Du 11 au 15 juin : no sea, no sex and no sun, please !

 

 Dimanche 11 juin

 

14h30 : Descente au bois de la Brasserie pour lire l’ouvrage collectif Étudier l’empire auquel j’ai contribué avec un article sur la notion d’imperium chez Suétone. Je ne sais pas si tous les auteurs qui participent à ce genre de livre prennent la peine d’y lire d’autres articles que le leur : si ce n’est pas le cas, ils ont tort, en tout cas, pour ma part, j’en apprends de belles en lisant les autres contributions ! Saviez-vous, par exemple, qu’à la moitié du IIe siècle avant notre ère, les Macédoniens, ne supportant plus la botte romaine, ont suivi comme un seul homme un mercenaire qui se faisait passer pour le fils de leur roi déchu ? Il fallut plus d’un an aux Romains pour mater cette révolte, comme quoi il ne faut jamais sous-estimer le ressentiment d’un peuple qui se sent humilié… Et saviez-vous que ce qu’on a appelé « l’empire mongol » n’était pas le fruit d’un plan à long terme mais la conséquence de la recherche, par un peuple de bergers, de la paix, de la sécurité et de la tranquillité du commerce et de l’élevage ? Le fameux Gengis Kahn n’était lui-même qu’un pasteur, tout juste plus opulent que les autres, qui n’agissait que dans l’intérêt de ses pâturages. Bien sûr, les Mongols ont tué beaucoup de gens, mais ils ont subi eux-mêmes des pertes qu’on ne peut pas quantifier et leurs actes de barbaries n’ont été ni pires ni meilleurs que ceux de nos pays « civilisés »… Bref, une lecture véritablement enrichissante, d’autant plus satisfaisante qu’il ne se trouve aucun blaireau armé d’un crache-zikmu pour me déranger ! Compte tenu de mes expériences passées, c’est déjà inespéré…

 

Lundi 12 juin

 

14h : J’apprends la mort de Silvio Berlusconi. Il n’y a pas trop de regrets à avoir : les Italiens n’avaient plus besoin de lui, ils ont trouvé encore pire pour gouverner leur pays…

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Mardi 13 juin

 

17h : J’interromps mon marathon graphique pour me préparer à recevoir une amie. J’aurai passé le gros de ma journée dans la pénombre de mon atelier dont j’ai baissé le volet : je l’avoue, je ne supporte plus ce soleil obstiné qui n’est plus pour moi que la bande-annonce de la catastrophe écologique annoncée ! Logiquement, toutes les alertes qui ont été lancées auraient dû tous nous conduire depuis longtemps à abandonner l’automobile individuelle, les bataillons d’objets connectés et les voyages en avion. Mais je suis maintenant convaincu que l’être humain ne tient pas vraiment à la vie : dans ma thèse, j’étais arrivé à la conclusion que l’un des sentiments ayant favorisé l’émergence de la croyance en l’immortalité de l’âme était précisément la peur de la vie, due à tous les soucis et toutes les souffrances que l'existence implique… Si les hommes tenaient à vivre, comment expliquer toutes les conduites dangereuses adoptées en parfaite connaissance de cause, ne serait-ce que la guerre ? Dans le Caligula de Camus, on peut voir un patricien demander aux dieux de prendre sa vie en échange de celle de son prince ; celui-ci, le prenant au mot, le fait exécuter et, devant les protestations de sa victime, lui rétorque : « La vie, mon ami, si tu l’avais assez aimée, tu ne l’aurais pas jouée avec tant d’imprudence. »[1] Cette réplique résume assez bien l’absurdité de la conduite des hommes…   

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Mercredi 14 juin

 

9h15 : J’ai loué un kiosque à la PAM. Malgré ma déception de la dernière fois, je veux bien donner une seconde chance à ce lieu qui m’avait paru prometteur quand j’y avais passé un mercredi après-midi. Je suis assez vite installé, et la première personne à m’approcher vient me demander… Si le bar est ouvert. Ça commence déjà !

 

9h45 : Le kiosque d’à côté a été loué lui aussi, j’aurai donc une voisine qui est justement en train de s’installer : elle vient faire la promotion d’une méthode de relaxation japonaise censée soigner certaines maladies… Quelqu’un connaît le féminin de « charlatan » ?

