Du 15 au 23 décembre : Joyeux Noël quand même !

 

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Précision à l'attention des lecteurs non-comprenants : la belle Alcmène est la mère d'Héraclès (Hercule pour les romains) qui, entre autres travaux, captura Cerbère, le chien à trois têtes gardien des Enfers.

 

Vendredi 15 décembre

 

14h30 : Pour résoudre mon problème de transport, je fais un aller-retour à la gare afin d’acheter un nouveau billet directement au guichet. On y accepte les paiements par chèque, ouf ! Pour éviter que ça ne tourne au vilain, je précise tout de suite à la guichetière que je suis autiste Asperger et que j’ai du mal à expliquer certaines situations. La dame se montre très compréhensive. Un peu trop même : elle se croit obligée d’expliquer, sur un ton qui se veut pédagogique, des choses que je sais déjà depuis longtemps. Mais oui, je sais qu’il faut arriver quelques minutes avant le départ ! Mais oui, je sais que mon billet est incessible ! J’ai dit que j’avais du mal à expliquer les choses, pas à les comprendre ! Je repars avec l’impression d’avoir été pris pour un débile mental et un billet qui m’a coûté beaucoup plus cher que celui que j’avais initialement acheté : je risque une baffe si je dis que c’est plutôt désagréable ?

 

15h30 : De retour au Beaj Kafé, j’interviewe Francis Jaouen qui vient de soutenir sa thèse sur les récits de maladie à l’âge de 71 ans ! C’est d’autant plus méritoire que s’il a choisi ce sujet, c’est justement parce qu’il a eu un gros souci de santé dont il est sorti partiellement paralysé : il marche avec une béquille et il lui manque une main, mutilation dont je n’ose pas lui demander l’origine. Quand je pense que certaines de mes connaissances qui n’ont même pas atteint la soixantaine se plaignent sans arrêt d’avoir mal partout et d’apprendre plus difficilement ! Bon, je ne les accable pas : nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement…

 

17h : En attendant d’aller à la piscine, je prends une pause dans la boutique de piercings et de tatouages où j’ai déjà été invité à venir m’arrêter quand je perds mes billes : j’y lis le tome 20 de la série Rantanplan, paru en 2011, et que je viens d’acquérir pour compléter ma collection. Cet album complétait lui-même une autre collection, celle des gags en deux bandes du « chien le plus bête de l’ouest » : je ne comprendrai jamais pourquoi, à l’époque, on n’avait pas tout de suite commencé par le premier gag ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! À part ça, que dire ? On peut chipoter, dire que ce n’est pas ce que Morris a fait de mieux… Mais moi, je me régale ! Les bêtises de Rantanplan me font rire et je n’ai aucune envie d’accabler ce chien attachant : les humains qui l’entourent sont finalement plus idiots que lui et n’ont même pas l’excuse d’être des animaux ! Lui, au moins fait l’effort de réfléchir, ce qui est de moins en moins le cas de mes semblables… De toute façon, peut-il vraiment être plus stupide qu’un éditeur qui publie une série sans commencer par le début ?

 

20h50 : Après la leçon de natation, je retrouve mes camarades du Collectif Synergie pour la dernière scène ouverte de l’année : nous ne sommes pas nombreux, nous sommes même à la limite de l’entre-nous, mais bon, the show must go on ! Je me surprends à déclamer SANS bafouiller, je repars donc content de moi : je ne m’attarde malheureusement pas, je dois me lever tôt demain matin…

 

Samedi 16 décembre

 

9h : Dans le train pour Paris, je ne peux m’empêcher d’interpeler une dame accompagnée d’un petit enfant assez bruyant : bien que mal réveillé, j’arrive à rester diplomate et me contente donc de lui dire poliment que si ça doit se poursuivre ainsi jusqu’au terminus, ça risque d’être assez pénible pour les autres voyageurs. J’aurais mieux fait de me taire : sans le vouloir, j’ai donné aux autres passagers l’autorisation tacite de faire la leçon à cette pauvre femme ! Cette dernière finit par me flinguer du regard en me disant « Vous êtes content, maintenant ? » Je n’ose pas lui répondre que je n’ai pas voulu ça : il n’empêche que j’ai ouvert la boîte de Pandore de la connerie humaine…

 

