Du 15 au 21 mars : C'est le printemps, et alors ?

Samedi 15 mars

 

11h45 : Je donne mon sang à l’établissement prévu à cet effet. Mes dons antérieurs, sans tourner systématiquement à la catastrophe, avaient cependant été problématiques pour cause de lenteur de débit. Cette fois, il ne se passe rien de tel pour une raison très simple : la personne qui m’a pris en charge m’a tout de suite indiqué les petits mouvements de pieds qu’il faut exécuter afin que le sang remonte et s’écoule au rythme approprié. Voilà déjà des années que je donne régulièrement mon sang et personne ne me l’avait jamais dit ! Il y a des fois, on se demande…

 

13h : Après avoir donné son sang, pas question de manger du quinoa : un bon steak-frites s’impose. J’ai ainsi l’occasion de tester le Konteneur, le restaurant qui a remplacé la friterie où j’avais mes habitudes. Le rapport qualité-prix est certes meilleur que dans la brasserie parisienne où j’ai déjeuné il n’y a pas si longtemps encore, mais je sens que la friterie va me manquer, d’autant que celle-ci n’était pas équipée d’un écran pour permettre de suivre les matchs du Stade Brestois ! Parlons-en, tiens : en attendant d’être servi, je poursuis la lecture que le Collectif Othon a consacré à Brest, qui m’a été offert par mon oncle et le chapitre sur le futur nouveau stade me donnera de quoi répondre à ceux qui croient encore que le club rouge et blanc n’a pas encore été contaminé par la gangrène capitaliste qui pourrit le milieu du sport. La vérité est que le Stade Brestois est aujourd’hui la danseuse des frères Le Saint : vous avez déjà vu un ces films où les ploucs couvrent les grands bandits locaux parce qu’ils font vivre plusieurs familles et paient leur tournée au bistrot ? Ce n’est pas un cliché : remplacez les ploucs par la majorité des Américains et vous obtenez Trump à la Maison blanche, remplacez les ploucs par les Brestois et vous obtenez les frères Le Saint qui imposent leur loi en toute impunité. Leur plan actuel est de remplacer le bon vieux stade Francis Le Blé, situé en plein centre-ville, par un bâtiment plus « moderne » (comprenez : « plus rentable ») dont l’excentrement contraindra le public à de longs trajets, qui sera garni d’échoppes pour faire les poches des supporters et où les « VIP » (ce n’est pas un hasard si ça se prononce « vieille pie ») disposeront de loges pour ne plus devoir se mêler aux pue-la-sueur… Peu de gens s’en émeuvent : ça ne m’étonne pas, le foot est tellement sacré qu’il écrase toute autre considération ! Les supporters les plus fachos de l’équipe de France ne voient pas d’inconvénient à s’abonner à une chaîne financée par le Qatar pour ne rater aucun match ; de même, les supporters du Stade Brestois râlent probablement contre les travaux du tram qui compliquent la circulation mais ne trouvent pas anormal de devoir se taper des kilomètres supplémentaires pour aller pousser leurs gueulantes sur un péno, et ils ont beau être de gauche pour beaucoup d’entre eux, le phagocytage de leur club par des entrepreneurs arrogants ne semble pas les choquer outre mesure ! Vous trouvez que je parle d’eux avec un certain mépris ? C’est vrai que le foot, je m’en tamponne : donc, dans l’absolu si ça amuse les supporters de se laisser pourrir la vie par des capitalistes démagogues, je pourrais dire que c’est leur problème ! Seulement voilà : d’une part, la construction d’un nouveau stade est une aberration écologique et, d’autre part, comme il n’est pas certain que le club sera toujours aussi rentable qu’il l’est devenu à l’issue de cette saison brillante, les Le Saint risquent de ne pas obtenir le retour sur investissement espéré, et quand ces pauvres garçons iront pigner à la mairie pour demander une compensation sur les deniers publics, croyez-vous que nos élus les enverront paître ? Bernique, oui ! Les citoyens passeront à la caisse, même ceux qui n’aiment pas le foot ! Mais pour ces derniers, ce sera bien fait pour leur gueule, ils n’avaient qu’à être normaux !

 

15h : J’avais voulu faire une vidéo sur mes parties de « Cauchemar de PPD », un longplay comme disent les jeunes. Seulement voilà : après avoir galéré pendant une heure pour monter les dix premières minutes, je m’aperçois avec horreur que l’image se met à prendre du retard sur le son ! Comme mon montage n’est pas en cause, et que je ne trouve aucune explication logique, je ne peux rien y changer. Je préfère abdiquer : de toute façon, des vidéos présentant ce jeu des Guignols de l’info, il y en a déjà. Et puis je commence à connaître le public des vidéos YouTube : j’ai un mal de chien à fidéliser un public parce que ma chaîne n’est pas assez spécialisé (comprenez : pas assez monomaniaque) , et si j’avais vraiment pu y publier un longplay, on aurait fini par m’en réclamer des nouveaux consacrés à d’autres jeux et je n’ai définitivement rien d’un gamer… De toute façon, je suis de plus en plus convaincu de la validité de la notion d’acte manqué : si je ne parviens pas à mener un projet à terme, ça prouve que je n’étais pas vraiment motivé voire que mon idée n’était pas viable ! Alors… Atchao bonsoir !

