Du 15 au 22 mars : Sortez couverts !

 

Puisque c'est ce week-end le Sidaction, je voudrais rappeler quelques réalités essentielles. Oui, le VIH se transmet par le sperme et par le sang, il ne faut donc pas avoir peur de serrer la main à quelqu'un ou même de l'embrasser. Oui, la recherche a progressé depuis les années 1980. Oui, on peut être séropositif et ne pas être forcément condamné. Oui, on peut aujourd'hui être porteur du virus du Sida et bénéficier de traitements qui permettent d'avoir une sexualité "normale" sans transmettre cette saloperie à son partenaire. MAIS encore faut-il être dépisté. MAIS on ne guérit toujours pas du Sida. MAIS il n'existe pas non plus de vaccin. DONC : éclatez-vous, amusez-vous, baisez à couilles rabattues, enfilez-vous par tous les trous, emmanchez-vous de tous les côtés MAIS mettez des capotes. Vous avez (presque) de la chance, il en existe aujourd'hui des extra-fins qu'on sent à peine, ça ne diminue pas le plaisir, ça peut être un prétexte pour mieux connaître son corps et celui de son partenaire, ça évite même les grossesses indésirées - je le précise car j'ai cru comprendre que se reproduire comme des lapins n'était pas non plus un objectif poursuivi par la jeunesse d'aujourd'hui. Bref : protégez-vous, faites-vous dépister si vous avez vraiment trop peur, mais n'oubliez pas de prendre votre pied et, si vous connaissez quelqu'un qui souffre du Sida, soutenez-le : la solidarité n'est pas un facteur de transmission...

 

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Le monument utilisé sur cette image est la Consulaire, un canon pris aux Algériens en 1830 et exposé comme trophée au beau milieu de la base navale de Brest - on a dit beaucoup de bêtises à son sujet, je vous encourage à consulter mon article sur le sujet pour distinguer le vrai du faux


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Ce dessin m'a été inspiré par un commentaire d'une personne qui trouvait que mon hérisson avait un nez phallique ! Vous en pensez quoi, vous ?

 

Après ce message de prévention, revenons à nos moutons :

Vendredi 15 mars

 

10h30 : Bref retour à la fac Segalen où j’ai rendez-vous avec une personne qui peut m’aider dans une démarche administrative désagréable – un pléonasme, excusez-moi. J’en profite pour revoir une vieille amie qui co-organise une journée d’étude : cédant à ma curiosité habituelle, je reste pour écouter deux communications. Il est en grande partie question des violences faites aux femmes, ce qui m’inspire deux dessins : je renoue ainsi, l’espace d’un instant, avec l’époque où je faisais le dessinateur dans à peu près toutes les manifestations scientifiques organisées à la faculté. Ce n’est pas très différent de ce que je fais lors des journées de psychomotricité, sauf que là, c’est exceptionnellement gratuit.

Les dessins en question :

 

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Deux croquis sur le vif :

 

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 Samedi 16 mars

 

18h : Tout en tenant mon stand de caricaturiste à la PAM en compagnie de deux autres créatrices, je lis les chroniques de François Morel éditées dans la collection Bouquins : monsieur Morel fait le chroniqueur sur France Inter depuis le début des années 2000 et force est de constater qu’en dépit de tout ce qu’on a peut dire sur la prescience dont parfois montre les humoristes, même le meilleur d’entre eux peut se tromper – ce qui est bien excusable, le but d’un humoriste étant de faire rire ou sourire, parfois réfléchir, mais jamais de prédire l’avenir.  Il n’empêche que rétrospectivement, ça donne lieu à des moments d’humour involontaire ! Ainsi, il est difficile de ne pas ricaner aujourd’hui quand on lit, dans une chronique datée du début de ce siècle, qu’une preuve de l’anticonformisme de Jean-Luc Hees est le fait qu’il tutoie Philippe Val ! À l’époque, ce n’était qu’une petite pointe d’ironie, mais aujourd’hui, c’est carrément devenu une antiphrase ! Encore que… On peut très bien envisager comme de l’anticonformisme le fait de prétendre défendre la liberté d’expression tout en virant des humoristes à tour de bras ! Mais faut-il pour autant persister reconnaître Philippe Val comme un anticonformiste ? Oui, à condition d’insister sur la troisième syllabe !  

 

Dimanche 17 mars

 

16h30 : Je me réveille ; j’ai fait la sieste pendant plus de deux heures ! Même un dimanche, ça ne m’était jamais arrivé ! Les derniers événements m’ont véritablement épuisé, comme quoi la fatigabilité des autistes n’est pas une légende. Si Dieu existe et n’a vraiment rien fait le dimanche, alors il faut croire que Dieu est autiste ! Ce qui suffirait peut-être à expliquer pourquoi si peu de gens l’ont vu…

 

Lundi 18 mars

 

10h30 : Avant un rendez-vous en ville avec un ami, je fais une pause-café à la PAM. En attendant d’être servi, je risque un œil sur un quotidien. Comme prévu, je n’apprends rien de passionnant : cette saleté de guerre continue en Ukraine, notre président joue les irréductibles Gaulois face à ce salaud de Poutine, Bruno Le Maire se prépare déjà pour la curée de l’après-Macron, Mélenchon et Glucksmann remettent l’union de la gauche, qui attend depuis déjà cinquante ans, à après les européennes dont tout le monde se fout… Tout ceci est dérisoire ! L’Univers est probablement infini et ces crétins persistent à convoiter des lambeaux de pouvoir sur une planète minuscule ! La vie serait plus douce et moins absurde si nous avions tous davantage conscience de notre insignifiance…     

 

12h : Encore un trait d’humour involontaire de François Morel : en 2002, il intronisait le jeune Vincent Delerm comme « déjà indispensable » ! 22 ans plus tard, force est de constater qu’on se passe fort bien de cet individu… Et de la plupart des autres représentants de ce qu’on a appelé la « nouvelle scène » française ! J’ai toujours eu tendance à penser que si l’avènement médiatique de cette « nouvelle scène » avait été presque concomitant avec le retour de la droite au pouvoir, ce n’était pas dû au hasard mais bien à la méfiance que Chirac, Raffarin, Sarkozy et les autres ont toujours nourri envers les musiques dites « de jeunes »… En règle générale, plus la musique qu’on entend dans un pays est chiante, plus la façon dont le pouvoir gère ledit pays l’est aussi ! Et force est de constater que même si Delerm-le-gant-de-toilette est en passe de tomber dans l’oubli, la musique qu’on nous passe aujourd’hui n’est pas beaucoup plus dansante…

 

Mardi 19 mars

 