12h : Le train s’arrête à Laval : un homme s’assied à côté de moi, prenant la place de la dame qui était montée à Rennes et qui est déjà partie – ne voyant rien d’incongru à ce que l’on prenne le train pour aller de Rennes à Laval, je n’y ai pas accordé d’importance. Je suis obligé de déranger mon nouveau voisin pour aller au bar où j’espère pouvoir acheter des tickets de métro en échange d’un chèque : en se levant, il remarque un sac abandonné ! Et en bon crétin mal élevé, il se sent obligé de le signaler ! Je tente de l’en dissuader, n’ayant aucune envie de prendre deux heures de retard à cause d’une dame inattentive à ses affaires. Mais il s’obstine : je me vois déjà cloué en gare de Laval en attendant que les flics se soient assurés qu’il n’y ait pas de bombe dans le sac… Mais l’explication s’avère plus simple : la dame n’était pas descendue ! Elle s’était trompée de place en s’asseyant à côté de moi, elle s’était ensuite absentée en laissant son sac, et l’autre passager s’est installé entretemps à cette place qui est bien celle qui lui avait été assignée – vous suivez, j’espère ? Quant à moi, on m’a fait comprendre qu’on ne prenait pas les chèques au bar.

 

15h : Me voici à Paris. Grâce au peu de monnaie qui me restait, j’ai pu prendre le métro pour atteindre l’auberge de jeunesse du XXe arrondissement où j’avais réservé un lit. Économie oblige, celui-ci est situé dans un dortoir de neuf couchages : quand je peux y entrer, huit jeunes gens y roupillent encore, se remettant vraisemblablement d’une soirée où ils n’ont pas bu que de l’eau… Contrairement à la chambre où j’avais dormi lors de mon précédent passage à Paris, celle-ci n’est pas munie de casiers : j’ai donc emporté mon cadenas de lycéen pour rien… En tout cas, une chose est sûre : hors de question pour moi de laisser mes bagages ici ! Le larcin dont j’ai été victime en septembre m’a suffi ! Je fais donc le tri entre les affaires dont j’aurai besoin ce soir et celles que je peux laisser à l’auberge, avec la ferme attention de demander à la réception comment je peux mettre ma valise à l’abri…

 

15h15 : En attendant de solliciter le réceptionniste et de repartir à l’aventure dans Paris, je profite d’avoir un lit à ma disposition pour souffler en finissant la lecture du dernier Cahier de l’Iroise consacré pour la seconde fois aux photographes brestois – l’accent étant mis cette fois sur ceux d’aujourd’hui, dont mon ami Pod. La photographie n’est pas un art qui me passionne, mais je sens que j’aurais des choses à raconter sur cet officier de marine de la seconde moitié du XIXe siècle qui a ramené de nombreux clichés d’Afrique et d’Asie ou encore sur Louis Blonce qui nous a quittés il n’y a pas si longtemps encore et avait su capter comme personne l’ambiance des événements festifs brestois, notamment dans le quartier Saint-Martin…

 

15h45 : Je m’apprête à repartir. Le réceptionniste m’informe qu’à défaut de casiers, l’auberge dispose d’une bagagerie sise à l’étage en-dessous. Je m’y rends, mais je ne comprends pas : quel intérêt aurais-je à mettre ma valise dans cette pièce qui, visiblement, ne ferme même pas à clé ? Je remonte pour exprimer mon incrédulité au réceptionniste : il explique qu’en fait, c’est lui qui ouvre la bagagerie depuis son poste et que, grâce à une caméra, il voit lui-même quand le résident a fini d’y déposer son bagage, ce qui lui permet de la refermer… Mais pourquoi ne me l’a-t-il pas expliqué tout de suite ? J’étais censé le deviner ?

 

17h : Après plus d’une heure de marche, j’ai repéré la galerie d’art du IIIe arrondissement où doit avoir lieu la présentation du numéro de la revue L’éponge où deux de mes dessins ont été publiés. Il me reste une heure, je n’ai pas un sou sur moi, je me mets en quête d’un bar qui accepterait les chèques : je n’en trouve aucun. En désespoir de cause, je m’assieds sur un banc, par ce temps froid et humide, dans ce quartier bruyant, et je reprends mon exemplaire des Cahiers de l’Iroise pour y lire l’article hors-thème de Gérard Cissé sur l’hôtel d’Aché, un édifice qui a connu bien des fonctions diverses avant d’être détruit par les bombardements de 1944… Bien sûr, je ne boude pas mon plaisir de lire monsieur Cissé qui est un brillant historien et dont la plume a une grâce incomparable : encore un vieux monsieur inspirant ! Il n’empêche que comme début de soirée, ce n’est pas très glamour…

 

