Du 10 au 16 décembre : kenavo, monsieur Gallou

 

Commençons avec une photo que j'aime bien :

 

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Samedi 10 décembre

 

12h : Avant d’aller à La Vagabunda où j’ai promis de proposer une séance de caricatures, je m’offre quelques plaisirs d’hiver au Marché de Noël installé sur la place de la Liberté, dont une gaufre au Nutella… Oui, je sais ce n’est pas bien ! Mais je n’en mange qu’une fois par an, à cette occasion précisément, et puis autant en profiter : quand l’interdiction des produits issus de la déforestation sera entrée en vigueur (le plus vite possible, j’espère), ce ne sera plus qu’un souvenir ! Je culpabilise un peu, je l’avoue… Tout en savourant cette saloperie, je croise la femme d’un ami qui promène ses petits-enfants : cette dame, qui a été élevée durement dans une pension sans doute mal tenue, ne manque pas de vitupérer contre les gosses pourris-gâtés d’aujourd’hui et contre son époux qui la laisse s’occuper seule des gamins ! Cela dit, j’ai le net sentiment qu’elle rouspète pour le principe mais qu’au fond, elle adore ça… Ceux qu’on appelle aujourd’hui les « seniors » sont, il est vrai, très sollicités par leurs enfants qui ne sont plus le « réconfort de leurs vieux jours » : quand ces derniers ne s’incrustent pas à la maison jusqu’à la trentaine, ils leur confient facilement les petits, mais au fond, est-ce que ça n’aide pas nos aînés à se maintenir debout et à ne pas se laisser aller ? J’ai parfois de la peine pour mes parents qui me soutiennent matériellement et ont encore ma sœur à leur charge, mais je ne les vois jamais s’en plaindre : mon père est encore robuste, ma mère est encore mignonne, est-ce que ce n’est pas justement dû en partie au fait qu’ils ont conscience que nous avons encore besoin d’eux ? Je suis heureux et fier d’avoir une maman encore jolie et un papa encore costaud, tant mieux si j’y suis pour quelque chose – même si ce n’est pas une excuse pour me laisser aller, bien sûr.    

 

Puisque je parle de ma famille...

 

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14h : Il ne passe pas grand’monde à La Vagabunda : le froid et la coupe du monde de foot retiennent les braves gens dans leurs clapiers. Les rares visiteurs ne sont pas vraiment volontaires : il se trouve même une dame pour me dire qu’elle s’était fait caricaturer jadis et que ça l’avait traumatisée ! Ce n’est pas de ma faute si elle n’a aucun humour ni si elle est tombée sur un « collègue » qui n’avait peut-être pas de talent… Un homme me dit qu’il repassera peut-être se faire tirer le portrait mais, comme toujours dans ces cas-là, je ne le vois pas revenir. Au final, seule Paty, la maîtresse des lieux, se fait défigurer. Fort heureusement, j’avais apporté plusieurs caricatures en chantier que je finalise pour passer le temps. Je fais aussi quelques croquis des installations extravagantes que j’ai sous les yeux, à commencer par les bulles des étranges machines créées par le bubble artist qui participe à l’exposition et qui ont l’air d’essayer de danser en rythme avec les morceaux de musique diffusés dans ce lieu d’exposition qui est aussi une boutique de disques…

 

Paty avec sa caricature : je ne l'ai pas épargnée...

 

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Votre serviteur en pleine action, photographié par l'une des délicieuses filles de Paty :


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Quelques croquis réalisés sur place : 

 

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Les caricatures finalisées à La Vagabunda : Finkielkraut...

 

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Einstein...


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Trump...


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Fidel Castro...


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Gilbert Collard...


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Greta Thunberg...


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Mère Teresa...


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Sarkozy...


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Pascal Praud...


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Sir Paul McCartney...


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Etchebest...


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Roselyne Bachelot...


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Churchill...


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...et Yann Moix.