12h : Nouveau passage sur Transistoc’h (anciennement Radio Évasion) : je passe pour parler de mon actualité mais, surtout, pour raconter le siège de Brest. Ce n’est pas que ça m’enchante, le sujet est rebattu : fort heureusement, je suis accompagné d’une vieille amie et je me sens soutenu. Le fait que cette personne chère à mon cœur soit une très belle femme n’est pas étranger à mon surcroît de motivation ! Je pourrai dire que j’avais une cheerleader pour me soutenir ! Quoi ? Le cheerleading est sexiste ? Pas d’accord ! Une cheerleader, une vraie, ce n’est pas une vulgaire pom-pom-girl : c’est à la fois une gymnaste, une danseuse et une acrobate, c’est dont une athlète accomplie dont les performances méritent d’être mises en avant au même titre que celles de ces brontosaures velus qui courent après un ballon, rond ou ovale ! Si c’est vraiment à ce point dégradant pour l’image de la femme, on n’est pas obligé d’habiller les cheerleaders de façon trop révélatrice ! Et pourquoi ne pas créer des cheerleaders masculins, histoire de rééquilibrer ? De toute façon, ce que je veux dire, c’est que l’égalité, ça doit consister à donner le même plaisir à tout le monde, pas à baisser celui des uns pour qu’il soit aussi réduit que celui des autres ! J’espère que les féministes aspirent à être aussi bien payées que les hommes, pas à ce que ces derniers le soient moins…  

 

Vous pouvez écouter en replay cette interview en deux parties :

Partie 1 sur le siège de Brest

Partie 2 sur mon actualité

Mercredi 20 mars

 

20h30 : Après le cours du soir, je dîne au Biorek où je retrouve une photographe d’âge mûr avec laquelle j’avais sympathisé. Je le sais familière de l’établissement, c’est donc typiquement ce qu’Astrid Nielsen appellerait un « imprévu prévisible ». Cette rencontre est d’autant plus agréable que je ne suis toujours pas remis des récents événements : je supporte encore moins bien que d’habitude les contrariétés, je panique pour un rien, et chaque matin, je me demande ce que cette chienne de vie va encore inventer pour m’embêter… Je n’ai jamais été optimiste, et je n’arrive pas à trouver de raisons de l’être.

 

Quelques travaux réalisés dans le cadre du cours du soir : les traditionnels croquis de nu...

 

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Deux "dessins automatiques" inspirés du surréalisme :

 

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Jeudi 21 mars

 

10h : C’est le printemps, paraît-il. Peu me chaut, j’ai décidé d’avancer sérieusement sur un projet dans lequel je place beaucoup d’espoir. Je n’ai plus d’excuses, à présent. J’ai cependant un mal de chien à me mettre au travail : ça n’a jamais été facile, mais je ne suis toujours pas remis de mes dernières mésaventures. Pour ne rien arranger, je ne suis pas seul maître de ce projet sur lequel je collabore avec une autre personne, je croise donc les doigts pour qu’elle soit satisfaite de ce que je vais lui présenter… Naturellement, c’est une façon de parler : si je croise vraiment les doigts, je vais avoir du mal à tenir mon crayon !  

 

Un croquis préparatoire pour le projet en question :

 

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Vendredi 22 mars

 

13h30 : En jetant un œil sur la une de Ouest France, j’apprends la mort de Frédéric Mitterrand. J’ai toujours eu tendance à le classer dans le cercle des cabotins bavards, pompeurs, prétentieux et chiants, au même titre que Fabrice Luchini, Nelson Monfort et Stéphane Bern. Néanmoins, je ne lui reprocherai pas d’avoir tenté de relever un peu le niveau culturel de la télévision française : après Sylvain Augier, c’est encore une lueur d’intelligence qui s’éteint dans un paysage de plus en plus obscur… Je ne lui reprocherai pas non d’avoir été ministre de Sarkozy : il n’aura pas été le plus nuisible des membres de ce gouvernement (la concurrence était de toute façon trop rude !) et, comme l’avait rappelé Siné à l’époque, ce serait lui faire un mauvais procès car, contrairement à son oncle qui a maintes fois retourné sa veste (il devait avoir un bon tailleur vu qu’elle n’a quasiment jamais craqué), il a toujours été de droite et ne s’en est jamais caché, il est donc resté fidèle à ses valeurs de ce point de vue-là. Quant au fait qu’il ait pris la défense de chanteurs qui ne le méritaient pas vraiment et ait goûté en Thaïlande à des plaisir peur recommandables… Heu… Joker !

 

14h30 : Passage à l’hôtel de ville pour voir la fameuse exposition « Pluie de toiles » à laquelle j’ai été invité par participer. À peine entré, je suis interpellé par un cerbère qui demande à vérifier le contenu de mes sacs : sans oser répondre que ce n’est pas la façon la plus respectueuse d’accueillir un artiste, je lui dis qu’il n’y a pas de problème et qu’il peut les ouvrir. Il me répond qu’il n’en a pas le droit et que c’est à moi de le faire ! Je ne m’habituerai jamais à ça… Je ne peux m’empêcher de me gendarmer, mais ce zorglhomme n’en démord pas. Je finis par céder, de mauvaise grâce, tant la situation est absurde ! Une petite dame m’aborde en me disant que c’est pour « ma sécurité » ! Ma sécurité ! En moins d’un an, je me suis fait dépouiller deux fois, j’ai failli être victime d’une arnaque, et on me dit que c’est pour ma sécurité que je dois faire le beau devant un flic raté ! J’en rirais si je le pouvais encore ! Je fais le tour de l’exposition : c’est peut-être ma mauvaise humeur qui m’empêche d’apprécier pleinement, mais je ne vois rien de très original. Après avoir pris une photo de mes propres œuvres pour le souvenir, j’aborde les dames de l’accueil, espérant avoir l’opportunité d’échanger avec des personnes un peu éclairées : j’en suis pour mes frais, elles ne se rappellent même pas de ce que j’expose ! Comme elles ont été témoins de mon esclandre, j’essaie de les convaincre de l’inutilité du cerbère de l’entrée en leur expliquant qu’il est totalement improbable qu’une personne vraiment dangereuse obéisse gentiment à ses injonctions et que si un givré armé jusqu’aux dents entrait ici, il aurait déjà flingué tout le monde avant que le gorille n'ait pu lui demander quoi que ce soit ! Je ne récolte qu’une expression apeurée sur le visage de mes interlocutrices… J’espérais rencontrer des amateurs d’art, je n’ai vu que le public de Charles Villeneuve ! N’hésitez quand même pas à aller visiter l’expo et à voter pour mes œuvres afin que j’aie une chance de remporter le prix du public…   

 

Une photo de mes œuvres exposées - je me passe de vos commentaire sur le tableau représentant le Père Noël qui apparait à l'arrière-plan :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 

 


22/03/2024
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Du 9 au 14 mars : lectures, cimetière, féminisme et crises de nerfs

 

Commençons par un peu de promotion pour un événement auquel je vous donne rendez-vous pour demain :

 

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Samedi 9 mars

 