 

Une vidéo sur un tout autre sujet, non moins intéressant (du moins, je pense) :

 

Dimanche 16 mars

 

17h : Je ne pourrais malheureusement pas être présent aux obsèques de mon copain Pod ; de toute façon, pleurer, j’aime autant le faire en privé. Histoire de ne pas être en reste pour autant, je bricole donc un petit dessin pour lui rendre hommage. Bien que convaincu de mon incapacité congénitale à colorier, je mets quand même quelques pointes de rouge pour rappeler les tons qui étaient chers à mon regretté camarade : j’ai ainsi l’occasion de redécouvrir l’aquarelle – j’en ai une boîte dont je ne me sers pas beaucoup. Le résultat est plutôt satisfaisant, ça ne rend même pas trop mal sur le carton qui me sert de support, mais je n’en abuserai pas, d’autant que ça nécessite de travailler assez vite si on veut que ce soit beau – c’est aussi un peu pour ça qu’on dessine, non ?

 

Le dessin en question :

 

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Lundi 17 mars

 

9h15 : Tôt couché, tard levé ! À quoi dois-je ce miracle ? D’une part à des remontées acides insupportables qui m’ont contraint à me lever pour trouver la médication idoine : la Saint-Patrick, on la fêtera sans moi ! D’autre part à l’espèce de poissonnière de l’étage au-dessus qui s’est mise à pousser des hurlements à trois plombes du matin : on a délogé les squatteurs, mais il reste quand même quelques dégénérés dans l’immeuble…[1]

 

15h : Visite à une amie qui connaissait Pod elle aussi et qui a accepté de se charger d’emmener mon dessin aux funérailles : comme elle est habile de ses mains, j’en profite pour lui confier de petits travaux, dont mon cabas à recoudre. Tout en s’acquittant de cette tâche pas trop ingrate, elle me dit s’être enquise de sa retraite : comme elle avait commencé à travailler dès ses dix-sept ans, elle pourra faire valoir ses droits à 62 ans, mais, n'ayant jamais bénéficié de rémunérations mirobolantes, elle perdra alors 400 euros par rapport à ce qu’elle touche aujourd’hui en tant qu’invalide – elle a dû arrêter le travail suite à une grave maladie. Voilà tout l’espoir que l’on offre aux travailleurs : une retraite plus misérable que les pensions versées aux handicapés ! Étonnez-vous après ça que les jeunes ne veulent pas suivre l’exemple de leurs parents en perdant eux aussi quarante ans de leur vie dans la même boîte… Déjà que le Covid nous en a fait perdre deux[2] ! Parlons-en, justement : toute la presse consacre sa « une » aux cinq ans du confinement. Je ne dis pas qu’on a tort de se poser enfin des questions sur le bien-fondé de cette mesure pour le moins radicale et sur ses conséquences psychologiques à long terme. Mais je ne peux m’empêcher de penser que si les journaux sont obnubilés par ce qui prend déjà une allure de commémoration, c’est qu’il ne se passe rien de bien important pour l’instant ! À moins qu’on ne nous cache des choses, bien sûr.  

 

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Mardi 18 mars

 

9h30 : Je déteste aller me faire couper les cheveux, mais là, je n’ai pas le choix, je n’y vois plus clair quand je sors de la douche. Heureusement, j’ai trouvé une coiffeuse à l’ancienne, qui se borne à faire ce que le client lui demande, ne se prend pour une artiste et ne vous casse pas les pieds avec la sacro-sainte mode… J’échappe aux pires manies des merlans, pas aux inévitables agressions que véhicule la vie sociale telle que la conçoivent les neurotypiques : dès l’entrée dans le salon, on subit Europe 2, les clients s’esclaffent à chaque coin de phrase, la météo entre dans une large part de le conversation… J’avoue, je dors très mal en ce moment, ce qui me rend insupportable toutes ces manifestations, pourtant peu dangereuses, de la bêtise ordinaire… Je m’efforce toutefois de masquer mon agacement : une fois délesté mes cheveux en trop de ma monnaie superflue, je demande à la coiffeuse, qui connait l’ami auquel je vais rendre visite, si elle ne n’a pas un message pour lui. Elle me prie de lui passer le bonjour et me demande dans la foulée si l’intéressé va bien : je réponds que je n’en sais rien puisque je m’apprête à aller le voir, justement ! Il n’y a pas à dire, les neurotypiques ne sont vraiment pas logiques…

