Du 11 au 18 novembre : Tonnerre(s) de Brest

 

Commençons par un dessin sur la bouffonnerie mondiale de la semaine...

 

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Vendredi 11 novembre

 

11h : L’offre d’emploi suspecte que j’ai reçue dernièrement (j’ai failli y donner suite !) m’a stressé au plus haut point, certainement bien au-delà de ce que ça mérite. C’est donc dans un état d’énervement et de fatigue morale extrêmes que je fais la queue au marché : le bruit et l’attente me sont mille fois plus insupportables que d’habitude ! Quand la jeune vendeuse de fromages dit que sa machine à cartes bancaires fonctionne au ralenti, je perds définitivement patience et je me mets à hurler « On l’a vu, merci » ! Évidemment, ça me vaut un regard noir qui me rend nostalgique de la fromagère d’âge mûr qui me servait il n’y a pas si longtemps encore et qui était si bienveillante…

 

15h : Me revoici à L’Alizé pour donner la démonstration de caricature que j’avais promise à l’occasion du salon d’automne. J’enchaîne les dessins inspirés de photos de célébrités, mais je suis un peu déçu : il y a des visiteurs mais beaucoup de gens passent devant moi sans même me regarder ! Ce n’est pourtant pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir un artiste au travail et je pensais que le public d’un événement de ce genre avait toutes les raisons de s’y intéresser… Je m’accroche néanmoins car je tiens à rester en bon terme avec la responsable de la programmation de ce bâtiment et il faut être honnête : les quelques personnes qui prennent la peine de s’arrêter et de jeter un œil à mes gribouillis ne tarissent pas d’éloges ! Les réactions à mes dessins sont de plus en plus positives, c’est évidemment encourageant pour moi qui cherche à me professionnaliser…

 

Quelques caricatures réalisées à L'Alizé : Achille Berthou, artiste plasticien...

 

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Alexandra Lamy...

 

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Annaïg Arnal, directrice de l'Arena (Brest)...

 

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Aurélie Saada...

 

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Styven Awen dit Bardawen (un barde des temps modernes que j'ai rencontré aux 6 ans du Collectif Synergie)...

 

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Cléopâtre Darleux...

 

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Le président de la république...

 

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Ce gros porc de Depardieu...

 

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La légendaire Marilyn...

 

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Nil Caouissin (conseil régional UDB et auteur du Manifeste pour un statut de résident en Bretagne)...

 

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Pierre-Yves Cadalen (candidat de la NUPES aux dernières législatives dans ma circonscription)...

 

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Le prince Andrew...

 

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Sean Penn...

 

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Sonia Rolland...

 

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...et Sylvie Hoarau.

 

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21h : Je rentre assez tard : j’ai été conduit jusqu’à la station de tram par un bénévole sourd comme un pot (ça tombe bien, je n’avais pas envie de discuter) puis il m’a fallu plus d’une heure pour regagner Lambézellec, horaires de jour férié obligent. Ayant besoin de réconfort, je passe un coup de fil à une vieille amie dont la belle-fille travaille à Paris : elle me confirme que la boîte qui voulait censément m’engager est inconnue et que son offre sentait donc fort l’arnaque… Je n’ai rien perdu dans l’affaire ? Si : l’estime de ma fournisseuse de fromages, et ça, c’est grave…

 

Samedi 12 novembre

 

11h : Les derniers événements m’ont épuisé : comme j’ai prévu de passer la soirée chez mes parents et qu’on m’attend demain matin pour un vide-grenier à Guilers, j’ai décidé de faire la grasse matinée. Je me lève sous un soleil radieux : ai-je besoin de redire que ça ne me plait pas du tout en cette saison où j’aimerais pouvoir, pour reprendre l’expression bienvenue de Didier Tronchet, « me [recroqueviller] dans le lugubre cocon de novembre »[1] ?