10h : Je retourne à l’Auberge de jeunesse, porteur de quatre dessins… Pour remplacer ceux qui ont été dérobés. La perte de certaines de mes œuvres, en tant que telle, je m’en fiche presque : j’ai chez moi tellement d’originaux que si j’arrivais à les revendre tous pour un euro pièce, je pourrais presque arrêter de travailler pendant au moins un an. Non, ce que je ne digère pas, c’est que ça a gâché mon vernissage : j’ai été averti trop tard pour pouvoir remplacer les dessins manquants avant l’arrivée des invités et, surtout, BEAUCOUP trop tard pour que je puisse faire bonne figure devant ces derniers. Bref, j’étais venu comme à Austerlitz, j’en suis reparti comme à Waterloo… Non, même pas : comme à Sedan[1] ! Et ça, c’est irrattrapable ! Je me sens comme une jeune femme amoureuse qui aurait été larguée le jour de son mariage…

 

 

13h : Fraîchement rentré, je termine la lecture de l’anthologie des nécrologies de Cavanna, intitulée sobrement Le dernier qui restera se tapera toutes les veuves d’après le titre que le grand homme avait lui-même donné, avec sa délicatesse coutumière, à son article sur la mort de son fils spirituel, Reiser. Le fondateur de Charlie Hebdo n’était pas (et ne pouvait pas être) un journaliste comme les autres : il ne se privait pas dire franchement ce qu’il pensait d’un défunt, même et surtout s’il le détestait ! L’ouvrage est d’ailleurs instructif à plus d’un titre : j’avoue que j’ignorais, avant de lire l’article qui lui a été consacré, qui était Abel Gance ! Et je ne suis pas certain que mon cas soit isolé, tant le cinéma de ce réalisateur paraît dépassé aujourd’hui, aussi bien sur le fond que dans la forme. Le fait que Cavanna, qui fut, avec Albert Camus, l’un des rares très grands esprits dont le destin fit don à la France du XXe siècle, jugeât néanmoins opportun de consacrer son temps et son talent à traiter d’individus qui ont finalement sombré dans un oubli relatif (voire total) est tout de même révélateur de la longévité des notoriétés et devrait faire réfléchir ceux qui, encore aujourd’hui, font des pieds et des mains pour laisser un nom dans l’histoire ! Sic transit gloria mundi, ainsi passe la gloire du monde, dit-on, paraît-il, à tout Pape fraîchement intronisé pour qu’il se rappelle que le succès rencontré ici-bas est voué à être éphémère : c’est bien une des rares fois où les curés ne disent pas de conneries ! J’avoue que j’ignorais aussi que Cavanna avait eu une petite-fille morte d’une overdose d’héroïne : l’occasion a dû être trop belle pour la presse pourrie ! De fait, Virginie Vernay me confirmera peu après que ce salaud de Pauwels ne s’est pas privé d’en rajouter dans les colonnes du Figaro… Elle me dira aussi que Cavanna avait justement saisi l’occasion pour dénoncer les méfaits de la drogue : c’était courageux de sa part, car ce genre de discours ne risquait pas d’être populaire auprès d’une certaine frange du public de Charlie Hebdo ! Je me souviens des reproches que Renaud avait encaissés après avoir sorti « La blanche » et « P’tite conne »… De façon générale, il me semble que la drogue est un sujet embarrassant pour les milieux libertaires : on ne veut pas adopter la même attitude que le pouvoir que l’on prétend contester, mais comment nier la dangerosité des drogues dures ? J’ai moi-même pu constater cet embarras quand j’ai participé à une scène ouverte organisée dans la défunte salle de l’Avenir, dont les responsables rechignaient à expulser un type sous l’emprise de la cocaïne alors qu’il perturbait l’événement et m’empêchaient de déclamer… Enfin bref : je ne peux que recommander la lecture de ce livre qui permet de réviser l’histoire du XXe siècle avec humour tout en donnant un bel aperçu de la pensée de Cavanna, toujours tranchée mais jamais bornée – il suffit de lire les nécrologies de De Gaulle et de Mitterrand pour s’en rendre compte.

 

Dimanche 10 mars : Sharon Stone a 66 ans

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15h : Visite guidée du cimetière de Kerfautras. Une telle visite s’accorde bien à mon état d’esprit actuel ! J’ignorais qu’on y trouvait le plus grand carré militaire installé dans un cimetière civil en France : ce n’est pas la première fois que j’entends parler d’un record détenu par la ville de Brest et dont on ne parle cependant jamais ! Je ne dis pas qu’il faudrait en être fier, mais ça constitue au moins une curiosité qui prouve que ma ville bien-aimée est encore plus étrange qu’on ne le croit…

 

16h : Quand on parle de cimetière militaire, on pense spontanément à des croix blanches toutes identiques, alignées avec une régularité exemplaire, rien que du propre, du carré et du rationnel. C’est loin d’être le cas à Kerfautras pour deux raisons : premièrement, ce n’est qu’en 1986 qu’il a décidé de rapatrier toutes les dépouilles militaires dans le carré qui leur est destiné et il subsiste encore quelques soldats enterrés parmi les civils dans leurs caveaux de famille. Deuxièmement, le port de Brest étant un véritable carrefour du monde, surtout en période de guerre, les nationalités les plus diverses coexistent dans le carré militaire : non seulement des Français de métropole mais aussi des soldats originaires des colonies dont beaucoup sont signalés par des stèles musulmanes (je n’ai pas osé demander s’il arrivait que certaines de ces tombes soient profanées…), ainsi que des militaires du Commonwealth, des Russes, des Portugais, des Japonais et même des Allemands et un Américain ! Pourquoi un seul Américain ? Parce que tous les soldats américains morts à Brest de la grippe espagnole ont fini par être rapatriés aux États-Unis, sauf celui-ci qui était quaker, et le déplacement de sa dépouille était contraire aux règles de sa communauté ! Au moins la connerie des religieux aura-t-elle permis à Brest de bénéficier d’une curiosité…

 

16h15 : C’est décidément le bordel, dans ce carré militaire : je remarque que sur l’une des tombes musulmanes, il est indiqué que le soldat est mort… En 1967 ! Cinq ans après la guerre d’Algérie ! Quand je le signale à la guide, elle me répond qu’elle n’a pas d’explication et qu’il peut s’agir d’une erreur ! Une rombière me dit « Heureusement que tout n’est pas parfait, sinon ce serait ennuyeux ! » Agacé par ce lieu commun, je lui réponds : « Vous n’en savez rien puisque vous n’avez jamais pu voir de monde parfait ». Elle le prend assez mal, preuve s’il en est que les braves gens n’aiment pas que l’on bouscule leurs idées reçues ! Je le déplore…

 

Quelques photos prises dans le cimetière :

 

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Lundi 11 mars

 

17h30 : Je récapitule : j’ai des boutons sur la gueule, ma note de téléphone est en train d’exploser, tout ce que j’entreprends pour promouvoir mon travail foire lamentablement, je suis en train de perdre tous mes amis et il me faut encore déposer plainte à la police pour le larcin dont j’ai récemment été victime. Il y a sûrement des gens plus malheureux que moi sur Terre, mais je suis sur le point de craquer…

