Du 13 au 18 juillet : le premier ministre précipite la chute du président, c'est le plomb Bayrou !
Dimanche 13 juillet : il y a 232 ans, Charlotte Corday poignardait Marat dans sa baignoire
10h : Je risque un coup d’œil sur la presse locale. Deux faits retiennent mon attention : premièrement, les élus de gauche commencent enfin à monter au front contre les parkings payants des hôpitaux. Il était temps ! On a tendance à oublier que personne ne va de gaîté de cœur à l’hôpital : forcer les gens à devoir payer pour se garer, c’est vraiment une méthode de charognard ! On peut trouver que La France Insoumise a mis longtemps à réagir à ce scandale odieux, mais je n’oublie pas qu’il y a un peu plus d’un an, le député de notre circonscription était à la botte de Macron et qu’il ne fallait donc rien attendre de lui sur ce dossier. Rien que pour ça, quand je repense à la dissolution de l’année dernière, j’ai envie de dire à Macron : « Merci, Ducon » ! Deuxièmement, une ZAD s’est installée sur le site qui doit accueillir le nouveau stade de foot ; j’ai déjà dit ce que je pensais de cette affaire et je suis totalement contre l’édification de ce bâtiment qui sera immanquablement un gouffre à pognon, mais j’avoue avoir des réserves sur le discours de ces zadistes qui ont tellement peur de passer pour des bobos-intellos-de-gauche aux yeux des supporters crétins qu’ils se défendent d’être « anti-foot » et veulent « rendre le football au peuple » ! Et pourquoi pas lui rendre la religion, la télé ou le tiercé, tant qu’à faire l’inventaire des opiums dont les puissants n’ont jamais eu de cesse de se servir pour endormir la plèbe ? Je désespère d’entendre un jour une voix s’élever contre le diktat du foot qui écrase toujours tout… Un peu moins de fric pour le ballon rond, ce serait un peu plus de moyens pour les hôpitaux, par exemple ! Hé, monsieur le député, vous n’y avez pas pensé ?
Lundi 14 juillet : il y a 91 ans naissait Gotlib
14h : Petite visite à une amie ; nous discutons de choses et d’autres, jusqu’à ce que mon hôtesse en arrive à me parler de la mort de Thierry Ardisson. Je lui dis franchement que je ne pleurerai pas l’animateur car je n’ai jamais aimé ses émissions ; elle me répond : « Tu as le droit de ne pas l’aimer, c’était quand même un monument de la télévision française, comme Ducker » ! Mine de rien, cette parole est révélatrice : si Ardisson peut en arriver à être mis sur le même plan que Drucker, cela prouve qu’il n’était plus subversif depuis longtemps ! Si tant est qu’il l’ait jamais été, d’ailleurs… Désolé si je parais sévère, mais Ardisson était pour moi l’exemple type de l’anticonformiste, c’est-à-dire de l’individu qui va à rebours des usages pour se faire remarquer à tout prix : l’anticonformiste se prend peut-être pour un rebelle, du moins espère-t-il se faire passer pour tel, mais il rend en fait un fier service aux normes qu’il prétend subvertir. Primo : pour aller systématiquement à rebours des usages, encore faut-il les reconnaître en tant que normes ; l’anticonformiste ne remet donc pas en cause le statut des règles qu’il prétend subvertir. Deuxio : l’anticonformiste va à rebours des règles parce qu’elles sont les règles et au nom en raison de leur éventuelle absurdité ou inutilité ; cette attitude peut l’amener à subvertir une règle qui peut être utile, au risque d’être contre-productif : c’est ce qu’a fait, par exemple, Jean-Edern Hallier en s’affichant avec des fachos… Tertio, enfin, l’anticonformiste offre au conformiste une occasion de s’encanailler : en voyant l’anticonformiste faire son numéro, le conformiste fait fi pendant quelques courts instants, par procuration, des règles qu’il s’échine à respecter, ce qui lui permet de mieux les accepter par la suite, ne serait-ce que parce que le spectacle de la subversion des normes lui fait mieux voir ce à quoi elles lui permettent d’échapper. Tout ça ne concerne pas le non-conformiste qui, lui, ne va pas systématiquement à rebours des usages mais refuse simplement de se plier à ceux qui lui paraissent infondés et force, souvent malgré lui, les conformistes à se trouver dans l’inconfortable position de devoir réfléchir au bien-fondé de normes trop souvent perçues comme intangibles. Bref, la carrière d’Ardisson l’anticonformiste me semble illustrer à merveille cette réflexion de Cavanna le non-conformiste : « L’anticonformisme est la maladie de jeunesse du conformisme »[1]. Après, je ne lui nie pas tout intérêt et ce n’est certainement pas Cyril Hanouna qui le fera oublier !