 

18h30 : Soirée télé avec les parents. On commence avec N’oubliez pas les paroles : voilà typiquement le genre de programme qu’il faut voir en famille, surtout pas seul ! On poursuit avec La petite histoire de France qui reste pour moi, excepté Kaamelott, ce qu’on a fait de mieux en matière d’humour à la télévision depuis la fin de l’âge d’or de Canal+. On termine avec Colombo sur TMC : je me fous un peu de l’histoire en tant que telle, mais j’aime bien ce personnage qui ose poser ses pattes sales de prolo sur les dorures des richards et qui rabat leur caquet aux nantis en leur rappelant qu’ils n’ont pas tous les droits... De toute façon, il n’y a pas tellement d’autre choix : sur C8, il y a l’histoire du Puy du fou racontée par Philippe De Villiers ! Cette chaîne mériterait d’être officiellement reconnue comme l’organe du Rassemblement National, je m’étonne que Zemmour n’en soit pas déjà directeur général !

 

Dimanche 13 novembre

 

9h : Le vide-grenier commence à l’espace Pagnol ; je suis installé depuis déjà une bonne heure, il n’y a pas grand’ chose à signaler excepté un gros beauf qui collectionne tout ce qui touche à Johnny Hallyday et était donc déçu de constater que je n’avais rien à proposer concernant de près ou de loin son idole… J’ai déjà conscience d’être une erreur de casting dans cette braderie où dominent les affaires de puériculture. Je serais bien resté plus longtemps au lit…  

 

Ce que j'avais en face de moi lors du vide-grenier... Glamour, pas vrai ?

 

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13h30 : Je n’ai presque rien vendu, tandis qu’une petite fille sérieuse, installée juste derrière moi, a déjà rentabilisé largement son emplacement. Je n’en fais pas un drame, mais ce n’est pas fait pour arranger la lassitude que je traîne depuis quelques jours : un groupe de gamins joue avec la porte située non loin de moi, qui est censée rester fermée, ce qui m’agace d’autant plus qu’ils font entrer ce soleil que je préférerais savoir dehors. Je finis par hurler « la porte » ! Les gosses sont épouvantés et la salle toute entière reste silencieuse pendant trois minutes… C’est bien la première fois que je déclenche autre chose que des moqueries en haussant la voix !

 

16h30 : C’est fini. Je retrouve mes parents qui me ramènent chez moi : je ne rentre pas complètement bredouille, mais je me promets de ne plus participer de sitôt à un vide-grenier, et tout ce que je n’aurai pas vendu en ligne d’ici la mi-décembre ira aux bonnes œuvres.

 

Un dessin sur les Midterms aux Etats-Unis...

 

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Lundi 14 novembre

 

10h30 : J’éprouve le besoin urgent de lâcher prise. Je suis quand même sorti en ville pour régler quelques affaires, dont l’expédition d’un colis. Je vais aussi déposer dans une boîte à dons mes exemplaires de L’écho des savanes des années 2000 : au vide-grenier, j’ai pu constater de visu que c’était invendable, les gens me lançaient de sourires narquois quand ils les voyaient sur ma table ! Je peux ainsi voir, en centre-ville une pub pour la fiction que diffuse ce soir TF1, inspirée des sketches des Inconnus… C’est devenu la nouvelle marotte de la télé : dès qu’un humoriste ou un groupe comique a du succès, on enquille à la queue leu-leu ses « meilleurs sketches » (selon les critères des programmateurs télé), on écrit un semblant de scénario qui permet de les relier, et on diffuse le tout en prime-time les soirs où il n’y a ni série ni télé-réalité à diffuser. La première (et la dernière) fois que j’ai assisté à ça, c’était chez mes parents, le soir où ils ont passé le téléfilm basé sur les sketches de Muriel Robin : j’ai constaté d’entrée de jeu que ce qui pouvait éventuellement faire rire sur une scène devenait franchement insipide une fois recyclé ainsi, et quand j’ai vu arriver, sortant de je ne sais quel sarcophage, Line Renaud, j’ai compris que je ne pourrai jamais regarder jusqu’au bout… Tout ceci confirme mon point de vue : la télé, il faut l’avoir quand on a une vie de famille, surtout pas quand on est célibataire et sans enfant, à moins de vouloir rendre sa solitude proprement suicidogène !