 

Mardi 12 mars

 

13h30 : Pause dans un café avec une femme qui, telle Lola Dewaere dans Astrid et Raphaëlle, s’improvise mon « dé à coudre » dans l’épreuve que je traverse. Dans un accès d’accablement, je ne peux m’empêcher de pousser un cri : la patronne me prie de ne pas recommencer, par égard pour son jeune serveur… Qui est autiste ! Il ne m’en faut pas davantage pour que je présente mes excuses à ce garçon. J’imagine qu’il a dû en baver dans son enfance, d’autant qu’il est… Roux. Ça, au moins, j’y ai échappé ! La rousseur peut être un atout pour une femme, mais ça reste un handicap social pour un homme : après tout, il faut bien qu’il y ait au moins un domaine pour lequel les femmes sont favorisées…

 

15h : Je termine la lecture du livre de Jacques Diament dans lequel il témoigne sur ses vingt années passées à la tête de Fluide Glacial. Au cas où vous ne le sauriez pas, Jacques Diament avait été pour Fluide ce qu’André Rousselet avait été pour Canal+, c’est-à-dire un homme à la fois assez fou pour s’investir dans le projet et assez sérieux pour lui permettre de se développer et de subsister dans un monde où tout est prévu pour éliminer ce qui ressemble de près ou de loin à de la fantaisie. Il a su prendre, au moment où il le fallait, des décisions impopulaires qui ont fait de lui l’homme le plus détesté du journal, mais c’est à ce prix que Fluide Glacial a pu se doter, dès ses toutes premières années d’existence, d’un mode de fonctionnement grâce auquel il continue à paraître encore aujourd’hui tout en restant à peu près fidèle à l’esprit de ses origines alors que la plupart des magazines de BD fondés à l’époque se sont cassé la gueule… Je ne peux donc que recommander la lecture de son livre bourré d’anecdotes savoureuses : et puis il écrit bien, cet emmerdeur de génie !

 

Mercredi 13 mars

 

9h15 : Au moment de déposer mes œuvres à l’exposition Pluie de Toiles qui se tiendra dans le hall d’honneur de la mairie, je risque un œil sur le journal : apparemment, l’Assemblée a massivement approuvé le soutien de la France à l’Ukraine… Sans le RN et LFI. Rien d’étonnant : cette question est embarrassante pour la Le Pen et pour Mélenchon qui ont tous deux soutenu Poutine avant qu’il ne franchisse le rubicond ! Avec une opposition pareille, je pense que Macron peut dormir tranquille ! Et ça ne me fait pas plaisir…

 

10h : Descendant du tram, je remarque une affiche incitant à s’engager dans la Marine : elle présente la photo d’un scaphandrier accompagnée de l’accroche « Si vous préférez vous plonger dans des dossiers, c’est votre affaire » (je cite de mémoire). Visiblement, l’armée a compris que les jeunes aspirent à ne pas avoir la même vie de merde que leurs parents et leur fait miroiter la perspective d’une vie professionnelle épanouissante. Seulement voilà : ayant un ami dans la marine, je peux attester que les besoins de cette institution ne se limitent pas à ces tâches exaltantes ! Si vous vous rendez au bureau de recrutement, la probabilité pour que vous vous retrouviez derrière un bureau à vous occuper de la paperasse reste élevé ! On dit que l’armée est une grande famille : je peux témoigner que c’est aussi et surtout une administration avec tout ce que ça comporte… Enfin, je vous aurai prévenus ! Je ne vais pas en rajouter, on va encore m’accuser d’antimilitarisme et je n’aurai pas d’arguments pour réfuter…

 

Jeudi 14 mars

 

18h : Je me décide enfin à visionner la mini-série Cherchez la femme sur la chaîne YouTube des programmes courts d’Arte : elle est consacrée aux femmes oubliées de l’histoire, celles que les hommes ont tenté (non sans succès) d’invisibiliser. On aurait pu se passer de parler de Lilith qui n’est qu’une légende, mais bon, ça n’enlève rien à l’intérêt de cette série ni à la pertinence de son propos : saviez-vous qu’un tiers des samouraïs étaient des femmes, qu’il est attesté qu’il y a eu des guerrières chez les vikings et que le Monopoly est un plagiat d’un jeu inventé par une certaine Elizabeth Magie ? Non ? Et bien je ne peux pas vous jeter la pierre : j’avoue à ma grande honte qu’à part la pharaonne Hatchepsout, Christine de Pizan, Alice Guy et madame Einstein, j’ignorais tout de la plupart de ces femmes qui ont pourtant joué un rôle capital dans l’histoire humaine ! Comme quoi l’invisibilisation des femmes est efficace et semble même être systématique dans le domaine où on l’attendrait le moins : les sciences ! En fait, ça s’explique facilement : le monde scientifique est tellement mystifié que le public laisse travailler les chercheurs dans la plus grande sérénité, sans même imaginer que cette opacité permet aux savants, qui ne sont jamais que des hommes, de laisser libres cours à toutes leurs mesquineries ! Car oui, être un brillant scientifique ne met pas à l’abri d’être un gros macho qui s’approprie sans vergogne la découverte d’une femme sans même la citer… Ne vous laissez plus faire, les filles ! Visez les couilles, ça leur fait plus mal que le cerveau !    



[1] Lieu de la débâcle française de 1870 qui coûta son trône à Napoléon III. Oui, le neveu de l’autre, celui que Victor Hugo a surnommé « le petit », Badinguet, quoi !


15/03/2024
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Du 5 au 8 mars : Banque et patrimoine

 

On commence avec un dessin qui tombe à pic pour la journée internationale des droits des femmes - il a été réalisé pour illustrer une chronique d'Aurélie Gautier dans le dernier numéro de la revue L’éponge :

 

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Mardi 5 mars

 

11h : Nom de Dieu de merde, quelles journées pourries ! Si j’avais croisé Bernadette Malgorn, je pourrais croire que cette sorcière m’a jeté un sort, mais comme ce n’est pas le cas, je ne peux que me borner à constater que depuis vendredi, le sort s’acharne littéralement sur ma pauvre personne ! Je n’ai même pas envie de le raconter ! Je pensais enfin, ce matin, sortir la tête de l’eau… Quand le coup de grâce est arrivé. J’allais renouveler mon abonnement au bus. Bon. N’ayant pas de liquide sur moi, j’ai tenté de régler par carte en utilisant le sans contact : ça n’a pas marché. Je me contrôle encore, ça peut arriver, j’en suis quitte pour l’insérer et taper mon code : ça ne marche pas non plus. Je commence déjà à avoir la tremblote : je me précipite vers le premier distributeur venu pour retirer du liquide… Et l’opération est refusée par ma banque ! Et pourtant, je suis loin d’être à découvert ! Sur le point d’éclater, j’accours vers l’agence BNP de la place Wilson[1] pour y voir plus clair : à peine entré, j’entends la guichetière annoncer qu’aucune opération par carte n’est possible à cause d’un bug qui affecte tout le système informatique de la banque à l’échelle nationale ! Cette fois, j’explose : les banques nous abreuvent de messages inutiles et, quand il y a un vrai problème qui affecte directement les clients, on ne nous dit rien ! Où avez-vous vu jouer que le client était roi ? Tenant absolument à payer aujourd’hui mon abonnement et ayant d’autres transactions à effectuer, je me tape l’aller-retour jusqu’à mon domicile pour y récupérer mon chéquier… Mais dégainer un chèque pour payer 6,20 euros[2], c’est nul de chez nul.

