Du 10 au 14 février : L'IA, je m'en fous ! Je n'ai jamais eu besoin qu'une machine soit intelligente à ma place !

 

Commençons par un hommage à Osamu Tezuka, le dieu du manga, qui nous a quittés il y a exactement 36 ans, le 9 février 1989 - je ne suis pas fou des mangas ni même des anime japonais, mais j'ai un faible pour la version "adulte" de l'héroïne de sa série Merveilleuse Melmo qui me fait penser à une Rachida Dati en version "gentille"...

 

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Lundi 10 février

 

18h15 : Ma toux ne s’arrangeant décidément pas, je me suis résolu, au lendemain d’un dimanche plutôt paisible, à sortir pour consulter mon généraliste qui m’a donc dit que j’avais un « rhume à la con » – oui, c’est bien l’expression qu’il a employée, le temps où les médecins émaillaient leurs diagnostics d’expressions latines est révolu. Il m’a donc prescrit de la cortisone à prendre pendant trois jours (pas davantage), m’a recommandé de me rincer le nez à l’eau de mer (ce que je faisais déjà), de manger du miel (ce que je faisais aussi) et de me faire des gargarismes – ce que je n’avais pas encore jamais fait : je peux attester que c’est dégueulasse mais que ça marche. Bref, après la visite chez ce bon docteur, je passe en coup de vent à la pharmacie du Pilier Rouge et à peine suis-je sorti de l’échoppe que je suis saisi par les cris de deux types qui semblent tenir à ce que tout le quartier entende leur conversation ! Tremblant de tout mon corps, je ne peux m’empêcher de leur lancer « Gueulez plus fort, tout le monde ne vous a pas entendu », ce à quoi l’un des deux répond : « Ho, y a pas que le français sur terrer » ! Car oui, ils criaient en arabe[1], mais ils l’auraient fait dans une autre langue que j’aurais réagi de la même manière ; seulement voilà, à notre époque où, quoi qu’en disent les mâles blancs prompts à se poser en victimes, la xénophobie s’exprime sans pudeur, il n’est plus possible de faire des reproches à quelqu’un qui n’a pas une tête de Gaulois sans être automatiquement mis dans le même sac à merde que les Zemmour, Bardella, Retailleau et autres Le Pen ! Et pourtant, la connerie n’a pas de nationalité ! On le saurait…

 

Puisqu'on parle des virus hivernaux :

 

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18h40 : Dans le bus qui me ramène à Lambé, je termine la lecture du numéro 16 de Présence d’Albert Camus qui m’avait été gracieusement envoyé par la Société des Études Camusiennes (je les en remercie au passage) : les dernières pages de cette livraison de cette brillante revue sont consacrées à deux nécrologies, à savoir celle de Fernande Bartfeld, dont j’ai dû moi-même lire quelques articles pour les besoins de mes recherches, et celle de Pierre Le Baut dont, à quoi bon le taire, j’ignorais encore jusqu’à l’existence la veille. Je suis un peu étonné d’apprendre qu’un homme qui a été ordonné prêtre a pu faire partie de la communauté camusienne (qui est aussi vaste qu’accueillante, il est vrai) , tant Camus s’était tenu à l’écart du christianisme (en parfaite connaissance de cause, il faut le souligner) : si j’étais optimiste, je pourrais dire que ça prouve que Camus est encore plus universel que le Christ ! Mais quand je lis peu après que ce monsieur Le Baut a été marié une vingtaine d’année après son ordination, j’en déduis que ce ne devait pas être un religieux ordinaire… Après tout, Camus lui-même ne condamne pas sans réserve l’abbé Paneloux dans La Peste : il y a des mots durs à dire, mais j’admets que sous la maudite calotte, sous l’horrible soutane noire, derrière l’ignoble pupitre du prêtre, « c’est pas un chien qu’il y a mais quand même un bonhomme[2] » et celui-ci peut être bien inspiré quand il ne cherche pas à convaincre son prochain qu’il est responsable de tous ses malheurs…  

 

Il faut être juste : il y a plus nuisible que les curés à l'heure actuelle...