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18h30 : À une demi-heure de la fermeture, je prends congé, non sans remercier Paty pour son accueil et en promettant d’honorer sans faute l’autre rendez-vous que nous avons fixé pour la semaine prochaine. En ville, c’est le souk : des cris de joie, des klaxons, des feux d’artifice… Je sais que l’équipe de France joue ce soir, mais je m’étonne que l’ambiance soit déjà si chaude alors que le match n’a pas encore commencé ! Qu’est-ce que ce sera s’ils gagnent ! Et je suis encore plus étonné quand je vois des drapeaux marocains : c’est quoi ce binz ? Renseignement pris, je comprends que cette flambée de joie est due au fait que l’équipe du Maroc s’est qualifiée pour les demi-finales : mine de rien, il y a plus de Marocains que je ne l’imaginais à Brest ! Cette manifestation de patriotisme de leur part doit faire râler les identitaires, j’imagine déjà les articles haineux des imbéciles qui trouvent intolérable que l’on brandisse des drapeaux marocains en plein centre d’une métropole française, qui plus est siège de la force de frappe nationale, et gnagnagni et gnagnagna ! Pourtant, si tous ces gens ont quitté leur pays magnifique et ensoleillé pour s’installer dans notre région froide et minable, c’est peut-être justement parce que leur terre natale n’est pas si paradisiaque que le laissent croire les guides touristiques… Et puis leur ferveur footballistique prouve qu’ils sont aussi cons que les Français ! Cela dit, j’ai beau trouver ridicules ces beaufs qui se sentent obligés d’exulter parce qu’une poignée de nantis a mis la baballe au fond des filets, je me dis, toutes proportions gardées, que ce sont encore des gens bien par rapport aux abrutis qui ont dégainé leurs smartphones pour filmer les feux d’artifice ! J’ai hâte de rentrer et de fuir cette foule imbécile…    

 

Lundi 12 décembre

 

10h30 : Après un dimanche de réclusion volontaire, je sors faire un don au secours populaire : je me débarrasse de quelques livres qui m’encombraient et que je ne relirai plus. Je ne sais pas trop à qui m’adresser, jusqu’à ce qu’un homme d’âge mûr me remarque et ramène une caisse dans laquelle je dépose mes ouvrages surnuméraires : on sent qu’il est habitué. Mais plus encore que l’amabilité, la disponibilité et l’efficacité des responsables, ce qui me frappe, c’est qu’il y a quand même beaucoup de gens qui viennent faire leurs courses ici et qui n’ont pas tellement l’air d’être des cas sociaux : c’est un bon thermomètre de l’état d’une société !

 

Mardi 13 décembre

 

16h : Tout en travaillant sur un projet qui me trotte dans la tête depuis déjà un certain temps, j’écoute enfin deux CD qui attendaient depuis déjà quelques semaines que je les mette dans mon lecteur : le dernier EP d’Aline Impieri et le dernier album de Liloo. Satisfecit pour le premier, même si je ne suis pas convaincu par sa reprise de « L’aventurier » d’Indochine : changer le rythme de la chanson n’était pas la meilleure chose à faire, même si c’est mieux adapté à la voix d’Aline – en revanche, sa reprise de « Hot stuff » arrache des larmes. Quant à Liloo, son album intitulé « Le bonheur comme il vient » est un vrai chef-d’œuvre : il n’est pas facile d’être positif sans sombrer dans la mièvrerie et elle y est magnifiquement arrivée. Bien sûr, je ne suis pas complètement objectif car ces chanteuses sont toutes deux de bonnes copines, mais si ce qu’elles font n’en valait pas la peine, je n’en parlerais même pas. Si, je vous jure !

 

Un dessin réalisé dans la journée :

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Mercredi 14 décembre

 

10h : Je sors poster du courrier et acheter du pain : je découvre ainsi une lettre de mon bailleur annonçant une augmentation des loyers. Une fois dehors, je marche sous une pluie battante dans le vent glacial, et je constate que les unes des journaux sont accaparées par le foot… C’est ce qu’on appelle une journée qui commence bien !

 

12h : Me voici en centre-ville pour régler quelques affaires courantes : avant tout, je casse la croûte à la Brioche dorée et j’en profite pour jeter un œil sur la presse. Une fois passées les pages sur la demi-finale France-Maroc, j’apprends que le concours Miss France se tiendra ce week-end, que les idées du RN continuent à se banaliser et qu’il y aura bientôt à Brest un spectacle basé sur les chansons de Sardou… On est cernés !