 

14h30 : Je reçois un message de PayPal me rappelant que j’ai un compte chez eux : je l’avais complètement oublié ! Ils m’annoncent que mon compte est inactif depuis longtemps. Bon. Et que croyez-vous qu’ils vont faire ? Me le supprimer ? Mais non : ils me menacent de me faire payer des frais si je ne m’en sers pas bientôt ! En clair, ils veulent me faire payer pour des services que je ne leur demande pas ! Même une banque ne serait pas rapace à ce point-là ! Je décide aussitôt de supprimer mon compte : ça prend un peu plus de temps que ce à quoi je m’attendais car le compte n’était pas à jour (comprenez : j’étais encore enregistré avec la carte bleue que j’ai jetée l’année dernière) et j’avais un avoir de vingt euros (du diable si j’en connais la provenance) à récupérer… Un bon conseil : fuyez PayPal, c’est encore pire que les banques ! Comme quoi c’est possible…

 

Un dessin sur la coupe du monde au Qatar...

 

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Mardi 15 novembre

 

10h30 : Je descends à nouveau la rue Jean Jaurès à pied, j’ai quelques affaires à régler. Il y a beaucoup de mendiants et de commerces fermés, ce n’est pas fait pour arranger mon moral… Je découvre par la même occasion la campagne de la ville qui souligne, à juste titre, qu’exhorter une femme à perdre du poids, c’est déjà lui faire violence : voilà de quoi répondre à ceux qui s’obstinent à considérer comme un chef-d’œuvre « Tu t’laisses aller », la chanson stupide et sexiste d’Aznavour, ce crétin qui trouvait le moyen de gâcher jusqu’aux rares belles chansons qu’il lui a été donné d’écrire – je vous jure, je préfère entendre « Les comédiens » interprétée par une chorale plutôt que bramée par lui-même ! Tandis que même la chanson la plus bâclée de Renaud n’est intéressante que changée par l’auteur, fût-ce avec la voix cassée…

 

Mercredi 16 janvier

 

2h30 : J’ai un mal de chien à dormir. Je ne suis pas excessivement gêné par l’orage qui s’est abattu sur Brest, mon appartement étant bien isolé contre les bruits extérieurs. J’entends tout de même un drôle de bruit : j’ai l’impression d’entendre un drone passer à cent à l’heure au-dessus de mon lit ! Rendez-vous demain matin pour voir si cet orage a eu des conséquences… 

 

8h30 : On the road again… J’ai rendez-vous au port du Moulin Blanc, j’attends donc, sur la place de Strasbourg, le bus pour Le Relecq-Kerhuon : je peux ainsi voir les pubs pour Le Late, la nouvelle émission d’Alain Chabat sur… TF1. J’ai beau être fan du chef de Les Nuls, il m’en faudrait plus pour me faire regretter de ne pas avoir la téloche. Je pourrais accuser Chabat de trahir l’esprit Canal en passant chez Bouygues, mais après tout, ce n’est pas de sa faute si la chaîne cryptée, sous les coups de boutoir de Bolloré, a tourné le dos à l’impertinence ; et si la « boîte à cons », au contraire, tente de redorer son blason en faisant appel au talent de Chabat, je ne reprocherai pas à ce dernier de chercher l’argent là où il est ! Bref, je serais le fantôme de Rousselet, De Greef ou Gildas, je lui dirais : « Bah, amuse-toi, mon petit, la vie est courte… »

 