18h45 : La présentation démarre enfin. La galerie expose des peintures qui sentent leur snobisme à plein nez. Au buffet, il n’y a que du vin rouge en cubi et des amuse-gueule achetés au Monoprix. Je n’ai même pas d’espace pour présenter mes livres, j’improvise en les disposant sur une chaise. Je ne peux évidemment pas en vouloir aux organisateurs qui ne roulent pas sur l’or et sont de toute évidence de bonne volonté, mais j’espérais mieux en venant à la capitale : là, ça ne dépayse pas de Brest ! N’ayant pas de texte à lire, contrairement aux autres auteurs présents qui sont poètes ou nouvellistes, j’interprète « Les Saint-Marcois », une chanson brestoise que j’avais découverte grâce aux Goristes : j’aurai au moins la satisfaction d’avoir fait découvrir le patrimoine musical brestois à des Parisiens car je ne vends pas un seul bouquin ! Je comptais là-dessus pour pouvoir m’acheter des tickets de métro… Je m’en ouvre à Aurélie, l’une des responsables de la revue, qui accepte, fort heureusement, de me dépanner : je ne me voyais pas refaire la randonnée que je viens d’effectuer, surtout de nuit ! Bref : ce n’est pas la soirée du siècle, mais j’ai au moins fait la connaissance d’une personne sur laquelle je peux compter, je n’ai donc pas tout perdu !

 

22h : De retour à l’auberge, j’ai récupéré ma valise. Ayant emporte mon PC, je relève mes mails : j’avais quelques messages, dont un qui m’a été adressé via le site de L’Harmattan ! Mon premier « vrai » courrier de lecteur… Je me suis installé dans le bar : dans la foulée, je tente de remanier un manuscrit. Trois jeunes, un garçon et deux filles, se sont assis à côté de moi pour taper le carton : le mec parle comme une « caillera », il n’est pas fichu d’aligne deux mots sans menacer ses deux partenaires féminines, ça me gonfle tellement la pastèque que j’ai envie de lui foutre mon pied dans la figure… Décidément, Idiocracy, ce n’est pas de la science-fiction ! Ce voyage ne me laissera pas un souvenir impérissable…

 

Dimanche 17 décembre

 

6h : Je me lève déjà : je ne tiens pas à rater le petit déjeuner et je dois l’avoir fini assez tôt pour ne pas rater le train. De toute façon, j’ai affreusement mal dormi dans cette chambre surchauffée et sans volets, où j’ai dû supporter les ronflements de huit jeunes glands, le tout sur un lit surélevé où j’avais continuellement peur de faire tomber mes affaires et de me cogner au plafond ! La prochaine fois, je réserve une chambre particulière, quoi qu’il en coûte ! Tiens, ça me rappelle quelque chose ?

 

7h : La salle de restauration ouvre. Comme j’avais un peu de marge, j’avais branché mon ordinateur à une prise située dans le hall pour pouvoir jeter un œil sur Internet. Je débranche donc le chargeur… Et la prise part avec ! Je le signale au type de l’accueil, un homme obèse en tenue de pompier, qui n’a pas l’air de vraiment comprendre ce que je lui dis et qui ne semble même pas tellement étonné quand je lui montre ce qui vient d’arriver : visiblement, ce n’est pas la première fois que ça se produit ! Je craignais qu’on ne me force à rembourser cette dégradation involontaire, mais le type ne me dit rien : le jour où l’auberge s’effondrera sur lui, il restera tout aussi stoïque !

 

12h30 : Le train est arrivé à Brest. Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi soulagé de retrouver ma bonne vieille ville du Ponant ! Ce retour s’est cependant mieux passé que l’aller, surtout à partir du moment où un gros type, du genre à côté duquel j’ai l’air d’un danseur étoile (même si une vieille amie de ma mère m’a fait remarquer dernièrement que j’avais minci), a pu quitter le siège situé à côté du mien, me donnant l’impression de gagner de la place d’un seul coup… Cette fois, au moins, je n’ai rien perdu ! À part du temps et quelques illusions, bien sûr…

 

Lundi 18 décembre

 

13h : Ma nouvelle carte bancaire est arrivée : je n’en ai été privé que pendant moins d’une semaine, et c’est fou comme ça a suffi à m’handicaper ! Encore une preuve que dématérialisation ne rime pas forcément avec sécurisation…

 

14h : À l’Assemblée Générale du laboratoire HCTI, la nouvelle tombe : toutes les demandes de subvention adressées aux collectivités territoriales ont été refusées ! Y compris celles que j’avais déposées pour ma journée d’étude sur Cavanna. Ce n’est certes pas un drame absolu puisque j’ai obtenu assez de financements pour boucler le budget, mais c’est quand même une nouvelle qui fait mal, ne serait-ce que parce qu’elle est symptomatique de la situation financière des municipalités et des départements…  

 

Mardi 19 décembre

 