 

13h30 : Pour les besoins d’un article, je prends quelques photos des drapeaux qui flottent sur la façade de l’hôtel Océania. J’aurais voulu en faire une avec la porte de l’hôtel, mais celle-ci est occupé par un type qui fume une cigarette et converse sur son téléphone portable… Comme je ne me sens pas de devoir lui payer des droits, je prends le parti de patienter jusqu’à ce qu’il rentre. Au bout d’un quart d’heure, il est toujours là, à papoter sur son bigophone et à griller clope sur clope ! Je me gèle et j’ai déjà pris plus de vingt-cinq photos des drapeaux pour tromper mon ennui ! J’abandonne et je reprends ma route, non sans maugréer : il n’y a pas si longtemps, ce bonhomme serait resté à l’intérieur, pour la bonne raison qu’on pouvait encore fumer dans les hôtels et que les clients avaient un téléphone à leur disposition ! Si ma mère m’exhorte encore une fois à acquérir un smartphone, je la dénonce à la DASS !

 

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14h : Brève halte à la galerie Id Pod pour mettre mes calendriers en dépôt-vente : j’y retrouve le photographe Yves Larvor qui me parle du fanzine Stread ; apparemment, cette publication qui met à l’honneur la photographie de rue trouve son public et c’est tant mieux : il n’y aura jamais trop de supports pour l’art, à plus forte raison s’ils permettent aux Brestois de se réconcilier avec leur ville – même si, de ce côté-là, ça va mieux que quand j’étais enfant.  

 

14h30 : Passage à « Au coin d’la rue », rue Saint-Malo, pour rencontrer Mireille Cann : il y a longtemps que je n’étais pas venu dans cet endroit pourtant sympathique et chaleureux, où rien ne manque pour se sentir à l’aise, pas même les chats à caresser. Il est vrai que la rue Saint-Malo, qui a échappé au comblement des vieilles rues de Recouvrance pendant la reconstruction, n’est pas à proprement parler un lieu de passage : elle est encaissée et on n’y vient pas par hasard, même quand on passe dans le quartier – ce qui m’arrive de surcroît assez rarement. Cet état de fait illustre bien ce qui m’amène à parler à la présidente fondatrice de l’association « Vivre la rue » : je viens déposer entre les mains de son asso le sort du « Chemin positif » créé dans cette rue par mon amie Elena. Celle-ci m’en avait confié les destinées au moment où elle avait quitté Brest, mais je n’ai jamais eu le temps de m’en occuper vraiment, alors autant passer la main à des gens qui sont sur le terrain.

 

15h45 : Dans le bus, je suis assis côté couloir, la place côté fenêtre étant occupée par une jeune femme. Celle-ci appuie sur le bouton d’arrêt : je me lève pour lui permette de descendre. Cette situation très banale me fait prendre conscience du fait que depuis que je prends régulièrement les transports en commun (soit près d’une vingtaine d’années), aucun passager ne m’a jamais empêché de descendre même si ça devait le forcer à se lever. Pourquoi suis-je frappé par ce fait si élémentaire qu’il peut paraître naturel ? Parce que j’ai été traumatisé par mon premier jour à l’école primaire où, à la sortie des cours, un élève avait essayé de m’empêcher de sortir du bâtiment : mon premier contact avec cet être singulier que l’on appelle « autrui » ne fut donc pas marqué du sceau de la courtoisie et je m’étonne encore aujourd’hui qu’on ne cherche pas à entraver mes mouvements. Au moins, j’apprécie à sa juste valeur ma chance de vivre dans un pays où nous ne sommes pas tous en guerre les uns contre les autres. Pas encore…

 

