 : Passage à la PAM pour me renseigner sur les disponibilités d’un espace où l’on peut installer une boutique éphémère. Une fois informé, je m’installe dans la nef pour enclencher le processus de lancement d’une idée qui me trotte dans l’esprit depuis un certain temps : organiser des expositions collectives et thématiques avec d’autres artistes locaux. Mais au dernier moment, je m’imagine gérer la réception des œuvres, installer l’expo en tenant compte des exigences de chacun, collecter les fonds pour payer la location du lieu, organiser le vernissage, prévenir les médias et les élus… Le tout en m’exposant à devoir affronter les crises d’ego de certains créateurs, qui plus est sans espoir de gagner un sou puisque je prévois de ne pas prélever un centime sur les éventuelles ventes d’œuvres… Bref, je préfère renoncer. Basta ! Si j’arrive à louer l’endroit, je le ferai pour exposer mes travaux à moi et puis c’est marre ! Je ne vois pas pourquoi je me sacrifierais pour les autres !

 

Un autre collage, réalisé cette fois à partir de dessins aux crayons de couleur, intitulé "Dans la rue" :

 

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19h45 : Le cours de dessin touche à sa fin. L’exercice d’aujourd’hui n’était pas des plus passionnants : il fallait prendre un oreiller pour modèle ! J’ai cependant eu l’heureuse surprise de m’en tirer assez bien, la prof était en tout cas satisfaite de ce que je produisais, ses remarques ne portaient que sur les couleurs, pas assez prononcées à son goût. Néanmoins, je suis déjà mort de fatigue d’avoir fait milles détours en ville aujourd’hui : de ce fait, je suis au bord de la crise de nerfs et j’ai bien du mal à ne pas rudoyer les autres élèves ! D’ailleurs, je ne me retiens même plus quand une jeune femme, que j’entends glousser dans discontinuer depuis un quart d’heure, passe derrière moi : je la menace carrément de représailles si elle rit dans mon dos ! La prof m’avait bien averti qu’elle ne laisserait plus passer mes crises si elles venaient à gêner les autres élèves, il est donc grand temps que le cours finisse… Je me demande si je ne devrais pas investir dans une bouteille thermos pour avoir du thé noir sous la main à tout moment !

 

Encore un dessin aux polychromos, "La belle Iranienne" :

 

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Jeudi 21 novembre

 

9h : Je sors honorer un rendez-vous avec une amie : elle ne m’attend que dans une heure, mais j’ai prévu d’y aller à pied. Je vois qu’on a mis un bouquet de fleurs devant la porte de l’appartement du dessous, mais plus rien ne m’étonne venant des cas sociaux qui résident dans cet immeuble.

 

10h : Buvant le thé avec mon amie, je l’écoute me commenter le dernier film de François Ruffin : d’après mon hôtesse, il s’agirait du moins intéressant de ses documentaires, Sarah Saldmann ayant tendance à s’y comporter comme Marie-Antoinette jouant à la fermière ! Je n’en suis pas surpris : sauf le respect que je dois à monsieur Ruffin, il a fait beaucoup d’honneur à cette juriste médiatique qui, comme la plupart des chroniqueurs télévisuels, finira tôt ou tard par tomber dans un oubli mérité, même et surtout dans les mémoires des travailleurs auxquels elle a publiquement manqué de respect ! S’il fallait faire un long-métrage chaque fois qu’un de ces guignols qui se croient importants lance une petite phrase « choc » qui fait le « buzz » pendant quelques jours, l’industrie cinématographique ne produirait plus que des films de ce genre à flux tendu… Qui a dit que ce ne serait pas plus mal ?

 

13h : Rentrant chez moi après avoir pris congé de mon amie et effectué quelques courses urgentes en ville, j’apprends de la part d’un autre locataire que l’occupant du rez-de-chaussée est décédé. J’avais cru entendre l’une des dames croisées avant-hier dire au téléphone que le malheureux avait une « pathologie alcoolique » : pas besoin d’aller chercher Astrid et Raphaëlle pour savoir de quoi il est mort… Et oui, des pauvres qui picolent jusqu’à en crever dans leur gourbi, ça existe encore ! L’assommoir, c’est encore d’actualité…

 

20h : Retour à Lambé après avoir assisté à une conférence qui m’a bien déçu puis fait un crochet au Kafkerin où la scène ouverte à laquelle je comptais participer a finalement été reportée… Heureusement que j’avais des affiches pour ma conférence de la semaine prochaine à placarder, sinon je serais vraiment sorti chez moi pour des prunes, ce qui n’est jamais très agréable mais l’est encore moins par un tel froid de canard ! Je craignais qu’il neige et que je me retrouve bloqué chez moi : avec le recul, je l’aurais préféré, finalement !

 

Vendredi 22 novembre : Jodie Foster a 62 ans

 

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Ce montage rend hommage à l'épisode 150 de la Linea qui m'a marqué : il est facile à retrouver, débrouillez-vous.

 

9h30 : Sortant faire mon marché, je risque un œil à la fenêtre de l’appartement du rez-de-chaussée, dont un volet est apparemment cassé : on croirait voir le décor d’un film des frères Dardenne… Au cinéma, c’est déjà flippant ; dans le monde réel, c’est encore pire ! On n’arrête pas de nous annoncer l’effondrement de la société : est-ce qu’on ne peut pas accélérer le mouvement ? Je me demande vraiment si cette société mérite de vivre…

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] « À la télé parisienne, quand un invité a l’accent du Sud, tout le monde s’attendrit. « Oooh ! Mais vous venez du Sud ! Aaah ! Ce petit accent chantant ! Aah ! Le soleil !! Les cigales ! » Restez un peu plus que l’été dans le Sud, bande de couillons, je vous ferai rencontrer quelques connards avec accent, qui vous prouveront qu’ici, c’est pas toujours une carte postale parfumée à la lavande. » Fluide Glacial série or n°82, mars 2018, p. 79.



22/11/2024
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