 

13h30 : Me voici devant le hall d’honneur de l’hôtel de ville. Pour l’heure, la porte est close. Je devrais être aux obsèques de Pod à l’heure qu’il est, mais j’ai promis de tenir une permanence à l’exposition « Pluie de toiles » à laquelle je participe. J’attends donc, non sans garder un couteau au cœur en repensant à mon défunt copain et à tous les compagnons de route qui doivent au moins s’apprêter à lui rendre hommage. Pour patienter, je termine la lecture du livre du collectif Othon : ce n’est d’ailleurs pas fait pour arranger mon moral car, à lire cet ouvrage, on a l’impression qu’il n’y a rien à sauver à Brest ! Seul Paul Bloas, que Pod détestait, semble trouver grâce aux yeux des auteurs… Je suis à deux doigts de désespérer, mais je me console en pensant que dans quelques minutes, j’aurai droit aux sourires et aux attentions des bénévoles de l’Armoricaine, lesquelles ne manqueront pas de signaler aux visiteurs que je suis l’un des exposants, ce qui augure d’échanges aussi passionnants que courtois…

 

14h : Et bien non ! En fait de bénévoles souriants et amateurs d’art, je n’ai droit qu’aux gros bras incultes de la sécu et je comprends assez vite qu’aux yeux de ces messieurs-dames de l’Armoricaine, demander à un artiste d’assurer une permanence consiste à leur faire tenir l’accueil sans aucune aide… Je ne peux cacher l’ire que m’inspire cette déception, ce qui me vaut les menaces d’un des deux cerbères… Depuis le début de l’année, j’ai fait ma première télé, j’ai donné une conférence devant 400 personnes et j’ai exposé dans une galerie parisienne : tout ça pour être traité comme un peintre du dimanche à qui on peut demander de faire l’agent d’accueil ! On va dire que j’ai la grosse tête, j’estime seulement que j’ai droit à un peu plus de respect : ils auraient pu au moins me dire plus clairement ce qu’ils entendaient par « permanence » ! J’étais censé rester quatre heures : ou bout de deux et demie, je n’en peux plus et je plante là l’autre artiste de corvée et que cette situation n’a pas l’air de déranger… Certaines personnes font de la peinture comme elles feraient du macramé ou de la philatélie : je n’ai rien contre, mais je ne joue plus dans cette cour-là ! J’ai dépassé le stade des marines et des couchers de soleil…

Mes travaux exposés à l'hôtel de ville :

 

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Mercredi 19 mars

 

12h : Encore miné par l’affront (intentionnel ou non, ça m’est égal) de la veille, je reviens de Guipavas où j’étais allé en reportage et je me rends au local de la MGEN pour demander un renseignement : j’ai perdu mes identifiants pour me connecter sur le site et je n’en aurai besoin bientôt pout une démarche importante. Hélas, la personne qui m’accueille m’annonce qu’il me faudra téléphoner au service informatique pour régler le problème… Je craque ! J’ai l’impression de passer ma vie au téléphone, en ce moment ! Déjà que je suis obligé d’appeler chaque fois que je dois réserver un transport Accemo ! Ces bons messieurs de chez Bibus n’avaient pas imaginé que certains handicaps peuvent inclure, entre autres difficultés, un rapport compliqué avec le téléphone…  

 

Un document exclusif ramené de Guipavas : le plan-relief de la pyrotechnie, littéralement sauvé de la déchetterie par l'AGIP.

 

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Jeudi 20 mars

 

13h : On the road again. C’est aujourd’hui, en effet, que je dois repasser à la galerie Thuillier pour y récupérer mes œuvres. Mon train n’est plus qu’à vingt minutes de Paris : la vue des grands axes routiers qui desservent la capitale me déprime. Je me console en me disant que j’en repartirai demain et que je vais y retrouver mon ange gardien…

 

14h30 : Je remballe mes œuvres : pas une de vendue, mais je m’en fiche, je n’en suis plus à ça près. J’en suis quitte pour en mettre une de côté afin de l’offrir à mon ange gardien quand je le reverrai…

 

17h30 : Je suis à Montmartre, plus précisément à la galerie située juste à côté du célèbre Moulin de la Galette, où mon concitoyen brestois Pierre Malma expose ses œuvres réalisées avec Tom Gelleb : des photos de leurs dessins réalisés sur le sable des plages du Finistère et qui interrogent le rapport qu’entretient l’homme avec la nature. Ça dit un message, ça porte une idée, mais il ne faut pas oublier l’essentiel : c’est beau. Mais il me tarde de retrouver mon ange gardien, d’autant que je me demande si elle réussira à me joindre sur mon téléphone qui marche en dépit du bon sens…