16h : Rentré brièvement chez moi pour faire du courrier, je jette quand même un œil sur la page Facebook de Côté Brest et j’apprends ainsi que le conditionnement de l’attribution du RSA va être testé dans 19 départements. Ce qui me choque le plus, ce n’est même pas tellement cette mesure en tant que telle : le président l’avait annoncée, il ne nous aura pas pris en traîtres, et si les Français voulaient une politique qui s’occupe un peu des démunis, ils auraient voté pour la gauche, par pour Macron ou Le Pen ! Non, ce qui me heurte, c’est le fait que dix-neuf départements, sur les 101 que compte la France, aient été choisis, suivant des critères dont la logique m’échappe, pour servir de laboratoires à ciel ouvert pour une mesure qui, si ça se trouve, se révélera inadaptée et inefficace : rappelons que les départements avaient été créés en 1789 pour mettre tous les citoyens sur un pied d’égalité et en finir avec les privilèges locaux hérités de l’ancien régime, c’est donc une conquête de la révolution française qui est bafouée ! Je sais pourquoi Macron a rebaptisé son mouvement « Renaissance » : c’est parce qu’il nous renvoie 500 ans en arrière ! À cette différence près que nous ne nous retrouverons pas les artistes géniaux de cette époque : il les a catalogués « non essentiels »…

 

17h30 : Je suis déjà à l’annexe des Beaux-arts où un autre élève, un homme d’âge mûr, essaie maladroitement de « flasher » le QR code d’une affiche avec son smartphone : me remémorant ma mésaventure de cet après-midi, je ne peux m’empêcher de rire – comme à chaque fois, d’ailleurs, que la technologie envahissante s’avère inefficace ! S’ensuit une conversation sur l’utilité des smartphones : il m’explique qu’il en a acheté un pour ne pas être largué face aux nouvelles technologies ! En gros, il a « suivi le mouvement », comme un bon mouton… Je ne comprendrai jamais ça !

 

18h : Au cours du soir, la prof nous fait dessiner du fromage et du jambon avec des crayons de couleur ! J’ai un peu de mal à trouver la bonne nuance pour l’emmenthal que j’ai apporté, mais je suis agréablement surpris avec ce que je fais de mon jambon : une couche de beige, une couche de rouge, une couche de violet et j’obtiens une tranche de jambon cru plus vraie que nature ! La seule chose embêtante, ce n’est pas tant l’odeur qui envahit progressivement la salle : c’est plutôt le papier de couleur qu’il a fallu placer sous les denrées qui nous servent de modèles et qui déteint sur ces dernières ! C’est dommage de gâcher ça, tout de même…

 

Pas mal, non ?

 

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20h30 : Je me suis un peu tâté : est-ce que je prends quand même le risque de dîner en ville alors que, quel que soit le résultat du match, il risque d’y avoir une ambiance assez électrique ? Je décide finalement de faire face et je retrouve Alexandre, fidèle au poste derrière son comptoir, au Biorek brestois : il boycotte la coupe du monde, son établissement est donc un refuge parfait face à la folie du ballon rond ! Mais bien sûr, ce soir, je suis son seul client… J’avoue que j’y ai cru, que la polémique autour du Qatar dégouterait les gens de la coupe du monde. Pas longtemps, mais j’y ai cru.

 

22h : Rentré chez moi, j’apprends la mort de Matthieu Gallou ! J’ose à peine y croire : je le savais malade, mais tout de même ! Il n’avait que cinquante ans… L’Université de Bretagne Occidentale n’a plus de président, moi, j’ai perdu un de mes anciens professeurs : je garde un bon souvenir de ses cours de philosophie antique qui étaient clairs, riches, intéressants… Nous ne sommes pas vraiment devenus amis par la suite, en tout cas pas comme avec mon directeur de thèse, mais nous avons gardé le contact au fil de son ascension dans l’organigramme de l’université, il m’a même aidé ponctuellement quand je préparais ma thèse, par exemple en m’envoyant un article qu’il avait rédigé, m’évitant ainsi une recherche supplémentaire. Je ne l’ai pas vraiment suivi quand il a candidaté pour la présidence de l’institution, mais j’ai respecté sa décision et je n’ai pas eu à déplorer son élection : je retiens surtout qu’il a bravé son ministère en refusant d’appliquer la loi visant à augmenter les frais d’inscription pour les étudiants étrangers ! Bref, la perte est immense pour l’université ; pour ma part, ça fait encore un mort parmi mes relations et non des moindres : c’est Guernica, en ce moment ! Petit détail en passant : parmi tous ces décès, aucun n’était lié au Covid…

 

Jeudi 15 décembre

 