 

Sans rapport avec ce qui précède, voici le visuel de l'affiche de mon expo à l'Auberge de jeunesse avec YayaL à quatre étapes de sa réalisation. D'abord, le dessin de base...

 

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Ensuite, le même dessin après incrustation de la toile que YayaL souhaitait mettre en avant - au passage, j'ai aussi changé la signature pour la rendre plus lisible.

 

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Puis avec le fond colorisé :

 

02-01-Expo Auberge de jeunesse - Avec tableau et avec couleurs.jpg

 

La bulle du sifflotement a finalement été supprimée pour ne plus cacher le tableau :

 

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Mercredi 6 mars

 

15h : Visite guidée de Lambézellec. Mine de rien, je vis dans ce quartier depuis déjà cinq ans et je suis loin de tout connaître à son sujet. J’ignorais notamment qu’il comptait jadis dix lavoirs et que celui qui subsiste au pied de l’église est donc l’ultime survivant ! Je n’avais jamais eu non plus l’occasion d’explorer la Maison du Théâtre, encore moins d’en découvrir les coulisses, et je n’aurais pas soupçonné que ce bâtiment, au demeurant fort adroitement conçu, était situé de telle façon que certains riverains le traversaient pour passer d’une rue à l’autre les jours de marché ! La guide nous gâte en nous permettant d’assister (brièvement, pour ne pas déranger les artistes) à la préparation d’un spectacle sur le clonage : thématique oblige, certains comédiens portent des masques de latex leur faisant partager une seule et même apparence de vieillard moustachu ; le trouble qu’une telle vision ne manque pas de générer en moi est accentué par la présence de ce que je prends pour un comédien déguisé au repos et qui s’avère n'être qu’un mannequin… Je regrette de ne pas avoir osé dégainer mon appareil photo ! D’un autre côté, si j’avais pris un cliché sans demander l’autorisation, ça aurait fait paparazzi, et si j’avais demandé l’autorisation, ça aurait fait touriste : on dit que tout choix se fait entre deux erreurs, mais c’est faux, on peut aussi choisir de ne commettre ni l’une ni l’autre. Mais l’anecdote la plus croustillante reste celle de l’abri de la Brasserie : lors des bombardements de 1944, un médecin allemand avait obtenu à ce qu’une partie de ce souterrain, initialement réservé aux civils, lui soit réservée afin qu’il puisse y soigner des soldats. Comme il restait tout de même 1500 personnes à Lambé, il a bien fallu que certains de ces civils se réfugient ailleurs, et ce fut pour cette raison qu’une soixantaine d’habitants du quartier[3] se sont retrouvés… Dans l’abri Sadi-Carnot. On dit qu’un médecin peut faire souffrir mais ne peut pas tuer : celui-là aura fait les deux !

 

Sans rapport avec ce qui précède, deux collages réalisés pour le plaisir :

 

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Jeudi 7 mars

 

15h30 : Nouvelle visite guidée d’un quartier : cette fois, je découvre Saint-Marc que je connais très mal. Nous croisons un jeune type qui porte dans sa main des tracts électoraux du RN : je ne résiste pas à l’envie de lui tirer la langue… Il y a des rencontres qui vous gâchent tout un après-midi !

 

16h30 : Nous avons la chance de pouvoir entrer dans la chapelle Notre-Dame du Bon Port, qui n’est ouverte qu’à de rares occasions – outre quelques événements occasionnels, l’édifice n’accueille que deux messes par an ! Ce bâtiment ayant été construit avant la séparation de l’Église et de l’État, c’est à la collectivité, en l’occurrence la ville de Brest, qu’il appartient de l’entretenir : je me souviens que Siné considérait que cette disposition de la loi de 1905 devrait être supprimée et que tous les édifices religieux devraient être à la seule charge du clergé ou alors être laissés à l’abandon ; c’est un point de vue que je partage entièrement, même devant l’état, de toute évidence vétuste, de cette chapelle : la perspective d’une rénovation financée par des deniers publics me chagrinerait d’autant plus que cet état de quasi-abandon ne nuit absolument pas au charme du bâtiment et lui confère même une ambiance romanesque ! La dame qui dispose de la clé de la chapelle (ainsi que d’autres bâtiments religieux brestois) explique que la ville de Brest n’a pas les moyens d’entretenir durablement les seize églises et chapelles dont elle a la responsabilité et, qu’à terme, il y aura forcément un édifice qui sera sacrifié – pas forcément détruit mais au moins désacralisé et revendu ; cette personne se sent obligée, pour préciser qu’on ne laissera pas en faire n’importe quoi, de dire : « On n’en fera pas une mosquée » ! Et pourquoi pas ? Dans les églises et les mosquées, on dit les mêmes conneries, après tout !    

 

19h : Rentré chez moi, je termine la lecture du Lit défait de Françoise Sagan : je n’aime pas tellement Sagan, Bonjour tristesse ne m’a pas passionné, et je mentirais si je disais que Le lit défait m’a fait vibrer. Je m’identifie toutefois à Édouard qui a en commun avec moi d’être un écrivain qui essaie de faire valoir son talent et qui cherche l’amour dans un monde où les aventures passagères sont devenues la norme… C’est avec, Au bonheur des dames et Riquet à la houppe, l’une des rares histoires d’amour à fin heureuse qu’il m’a été donné de lire : la comparaison s’arrête d’ailleurs là, je ne placerai pas Françoise Sagan sur le même piédestal qu’Émile Zola et Amélie Nothomb !

 

Vendredi 8 mars

 

14h50 : Je ne dirai qu’une chose concernant la journée internationale des droits des femmes : ça devrait être tous les jours !

 

Terminons avec quelques collages qui tombent bien pour ce jour-là :

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !



[1] Celle de la rue Jean Jaurès a cramé, je ne serais pas étonné que ce soit un coup de supporters du Stade Brestois qui ont un peu trop arrosé la victoire de leur équipe face au Havre. Et oui, quand il y a un truc de ce genre, je n’accuse pas spontanément les Arabes, je suis vraiment un mauvais Français !