 

10h20 : À la demande des dames qui ont loué le petit local situé juste en face, on nous passe des chants de baleine. Un mythe s’effondre : ce n’est pas mélodieux du tout ! C’est même très désagréable à entendre ! Franquin n’avait finalement pas tort d’écrire que Gaston « chantait comme une baleine »… En attendant, je ne sais pas s’il y a un lien direct de cause à effet, mais il n’y a vraiment pas foule…

 

11h30 : Je reçois la visite d’un artiste de mes connaissances, qui a travaillé à la PAM au temps où c’était encore une imprimerie. Évidemment, il ne reconnaît plus rien ! Il ne remet cependant pas en question le réaménagement du lieu qui, il est vrai, aurait pu tomber en de plus mauvaises mains…

 

14h : Je feuillette le dernier Côté Brest où l’on trouve, entre autres, une interview de Ragnar le Breton. J’en avais vaguement entendu parler, mais j’ignorais qu’il devait sa notoriété à des vidéos où on le voit donner des gifles aux gens ! Et il déclare juger que nous vivons « une époque de petites quéquettes »… Voilà les miracles des nouvelles technologies de conversation : elles offrent notoriété et couverture médiatique à des crétins pareils ! Je ne peux pas m’empêcher de penser au film Idiocracy qui met en scène un monde peuplé exclusivement de crétins et où un catcheur devient président des États-Unis : le réalisateur s’était défendu de vouloir imaginer réellement l’avenir et avait affirmé qu’il voulait faire la satire de la décadence culturelle de l’Amérique, c’est-à-dire qu’il parlait moins du futur de son pays que de son présent… Manifestement, l’Europe est en train de rattraper le nouveau monde en bêtise !

 

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16h : C’est le désert ! Je n’ai pas eu un seul client pour les caricatures ! J’en arrive à ne même plus supporter que quelqu’un s’en aille en me disant « bonne journée » sans même avoir pris la peine de s’intéresser à ce que je proposais ! Je reste encore une demi-heure avant de plier les gaules !

 

16h30 : Une amie passe me voir. Je la remercie d’avoir sauvé ma journée. Après lui avoir cédé le badge qu’elle vient de m’acheter, je remballe en me promettant de ne plus revenir exposer ici : l’intérêt que le lieu avait suscité à son inauguration est manifestement déjà passé, il n’y a plus de potentiel pour moi… Je sors : le soleil écrase la ville, les affiches appelant à économiser l’eau ont fleuri… La journée aura été sinistre d’un bout à l’autre !

 

21h : Après le cours du soir, je suis déjà chez moi. La prof et les autres élèves ont beau avoir été adorables, je n’ai goût à rien. Je me couche tout de suite, sans même dîner. Je n’ai pas d’appétit et surtout pas celui de vivre. Résumons-nous : j’ai pris un bide monumental, j’ai lu l’interview d’un individu plus vulgaire qu’Hanouna et j’en ai ras le bol de cette ambiance estivale ! Je me sens malade de l’âme et du corps, je voudrais ne jamais me réveiller.   

 

Quelques travaux réalisés dans le cadre du cours du soir : d'abord, une vue de mon salon...

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Une assiette décorée par mes soins...


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...et ma famille en Mafalda et ses amis :


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Jeudi 15 juin

 

14h : Mon vœu n’a pas été exaucé, je suis toujours vivant. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je suis sorti en ville pour exécuter quelques tâches, dont une visite chez Pod en vue d’un événementiel qu’il envisage d’organiser cet été. Je n’avais prévenu personne et je débarque dans une galerie où tout est prêt pour le tournage d’une vidéo YouTube mettant à l’honneur Gwendal Lemercier ! Je ne m’attarde pas après avoir informé le maître des lieux de ce que j’avais à lui dire, de peur de me sentir de trop – de toute façon, je me sens déjà de trop sur Terre depuis longtemps...

 

Pour terminer, voici une nouvelle série de variations, cette fois sur Jojo et Gros-Louis, les petits personnages du grand André Geerts :

 

Gros Eddy et Jojohnny :

 

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Gros Rino et Jojoë le tigre :


06-13-Jojo et Gros-Louis-André Geerts (2) Joë le tigre et Gros Rino - La jungle en folie.jpg

Maïté et Brigitte Bardot (il faut savoir que le père de Gros-Louis est pâtissier et que celui de Jojo, veuf, refait sa vie avec une vétérinaire) :


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Jojo Dassin et sa femme :


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Jojohnny Depp et sa nouvelle fiancée :


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Jojosé Garcimore et Denise Fabre :


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Jojohan et Gros-Pirlouit :


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Mario et Gros-Luigi (le père de Jojo est plombier) :


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La chanson de Jacques Brel, bien sûr :


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Gros-Renaud et Jojonathan (Geerts a illustré la chanson "Jonathan") :


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En Blake et Mortimer :


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Enfin, en Pingouin et en Jojoker :


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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine.



[1] Albert CAMUS, Théâtre, récits, nouvelles, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1962, p. 93.



16/06/2023
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