 

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Puisqu'on parle de télé, restons-y -j'ai beau être plus tolérant avec Dorothée depuis que je sais ce qu'elle a fait avec Cabu, il n'empêche que je n'ai jamais aimé ses émissions, ce qui me met à rebours d'un certain discours dominant sur ma génération :

 

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J'avais dit que j'arrêterais avec Sophie Davant ; le problème, c'est qu'elle, elle n'arrête pas et ne rate pas une occasion de se faire remarquer : 

 

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Mardi 11 février

 

11h30 : J’avais remarqué des imprimantes en solde à Bureau Vallée et je n’excluais pas de profiter des économies que je parviens à faire grâce à l’AAH pour m’en procurer une. Me voici de retour au magasin à l’occasion d’un marathon urbain comme je n’en avais plus vraiment vécu depuis quelques temps (ce qui ne m’a d’ailleurs pas manqué), mais un rapide coup d’œil à l’emballage me refroidit assez vite : je n’y comprends rien, toutes les informations sont écrites en anglais ou en italien ! Déjà que même en français, les modes d’emploi des appareils électroniques me passent souvent au-dessus… Le peu que j’arrive à saisir suffit à me faire craindre que je doive m’abonner à je ne sais quoi pour pouvoir avoir les recharges d’encre adéquates, que je ne pourrais pas m’en servir sans je ne sais quelle connexion… Bref, je préfère renoncer : l’imprimante dont je dispose actuellement n’est pas encore morte, inutile de gaspiller mon argent. Je ne comprendrai jamais les gens qui sautent systématiquement sur les dernières nouveautés technologiques : déjà que la vie n’est pas toujours simple, je ne vois pas l’intérêt de la compliquer davantage en devant réapprendre sans arrêt à se servir des objets du quotidien… Il faut croire que l’être humain aime se faire du mal pour avoir l’illusion de mériter les rares satisfactions que lui apporte l’existence ! Reiser l’avait déjà fait remarquer dans les années 1970 : « Traumatisés par des siècles d’exploitation, de travail opiniâtre pour obtenir des clopinettes, ils sont culpabilisés devant tout ce qui est gratuit, fourni en abondance et sans travail[3] ».

 

Le 11 février, c'est l'anniversaire de mon père, voici donc un petit hommage au robuste septuagénaire qui m'a engendré (j'exagère à peine !) : 


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15h : Je suis rentré plus tôt que prévu : j’avais un rendez-vous, mais celui-ci a sauté, mon hôte étant empêché par des états grippaux. Il y a beaucoup de gens malades en ce moment, ça plombe pas mal l’ambiance… Une fois installé à mon bureau devant mon ordinateur, je prends une décision assez radicale : je me désinscris de France Travail ! Il y avait longtemps que ça ne me servait plus à rien, ayant déjà touché tous les droits auxquels m’avaient donné droit les périodes où j’avais travaillé pour l’université. Quand je touchais le RSA et la prime d’activité, je craignais qu’on me sucre ces deux aides si je quittais Pôle Emploi, mais il m’a été assuré que le versement de mon AAH n’était pas conditionné à une inscription à cette institution. Donc : je tourne le dos aux messages faisant la promotion de formations dont je n’ai rien à foutre, aux discours culpabilisants dont les conseillers eux-mêmes ne croient pas un mot et aux convocations pour s’assurer que je fais bien mon boulot de chômeur ! D’ailleurs, je ne suis pas un chômeur, je suis un artiste ! Je le clame désormais à la face du monde ! Et je n’ai pas honte de vivre d’une AAH en attendant de connaître le succès : premièrement, je ne vois pas pourquoi je me soucierais de ce que je peux coûter à la société au vu des sommes scandaleuses que palpent les Bolloré, Arnault et autres Musk sans bouger le petit doigt, deuxièmement parce que cette allocation n’est jamais que la moindre des compensations pour toutes les avanies que j’ai subies et que je continue à subir depuis ma naissance, et troisièmement parce que je n’ai pas non plus honte de ne pas contribuer à faire tourner une machine qui en train de mener le monde à sa perte ! Je ne dois d’ailleurs pas être le seul : il paraît qu’on a annoncé une baisse du chômage, mais ce n’est pas parce qu’il y a moins d’inscrits à France Travail qu’il y a forcément plus de naïfs qui acceptent encore de jouer le jeu de dupes de l’entreprise… Parmi tous ces « chômeurs » qui ne figurent plus dans les statistiques, combien y en a-t-il qui ont vraiment « retrouvé du travail », quelle est la proportion d’individus qui ont tout simplement décidé de tourner le dos à une existence peut-être lucrative mais sûrement dépourvue de signification ?   