Mardi 15 juillet
15h : Il pleut. On commençait presque à en perde l’habitude ! Le pire, c’est qu’il ne fait même pas froid, je pourrais presque sortir si je ne m’étais pas juré de terminer quelques dessins qui traitent d’une certaine actualité et dont je ne veux donc pas remettre la finalisation à plus tard. J’ai un peu de mal à me défaire de l’humour chansonnier, voué à être éphémère : quand on a été nourri au biberon des Guignols de l’info, on s’en remet difficilement, et le vide que laisse l’émission n’arrange rien… En attendant, si j’étais superstitieux, j’établirais volontiers un lien de cause à effet entre cette ambiance maussade et le fait que nous soyons… la Saint-Donald ! Je ne l’invente pas ! Quand j’étais petit, Donald n’était pour moi qu’un canard grincheux mais sympathique, et le jour de sa fête me faisait sourire : mais depuis que c’est aussi un fou dangereux qui peut mettre le monde à feu et à sang, cette date me déprime plus qu’autre chose… Le vrai saint Donald historique était, dit-on, un Écossais qui transforma sa maison en couvent pour satisfaire ses filles qui voulaient devenir religieuses : c’est très con, mais ça ne mérite pas d’être assimilé à un psychopathe…
En parlant de psychopathes :
Mercredi 16 juillet
10h30 : Comme chaque jour, je me connecte au site de ma banque pour garder un œil sur mon budget : je n’attends pas de nouvelle rentrée d’argent avant trois semaines, il faut que je fasse attention. J’ai ainsi le loisir de découvrir la nouvelle présentation de la page de connexion : ce n’est pas plus pratique qu’avant et je ne peux même pas voir ce que je fais quand je tape mon code d’accès ! Ah, les neurotypiques et leur sale manie de vouloir toujours tout changer…
Sans transition :
13h45 : Je sors en ville pour faire scanner une planche de grand format : la circulation en centre-ville est devenue un vrai cauchemar, alors je prends un bus pour la place de Strasbourg, bien décidé à descendre la rue Jean Jaurès à pied. Cela me vaut de devoir supporter la compagnie des gosses du centre aéré ou de je ne sais quelle structure bien commode pour ne pas laisser les enfants sans surveillance à la maison pendant les vacances scolaires… J’adore les enfants, mais je pense VRAIMENT que si on pouvait permettre à ces structures de loisirs de bénéficier de transports spéciaux qui éviteraient aux autres voyageurs de supporter la compagnie de toute une marmaille caquetante, on ferait un grand pas en avant pour le bien-être des citoyens…
Toujours sans transition, un dessin inspiré (entre autres) par la réforme de l'audiovisuel :
14h45 : Quand je disais que la circulation est devenue un cauchemar ! Le bus met un quart d’heure à remonter la rue Robespierre : j’irais plus vite à pied malgré la pente raide qu’il y a à grimper ! Je me demande quand même si le chauffeur ne s’est pas trompé de route car il me semble que le boulevard Léon Blum est praticable malgré les travaux. Je ne lui jette pas la pierre car il faut avouer qu’avec toutes ces déviations et changements d’itinéraires d’un jour sur l’autre, il est difficile de s’y retrouver… Vivement le nouveau réseau !