8h45 : Le bus ne devrait plus tarder. Heureusement que je ne dois pas prendre le tram, il est à l’arrêt, l’orage ayant provoqué une coupure de courant ! Justement, je reçois un SMS d’Enedis m’annonçant l’annulation d’une autre coupure, celle pour travaux au nom de laquelle ils me cassaient les pieds depuis des semaines ! Ou bien les intempéries l’ont rendue inutile ou bien ils sont trop occupés à faire revenir la « fée Électricité » (une fée qui a peur de l’orage, apparemment !) dans les foyers brestois ! C’est pathétique : ces entreprises s’arrogent le droit de nous harceler, mais au moindre caprice de la nature, elles ne peuvent que reconnaître leur impuissance, qu’elles partagent avec leurs clients ! Il y a des jours où j’ai presque hâte d’assister au grand effondrement, rien que pour rabattre une fois pour toutes leur caquet à ses grosses boîtes arrogantes !

 

10h : Le prof d’EPS de mes années lycée est à l’heure au rendez-vous que je lui avais fixé : je voulais le revoir, d’une part parce qu’il vient de prendre sa retraite et je tenais à garder le contact avec cet homme qui fut mon premier prof à ne pas avoir été un emmerdeur, d’autre part parce que j’ai eu la bonne idée de faire une enquête sur les enseignants en retraite et de recueillir leurs témoignages sur leur carrière et leur vision de l’évolution de leur métier. Évidemment, le constat est plutôt amer… Mais ce qui me frappe au cours de nos échanges, c’est qu’il n’emploie presque jamais le « je » et toujours systématiquement le « nous » : apparemment, la solidarité entre profs d’EPS n’était pas un vain mot ! C’est à ça qu’on reconnait un individu dévoué au service public et non pas obsédé par sa seule carrière : ça se perd et je suis loin d’en être un moi-même…

 

11h30 : J’ai juste le temps de me faire couper les cheveux avant la fermeture du salon où j’ai mes habitudes. La coiffeuse respecte mon désir de ne pas converser : je peux ainsi entendre la radio qui passe l’un des nouveaux titres… De Louise Attaque. Apparemment, il n’y a pas que Sardou qui fait son retour ! Heureusement, du reste.

 

12h : Déjeuner au Biorek brestois où on me confirme que l’orage a privé de courant un certain nombre de foyers et de commerces. Mais les conséquences ne sont pas dramatiques : tout au plus certains ont-ils été empêchés de regarder jusqu’au bout leur série Netflix… J’ai quand même l’idée de recueillir des témoignages sur ce « tonnerre de Brest » et la coupure de courant qui s’est ensuivie : une fois rentré, je vais lancer un appel à témoins.

 

Un dessin sur les toiles de maître souillées par des militants...

 

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Jeudi 17 novembre

 

9h30 : Je ne dois pas m’attarder chez moi : c’est donc à la va-vite que je finalise quelques dessins d’actualité et compose un article avec le peu de témoignages que j’ai reçus. J’apprends à travailler en quatrième vitesse, ce ne sera pas inutile si je veux me professionnaliser !

 

11h30 : Je retire un colis dans une épicerie qui est un peu plus vide à chaque visite : encore un commerce de proximité en fin de vie… Quelle tristesse.

 

12h : Je déjeune dans un bistrot de la place de la Liberté où je dois recevoir quelqu’un en début d’après-midi : je ne suis pas très à l’aise, il y a trop de bruit et de lumière pour moi, je suis même obligé de mettre des boules Quiès en mangeant !

 

13h : Ayant fini mon repas, je relève mes mails : j’apprends que mon article sur l’orage, trop maigre, ne passera pas. Décidément, on ne fait rien de bien quand on travaille dans la précipitation ! Si j’ai une autre idée d’appel à témoins, je m’y prendrai autrement, ou alors je prendrai un sujet qui me permettra d’enquêter pendant au moins une semaine entière !   