 

Puisqu'on parle de Bolloré, voici une petite animation, réalisée avec les moyens dont je dispose, pour ajouter un clou au cercueil (loin d'être fermé, hélas !) de ce nanti fasciste, fossoyeur de l'esprit Canal et sycophante de Ouest France

 

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Mercredi 12 février

 

10h15 : Bon, d’accord, j’étais en tort, j’ai traversé en dehors des clous ! Je ne sais que ce n’est pas bien, mais ça m’arrive parfois quand je suis pressé et que je traverse une rue peu passante, comme c’était le cas à ce moment-là. En tout cas, ça ne justifiait absolument pas que l’automobiliste qui arrivait ACCÉLÈRE juste à ce moment-là ! Et s’il m’avait percuté, j’aurais pu faire valoir que j’arrivais de la droite ! Et on voudrait que je passe « mon » permis pour ressembler à ce genre d’abruti ? Merci bien !

 

17h : Retrouvailles dans un bar avec une prof de psychologie en retraite de mes amies. Elle me raconte une anecdote qui me parait emblématique du rapport actuel de l’homme à la machine : d’après elle, un des membres de sa famille se fie aveuglément aux conseils que lui prodigue une application pour l’éducation de son enfant, à tel point qu’il a un jour laissé le bambin seul à la maison avec une fièvre galopante ! L’appli lui a conseille d’agir ainsi pour « renforcer les défenses immunitaires » du gosse ! Résultat, la fièvre du pauvre môme est montée à 41 degrés et il a fallu le conduire aux urgences ! C’est sûr que ça va vachement fortifier son système immunitaire, au gamin, une expérience aussi traumatisante ! Et malgré ça, ce bon père de famille continue à faire confiance à l’application… Je vais finir par croire que l’humanité prend du plaisir à courir à sa perte : plus on lui dit que quelque chose la mènera inévitablement à la catastrophe, plus elle y court, tête baissée ! L’automobile, le nucléaire, l’extrême-droite, les smartphones, l’intelligence artificielle et tout le reste, on leur répète que c’est nocif, ils en ont même la preuve sous les yeux au quotidien, et pourtant, ils continuent à tomber dans le panneau ! Non, je ne vois pas d’autre explication : ils aiment tout bousiller, ça leur donne l’illusion d’être puissants, et tant pis si ça les entraîne eux aussi au néant ! L’être humain a peur de la mort, mais il n’aime pas assez sa vie pour la protéger comme elle le mériterait…

 

Un dessin qui tombe à point pour illustrer cette anecdote et la réflexion qu'elle m'inspire - j'avoue, cette illustration doit beaucoup au dessin que Cabu avait réalisé pour la couverture des Coups de sang de Cavanna édités par Belfond en 1991 :

 

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Jeudi 13 février

 

20h : Alors que la journée touche déjà à sa fin, je m’avise qu’elle marquait un triste anniversaire : il y a douze ans jour pour jour, Nora Fraisse avait la triste surprise de retrouver sa fille Marion, âgée de 13 ans, pendue dans sa chambre, poussée à bout par le harcèlement dont elle était victime de la part de ses « camarades » de collège… Quelques années plus tard, pour dénoncer le harcèlement que j’ai moi-même subi au même âge, j’ai écrit un slam librement inspiré d’une chanson de Bob Dylan[4] et intitulé « Qui a tué Marion Fraisse ? » : j’avoue qu’à l’époque, je n’avais même pas encore ouvert le livre que Nora Fraisse avait consacré à ce drame et à son combat pour faire reconnaître le mal infligé à sa fille et l’incurie des adultes ; ce n’est que l’an dernier que j’ai enfin lu ce livre et j’ai alors découvert avec effarement que les choses s’étaient passées à peu près comme je les avais imaginées et reconstituées dans mon slam… Ceci pour dire : j’ai eu la chance de survivre, mais le harcèlement scolaire TUE et on ne peut plus faire comme si on ne savait pas ! On va à l’école pour s’instruire, pas pour se détruire ! Il n’est pas « normal » ni même « tolérable » qu’aller au collège ou au lycée devienne une source de souffrance morale ! Et il n’y a pas de « il faut bien qu’ils s’amusent » ou « il faut bien que jeunesse se passe » qui tienne ! Contrairement à ce qu’ont pu me dire quelques piliers de bistrot et certaines rombières débiles, le harcèlement ne forge pas le caractère : je suis sorti du collège en me méfiant de tout et de tout le monde, et si j’en crois Nora Fraisse, sa fille était déjà forte avant de devenir la tête de Turc de son bahut, ça n’a donc fait que l’affaiblir ! Foutez à la poubelle vos vieux discours doloristes périmés, ne vous racontez plus d’histoires, arrêtez de vos mentir : se mettre à plusieurs pour faire volontairement souffrir autrui n’est défendable en aucun cas, point barre ! Et ne venez pas justifier le harcèlement scolaire par la dureté du monde : si la vie est si violente, c’est peut-être justement parce qu’on ne se donne pas suffisamment les moyens d’inculquer le respect d’autrui à nos enfants ! Cessons de leur laisser croire que seule compte la loi du plus fort et nous accroîtrons peut-être nos chances de voir advenir un monde plus juste et moins… Et moins con ! Oui, moins con, je ne vois pas d’autre mot ! Tant que j’entendrai encore parler de gosses déscolarisés ou en dépression à cause des insultes de leurs « camarades » et de l’incurie des « responsables », je persisterai à penser que Marion Fraisse est morte pour rien ! Je ne suis pas de ceux qui tiennent à ce que les jeunes en bavent comme ils l’ont fait eux-mêmes, je veux au contraire éviter aux enfants de mes amis le calvaire que j’ai moi-même subi ! De toute façon, ça n’amoindrirait pas mon traumatisme ! Je m’aperçois que je viens de tartiner une page entière sur le sujet : décidément, même treize ans après, j’en ai encore gros sur la patate, ce qui prouve que ça ne mérite pas d’être pris à la légère…