12h : Je passe une nouvelle fois sur l’antenne de Transistoc’h (anciennement Radio Évasion), cette fois pour parler des femmes remarquables de l’histoire de Brest. On en a retenu une quinzaine, ce qui est forcément non exhaustif ! L’interview dure 26 minutes, c’est bien sûr insuffisant pour entrer dans le détail : heureusement pour moi d’ailleurs, car j’ai du mal à rassembler mes souvenirs concernant certaines femmes de lettres un peu oubliées… Malgré tout, la journaliste est finalement satisfaite de mon intervention. Je me félicite néanmoins intérieurement de ne pas passer tous les mois sur cette antenne comme on me l’avait suggéré : la radio me stresse, sans doute bien au-delà de ce que ça vaut…

 

Mercredi 20 décembre

 

13h : J’avais été averti que j’allais recevoir un colis : je m’attendais à ce qu’il s’agisse soit du second tirage de mes calendriers 2024 soit de mon troisième recueil de dessins satiriques. Perdu : ce n’est ni l’un ni l’autre, ce sont les contreparties qui m’avaient été promises en échange de ma participation à la campagne organisée par Blast ! pour financer la production des « Marioles », ce programme satirique censé pallier l’absence des Guignols de l’info. Il faut laisser ça à Denis Robert : il tient parole. J’ai dû attendre longtemps, mais je les ai ! Dans le paquet, il y a, entre autres, une affiche représentant la marionnette de Vincent Bolloré disant « T’es viré ! » J’ai pensé un instant la mettre dans mes WC, mais je crains que ça ne me constipe et je ne tiens pas à faire peur aux enfants quand des amis viennent me rendre visite avec leur progéniture. Alors je l’ai mise dans mon débarras : comme ça, chaque fois que je prendrai mes affaires pour le ménage, je me rappellerai qu’il n’y a pas que dans mon appartement qu’il y a du nettoyage à faire…

Deux dessins réalisés au cours du soir et à la mine de plomb :

 

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Jeudi 21 décembre

 

17h30 : Après une séance de natation et un tour au marché de Noël où je me suis exceptionnellement accordé un copieux goûter, je me retrouve au Kafkérin où je sirote un thé en attendant l’heure d’ouverture de la crêperie Diwali dans laquelle doit se produire un duo que j’ai rencontré à la Raskette et que je souhaite revoir. Sur les étagères de ce café associatif, il y a, entre autres jeux de société, une boîte Burger Quiz : n’ayant rien d’autre à faire pour patienter, je ne résiste pas à l’envie de m’en saisir et de lire les cartes une par une. Mine de rien, on apprend beaucoup de choses : je savais déjà que Nostradamus avait écrit un traité sur la confiture qui fait toujours autorité et que les Romains prêtaient serment sur leurs testicules pour témoigner au tribunal, mais j’ignorais que le médecin d’Hitler était juif et que « Blédina » signifie « prostituée » en russe ! Vous trouvez que ces connaissances ne sont pas très utiles ? Et bien vous vous trompez ! Elles ont une vertu et non des moindres : celle de nous rappeler que le monde est encore plus étrange qu’on ne le croit…

 

19h : J’entre à Diwali mais, au vu de la grimace avec laquelle on m’accueille, je subodore que je ne suis pas tout à fait le bienvenu. Bien vu, l’aveugle : c’est complet, j’aurais dû réserver. Je n’ose même pas m’approcher des deux musiciens que je souhaitais revoir, je préfère partir tout de suite. Dans Un gars, une fille, Alexandra dit parfois à Jean, quand celui-ci la déçoit, « T’es nul, tu sers à rien » : c’est ce que je me dis à moi-même en ce moment ! Il est finalement heureux que je sois célibataire et sans enfants : au moins, je suis seul à avoir honte de moi.

 

Vendredi 22 décembre

 

22h30 : Les Marinades d’hiver ont pris fin : j’y proposais mes caricatures et mes produits dérivés. Le bilan n’est pas négatif, mais j’ai un peu de mal à savourer pleinement mon petit succès car, en ce moment, j’attends un bus qui n’arrivera que dans une demi-heure. Il fait nuit, il fait froid, j’ai le cul par terre… J’en ai marre de ce genre de situation ! Ça ne m’arriverait pas si on respectait un minium les gens qui n’ont pas de bagnole… Ni si tout n’était pas déjà fermé après vingt-deux heures !

 

Samedi 23 décembre

 

15h30 : Je viens d’arriver chez mes parents où je vais séjourner une semaine histoire de fêter Noël en famille et de me délasser un peu… Oublier ce monde pourri pendant quelques jours ne me fera pas de mal !

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23/12/2023
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