[2] C’est le prix mensuel de mon abonnement aux transports publics de Brest Métropole : un tarif qui doit faire rêver les Parisiens…

[3] Bon, je simplifie : dans les faits, Lambézellec, la « commune rurale la plus étendue de France » était encore indépendante, même si Brest lui avait déjà grignoté beaucoup de terrain, et n’est finalement devenue quartier brestois qu’après la libération.


08/03/2024
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Du 23 février au 1er mars : Courbet, Camus, le foot et caetera

 

Commençons par l'affiche de mon expo commune avec mon amie YayaL à l'Auberge de jeunesse de Brest :

 

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Vendredi 23 février

 

20h30 : Concert de mes amis Miika Bjørn et Audrey Raguenes au Biorek brestois : Miika, après un léger flottement au début, retrouve rapidement ses marques et excelle vraiment dans ses reprises de standards de la chanson française – le seul choix que je ne peux m’empêcher de désapprouver dans son répertoire est « L’amant de Saint-Jean » qu’on a déjà trop entendu, mais c’est un détail. Quant à Audrey, elle est toujours aussi merveilleuse et elle peut reprendre du Shania Twain autant que ça lui chante (ah ! ah !), avec ou sans chapeau ! Pour ne rien gâcher, elle se paie le luxe d’être plus belle que jamais. Bravo Dédée, bravo Miika, je suis fier d’être votre ami ! Je vous dois un des rares bons moments que j’aurai vécus en ce mois finissant…

 

Un croquis d'Audrey (qui est bien plus belle en vrai que sur mes dessins) avec son chapeau de chanteuse country :

 

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Samedi 24 février

 

10h30 : Définitivement épuisé, je m’offre une journée de quasi-inactivité : je me borne à envoyer des messages à quelques proches. Une démarche pas si stérile que ça puisqu’elle me permet de semer des graines pour l’avenir plus ou moins proche. Bien sûr, je préférerais revoir tous ces gens en chair et en os, mais je n’ai même pas la force de sortir de mon appartement.

 

Dimanche 25 février

 

14h : Vacances scolaires obligent, il n’y aura pas de cours de dessin avant le 13 mars. Je profite donc du repos dominical pour faire quelques collages, bien décidé à en rapporter un gros paquet à la rentrée pour épater la galerie ! Mais n’allez pas croire que ce soit juste pour le plaisir de frimer : j’ai vraiment des idées, je suis bien décidé à les concrétiser et puis il y a quelque chose de jouissif à trafiquer des photos à la main, rien qu’avec des ciseaux et de la colle, à une heure où n'importe quel con peut le faire avec des logiciels… 

Un collage réalisé ce week-end - je vous ai montrerai d'autres dans les semaines à venir si vous êtes sages :

 

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Lundi 26 février

 

15h30 : Après une entrevue avec un camusien autodidacte (et, au demeurant, brillant), je passe au Leclerc du centre-ville pour dépenser une aumône humiliante : un chèque de 20 euros que le département a adressé aux bénéficiaires des aides sociales dont je fais partie… Ça ne paie même pas une semaine de courses pour une seule personne ! Ils nous prennent vraiment pour des mendigots ! Je préférerais encore qu’ils ne nous donnent rien du tout !

 

16h : Pris d’un besoin pressant, je profite des toilettes publiques : ce n’est pas très facile avec mon cabas qu’il vaut mieux éviter de poser sur le carrelage trempé, mais j’y arrive. La cabine est relativement propre, mis à part un morceau de papier hygiénique qui traîne par terre et que l’humidité a transformé en charpie adhérant au carrelage… Ce détail suffit à m’écœurer ! Ce n’est pas la première fois, hélas, que je vois ça, et je me demande vraiment ce que certains peuvent faire avec le papier dans les chiottes publiques ! Quand je sors, je croise un type qui attendait manifestement son tour : je lui tiens la porte pour qu’il entre, mais il dit attendre « que ça se nettoie » ! Soit il y a quelque chose sur le fonctionnement des toilettes publiques que je ne comprends pas, soit je suis encore tombé sur un crétin – la race n’est pas en voie d’extinction, hélas !

 

17h : J’ai enfin terminé la lecture de la correspondance de Gustave Courbet : ce n’était pas seulement un grand peintre, son activité épistolaire témoigne d’un talent scripturaire certain et il a été un acteur central de la Commune de Paris, l’expérience politique la plus géniale du XIXe siècle ! On lui pardonnerait presque son antisémitisme ! J’ai bien dit « presque » : il est heureux qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour connaître l’affaire Dreyfus, son étoile en serait sortie considérablement ternie !

 

Mardi 27 février

 

14h : Passage aux Capucins pour voir l’exposition sur l’AS Brestoise et le Stade Brestois, les deux clubs de football qui ont longtemps co-existé à Brest : j’y vais pour trouver des anecdotes à raconter dans Côté Brest, mais j’avoue que je me surprends à aimer  me replonger dans l’ambiance d’une époque où le foot était encore un sport d’amateurs passionnés, quand on était encore loin des salaires indécents, des mariages avec des top-models et de toutes les bling-blingueries qui, entre autres ignominies, ont fini par me dégoûter irrémédiablement du ballon rond ! J’ai même une petite larme en pensant à mon défunt oncle, authentique passionné qui n’a jamais réussi à me transmettre son amour du sport avant de nous quitter il y a bientôt quatre ans déjà… Mais revenons à nos crampons : saviez-vous, par exemple, que si le Stade Brestois a longtemps rechigné à se professionnaliser et que si l’AS Brestoise n’a jamais sauté le pas (ce qui lui a finalement été fatal), c’était parce que, avant la seconde guerre mondiale, la professionnalisation n’était intéressante ni pour les dirigeants ni pour les joueurs ? Pour les premiers parce que les déplacements leur auraient coûté trop cher du fait du décentrement de Brest, et pour les seconds parce qu’à l’époque, un contrat professionnel liait le joueur à son club jusqu’à la retraite… Et lui rapportait à peine la rémunération d’un cadre moyen ! Les joueurs gagnaient mieux leur vie en restant amateur et en continuant à exercer un métier en parallèle ! Inimaginable aujourd’hui ! J’apprends aussi, grâce à cette expo, que le Stade Brestois est né de la fusion d’associations catholiques… À laquelle les prêtres s’étaient longtemps opposés ! Le joueur qui changeait d’équipe risquait même l’excommunication ! Décidément, plus con qu’un curé, tu meurs !