10h : Encore sous le choc de la terrible nouvelle, je m’offre un peu de réconfort chez mon ancienne prof d’espagnol de khâgne : elle m’annonce qu’elle prend sa retraite anticipée en juillet prochain ! En tant que mère de trois enfants, elle y a droit et elle le prend avant que Macron ne le remette en cause, pour la bonne et simple raison qu’elle en a marre : je n’en suis pas étonné, j’ai déjà interrogé plusieurs enseignants retraités qui ont tous fait état d’une dégradation de leurs conditions de travail et d’un manque grandissant de considération aussi bien de la part des parents d’élève que de l’institution… Quand j’entends ça, je suis bien content de ne pas avoir suivi l’exemple de mon enseignant de père ! D’autant que ce n’est pas près de s’arranger : le gouvernement a annoncé de nouvelles suppressions de postes dans l’éducation nationale… On vit dans un monde de barbares qui méprise les personnes chargées de transmettre le savoir à nos enfants !

 

Quelques caricatures finalisées dans la journée : Alexander Fleming...

 

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Grace Kelly...


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Amin Dada...


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Indira Gandhi...


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Jackie Kennedy-Onassis...


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Lady Di...


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Le Corbusier...

 

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Michel Debré...


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Elizabeth II enfant...


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Oppenheimer...


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...et Simone de Beauvoir.


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18h : Me voici à la fac pour la conférence mensuelle de la SEBL : d’habitude, j’arrive largement en avance à ce genre d’événement, mais j’ai pris du retard en cherchant ma sacoche que j’avais égarée, ce qui m’a fait prendre le bus en pleine heure de pointe. Heureusement pour moi, quand j’arrive, les organisateurs en sont encore à rendre hommage à Matthieu Gallou, l’orateur n’a même pas commencé à parler : il s’agit d’Alain Uguen, le président de l’association qui gère le musée de la photographie à Bourg-Blanc. Sa causerie est vite expédiée et je n’en tire pas matière à un article : je ne suis cependant pas venu pour rien car le secrétaire général de la SEBL m’a offert un exemplaire du dernier numéro des Cahiers de l’Iroise où je trouverai sûrement des histoires intéressantes à raconter. Je sens cependant que la brièveté de la présentation déçoit un certain nombre de personnes dans l’assistance : pour ma part, ça m’arrange, comme ça, je suis sûr d’arriver à l’heure pour la scène ouverte hebdomadaire à La Raskette !

 

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18h45 : Je fais quelques pas en compagnie d’un collègue historien : il me montre les photos qu’il a prises le soir de la demi-finale France-Maroc. Visiblement, la folie du ballon rond n’a pas épargné notre bonne ville de Brest : je pressentais que les belles promesses de boycott se révéleraient solubles dans la victoire, mais à ce point… J’en ai marre d’avoir toujours raison !

 

20h : La scène ouverte a commencé, avec une heure de retard, ce qui m’a laissé le temps d’engloutir une poutine pour être sûr de tenir. Céline n’est pas là, l’animation est assurée par Jefferson, le batteur, que je sens peu à l’aise dans cet exercice. Globalement, je mentirais si je disais que je passe la plus belle soirée de ma vie : la responsabilité n’incombe pas à ce brave Jeff qui fait ce qu’il peut, mais plutôt à un personnage que j’espérais ne jamais revoir, en l’occurrence le pianiste qui avait remplacé Éléonore en juillet dernier et que j’avais tout de suite détesté tant je le trouvais imbu de lui-même !  Il est venu avec sa femme, son fils et ses élèves, s’offrant ainsi un prétexte en béton armé pour passer sur scène sans arrêt ; il a toujours son attitude de branleur qui se prend pour David Guetta à Ibiza, ses disciples n’ont rien à lui envier et font un boucan d’enfer, à tel point qu’après mon passage sur scène, l’un des clients, qui me connait personnellement, vient me trouver pour me demander de lui faire lire mes slams, qu’il n’a pas pu entendre ! Le pire, c’est que l’individu qui me gâche la soirée n’est même pas tellement bon musicien, en tout cas je ne lui trouve rien d’exceptionnel quand il martèle le piano : mon meilleur souvenir restera le passage de ce couple qui interprète des chansons cajun – la caricature qui est faite de ce répertoire dans un récent album de Lucky Luke n’est pas très éloignée de la vérité ! Pour couronner le tout, je n’ai pas un seul client pour les caricatures ! Je prends congé avec une heure d’avance avant de tuer quelqu’un : je rate ainsi la prestation d’une sublime jeune femme, mais tant pis.