Une image pour détendre l'atmosphère (j'étais adolescent) :
17h : Il fait bon malgré les nuages. Je termine quelques bricoles, la fenêtre ouverte. De ce fait, je ne rate rien du vacarme que font deux femmes et deux gosses au bas de l’immeuble ! Je me demande bien ce qu’ils peuvent foutre là, on a vu mieux qu’un parking pour faire prendre l’air aux enfants, surtout avec le bois de la Brasserie juste en face… J’espérais être en vacances, je trouve l’ambiance discutable !
Une autre image pour détendre l'atmosphère :
Jeudi 17 juillet
10h : Deux plombiers sont venus examiner mes toilettes où une fuite perdure malgré les interventions de leurs collègues. Selon eux, c’est un problème d’étanchéité au niveau de la bouche d’aération : ils m’annoncent donc qu’une autre entreprise interviendra ; bien sûr, ils sont incapables de me dire quand… Je suis un peu découragé.
Le hérisson vient me redonner du courage :
17h : La journée étant déjà bien avancée, je prends un bain mer au Moulin Blanc. J’arrive pour la marée basse, mais ce n’est pas grave. Il y a beaucoup de vagues, je me prends pas mal d’eau dans les yeux : mes lunettes de natation m’auraient été bien utiles, mais je les ai cassées et j’attends celles que ma vieille nounou m’a promises ; c’est toujours quand on en a besoin que ça manque ! En revanche, la bonne surprise, c’est que l’eau est tiède ! Je n’avais pas connu ça depuis longtemps…
18h30 : En sortant de l’eau, je me suis cogné le pied contre un rocher : je saigne un peu. Je profite de la présence d’un poste de secours pour me faire soigner la plaie ; les secouristes acceptent sans problème, ils ont tout ce qu’il faut, et je repars aussi bien guéri que si j’avais sollicité une infirmière ! C’est dingue : les gens qui font du bon travail et qui sont disponibles, ça existe encore ! Profitons-en… En attendant le bus, je constate que la galerie de La Baule où je suis censé exposer m’a appelé : ils ont bien reçu mes œuvres, mais ils me demandent de leur envoyer des documents auxquels je n’avais pas pensé… Cette anecdote, associée à celle des plombiers de ce matin, me rappelle cette phrase de Mafalda : « À force d’être moderne, je me demande si la vie est encore la vie… »[2]
Une caricature de Pierre-Yves Cadalen, le député de ma circonscription élu l'an dernier, dont je parlais plus haut :
Vendredi 18 juillet
10h : Au marché, une vieille dame de mes connaissances n’est pas étonnée quand je lui dis que l’eau était tiède au Moulin Blanc : selon elle, quand elle allait à la mer avec son mari, elle allait de préférence à cette plage ou à Plougastel où l’eau commençait à être plus chaude vers la mi-juillet. Dans un sens, c’est rassurant : j’avoue avoir cru que le phénomène était nouveau…
Un dessin de la victoire de Samothrace avec la tête de la Vénus de Milo - je ne peux pas encore vous dire pourquoi j'ai fait ça :
11h : N’attendant strictement rien du gouvernement Bayrou, je ne m’étais pas renseigné en détail sur le plan du même nom : c’est donc seulement maintenant que j’apprends qu’il prévoit notamment la suppression de deux jours fériés ! Ce n’est pas étonnant, la droite ne supporte pas que les pauvres soient payés « à ne rien faire » (comprenez : à faire autre chose que vendre leur force de travail aux capitalistes), elle tient à ce que seuls les riches se le permettent : quand un pauvre obtient de l’argent sans travailler, ça s’appelle une aide sociale et il est accusé de grever le budget de la collectivité ; quand un riche obtient de l’argent sans travailler, ça s’appelle des dividendes et on le félicite d’avoir fait un investissement fructueux… Ce n’est même pas original : il y a 22 ans, après la canicule meurtrière de l’été 2003, Raffarin avait tenté de supprimer le lundi de Pentecôte, soi-disant pour soutenir les retraités ; tout ce que les vieux de mon entourage ont vu comme différence, c’est la perte d’un jour de pension… Cela dit, ceux qui prennent leurs congés le week-end de l’Ascension peuvent être tranquilles : un vieux catho comme Bayrou n’osera pas toucher à cette date…
Concluons avec une mini-BD sur notre "futur président" :