 

Sans rapport avec l'expo, voici un dessin de mon cru qui a été publié en quatrième de couverture de la revue L’éponge, sorti de presse récemment :

 

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Mercredi 28 février

 

13h30 : Grâce au camusien que j’ai rencontré avant-hier, je peux écouter trois conférences d’Agnès Spiquel consacrées notamment à L’étranger au Le premier homme : le premier de ces deux livres, que l’on peut considérer comme une œuvre de jeunesse, est souvent lu à l’adolescence, tant le sentiment d’étrangeté au monde est commun à toutes celles et à tous ceux qui entrent à peine de l’âge adulte ; mais on oublie souvent qu’au-delà de la transcription romanesque de sa réflexion sur l’absurde, Camus nous y propose aussi un réquisitoire contre la peine de mort : le cri que Meursault finit par pousser en présence de l’aumônier doit vraiment être compris comme une exaltation de la pulsion de vie contre l’instinct de mort que représenter l’homme d’Église ; de surcroît, madame Spiquel révèle un détail qui m’avait échappé : Meursault mentionne que sa vieille mère, à l’asile, avait trouvé un nouveau fiancé, ce qui veut dire qu’elle avait repris le goût de vivre qu’elle avait perdu tant qu’elle vivait chez son fils, lequel avait donc eu raison de la placer, ce qui achève de rendre injuste sa condamnation, prononcée moins au nom de son crime qu’au nom de sa prétendue attitude de mauvais fils… Le second livre, resté inachevé, est souvent réduit par les détracteurs de l’auteur à une exaltation du colonialisme français en Algérie : il est vrai qu’on ne peut pas passer sous silence le rapport de Camus au fait colonial, mais dans l’esprit de l’écrivain, qui était né et avait grandi en Algérie (et se sentait plus algérien que français !), ce livre était destiné à porter la voix de celles et ceux à qui on ne donne pas la parole, qui n’ont que leur force de travail pour survivre, qu’on envoie mourir à la guerre… Bref, les « damnés de la Terre » dont Camus restait indissolublement solidaire non parce qu’il avait pitié d’eux mais parce qu’il en faisait partie : c’est ce qui le distingue d’un Sartre, qui n’a jamais connu la misère et ne peut s’empêcher de donner des leçons aux pauvres, ou même d’un démagogue qui les flatte même dans leurs plus bas instincts, ce qui revient à mépriser le peuple en faisant semblant de l’aimer... Quant à la question coloniale, on peut en parler parce que ça fait partie de l’histoire, mais on ne va pas refaire le match : je n’ai pas ma licence d’arbitre !

 

Allez, je vous en mets une :

 

Jeudi 29 février

 

15h : J’avais écrit une nouvelle page « histoire » pour Côté Brest mais le journal n’a pas l’air de paraître cette semaine. J’avais demandé un nouveau stock de livres à mes éditeurs en prévision du salon littéraire de ce week-end, mais je n’ai toujours rien reçu. J’ai toujours entendu mon enseignant père rouspéter contre les braves gens qui traitaient les profs de « fainéants toujours en vacances » et il faut croire qu’il avait raison de vitupérer : je ne compte plus les services et les commerces qui ont cessé de tourner depuis le début de la semaine, alors qu’on ne me dise pas que les enseignants sont privilégiés ! Tout ceci me conforte dans l’idée que les écrits bibliques ne racontent que des conneries : si Dieu était vraiment à l’image de l’Homme, six jours ne lui auraient pas suffi pour créer le Monde et, à l’heure qu’il est, nous ne serions toujours pas là pour en parler !

Petit cadeau : une carte d'anniversaire à compléter soi-même - une pensée au passage pour toutes celles et tous ceux qui sont nés un 29 février...

 

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Vendredi 1er mars

 

10h : Je monte faire mon marché : passant devant un panneau d’affichage, j’y vois les premières affiches politiques depuis le début de l’année. Elles ont été collées par le NPA (oui, ça existe encore) et appellent à se mobiliser contre la loi Darmanin : je les trouve courageux de continuer à lutter pour une cause aussi impopulaire que celle des travailleurs immigrés ! C’est même la seule circonstance qui m’invite à respecter un militant : quand, au lieu de hurler avec les loups, il lutte pour une cause qui n’est pas populaire ! Comme dit mon copain Jérôme, « être impopulaire dans un pays de con, c’est une qualité » ! Ce qui me rendrait Macron presque sympathique, d’ailleurs – mais presque, c’est pas comme tout à fait. Ces affiches devraient me réchauffer le cœur : elles ne font que me rappeler le climat actuel et je me dis que j’en ai vraiment ras la bolée de n’entendre parler que de haine, de guerre, de fascisme et autres calamités ! Je mettrais bien fin à mes jours si je n’avais pas retrouvé, l’an dernier, une amie très chère qui semble trop tenir à mon humble personne pour que je puisse lui faire le sale tour de disparaître…   

 

Terminons avec le carton d'invitation au vernissage de l'exposition - venez nombreux !

 

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C'est tout pour cette semaine, à la prochaine !

 


01/03/2024
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Du 20 au 23 février : Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là... Et le jour suivant aussi !

 

Commençons par un dessin de cumulonimbus réalisé lors du cours du soir et qui tombe plutôt bien dans l'ambiance actuelle..

 

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Mardi 20 février

 

17h30 : J’étrenne le taille-crayon à manivelle qui m’a été offert au Salon des Artistes Français : cet objet est un peu au taille-crayon « traditionnel » ce que l’arbalète est à l’arc, c’est-à-dire un outil certes plus précis et plus fiable, mais aussi plus lent et plus lent et plus lourd. Mieux vaut le réserver pour le travail en atelier et garder les petits taille-crayons pour le dessin en extérieur.

 

Mercredi 21 février

 

9h45 : Malgré une météo particulièrement peu clémente, je sors tout de même honorer quelques rendez-vous : ce qui est prévu est prévu. Quitte à ce qu’il fasse un temps aussi pourri, il vaut mieux que ça arrive maintenant : je n’oublie pas qu’il y a un an à la même époque, nous avions la sécheresse… Ces conditions météorologiques m’épuisent mais je n’arrive pas à les détester : à Paris, même pluie brestoise me manquait !

 

Caricature d'une femme avec qui j'avais rendez-vous :

 

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Jeudi 22 février

 

13h : Petit casse-croûte avec une amie dans la boutique de piercings et de tatouages tenue par son compagnon. Nous échangeons, entre autres, sur nos situations professionnelles respectives : elle est en CDI mais envisage de ne plus exercer qu’à mi-temps sont activité actuelle dont elle est particulièrement lasse… Elle trouve même que j’ai de la chance ! Il ne se passe pas une semaine sans que j’entende une personne dans une situation moins précaire que la mienne se plaindre de son sort ! C’est à se demander si le CDI n’est pas un attrape-nigaud ! Il est vrai que dans mon cas, quand on n’a envie ni de devenir propriétaire ni de conduire une voiture, ça limite grandement les frais…

 