 

Quelques croquis - le casse-pieds n'y figure pas :

 

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21h40 : J’attends donc le bus pour Lambézellec, il devrait passer incessamment d’après les horaires que je consulte en m’éclairant avec la torche de mon téléphone. Tout de suite après, sans le faire exprès, je dirige la lumière vers l’œil d’un jeune homme : il se tort de douleur ! Son camarade m’explique qu’il est très sensible à la lumière et que je lui ai fait mal… Je bafouille quelques excuses puis je m’éloigne, de peur de prendre un coup en représailles : mais il vient me retrouver pour me dire que c’était une blague… J’ai déjà du mal, en temps normal, à saisir le second degré, et ce n’est pas quand j’attends le bus, de nuit, dans le froid, après une soirée décevante, que ça va s’arranger !

 

21h50 : Le bus n’est toujours pas passé. Je comprends que je suis victime du même gag que la semaine dernière… J’en suis réduit à remonter la rampe par laquelle le port communique avec le centre-ville, à pied, dans le froid et l’obscurité, avec mon chargement habituel sur le dos… Une fois arrivé au niveau de la place de la Liberté, j’ai encore un quart d’heure à attendre pour pouvoir prendre le bus qui me conduit à l’entrée du boulevard de l’Europe, que je vais ENCORE remonter à pied dans les mêmes conditions merdiques… Au final, j’aurai mis plus d’une heure à rentrer ! Cette grève commence vraiment à me faire... Vous m’avez compris.

 

Vendredi 16 décembre

 

10h : J’ai prévu de passer à Recouvrance pour faire un don de livres à la librairie solidaire Sapristi, mais aujourd’hui a lieu la traditionnelle levée du grand pont. Seule solution pour éviter de tomber sur un os : emprunter la ligne 4 qui dessert Bellevue et mène à la rive droite sans passer par le pont de Recouvrance. Ça fait un grand détour mais, au moins, je suis sûr d’arriver ! Suite à ma mésaventure d’hier soir, je décide de marcher le moins possible : je change donc au niveau des Capucins pour prendre le tram. Celui-ci est interrompu à mi-chemin par deux policiers qui passent à l’intérieur en coup de vent, à la recherche de je ne sais quoi… Dès qu’il s’agit d’emmerder le monde, les poulets ne se gênent jamais ! J’entends un gamin pleurer : à tous les coups, ce sont ces deux mecs armés jusqu’aux dents qui lui font peur… Rassure-toi, petit : si tu te prends une balle perdue, ce seront les gentils qui t’auront tué !  

 

10h30 : À la librairie solidaire, on me demande quel type de livres je viens donner : comme c’est assez varié, je ne peux pas vraiment répondre et je me borne à les montrer tout de suite. Comme je sais déjà ce qu’ils acceptent, je n’ai pas commis l’erreur d’amener des bouquins qui auraient été refusés et il n’y a donc aucun problème. Ils ne débordent pas d’enthousiasme à la vue du roman, de la pièce de théâtre et du recueil d’Alain que je leur apporte, mais je vois leurs yeux s’illuminer quand ils découvrent qu’il y a aussi deux BD dans le tas ! Pensez-en ce que vous voulez : l’important n’est-il pas d’apporter de la joie ?  

 