 

Je n'ai pu m'empêcher d'apporter ma contribution à la démarche de mon compatriote breton :

 

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20h : Mon ange gardien est là : plus exactement, celle qui fut la seule à me tendre la main pendant les années pourries du collège m’a rejoint à la galerie. Après avoir échangé avec Pierre, nous avons pris congé et nous dînons maintenant dans un restaurant italien situé au bas de la rue Lepic : enfin un établissement parisien où le rapport qualité-prix est irréprochable ! Il faudra que je m’en souvienne pour la prochaine fois. En attendant, mon amie, fidèle à elle-même, se révèle très protectrice à mon égard et n’a de cesse de me donner de bons conseils pour résoudre mes problèmes actuels. De là à dire que cette (encore) jeune femme qui ne veut pas avoir d’enfants éprouve pour moi des sentiments maternels, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas : notre relation a toujours été très saine, sans équivoque, et si toutes mes galères, à Paris comme à Brest, n’avaient dû servir qu’à me permettre de retrouver cette personne qui m’est si chère, ça me suffirait amplement à justifier tout ce bazar…  

 

Vendredi 21 mars

 

8h : Déjà levé, je profite du petit déjeuner à volonté à l’hôtel. Il y a la télé dans la salle, branchée sur BFM TV : l’affaire Bétharram occupe le devant de la scène. Je ris jaune : ce n’est quand même pas une découverte, que mettre ses gosses en boîte chez les curés les expose à se faire bourrer l’oignon et à prendre des torgnoles à tour de bras ! Qui peut encore croire que les corbeaux peuvent faire de bons pédagogues ? Depuis l’inquisition, on sait de quelle manière ils initient à la foi… J’ai souvent dessiné des curés en soutane embrochant de pauvres gosses sans défense, mais là, je n’en ai même pas envie : la réalité ressemble déjà tellement à la caricature que j’en fais que ce n’est même pas la peine… Peu après, on peut voir Trump signer je ne sais quel document et l’exhiber : de là où je suis, on ne distingue nettement que sa signature, visiblement faite avec un gros feutre, soit pour s’assurer qu’on ne voit qu’elle, soit pour cacher d’éventuels tremblements dus à son âge avancé ! Il a cependant l’air plus jeune, avec son attitude de môme exhibant son joli dessin…  

 

14h20 : J’écris dans le train qui me ramène à Brest. Il arrive déjà en vue de Rennes : dans deux heures, je serai dans ma ville bien-aimée ! Contrairement à certains amis revus à la capitale, l’ambiance parisienne ne me séduit pas : c’est une ville trop frénétique pour moi ! C’est vrai que tant de gens dans les rues après dix heures du soir, on ne voit pas ça souvent à Brest, mais c’est justement ça qui me plait. Les Brestois sont peut-être moins vifs et moins dynamiques que les Parisiens, mails sont plus discrets et plus authentiques : je peux me tromper mais je pense que c’est en partie ce qui séduit les nombreuses personnes qui viennent s’installer dans la ville du Ponant. Après tout, les villes, c’est comme autre chose : comme dirait le poète, chacune a quelque chose pour plaire, chacune a son petit mérite ! Mais j’ai dans l’idée que mes aventures parisiennes ne sont pas tout à fait terminées ; si c’est le cas, il faudra que je rachète un beaume à lèvres et que je me procure une crème pour les mains : chaque fois que je foule le sol de la capitale, je sens ces parties de ma pitoyable anatomie se dessécher ! On connaissait le choc thermique, j’ai découvert le choc hygrométrique…  

 

Avant de se quitter, une mini-BD sur le mythe grec associé au retour du printemps : Perséphone, épouse d'Hadès, sort des Enfers pour retrouver sa mère Déméter - elle doit aussi laisser son amant Adonis à la déesse Aphrodite qui le lui dispute, mais elle rechigne évidemment à abandonner ce magnifique berger à la déesse de la beauté, ce qui explique pourquoi le printemps tarde parfois à revenir, comme quoi la Grèce antique connaissait elle aussi des printemps pourris...

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Je ne dis pas que tous les gens contraints au squat pour survivre sont forcément des dégénérés : je constate cependant que les dégradations et les marques d’incivilité dans les parties communes de mon immeuble se font plus rares depuis que les squatteurs sont partis. Ce n’est pas de ma faute si tous les damnés de la Terre ne se donnent pas la peine d’être nobles et dignes !

[2] Vous me demanderez : « Qu’est-ce que vous diriez si vous aviez dû en perdre une à l’armée ! » Je vous répondrai : « Mais je vous emmerde, vieux con ! »



21/03/2025
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