15h : Je voulais aller à la déchetterie du Vern pour y déposer les restes de mon ancien téléphone portable dont le connecteur est manifestement hors d’usage : après avoir quitté le bus à l’arrêt qui m’avait été indiqué, j’emprunte ce qui me paraît être le chemin… Et je retombe sur la station qui précédait celle où j’étais descendu ! Je comprends que je n’atteindrai jamais la déchetterie à moins de m’offrir une excursion dans un labyrinthe routier où il ne fait bon s’attarder quand on est piéton, perspective d’autant plus désagréable que le vent glacial ne faiblit pas. Bref, considérant que j’ai passé l’âge de telles expéditions, je préfère prendre la direction de la station de tramway et retrouver l’ami qui m’avait proposé d’aller à la déchetterie à ma place ; j’aurais dû accepter tout de suite sa proposition, mais ma fierté déplacée en a décidé autrement, avec la complicité de ma mémoire défaillante : j’avais oublié que nous vivons dans un monde, où en dépit des beaux discours de nos élus sur la « mobilité responsable », les sans-bagnoles étaient toujours considérés comme des sous-citoyens auxquels on refuse un accès aisé à tous les services publics…

 

17h : Passage au Bureau Vallée de Kergaradec où, il y a deux jours, un vendeur m’avait fourgué deux cartouches « compatibles » pour mon imprimante : celle-ci refusant de reconnaître la cartouches couleurs, je viens la rendre au magasin en comptant bien qu’ils me l’échangeront contre des cartouches spécifiquement adaptées à ma machine. J’obtiens gain de cause : la boutique me doit même deux euros ! Une caissière qui me donne de l’argent, c’est un peu comme un œuf qui pondrait une poule ! Mais au-delà de l’aspect insolite de l’anecdote, il apparait avec évidence que je me suis fait rouler par le vendeur qui m’avait vendu un matériel inadapté à un prix plus élevé… Il y a des baffes qui se perdent !

 

22h : Un peu déprimé par cette journée peu fructueuse, je ne peux résister à l’envie de visionner quelques épisodes de la série animée Les Tifous qu’un particulier a eu la bonne idée de diffuser sur YouTube : j’avais vu les dessins que Franquin avait réalisés pour le projet et je n’avais jamais eu l’occasion d’admirer le produit fini. Le résultat est un peu décevant et ne rend pas tout à fait justice au génie graphique de Franquin, il aurait fallu des moyens techniques dignes d’Hollywood pour être à la hauteur du défi, mais le rendu est tout même agréable : avec son talent habituel, Franquin avait créé un monde onirique, tendre mais nullement mièvre, qui vaut bien celui des Schtroumpfs – rien ne manque, pas même le sorcier bête et méchant qui persécute la communauté pacifique. Les Tifous sont bien sympathiques et, de surcroît, bien plus mignons que certains personnages animés actuels ayant connu davantage du succès ; même l’Avare n’arrive pas à être antipathique : vu qu’il est le seul à aimer l’argent, sa pingrerie ne fait de mal à personne ! On se prend à rêver d’avoir un Tifou en peluche et de pouvoir le caresser dans son lit… Mais encore aurait-il fallu que ces petits bonshommes connaissant un succès légitimant la création de tels produits dérivés ! Qui sait ? Peut-être les Tifous renaîtront-ils un jour de leurs cendres, avec une réalisation à la hauteur du génie de leur créature : il s’agit tout de même de Franquin, rogntudju !

 

Bon, allez, je vous en mets un (je craque pour les amoureux) :

 

Vendredi 23 février

 

10h30 : Je fais mon marché. Je ne peux pas faire de folies, mon séjour parisien m’ayant ratiboisé ; de toute façon, avec le froid qu’il fait, hors de question de s’attarder : c’est pourtant ce qu’une dame âgée semble avoir décidé de faire devant la camionnette de la fromagerie ! Sa conversation de vieille commère, alimentée par de nombreux lieux communs, me tape sérieusement sur les nerfs… Comme elle semble persister à papoter même au moment de payer, je finis par lui dire que je suis pressé : je ne mens qu’à moitié, je suis vraiment pressé de rentrer dans mon doux foyer, d’autant que j’ai du ménage à faire avant la visite express de mes parents… La commerçante, visiblement outrée par mon impatience, me rétorque que c’est ça « le temps du marché » et que c’est « sympa » ! C’est peut-être agréable quand il fait beau et chaud, mais pas quand il gèle et que la pluie menace ! Je m’étonne que la commère n’ait pas seulement pensé à ça, moi qui croyais que les gens devenaient plus frileux avec l’âge… Si j’avais justifié mon attitude par mon intolérance au bruit, on m’aurait probablement répondu que je n’ai qu’aller au supermarché : d’une part, ce n’est pas parce que je suis autiste que je dois forcément bouffer de la merde et, d’autre part, dans les supermarchés, les gens discutent certes un peu moins… Mais il y a de la musique et c’est encore pire ! Une différence invisible, ce n’est pas forcément une différence légère…

 

12h : Après avoir pu nettoyer mon plancher juste à temps, je ne déjeune pas tout de suite : j’ai quelques messages en souffrance auxquels il me faut répondre. Je découvre ainsi un message adressé aux contributeurs de la campagne de financement participatif pour le projet « Les Marioles de Blast » dont je fais partie : j’ai ainsi accès à une vidéo présentant un vrai court-métrage d’animation dont l’intrigue se situe en 2027 et dans lequel Macron est réfugié dans un bunker au sous-sol de l’Élysée, à l’abri des ravages provoqués par les guerres et les catastrophes écologiques… Le but du projet « Les Marioles » était de pallier l’absence des « Guignols de l’Info » que Bolloré avait éliminés : les auteurs des Marioles semblent décidés à pratiquer un humour beaucoup plus noir ! Vous me direz que c’est un signe des temps ? Je vous répondrai que c’est justement pour cette raison que je fais beaucoup moins de dessins d’actualité : la vocation de satiriste m’était venue pour tourner en dérision les monomanies dérisoires des grands de ce monde, pas pour commenter des faits apocalyptiques…

 

14h30 : Alors que mes parents me rendent leur visite-éclair hebdomadaire, je suis bien surpris d’entendre sonner à la porte ! Un homme se présentant comme le voisin du dessus me demande si je n’ai pas de la monnaie à lui prêter pour prendre le bus : j’ai bien du mal à l’éconduire poliment ! Ma mère, dans un accès de générosité, se sent obligée de lui céder cet argent, sans même savoir si elle le reverra un jour, et elle me reproche même de ne pas être plus aimable : si elle entendait les gueulantes que poussent mes voisins dans les parties communes presque tous les jours, elle comprendrait mieux pourquoi je suis sur la défensive chaque fois que j’en vois un ! De toute façon, je suis épuisé et à bout de patience : ce que je voudrais aujourd’hui, c’est pouvoir passer au moins une semaine à ne me consacrer qu’à mon art dans une pièce totalement coupée de l’extérieur, sans aucune fenêtre, et n’en ressortir qu’après avoir réalisé quelque chose de grand pour revoir des amis, des vrais de vrais, et ne croiser aucun des parasites qui m’empoisonnent l’existence… Mais d’abord, si je pouvais faire une ou deux grasses matinées, ce serait déjà bien !    


23/02/2024
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