11h : J’arrive à la fac pour assister à la fin de la soutenance de thèse de Virginie Podvin sur la correspondance de Samuel Beckett. Je ne suis pas vraiment un passionné de l’auteur d’En attendant Godot, mais je connais suffisamment la doctorante pour juger légitime de venir lui apporter mon soutien : la soutenance a commencé depuis déjà un certain temps et j’arrive au beau milieu des hostilités, mais, pour une fois, ça ne me gêne pas outre mesure, c’était dans mon plan. On m’annonce deux choses qui me déplaisent au plus haut point : premièrement, ils ont pris du retard à cause d’un énième dysfonctionnement du système de visioconférence, de sorte que le président du jury, qui n’a pas voulu salir ses précieuses fesses dans notre ville trop dégoutante pour lui, suit la soutenance par téléphone ! C’est ridicule, de voir l’un des jurés se lever pour déplacer le bigophone de la table du jury à celle de la candidate et vice-versa… Deuxièmement, il faut porter un masque dans cette salle petite et bondée ! Je pense un instant prendre congé pour ne pas me plier à cette obligation imbécile, mais ce serait bête de rebrousser chemin : j’opte donc pour un compromis en relevant mon écharpe sur mon visage, ce qui n’est pas fait pour arranger mon humeur assombrie… Lors des délibérations du jury, je discute avec quelques collègues : l’un d’eux ne manque pas de parler des virus qui circulent, je me permets donc de rappeler qu’en comparaison du décès de notre président d’université, ces maladies saisonnières sont bien dérisoires… Virginie est finalement reçue, ce qui n’est pas fait pour m’étonner.

 

Quelques croquis sur le vif...

 

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Et deux dessins inspirés par les propos échangés :

 

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Quand on lui a demandé pourquoi elle avait fait peu de cas de l'approche psychanalytique de Beckett, la candidate a répondu que c'était tout simplement parce que cette approche "l'effrayait" !

 

13h30 : Après mon déjeuner, je m’installe sur le parvis pour faire un croquis de la faculté : j’ai eu une bonne idée de dessin pour honorer la mémoire de Matthieu Gallou et il m’a semblé judicieux de travailler sur le vif plutôt que d’après photo. Alors que je suis assis par terre sur les marches, je ne peux m’empêcher de penser à l’époque du collège où ce genre de posture me valait d’être traité de noms d’oiseaux et de recevoir occasionnellement des coups de pied… Comme disait Alain, « tout change, tout passe. Cette maxime nous a attristés assez souvent ; c’est bien le moins qu’elle nous console quelquefois. »

 

Le dessin en question : pas mal, non ?

 

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14h10 : J’assiste à une autre soutenance, cette fois celle de Marin Mauger sur les cultes domestiques en Gaule romaine. Je retrouve la bonne humeur, même s’il est impossible d’oublier que l’université est en deuil (nous observons même une minute de silence en souvenir de notre défunt président) : la salle est suffisamment grande pour que personne ne songe à y imposer le port du masque et, avec mes collègues antiquisants, je me sens dans mon élément. Je ne peux cependant pas m’empêcher de rechigner devant le léger retard qui a été pris, encore une fois à cause de la visioconférence ! Le pire, c’est que ce n’est même pas pour un juré (ils sont tous physiquement présent cette fois) mais pour des professeurs parisiens qui voulaient assister à la soutenance sans s’abaisser à voyager jusqu’à Brest… Fort heureusement, la qualité du discours de Marin me fait vite obliger ces désagréments : c’est un vrai professionnel !

 

Quelques croquis sur le vif...

 

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 Et quelques dessins inspirés par les propos échangés : 

 

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LARES n.m. et adj. (lat. lar, laris) MYTH. ROM. Dieu protecteur du foyer domestique (édition 2009 du Petit Larousse illustré).


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Authentique : le culte des Lares a été introduit en Gaule par des populations d'origine italique.


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18h : J’ai pris congé prématurément, à contrecœur, pour pouvoir donner ma conférence « Voyage en Normalaisie » à la Vagabunda. Le public est clairsemé, mais de toute façon, à moins de pousser les murs, on n’aurait jamais pu caser autant de spectateurs qu’à ma récente causerie sur l’histoire de Brest ! Les échanges avec l’auditoire m’apportent satisfaction, on sent qu’ils étaient vraiment intéressés : l’un d’eux, impressionné, me demande combien de temps j’ai mis à écrire ce texte ! Je réponds que je rédige vite (et bien) mais que si je tiens compte de la préparation « en aval », on peut dire que j’ai mis 34 ans à écrire ce texte qui est né directement de l’effarement que me procurent le monde dans lequel je vis et la conduite des gens que l’on dit « normaux »… Quand j’assiste à un spectacle de qualité où il y a cependant peu de spectateurs, je me sens privilégié : cette fois, je suis heureux et fier d’avoir pu offrir cette sensation à quelques personnes ! Brassens avait raison, le pluriel ne vaut rien à l’homme…       

 

C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 



17/12/2022
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