 

Deux dessins sur le suicide de Marion Fraisse et, par extension, sur le fléau du harcèlement scolaire en général :

 

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Et une vidéo où j'interprète en public le slam en question :

 

Vendredi 14 février

 

14h30 : C’est la Saint-Valentin. J’ai trente-six ans et c’est la trente-sixième Saint-Valentin que je passe tout seul. On prétend qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. C’est sûrement vrai. Le problème, c’est qu’on peut être célibataire ET tout de même mal accompagné. La preuve ? Premièrement, j’ai reçu un courrier de mon bailleur annonçant que le local technique de l’immeuble allait être condamné à cause de la présence de déchets qui y ont été déposés par les autres locataires – je jure sur la tête de ma mère que je n’y suis pour rien. Deuxièmement, trois jours à peine après avoir fait savoir que je ne voulais plus être inscrit à France Travail, j’ai quand même reçu un message de relance pour répondre à une enquête concernant les informations relatives à des indemnisations que je ne perçois plus depuis longtemps ! Conclusion : j’ai un voisinage de cochons et je suis fiché par des cons ! Donc, oui, je confirme : il vaut mieux être seul que mal accompagné, mais à notre époque hyper-connectée, être VRAIMENT seul est devenu un luxe… Il parait que la population humaine mondiale va atteindre un plafond et diminuer : je ne dirai pas que j’ai hâte car je n’ai pas la preuve que la proportion d’imbéciles diminuera elle aussi…      

 

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Bon, puisque c'est tout de même la Saint-Valentin, voici quelques images de circonstance. Tout d'abord, deux dessins représentant Trémière et Déodat, les amants du Riquet à la houppe d'Amélie Nothomb - il est ornithologue, laid à faire peur mais surdoué et éloquent, elle est égérie d'une joaillerie, belle comme le jour mais si taciturne qu'on la prend pour une idiote : ils se complètent bien, quoi !  
 
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Ensuite, deux dessins qui ont été publiés dans le numéro 7 de la revue L’Eponge, paru en décembre dernier - le premier illustre un article sur la difficulté pour un artiste de traiter de l'amour et du désir : 
 
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Un autre dessin où je déclare ma flamme à Tata Yolo, l'héroïne de James et Evemarie que l'on a pu découvrir dans de récents numéros de Fluide Glacial
 
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Enfin, une photo pleine de douceur que j'ai prise à Paris, plus précisément au Jardin des Tuileries : 
 
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Terminons avec un slam de mon cru pour dire que je n'ai pas de mépris pour les amoureux, bien au contraire : 
 
 
C'est tour pour cette semaine, à la prochaine !


[1] Ou peut-être en kabyle, je ne suis pas spécialiste de ces langues et je n’en tire aucun orgueil.

[2] Emprunt à « Je ne veux plus le savoir », chanson de François Béranger.

[3] Planche reprise dans Yves FRÉMION, Reiser, Albin Michel, Paris, 1974, p. 95.

[4] Pour être honnête, c’était surtout la version française de la chanson, due à Graeme Allwright, qui m’avait inspiré.



14/02/2025
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