 

14h : Mon rendez-vous est à l’heure : c’est un particulier qui désire qu’on parle dans la presse de son livre sur les Bretons émigrés dans le Sud-Ouest. Le sujet n’est pas inintéressant : il faut savoir qu’après la première guerre mondiale, beaucoup de Bretons revenus du front se sont retrouvés sans travail, faute de terres pouvant être attribuées à tous les fils des familles nombreuses dont grouillait littéralement la région. Ils ont donc été envoyés en Dordogne, non seulement pour qu’ils y trouvent du travail mais aussi dans l’espoir qu’ils christianisent cette terre de mécréants : le premier objectif fut largement atteint, le second un peu moins ! Cette émigration a pris fin dans les années 1960 quand des figures bretonnes comme Alexis Gourvennec ont commencé à militer pour le droit de rester et de travailler au pays : une revendication qui reste actuelle à notre époque où certains s’obstinent à considérer la Bretagne comme un pays de ploucs dont il faudrait partir à tout prix et ne revenir qu’à la retraite…  

 

15h : Alors que je suis toujours au bistrot, à travailler, je reçois le coup de fil d’un autre individu qui m’a déjà dérangé en plein repas : je n’ai pas le courage de lui dire que je ne comprends rien (si ce n’est que lui aussi veut qu’on parle de son livre dans le journal) à cause de la musique qui retentit dans l’établissement, je m’en tire en lui demandant de lui envoyer en temps voulu un mail avec toutes les informations. J’ai le sentiment qu’on s’intéresse beaucoup à ma personne en ce moment, pas forcément pour de bonnes raisons…

 

16h : Brève halte dans un bar du port de commerce que j’ai décidé de démarcher : j’ai constaté qu’il y a souvent beaucoup de monde le jeudi soir, quand les étudiants arrosent la fin de la semaine, je me suis donc dit que si je pouvais y proposer mes caricatures, je devrais pouvoir me faire pas mal d’argent ! La salle est spacieuse, il ne devrait pas être difficile de m’y trouver une place : le serveur avec lequel je discute n’a pas l’air chaud, mais ce n’est pas lui qui décide ; il me promet d’en parler à son patron, il me reste à croiser les doigts…

 

18h : J’assiste à une conférence organisée par la SEBL : le contre-amiral Nerzic nous raconte comment, pendant la première guerre mondiale, le navire Dacia a profité d’un câble télégraphique allemand, que l’armée britannique avait coupé, pour relier Brest à Dakar ! J’ai un peu mal à suivre la partie technique, mais l’histoire n’en est pas moins passionnante. L’équipage du Dacia n’a pas démérité, il ne leur a fallu que quelques kilomètres de câble neuf pour faire la jonction ! Mais ça ne leur a pas porté chance : escorté en zone dangereuse par un navire bon pour la casse, il a été coulé par les Allemands à Madère… Sad ending, isn’t it ? En tout cas, en tant que familier des conférences de la SEBL, je me réjouis d’y assister désormais dans une salle confortable (la salle Yves Moraud de la faculté Victor Segalen) qui remplace avantageusement celles des saisons précédentes, d’autant que les jeunes sont moins réticents à venir (il y a quelques étudiantes dans la salle) et s’il y a bien un public auquel de telles conférences peut apporter quelque chose, ce sont bien eux, non ?

 

19h15 : J’arrive à La Raskette : j’y retrouve avec délectation la délicieuse Cécile qui est elle aussi contente de me revoir. Il n’y a pas grand’ monde dans la salle, même les musiciens habituels ne sont pas au rendez-vous, déclarant vraisemblablement forfait face au temps automnal : ne désespérons pas, ça commence à peine…

 

19h30 : Faute de combattants pour l’instant, Cécile chante elle-même, accompagnée à la guitare par le petit Maxime, aussi fidèle que brillant. Cécile chante divinement bien : et dire que nous ne sommes pas une dizaine à profiter de sa voix de sirène alors que des milliers de crétins vont se presser pour écouter bramer ce vieux topinambour de Sardou…

 

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20h : Je suis déjà passé sur scène, j’ai fait quelques slams, dont certains que je n’ai encore jamais déclamés. Il n’y a guère plus de volontaires qu’à mon arrivée, Cécile en profite pour dîner et s’attable à côté de moi : nous discutons, nous en profitons pour mieux nous connaître… Je constate avec plaisir qu’elle connaît Hedy Lamarr, l’actrice et inventrice américaine qui, non contente d’avoir été une des femmes les plus sexy du monde, fut une brillante chercheuse dont les travaux ont servi de base à l’invention de la wi-fi : trop parfaite pour l’Amérique machiste et puritaine, on lui a taillé une réputation sulfureuse… Cette histoire est assez peu connue du public, je me réjouis de pouvoir en discuter avec quelqu’un ! Cécile se défend d’être intelligente, mais, comme beaucoup de gens à qui on a appris très tôt qu’ils ne pourraient être que des producteurs sans cervelle (c’est-à-dire presque tout le monde sauf les gosses de riches), elle l’est beaucoup plus qu’elle ne l’admet.    

 

21h30 : Cécile a réussi à entraîner sur scène trois jeunes femmes fraîchement arrivées dans l’établissement : elles nous offrent une interprétation de « L’hymne des femmes ». Voilà qui tombe bien, après notre discussion sur le machisme et Hedy Lamarr ! J’ai toujours trouvé cette chanson très belle, je regrette presque d’être un homme pour ne pas pouvoir l’interpréter !  

 

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22h : Toujours aussi peu de public : ce n’est pas ce soir que je ferai des affaires, je décide de partir avec une demi-heure d’avance, ma journée ayant été bien remplie. Je promets à Cécile de revenir la semaine prochaine… C’est curieux, malgré le bilan mitigé, je suis content : peut-être parce que j’ai eu le privilège d’assister gratuitement à des moments exquis que la grande majorité des Brestois a ratés !

 

22h30 : Je descends la rue qui mène à mon immeuble. Je suis interpellé par un drôle de type, bourré, défoncé ou tout simplement abruti : il se montre insistant, je n’arrive pas à m’en débarrasser, j’ai beau lui dire que je n’ai pas de cigarettes et que je ne veux pas de la pizza qu’il transporte, il semble décidé à me coller au cul. Il me barre le chemin, j’essaie de l’éviter, mais il me ceinture ! J’appelle au secours… Et il s’enfuit sans demander son reste ! Moi dont les cris n’ont jamais impressionné personne… Et c’est la première fois en trois ans et demi que je vis une mésaventure de ce type ! Si c’est ça, les agresseurs dont on m’a rebattu les oreilles quand je me suis installé à Lambé…

 

Un dessin sur un drame que l'on peut cependant relativiser...

 

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Vendredi 18 novembre

 

18h : Ce matin, au marché, j’ai pris soin d’éviter la fromagère habituelle : j’y reviendrai plus tard, le temps que ça se tasse – et accessoirement, que j’épuise le stock de fromage qu’il me reste. J’ai passé ma journée sur mon PC, à scanner et à coloriser des dessins, et, bien sûr, à écrire. J’aimerais me dire que je n’ai plus qu’à me préparer à passer un week-end pépère, mais il faudra sans doute repasser : j’ai une lettre à expédier, un colis à récupérer, des affiches à retirer et, par-dessus le marché, j’attends deux visites familiales, dont une de mes parents qui se sont mis en tête de m’acheter un nouveau frigo… Par pitié, laissez-moi créer en paix !

 

Pour terminer, l'affiche d'un événement auquel je vous convie d'ores et déjà :

 

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[1] TRONCHET Didier, « Chouette, le 11 novembre ! »,in Fluide Glacial n°390, p. 56.



18/11/2022
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